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Critiques de David Vann (1628)
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Dernier jour sur terre

A l’âge de 7 ans David Vann tenait sa première arme, à 11 ans il tuait son premier cerf, à 13 ans son père s’est suicidé en se tirant une balle dans la tête. Les parents de sa belle-mère étaient morts quelques années plus tôt l’un tué, l’autre assassiné, par arme à feu. Il en est resté traumatisé, incapable de chasser, et surtout révolté contre la législation américaine permettant à pratiquement tous les citoyens de posséder des machines à tuer. Et faisant chaque année des milliers de victimes.



C’est pour cette raison qu’il s’est intéressé au cas de Steven Kazmierczak, étudiant apparemment sans histoire qui a tué 5 personnes, en a blessé 18 autres et s’est suicidé dans la foulée en 2008. Il mène alors une enquête sur le passé de ce jeune homme de 27 ans pour essayer de comprendre...Et à travers cet énième fait divers mettant en scène des tueurs fous, montrer la profonde nocivité de la généralisation du port d'armes.



Mais c'est aussi le problème des maladies psychiques et de leur traitement médical qui se pose. Dès l'adolescence Steven est diagnostiqué bipolaire et doit prendre un traitement chimique lourd. Devenu ingérable pour ses parents il sera placé dans un foyer. L'influence de sa mère qui l'abreuve de films d'horreur n'est pas négligeable. Il réussit à entrer dans l'armée en mentant sur sa santé mentale, mais il est renvoyé dès que son passé psychiatrique est connu, ce qui le laissera amer. Il réussit à faire des études à l'université, mais arrête régulièrement de prendre ses médicaments et joue avec ses désirs de violence. Il est fasciné par la tuerie de Columbine.



Sa personnalité est perturbée, il est attiré par des comportements déviants, violents, suicidaires. Il est incapable de mener une vie de couple normale mais passe pour un étudiant brillant dans son université. Son suivi médical n'est pas régulier, il offre plusieurs visages, celui de la souffrance, mais aussi celui de la haine et de la violence. Pendant les trois dernières semaines de sa vie, il va mettre au point son scénario diabolique et entraîner avec lui dans la mort cinq victimes. Il y aurait pu en avoir plus...



On ne peut pas s'empêcher de repenser au pilote fou, Andréas Lubitz qui a tué en mourant 150 passagers, après avoir déjoué lui aussi le système médical et mis en scène son suicide...Un ouvrage sombre, sur la face obscure de l'esprit humain lorsque la maladie le plonge dans le chaos. Et sur une société où la violence faisant partie des droits fondamentaux de l'individu, encourage les pulsions de mort.





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Désolations

Après trente ans de mariage, trente ans de pénible vie commune ponctuée de crises et de tensions, Gary s’apprête à quitter Irène et cette seule idée la terrifie jusqu’au fond de l’âme. Elle a pourtant tout fait pour conserver son amour, a même accepté de s’installer avec lui des décennies plus tôt au bord du lac glaciaire Skilak en Alaska. Là, ils ont eu deux enfants maintenant adultes, ils ont vivoté, vieilli ensemble, mais tout cela n’a pas suffi à apaiser les frustrations de Gary, persuadé de mériter davantage : une meilleure vie, un meilleur travail et, bien entendu, une meilleure épouse. Dans un effort désespéré pour sauver son couple et éviter l’abandon, Irène consent à épauler son mari dans la mise en œuvre de sa dernière lubie, à savoir la construction d’une cabane sur l’île Caribou au centre du lac Skilak où Gary souhaiterait passer sa retraite au milieu de la nature. Mais l’hiver arrive rapidement et l’île ne tardera pas à être progressivement coupée du rivage, isolant Gary et Irène dans leur cocon de rancœur, d’amertume et de haine glacées. Impuissante à les aider et aveuglée par ses propres problèmes personnels, leur fille Rhoda observera de loin cette dramatique dégénérescence et s’avérera incapable de prévenir l’inéluctable.



