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Critiques de C.E. Morgan (98)
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Tous les vivants

Tous les vivants ne me laissera pas un souvenir impérissable - à ranger dans la catégorie honnête, loin du chef-d’œuvre, mais pas si mal.

Il y a beaucoup de justesse dans l’écriture de C.E. Morgan, dans sa façon d’évoquer le quotidien de l’amour, les désillusions, les désirs d’une héroïne un peu paumée dans un trou perdu du Kentucky. L’auteure évoque avec finesse les sentiments contradictoires d’Aloma, son désir pour Orren, avec qui elle vit, son attirance pour le pasteur, Bell, son désir de fuir tout ça, cette terre aride, ces montagnes écrasantes, elle-même surtout, «cette part d'elle qu'elle découvrait avec effroi, de plus en plus sournoise et avide».

Beaucoup de justesse, mais il m’a manqué peut-être une dose de surprenant, plus d’audace, plus de souffle, d’énergie.
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Tous les vivants

Lu grâce à ta critique de Frederic524 qui a écrit que c’est un magnifique portrait de femme. Une écriture toute en délicatesse qui fait en sorte que Aloma et lectrice ne font plus qu’une en débarquant dans cette ferme. Hostilité envers des volatiles stupides, puis attachement à un veau (magnifique scène). Cette jeune pianiste, hésite quant à la direction prendre pour son avenir. S’engager avec Orren et à son exploitation de tabac ? Se laisser conquérir par la voix du pasteur ? Mais surtout se procurer un piano. Et nous-mêmes avons-nous fait le bon choix pour notre futur ?
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Tous les vivants

« Tous les vivants » a beau être le premier roman de C. E. Morgan, c’est en réalité le second texte publié en France aux éditions Gallimard après « Le sport des rois » qui avait fait une forte impression auprès des critiques et des lecteurs. Grâce à ce livre, l’auteure américaine s’est faite un nom et elle fût notamment finaliste du prix Pulitzer de fiction 2017. Rien que ça. Dans ce premier roman, on retrouve ce style organique, charnel, volcanique. C’est un magnifique portrait de femme. Aloma, orpheline élevée dans une école de missionnaire catholique et qui voue une passion extatique pour le piano, un instrument qu’elle maîtrise avec brio. Un jour, elle rencontre Orren, un fils de fermier qui n’a plus de famille lui non plus. Ces deux solitudes vont s’attirer irrésistiblement. L’attraction des corps, la fusion de deux êtres solitaires qui vont vouloir former un socle affectif solide pour les amener à affronter les aléas de la vie. La famille d’Orren meurent dans un accident de voiture. Orren n’a pas le temps de les pleurer, il doit assumer l’héritage de ces derniers et c’est tout naturellement que celui-ci décide de s’installer dans l’exploitation agricole avec Aloma. A perte de vue, des plantations de tabac, au cœur des montagnes du Kentucky, quelques vaches, des poules, et une maison imprégnée des souvenirs des défunts. Pour Aloma, il faut tout reconsidérer, son projet de faire de son don pour le piano, de sa passion pour la musique, un métier dont elle vivrait. Mais il y a aussi Orren qui ploie sous les charges de travail assommante. Aloma doit tout apprendre pour tenir la maison. Les tâches quotidiennes, l’éloignement d’un Orren de plus en plus taiseux et taciturne, la nostalgie des heures passées plus jeune à jouer du piano, tout cela provoque une déflagration qui résonne dans le cœur d’Aloma. Elle se perd, a t’elle fait le bon choix en suivant Orren dans cet endroit où elle ne se sent pas chez elle. Et puis un jour, la volonté de renouer avec la musique, le piano est trop forte. Elle décide d’aller voir si le pasteur de l’église locale aurait besoin de quelqu’un pour jouer. Il accepte. Qui est-il ? Pourquoi se sent elle différente en sa présence ? Elle aime Orren mais pour Aloma une lutte s’engage en son sein, elle fait l’expérience de la chrysalide qui était chenille avant de devenir papillon. Le style d’écriture est saisissant, magnifiquement expressif, plongeant dans les arcanes, les méandres des désirs et des doutes d’une jeune femme pour son couple. C’est beau, c’est transcendant, un petit miracle comme lorsqu’elle nous décrit le vêlage d’une vache, transformant ce moment en quelque chose de déchirant où la vie et la mort s’entremêlent inextricablement pour former cette puissante communion des âmes qui les relient. Un coup de cœur.
Lien : https://thedude524.com/2020/..
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Tous les vivants

Aloma, orpheline, en pension dès l'âge de douze ans, a une passion pour le piano. Elle rencontre Orren, ils se plaisent et se voient régulièrement à l'arrière de son camion. La mère et le frère d'Orren décèdent dans un accident et, Orren se retrouve seul à devoir gérer une exploitation agricole: champs de tabac, vaches, poules,... Il propose à Aloma de le rejoindre et elle accepte. Ils habitent dans l'ancienne maison, trop grande, trop vieille, trop chargée d'ancêtres,.... Pourquoi ne pas habiter la nouvelle maison plus confortable? Il y a bien un piano mais trop vieux lui aussi et désaccordé et, pas les finances nécessaires pour le réparer. Que va faire Aloma, elle qui ne sait jouer que du piano? Orren est toujours parti travailler dans les champs, s'occuper du bétail,... A-t-elle fait le bon choix?

