AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations de Cédric Gras (569)


Dans le secret du pouvoir, cet été 1937, le commissaire du peuple aux Affaires intérieures Nikolaï Iejov fixe des quotas d'arrestations pour les mois à venir. C'est le début de ladite Grande Terreur. Rien qu'à Moscou, le document prescrit de fusiller dans un premier temps cinq mille citoyens, tout en en déportant trente mille autres au goulag.
Commenter  J’apprécie          140
Le drapeau nazi flotte sur le toit de l’Europe (l’Elbrouz) que les envahisseurs ont renommé mont Hitler et à Berlin la propagande de Goebbels clame la conquête du Caucase. (page 190)
Commenter  J’apprécie          140
L'été ne se montre que sur le calendrier. C'est le moment que choisit la compagnie des eaux pour son entretien annule du réseau. Il ne faut pas rater l'information car en général il ne vous reste que quelques heures après l'annonce pour remplir votre baignoire à ras bord. Elle servira de citerne jusqu'à ce que vous soit restituée, au bout de trois jours, l'eau - l'eau froide. Pour la chaude, il faut patienter aléatoirement de quelques semaines à tout l'été.
Commenter  J’apprécie          130
Mystérieux sont la science des émeutes, l'alchimie des soulèvements populaires et l'art de la pyromanie des consciences.
A l'hiver 2014,donc, dans un Kiev survolté, la foule furieuse se mit à dézinguer tous les idoles communistes. Elle détruisait les plâtres, les granits,les bronzes,la fonte, les effigies,elle abattait les grands Lénine, les petits,les statues où il montrait la voie (sans issue),celles où il indiquait Moscou, coiffé de son béret d'ouvrier, l'autre main sur le revers de sa veste.Elle mettait à bas tous les avatars du socialisme. (p.11)
Commenter  J’apprécie          130
La nostalgie est le souvenir heureux d'un monde moins mauvais.
Commenter  J’apprécie          130
À bien y réfléchir, et même si l’on comprend la logique avec peine, il n’y avait aucune raison pour que les alpinistes échappent à cette répression généralisée, à cette automutilation d’une URSS qui élimine ses meilleurs éléments en leur reprochant de vouloir lui nuire. Que serait-elle devenue si on les avait laissés véritablement bâtir le socialisme ? (page 138)
Commenter  J’apprécie          130
La Terre pour piédestal
[...] "La saison, objet de mon voyage, fil rouge de mes pérégrinations, courait à sa fin et l'altitude précipitait sa perte. Ma brève épopée touchait presque à son but. Avec la marche je me remémorais l'arrière-saison estivale claire et haute en couleur, à Aïm, à Polina Ossipienko ou à Sakhaline. La fuite vers le Sud n'avait pas pu entièrement conserver la primeur de l'été indien. Le temps était allé plus vite que mon allure. J'avais pu le ressusciter à plusieurs reprises mais j'avais aussi contemplé, au hasard des influences maritimes, continentales, altitudinales ou enfin latitudinales, les Trois Automnes de la poétesse Anna Akhmatova. D'abord cette saison pure, "bigarrée et lumineuse" ; des érables de sang, des bouleaux d'or et des ciels d'azur. Puis tout avait semblé plus pâle et les ramures dépouillées flottaient dans un brouillard qui venait fermer le firmament. Akhmatova dit de ce deuxième automne qu'il est "impassible et sans passion, comme la conscience", "tout semble plus vieux et plus blême". J'en étais presque au troisième : la taïga nue et prête pour le pudique voile neigeux. L'année comporte infiniment plus de saisons que les quatre du calendrier. [...]
Commenter  J’apprécie          130
Les jours sont sans saveur s'ils ne nourrissent des rêves.
Commenter  J’apprécie          120
J'ai proposé des échappées en diable à des camarades, devant des verres sans alcool. Je ne buvais pas une goutte de ces breuvages, ne consommait rien qui générât des rêves factices. Je voulais vaciller depuis d'autres hauteurs que celles des tabourets de bar. Je ne comprenais pas que l'on puisse avoir autre chose à faire que d'embarquer pour le bout du monde. Comme si les horizons pouvaient passer après je ne sais quelle obligation fallacieuse. Comme si on pouvait préférer regarder flotter des glaçons dans un whisky en causant d'art contemporain plutôt que les icebergs miroitants depuis le pont d'un cargo rouillé.
Commenter  J’apprécie          120
Mystérieuse complicité que celle provoquée par certaines œuvres. Ceux qui les ont lues se les remémorent ensemble comme une terre lointaine.
Commenter  J’apprécie          122