Au premier abord, l’intrigue de « Désolations » rappelle beaucoup celle de « Sukkwan Island », le premier roman de David Vann racontant l’odyssée tragique d’un père et de son fils cherchant à bâtir une cabane sur une île au sud de l’Alaska, au point que l’on peut s’inquiéter légitiment : Vann peinerait-il à renouveler ses intrigues ? Une inquiétude sans fondement, je tiens à la préciser tout de suite, car si les deux romans possèdent plusieurs thématiques en commun – l’affrontement entre l’homme et la nature, l’incapacité à communiquer, le pourrissement des liens familiaux, les ravages de la solitude et de l’isolement… – « Désolations » reste une œuvre indépendante et tout aussi digne d’intérêt que « Sukkwan Island ». Là où le roman précédent plaçait le lien père/fils au centre du récit, « Désolations » se concentre sur la dissection des relations de couple et de leur lente dégradation faite de déceptions réciproques, de promesses brisées et de malveillance refoulée. Le récit est également plus touffu et plus complexe que celui de « Sukkwan Island », mais tout aussi oppressant, réfrigérant et malsain. Sous la pellicule gelée de sentiments de plus en plus obscurs et sauvages, la violence rôde et menace d’exploser à chaque minute, malmenant horriblement les nerfs du pauvre lecteur. Brillant assurément, mais noir, noir, noir, tellement noir…

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Sukkwan Island

Jim a convaincu son fils Roy d’aller vivre une année sur une île perdue au milieu de nulle part en Alaska, et uniquement accessible par hydravion. L’idée est de revivre certains de leurs souvenirs passés en Alaska mais aussi d’apprendre à survivre dans un milieu hostile. Mais rapidement Roy sent que quelque chose ne va pas. Jim et lui ne se rapprochent pas et Jim pleure toutes les nuits. Au fur et à mesure que le climat devient de plus en plus rude et hivernal, la tension au sein de l’île est à son comble.



Depuis que je voyais ce roman sur les blogs, il ne me tentait pas malgré les avis élogieux. Mais ma curiosité pour le fameux retournement de la page 113 m’a perdue. Je dis bien perdue car quel ennui ! Je me doutais que le nature writing pur et dur n’était pas pour moi mais je dois dire que les quelques 75 premières pages environ ont été un vrai supplice. Et un petit peu de pêche, puis on scie des planches pour faire un abri, puis un peu de pêche, la chasse, une ballade, et allez qu’on scie, pêche, scie, ballade, scie, … et moi je baille à m’en décrocher la mâchoire. Ensuite, la tension monte un peu avec les problèmes psychologiques du père qui se dévoilent et le climat météorologique qui se détériore. Jusqu’à la fameuse page 113 qui m’a surprise malgré que j’avais cru deviner ce qui allait se passer d’après les billets lus ça et là. Et non planté ! Je n’avais rien vu venir. Pourtant, cela ne pouvait se passer autrement, c’était inévitable.

La deuxième partie est un peu plus intéressante, mais quand même en partie ennuyeuse. Et la fin !!!! Là, c’est vraiment l’événement de trop. Après avoir subi tout le roman, j’ai un peu halluciné de cet événement tellement improbable.



De plus, à aucun moment, je n’ai ressenti une quelconque émotion. C’est froid comme la neige qui recouvre l’ Alaska une grande partie de l’année. Jim et ses auto-apitoiements m’ont profondément agacée. Un être égoïste et autocentré. Roy ne m’a pas beaucoup plus émue. Bref, j’aurais dû suivre ma première impression et ne pas m’attarder sur ce titre. Une rencontre complètement ratée ! Je reconnais quand même que l’écriture de David Vann, économe et nerveuse, est efficace et rend magnifiquement les paysages de l’Alaska. Mais ce n’était pas suffisant pour moi. La relation entre ce père déprimé et ce fils qui se sent investi d’une mission est bien rendue mais trop noyée au milieu du reste. Par contre, les motivations de la mère qui accepte que son fils passe une année avec ce père au milieu d’un désert de glace m’échappent.


Lien : http://www.chaplum.com/sukkw..
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Sukkwan Island

David Vann a réussi à construire un huis-clos en pleine nature. Dans une nature sauvage, hostile, un père et son fils de 13 ans décident de passer une année seuls et ensemble sur cette île perdue de l'Alaska.



Très vite, David Vann donne le ton. La depression du père, les regrets du fils qui a accepté de vivre cette expérience presque à contre-coeur, la nature hostile et le manque de préparation pour affronter l'isolement et le froid laissent présager un drame.



Au fil des pages, l'état depressif du père est de plus en plus marqué, le fils doute et découvre un père dépassé et pétri de remords.

La nature est rude, majestueuse et il faut du talent pour l'apprivoiser.



