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Critiques de David Vann (1628)
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Aquarium

Trop dur, trop malsain pour moi...

Bon après pas de chance il arrive après un livre que j'ai qualifié de coup de coeur 2020. Donc évidemment le livre suivant pâtit toujours un peu....



"Aquarium" est livre très dur, voire glauque à certains moments. En fait même pas loin de la nausée, j'ai failli arrêter quand la petit Caitlin doit aller chercher des médicaments (je n'en dis pas plus pour celles et ceux qui n'ont pas lu le roman). Là pour moi le paroxysme de l'horreur de l'attitude de la mère était atteint, dont la philosophie à un moment était "pour comprendre ce que j'ai subi, tu vas le subir"....

Un livre qui oscille entre impossible pardon, violence inouïe (physique mais surtout psychologique).



Je sais que je suis un peu à contre courant, car il a été encensé dans de nombreuses critiques. Encore une fois, je crois que "ça" va trop loin pour moi, trop dur, impossible de comprendre cette mère (bon après sa vie, je ne l'ai pas vécue, mais je ne sais pas il y a un côté "trop"....). Et puis sans doute il est mal tombé....
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Sukkwan Island

Tension assurée sur "Sukkwan island" où un père a décidé de jouer les Robinsons avec son fils de treize ans. Au départ, on ne connait pas vraiment les motivations profondes de cet homme qui a abandonné son confort pour s'isoler en Alaska dans des conditions drastiques.

Pas besoin de vouloir faire un stage de survie. Tous les ingrédients sont là, l'isolement, la solitude, le froid et l'inconnu.

Jim, le père de Roy a démissionné de son travail de dentiste pour vivre durant une année complète sur cette île totalement isolée. Roy va devenir expert dans la pêche au saumon mais ce qui le perturbe, ce sont surtout les pleurs de son père la nuit.

Très vite la tension va monter, dans l'attente de quelque chose d'indéfinissable mais d'inquiétant d'autant plus que le milieu est hostile. Mais la tragédie n'est pas là où on l'attend, c'est à dire dans l'affrontement entre l'homme et la nature même si les difficultés de survie sont éreintantes. le huis clos entre ce père dépressif et suicidaire et ce jeune garçon qui a envie de l'aider tout en le détestant est suffoquant.

Je comprends aisément le choc provoqué par ce drame psychologique car David Vann nous fait toucher l'horreur. Pourtant, c'est aussi un beau roman sur la paternité, en deçà cependant de "La Route" de Cormac McCarthy, mais qui traduit très bien le malaise et l'incompréhension qui peuvent régner entre père et fils, et l'enjeu qu'un enfant peut représenter pour un homme qui compte rebâtir sur lui sa vie ratée.



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Sukkwan Island

Le roman de David Vall se situe entre « into the wild » et « shining ». Si vous avez aimé le dramatique retour aux sources du premier ou si vous avez été bouleversé par l’insoutenable suspens du second, alors vous aimerez ce livre. Point de départ : un père, son fils de treize ans et la mer autour, mère nature, pour être exact. Point d’arrivée : une improbable descente aux enfers dont vous vous souviendrez longtemps. Il est rare qu’un écrivain s’intéresse à la relation d’un père à son fils adolescent. L’auteur l’explore ici avec brio, dans le cadre magnifique et inquiétant de l’Alaska de son enfance.
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Aquarium

J'avais entendu parler de ce livre lors d'un comité de lecture, mais je n'avais pas été plus que cela attiré par lui...... Comme quoi.Caitlin et sa mère Sheri forment un duo uni, Sheri travaillant dur sur les docks pour offrir à sa fille le nécessaire, s'oubliant elle-même.Caitlin elle ne vit que pour le soir après l'école rejoindre l'Aquarium de la ville où elle a un abonnement et elle y passe ses soirées en attendant le retour de sa mère. Les poissons sont son univers, son plaisir, sa passion, d'ailleurs elle n'en mange jamais.La rencontre avec ce vieil homme va changer leurs existences à tous les 3;



Même si on devine très vite l'identité du personnage et là n'est pas le plus important à mon avis, ce qui fait le charme du récit c'est les différentes ambiances au fil des pages. On "flotte" dans une eau calme au début, puis on arrive dans des eaux tumultueuses, des rapides déchaînés d'une rare violence, on remue la vase du passé et l'on fait remonter des souvenirs enfouis et nauséabonds pour finir sur une plage calme baignée de vagues.



