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Critiques de David Vann (1623)
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Aquarium

Tout avait pourtant bien commencé … Une jeune fille livrée à elle-même attend sa mère après l’école à l’aquarium de la ville. Regarder les poissons la fascine, au point d’en connaitre un bras sur le sujet. La gamine se construit tout un monde imaginaire et trouve des analogies entre sa vie quotidienne et celles des poissons enfermés dans leur cage aquatique, condamnés à tourner en rond sous le regard blasé des rares visiteurs.



On se dit qu’on tient de nouveau une bonne prise, avec cet « Aquarium », même si on ne retrouve pas l’enchantement de « L’obscure clarté de l’air». Certes, j’ai des souvenirs un peu pénibles d’aquarium ... Des souvenirs de longue file sous une pluie froide, en plein juillet, les enfants fatigués et frustrés de ne pas pouvoir jouer sur la plage ou dans la mer, à cause de la météo. Et puis de déambulations bousculées dans les couloirs obscurs, mal aérés et un peu glauques, ces grandes vitres plus très propres où tous les visiteurs s’agglutinent en espérant voir le méchant requin, les affreuses murènes au sourire glaçant, les méduses nonchalantes. Mais point de tout cela ici.



Et puis, un jour, parce qu’il faut bien que quelque chose arrive, bon sang, nous sommes dans un roman, la jeune fille rencontre un vieux monsieur, avec qui elle se lie d’amitié. Tout se passe bien, mais des indices glissés ici et là nous font redouter le pire. Et là on se dit, que non David Vann n’osera pas. Mais qu’est-ce qui empêche ce gars d’écrire une belle histoire pour une fois? Pourquoi toujours plonger dans le sordide ? Pour vendre ? Pour se soigner d’un quelconque trouble mental ?



Je ne comprends pas. En tout cas, très peu pour moi. Je laisse une fois pour toute Vann avec ses histoires de parents dysfonctionnels, toxiques, névrosés et saccageant l’enfance de leur rejeton. Basta !

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Le bleu au-delà

Un recueil de nouvelles qui se lit comme un roman car chacune est un chapitre de la vie de Roy, marqué dès l’enfance par le suicide de son père d’une balle dans la tête. On retrouve l’ambiance et les thèmes abordés dans les autres romans de David Vann : la difficulté des relations familiales, l’initiation du garçon à la chasse, la possession d’armes de père en fils, l’infidélité conjugale, la maladie psychique, la fascination pour les poissons et les aquariums, les grands espaces semi sauvages de l’Alaska, l’effroyable tolérance de la législation américaine concernant l’usage des armes à feu …



Bien que les textes soient un peu redondants par rapport au reste de son œuvre, on reste subjugué par la puissance de l’écriture et l’intensité dramatique qu’elle révèle. Il y a dans ces quelques courts récits tous ses grands romans en germe. Et quelques clés pour en comprendre mieux les différents aspects, les circonstances de la mort du père, la famille, l’enterrement, l’accumulation des traumatismes et des non-dits, les ancêtres qui s’entourent de silence, le poids de la religion, les morts violentes. Sombre et lumineux à l’image de ce drame qui aura engendré un grand écrivain.

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Le bleu au-delà

Lecture incontournable pour tout adepte de David Vann (dont moi), Le bleu au-delà – traduit par Laura Derajinski – est bien plus qu’un recueil de nouvelles complétant le chef d’œuvre Sukkwan Island : c’est un accompagnement de l’auteur dans la réflexion permanente qu’il mène sur son père, et une clé d’entrée supplémentaire dans son œuvre atypique.



Dans ce court recueil de novelas et autres petits textes, Roy c’est-à-dire le jeune David, convoque ses souvenirs et parfois son imaginaire pour tenter de comprendre toujours un peu mieux James Fenn, ce père qui a choisi le suicide et qui hante depuis sa vie et ses livres. Sa relation avec les autres est toujours complexe, que ce soit avec sa première femme, celles qui ont suivi, son frère, ses parents ou amis… Les souvenirs du jeune Roy lui reviennent, éclairés d’angles nouveaux de compréhension.



Ses liens avec son territoire, l’Alaska, sont profonds et intimes. Roy-David va y retourner pour y retrouver les lieux de son enfance et les gens qui ont vécu l’époque, mais avec un sentiment étrange : « Un autre monde : c’est chez lui et en même temps ailleurs, l’endroit du suicide de son père ».