Père et fils vont apprendre à mieux se connaître. L'isolement, la solitude sont à la fois des atouts pour faire tomber les faux-semblants et en même temps des catalyseurs de la noirceur des âmes.



J'ai été littéralement scotchée par la fin de la première partie. Saisie d'effroi, totalement surprise, j'ai mis quelques instants à pouvoir tourner la page pour poursuivre ma lecture.



Culpabilité, folie, déni, pardon... David Vann explore les sentiments contradictoires et complémentaires qui habitent ses personnages.

Un roman noir et sublime.



Quand après la lecture, je découvre la postface de l'auteur, le récit prend encore une nouvelle dimension ! Postface à ne surtout pas lire avant le récit.





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Sukkwan Island

Scénario totalement improbable, personnages caricaturaux, écriture banale et répétitive

Si vous aimez la nature et les vrais récits d’aventure, fuyez

Il y a des années que je n’avais pas lu un livre aussi invraisemblable

Une vague histoire de dentiste qui amène son fils en Alaska pour plusieurs mois dans la nature pour se ressourcer, si j’ai bien compris

Visiblement, ni l’un , ni l’autre n’a été chez les scouts

Ils savent juste, en bons américains, tenir une arme

Tout y passe: l’attaque de l’ours, la chute dans un ravin, la marche dans le froid

On dirait de bons touristes d’une très grande ville en stage survie pour une semaine.Sauf qu’ils sont seuls pour plusieurs mois

A la moitié du livre, on vire dans le grand n’importe quoi sur fond de drame psychologique totalement artificiel

J’ai bien lu que ce livre a trouvé un certain public probablement citadin , intellectuel,amateur de romans psychologiques un peu tordus

Quand on vit ,comme moi, plus proche de la nature, ce roman frise le ridicule

Pour vous détendre, relisez Sylvain Tesson ( qui arrive avec un gros camion remplis de victuailles et de vodka pour préparer son aventure au Lac Baikal). Isabelle Autissier (Soudains seuls au fin fond de l ‘Amérique du Sud) ,Andrei Makine ( L’Archipel d’une autre vie , une fuite magnifique en Sibérie) ou Kim Leine (Les prophètes qui du fjord de l’Eternité au Groenland)
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Sukkwan Island

Pour comprendre le roman noir et le nature Writing, il faut ABSOLUMENT avoir lu David Vann ! David Vann par ci, David Vann par là, si tu ne l’as pas lu, tu restes une quetsche pas mûre qui mérite simplement de rester sur son arbre à quetsches avec ceux de ta race…



En vacances à Moorea, situation idéale, temps idéal, état d’esprit idéal, je me lance donc dans ce fabuleux livre aux critiques dithyrambiques, prix Médicis étranger 2010 en me disant d’avance que je vais grave kiffer ma race …. de quetsche.



Imaginez un peu… Un père, légèrement frappé du bocal, dentiste en réflexion intense sur son métier (dent numéro 3 OK, la 4 est à refaire, la 6 pue du bec) décide d’aller vivre un an au coeur de la forêt en Alaska (là où le climat est ton ami) dans une petite cabane qu’il va retaper. Y va-t-il seul ? Mais non !! Il emmène son fils d’un premier mariage, avec lui. Quelle mère assez tarée envisage une seule seconde de déscolariser son enfant un an durant pour lui offrir l’expérience de sa vie : homme des bois pendant 365 jours, en présence d’un gars pas complètement fini, ex-mari de son état ( y a sûrement une raison valable à ce divorce) ? Soit ! Admettons ! Ils sont donc lâchés en terre hostile par un hydravion qui viendra les ravitailler en nourriture de temps en temps. Premier objectif, rendre la cabane habitable. Donc, on scie du bois, on fait des planches, on scie du bois, on fait des planches, on scie du bois, on fait des planches (tu as compris le principe ?). On pêche, on dépèce des poissons, on pêche, on fume des poissons, on pêche, on enterre des poissons. Après ? On fait un trou sous terre pour y cacher les poissons. On chasse aussi parfois… des cerfs ou des ours qui viennent s’attaquer à la bouffe qu’il y a dans la cabane en détruisant tout. Donc, on re scie du bois, on fait des planches etc… J’espère n’avoir perdu personne en route !! Les nuits sont polluées par les pleurs du père. Tu m’étonnes !! Il était dans une forme tellement olympique en arrivant, qu’on n’est pas vraiment surpris. Il pleure sur sa vie, sur ses erreurs, sur un tas de trucs qui échappent au lecteur… Pourquoi autant de détachement ?Parce que le lecteur cherche toujours à répondre à cette sempiternelle question qui l’obnubile depuis le départ : mais que foutent-ils là ? Pourquoi ? Quelle est la raison profonde de cette retraite en Alaska ? Le fils a envie de se tirer… à peu près comme le lecteur.



