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Citations de Charles Frazier (61)


Luce pensait que les enfants apprendraient peut-être quelque chose ici. Un certain calme. Une leçon saisonnière sur le flux régulier du temps, sur ce jour relié à tous les autres, et les années elles aussi associées. Le contraire de chaque jour obligé de tenir tout seul et d'être sa propre apocalypse.
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Nous sommes sans cesse à l'affût de la moindre occasion de projeter notre pitoyable petite pulsion d'espoir sur un avenir que nous ne vivrons jamais.
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Quand il s'est arrêté, il avait défini un pays digne de ce nom, une patrie à l'image du monde de sa jeunesse, cet univers que nous habitons tous dans notre imagination. Une bonne étendue de terre arable, bien arrosée, et un grand territoire de chasse sur des hauteurs que les Blancs considéraient sans valeur. Combes, défilés et plateaux, zones escarpées et boisées qui, aux eux de la plupart des hommes, n'ont d'autre utilité que de maintenir le monde en place. Le plan de Bear était d'effacer tout ce qu'il pouvait de l'oeuvre du passé récent et de réunir à nouveau son peuple dans des collectivités.
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Une fois la Nation effacée de la carte, la terre désertée n'a même pas eu le temps de reprendre son souffle. Déjà des géomètres officiels l'arpentaient et la mesuraient en prévision de la gigantesque vente aux enchères qui aurait lieu au printemps suivant. Dans un bureau de la capitale de l'Etat, quelqu'un mettait la dernière main au plan cadastral du chef-lieu de comté qui devrait éclore tout près du fort abandonné, là où le sol portait encore la trace du piétinement des captifs attendant d'être déportés à l'ouest.
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Rives gelées d'un ruisseau, mousse roussie par le givre, soleil froid déclinant dans un ciel métallique. Un terrain escarpé, boisé, sans un seul espace horizontal assez grand pour s'allonger et dormir sinon un banc de gravier humide un peu en surplomb du cours d'eau. Les nuages étaient si bas et denses que l'on ne pouvait suivre la progression du jour.
Le dos contre un gros châtaignier, Charley s'est endormi assis, le front contre les genoux, sa couverture serrée autour de lui.
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Il ne m'a pas fallu longtemps pour apprendre que l'argent n'avait pas grand intérêt en soi, mais beaucoup de manière dérivée, pour tout ce qu'il était capable d'accomplir en votre faveur. A commencer par vous rendre libre et ménager une place pour vous dans le monde. J'ai commencé à entrevoir qu'obtenir ce qu'on voulait, dans ce pays neuf, consistait largement à le réclamer.
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(...) un siècle plus tôt, si vous aviez eu le malheur de vous aventurer par mégarde sur leur territoire, ils avaient été le genre de peuplade à transformer la peau de votre dos en mocassins, à utiliser vos tibias comme baguettes de tambour et à danser au son de vos dents secouées dans une carapace de tortue séchée. Tous des guerriers, hommes et femmes. (p 95)
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« Si vous possédez encore le portrait que je vous ai envoyé il y a quatre ans, je vous supplie de ne plus le regarder. Je ne lui ressemble plus du tout à présent, ni par la forme, ni par l’esprit. » (p. 287)
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« Inman avait vu tant de gens mourir que la mort lui semblait désormais un évènement fortuit. » (p. 270)
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ça fait trop longtemps que je l'ai lu !
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Il arrive un stade dans la vie où chacun a besoin d'une médication quelconque pour soulager la douleur,aplanir le chemin qui reste devant soi.Malheureusement mon médecin m'a interdit l'alcool,de sorte que ma maison est devenue aussi stricte que si elle était tenue par des baptistes observants.La mémoire est ma dernière ivresse.
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Il conclut en déclarant qu'Ada, même si elle tenait parfois du cactus dans son comportement, était, à son avis, extrêmement belle. Ses yeux n'étaient pas disposés de façon parfaitement symétrique dans son visage, ce qui lui donnait une expression éternellement triste, qui ne faisait que rehausser sa beauté.
La vieille femme regarda Inman comme si elle n'avait jamais entendu débiter de telles âneries. Elle pointa vers lui le tuyau de sa pipe : "Ecoutez-moi, dit-elle. Il n'est pas plus raisonnable d'épouser une femme pour sa beauté que de manger un oiseau parce qu'il chante bien. Et pourtant, c'est erreur très répandue".