Mais au-delà de cette introspection intimiste, on retrouve dans Le bleu au-delà tous les grands marqueurs de l’œuvre de Vann : le suicide bien sûr, mais aussi la pêche, la chasse, l’oncle tutélaire, la nature et la montagne, les armes ou l’Alaska… Autant de thèmes repris ensuite dans Goat Moutain, Désolations, Aquarium ou Un poisson sur la lune. Lire le bleu au-delà, c’est un peu comme réviser son David Vann avec un recueil d’annales thématiques, le style et l’émotion en plus. Et se rappeler que toutes les relations père-fils sont fragiles : « Nous n’avons peut-être jamais été assez généreux avec le père. Un père, après tout, est une chose difficile ».

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Un poisson sur la lune

Mes lectures avec cet auteur sont en dents de scie ! Si j’avais bien aimé "Dernier jour sur terre", j’avais abandonné en route "L’obscure clarté de l’air" et voilà que le problème se reproduit avec celui-ci !



Suis-je condamnée à abandonner tous les autres romans de l’auteur que je souhaite lire tels que "Aquarium", "Désolations", "Goat mountain", "Impurs" ou "Sukkwan island" ????



Où aie-je coincé dans ce roman ? Un peu partout…



L’histoire, très déprimante avec James Vann qui ne pense qu’au suicide et à sa famille qui ne sait pas trop comment faire pour lui changer les idées, ces gens qui voudraient que James parle mais quand il commence, ils souhaiteraient qu’il se taise car ce qu’ils entendent ne leur plait pas.



Bref, une lecture en demi-teinte que j’ai lue sans trop faire attention à ce que je lisais tant le sujet ne me bottait pas avant de le terminer plus qu’en diagonale et de l’oublier une fois ma lecture terminée.



Tant pis pour celui-ci, il me reste les autres pour me faire oublier ces déceptions et, qui sait, inclure Vann dans mes auteurs préférés, malgré quelques ratés dans mes lectures.



Comme disait une copinaute, ce livre n’était sans doute pas écrit pour moi.


Lien : https://thecanniballecteur.w..
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Aquarium

Seattle, ville grise, tentaculaire, comme un personnage à part entière.

Sheri, mère courage qui aligne les heures supplémentaires dans un boulot ingrat et physique pour tenter d’offrir un avenir meilleur que le sien à sa fille unique, Caitlin, 12 ans.

Entre ces deux-là, un lien presque fusionnel.

Tous les soirs après l’école, Caitlin se rend à l’aquarium où sa mère vient la chercher une fois sa journée achevée… C’est là qu’elle va rencontrer un vieil homme, un passionné de poissons lui aussi. Peut-être pas une rencontre due seulement au hasard.



Difficile de parler de ce livre sans trop en dévoiler.

Je me contenterai donc de dire que je l’ai dévoré, que sur le thème du pardon, il est un des romans les plus puissants que j’aie jamais lu.

Il commence avec une douceur enveloppante, un « bonheur malgré tout » auquel on a terriblement envie de croire, puis il bascule, véritable tempête émotionnelle où l’on assiste impuissant à quelque chose qui ressemble à l’enfer sur terre, et lorsqu’il se termine, la note est douce-amère…



Une lecture dont je me souviendrai longtemps.

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Goat Mountain

1978, Nord de la Californie. Un pick-up emprunte des chemins escarpés qui mènent à un territoire isolé en pleine montagne. A son bord, un garçon, son père, son grand-père et un ami de la famille s'apprêtent à chasser pendant quatre jours. Le rituel est le même chaque année pour l'ouverture de la chasse, à un détail près : le garçon âgé de onze ans a la permission de tuer son premier cerf. Et s'il y parvient, il devra manger le foie et le coeur de sa victime, prouesse qui fera de lui un homme. Mais la partie de chasse initiatique espérée va être marquée par un grave accident et se transformer pour le narrateur en un « rêve lugubre et intermittent peuplé de formes scandaleuses ».



Le roman a pour cadre une nature inhospitalière et décharnée : vallée de pins, routes poussiéreuses, rivière asséchée, mer d'herbe fanée percée ça et là de rochers abrupts, de buissons de manzanita ou de sumac vénéneux. Les crotales se confondent aux branches cassées. Un sommet domine ce terrain : Goat mountain, la montagne de la chèvre, une des formes du diable, qui semble imprégner ici la nature et le coeur des hommes.