Arrive la page 113, le tournant du bouquin, le seul élément d’action susceptible de renverser la vapeur d’un scénario passablement ennuyeux d’un père et son fils qui se parlent peu, et de journées qui ressemblent toutes les unes aux autres. Je ne peux pas vous dire ce qui se passe page 113, mais simplement affirmer que mes espérances étaient énormes quant à la suite. Que tu crois…. Alors là, vont commencer des séries de litanies insupportables, de jérémiades incessantes, de pleurnicheries et de lamentations à se faire sauter le caisson. Le père ? Mais j’ai eu envie de le tuer à mains nues. Direction l’hôpital psychiatrique sans passer par la case Sukkwan Island, sous cachets à vie. Je me suis perdue dans son cerveau dérangé, dans ses pensées sans queues ni têtes, sans logique, sans discernement, obnubilée par ses pleurnicheries qui n’arrivaient pas à m’atteindre (Dieu sait que je suis plutôt du genre sensible pourtant !) et par l’envie de lui mettre des baffes pour le remettre d’équerre.



Pour être franche, je ne peux pas juger du style de l’auteur tant l’ennui que ce livre a provoqué s’apparente à un puits sans fond, juste ajouter que c’est d’une froideur incommensurable (voulue ou non) comme les personnages qu’il y dépeint. Rien n’a trouvé grâce à mes yeux, pas même la situation du fils qui n’avait pourtant rien demandé et qui s’est retrouvé, sans le vouloir, avec un allumé du bocal en pleine cambrousse. Je suis passée totalement à côté de ce chef-d’oeuvre de la littérature contemporaine, juste bonne à remonter sur mon arbre à quetsche, mûrir un peu en apprenant par coeur des articles complets de Télérama. Oui, ce bouquin m’a mise en rogne. Contre moi-même. Je suis allée lire des chroniques sur le net. J’en ai lu certaines où je me demandais si on avait lu le même bouquin. Donc, je me suis remise en question, j’ai repris le bouquin, j’ai relu des passages, j’ai essayé d’intellectualiser un maximum ce néant. Le fruit (oserai-je…. oui je vais oser) de cet enculage de mouche est ce semblant de chronique qui dit juste ma frustration de n’avoir pas compris ce livre, ne n’avoir pas été touchée par ce livre, de n’avoir rien ressenti à la lecture de ce livre.



Voilà… Vive l’Alaska, région que je connais, dans laquelle j’ai mes meilleurs souvenirs de voyage, sans avoir eu en tête, à ce moment-là, ce texte de David Vann. Fort heureusement d’ailleurs…. Je n’y serai peut-être pas allée sinon.




Lien : https://aude-bouquine.com/20..
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Sukkwan Island

Sukkwan Island. Ou comment les retrouvailles d'un père et son fils partis pour l'Alaska se transforment progressivement en cauchemar. Une belle maîtrise pour ce premier roman de l'Américain Vann.
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Aquarium

Se perdre, s'abandonner, à la rêverie, à ce monde fabuleux et parallèle que constitue l'aquarium : désert, silencieux, isolé du fracas de l'extérieur. Ou presque isolé. Car il y a le vieil homme...



Caitlin, jeune fille de douze ans, mène une vie atone avec sa mère Sheri, épave fracassée par la vie subie trop tôt. Avec pour seule évasion chaque soir, l'aquarium et ses poissons, mystérieux, indécodables, hors du temps.



La révélation du secret du vieil homme mais aussi la découverte de l'amour pur avec Shalini vont bouleverser sa vie, et lui offrir un avenir.



David Vann réussit la prouesse de mêler dans un même livre une violence difficilement supportable lorsqu'il décrit les huis-clos entre Sheri et sa fille, à une humanité salvatrice dans le salut que Caitlin va trouver auprès du vieil homme et de Shalini.



Son écriture est gracieuse, élégante, apaisante et, d'une certaine manière, soignante. Un très beau livre.