On suit le parcours de deux jeunes confrontés à des vies bien trop lourdes pour leur âge. Orren doit œuvrer seul sur sa ferme, il travaille dur sans se plaindre sous une chaleur épuisante. Il parle peu. Par contre, on partage les pensées d'Aloma, ses colères, ses doutes,... Elle aimerait tant qu'Orren lui demande son aide.

En tant que lecteur, on ne peut pas rester indifférent aux personnages, à leur vie, à leur amour débutant, à leur désillusion, à leur courage,...

Ce livre nous montre le contraste très marqué entre d'un côté, l'évidence pour Orren de garder et perpétuer les terres de ses ancêtres et de l'autre, les doutes d'Aloma qui, elle, peut soit rester ou partir vivre ailleurs, loin de ces montagnes écrasantes, de cette chaleur. Contraste aussi entre Aloma, vide de souvenirs familiaux et Orren, empli de tels souvenirs au point qu'il en oublierait sa propre existence.

Cette histoire vous prend aux tripes. La vie n'a épargné ni Aloma (elle a grandi seule sans tuteur), ni Orren (il a perdu toute sa famille). On a envie tout au long de la lecture que cette vie les épargne. C'est parfois le cas mais, pas toujours. On voudrait un peu de douceur mais, il y en a très peu. Il faut avancer coûte que coûte et pourtant, les questions sont là ainsi que, quelques confidences qui permettent de comprendre les comportements, les réactions, ... Au final, sont-ils si différents l'un de l'autre?

Une lecture qui nous questionne, qui nous bouleverse. Je lirai sans aucun doute "Le sport des rois".

Merci à Frédéric524 qui, grâce à son coup de cœur partagé, m'a fait découvrir ce roman.

Belle lecture!







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Le sport des rois

Une grande fresque familiale aux Etats-Unis, qui tourne autour des chevaux, de territoires conquis à la sueur du front, à un travail acharné pour trouver le moyen de « créer » le meilleur cheval qui soit, quitte à écraser tout sur son chemin pour aboutir à ce projet fou. Les femmes de cette famille en feront les frais, ainsi que les Noirs qui en font partie, considérés comme des esclaves et des moins que rien, encore aujourd’hui.



Les époques se mêlent, s’entremêlent, livrent petit à petit les drames des Maîtres et des Esclaves, Blancs et Noirs, que ce soit hommes ou chevaux, où tout se mêlent, sangs-purs et sangs mêlés, obsession de la perfection allant jusqu’au-boutiste.



Une écriture incisive, belle, pour une oeuvre dure, amère, où le bonheur n’existe pas ou lorsque les personnages sont prêts à le toucher, ce n’est que pour l’effleurer. iI s’envole tout aussi vite vers d’autres contrées.



L’auteure nous offre un livre dense, qui se mérite, il faut prendre le temps de se plonger dedans. Ce livre restera dans les annales.
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Tous les vivants

Comme j'ai aimé cette histoire d'amour, amour-haine, entre ces deux jeunes que tout oppose en apparence, au caractère et aux affinités bien différents, chacun portant ses souffrances intérieures.

Orren se retrouve seul pour tenter de faire revivre la ferme familiale, après la perte de sa famille. C'est tout ce qui lui reste d'eux, une ferme délabrée perdue au milieu de nulle part, quelques vaches et poules et sous un ciel brûlant, les champs de tabac et de maïs.

Aloma, orpheline depuis ses quatre ans, élevée par son oncle et sa tante, suit des études dans un pensionnat catholique, sans remous ni ambitions, sauf pour le piano dont les professeurs perçoivent très vite un don et la pousseront dans cette voie.

Mais l'amour se présente à eux, simplement, pour ensuite devenir une passion réciproque. Et Aloma part rejoindre Orren sans aucune idée de ce qui l'attend. Alors que pour l'un, les morts sont toujours vivants, pour l'autre, il n'en subsiste aucun souvenir. La sécheresse continue de sévir après le Dust Bowl, les finances sont au plus bas, le travail n'attend pas.

C'est dans ce paysage désolé que l'on suit Orren et Aloma qui s'accrochent à la vie pour un avenir incertain. On les aime bien Orren et Aloma et on a qu'une seule envie au fil des pages, que leur amour dépasse la passion physique qui les aimante après les dures journées, les silences pesants et les rêves inassouvis.



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Tous les vivants

Un beau roman aux personnages entiers et exigeants, un peu perdus parfois, toujours terriblement attachants. Aloma est une jeune orpheline, élevée dans une école missionnaire catholique, passionnée de piano. Elle en a fait son métier. Alors qu'elle est professeure, elle entame une liaison avec un de ses élèves, orphelin depuis peu, qui bientôt lui propose de venir vivre à la ferme avec lui. Aloma accepte mais il est parfois difficile de vivre à deux quand les attentes de chacun sont différentes, d'autant que les fantômes du passé sont très présents dans la maison. Un séduisant portrait de femme en proie aux doutes, qui apprend à concilier ses envies avec ce que la vie lui propose. L'écriture est à la hauteur de ce récit d'une grande justesse sur les incertitudes de l'existence.
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Tous les vivants

Aloma avait promis à Orren qu’elle viendrait vivre avec lui dans la ferme familiale héritée subitement suite aux décès tragiques de sa mère et son frère dans un accident de la route.