La lecture de ce roman est – avouons-le - éprouvante. Le récit est marqué par une forte intensité dramatique, les descriptions sont faites en phrases hachées et dépourvues de verbe, les rapports entre les personnages sont passionnés et chaque moment revêt une forte portée symbolique. Les événements narrés dans ce roman sont le prétexte de réflexions sur de nombreux sujets : le bien et le mal, la culpabilité et la rédemption, la nature face à la société, les fondements de la loi morale. Ces questionnements trouvent un écho dans la Bible et la mythologie et les croyances ancestrales. Nous sommes renvoyés à nos origines ; une fois le vernis de la civilisation gommé, nous redevenons ce que nous sommes, des êtres primitifs guidés par leurs instincts, le premier d'entre eux étant de tuer.



« Goat mountain » est si sombre et si violent qu'il peut indisposer un lecteur déjà éprouvé par un style rugueux. Mais le roman parvient à nous éblouir par ses passages sublimes et son questionnement profond sur la nature humaine.

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Sukkwan Island

Roy part avec son père Jim sur une ile du sud de l'Alaska pour une année entière isolés, tous les deux, pour y vivre de pêche et de nature.

Rapidement l'éloignement familial pèse sur Roy qui aimerai rentrer mais cède à son père qui arrive à faire en sorte de le retenir.

Peu à peu Roy apprend à connaitre son père et lui découvre des comportements étranges. Son père à raté sa vie, il s'en veut et n'arrive pas à accepter sa situation.Se sont 2 personnes qui se cherchent pour des raisons bien différentes et qui tentent de se comprendre.

La vie s'installe avec l'hiver et les mois s'annoncent longs pour Roy qui s'occupe à pêcher, couper du bois et lire dans la cabane. Ils préparent ensemble l'arrivé du froid et arpente leur ile desserte à longueur de temps.

L’atmosphère est sombre comme un bête tapie dans l'ombre, prête à bondir mas il semble impossible de la débusquer, quand va-t-elle frapper?

Ne connaissant pas l'histoire j'ai été étonné par la suite des évènements qui arrivent sans prévenir et qui m'ont laissé coi. C'est le cœur battant que j'ai croqué le reste du livre et me suis laissé entrainé par le suspens, bien que la fin me soit parue un peu moins intéressante. Je reste sur une bonne impression, aussi en partie grâce à l'environnement naturel si bien décrit par l'auteur.

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Impurs

Impurs, viciés, dégénérés, pourris, déglingués, cinglés, timbrés, salement malades… Ils sont comme ça les gens qui peuplent l’univers de David Vann. (They are just dirt...)

David Vann, qui semble connaitre intimement les mécanismes de la folie, va nous immerger dans l’organisation chaotique d’un esprit malade. Avec chaque mot, chaque ponctuation, chaque intention, il tricote un maillon, puis une chaine de cohérente démence, qui nous enserre et nous retient, prisonniers du mantra de la folie pure, qui va lentement crescendo vers la folie meurtrière, comme dans chacun de ses livres, mais cette fois, c’est le soleil et la sécheresse qui vont servir de catalyseur, et non pas les grands espaces vides du Grand Nord. La différence ? La façon de mourir…

Quelques mots sur l’histoire : deux sœurs quarantenaires, leur mère atteinte d’Alzheimer, et leurs grands enfants, Galen, 22 ans, et Jessy, 17 ans, partent en weekend à la cabane familiale. Là des rancœurs, des non-dits débordent. La folie est là, légère, mais commence à se faire plus menaçante. Tout le monde rentre chez soi. Mais quelque chose s’est passé entre Galen et sa cousine, et sa mère va vouloir s’en servir pour se débarrasser de Galen, qu’elle ne supporte plus… Galen vit dans son univers, un monde où chaque chose, chaque action est à portée philosophique et spirituelle : il veut comprendre l’univers et ses secrets. Il veut atteindre le Nirvana, la connaissance ultime… Il repousse son corps et son esprit dans ses limites… Tout ce qui entrave cette quête n’est que gêne et Samsara… Il frôle le précipice de la folie, et le prend pour un puit de savoir… Le cerveau grillé par la Californie et la violence génétique, il s’y jette tête baissée. Et sa mère qui n’est qu’un frein à cette quête, en devient l’instrument, et devra être sacrifiée…

Une fois encore, David Vann va jusqu’au bout de ses personnages, les pressurant, les malmenant, les disséquant… Et le soleil infernal de la Californie semble faire suppurer le poison toxique hérité d’un passé familiale impur et opaque.