Je lis Trotski, "Ma vie", au milieu de la mer de Davis, puis Gorki, "Enfance". Je ne m'y étais jamais décidé auparavant, persuadé qu'un écrivain dont le nom de famille a baptisé tous les parcs municipaux de toutes les villes de l'ex-URSS ne pouvait qu'être un lénifiant propagandiste littéraire. Or "Enfance" est un chef-d'œuvre sur la Russie éternelle. De l'avantage de ces voyages au long cours. L'oisiveté vous plonge dans des ouvrages injustement dédaignés. Si le temps peut être vaste ou étriqué, il est l'égal ici de l'océan. Je songe à ces hivernages improvisés des premiers explorateurs dans la promiscuité glacée d'un cabanon, ne possédant pour toute lecture qu'une vague notice d'instructions relue mille fois dans l'attente du printemps ! Ces affamés-là n'auraient fait qu'une bouchée de Heidegger.
Commenter  J’apprécie          120
Lorsqu'ils étaient gamins, les cours d'école et d'immeubles ne proposaient que des jeux en forme de fusées. Ils formaient les premières générations d'un monde accédant à l'espace. Le 12 avril 1961, Gagarine s'était envolé vers les étoiles. Premier homme dans le cosmos. Il inspira une fierté sans bornes. Il y eut des rues Gagarine, des places, des usines, des mines, des pics, des stations de métro, que sais-je. En Antarctique, la cinquième SAE immortalisa l'exploit par une chaîne de montagnes Gagarine et un pic éponyme dans les Aramis. Aux visites médicales, en auscultant les patients, tous les médecins d'URSS s'exclamaient d'un air rassurant « Comme Gagarine ! ».
Commenter  J’apprécie          120
Les premières expéditions avaient frappé l'inconscient collectif. La société et le Parti portaient aux nues ces conquérants des glaces. Ils étaient reçus avec des fleurs, des discours solennels, des chants d'écoliers. Et cela ne se cantonnait pas aux quais des ports de Leningrad ou de Kaliningrad ! On les applaudissait sur les perrons des gares de leurs villes natales, on les embrassait dans leurs foyers. L'utopie trouvait un exutoire dans les pôles et l'espace. l'URSS se passionnait pour ses chevaliers du cosmos et des hautes latitudes. Les gamins rêvaient devant les héros-poliarniks de leurs dessins animés. Des héros qui soutenaient avantageusement la comparaison, emmitouflés dans leurs gros manteaux semblables à des scaphandres. On disait d'eux : « Presque un cosmonaute ! »
Commenter  J’apprécie          120
La neige très profonde arrive à la taille par endroits mais, vers le soir, les cinq hommes ont néanmoins pris pied sur l'arête. Ils s'entassent dans leur tente étroite et s'y délectent des menus fournis par l'Institut officiel d'alimentation, conçus par les explorateurs polaires : lait concentré, extraits de groseilles, harengs, fruits secs, caviar...
Commenter  J’apprécie          120
Ils auraient mieux fait de dévisser d'une paroi immaculée comme un linceul plutôt que de venir crever là, dans les caves maculées du sang de la Terreur.
Commenter  J’apprécie          120
Une foi aveugle dans les points cardinaux est une mauvaise lecture de ce pays. Il faudrait toujours le voir à la verticale, la Volga au midi et l'Amour au septentrion. Car de la Sibérie à l'Extrême-Orient, ce n'est qu'un immense Nord. La machine étatique russe a du génie lorsqu'elle parle de territoires assimilés. C'est bien ainsi que les Slaves se représentent la chose. Lorsqu'ils vont de Moscou sur le 56è parallèle à Khabarovsk sur le 48è, ils affirment le plus naturellement du monde qu'ils vont au nord. Vladivostok, qui est aussi méridionale que les stations balnéaires d'Abkhazie est perçu comme un rivage boréal et Magadan, à la latitude de Saint-Pétersbourg, est le comble de l'enfer.
Commenter  J’apprécie          120
La vérité, c'est que nous étions des ânes de rôder ainsi avec désinvolture et négligence. Étions -nous d'éperdus romantiques ou de déplorable idiots ?(...)
Tuer me semblait plus hideux que la mort elle-même. Émile semblait ruminer les mêmes pensées au sujet de nos tribulations. ( p.237)
Commenter  J’apprécie          110
Après la fusion du réacteur numéro 4 de Tchernobyl,il avait fait partie des liquidateurs acheminés en urgence sur le site de la centrale nucléaire éventrée. Robot humain sacrifié à l'édification d'un fragile sarcophage,l'URSS lui avait offert un destin "radieux-actif".Oncle Tolya avait succombé dans l'année de mon seizième printemps.(p.56)
Commenter  J’apprécie          110
Le monde est nouveau à chaque tour qu’on en fait. Car le voyage combine l’espace et le temps.
Commenter  J’apprécie          110
Le temps était allé plus vite que mon allure. J’avais pu le ressusciter à plusieurs reprises mais j’avais aussi contemplé, au hasard des influences maritimes, continentales, altitudinales ou enfin longitudinales, les Trois automnes de la poétesse Anna Akhmatova.
Commenter  J’apprécie          110



Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Cédric Gras (762)Voir plus

Quiz Voir plus

Cédric Gras

De quelle nationalité est-il ?

Français
Allemand
Italien
Anglais

6 questions
13 lecteurs ont répondu
Thème : Cédric GrasCréer un quiz sur cet auteur

{* *}