« La poussière flottait encore devant le hayon de son camion, répugnant à retomber dans sa morne monotonie. » Aloma arrive donc face à cette grande maison décrépite, se risque seule dans son intérieur délavé par le temps. Sur un mur, « une armée d’yeux du sol au plafond » la dévisagent. Puis un piano tristement moribond la fait soupirer, le cœur subitement serré et résigné.

Dehors, les plants de tabac s’étendent sur les champs en contrebas. Le calme est juste perturbé par quelques stridulations d’insectes invisibles. Son regard balaie la grange de séchage du tabac et s’arrête à l’horizon, sur les montagnes enserrant ces terres pâles et poussiéreuses de sécheresse. Quelques vaches, des poules et un coq agressif.

A-t-elle désiré cet avenir qui s’offre à elle, ici, dans cette ferme perdue du Kentucky ?

Orpheline, placée par son oncle à l’école de la mission catholique où elle se sentait oppressée par les montagnes avoisinantes, elle désirait atteindre l’âge adulte pour se libérer de cet écrasement, fuir ce bouclier entravant la progression du soleil. Elle rêvait d’un « lieu sans relief », d’autres lieux où elle pourrait jouer du piano. Mais à vingt ans, avant de s’échapper de l’école, faute de famille et d’argent, elle a dû prendre le poste de professeur de musique puis s’est liée à Orren qui, lui, rêvait d’avoir une ferme plus vaste que celle de son enfance.

Quelle compatibilité peuvent avoir ces deux rêves ? Leur amour peut-il cheminer dans cette totale discordance d’aspirations personnelles ?



Très intimiste, ce roman est finement écrit, délicatement amené par une plume très expressive, lyrique, évocatrice. C’est au plus près d’Aloma que C.E Morgan a décidé d’observer la flamme vacillante de ce jeune couple tout juste confronté à la vie.

Dans cette vieille maison, tous les objets, tous les cadres avec les photos des parents, du frère, reflètent les signes d’une vie qu’Aloma n’a pas connue. Sa propre vie à la ferme se résume au ménage, à la cuisine. Ses partitions, reléguées dans un carton, ne sont qu’un agréable souvenir. Seule et désœuvrée, elle scrute la silhouette floue d’Orren, toujours courbée sur ses terres. Elle découvre son regard lointain, son sourire devenu inexistant, ses phrases interrompues et ses silences encore plus pesants.

Son corps à elle n’est que rythme et tempo alors que celui d’Orren, de plus en plus noueux, n’est que terre et plants de tabac. Leurs rares paroles deviennent maladroites. L’auteure communique sublimement ce qu’Aloma tente de saisir elle-même : faut-il lutter contre cette existence qu’elle n’a pas voulue, la fuir, composer avec ? Elle veut ressentir et comprendre chez Orren ses attentes, ses souffrances mais doit-elle taire ses propres désirs pour s’aligner avec lui ?

Car Orren doit à sa famille, ses prédécesseurs sur ces terres ingrates et desséchées, de continuer à suer et faire prospérer cet héritage agricole. Les vivants doivent suppléer aux morts qui tapissent le mur de la maison délabrée.



Le deuil, l’audace de vivre sous le même toit sans être mariés, le travail harassant de la ferme s’ajoutent aux envies désaccordées d’Aloma et d’Orren.

Dans ce roman, les montagnes entravent la progression du soleil, l’ombre du matin semble interminable et se propage dans les cœurs de ces deux jeunes âmes écorchées et incertaines.

Et puis la musique s’infiltre. La passion pour le piano va-t-elle faire basculer cet équilibre amoureux si précaire ?



Dans le sillage de ce couple, tout est remarquablement évocateur, l’odeur et le rude travail de la ferme, les champs, les bêtes, l’attente de la pluie, les feuilles usées des plants de tabac et l’éclosion de leurs fleurs comme une mer blanche éblouissante et magique.

Sur une poignée de mois, le temps d’une récolte, c’est le cheminement, juste et émouvant, de deux êtres qui tentent de s’unir. Un moment de lecture doux, délicat et magistral.

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Tous les vivants

Il y a les vivants, Aloma et Orren, et il y a les morts, ceux qui peuplent la propriété du Kentucky où le couple s'installe après le décès dans un accident de la mère et du frère d'Orren. Ils  sont très différents mais s'aiment. Elle, orpheline, élevée dans un pensionnat catholique, possède un don pour le piano et en a fait son métier en devenant professeur de musique. Lui, est issu du monde agricole, de la culture du tabac. 



Car c'est dans un sanctuaire qu'Aloma va pénétrer et c'est loin de ce qu'elle s'imaginait vivre. Orren, qu'elle fréquentait depuis plusieurs mois, rencontres furtives le plus souvent à la nuit tombée dans la voiture du jeune homme, va se révéler un homme taiseux, sombre et orgueilleux. Les fantômes d'Orren, Emma, sa mère et Cash, son frère aîné, mais aussi toute sa famille qui sua sang et haut sur cette terre, le hantent et il veut se montrer à leur hauteur, sur cette terre ingrate, dans la chaleur qui écrase les êtres et fait courber la tête des plans de tabac, mettant en péril l'exploitation et leur couple. Il se sent le dernier et seul dépositaire de la tradition familiale.