Attention, si vous ouvrez ce livre, vous entrerez de plein pied dans un esprit impur… et vous n’en sortirez pas indemne.
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Aquarium

Ouvrir un livre de David Vann, ce n'est plus anodin pour ma part. Depuis son glaçant Sukkwan Island, l'intime conviction d'être exposée à l'amertume de la vie ne se départit de moi quand vient le moment d'effeuiller les mots de David Vann. L'estomac noué. Un contact avec le drame, la violence semble inévitable. Et le besoin de reprendre son souffle également.

À ce contact, il est étrange de l'écrire, de le penser mais j'ai cette impression folle que l'on en ressort grandi, bouleversé, anéanti peut-être, mais avec cette sensation d'avoir puisé dans l'horreur, la noirceur, un supplément d'âme, une puissance insoupçonnée. La nature omniprésente y est certainement pour beaucoup.

Je ne sors jamais indemne d'une lecture de David Vann.

Aquarium....on y apprend beaucoup sur le monde englouti, un monde à la fois magique, majestueux, éblouissant « Ils étaient les émissaires d'un univers plus vaste. Ils représentaient les possibles, une sorte de promesse » ... oppressant aussi. En surface, la sensation d'oppression y est tout aussi présente, imposée par un passé ne pouvant distiller que rancœur et haine.

Il est question de l'abandon d'un père dans ce roman, de la folie, de la rage, de la colère d'une mère, d'une fille avant d'être une mère, qui s'étire à l'infini, d'une confrontation familiale explosive, de sentiment d'injustice (il me hante encore celui-ci, c'est d'ailleurs un sentiment qui souvent m'accompagne), mais également, d'amitié, de rédemption et de pardon.

La noirceur éblouit, oui, parfois, grâce à l'amour et à la force de persuasion d'un enfant.

La touche finale, merci M. Vann est parfaite. Parfaite pour réfléchir et aller de l'avant, ouf !
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Désolations

J'avais très envie de découvrir un autre titre de David Vann, espérant y retrouver l'intensité qui m'avait laissée sans voix dans Aquarium.

Ce ne fut hélas pas le cas et je me suis même bien ennuyée en compagnie de tous ces personnages moroses et dépressifs.

Ils évoluent pourtant dans le décors grandiose de l'Alaska et du magnifique Skilak Lake, mais leurs vies semblent comme écrasées par cette belle immensité.



Entre Gary, champion des regrets et des projets avortés qui veut à tout prix construire une cabane sur Caribou Island et sa femme, Irène, migraineuse, rien ne va plus.

Elle ne croit plus en lui et il se sent harcelé par elle.

Leur fille, Rhoda, vétérinaire, essaye tant bien que mal de leur faire entendre raison mais comment le pourrait-elle, étant elle-même empêtrée dans sa relation avec Jim, dentiste, beaucoup plus âgé et qui ne veut pas s'engager ou si mal ?

Et puis, il y a Mark, leur fils, pêcheur en saison, défoncé dans tous les sens du terme une fois à terre, et si peu concerné.



Une incompréhension familiale totale, des liens qui se délitent au fil des pages, une histoire qui ne peut se terminer que par un drame.

Et pour couronner le tout, un temps bien peu clément oscillant entre pluie, vent, neige.



Beaucoup de longueurs qui alourdissent le récit et contribuent à plomber l'ambiance.

Je me suis sentie mal à l'aise jusqu'au bout, avec une furieuse envie de me secouer pour me débarrasser de ces gens poisseux.

L'écriture ne m'a pas particulièrement séduite bien qu'étant correcte.

Bref, une grande désolation....

Deux étoiles quand-même pour l'Alaska et ses merveilles.
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L'obscure clarté de l'air

Une très très très agréable surprise … D’ailleurs je remercie tous les Babeliotes qui par leur billet m’ont fait connaitre ce roman, ont su titiller ma curiosité et m’ont peu à peu convaincue de retenter l’aventure avec David Vann… Entreprise ô combien risquée après ma déception avec Sukkwan Island et aussi, et surtout, parce que j’éprouve une véritable fascination pour Médée … A côté d’Antigone et la reine de Saba, Médée est l’un de mes héroïnes préférées de l’Antiquité.



Parce qu’elle est entière, qu’elle aime passionnément, absolument, au-delà les limites, comme probablement aucun être humain n’aimera jamais. Parce qu’elle est abandonnée par celui qu’elle aime, et que probablement (non pas probablement ! il faut écrire : évidemment) je porte moi aussi cette peur de l’abandon au fond de mes entrailles.