Surprenant mais quand on lit la biographie de l'auteur, on comprend mieux toutes les références au monde marin. Petite cerise supplémentaire, le texte est parrsemé de poissons faisant référence aux espèces citées dans le texte (enfin c'est comme cela que je l'ai pris). C'est à la fois violent mais aussi très poétique, récit d'une femme qui s'est trouvée confronter à une réalité, à des responsabilités qu'elle n'a pas choisies. Leurs révélations à sa fille feront l'objet d'une transposition à la limite de la folie.

Douceur, folie, amour, haine....... si loin, si proche.



Ma note ***
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Sukkwan Island

D'aucuns reprochent à ce roman son style de narration. Et il faut bien avouer que les descriptions de paysages constituent la plus grande part de ce roman, laissant peu de place aux dialogues. Il faut réellement attendre la moitié du livre pour sortir de la monotonie du récit et ressentir le choc de l'évènement qui a lieu, laissant le lecteur totalement surpris.



Tout le talent d'écriture de David Vann se manifeste dans la construction de ses personnages. Le père au bout du rouleau suite à un énième divorce, habité par des obsessions incontrolables et complètement désespéré. La vision de Roy sur la situation de son père, étonnament éclairée malgré son jeune age, lui qui ne voulait pas se trouver là mais qui, par loyauté envers son père, décide de rester pour, peut-être, le sauver.



Le lecteur est pris en otage de ce huis clos et ne peut qu'assister, impuissant, à la relation étrange qui se met en place entre Roy et son père, inversant les rôles et rendant encore plus inquiétant le comportement du père. Et, malgré les grands espaces dans lesquels évoluent les personnages, c'est la sensation d'enfermement et de solitude qui domine le roman.
Lien : http://carnetdelecture.skyne..
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Désolations

Après une cabane sur Sukkwan Island, David Vann m’envoie maintenant vers une autre cabane sur Caribou Island. Encore une histoire de cabane, me direz-vous ? Tout à fait, car pour un homme, un vrai mâle, l’instinct de la cabane est plus fort que tout. L’homme, le vrai, ne rêve que de vivre dans une cabane proche de la nature, une cabane qu’il a façonné de ses propres mains, coupé son bois, enfoncé des clous et tant pis s’il n’a pas prévu de toilettes !



Caribou Island est une île déserte face aux vents, face au lac, une île presque perdue au milieu d’une nature pas franchement hospitalière. En face de cette île, l’histoire de Gary et Irène se perd dans un amour qui a toujours été à sens unique, malgré la présence de 2 enfants. Le fils marin pécheur, fuit tous les liens familiaux et marques d’affection. La fille, elle, rêve d’un amour pur et sincère pour ne pas répéter l’histoire de ses parents. « Désolations », c’est donc l’histoire de plusieurs couples qui vivent dans cet univers de neige et de glace. Et aux travers de ces couples, je perçois toute la solitude que chacun porte en lui. « Désolations » est un grand moment de solitude dans un paysage certes magnifique mais propice à la dramaturgie intense.



Si le choc de Sukkwan Island est brutal, celui-ci se fourvoie insidieusement dans le banal et le quotidien. Mais il n’en est pas moins fort. Bien au contraire. D’une intensité progressive, le drame devient presque inévitable. Dès les premières pages, l’auteur nous y prépare, nous ménage, en distille quelques éléments de-ci de-là. Tout aussi cruel, voir presque plus, l’Alaska m’apparait comme une terre hostile, pas faite pour l’homme. L’isolement contraint les hommes au désespoir. Si la fuite ne sert souvent pas à grand-chose dans une vie, la fuite en Alaska a des conséquences beaucoup plus dramatiques. Mieux vaut avoir l’esprit saint pour vivre en Alaska, pour survivre sur ces îles sauvages et naturelles, qu’elles se nomment Sukkwan Island ou Caribou Island.
Lien : http://leranchsansnom.free.f..
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Sukkwan Island

Je n'aime pas être négatif mais j'ai été déçu. Ce livre manque de cohérence: Les évènements se suivent et ne correspondent pas à la psychologie des personnages. L'être humain peut être imprévisible mais dans cette irrationalité, il y a toujours un fil conducteur. La noirceur du propos méritait mieux qu'une errance non aboutie. Un scénario de plus pour Hollywood.
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Komodo