Heureusement Aloma découvre un piano dans l'église du village et va obtenir l'autorisation de jouer pendant les offices mais aussi de pratiquer sa passion en semaine, trouvant ainsi le baume qui recouvrira ses déceptions et fera la connaissance de Bell, le pasteur, qui va faire naître un trouble qu'elle aura du mal à définir.



Aloma va mener un combat à la fois sur elle-même, se chercher, comprendre ce qui l'anime et ce qu'elle désire, la poussant à s'affirmer en trouvant les mots qui lui manquent, pour exprimer ses sentiments, et enjoignant Orren à sortir de sa réserve, de l'enfer (le véritable prénom de Orren est Orpheus......) où il s'enferme, ne laissant à Aloma aucune possibilité de trouver sa place.



Dans ce roman, C.E. Morgan dont c'était le premier roman, avec une écriture subtile, évocatrice, dresse le portrait d'une femme face à ses rêves et ses désillusions, qui va découvrir à la fois la vie auprès d'un homme qu'elle ne reconnaît plus mais aussi les regards parfois lourds et les préjugés qui l'entourent.



"(...) il était trop tard pour comprendre de quelle façon ils s'étaient aimés à trois comtés et deux montagnes de distance, ou comment, une fois cette distance parcourue, la distance était pourtant demeurée. (p212)"



On ressent tout le poids qui pèse sur les épaules des deux personnages, enfermés dans leurs passés respectifs, hantés par ce qu'ils n'ont pas connu ou ce qu'ils ont uniquement connu, avec des éducations et aspirations éloignées, lui dans la volonté de faire perdurer le domaine où s'échina sa famille depuis plusieurs générations, elle cherchant à  bâtir ce qu'elle n'a jamais connu et s'intégrer mais sans renoncer à ce qui illumine sa vie : la musique.



C.E. Morgan évoque la difficulté pour un couple de trouver l'équilibre avec ce qui les a constitué, forgé et les concessions et l'acceptation nécessaires pour une vie nouvelle à deux, mais sans renoncer pour autant à ce qu'ils sont profondément car c'est cela qui les a réuni. Même si le personnage d'Orren peut sembler assez hermétique,l'auteure ne nous donnant d'ailleurs pas toutes les clés pour percer sa personnalité, se concentrant sur les pensées et le ressenti d'Aloma, c'est une lecture intense, brûlante, en un seul tenant sur un parcours de femme face à un monde, celui du couple et de l'Amérique rurale, dont elle fait l'apprentissage.



Mention spéciale pour l'évocation de la nature environnante, le climat et les symboles en particulier une naissance révélatrice pour le couple.



Merci au Picabo River Book Club et aux Editions Gallimard pour cette lecture 
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Le sport des rois

Un vrai grand roman américain, 650 p serrées aussi chez Gallimard, et je pense la traduction de Mathilde Bach qui n'affadit en rien , au contraire, le texte initial de l'auteur qui publie là son second roman.

Le Kentucky, l'Ohio, sont les frontières de cette saga qui se déroule sur 3 générations, et à laquelle aucun ingrédient ne manque pour retenir le lecteur, l'essouffler, l'ébouriffer même.

Une famille noire, une blanche, une pauvre, une riche, des amours interdites bien sur, l'esclavage, et les dures lois de la ségrégation, la nature, les prairies à perte de vue, des élevages de chevaux de course, un brasier tel que l'a vu Scarlett en d'autres lieux...

Bref, un superbe roman .

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Le sport des rois

"Certaines fables demeurent, d'autres tombent dans l'oubli, toutes sont nées pour être racontées. Elles l'exigent ; les morts se changent en fables pour pouvoir continuer à vire. Leur éternité patiente derrière vos lèvres. (p368)"



Paris - Kentucky - De 1950 à nos jours - Il m'a fallu de l'attention et du temps pour découvrir ce deuxième ouvrage de C.E. Morgan que j'avais découverte avec Tous les vivants, un roman dont j'avais beaucoup aimé l'écriture, analysant et effleurant les personnages sans trop en dire, une douceur baignant l'ensemble du récit.



Dans celui-ci elle fait preuve de beaucoup d'ambition en voulant retracer sur plus de trois générations l'histoire non seulement d'une famille, les Forge, dont Henry et sa fille Henrietta sont les derniers représentants, partageant une même passion, celle des chevaux de course, Henry ayant transformé le domaine familial axé jusqu'à maintenant sur la culture du maïs en élevage de chevaux de race et de course après la mort de son père. Les Forge sont, comme beaucoup dans cet état du sud-est des Etats-Unis, profondément attachés à la suprématie de leur couleur de peau et donc profondément racistes et ségrégationnistes. Une autre lignée est auscultée : celle de Allmon  Shaughnessy, jeune groom (lad) métis, embauché par Henrietta pour prendre soin des pouliches et de leurs progénitures, lignée animale où la pureté de la race est recherchée afin d'atteindre l'excellence.