Et puis aussi Médée parce qu’elle est indocile, insoumise, au-dessus des rois, au-dessus des rites qui tiennent lieu de lois dans ces temps reculés. Médée parce qu’elle ose écouter son intuition, son besoin de liberté. Médée parce qu’elle casse les codes, parce qu’elle impose sa violence à la violence de sa condition. Médée parce qu’aucun homme ni aucun dieu ne l’effraie.



Bon pour Jason c’est, vous l’aurez compris, une toute autre chose. Jason ce naïf, ce chien, cet homme sans honneur, subissant sans broncher l’humiliation de l’esclavage. Et pire encore le lâche qui accepte que ses propres enfants sont rejetés et réprouvés, condamnés dès le plus jeune âge à l’esclavage eux aussi et à une vie misérable. Difficile de lui trouver des circonstances atténuantes à ce Jason.



Mais revenons au roman. David Vann raconte la fuite de l’Argo, avec à son bord la Toison d’or, Jason, ses guerriers et bien sûr Médée, l’arrivée à Ioclos, le meurtre de Pélias puis l’exil à Corinthe jusqu’à l’infanticide. Et l’Américain nous propose sa lecture de ce mythe, une lecture résolument moderne et féministe que j’ai beaucoup appréciée.



Je pense qu’il faut connaitre un minimum l’histoire et ne pas être pressé de « connaitre la fin », pour savourer la langue, la poésie, les images de David Vann. Certes il y a ici et là quelques lourdeurs, quelques maladresses (peut-être dues à la traduction ?) mais la poésie de l’ensemble et le plaisir de lecture sont indéniables. D’ailleurs il est difficile de résister à la tentation de recopier des paragraphes entiers pour les mettre en citation …



« L’obscure clarté de l’air », un roman magnifique, au titre tout à fait inexplicable … tout autant que les meurtres qui ouvrent et ferment l’histoire de cette femme qui ne cesse de m’interroger, par-delà les siècles.

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Sukkwan Island

Ce livre est terrible, vraiment terrible. Il m'a profondément marquée, et je pense que je ne vais pas l'oublier de sitôt.

L'auteur donne vie à son livre, les descriptions de la nature son très réalistes et nous visualisons très bien chaque paysage. Il a su créer une atmosphère particulière, cette solitude face à l'immensité de la nature et à la dureté des éléments, ce quotidien où seul compte la survie, ce tête à tête qui devient oppressant. Nous sentons poindre la tragédie au fil des pages mais sommes tout de même surpris par la violence et surtout par la nature de celle-ci.

L'auteur a également décrit avec beaucoup de justesse la folie dans laquelle sombre petit à petit le personnage, et nous ne pouvons qu'assister, impuissants, à l'enchaînement des terribles événements.

C'est vraiment un livre choc sur la dépression, la folie, mais aussi sur l'égoïsme, le besoin d'amour et surtout celui d'être entouré. Rappelons-le, l'homme n'est pas fait pour vivre seul.
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Sukkwan Island

Le malaise est présent assez rapidement dans cette histoire où le père apparaît comme un bras cassé. Divisé en deux parties, racontées en suivant d'abord le fils puis le père, le roman est en fait une sorte de huis-clos à ciel ouvert, dans cette région froide, pluvieuse, hostile. Si les personnages luttent difficilement contre cette hostilité, en raison surtout de la maladresse et de l'incompétence du père qui n'a pas forcément pris conscience de l'ampleur du projet, on se rend compte au fur et à mesure que l'adversaire n'est pas limité à cette nature sauvage du Sud de l'Alaska.



La narration est quant à elle clinique, froide, très neutre. Je retrouve cette forme de dialogues très bruts que j'apprécie et qu'on retrouve par exemple dans la Route ou Au-delà du mal. Et justement, avec ce très froid, l'auteur crée une atmosphère très tendue, très poisseuse entre ses personnages et leur entourage.



Malgré tout, si le malaise est pregnant tout au long de l'histoire (cette fin de première partie complètement glaçante...), le livre est quand même une putain de réussite. Parce que les personnages sont forts, cohérents, bien construits. Parce que l'atmosphère est parfaitement désagrable. Parce que l'adversaire n'est pas forcément celui qu'on croit. Parce que le dénouement du livre ajoute au glauque. Sukkwan Island est sans doute un livre âpre, froid, tendu, c'est surtout un très grand roman.
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Dernier jour sur terre

Le 14 février 2008, Steve Kazmierczak entre dans son université, tue 5 personnes et en blesse 18 autres. Cet acte ultime est analysé par David Vann, auteur incontesté de roman noir et angoissant. Ni roman, ni véritable essai, on plonge avec lui dans l'univers de ce tueur de masse, a la recherche d'une explication.

