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Citations de Charles-Ferdinand Ramuz (533)


Citations
 
 
— Si tu ne buvais pas, tu serais caporal.
— Oui, mais, quand je suis saoul, je me crois
colonel.
                   Cité par André GIDE

p.59
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Remarques (1928-1929)
 
 
      La vérité est comme un bouchon de carafe ; je
veux dire qu'elle est  taillée à  facettes  comme un
bouchon de carafe. Nous voyons les facettes ; chacun
de nous n'en voit qu'une. Nous ne voyons pas le
bouchon.

p.25
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Remarques (1928-1929)
 
 
      Il n'y a point de ligne droite. Toute droite est un
segment de cercle. Il n'y a point de mouvement
linéaire ; tout mouvement est circulaire. Les nombres
mêmes, à un moment donné, semblent devoir tendre
à retomber, c'est-à-dire à quitter la ligne droite et
revenir par là à leur point de départ, c'est-à-dire à
l'unité.

p.21
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Remarques (1928-1929)
 
 
      Le poète immobilise l'espace ; il tâche de le guérir
de sa maladie qui est le temps.

p.12
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Remarques (1928-1929)
 
 
      La poésie est dans l'extrême précision. On dit
« épouser les contours » : c'est trop de pudeur. Il faut
faire infraction ; il faut épouser tout court.

p.10
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C'est le temps. Ce n'est pas seulement qu'il fasse nuit ; c'est que l'air n'est plus de l'air. L'air est grenu comme de la cendre, il est opaque comme du sable.
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Elle regrettait le temps perdu sans Julien. Quand on aime, le temps où on ne s'est pas aimé est comme une belle robe qu'on n'a pas mise.
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La seule vraie tristesse est dans l’absence de désir.
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Charles-Ferdinand Ramuz
"La seule vraie tristesse est dans l’absence de désir."
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Il y a ce vin qu'il respire, et il y a dedans ce qui est d'en bas, d'en dessous, là où se trouvent les racines ; il y l'odeur et le goût ; il respire , puis il a goûté ; il goûte à nouveau avec lenteur , retenant le goût sur sa langue , le ramenant d'arrière en avant , le retournant sous le palais , le laissant alors repartir , mais pour l'arrêter encore une fois au point où il va disparaître ; et c'est à cause de ce qu'il y a là-dedans : toutes les choses qu'il y a dedans.
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Elles étaient là rien que les deux. La cuisine avait quatre murs et sa petite fenêtre. Il faisait triste. Elles ne parlaient pas.

Et Aline pensait au petit qu’elle aurait. Elle se demandait : « Comment est-ce qu’il fera pour sortir ? Est-ce qu’on a mal ? Oh ! on doit avoir bien mal ! » Elle se rappelait des amies qui avaient eu des petits frères. Elles disaient :

— On nous avait mises dans la chambre d’en haut, mais on a bien entendu maman crier tout de même.
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La toile était grossière, les petits des pauvres n’ont pas des draps fins. Aline cousait ; les doigts s’envolent, l’aiguille brille ; mais c’est un ouvrage qu’elle n’aimait pas faire ; elle le faisait parce qu’il le fallait. Et Henriette la surveillait, assise à côté d’elle et disant à tout moment :

— C’est pas comme ça. À quoi est-ce que ça sert de t’avoir appris ? Regarde-moi ça. C’est tout plissé, une misère !
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Cependant le pays vivait comme toujours et il n'était rien survenu pendant tout le mois suivant.

On vit petit ici, on vit pas gros.

