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Citations de Cécile Ladjali (399)


Jeannine pratiqua enfin les textes et les chefs-d'oeuvre (...) Si Robert avait toujours affiché un désintérêt ouvertement assumé à l'endroit de la culture, il n'en fut jamais ainsi pour Jeanine qui durant toute sa vie auprès de son mari réprima sa passion. Passion rageuse ourdie sur le tard (...) J'avais deviné in extremis son appétit et m'en était réjouie. Aussi toutes les deux avions-nous eu le temps de communier. Car il s'agissait d'une communion, d'une nourriture réciproque autour de la beauté. De l'esprit.
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La liberté doit-elle me conduire à la noyade? Sans doute. Créer puis mourir, en ayant dit ce que l'on avait à dire, c'est peut-être cela le sens de la vie après tout.
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Dans la beauté d'Ilse, je devinais quelque chose de décalé. Ses bas filés me chantournaient l'âme, et, au lieu d'y déceler la nervosité de mon adorée qui se cognait à tous les meubles, j'y inventais une faille, une prédisposition chez elle pour moi, pour mon malaise (...) Ilse était belle et sa beauté me faisait mal. J'aurais voulu lui rendre cette douleur. Mais je restais dans un coin de la cuisine, les bras ballants, la bouche pâteuse, à m'imaginer ce que j'aurais pu vivre si j'avais eu le courage de la prendre contre moi.
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Nous avons tous deux vies : La vraie, qui est celle que nous avons rêvée dans notre enfance, Et que nous continuons de rêver, adulte, sur un fond de brouillard. La fausse, qui est celle que nous vivons dans le commerce des autres, Celle qui est pratique et utile, Celle où nous finissons dans un cercueil.
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Dans le cendrier du poêle, tes mots se sont changés en poudre grise et couvrent les charbons ardents.
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Avec les mots, il serait le maître de son destin, il pourrait aimer. Les livres sont l'examen de la vie. Un miroir où l'on se voit, par lequel on se connaît, où l'on apprend à nommer et cesse de subir.
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L'incommensurable aliénation de soi à soi. Il voudrait aller sans trembler vers ceux qui font le monde afin de trouver sa place parmi eux. (Parfois il se dit qu'il pourrait accepter de jouer n'importe quel rôle, même le plus ingrat, à partir du moment où la comédie le rendrait capable de lire la page d'un livre.) . Mais il est tout seul contre une armée de soldats entraînés contre lui.
Pour ne pas être repéré, il creuse des galeries sous la terre et abandonne dans un soulagement presque sincère ses contemporains à la surface, même s'il sait que seuls les hommes sachant lire et écrire sentent la caresse du soleil sur leur peau. (p. 131)
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l'échange fut donc permis. Je le regardai, l'écoutai. Je découvris la verve acide du maître de Cambridge paralant du parisianisme germanopration et des précieuses ridicules qui manifestement faisaient encore recette. Je sentis l'électricité, le génie tout intuitif de cet homme qui voyait dans le coeur de son intelocuteur et lisait dans ses yeux. Le pacte se scella ce jour de joie et de trisse infinie. Tandis que ma mère trépassait, je passais de l'autre côté moi aussi. (...) Au café je compris beaucoup - si l'évidence des serments mutiques entretient quelque rapport avec l'entendement - je compris que cet homme entrait dans mon existence au moment où ma mère en sortait. (...) j'élisais un nouveau coeur avec de m'adonner à mon jeu favori : l'exercice d'admiration
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L'archet glisse sur les cordes. Mes doigts pincent le silence qui vibre. Je ferme les yeux. La mer est loin. J'ai pourtant l'impression de l'entendre. Cela fait un moment que le phénomène se produit quand je joue. Je tiens pour très exacte la certitude que la mer, le songe aquatique qu'elle engendre ont de plus en plus à voir avec le silence. Dans ce tableau liquide et aphone, je perçois le sens premier de tout. Il n'appartient qu'à moi d'appeler ce monde ténu et de le faire vivre. Sans ma volonté, je crois qu'il disparaîtrait complètement. Le Tchink qui s'émiette, la mer qui fond, le désert salé qui engloutit tout ont fait de moi un homme libre. Je n'entends pas donc je n'obéis pas. Je fais ce que je veux de moi et des autres. La musique crée le monde et le musicien avec lui. Mon corps sort du ventre de bois, l'instrument m'accouche, me rend à la vie. Avant, dans le silence, j'étais mort. A présent, sur la portée, je vibre et je sens. J'ai chaud, puis froid. J'ai mal, puis j'aime cette petite douleur au ventre, parce que c'est bon d'être envahi, investi par des myriades d'ondes magiques. Des kyrielles de trilles s'extirpent du crin raide de l'archet qui cingle ma chair.
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Le sol craquelé témoigne d'une présence encore récente de l'Aral. Elle recule, la mer. Autour de nous gisent des squelettes de poissons. Des vestiges d'algues. Hier, on était venu voir la mer. J'avais emporté mon violoncelle avec moi, et joué une sonate de Bach. J'ai donné un concert aux mouettes qui rayaient le ciel blanc. Après la musique j'ai observé tes sandales et à tes orteils dans la poussière rouge, il y avait des éclats de coquillages. Nous restons quelques instants encore à agoniser dans le lit à sec de la mer d'Aral.
