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Citations de Céline Minard (279)


à ce stade de sa conversation intérieure, il ne manquait pas de se rappeler à lui-même que l’ordre des rêves était assez particulier pour ne jamais se réaliser complètement dans le monde et qu’une partie ou une autre de sa construction mentale tomberait dans les abîmes avant même qu’ils entrevoient le début du pays où ils allaient enfin pouvoir s’arrêter. Ce à quoi il se répondait invariablement que c’était précisément pour cette raison qu’il fallait imaginer les meilleures, les plus grandes et les plus belles choses. Parce que de cette façon, même s’il ne devait advenir que la plus infime part de son rêve, elle serait tout de même assez consistante pour les rendre heureux.
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Brad, à ce stade, ne savait plus si elle luttait pour vivre ou pour passer. Il lui semblait parfois que la vie s'accrochait à sa cage thoracique comme une perdue qui refusait de lever le siège.
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Quand il rejoignait les autres après avoir entravé son cheval et qu'elle était avec eux autour du feu, le plus souvent, il crachait de côté en la regardant au front et aux mains mais jamais dans les yeux. Il le fit systématiquement jusqu'à ce qu'un soir, elle l'imite avec tant de précision que Jeffrey s'en étrangla de rire.
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Et croyez bien que sur votre charette, vous repartirez les pieds devant et les coilles au bec.
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Le pouvoir n'est que de gueule, de la créance d'autrui, le nom qu'on crie dans les rues, rien n'est plus important, quoi qu'on en dise, en mal ou en pis. La colère du peuple n'est rien, se solde avec trois sacs d'or un jour de fête, il est infect. Je n'ai jamais acheté aucun de mes lieutenants, aucun de mes gens, je les ai vendus à eux-mêmes, à leur désir secret, à leur médiocrité, à leur mesure, leur ambition mesurée, et le besoin du maître était dans tous les corps que j'ai rencontrés.
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Dès qu'elle avait paru à ses yeux, il l'avait reconnue. Avant même de la trouver hors de portée, au-delà de la beauté, avant même de distinguer les traits de son visage. Sa démarche, la qualité de l'air qu'elle déplaçait, la fluidité du silence qui l'entourait, la densité de son être avait absorbé toute son attention.
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« On devrait toujours boire comme ça. […] Conscient. Nu. Dévalisé. » (p. 67)
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Les longues heures de chariot que Jeffrey passait avec ses boules de cire dans les oreilles, il les occupait à prévoir l'espace de la ville et de la lande dont son frère rêvait, qu'ils allaient atteindre et qui deviendrait leur royaume. Lui qui avait exploité la tourbe pendant ses vingt premières années, la tourbe noire des plateaux râpés par le vent, il le voyait comme une étendue vaste, vallonnée, agréablement forestière, d'où il serait aisé de tirer de belles prairies et suffisamment de bon bois pour la construction et le chauffage. Si on pouvait y trouver de quoi faire des lauzes, un gros ruisseau pour la pêche, un bon climat pour les roses et les clématites, et que le tout soit situé à moins de quarante miles d'une ville paisible dotée de deux ou trois saloons, il se considérerait comme le plus heureux des hommes.
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J'ai choisi cet hôtel pour la multitude de libellules déprimées qui baguenaudent autour des piliers entre les roseaux - bleu Porsche, ahanant du coffre avec une pulsation de métronome, pour ses trompettes aussi, qui poussent en paillasse dans les bois, pour le blé à tige bleue, à tête d'or, qui nappe la colline au loin jusqu'aux premiers jours d'août, et parce que j'apprécie, quand j'arrive à faire les six cents pas quotidiens qui me sont prescrits, de croiser un tapis de cinq fleurs de petit liseron posé sur un bout de ravine sèche à côté d'une merde fraîche.

[ incipit ]
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Le lendemain midi,quand la ville sortit de son sommeil réparateur, il y avait des flaques de mousse devant les bains, des draps et des tissus froisses dans la chambre de Sally, et des amants gratuits, épuisés, à tous les carrefours.
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Sally et Arcadia s’étaient entendues sur une nouvelle forme d’intervention musicale. D’un commun accord, elles avaient renoncé aux concerts qui mettaient tout le monde à feu et à sang et laissaient ensuite le saloon plus flasque qu’une baudruche essoufflée. Elles avaient opté pour une petite routine rassurante, cravachée de temps en temps selon les circonstances. Arcie se plaçait directement derrière son armoire en fond de salle et accompagnait le choc des verres et la confusion des conversations par des moulins bien huilés que personne ne semblait entendre mais qui faisaient tranquillement picoler tout le monde. Elle suivait les humeurs de la salle, en les contrant ou en les accentuant selon sa complexion du moment, et soulignait les entrées et les sorties qui devaient l’être. Quelques-uns avaient leur thème à eux. Le défilé des putes à l’ouverture était une petite marche bien enlevée avec de grossiers dérapages, et le gong de fin, une pluie rafraîchissante pour les crânes endormis ou bouillonnants. Quand elle voyait entrer son sauveur d’archet, Arcadia ne manquait jamais de le saluer en jouant une transposition de son cri de guerre qui faisait sursauter les âmes sensibles et dévier quelques trajectoires de verres.
