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Citations de Cécile Ladjali (399)


Cécile Ladjali
Le lecteur continue le travail de l'écrivain. Nous, on propose, on aiguise une forme de désir, et c'est lui qui continue l'histoire.

[La grande librairie, 1er avril 2020]
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Bébel et Léo ont en commun la honte. Elle est tenace, constante. Elle a modifié leur corps : démarche hésitante, épaules en creux, yeux baissés, hoquet des syllabes, le pied qui râpe le sol et n’ose franchir une ligne imaginaire qui terrifie. Mais tout bringuebalant qu’il est, le fait d’être forcé de rester à la surface du sens oblige Léo à un détachement singulier qui ressemble à de la prestance. Le léger déplacement de son être dans les limbes du langage a fini par rendre magistrale sa présence aux autres. Car on le remarque toujours. Quoi qu’il dise ou taise. Ses yeux verts jaugent et jugent si bien, qu’il est difficile de soutenir son regard. Léo est un regard. Il voit avant tout le monde. Anticipe. Devine. Il décèle la beauté là où les hommes ordinaires ne la remarquent jamais. Il la voit s’allumer en néons bleus au sommet de la grande tour, dans le hall de l’immeuble dont les murs sont recouverts de moquette marron, le long de la voie de chemin de fer désaffectée, sur le parvis de l’usine où le vent fait danser des flocons de polystyrène.
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Cécile Ladjali
Les livres, mêmes les plus grands livres, ne sont que des coquilles vides s'ils ne sont pas animés par la conscience du lecteur qui les choisit.
[La grande librairie, 1er avril 2020]
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Sensualité barbare de léo: toute la journée, ses yeux passent sur les signes. Il les voit, mais leurs géographies imaginaires ne veulent rien dire. Des angles, des bosses, des creux, des lignes, des vagues, des points: des continents entiers hors du sens, hors de lui. C'est comme ça. Il s'est habitué à ce que le monde parle une autre langue que la sienne et dispense à ses semblables des messages auxquels lui n'a pas droit; Le secret des hommes qui lisent et écrivent lui a longtemps fait envie. il aurait aimé entrer dans le cercle du secret, être initié à la délicieuse confidence. Cela aurait été vraiment formidable de pouvoir ajouter à sa propre histoire toutes celles des autres et de se sentir modifié par leurs pensées. (p; 40)
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La mémoire en larmes des époux semblait aussi figée que les pampilles de leur lustre vénitien accroché au plafond du salon.
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On ne demande jamais à un homme de définir l’écriture au masculin, sans doute parce qu’elle reste pour beaucoup de consciences d’essence masculine et que, si le livre est signé par une femme, il s’agit d’une anomalie que l’on tolère, bien décidé cependant à ne pas mélanger les torchons avec les serviettes. J’entends encore mon amie, Marie-Hélène Lafon, ulcérée par la fausse problématique, rugir lors d’une rencontre littéraire à Brives-la-Gaillarde : « Mais moi, monsieur, quand je crée, je suis tout : homme, femme, eau, feu, vent, terre. Oui, je suis tout ! » Elle fut sublime et le débat s’est clos sur ces mots non négociables.
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Elle est comme cela, Virginia. Un oiseau écorché. Têtu. Un piaf tout gris, qui n'ose pas dire qu'il aime.
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Je n’eus jamais peur des textes comme je ne trouvai jamais que mon nouvel ami fût sévère ou que le noir fût noir. Cette teinte honnie par ma mère restait pour moi une couleur absolue, contenant toutes les autres couleurs. Et le génie des auteurs que j’aimais entretenait un rapport catégorique avec le noir : il me donnait la lumière.
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La maîtresse était gentille mais complètement dépassée. Elle ne sut rassurer son nouvel élève qui ne connaissait rien à l'usage du stylo, prenait le tableau noir pour une porte fermée, ignorait tout ce qu'un livre pouvait contenir. L'école et ses petites cérémonies quotidiennes terrifiaient le garçon. (p.52)
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La fonction de bibliothèque est fondée sur un malentendu, à savoir qu’on irait à la bibliothèque pour chercher un livre dont on connaît le titre. […] mais il n’y a rien de plus révélateur et de plus passionnant que d’explorer des rayons […] et de trouver à côté du livre qu’on était allé chercher un autre livre qu’on ne cherchait pas et qui se révèle être fondamental (Umberto Eco, De Biblioteca - L'échoppe- 1986).

Ainsi je me souviens très bien que, cherchant un livre de Gary, j’ai découvert Sylvie Germain. C’était à la librairie Compagnie, dans cet antre magnifique occupé par Mme Josette Vial. Une autre fois, voulant racheter un exemplaire des Maximes, mon œil rencontra non le noble patronyme du duc de La Rochefoucauld, mais le nom aquatique de la romancière Linda Lê. La chose advint cette fois-ci à la Terrasse de Gutenberg à l’heure de la fermeture, dans cette belle librairie du faubourg Saint-Antoine tenue par une autre Circé, Michelle Farradou.
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J’en voulais aux hommes de disposer de mon corps et de pouvoir jouir sans qu’il ne leur en coûtât jamais rien, tandis que je prenais chaque fois le risque de ne plus m’appartenir.
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La mort avait commencé à entrer en elle à faire son œuvre. Le temps se rétrécissait atrocement. La vie entrait dans la mort, mais c’était encore la vie. Ce le serait jusqu’au bout. Marcher sur le fil tendu de cette frontière rendait fou.
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Le nom est-il l'identité, Emily ? Il l'est. Votre nom, votre titre décident de tout. Ils décrètent un monde entre vous et moi. Vous le savez bien. Chère Emily, je ne vous suis pas. Quand nous faisons l'amour, il n'y a plus qu'Emily et Alec...Oui. Il n'y a plus qu'eux, Lord Auskin. Mais vous conviendrez que les circonstances font qu'il nous est difficile de provoquer quotidiennement un tel contexte, afin que nos deux gentils prénoms triomphent des codes et des empêchements !
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"La littérature n'est qu'une reconnaissance de dette", écrit Linda Lê, "qui se renouvelle de génération en génération" (p. 23)
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Toutes les névroses, toutes les peurs, toutes les angoisses viennent de l'attente, de l'épuisement de ce travail de titan qui consiste à émettre des sons dans la béance des vides, à colorer les trous noirs de la mémoire, à inventer des dialogues, des causeries magnifiques, des chuchotements aimants, là où, à l'origine, il y a l'absence de tout.
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Aucun mot ou construction poétique élaborée par les adultes n’est à la hauteur de l’enfance et du génie de celle-ci, capable de remettre en question la plus vieille de toutes les métaphores.
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Une femme sans époux en Iran, c’est une pute chez qui tout le monde peut entrer la nuit.
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Les claquements de doigts des Jets et des Sharks emplirent le salon. La musique de Bernstein était chaude. J’entrais dans un monde nouveau dont ma mère venait de pousser la porte.
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Les femmes d’ici, portant tchador ou hijab, disparaissaient. Le diabolique morceau de tissu contribuait à rendre tout plus ténu en elles : présence, gestes, regard, voix.
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Et puis j'aime bien les cimetières, les mots des cimetières. Ils sont modestes. (p. 60)
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