Mettant en parallèle les parcours de ces deux familles que tout oppose mais ayant en commun le soin et l'amour du cheval,  C.E. Morgan utilise la forme romanesque pour que les chemins se rejoignent, se croisent, se lient et s'affrontent dans un récit ambitieux pour finalement retracer l'histoire d'un pays, de ses différences raciales d'hier mais encore actuelles tant elles sont ancrées dans l'esprit de certains, avec une écriture et une construction, qui, comme je l'indique, vous plongent à la fois dans de l'admiration pour la richesse de la première et la maîtrise de la deuxième en y ajoutant un lyrisme qui fait rupture parfois avec la narration romanesque.



On a vite conscience de la dramaturgie qui va se jouer mais ce n'est qu'un prétexte pour explorer l'évolution des races, quelle soit humaine ou animale avec de nombreux rappels des théories de Darwin, chaque race évoluant (ou non) au fil du temps avec les cicatrices du passé et les événements qui peuvent surgir dans le présent et laisser en héritage non seulement une éducation, un vécu mais également transformer le devenir de chacun.



J'ai parfois trouvé des longueurs,  sans jamais avoir eu envie d'abandonner le récit mais en prenant mon temps car on ne peut comprendre une situation qu'en observant le passé, les racines étant prépondérantes dans le devenir, en y incluant des chemins de traverse, explorant à la fois la psychologie et le vécu de chaque génération, son héritage, dans une région ancrée dans ses certitudes sur sa suprématie et son pouvoir d'un côté et de l'autre sur l'impossibilité de sortir du destin qui s'accroche à vous mais, pour être tout à fait honnête, je m'y suis parfois perdue, l'auteure réussissant malgré tout à chaque fois à me "repêcher" et à me convaincre de reprendre le fil de l'histoire.



Je pense qu'il aurait peut-être mérité d'être éclairci, allégé mais il est à la fois un roman et une analyse de par la diversité des sujets traités : saga familiale, amour, ambiguïté des sentiments, mine d'informations sur le cheval et du monde des courses hippiques, histoire d'un pays gangrené par la supériorité d'une race où les exactions commises dans le passé trouvent encore un écho de nos jours et parfois un terrain propice à maintenir une distance haineuse infranchissable.



Chaque personnage laissera en moi une trace même si pour certains j'ai eu plus de mal m'y attacher par la multiplicité, les changements d'époque et les dispersions prises, l'auteure réussissant à tenir jusqu'au bout les rênes, à livrer peu à peu tout ce qui constitue chaque destin et leurs prolongements sur les générations suivantes avec un attachement particulier, pour ma part,  à Allmon et sa mère, famille déchue, victime à la fois de sa couleur de peau mais également une descente sociale due à un système social désavantageant les plus pauvres, C.E. Morgan n'écartant ainsi aucun des facteurs aggravant où l'on comprend qu'être noir et pauvre peut vous destiner à un avenir sombre et douloureux.



J'ai aimé mais il s'agit d'une lecture qui demande temps et concentration pour ne pas s'y perdre, pour en apprécier toutes les ramifications, en apprécier toute la richesse de l'écriture et l'analyse presque scientifique des espèces, qu'elles soient humaines ou animales et accepter le parti pris par C.E. Morgan de les confronter que ce soit sur le plan géographique, historique, environnemental mais également sociétal, éducatif, se laissant parfois emporter par une certaine forme de lyrisme.
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Tous les vivants

L’histoire de « tous les vivants », c’est l’histoire d’une femme et d’un homme, qui se rencontrent et qui, après quelques temps, décident de vivre ensemble.



C’est l’histoire banale, d’une femme qui suit un homme qui lui a promis certaines choses.



C’est l’histoire banale d’une femme qui essaie de faire sa place dans la vie difficile de cet homme, fermier de son état, qui doit tenir jusqu’à l’année d’après, afin de ne pas perdre sa ferme.



C’est l’histoire de cette femme qui se cherche, qui n’est pas près à abandonner tous ses rêves et son rêve est le piano. Et qui va mettre en danger son couple par la même occasion.



C’est l’histoire de cet homme, taiseux, qui tient à sa ferme et n’est pas près de l’abandonner.



C’est l’histoire de deux êtres écorchés qui essaient de trouver leur place dans ce monde..



Une histoire américaine, dans le fin fond de l’Amérique où la nature prédomine.



Il ne se passe pas grand chose dans ce roman. C’est plus de l’introspection qu’autre chose.



Ce livre est le premier roman de C.E. MORGAN. J’avais lu d’elle, « Le sport des rois » qui n’est pas du tout du même registre, que j’avais beaucoup aimé et que je vous recommande.
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Le sport des rois

De la fin des années 40 au début des années 2000

Kentucky-Ohio



Nous faisons la connaissance d'Henry quand il a 10 ans. Il a fait une grosse bêtise et son père lui flanque une correction mémorable, devant un employé (noir) du ranch.

Six ans plus tard, Henry est devenu un jeune homme qui déteste son père et qui se venge de façon ignoble de ce même employé de son père ... la vengeance est un plat qui se mange froid ... qu'est-il advenu du petit garçon de dix ans ?