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Désolations

Après le huis clos tragique de Sukkwan Island, David Vann remet le couvert avec cet opus paru sous le titre original de Caribou Island ; du nom d' un ilôt inhospitalier situé au milieu d' un lac glaciaire aux confins de l' Alaska -- ilôt sur lequel Gary et Irène, couple de cinquantenaires en crise fraîchement retraités, vont jouer les Robinsons amateurs.Nous suivons également en parallèle les déboires de trois autres couples plus jeunes et tous dysfonctionnels.Ainsi,pour l' auteur, le couple est perçu avant tout comme une arène de lutte impitoyable pour le pouvoir, tout comme le lieu de la plus grande solitude qui soit. Un roman sombre , captivant et destabilisant, mais qui devrait consoler tous les exclus de la Saint-Valentin.
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Impurs

Bon, ben ce sera rapide.

Que David Vann me pardonne, mais pour une fois je n'ai rien à dire.



Rien - ou presque - sur son texte d'une infinie noirceur, rien sur sa prose parfois trop confuse, et rien sur son héros Galen ni sur les obscurs frapadingues qui l'entourent (à savoir une mère hypocrite et castratrice, une tante jalouse et machiavélique, une cousine perverse et nymphomane : y'en a vraiment pour tous les [dé]goûts !).



Impurs, ce n'est finalement que le récit creux et décousu d'une querelle familiale terriblement malsaine, entrecoupé de longues séances de méditations complètement nébuleuses (où Galen, souvent nu et tous chakras ouverts, développe de vagues délires mystiques teintées d'ésotérisme et de préceptes New-Age), et de scènes carrément pornos en compagnie de la fameuse cousine Jennifer, modèle de garce dépravée et manipulatrice.

Entre un roulé-boulé dans la terre, un dialogue à bâtons rompus avec un caillou et une partie de jambes en l'air incestueuse avec Jennifer, c'est à peine si Galen trouve le temps de souffler - non sans malice - sur les braises du conflit larvé qui l'oppose à sa mère. Il faut dire que cette dernière a toujours faussement prétexté n'avoir pas les moyens de l'inscrire à l'université, et que Galen a depuis longtemps l'impression d'étouffer sous le joug moral de sa génitrice. Tous deux se livrent une guerre psychologique particulièrement dérangeante dont la violence et l'intensité provoquent sur le lecteur un malaise évident (c'était sans doute l'ambition de David Vann, et de ce point de vue là l'objectif est atteint) mais qui, du fait qu'elle "tourne à vide" dans une intrigue relativement creuse, suscite vite l'écoeurement ... et bientôt l'ennui.



La seconde moitié du roman, qui voit le conflit basculer dans l'horreur, est interminable. Alors que Galen sombre dans la folie, l'auteur se perd en détails pénibles sur les moindres faits et gestes de son héros (en nous gratifiant toujours au passage de ces sempiternelles scènes de transes et d'expériences métaphysiques auxquelles je n'ai rien compris) et j'ai eu bien du mal à reconnaître la plume de celui qui me régala tant avec Sukkwan Island.

Dommage.



Pas grand chose à sauver pour moi, donc, dans l'histoire parfaitement immorale de cette famille où tout le monde se déteste, ou dans les élucubrations douteuses du jeune Galen.

J'oublierai vite Impurs, mais je retiendrai quand même une chose : David Vann est un grand malade !
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Komodo

C'est le troisième livre de David Vann que je lis, et je crois que ce ne sera pas le dernier ! Cet homme a un don pour sonder les âmes et nous faire plonger dans les tréfonds de personnages qu'il rend ainsi tangibles et touchants.



Ici, il se glisse dans la peau d'une femme en plein burn-out maternel. Elle part faire un stage de plongée en Indonésie avec son frère et sa mère, mais leurs relations sont éminemment toxiques, ce qui laisse craindre le pire...



Aigrie, amère, complètement borderline, mais étrangement lucide quant à sa situation, j'ai aimé la détester, et m'y retrouver. Et la dernière partie, où l'on sort du cadre exotique des fonds sous-marins de Komodo pour rejoindre la domesticité mortifère qui empoisonne Tracy, est magistrale.
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Le bleu au-delà

/ OÙ T'ES PAPA, OÙ T'ES ? // La première fois que j'ai lu un roman de David Vann, c'était Sukkwan Island.

Je me souviens le sentiment de tension intense et d'oppression que l'écriture de cet auteur avait réussi à insuffler dans ses pages.