Il y a plus de trois ans que Tracy n’a pas revu son frère Roy. Elle le retrouve, en compagnie de leur mère, pour un voyage de plongée sur l’île de Komodo, en Indonésie, où il les a invités, profitant de la formation qu’il est en train d’y faire. Tracy a pratiqué la plongée du temps où elle travaillait comme biologiste marine; c’était avant de se retrouver prise au piège d’un quotidien étouffant, son mari, désengagé, la laissant seule avec la responsabilité de s’occuper de leurs fils jumeaux. Une vie qu’elle n’arrive plus à supporter... Elle en veut terriblement à Roy - l’archétype pour elle des hommes qui ne tiennent pas leurs promesses -, d’avoir quitté sa femme Amy, et pleine d’amertume et de rage, elle n’a de cesse de déverser sur lui son fiel, au diable les inconforts que cela génère autour d’elle. Au fil des plongées, les incidents s’enchaînent avec ce dernier, sur lequel elle ne peut compter, et la tension monte, jusqu’à une confrontation qui pourrait bien faire exploser la cellule familiale… Si j’ai eu du plaisir à lire cette partie du roman où se déploient tout autant la beauté des fonds marins que la dynamique de cette famille bancale, il en a été autrement du dernier tiers où Tracy est de retour chez elle et confrontée à ses tyrans domestiques, une immersion réussie par ailleurs dans le burn-out maternel de cette femme à la limite du point de rupture, qui trouve un dénouement cependant que j’ai trouvé on ne peut plus décevant… Un sentiment mitigé pour cette lecture qui m’a accompagnée en cette fin de semaine de la Fête des Mères !
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Sukkwan Island

Un père emmène son fils vivre pendant un an sur une île déserte en Alaska. Quel beau projet pour se ressourcer, tisser des liens, retrouver la nature ! Mais quand le père est profondément névrosé et très mal préparé à la dure vie dans ces contrées isolées et glaciales, cela peut vite tourner au drame...



Une première partie du point de vue de l'adolescent qui reste sur l'île pour ne pas abandonner son père, qui essaie de ne pas succomber à la dépression paternelle, mais qui peine à surnager dans ce marasme.



Une césure indicible, puis une seconde partie du point de vue du père. Une seconde partie plus glauque et moins réussie à mon sens que la première, dans laquelle les affres du déchirement du jeune fils entre amour et mépris, entre détachement et dépendance vis-à-vis de son père étaient superbement bien décrits.
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Impurs

« Impurs » est le troisième roman de David Vann dans lequel je me plonge. Une troisième incursion dans l'univers glauque, flamboyant et dévorateur d'un auteur qui vit l'écriture comme une expérience cathartique. Chaque roman vous aspire comme dans un puits sombre et humide, et même si « Impurs » m'a déstabilisé dans les premières pages, me donnant l'impression que je naviguais dans des eaux bien différentes de celles de « Sukkwan Island » ou de « Goat Mountain », j'ai vite retrouvé la marque de l'auteur, comme des stigmates qui sans cesse réapparaissent dans son processus créatif. Ces stigmates sont ceux laissés par le dysfonctionnement familial, par le fardeau transgénérationnel, par la perpétuation des schémas destructeurs du père ou de la mère vers l'enfant.



La nature sauvage n'a pas ici la place qu'elle tenait dans les deux précédents romans que j'ai lus, même si elle apparaît ici et là par touches contrastées. Les paysages sauvages décrits dans « Impurs » relèvent davantage du monde intérieur du personnage principal. Galen est un garçon de vingt-et-un ans qui vit seul avec une mère oppressante d'amour et étourdissante de vanité. C'est un garçon frêle, perché très haut dans la spiritualité New Age, qui vénère les écrits de Kahlil Gibran et entretient avec la nourriture une relation troublée. Sa vie avec sa mère est ponctuée par les visites qu'ils rendent à sa grand-mère, dont la mémoire s'étiole irrémédiablement. C'est la mère de Galen qui gère l'argent de sa propre mère en fidéicommis, et cette situation rend malades de jalousie et de rancoeur sa soeur Helen et sa nièce. Cousine diaboliquement vicieuse à l'égard de Galen, qui se laisse volontiers entraîner vers des sommets de perversion dont aucun détail ne nous est épargné. Quelques jours de retraite passés tous ensemble dans une cabane sur les hauteurs mèneront toute cette petite famille jusqu'à des extrémités rédhibitoires. Quelle issue reste-t-il à Galen pour se libérer de cette malédiction familiale ?
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Aquarium

C'est ma première lecture d'un roman de David Vann et je pense qu'à l'occasion, je retournerai certainement vers cet auteur pour son côté sombre et percutant.