Cette famille est une famille typique de Sud dans les années 50.

La ségrégation est pour eux tout à fait nécessaire et voir des noirs pendus au arbres ne leur fait ni chaud ni froid. « l'homme blanc est selon eux supérieur » et les noirs juste bons à rester serviles et être traité comme du bétail.

L'histoire se poursuit ensuite avec la jeunesse de la fille d'Henri, Henrietta.

A la fin de la première partie elle a environ 25 ans, elle dirige l’écurie de courses avec son père et rencontre, lors d'un entretien d'embauche, Allmon, un jeune homme noir, qui dit s'y connaitre en chevaux, il sort de prison.

La deuxième partie raconte l'histoire de ce jeune homme à Cincinnati Ohio depuis ses quatre ans jusqu'au début de son séjour en prison.



Voici pour les personnages. Pour le style c'est âpre, rude, direct...La vie n'a pas été facile pour Henrietta (ni pour Allmon) et l'on se prend à espérer que ces deux là vont pouvoir se libérer de leurs chaînes respectives ... mais peut on se libérer d'une enfance maltraitée...



Pour tout dire, je m'attendais à un livre autour des champs de courses un peu comme le paradis des chevaux de Jane Smiley... Pour ceux qui l'ont lu le livre est plus proche de My absolute Darling de Gabriel Tallent (parfois insoutenable...mais très bien écrit)
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Tous les vivants

Je suis époustouflée par ce bouquin.

Tout ce que je peux dire, c'est que CE Morgan a écrit une histoire si riche et si belle que j'aurais pu lire encore 500 pages de plus facilement ...

Elle a capturé quelque chose d'extraordinaire sur le papier - les gens, la terre, les odeurs, la chaleur, la peur, la joie, la tristesse. Son écriture est impeccable, lisible, touchante, sensible, intrigante. En fin de compte, j'avais l'impression d'être là, à côté du piano ou dans leur cuisine, comme si je connaissais ces gens.

Morgan écrit une histoire qui s'infiltre en vous, vous enveloppe de l'odeur âcre de la ferme et de la chaleur du travail acharné et à côté de tout cela, les doigts nerveux d'Aloma tapent des mélodies sur les cadres de porte, tandis que les mains d'Orren restent immobiles à ses côtés.



Ce court roman, le premier de l'autrice, raconte l'histoire d'Aloma et Orren, un jeune couple qui tente de diriger la ferme familiale après la mort de la mère et du frère d'Orren dans un tragique accident. Deux choses se mettent en travers de leur chemin : la sécheresse qui s'est installée dans la région et le fait que la relation entre Aloma et Orren n'est pas "bénite" par le mariage.

Aloma - du point de vue de qui le roman est raconté - a accepté de rejoindre Orren à la ferme et de l'aider parce qu'elle l'aime, mais aussi parce qu'elle ne sait pas quoi faire d'autre.

Vous n'avez pas besoin d'en savoir plus.

Je peux seulement vous dire que j'ai pu voir la sécheresse peser sur cette ferme de tabac, quelque part dans le Kentucky. Je pouvais sentir le vide d'Aloma, son désir d'une vie plus heureuse, son besoin de combler le vide de sa vie qui criait après une famille et de l'amour. Je pouvais ressentir le chagrin d'Orren et le fardeau de sa responsabilité de sauver la ferme familiale.

Ce livre est vraiment entré sous ma peau et j'ai du mal à comprendre exactement pourquoi.

Tous les vivants c'est un roman lent, presque sans intrigue, presque sans dialogue, presque sans développement narratif, mais c'est une analyse lucide et aiguë de l'âme humaine. Il est à la fois abstrait et précis et les sentiments qu'il m'a laissés sont complexes à décrire, je peux les associer à un vague sentiment de mélancolie.

La fin était à la fois surprenante énigmatique, avec des éléments de tragédie et d'espoir. Maintenant, je veux lire tout ce qu'écrit CE Morgan.



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Tous les vivants

GROS COUP DE COEUR!!!

Je n'ai pas tout de suite entrevu le charme solaire mais brûlant de ce roman. Il se présente timidement au début puis déploie ses ailes et l'on ne peut plus le quitter avant d'en avoir lu le dernier mot.

Les deux personnages principaux sont des êtres portant chacun leurs propres blessures, ce sont donc deux histoires abîmées qui se rencontrent, mais avec l'envie profondément ancrées de s'en sortir. Aloma , jeune femme orpheline depuis ses 3 ans, a été élevée. Point. Pas spécialement aimée. Juste nourrie, logée, blanchie. La lumière de sa vie, c'est ce don pour le piano, encouragé par une professeur exigeante, seule personne à avoir réellement considéré Aloma.

Et puis la rencontre avec Orren. Jeune homme qui par la force des choses se retrouve projeté seul à la tête d'une exploitation agricole, suite au décès de sa famille dans un accident. Orren, déterminé, courageux, aux manières un peu rustres, taiseux, dans le verbe et dans le sentiment.

Il affronte et endosse sans un mot, sans une plainte, comme un géant aux pieds d'argile, le poids écrasant de cette trop grosse exploitation pour un jeune si inexpérimenté.