Roy était présent dans ce roman et son père dentiste qui décide de tout quitter aussi comme ils le sont dans "Le bleu au delà", recueil de nouvelles tout juste sorti en France chez les fidèles éditions Gallmeister dont a été tiré Sukkwan Island. ▪️▪️ Le mot nouvelles est, peut être incorrect, car si dans la forme,des textes assez courts se succèdent, dans le fond ils ont tous le même fil conducteur : les souvenirs de Roy enfant (et adulte aussi) autour de son père et de son suicide.

J'y ai retrouvé les questions abordées dans Un poisson sur la lune : à qui la faute ? était-ce un acte prémédité ou pas ? Ce père aurait-il pu être sauvé par plus d'amour...et ce plaisir de lectrice de creuser ce qui hante l'auteur, de l'aborder sous un nouvel angle. ▪️

▪️ Très sombre, brutal car sans détour et déchirant. ▪️ ▪️ (traduit de l'américain par Laura Derajinski )
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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L'obscure clarté de l'air

Derrière chaque grand homme se cache une grande femme… Sage citation qui prend tout son sens dans L’obscure clarté de l’air de David Vann, traduit par Laura Derajinski.



J’avoue que la mythologie ne m’a jamais passionné, et mes faibles connaissances en la matière me rendaient donc les aventures de Jason plus familières que celles de Médée. D’où mon intérêt d’un seul coup éveillé pour le parti-pris de Vann, qui relègue Jason et sa toison au second plan (dans un rôle d’indécis et d’opportuniste assez peu valorisant), pour mieux valoriser la prépondérance de Médée dans l’épopée des Argonautes.



Avec cette subtilité qui signe ses livres, lui permettant de mélanger extrême violence et poésie dans une même phrase, David Vann nous décrit une Médée à la fois belle, forte, cruelle, retors, ambitieuse, aimante, cupide, mère, femme, furie, indomptable, insensible au mal, sorcière… et sublime, jusque dans sa fin.



L’histoire de sa longue errance revisitée en arrière-plan (la fuite de Colchide, Iolcos, Corinthe…) n’est que prétexte à ce portrait à décharge, à cette réhabilitation des siècles plus tard, sous forme de « à défaut de m’aimer, comprenez-moi ». La lecture n’en est pas simple : il faut entrer dans cette atmosphère particulière et passer le cap des cent premières pages pour s’y habituer et trouver ses repères. Alors la lecture devient plus simple.



Ai-je aimé ce livre ? Je n’en suis pas sûr. Mais j’ai – une fois de plus – apprécié l’incroyable talent de David Vann, virtuose capable de m’étonner à chacun de ses livres.
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Sukkwan Island

Etrange objet que ce « Sukkwan Island » de David Vann. Dix années, c’est le temps qu’il aura fallu pour que l’auteur peaufine son roman. Un savant mélange de naturalisme américain décrivant avec minutie les contrées sauvages de ce désert de glaces qu’est l’Alaska et d’angoisse à la Stephen King période « Shining ». Ici la nature est plus que jamais partie prenante de cette peur qui imprègne le lecteur peu à peu. Je ne souhaite pas dévoiler le sel de ce livre, tout juste puis-je vous dire que Jim, un ancien dentiste, s’installe avec son fils sur une île perdue aux confins de l’Alaska. Jim vient de quitter sa femme et il décide de s’isoler avec son fils au cœur de cette nature aussi belle que dangereuse car rien ne s’y improvise. Impossible de décrocher de ce livre une fois embarqué dans cette histoire saisissante à plus d’un titre. Couronné par le prestigieux prix Medicis 2010, je ne peux que vous conseiller la lecture de ce petit bijou de noirceur.
Lien : https://thedude524.com/2011/..
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Aquarium

C'est l'hiver à Seattle. Pluie, neige fondue, neige, ciel gris, plombent le quartier sinistre de la banlieue des pauvres, où Caitlin et sa mère Sheri mènent une existence sans joie.



L'aquarium, le monde fascinant des poissons, c'est l'univers où aime se perdre la jeune fille en attendant sa mère à la sortie du collège. Elle y reste des heures à contempler les formes étranges nées des profondeurs marines.



Un vieil homme la rejoint, qui semble l'aimer d'emblée, et ils prennent l'habitude de s'y retrouver chaque jour...



Sheri travaille au port à conteneurs, boulot sans qualification, difficile et mal payé. Elle élève seule sa fille et vient de rencontrer Steve. Mais elle reste pleine de doute et de méfiance face à l'avenir.