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La vie était effectivement partout mais pas humaine. Il fit braquer l'oeil du satellite sur ce qu'il voulut. Les villes, les mégapoles, les anciens bouillons, les retraites. Les ermitages. Les forêts tropicales pleines de primitifs en étui pénien et cordes à seins. Les déserts. Tous vides. Grouillants d'une activité parfois débordante mais pas humaine. Rien moins qu'humaine. Les grands centres, les côtes américaines, les côtes australiennes, l'Europe, le Japon, les choses économiquement développées trépignaient d'infections mais pas d'humains. Il fouilla les gorges les plus profondes, les grottes cachées, les montagnes les plus hautes, la moindre cahute, il dut se rendre à l'évidence. La conclusion du rapport d'analyse qu'il demanda à l'ordinateur central fut, l'ultime conclusion, que le major Echampson était le dernier survivant repérable de la race Homo sapiens sapiens. Encore qu'on n'en ait pas d'image et qu'à proprement parler, on ne l'avait pas observé.
Elle s'assit dans sa tête et murmura c'est foutu. Nous sommes foutus. Vous auriez été une femme Stevens, vous auriez pu vous enfiler des éprouvettes de sperme dégelé dans l'utérus. Vous taper ensuite vos fils et vos petits fils comme on fait d'habitude dans ces cas-là et vivre une belle vie, tout reprendre. Mais il se trouve que non. C'est vous le survivant, je vous plains.
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Qu'est-ce qui leur prend ? C'est quoi ça ? Il y a un nouveau virus ? Tout le monde devient dingue en bas ? Ils courent partout les bras en l'air ala alalla, la station va nous tomber sur la tête, faites les descendre, maîtrisez-là, elle nous menace, a nous regarde avec ses petits yeux jaunes d'extraterrestre, a va nous percuter, oscour, oscour ! Mr. Bonx faites quelque chose !
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À partir de ce moment et jusqu’à la fin de la carafe, Coetzer se suspend. Il se contente de goûter le vin. À l’aveugle, mais plongé dans ses sensations, sans essayer d’en appeler à ses connaissances, ses souvenirs, ses réflexes, uniquement mais absolument attentif à ce qui s'annonce, passe, et prend corps dans son corps. Il part. Il descend sur des terres humides et fraîches, sur l’épiderme d’un monde organique travaillé par les météores et les vents, arrosé de soleil, givré, bourgeonnant, craqué, il glisse parmi les feuilles, se coule dans les rus, tombe comme une pluie, monte dans la sève, gonfle de concert avec les milliers de fruits ronds, pleins, pruinés, les grappes entières accrochées sans effort au bois plongeant au travers des herbes entre les vies d’insectes innombrables. Branché sur toutes les variations, il sent la forme des nuages, le cri des bêtes et les plumes, le départ d’un lièvre, la nuit comme une vasque, sans dessus ni dessous, aussi vaste en lui qu’un état de l’âme et du cœur. Il plane. Il absorbe autant qu’il est absorbé. 
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Les sorcières n'ont pas toujours des balais. Non.
Mais elles effacent leurs traces, d'une façon ou d'une autre.
C'est un fait.
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Le jour où je compris, après un enterrement affligeant, que ceux qu'on appelle communément les proches, étaient capables de nier fondamentalement et de but en blanc des relations ébauchées au fil de cinquante ans de patience et d'attention, je décidai de passer chez le Notaire pour y faire Noter au regard de la Loi les noms, prénoms et qualités des ayants droit que je me reconnaissais. En toute conscience, franche au collier.
Je ne vois pas pourquoi je ferais la fortune et le confort d'un petit petit chose que je n'aurais jamais vu mais qui aurait eu l'idée hasardeuse de naître des couilles ou des ovules fécondés d'un de mes plus ou moins directs latéraux "co-sanguine".
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(...) mais la forêt il la chérissait.Elle était pour lui un refuge, elle le nourrissait, elle le berçait quand il en avait besoin.Il pouvait y disparaître en un clin d'oeil.Il avait recours à elle.
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C'est par une de ces nuits froides et bruissantes de mille voix basses désincarnées que je vis ma première chasse glisser dans les airs comme dans un tunnel, illuminant les cristaux de gel pendus sous la lune, plus souple, plus frémissante qu'une forêt de trembles, chuintant une musique d'enchantement d'outre-tombe, et c'est cette nuit précisément que je reçus des mains transparentes de Mab mes premières baguettes et le début de ma partition. Parce que j'étais né avec de grandes oreilles au pavillon ourlé et trois points rouge à l'épaule, parce que je me trouvais là surtout, au bord de l'étang étale nappé d'argent mobile, et que j'écoutais sans bouger depuis des heures le mince murmure inaudible d'une procession lointaine dont les filets épars tournaient et viraient mais convergeaient insensiblement vers le miroir souple de l'eau devant lequel je me tenais. Parce que je les vis finalement, dans les cieux et sur les eaux et moi avec eux, sans frémir ni cacher mes yeux, montrer leurs bosses et leurs plaies, leur étoffe et la mienne, et défiler, défiler découverts, déguisés, nus, ouverts, exposés, parce que je battis avec eux cette mesure, parce que j'avais trouvé seul le carrefour du rendez-vous, je reçus mes premières baguettes et la faculté de lever et de transfigurer.
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En droite heure, les courses reprirent.
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Céline Minard
J'écris de la littérature populaire, qu'on prend pour autre chose, je ne sais pas pourquoi. Ce qui m'intéresse avant tout, c'est de raconter des histoires, mais par n'importe comment. J'aime bien perdre mon lecteur. Lui faire explorer un monde. Sinon, on met ses charentaises, on se pose dans son fauteuil devant sa série et on n'explore rien. La littérature, ce n'est pas des charentaises !
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