AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations de Cédric Gras (569)


Dès le début, j’ai su que les recherches seraient ardues et incomplètes, dans l’opacité d’un régime encore en exercice. Mao est mort, mais le Parti est vif. La Chine reste une dictature communiste qui comme ses consœurs nie, cache et ment. La vérité n’est pas disponible. Contrairement aux archives soviétiques, celles de Pékin, si elles existent, demeurent inaccessibles.
Commenter  J’apprécie          260
L’exploration de la planète touche à sa fin. Les fusées prennent le relais vers de nouveaux univers. Les ascensionnistes ne sont plus guère que des promeneurs du ciel, sur les belvédères de la Terre. (page 287)
Commenter  J’apprécie          260
Marx n’a jamais trouvé d’aussi zélés disciples que les Asiatiques. C’est un communisme caricatural, qu’il est passionnant de découvrir par l’œil des Soviétiques. Ces derniers, pourtant familiers des excès idéologiques, sont littéralement ébahis par le fanatizm de leurs nouveaux camarades. (page 266)
Commenter  J’apprécie          260
Il paraît que le célèbre Evgueni Abalakov est quelque part dans la vallée ! Quelqu'un l'aurait-il croisé ? Il est pourtant là, devant eux, avec son visage slave, sa stature ordinaire et sa peau hâlée. Combien de grimpeurs hors pair ne paient pas de mine. Pourtant ses admirateurs s'imaginent une icône comme en vend la propagande, un gaillard anguleux et musculeux, à l'image de ces statues qui essaiment sur les places des cités en -grad. Étrange époque où la candeur des jeunesses léninistes côtoie la cruauté des purges.
Commenter  J’apprécie          260
Dans le bas-monde, 8000 mètres en contrebas, la famine décime les campagnes. Depuis trois années, ce Grand Bond en avant qui devait permettre un développement éclair est un désastre. La collectivisation à outrance fait des ravages, les objectifs sont irréels. Mao a ordonné de serrer les plants de riz jusqu’à l’étouffement et d’abattre les moineaux pour préserver les graines. En l’absence des volatiles, la vermine s’est multipliée, les rendements s’écroulent. « Calamités naturelles », affirme pudiquement la radio pour justifier les rationnements drastiques, mais 1960 est une année noire. Dans les villages et les laogais, les gens meurent d’inanition quand ils ne se livrent pas au cannibalisme. Des millions de personnes ont déjà succombé au génie du Grand Timonier quand Xu Jing et ses camarades se préparent à gravir le Qomolangma.
Commenter  J’apprécie          250
L’alpinisme rouge, qu’il soit soviétique ou maoïste, aura eu pour école le Caucase. Les infrastructures, l’accès relativement aisé, les altitudes raisonnables en font un tremplin pour les vertiges de la Haute-Asie. Liu Lianman et ses camardes font leurs gammes sous la houlette des guides russes : école de glace, varappe, théorie.
Commenter  J’apprécie          250
Je me suis assis dans un café plein de citadins riants. Moscou de nos jours vit dans l'insouciance et l'oubli. Ainsi que Paris, New York et l'Italie. Elle se fiche éperdument de ces gars qui dans ces mêmes rues, un lourd sac sur le dos, s'en allaient cartographier toute l'Eurasie, dans des caravanes de chameaux, sur les glaciers tourmentés. Elle ne veut plus se souvenir de leurs existences fauchées par la Terreur. Elle préfère se vautrer elle aussi dans le confort lénifiant du vingt et unième siècle. Entre deux lampées de vin et quelques petit-fours, quelqu'un coupe toujours aux évocations de ces fantômes d'un péremptoire "C'était une autre époque". pour se remettre à boire.
Commenter  J’apprécie          250
Certains n’ont jamais vu d’éminences, même modestes. La plupart ne savent rien du vertige ou des déserts froids. Ils ignorent qu’on puisse gravir des cimes et jusqu’au mot « alpinisme ». Ils s’imaginent du Tibet ce qu’on colporte de rumeurs à son sujet : les habitants y sont crasseux, barbares, primitifs et benêts, soumettent leurs existences à mille superstitions naïves sous la coupe d’un dieu-roi nommé dalaï-lama. Eux sont nés dans les plaines humides, au bord de la mer Jaune peut-être, dans les collines de Mandchourie au mieux, et partout un soleil appelé Mao y chasse l’ordre ancien dans le sillage de la révolution.
Commenter  J’apprécie          240