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Quelque chose chez Stubblefield s’incrustait néanmoins en elle et la travaillait. Des éclairs lui revenaient la nuit, quand elle était allongée entre la veille et le sommeil. Les facettes de son visage, les angles autours de ses yeux. La géométrie suffisait peut-être à expliquer cette séduction malvenue. Et puis aussi, presque toute la musique qu'elle écoutait en fin de soirée parlait d'amour et de désir. Il était difficile d'y rester insensible.
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Lorsqu'il revint dans la cabane, il se fit l'effet l'effet d'un fantôme qui occupe un passé inutile. Sara avait allumé une chandelle de suif et se tenait devant la table où elle faisait la vaisselle dans une bassine. Autour de la flamme, l'air paraissait épais. Les objets brillants à proximité étaient comme nimbés, alors que tout ce qui se trouvait au-delà dans l'ombre était complètement englouti à jamais, semblait-il. Inman eu le sentiment que la courbe du dos de la jeune femme penchée sur la table était une forme qu'il ne reverrait pas une seconde fois. Une forme à graver dans son esprit et à conserver, afin que ce souvenir, si par hasard il vivait vieux, lui serve non pas de remède contre le temps, mais de consolation.
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Du temps où elle vivait seule, Luce montait rarement aux étages supérieurs, mais pas à cause de la peur. Pas vraiment. Là-haut il n’y avait que châlits et toiles d’araignée, mais elle ne voulait croire ni aux fantômes ni à rien de tel. Et pas davantage aux signes avant-coureurs des cauchemars. Néanmoins, quand elle s’endormait à trois heures du matin dans la vaste demeure, le monde déclinant des esprits touchait vivement son imagination. Les sombres étages endormis, leurs abris, les lits moisis et éphémères pour les invités et leurs domestiques, l’ensorcelaient. L’endroit parlait du temps. Vous viviez ici jusqu’à votre mort, après quoi seuls quelques objets vous survivaient brièvement.
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Les millionnaires et le chemin de fer avaient disparu. Restait le lac, bizarre plan d’eau horizontal aux couleurs changeantes, disposé dans un paysage vertical et bouleversé de montagnes bleues et vertes. Le Pavillon aussi avait survécu, étrange bâtisse délabrée où il semblait incongru de vivre seul. Le rez-de-chaussée était occupé par les pièces communes, une vaste entrée dotée d’une cheminée massive en pierre, de beaux fauteuils et des bancs Craftsman à haut dossier droit, des tables et des meubles en chêne brut
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A la fin du siècle précédent, le Pavillon avait servi de havre de fraîcheur estivale pour les riches désireux d’échapper à la canicule des basses terres en août. Quelque millionnaire des chemins de fer traversant cette vallée d’altitude dans son wagon privé eut alors une vision, ou céda peut-être à un caprice : construire un barrage en terre, créer un lac de retenue, inonder la partie supérieure de la vallée pour que l’eau arrive à la lisière du village. Ensuite, sur la rive opposée, bâtir un pavillon en rondins selon ses propres plans, quelque chose rappelant l’Old Faithful Inn, mais en plus petit et plus luxueux. Cet homme avait sans doute davantage excellé dans les chemins de fer qu’en architecture, car il fit construire une espèce d’énorme rectangle, un très grand chalet en rondins doté d’une véranda couverte qui donnait sur une vaste pelouse descendant jusqu’au lac et, au-delà du plan d’eau, sur le village. Les riches d’autrefois se contentaient manifestement de choses plus simples.
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Pareil avec le Pavillon. Il n’appartenait pas à Luce. Elle en était en quelque sorte la gardienne. Maintenant que le vieux était mort, certains auraient dit qu’elle le squattait. Mais apparemment personne d’autre ne voulait empêcher la vigne kudzu de l’envahir jusqu’à ce qu’il se métamorphose en un tertre de verdure.
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Luce n’était pas très maternelle. L’Etat lui avait imposé ces deux enfants. Si elle les avait refusés, ils auraient été séparés et adoptés comme des chiots. Adultes, aucun ne se serait souvenu de l’autre.
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Quand elle les fouetta tous les deux sans distinction avec une petite branche de saule jusqu’à ce qu’ils aient les jambes couvertes de longues zébrures roses, il devint évident qu’ils enfouiraient toute douleur au plus profond d’eux-mêmes sans verser une seule larme. Luce se jura alors de ne plus jamais leur infliger le moindre châtiment corporel. Elle rejoignit la cuisine d’un air coupable et se mit à préparer une tarte aux pêches.
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