Chapitres courts, écriture incisive, on reconnait bien la plume deDavid Vann, froide et cinglante. On ne s'attendrit pas sur le sort de Steve Kazmierczak, mais on ne peut que déplorer son triste parcours, les mains qu'on ne lui a jamais vraiment tendu et cette société américaine qui distribue les armes dès le plus jeune âge...

Une lecture qui fait froid dans le dos...
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Sukkwan Island

Un père propose à son fils âgé de treize ans, une expérience hors du commun : résider durant un an sur une île sauvage particulièrement inhospitalière au sud de l’Alaska. Tous les deux, « à la dur ». L’expérience pourrait resserrer leurs liens et devenir un magnifique tremplin vers l’âge adulte pour le jeune adolescent.



La première partie de « Sukkwan island » est consacrée au récit du jeune garçon, complètement désorienté et dépassé face au désordre psychologique et amoureux de son père qui n’a pas sérieusement préparé le séjour sur l’île. Lorsque l’intrigue bascule en vous glaçant le sang dans la seconde partie, on assiste avec effroi à l’enlisement dans la pitoyable lâcheté d’un père qui n’assume pas ses responsabilités.



David Vann ne laisse pas de répit au lecteur. Il décrit de manière clinique l’implacable noirceur du drame et il fait preuve d’une rare maîtrise d’écriture pour un premier roman.



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La contrée obscure

Si ce n'avait pas été David Vann, honnêtement, je ne l'aurais pas lu. La couverture qui fait très roman pulp fiction, le thème et la quatrième de couverture présageant beaucoup de violence... mais, intriguée, je me suis lancée. Et c'est souvent la curiosité qui nous fait découvrir des choses insoupçonnées!



Si vous ne connaissez de Soto que de nom, comme moi il y a quelques semaines, sachez qu'il est un conquistador espagnol s'étant auto-proclamé gouverneur officiel de Florida après y avoir accosté, et qu'il parcourra la péninsule et une grande partie du sud de ce qui deviendra les Etats-Unis, aveuglé par la soif de l'or, entraînant à sa suite des centaines d'hommes vêtus de lourdes armures.

Ce serait comique si ne n'avait été si violent: traversant marécages et rivières, affamés, régulièrement perdus, affrontant alligators et serpents pour la postérité, ils pillent sur leur route les villages indigènes et violent les femmes avant de leur fendre le crâne, de brûler les hommes ou les jeter dans le gueule de leurs chiens affamés qui les déchiquètent avec voracité.

Ce sera ainsi tout au long du roman dont se dégage, peu à peu, notamment grâce aux répliques ironiques et salvatrices d'Ortiz, l'interprète agnostique de de Soto, un sentiment profond d'absurdité face à cette quête de l'or impossible.

Peu à peu se dessine aussi le paysage cherokee d'avant la colonisation européenne, leur vie, leurs pensées, la fierté et la résistance incroyable dont ils font preuve, au grand dam des conquistadors.

En parallèle, comme une bulle d'air, le récit de la légende cherokee de la création du monde et de la naissance de l'enfant sauvage, qui tournera elle aussi peu à peu vers l'horreur.

Oui, une violence par moments insoutenable pèse sur ce récit, mais qui n'est pas gratuite; Si vous cherchez des infos sur les conquistadors, la colonisation du continent dans les premiers siècles, cette violence dont les Européens ont fait preuve est bien trop souvent passée sous silence. Le sang a pourtant coulé sur toutes ces terres où vivaient les Amérindiens depuis des milliers d'années.

J'ai été surprise de me laisser prendre par cette lecture que j'appréhendais, mais au delà de la violence, c'est le choc des cultures que l'auteur interroge et que j'ai aimé appréhender.
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Sukkwan Island

Audacieux projet pour un père et son fils de treize ans que d'habiter pendant un an une île isolée en Alaska. Dès le départ, on sent que la préparation est déficiente, les savoirs essentiels incomplets. L'entreprise capotera-t-elle, si oui de quelle façon et sinon par quel miracle ? J'ai été happé par ce suspense, renversé par un développement majeur inattendu et empathique tout au long pour ces deux êtres qui se débattent dans une confusion de sentiments au sein d'une nature impitoyable.