La vie n'est pas un long fleuve tranquille pour Caitlin et sa mère qui l'élève seule dans des conditions difficiles dans la banlieue de Seattle.

L'aquarium de la ville fait office de garderie pour l'enfant mais une rencontre avec un vieux monsieur va tout bouleverser et révéler de lourds secrets familiaux.

J'ai beaucoup aimé le personnage de Steve qui met un peu d'entrain dans ce microcosme familial bien chargé.

Combien il est difficile de pardonner à ceux qui nous ont élevés ou tenté de le faire avec leurs moyens. Mais aussi combien il est réconfortant de dépasser les traumatismes de l'enfance pour se construire adulte.

Challenge multi-défis 2021.
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Sukkwan Island

Diantre que ce livre est triste! Injustice, fatalité, solitude, désespoir...L'histoire est tellement triste que j'ai du me retenir de pleurer à grand peine.

L'écriture est très simple et à la fois un peu déroutante. Disons que la construction du texte et sa mise en forme sont assez originales. Mais c'est très simple à lire ce qui facilite l'immersion.

Les deux personnages principaux, chacun à leur manière, sont très attachants. A la fois pathétiques et tellement humains. Je dis ça dans le sens où l'auteur nous laisse une part d'ombre sur le pourquoi du comment. Ce flou rend l'histoire vraiment réaliste et tout à fait plausible. Comme quoi il n'y a pas toujours d'intérêt à l'abondance de détails.



Ce livre est aussi anti-pudique. J'ai ressenti le même genre de gène qu'à la lectures des nouvelles de Yoko Ogawa. Cet espèce d'étalage d'horreur presque innocent et naïf fait que même une fois le livre fermé, on garde un goût âpre et on réfléchit. On s'invente la suite on s'imagine le reste.



C'est un livre poignant qui m'a tenu en haleine jusqu'au bout à grand renforts de rebondissements. Et puis la fin m'a juste laissé le cul par terre. Comme une grande claque dans la face.



Conclusion:



Bref , vous l'aurez compris, c'est un excellent bouquin. A lire la tête légère pour ne pas trop déprimer.
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Sukkwan Island

Il me semblait au début de ce récit qu'il s'agissait de 2 rescapés d’une sorte d'apocalypse ou d'une invasion de morts-vivants. Mais pas du tout. Après quelques dizaines de pages, on comprend qu'ils sont juste en exil temporaire, comme des vacances dans une cabane au bord d'un lac. Mais alors pourquoi choisir une île déserte complètement perdue, et surtout être obligé de survivre comme si c'était la fin du monde. Un homme et son fils, vont devoir faire au jour le jour, et surtout travailler jusqu'à l'épuisement total tout en essayant de se nourrir avec une grande difficulté.

Bref, ce récit est surtout la trame d'un drame bien plus profond, autour de l'amour père-fils. D’une grande intensité jusqu’à la fin du récit, ce roman ne laisse pas indemne. C’est un drame qui parle de vérité crue, tellement on ne peut pas rester insensible. Et en même temps, ces conflits psychologiques sont tellement ordinaires et courants dans notre monde d’aujourd’hui, qu’ils ne devraient pas nous étonner. Mais voilà, la patte de l’auteur est bien là, pour nous faire ressentir au plus profond de notre être, les sentiments de ces drames.

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Sukkwan Island

Ce roman fut un grand bouleversement. Une fois ouvert, difficile de le refermer.

L'auteur campe un huis-clos glaçant (et pas seulement parce qu'on est en Alaska!). Les descriptions de la nature sont magnifiques mais oppressantes. Commencé comme un récit d'aventures et de retour à la vie sauvage pour un père et son fils, il prend rapidement un tour pour le moins surprenant.