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Ils ont beaucoup lu dans des livres, mais le livre reste le livre.
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Heureusement que le peuple était là que le peuple ne s’embarrasse pas d’abstractions. Il est irresponsable, c’est ce qui fait sa force. Il a toujours raison, n’ayant pas de raisons. L’impulsion vient, à quoi il cède, sans même se douter qu’il pourrait ne pas y céder. Sa compréhension du bien et du mal est simple, et accompagnée de colère à l’adresse de ceux qui ne la partagent pas. Le peuple, on l’a dit, a sauvé l’honneur, et on a dit vrai. Alors que tout le monde lui parlait de neutralité, il a su ne pas être neutre. Il n’avait qu’une façon de ne pas l’être et il l’a trouvée tout de suite. Il n’avait qu’une façon de s’exprimer, il a su pourtant s’exprimer tout entier et au-delà du sens immédiat de son geste. Il avait contre lui le formidable appareil des lois, encore renforcé par le régime des pleins pouvoirs, - contre lui toute l’organisation politique et militaire d’une confédération d’États dont il ne représentait qu’une très petite partie, contre lui ceux d’une autre race : on lui défendait de parler, il a su agir quand même ; on lui défendait de parler, il a su trouver les mots muets qu’il fallait. On a vanté sa charité : sa charité, d’ailleurs sincère, n’était pas seule en cause. Le peuple manifestait en étant bon. Il a trouvé cette manière de faire la guerre, ne pouvant la faire autrement. Il a trouvé cette manière – qu’on ne pouvait lui interdire – de se venger du silence et de l’inaction qu’on lui imposait ; on ne lui avait laissé que son cœur, il a voulu que son cœur du moins se manifestât sans restriction et sans réserves. Il n’y a pas eu que ceux qui « avaient », il y a eu aussi et surtout ceux qui n’avaient rien. Ils sont venus avec des paniers, des hottes, des bidons, des corbeilles ; ceux qui étaient trop pauvres pour acheter des fleurs cueillaient celles de leur jardin, ceux qui n’avaient pas de jardin allaient en cueillir dans les près, il fallait que ça se vît de loin, et que ça fût bon à manger, mais qu’encore ça se vît de loin, et que ça fût joli de couleur, avec des petits drapeaux tricolores piqués partout où on pouvait, et des ficelles, et des arrangements variés de papier rouge, blanc, bleu ; et cela pour se faire d’abord plaisir à eux-même, quand ils empilaient les paquets sur la table avant de partir, et ils regardaient si « ça allait bien », ils regardaient « s’il y avait assez », et bien sûr qu’il y avait assez, même il y avait beaucoup trop, mais est-ce qu’il y a jamais trop quand on aime ? Ils sont venus, ils sont venus en famille, le père, la mère, les enfants. Ils sont venus de la campagne et ils sont venus de la ville. Pleine à sauter, cette gare, tous les quais débordants, les barrages de gendarmes emportés, et, du même coup, les règlements par quoi on pensait empêcher, par quoi on pensait contenir. Les tout pauvres qui étaient là, et les un peu moins pauvres, et puis aussi les pas pauvres du tout, les biens mis et les pas bien mis, les instruits et les pas instruits, les biens élevés et les pas bien élevés, les distingués et les pas distingués et quand le train est arrivé ç’a été un grand cri, quand le train est reparti un grand cri encore, - et entre deux on ne sait plus, parce qu’on avait perdu la tête, et puis on avait trop à faire, tous ces petits paquets à distribuer, des mains tendues en l’air vers des mains tendues par les portières, mille questions sans réponse de part et d’autre, des commencements de conversations jamais achevée, - et ce train qui glisse déjà : alors des casquettes jetées, les boutons des uniformes arrachés, un envolement de petits bouquets et, tout à coup, comme si des pigeons prenaient leur vol en battant des ailes, levés toujours plus haut, de façon qu’on pût les voir plus longtemps.
Des gens sérieux ont protesté ; ils ont parlé d’enfantillages ; est-ce qu’ils ont compris que c’était un besoin, bien plus qu’une nécessité ? Est-ce qu’ils ont compris que sans cela on n’y eût pas tenu, et qu’il est heureux pour l’État que la passion accumulée ait trouvé cette échappatoire ? Mais est-ce qu’il ont compris rien à rien ? Et que ces enfantillages, comme ils disent, sont peut-être ce que nous avons eu, ce que nous avons encore de meilleur ? La seule chose, en somme, sérieuse, la seule, en somme, qui compte.
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Les Allemands ont fait du poète un pontife et un homme à part : c’est Goethe, drapé dans son manteau, rêvant sur les ruines de Rome. Ce poète-là n’est qu’un pédant. Le poète n’est pas un homme à part, il est le plus homme de tous les hommes. C’est parce que la plupart des hommes ne sont plus des hommes, ou ne le sont pas encore assez, qu’ils méconnaissent le poète. L’artiste (le vrai poète) est partout. Je crois que le paysan qui aime une vache parce qu’elle est belle est un artiste. L’éleveur de chiens a des théories sur la forme des oreilles : c’est un artiste. Il y a une façon de tailler sa mortaise qui est de l’art. On commence à voir que tout le monde est avant tout artiste et ne vit que par là. Jusqu’à l’amateur de vins ou de cuisine, savourant, dégustant, et faisant claquer sa langue : quelque chose brille dans ses yeux : il vit, il a du plaisir. Il y a un contact direct entre lui et les choses.
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Ce qu’on n’a pas, on y aspire : qu’on ait la chose, on s’en détache aussitôt.
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On ne va au particulier que par crainte de l'abstraction, qui se substituerait sans lui au général. On entend par général ce qui est vivant pour le plus grand nombre ; l'abstraction est idée, le général est émotion.
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Il a fallu qu'on laissât tomber de soi tout ce qui était règle, tout ce qui était enseignement, tout ce qui était « traditions », tout ce qui était théorie : il n'y a plus eu que l'être de chair, un être qui ne savait plus rien, qui ne comprenait plus rien à rien, mais ses sens lui restaient, avec des yeux pour voir, des oreilles pour entendre. Et, finalement, il s'est trouvé riche de son appauvrissement même, parce que, tout au fond de lui, il y avait toujours la terre, et que, de descente en descente, il avait fini par y toucher...
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Notre histoire, on l'a vu, ne nous enseigne à peu près rien ; nos « traditions » son contradictoires ; et notre race, alors, cette forme de sensibilité particulière qu'on doit à un climat, à une nourriture, à un sol, il semble assez que nous en ayons toujours fait fi, séduits que nous sommes par cette fausse générosité dont je parlais tout à l'heure.
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