Le territoire que peint l'auteur est majestueux, immense, possède ses propres lois immuables, cycliques, ce qui rend que les tentatives d'adaptation de ces deux urbains soudain transplantés dans une nature qu'ils ne comprennent que très peu. L'espèce de huis-clos dans lequel sont confinés le père et le fils provoque lentement une montée de tension entre les deux, mélange d'incompréhension, de problèmes personnels et de la pression de la survie en milieu hostile. Vann maitrise complètement la connaissance de ce milieu et sait nous le rendre avec réalisme. De même la psychologie de ses personnages sonne juste et il nous tarde de savoir comment ils pourraient s'en sortir. J'ai tout aimé dans ce roman dur et marquant.
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Sukkwan Island

J'ai commencé ma lecture en connaissant déjà l'écriture de David Vann.

Sukkwan Island était d'ailleurs dans ma whishlist depuis un petit moment déjà. J'avais entendu parler du fait que c'était une histoire assez sombre mais je ne savais pas vraiment de quoi cela parlait. Je crois que cela m'avait un peu rebuté au départ, j'avais peur d'être "choquée" (pour ne pas dire "traumatisée", car je sais que ce mot peut paraitre inapproprié...) en découvrant cette lecture... Et puis finalement je suis tombée dessus dans la librairie de ma ville. (je cherchais "Aquarium" à la base, du même auteur, mais il n'y était pas) Je me suis dit que je n'avais plus dix ans et que je pouvais donc bien tenter ce roman, après tout.



Eh beh pfiou ! Quelle lecture !!



À travers ce livre, j'ai été plongée dans une ambiance qui, personnellement, ne m'aurait pas du tout plu dans la vraie vie haha. L'Alaska, une île perdue, une nature sauvage, de grands paysages étendus où l'on se retrouve seul au monde... très peu pour moi ! Par contre, à découvrir à travers un roman, no problem ! C'est un récit envoutant et dépaysant, ça on peut le dire. J'ai rapidement ressenti de la sympathie et un certain attachement pour le jeune Roy.



Avant même de lire la préface de Delphine de Vigan, je me doutais un peu de ce qui pouvait se profiler à l'horizon.

Enfin... je pensais savoir.

Mais arrivée à la fin de la première partie, je suis restée interdite pendant un moment. Je m'attendais à tout sauf à cela. Dans ma tête cela me paraissait impossible, insensé. « C'est pas possible, c'est une erreur. »

C'était tellement inattendu... je n'ai pas pu m'empêcher de poursuivre ma lecture.

Et c'était là. C'était bien ce qui était arrivé...

J'ai ainsi mieux compris la fameuse page à laquelle Delphine de Vigan faisait référence dans sa préface.



J'ai trouvé cela incroyable de la part de l'auteur. Qui aurait pu s'y attendre ?



Ce livre est un drame, une histoire sombre qui soulève des dizaines de questionnements. Je l'ai trouvé fascinant. Dur, noir, mais fascinant. Ce fut une très bonne découverte pour ma part !



J'ai par ailleurs beaucoup aimé lire la préface de Delphine de Vigan (dont je connais les oeuvres) ainsi que la postface de l'auteur :)

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Impurs

« Cette terre n’était pas faite pour que l’on y vive ».



En une phrase, David Vann résume son obsession littéraire, guidée par le mal-être permanent de ses congénères et l’idéalisation d’un ailleurs introuvable. Un thème récurrent, omniprésent dans Impurs, un de derniers Vann qu’il me restait à lire. Et qui une fois refermé, me conforte dans l’idée que chez Vann, c’est l’œuvre globale -work in progress- qui fait sens.



D’aucuns pointeront (ils se reconnaîtront…) tel ou tel de ses livres, plus faible qu’un autre. Et ils auront raison. Enfin partiellement. D’ailleurs Impurs -traduit par Laura Derajinsky- peut y figurer, souffrant de quelques longueurs et répétitions dans sa deuxième partie. À ceux-là je n’aurais qu’un conseil : lisez l’ensemble et vous constaterez combien les dix livres se répondent et se complètent.



Et de ce point de vue, Impurs apporte sa pierre à l’édifice, confrontant Galen, jeune homme d’une vingtaine d’année à sa gynécée familiale : mère castratrice, grand-mère alzheimer, tante aigrie et cousine aguicheuse et perverse. Dans ce monde sans hommes, sans père et sans repères, Galen tente en vain de créer le sien, par une méditation jamais aboutie. Sa frustration est à son comble, prête à exploser.