Car l’automne est comme une braise qui meurt, gagnée par un tapis de cendres. On ne pouvait plus qu’appeler de ses vœux les myriades de flocons, la neige lourde et drue, et hâter vers le tombeau blanc cette pénible sénescence. Ce n’était pas ces chemins d’un domaine flamboyant et, une écharpe au cou, des promenades achevées au pied d’une cheminée de pierres. C’était un monde sauvage où les forêts avaient vendu leur âme au diable des saisons. Les brises nocturnes figeaient les eaux. Il restait çà et là des taches de livrée automnale, des cuivres et des éclats. Cependant s’annonçait inéluctablement la mue des immensités, la métamorphose de l’incommensurable, l’imminence de l’hiver et le glas de toute vie.
Commenter  J’apprécie          240
Dans la Chine des années 1950, il n’existe aucun ascensionniste, personne. Le chemin vers le toit du monde commence ici, dans l’anonymat, sur cette place Rouge et cette photographie souvenir. L’alpinisme chinois est né d’un oukase, pas d’une passion. Il grandira au forceps. Xu Jing apprendra à aimer les montagnes.
Commenter  J’apprécie          230
Ella Maillard comprend néanmoins parfaitement qui est son interlocuteur. « Responsable d’un grand nombre de condamnations », son nom « terrifie tant d’êtres humains », note-t-elle. Quant à Soljenitsyne, il accuse dans ses pages Nikolaï Krylenko d’avoir « entraîné dans la toundra et la taïga la bagatelle de quinze millions de moujiks ». (page 78)
Commenter  J’apprécie          230
Il avait tout pour être adulé. Il déchaîna l’enthousiasme de toutes les républiques et l’URSS fit de lui un modèle, « l’alpiniste numéro 1 ». Il incarnait ce nouvel homme soviétique, inoxydable et victorieux ; modeste aussi, au moins en apparence. (page 76)
Commenter  J’apprécie          230
Ils visiteront ensuite quelques écoles et usines du pays, de Pékin à Tianjin, afin de narrer leur incommensurable exploit et « inspirer des millions de personnes ». Ils ont bien mérité leur repos au sanatorium des travailleurs du textile de Qingdao, où ils coulent ensuite quelques douces journées. Dans son livre, Liu Lianman se montre redevable pour ce qu’il qualifie de « traitement de faveur ». Il est bien conscient de la conjoncture depuis sa villégiature. « Bien que ce soit l’époque de la catastrophe naturelle de trois ans, nous avons quand même reçu trois repas par jour durant notre convalescence. » Ainsi parlait-on du Grand-Bond en avant et de sa terrible famine. Les caprices du ciel étaient coupables à la place de Mao. Les campagnes n’étaient plus peuplées que de silhouettes squelettiques. Jusqu’à quarante millions de morts d’après les historiens. On parle de la plus grande hécatombe qu’ait jamais connue l’humanité. Mais le buste du Grand Timonier trônait au sommet de l’Everest.
Commenter  J’apprécie          220
L’alpinisme chinois n’a jamais eu d’autres raisons que l’Everest et n’a éclos que pour sa conquête.
Commenter  J’apprécie          220
Les cimes vierges, elles, se raréfient, laissant place à l’ « alpinisme de voie », des itinéraires extrêmes qui se suffisent à eux-mêmes. (page 228)
Commenter  J’apprécie          220
Ils ont vu le jour dans les immensités planes à faire douter Galilée, au bord du Ienisseï, ce fleuve qui draine tout le ventre de l’Eurasie, puissant, lisse, fascinant, seul élément notable. (page 36)
Commenter  J’apprécie          220
De 1987 à 1989, de nouvelles émeutes éclatent à Lhassa et ailleurs tandis qu’a lieu l’effarant massacre des étudiants sur Tiananmen. La célèbre place pékinoise vient compléter les trois « T » qui hantent le Parti aujourd’hui : Taïwan, Tibet, Tiananmen.
Commenter  J’apprécie          210
La guerre a éclaté en Europe et la France a capitulé, déjà. Les lointaines ascensions ne sont plus une priorité nationale et, en fait de piolet, la presse du monde entier ne parle cet été-là que de celui qui assassiné Trotski, à Mexico. (page 183)
Commenter  J’apprécie          210
En bien des points le maoïsme fut une funeste répétition du stalinisme. Je n’imaginais pourtant pas que cela ait été le cas jusqu’aux éminences himalayennes.
Commenter  J’apprécie          200
Les plus fidèles compagnons sont devenus de féroces délateurs. La cordée se défait sous la torture. (page 158)
Commenter  J’apprécie          200



Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Cédric Gras (762)Voir plus

Quiz Voir plus

Cédric Gras

De quelle nationalité est-il ?

Français
Allemand
Italien
Anglais

6 questions
13 lecteurs ont répondu
Thème : Cédric GrasCréer un quiz sur cet auteur

{* *}