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L'angoisse me définit (terreurs nocturnes, hébéphrénie, agoraphobie). J'ai passé mon enfance en analyse et étant, comme il se doit, tombé amoureux de ma psy, j'ai décrété à l'acmé du transfert que j'exercerai un jour sa profession.
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Quand il conte une légende dans l’amphithéâtre (…) toujours il est question d’un don de soi. Il devient alors le poème récité, la chair brûlante des mots offerts aux étudiants, car ces mots sont la trace sensible de sa rencontre avec l’autre. Et cette communion, les disciples l’attendent. Ouvrant la bouche, avalant la substance du Maître. Ils le dévorent. Ils s’enivrent de lui.
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Les livres de Sadegh sont les plus noirs, peut-être les plus angoissants jamais écrits. Mais c'est justement parce qu'ils enferment la nuit qu'ils me donnent le jour. Il écrit pour que nous autres, lecteurs, nous ayons moins peur. (p. 85)
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Mais ce qui me fascinait plus encore que la pyromanie ou les aléas du destin en période de canicule était l'acharnement d'un auteur à détruire son oeuvre. (....) quel sens recouvrait-il ? Etait-ce une comédie ? Une feinte ? Ou le parachèvement d'un livre impossible à écrire qui ne trouverait son expression que dans l'incendie ? (p. 55)
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Et je cherche à écrire ce point de feu. L’écrire, non pour brûler le papier, mais pour viser quelque chose hors de moi. Quelque chose qui m’échappera et qui, par la même occasion, me délivrera définitivement de mes actes et de mes sales souvenirs. L’absence et le remords me constituent. Ils ont le visage de ma cousine. Je dois éprouver ma nuit, considérer ce soleil, et lui demander pardon. Elle sera clémente. Je le sais déjà. Ilse demeure l’unique belle chose qui me soit arrivée. Je voudrais que mes mots rencontrent son histoire. Je voudrais la serrer dans mes bras. Enfin.
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Quand elle pousse la porte Léo est immédiatement saisi par la vision des livres. Il y en a trop. Beaucoup trop. Mais le pire, ce sont les cloisons sur lesquelles elle a écrit des mots. Une forêt de phrases impénétrables - guirlandes insensées, serpentins menaçants, lacets de tripot - ont pris possession de chaque pan de mur. Par endroits, le plafond est lui aussi grignoté par les signes qui ont commencé à le recouvrir comme un lierre. Que va-t-il bien pouvoir dire à quelqu'un qui a lu autant et qui couche avec des songes ? Et que peut-elle lui trouver comme grâce, à lui, l'inculte, le garçon si pauvre de légendes ? Comment peut-elle penser que le lit, entouré de tous ces romans, drames ou poèmes, autorisera le grand nigaud qu'il est à des audaces de séducteur ? Il devine bien pourtant que vivre à travers ces livres ce serait transfigurer la vie, en sentir tout le surcroît, exister davantage. Être entièrement à elle aussi. Il a toujours eu l'intuition que la vraie vie était celle racontée par les livres. Que les fictions étaient plus réelles - parce que plus proches du cœur des hommes - que les matins blancs du grand monde, même s'il reste à ces matins-là infiniment attaché. Les mots sur le papier, les mots que l'on lit et que l'on écrit, ne sont rien de moins que la vie maîtrisée, arrachée au fortuit, à la contingence. Hors des livres, il a le sentiment physique d'être le jouet d'une mauvaise fortune, d'un malin hasard. Avec les mots, il serait le maître de son destin, il pourrait aimer. Les livres sont l'examen de la vie. Un miroir où l'on se voit, par lequel on se connaît, où l'on apprend à nommer et cesse de subir. Et puis être en mesure de faire naître ce lien (même illusoire) entre ce qu'on lit et soi-même doit être une chose merveilleuse, une expérience unique à tenter.

(pages 127-128)
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On s’épuise pour des riens et on oublie de vivre.
page 210
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Les mots, j'allais les organiser, les faire résonner afin que tout ait un sens. Les mots qui étaient restés dans l'ombre, j'allais les mettre en pleine lumière et écrire le livre de ma vie. Parce qu'on ne m'avait pas tout dit, parce que le temps avait manqué, j'allais débusquer le sens au gré des syntaxes et des grammaires échevelées. Peut-être y perdrais-je la raison, mais au moins j'y verrais clair. (p. 203)
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"Ce qui fait peur, c'est de sentir que l'eau s'en va. Si dès le départ tout avait été sec et vide, cela aurait été, mais là, il reste quand même quand même quelque chose : des flaques, une odeur, des couleurs, même une brise, et avec tout ce tralala, on ne peut s'empêcher d'espérer. Il n'y a rien de pire que l'espoir. Parce que, à cause de lui, on prend le risque d'avoir très mal.
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Le coût faramineux d'un smartphone (est smart celui qui est intelligent ou doué) vampirise les ressources des masses qu'ils équipent. Pour l'achat d'un tel engin, c'est cent livres de poche qui pourraient être lus. Hypnotisation des masses. Les concepteurs de ces outils redoutables les divertissent, en mobilisant le peu de moyens financiers qu'elles ont, et en dévorant le temps utile qu'elles pourraient employer à s'émanciper par la culture pour les conduire à des plaisirs faciles qui néanmoins leur donnent l'illusion d'une présence au monde. Seule une certaine élite sait s'affranchir des mirages nés de ces objets et maintenir son avance par l'acquisition des savoirs livresques.
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