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Sukkwan Island

voici quelques mots glanés parmi les critiques lues sur ce roman qui a reçu de nombreux prix :



Traumatisant, bouleversant, insoutenable, magnifique, hallucinant, haletant, déroutant, magistral, tragique et sombre, une histoire crue et déchirante, un livre brutal, d’une noirceur maléfique, d’une force implacable, un livre immense, une vraie gifle, un livre d’une rare puissance….Vous n’en sortirez pas indemne….



Sukkwan Island est une île perdue au sud de l’Alaska. Un homme et son fils de 13 ans s’installent, seuls, loin de tous dans cet endroit pour un an. Nous nous retrouvons en pleine nature, un endroit où il faut survivre plus que vivre. Le père est très névrosé, le jeune Roy, 13 ans, n’a qu’une envie, retrouver la civilisation. Vous entrez dans ce huis-clos….et là vous pouvez aller relire les mots des critiques : c’est exactement cela.

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Aquarium

Et voilà, ça recommence !

Encore un uppercut, encore cet éblouissement et tout suite après ce foutu malaise, ces descriptions soignées et envoûtantes brusquement interrompues par des accès de violence extrême, à la limite du supportable.

Encore des personnages torturés et une famille dysfonctionnelle, encore ce mélange étonnamment explosif d'écriture brillante et de sujet terrible, d'émotions intenses et de scènes chocs, (très) dérangeantes, (trop ?) malsaines.

Bref, encore un roman perturbant, de ceux dont on ressort sonné, groggy, incapable de véritablement savoir ce qu'on en a pensé.

Aucun doute possible : on est chez David Vann.



Au début c'était beau, pourtant.

Caitlin et sa passion pour la mer, sa prodigieuse maturité mêlée de candeur enfantine, son goût assumé pour le silence et la contemplation.

Caitlin et ses visites quasi-quotidiennes au grand aquarium de Seattle en sortant du collège, sa connaissance parfaite des coraux, des méduses, des poissons-fantômes, des hippocampes feuilles et de toutes ces merveilleuses créatures des abysses, muettes et souvent aveugles, suspendues, "maintenues par rien", que David Vann nous décrit comme personne.

Caitlin et la puissante amitié qu'elle tisse avec Shalini, sa camarade de classe.

Caitlin et ses premiers émois amoureux, Caitlin et sa maman bien sûr, sa seule et unique famille, cette mère vaillante mais sans ressources prête à tous les sacrifices pour les sortir de l'ornière et les mettre toutes deux sur les rails d'un avenir meilleur.

Et puis cette curieuse rencontre avec le vieillard, devant les bassins enchanteurs de l'aquarium, leurs yeux dans ces "mondes au sein d'autres mondes"...



Alors c'est la bascule, le plongeon dans l'horreur.

Je connaissais l'auteur, son "côté obscur" et ses violentes volte-face, mais j'ai quand même été saisi. Reprenant un schéma similaire à celui du terrible Sukkwan Island (en transposant juste le duo père/fils au féminin), il commence par nous parler d'amour filial, de complicité, d'ivresse des profondeurs et de plénitude marine ... avant de tout faire voler en éclat et de nous projeter à nouveau en plein coeur d'un drame familial de la pire espèce. La mère-courage se mue en furie démente, des secrets douloureux nous sont révélés, les séquences traumatisantes se multiplient, et les lecteurs non avertis seront peut-être tentés d'écourter leur lecture éprouvante. Les autres, les plus téméraires (ou les plus dérangés ?), vous parleront de "roman coup de poing", d'une noirceur éblouissante, de vertige, de rage et de rédemption, d'une bulle féerique qui soudain explose et vous laisse pantois.

Et moi dans tout ça ?

Moi j'essaye avant tout de reprendre mon souffle, je regagne prudemment la surface en respectant tous les paliers de décompression. Puis j'applaudis des deux mains le style cru et brutal de David Vann en redoutant déjà notre prochaine rencontre, et je tâche de garder en mémoire la beauté obsédante des créatures de l'aquarium - "émissaires d'un univers plus vaste" - plutôt que les effroyables épreuves physiques et psychologiques endurées par Caitlin, une fois quitté son précieux sanctuaire.



La morale de l'histoire ? "Tout est possible avec un parent. Les parents sont des dieux. Ils nous font et nous détruisent. Ils déforment le monde, le recréent à leur manière, et c'est ce monde-là qu'on connaît ensuite, pour toujours. C'est le seul monde. On est incapable de voir à quoi d'autre il pourrait ressembler."
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Sukkwan Island

Voilà un roman fracassant ! Ames sensibles s'abstenir. Jim le personnage principal est en fuite de lui-même et à côté de la plaque. Il embarque sur une île isolée du Sud-Est de l'Alaska avec son fils de 13 ans pour une année, en quasi autonomie.



