Devant l'éclair -
sublime est celui
qui ne sait rien !
Matsuo Bashô
Monstre
il montre son cul rond
le potiron
Natsume Sôseki
Assise sur une balançoire
victime de la Bombe
la petite fille morte
Takashima Shigeru
Devant les chrysanthèmes
ma vie
fait silence
Mizuhara Shūōshi
Matin du premier jour
dans le feu
quelques braises de l'an passé
Hino Sôjô
Très bonne année à tous, pleine de douceur et de poésie !
Dénigrer autrui ?
Je me lave l'esprit
en écossant mes pois.
(Ozaki Hôsai)
Vieil étang -
au plongeon d'une grenouille
l'eau se brise
Matsuo Bashô
Papillon qui bats des ailes
je suis comme toi -
poussière d'être!
Kobayashi Issa
An qui passe et an qui vient -
anneaux
que traverse un même bâton.
Takahama Kyoshi
Matin du premier jour
dans le poêle
quelques braises de l'an passé
Hino Sôjô
Très bonne année 2020 à tous, qu'elle vous soit lumineuse, chaleureuse!
Quiconque a marché dans les montagnes pendant plusieurs jours ou semaines sait à quel point pensées et préoccupations ordinaires s'évaporent au fur et à mesure que l’on approche des sommets. Toute l’attention se reporte sur les éléments d’un paysage qui se renouvelle à chaque pas. Les pensées s’élaguent, le superflu s’élimine, ne laissant finalement que l’essentiel de ce que nous sommes : un pivot entre le ciel et la terre. (Page 50)
Rien qui m’appartienne –
sinon la paix du cœur
et la fraîcheur de l’air
Kobayashi Issa
Dans cette pêche blanche
j'enfonce ma lame
comme dans une chair
Suzuki Masajo ( 1906 - 2003 )
Dans la nuit triste
quelqu'un
s'est mis à rire
Sumitaku Kenshin
Ce printemps dans ma cabane
absolument rien
absolument tout !
Deux seins
superbes -
et un moustique!
Ozaki Hôsai
Et mon préféré :
Puisqu'il le faut
entraînons-nous à mourir
à l'ombre des fleurs
Kobayashi Issa
Le sol est constellé de feuilles, recouvrant une couche de mousse vert vif comme du matcha. Je contemple ce tapis fauve à mes pieds comme si je regardais la vie même flamboyer de ses derniers feux. L'hiver n'est pas encore là (du reste l'hiver est encore une saison de la vie), pourtant tout s'accélère : la fin viendra, comment l'ignorer désormais ?
« L'éphémère » n'est plus un concept, mais un sentiment d'une intensité poignante. Tout paraît plus précieux, les émotions sont plus profondes, plus riches, les sensations plus vives...
Aucune mélancolie, pourtant, n'émane de cet érable à la stature majestueuse, symbole même de l'automne. Les feuilles qu'il sème sous ses branches dispensent le message non d'une fin à venir mais d'un cycle qui se perpétuera...
L'automne est plein de mains coupées
Non non ce sont des feuilles mortes
Aux vers d'Apollinaire semble répondre le haiku de Samboku, inconnu dont subsiste seulement cet unique poème, récompensé en 1672 par Bashô lors d'un concours :
Telle la main droite
d'une sage-femme —
la feuille d'érable en automne
... Ce qui demeure en moi de cette journée parfaite : le brouillard de lumière vert pâle entre les troncs d'un bois de bambous traversé à la hâte et, dans le jardin de Fujiwara, le voile éclatant du feuillage du grand érable, comme la lumière du soleil derrière les paupières closes.
'Choses amusantes', p. 236-237
Ce matin l'automne,
dans le miroir
le visage de mon père
Murakami Kijô
Autour de ma cabane
les grenouilles rabâchent ----
tu vieillis tu vieillis
Kobayashi Issa