Charlotte Erlih

Dans un monde idéal, je serais morte à la naissance.

Arrêtez de raisonner en termes de réussite ou d'échec. C'est parce que vous opposez les deux que vous souffrez.

Permettez-moi d'objecter que si le cinéma essaie d'imiter la vie, la vie ne constitue pas toujours un bon scénario. Il se passe dans la réalité des choses qu'on trouverait cousues de fil blanc dans un film.

Son seul répit : grimper sur le fil, les pieds cisaillés, l'esprit aimanté droit devant, vissé au bout de la slackine. Caresser l'air, éprouver l'impalpable. Se fondre au coeur de chaque pas, croquer les centimètres l'un après l'autre, vulnérable, l'équilibre sans cesse menacé, sans cesse regagné. Près des cimes, la pensée et les bruits parasites n'ont plus cours. Plus de passé ni de fureur. Le souffle et la chair.

Quand mes parents se sont séparés, je me suis fissurée

J'aurais voulu être ailleurs. Sur une île déserte, loin de tout le monde. Brusquement, j'ai été submergée par un sentiment d'une force terrible. J'avais la haine. Une haine faramineuse. Des semaines que je rêvais de me retrouver en tête à tête avec Tancrède, et quand enfin ça arrivait, j'étais incapable d'en profiter. À cause du reste. De la situation pourrie entre mes parents.

Papa ne sait pas que je suis au courant. Je l'ai entendu en discuter avec Laure un soir après le dîner. Il voulait reprendre un avocat mais il n'avait plus assez d'argent pour se le payer. Apparemment, il a dépensé des sommes folles en avocats les fois précédentes. Toutes ses économies y sont passées, a-t-il confié à Laure. Et là, avec la vie, Nina et le reste, il ne pouvait plus se le permettre. Laure a suggéré qu'ils prennent un emprunt. Elle a dit que c'était important que Papa se batte jusqu'au bout et mette toutes les chances de son côté. Qu'il fallait qu'il ne puisse jamais rien regretter par rapport à moi. Que je n'étais jeune qu'une seule fois. Et que ça passait vite, même si ça n'en avait pas toujours l'air...

J'accepte d'un hochement de tête, même si son clin d’œil ne me plaît pas du tout. Son clin d’œil, c'est parce qu'il sait très bien que chez Maman je ne bois pas de chocolat vu qu'elle ne veut pas m'en acheter. Elle dit qu'il ne faut pas s'habituer au sucre, que le sucre est un poison et, qu'en plus, il abîme les dents. En fait, c'est surtout parce que si il y a du chocolat chez elle, ma mère ne peut pas s'empêcher d'en manger, et que si elle en mange, elle grossit. Selon elle, il lui suffit même de regarder une photo de gâteau au chocolat pour prendre du poids. Quand je râle parce qu'elle vient de refuser une nouvelle fois de m'en acheter, elle dit que plus tard je la remercierai.

En général, mon père est quelqu’un de plutôt calme. Sauf quand il est question de près ou de loin de ma mère. Là, il peut se mettre dans des états déments. Une vraie bête sauvage : il hurle, sue, souffle comme un taureau, tremble.

Vivre en Australie a toujours été mon rêve, je ne vois pas comment je pourrais refuser. L’océan, le soleil, la nature, des animaux partout, devenir bilingue en anglais… et être entourée de beaux garçons bronzés ! Il paraît aussi que le lycée où j’irai possède un excellent club d’échecs. Et que chaque année, il y a un grand tournoi national auquel je pourrai participer.

Elle dit qu’il ne faut pas s’habituer au sucre, que le sucre est un poison et, qu’en plus, il abîme les dents. En fait, c’est surtout parce que s’il y a du chocolat chez elle, ma mère ne peut pas s’empêcher d’en manger, et que si elle en mange, elle grossit.

Maman esquisse un sourire et caresse doucement ma joue. Ses doigts sont gelés malgré le soleil. Elle croit qu’elle me rassure en me caressant la joue, mais moi je sais que c’est elle qui se rassure en me touchant.

TEAM JBZZ

genre, Afghanistan, sport

Furrukh, le Bacha Posh

C’est l’histoire de Farrukh, travestie en garçon de quinze ans, en Afghanistan. Quand elle peut, elle fait de l’aviron avec Sorhabab et ses amis, et espère aller aux jeux Olympiques. Elle fait appel à Maude, une jeune Française, pour les entraîner. Vont-ils y arriver ? Qu’est-ce que les participants vont penser de Furrukh ?

Ce livre m'a plu car j’aime l’aviron et que l’on apprend des traditions Afghanes : " Elle vit comme un garçon, s’habille comme un garçon et passe aux yeux de tous, pour un garçon. C’est un BACHA POCH, une de ces filles élevée comme des fils dans les familles afghanes qui n’en ont pas." Il parle du droit de la femme et veut montrer que l'inégalité entre les hommes et les femmes ne doit pas exister.

Donc c'est l'histoire d'un jeune garçon Farrukh qui fait partit d'un club pour les Jeux Olympique et pendant ce temps il ou plutôt elle découvre que c'est une Bacha Posh qu'il est né(e) fille et alors qu'il s'habille comme un garçon,vit comme un garçon,pendant 10ans va devoir essayer de vivre comme une fille........

Je repense à une histoire que papa m'avait racontée, d'un paysan chinois qui avait un cheval. Un jour, l'animal s'enfuit. "C'est pas de chance!" le plaignent les voisins. Il répond : "Chance ou malchance, qui pourrait le dire?" Quinze jours plus tard, le cheval revient, suivi d'une dizaine de chevaux sauvages. "T'en as de la chance!" l'envient alors les voisins. L'homme a la même réponse que la fois précédente : "Chance ou malchance, qui le sait?" Le lendemain, le fils du paysan saute sur une des montures, part à toute allure, tombe et se casse la jambe. Les voisins ont beau dire que c'est de la malchance, le père répète : "Chance ou malchance, on verra bien." Une guerre civile éclate dans la province. Un groupe de soldats enrôle de force tous les jeunes gens du village en âge de porter un fusil. Sauf le garçon à la jambe cassée. Chance ou malchance, qui pourrait le savoir ?

Elle verra sa silhouette rapetisser et s'évanouir. Et quand le trottoire sera devenu desert, il ne lui restera rien. Plus même l'attente.

Farrukh détourne son regard. Horrifié par ce corps annihilé, réduit au minimum pour porter sa tête qui, en comparaison, paraît démesurée. Cadavre vivant. Corps bâtard. Trafiqué pour se faire oublier. Embryon de femme, posture d'homme. Corps laid. Corps mensonge.

C'est avec ce livre que j'ai compris que toutes les blessures du cœur, même les plus profondes, finissent par se recoudre, murmure-t-il. Il faut du temps. Beaucoup de temps parfois. Mais ça passe.