AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations de Cédric Gras (569)


En quelques heures, Vitali Abalakov, ce Sibérien revenu des plus hautes altitudes et des pires températures, Vitali Abalakov n’est plus que l’ombre de lui-même. Il ne peut qu’accepter le stylo qu’on lui tend et rédiger cette déclaration manuscrite et que j’ai sous les yeux. Quelques dizaines de pages d’aveux mensongers et raturés qui semblent avoir été écrites sous la dictée par un écolier. (page 149)
Commenter  J’apprécie          200
Staline a déclaré lors d'un congrès que "l'homme est le capital le plus précieux". Mais il fait désormais tuer chaque soir.
Des véhicules banalisés en livraison de boulangerie écument Moscou la nuit venue. Ils convoient à la Loubianka de nouveaux prévenus par fourgons entiers. À bien y réfléchir, et même si l'on comprend la logique avec peine, il n'y avait aucune raison pour que les alpinistes échappent à cette répréssion généralisée, à cette automutilation d'une URSS qui élimine ses meilleurs éléments en leur reprochant de vouloir lui nuire. Que serait-elle devenue si on les avait laissés véritablement bâtir le socialisme ?
Commenter  J’apprécie          203
Cinq heures d’ascension en solitaire dans l’air raréfié et l’azur. La crête terminale que ses crampons mordent enfin est d’une immaculée virginité : une neige dure, « comme de la faïence », se souvient-il. Que se passe-t-il dans la tête de ce gamin de l’Ienisseï tandis qu’il marche seul dans le ciel, au-dessus du formidable nœud de montagnes du Pamir ? (page 71)
Commenter  J’apprécie          190
Les Abalakov sont des héros positifs comme l’Union soviétique en eut trop peu. À eux deux, ils furent de presque tous les coups, de toutes les premières. Ils racontent l’URSS, par le prisme des neiges. (page 301)
Commenter  J’apprécie          180
Non, ce fut une calamité qui n’avait, croyait-on, rien à voir avec la montagne : les purges staliniennes.
Ils auraient mieux fait de dévisser d’une paroi immaculée comme un linceul plutôt que de venir crever là, dans les caves maculées du sang de la Terreur. (pages 141-142)
Commenter  J’apprécie          180
Alors que j'étais encore à l'âge de l'innocence politique, mes parents ont tenu à éclairer le mystère de mon prénom avec gravité :
Vladlen, cela signifie VLADimir LENine, mon garçon, tu étudieras plus tard sa vie et son oeuvre. En attendant, va jouer dans la cour avec Emile, le petit des voisins de palier. Papa doit prendre son tour de nuit à la mine.
Commenter  J’apprécie          180
Contempler la nature devrait être la religion de tous les hommes.
Commenter  J’apprécie          170
En cette année 1940, les alpinistes autrichiens de l’Internationale sont livrés à l’Allemagne nazie avec un millier d’autres communistes. (page 182)
Commenter  J’apprécie          170
Voilà plutôt où se trouve l’honneur de l’alpinisme soviétique qui ne prononce jamais les mots « ascension » ou « expédition » sans leur accoler des adjectifs tels que « scientifique », « militaire » ou « de prospection ». Dire seulement « ascension » sonnait bourgeois. (page 96)
Commenter  J’apprécie          170
L'enjeu de l'ascension du pic Staline, c'était de remplacer Dieu par le marxisme, sur l'autel de la Terre.
Commenter  J’apprécie          170
Le référendum pour la partition était programmé le jour suivant et chacun procédait à son introspection. Se sentait-on russe ou ukrainien, eurasiatique ou européen ? Le Donbass pouvait-il être une république à part? Nous nous étions mis à fouiller dans nos mémoires. Aussi loin que nous remontons dans nos arbres généalogiques, nous ne découvrions qu'une broussaille de branches russes et ukrainiennes,de brindilles moldaves, d'épines polonaises, biélorusses, arméniennes, grecques, d'aiguilles yiddish ou tatares...Nos aïeux s'étaient fondus dans la masse atone des - Homo sovieticus- (p.55)
Commenter  J’apprécie          150
J’ai eu beaucoup de peine à me faire embarquer en stop. La solidarité s’estompe à l’approche des grandes villes.
Commenter  J’apprécie          150
Contempler la nature devrait être la religion de tous les hommes.
Commenter  J’apprécie          150
Les masses sont loin de connaître un quotidien aussi exaltant que celui des Abalakov. Elles ne défrichent pas le monde, non, elles labourent leurs champs, elles triment dans les usines, elles manquent de tout. Pour beaucoup, 1918 n’a consisté qu’en un changement de maîtres et de joug. Alors, il faut des traîtres, et ce dans toutes les sphères de la société. (pages 131-132)
Commenter  J’apprécie          150
Quand il ne grimpe pas, Beletski est ouvrier tourneur à l'usine Kirov de Leningrad, marié à une petite main de la même fabrique. Il incarne l'accession des masses laborieuses à une vie exaltante et personnifie le travailleur modèle que le Parti veut dévoiler à la face du monde. Contrairement à Vitali, lui a pris part à la guerre, traqué les skieurs finlandais et combattu les nazis pied à pied, jusqu'à décrocher le drapeau hitlérien du sommet de l'Elbrouz, en plein hiver.
Commenter  J’apprécie          150
Les montagnes auront eu dans ma vie la même fonction que les pèlerinages dans le cheminement d’un chrétien, fait de recueillement, de silence et de recul. Je n’ai prié personne, j’ai la retraite bouddhiste, composée de néant, de langueur et de contemplation. Je regarde le ciel longuement, et quand je ferme les yeux tout est bleu et sans fond. Je vois passer en songe les nuages et les vents. Ma géographie intime est un archipel de hauts lieux et mon calendrier secret un fractionné de bonheurs. Nos existences n’ont aucune continuité. Il n’y aura jamais que des échappées. Sur l’olympe de Sikhote-Aline, dans la splendeur diffuse d’un ultime été indien, je poussai ce Soupir mallarméen : « Un automne jonché de taches de rousseur […] Vers l’Azur attendri d’octobre pâle et pur / Qui mire aux grands bassins sa langueur infinie… »
Commenter  J’apprécie          150
Le bonheur, certains l'imaginent comme une route sur laquelle on court éperdument, mais c'est plus sûrement un sentier funambule.
Commenter  J’apprécie          140
Staline s'était joué des frontières et des peuples.Les rancœurs et les haines éclataient au grand jour.Mais au Donbass se tramait un divorce ô combien plus fratricide,
inimaginable,entre l'Ukraine et la Russie. Autour de nous les rebelles arrosaient leurs déclarations belliqueuses de bouteilles de Crimée. J'écoutais, m'efforçant de ne pas laisser transpirer mon ébahissement.Qui étaient ces inconnus jouant le sort de notre sol ? (p.93)
Commenter  J’apprécie          140
Un an après que la Terreur a commencé, les sections d'alpinisme décimées reprennent la route du Caucase. La vie continue bien qu'on n'évoque jamais les disparus. « Ils font une cure d'air en Sibérie », murmure-t-on à leur sujet. La peur est la meilleure des polices.
Commenter  J’apprécie          140
Cédric Gras
L’attente et la nostalgie sont les deux tristes conséquences des bonheurs éphémères.
Commenter  J’apprécie          140



Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Cédric Gras (762)Voir plus

Quiz Voir plus

Cédric Gras

De quelle nationalité est-il ?

Français
Allemand
Italien
Anglais

6 questions
13 lecteurs ont répondu
Thème : Cédric GrasCréer un quiz sur cet auteur

{* *}