Rapidement, son absence de réalisme, d'anticipation, son égoïsme et sa folie rendent la vie très compliquée et dangereuse pour lui et son fils.



S'ensuivent une séries d'accidents, d'actes suicidaires de la part du père et de chantage à l'égard de son fils qui m'ont plongée dans un sentiment d'effarement et de malaise.



La lecture devient insoutenable et je termine ce roman avec des perspectives de cauchemars !



C'est un roman bien écrit, maîtrisé, mais dur à encaisser.











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Aquarium

Pour échapper à sa vie, la petite Caitlin, 12 ans, se rend chaque jour contempler le grandiose à l'aquarium de Seattle. Elle colle son nez sur les vitres et se laisse bercer par la danse des poissons... Et puis, elle fait la rencontre d'un homme, passionné lui aussi... Et ils parlent, et ils regardent, et ils partagent. L'homme lui propose de l'amener au Mexique pour voir des espèces magnifiques... Mais avant, il doit rencontrer la mère de Caitlin... Et là, tout bascule. Vann nous propose encore une histoire qui torture l'âme... Avec sa plume, il rend l'atmosphère pesante... Ils nous prend aux tripes, nous émeut... Encore une fois, il fait fort...
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Un poisson sur la lune

Que ce joli titre ne vous induise pas en erreur. Il s'agit d'un livre sombre, tragique, puisque David Vann imagine, dans ce roman qui est aussi une autofiction, les derniers jours de son père qui s'est suicidé à trente-neuf ans.

Dentiste, exilé en Alaska où il pensait trouver la paix, père de deux jeunes enfants (David et sa soeur), James Vann revient quelques jours en Californie, poussé par son frère qui tente de l'aider en lui faisant rencontrer un thérapeute, en l'emmenant chez ses parents, puis chez des amis.

James traîne un mal de vivre que rien ne peut soigner.

Persuadé que sa vie est ratée, qu'il n'a su ni retenir son ex-femme, ni aimer ses enfants correctement, il a aussi raté son histoire d'amour suivante et n'a plus de raison de vivre.

Son seul souhait : pouvoir dire stop quand il le souhaite.

Et pour cela il porte constamment une arme avec lui.

Cela nous parait incroyable mais n'oublions-pas que nous sommes aux Etats-Unis où le port d'arme est légal.



James porte un regard caustique et sans indulgence sur lui-même et c'est souvent insoutenable, d'autant plus que l'on devine la part autobiographique de ce récit.

Quand quelqu'un n'a plus de raison de vivre, tout ce qui lui est proposé parait dérisoire. le rôle du frère notamment est très fort.

C'est celui que James écoute le plus, et d'ailleurs à la fin il lui mentira et lui assurera qu'il va mieux, qu'il va rentrer en Alaska et reprendre des activités.

Mais la fin est inéluctable, on le sait depuis le début, et le roman n'est qu'un long cheminement vers ce qui doit arriver.

Le désespoir affleure à chaque page, l'impuissance des proches aussi, tout cela décrit avec un ton sobre et non dénué d'humour.



Ce livre, que David Vann devait avoir besoin d'écrire pour lui-même, restera inoubliable pour de nombreux lecteurs et confirmera encore le talent de cet auteur, les nombreux billets positifs sur Babelio le montrent.

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Sukkwan Island

Deuxième contact avec David Vann, suite à de nombreux conseils..... Réussi !



Cette fois-ci, j'ai été obligée de le lire d'une traite. La tension était telle que je pensais à chaque instant être arrivée là où tout ne pourrait que basculer.

On se doute qu'un drame est inévitable mais, qui, quand et comment ??

Ce qui m'a beaucoup plu c'est aussi ça...Le fait de savoir qu'il y aurait quelque chose mais de m'être quand même fait surprendre et choquer quand c'est arrivé.



Encore une fois j'ai été absorbée par la plume de ce grand auteur, qui sait nous faire voir les profondeurs de l'âme humaine et des sentiments même par des silences et des nons dits, et à la fois nous décrire un décor splendide, à la limite du poétique encore une fois.



Encore une fois bousculée !
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