Un week-end qui se voulait apaisant va servir de déclencheur à l’expression d’une violence jusque-là rentrée chez tous les protagonistes : provocations verbales et sexuelles, appât du gain, vieilles rancœurs révélées, frustrations éclatant au grand jour… tout est réuni pour que l’apparente cellule familiale vole en éclats.



Galen découvre alors la triste réalité de tous ces proches qui essayent en vain d’être une famille, de reporter sur l’absence des hommes leurs propres turpitudes, de se lamenter et se retourner là où il faudrait tellement avancer. Une famille qui enferme là où Galen n’aspire qu’à se libérer, lui qui détient la vérité.



Dans Impurs, Vann décrit à nouveau un personnage qui « tente de ralentir le mouvement du monde pour en percevoir la netteté », devenant punisseur pour trouver libération et rédemption dans une deuxième partie furieusement noire. Un personnage décidé à ne « plus jouer un rôle dans la société humaine » pour se « joindre au temps géologique », cherchant dans la nature et la terre une improbable fusion. Puisque définitivement, « cette terre n’était pas faite pour que l’on y vive ».



Une lecture forte et sombre, bloc complémentaire et indispensable de l’étude inachevée de la cellule familiale entreprise par Vann.
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Un poisson sur la lune

David Vann est un écrivain américain né en 1966. Originaire d'Alaska où il vit une partie de son enfance jusqu'au divorce de ses parents, il suit alors sa mère en Californie. Quand David a treize ans, son père se suicide et ce drame va suivre l'auteur toute sa vie durant.

Aujourd'hui, il vit entre la Nouvelle Zélande et l'Angleterre où il enseigne la littérature. Avant cela, il travaille l'écriture de plusieurs productions sans se faire éditer, ses romans sont qualifiés « trop sombres ».

Il suit alors une de ses aspirations, la navigation ! Il continue d'écrire et parvient à faire publier un récit d'aventure, le témoignage de son naufrage dans les Caraïbes. Ensuite, son succès littéraire ne cesse de croître.

Venons-en désormais à son roman « Un poisson sur la lune » édité par la maison d'édition Gallmeister qui met en valeur la couverture par une illustration accrocheuse. le titre est poétique.

D'ailleurs, à l'achat d'un roman de cette édition, un magnet nous est gentiment offert, une attention qui m'a charmée !

Jim Vann vit seul en Alaska depuis son divorce. Cet homme a toutes les cartes en mains pour réussir sa vie et être heureux. Il exerce la profession de dentiste comme son père, est marié et a deux enfants.

Et puis, lentement, insidieusement, le mal-être s'installe, il divorce une première fois puis une deuxième, ne pouvant se contenter d'une seule femme, et part à la dérive psychologique.

Jim quitte l'Alaska afin de rendre visite à sa famille, ses enfants, ses deux ex-épouses, son frère Doug, ses parents et ses amis.

Il se rend chez chacun d'eux avec comme seul bagage son mal de vivre symbolisé par une arme qu'il ne quitte pas. Jim veut en finir !

Chacun de ses proches va tenter de le ramener à la vie.



Ce qui m'a touché dans ce roman réside dans la description (à travers le comportement tout à fait déjanté de Jim) de la dépression à son apogée où plus rien n'a de sens.

Jim observe les autres personnes être heureuses et tire cette conclusion ultime : Pourquoi ?

Quel est le sens de tout cela ?

Quel est le sens de la routine dans laquelle chacun s'installe, des apparences, des convenances si aliénantes ?

En quête de l'introuvable, il sombre, ne se relève pas, devient inadapté face à ses enfants, ses parents, la société.



Ce récit interroge !

Qu'est ce qui rend heureux ?

Où trouvons-nous la joie de vivre et quel sens suivons-nous ?



Outre le récit des frasques de l'homme perdu, se trouvent les sentiments, l'attachement, le devoir, la culpabilité et toutes les ruminations en lien avec l'état dépressif qui rongent peu à peu.

L'écriture est profondément humaine et attachante. On sent que l'auteur s'est énormément penché sur la question du mal de vivre où l'unique sens est celui de quitter la scène.

J'aimerais poursuivre la découverte de l'oeuvre de David Vann et tenterais bien Sukkwan Island.

PS : j'ai remarqué que dans plusieurs chroniques, Jim devenait James, c'est d'ailleurs le cas sur la quatrième de couverture. Quelqu'un sait-il pourquoi ?

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