Et c'en devient presque rageant, le voir ainsi tous les jours se lever sans une plainte, et se jeter dans des journées sans fin, des corvées interminables sans aucune certitude que ses sacrifices porteront leurs fruits. Parallèlement, Aloma se retrouve projetée dans un univers qui lui est totalement étranger, qu'Orren ne partage pas avec elle dans le sens où il ne l'initie à rien, ne lui demande rien, ne semble attendre aucune aide d'elle, qui n'est d'ailleurs même pas sa femme. Quel étrange statut que ce "No man's land" du sentiment non déclaré, des attentes non exprimées, des non dits, du deuil non digéré, non accepté, des espoirs d'une vie de pianiste qui s'enfuient.

Le prêche du pasteur Bell sur la nécessité de "s'abandonner" vient, de façon prémonitoire, éclairer cette histoire d'amour, cette étrange alliance de deux personnalités si différentes.

L'auteur éclaire de façon tranchante mais tellement sensible le besoin, l'urgence à revisiter sa propre histoire, ses espoirs, ses failles, ses douleurs, tout ce qui nous a construit, quand on n'est plus tout seul.

On ne peut plus vivre à deux, comme on vit seul. Soudain sont mis en lumière des aspects de leur personnalité que les protagonistes ignoraient d'eux- même. Soudain il faut se faire face à soi-même.

Ce roman est ponctué de nombreuses phrases assénées comme des petits coups de cutter. C.E.Morgan a su disséquer ses personnages et nous les restituer sans nous les livrer dans leur intégralité. Elle jette sur la scène une histoire d'amour naissante apparemment toute simplette, deux personnages dont on se dit qu'ils vont s'incruster facilement dans le chemin à peu près tracé pour eux. Il n'en est rien, ces personnages révèlent bien plus de facettes que ce l'auteur nous a laissé croire au départ. Ce sont deux silex que l'on frotte, que l'on percute l'un à l'autre et n'imaginez pas qu'ils vous livreront aussi facilement les étincelles attendues. D'autres personnes autour de moi n'ont "pas accroché" avec ce roman. Il est âpre, c'est vrai, et pourtant tellement sensible dans le sens où l'auteur ne nous livre pas sa dissection des personnages, il les effleure avec tant de grâce malgré parfois la violence de leur ressenti, il nous livre leur squelette et nous laisse les habiller de chair, tout n'est pas dit, pas expliqué, pas éclairé directement dans ce roman et c'en est tout le sel.

Le style est une alternance de dialogues courts, parfois lacérants, qui peuvent nous perdre car il m'est arrivé de ne plus savoir qui dit quoi, et des phrases qui sont d'une telle vérité qu'on ne peut que suspecter un grand sens de l'introspection et une vive intelligence chez l'auteur.

Enfin, il émane une grande lumière de ce roman car l'auteur nous y ramène sans cesse, cette lumière aveuglante, cette chaleur écrasante, la poussière et la sueur.

L'aube naissante, cette lumière frêle qui nous fait entrevoir l'espoir d'un peu de fraîcheur et peut-être la pluie tant attendue. le crépuscule et l'obscurité qui gagne les personnages, cette absence de lumière qui s'abat sur eux à chaque fin de journée et les envoie se coucher éreinté et/ ou déçu.

J'ai profondément aimé ce paysage sans concession et ces personnages affleurés qui révèlent une complexité qui m'a touchée.
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Le sport des rois

Cela faisait longtemps que je n'avais pas lu un roman aussi dense et passionnant !



Il s'agit d'une grande fresque romanesque américaine. On suit la famille Forge sur plusieurs décennies, depuis son installation dans le Kentucky par Samuel Forge, jusqu'à l'élevage de chevaux d'Henrietta, en passant par les cultures de maïs et tabac de ses père et grand-père.



Les personnages ont une véritable épaisseur, les chapîtres sont longs et plein de détails pourtant je ne me suis jamais ennuyée.

Il y a un véritable souffle dans ce roman, l'atmosphère est bien rendue : misogynie, racisme, violence, injustices.



Je préfère ne pas développer davantage, mais je vous incite vivement à vous plonger dans la lecture !

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Le sport des rois

Fils unique d'un homme tyrannique et d'une mère muette, Henry Forge grandit dans les relents racistes du Kentucky, au sein d'une propriété agricole dont il sait qu'il héritera, mais qu'il veut transformer. Finies les monotones étendues de céréales : Henry veut élever des chevaux de course. Mais dans les années 1950, un jeune homme peut encore difficilement s'opposer à l'autorité brutale du patriarche. « Les gens appellent cela un sport, mais je vais te dire une chose : ce soi-disant sport n'est guidé que par l'obsession, et il n'y a rien que les hommes faibles aiment davantage que de se laisser aller à leurs obsessions. » (p.58) À force de volonté, Henry mène à bien son projet. Désormais, à la tête du domaine Forge, c'est lui qui impose sa tyrannie : il cherche la perfection génétique en toutes choses, tant pour produire le pur-sang le plus parfait que pour maîtriser sa descendance. Sa fille Henrietta le subit pendant une enfance solitaire, privée de mère et de tendresse. « Tu ne ressembleras à aucune autre fille. [...] Car je ne te laisserai pas faire. » (p. 137) Quand Allmon Saughnessy, repris et épris de justice, orphelin noir et ambitieux, arrive au domaine Forge, il brise un cercle pervers et rebat les cartes d'un jeu trop longtemps truqué. « Qu'est-ce qu'il venait faire ici ? Il venait chercher les choses qu'on lui avait volées, les choses auxquelles il n'avait pas le droit de toucher. » (p. 374)



L'autrice décrit sans concession le racisme profond et structurel qui règle encore en Amérique. « Depuis toujours, la race noire a besoin de nous pour trouver un sens à la conduite de la vie. » (p. 59) C'est toute une vision du Sud du pays qu'elle présente, sans ménager les égos boursouflés de ceux qui fondent leur légitimité sur un billet jauni du Mayflower. La critique est acide : les différences de e, de chance ou de naissance ne valent que parce que le système les entretient. Ce qui m'a surtout frappée, c'est la façon dont s'opposent frontalement et au fil des générations l'obsession de la lignée et la haine du père. Cela m'a rappelé Le fils, de Philipp Meyer.



Sur la forme, immense bravo. L'autrice maîtrise les ellipses et le temps narratif, entremêlant passé et présent, récit des origines et changement de point de vue, sans jamais perdre son lecteur, et même en attisant encore plus sa curiosité. Je ne m'intéresse pas aux courses ni à l'élevage des chevaux, mais C. E. Morgan a su capter mon attention. Et à chaque Derby, une chanson résonnait en moi, la tristissime Stewball d'Hugues Aufray. Quand une œuvre écrite suscite l'émotion par support interposé, c'est que sa portée dépasse largement ses pages. Et ça mérite d'être salué !
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Tous les vivants

Tous les vivants de C.E. Morgan, traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Michèle Bach, Gallimard.



Cette histoire, c’est juste un bout de terre au Kentucky et le ciel tout autour.

Sur cette terre, une ferme isolée et un drôle de couple qui s’y installe, l’un en deuil, l’autre orpheline, seuls mais encombrés de fantômes et de désirs enlisés.

C’est aussi le piano, un pasteur, des champs de tabac, des rêves qui s’assèchent au ras du sol.



Le roman est à l’image des personnages. Au départ timide, farouche, taciturne, on avance comme sur une ligne droite un peu effacée, sans repères. Mais servi par cette plume précise et puissamment évocatrice, on le soupçonne dès les premières pages, l’autrice ne fait que graver un sillon qu’elle nous invite à suivre.



Et puis le roman s’ouvre, subtilement, l’éventail émotif prend de l’ampleur, les personnages désormais bien ancrés, se déplient, s’élèvent, prennent toute la lumière. Une douce puissance tapie jusqu’alors se déloge à partir de la seconde partie du livre. J’en ressors éblouie et vraiment très émue.



Ce roman traversé par les signes de la malédiction, du sacrifice et de la rédemption, émanations thématiques d’une certaine littérature américaine, ne s’affranchit pas non plus de certains codes où les personnages agissent et pensent simultanément, se perdent comme encombrés de leur propre complexité.



L’autrice a un talent fou pour dépeindre ses personnages et leurs relations dans un nuancier de sentiments et d’émotions sur le fil. Son style imparable, sans esbroufe et tellement juste fait souffler un vent chaud, au coeur tumultueux. Elle nous livre un portrait de femme et de couple somptueux. A lire !

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Le sport des rois

J'ose le dire ; je suis soulagée d'avoir achevé ce livre et pouvoir le refermer.

Je suis mitigée sur ce que je ressens car j'ai pris peu de plaisir à cette lecture.

En effet, c'est glauque voire souvent dérangeant mais paradoxalement il y a de la poésie dans le texte et c'est magistralement bien écrit.

C'est l'épopée d'une famille de grands propriétaires dans le sud de l'Amérique ; on se balade entre les époques et, bien sûr, il y a l'esclavage et ses stigmates encore actuels en toile de fond.

Mais qu'est-ce-qu'il est difficile de s'attacher à ces personnages dont l'histoire, celle de leurs ancêtres et leurs cicatrices marquent tellement leur destin.

Est-ce que la fin va mettre un peu de lumière dans cette noirceur et toutes ces déchirures ? Je vous laisse le soin de le découvrir si vous allez jusqu'au bout de ce roman exigeant et hypnotique.

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Le sport des rois

Ce portrait de deux familles sur trois générations , l'une blanche, l'autre noire, dans un Kentucky rural et raciste qui s'étend des années 1950 aux années 2000, m'a secoué littéralement. Je suis entrée dans cette histoire, tout doucement, à fleur de peau. Un sentiment de douleur ne m'a pas quitté tout au long des 656 pages, face à ce monde dominé par l'argent et les inégalités, face aussi aux murmures des femmes qui souffrent du manque de liberté qu'elles soient bien nées ou pauvres, aux esclaves qui survivent ou meurent dans une totale indifférence et à ces richissimes propriétaires terriens, tyrans envers femmes, enfants, esclaves.

Ce livre est différent, il se lit lentement. j'ai ressenti le besoin de respirer entre ses pages, je vous le recommande car il touche au coeur….
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