Le jour où elle apprend la relation de Caitlin et du vieil homme et qu'elle comprend qui il est, c'est le drame...



Une fois encore David Vann nous offre une plongée dans les abîmes des relations familiales, dans les haines et les blessures qui tissent les liens entre les générations, les lâchetés, les pardons impossibles, les violences, les regrets. Mais Caitlin, qui transite entre l'enfance et l'âge adulte, amoureuse d'une de ses amies de collège, est mue par un unique désir : avoir une vraie famille, construire un foyer à partir des éléments épars qui constituent son existence.



La force de l'écriture de David Vann est toujours poignante malgré un scénario assez peu vraisemblable. On a l'impression qu'il en rajoute trop, ce qui rend l'histoire peu crédible.



Ce n'est pas son meilleur livre de mon point de vue, des passages difficiles à avaler, un monde aquatique froid et lointain, de nombreuses invraisemblances, mais de très belles illustrations, une gamine plutôt sympathique, et une indéniable puissance d'écriture. Il me laisse donc nageant entre deux eaux...
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Sukkwan Island

Trois centième critique... Après une succession d'échecs professionnels et sentimentaux, Jim achète une cabane sur une île sauvage du sud de l’Alaska. Son projet est d'y passer une année en quasi autarcie en se nourrissant grâce à la chasse et à la pêche. Roy, son fils âgé de treize ans, l’accompagne dans l’aventure. Lors de leurs premières semaines sur l’île, Ils vont connaître de nombreux déboires : ils ne parviennent pas à faire marcher la radio, un ours pille leurs réserves, le père fait une chute dans un ravin. Le séjour semble improvisé et Jim est dépassé par les évènements, peinant à prendre des initiatives ou à trouver les bonnes solutions. Par contre, s’il y a quelque chose que Jim n’a pas oublié d’emporter dans ses valises, c’est sa bonne vieille dépression. Il prend aussi conscience qu’il ne supporte pas la solitude et qu’il ne parvient pas à se passer de la compagnie des femmes, ce qui est très gênant quand on débute une année en pleine nature, isolé du reste du monde. Quant à Roy, loin de sa sœur et de sa mère, dans une nature hostile, avec un paternel dont il apprend à mieux connaître les côtés losers et dépressifs il est complètement déstabilisé. Il hésite à quitter l’île puis se résout à rester avec son père, prenant conscience que son départ lui serait fatal. Entre le confinement de la cabane comme face à l’immensité de la nature, le huis-clos devient de plus en plus oppressant, et le récit va connaître un renversement fatal...

Un livre noir, tout en subtilité, à l'atmosphère étouffante. David Vann parvient à orchestrer un tête-à-tête entre un homme noyé dans ses échecs et dans l'incommunicabilité et un fils fragilisé face aux démons de son père. Le livre a des qualités qui me tiennent à coeur : poignant, incisif et rédigé dans un style sans surcharge.

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Sukkwan Island

Il est des livres qu’on achète par erreur, ce fut le cas pour Sukkwan Island. Je voulais en réalité acheter Shutter Island, dont je venais de voir l’adaptation cinématographique quelques temps auparavant, et peut-être parce que je n’étais pas vraiment convaincue de ma démarche (je lis toujours le livre avant de voir le film, et pas l’inverse), je suis repartie avec un autre, qui n’a de point commun avec Shutter Island que le « island » (on est tête en l’air ou on ne l’est pas !).



Le pire est que pendant 3 ans, j’ai été convaincue d’avoir Shutter Island (vous me suivez toujours ? parce qu’on s’y perdrait avec tous ces « island » !) dans ma PAL, jusqu’à cette semaine où je me décide à l’en sortir, et oh surprise, ce n’est pas lui ! D’accord il y a une île, mais c’est bien le seul point commun. Tant pis, je me lance quand même !



Il y a deux parties pour ce livre, consciencieusement annoncées par l’auteur, sorte de chronique d’un drame annoncé par la structure même du roman.



J’ai adoré la première qui a fait écho à mon besoin viscéral d’espace et d’isolement. Les descriptions de paysages sont magnifiques, les bruits sont restitués à la perfection. Ce pourrait être l’endroit qui peuple mes rêves quand j’ai envie de changer d’univers.



Jim et Roy m’ont séduite, fidèles reflets d’abord du monde qu’ils ont fui, puis de celui qui les entoure. Le premier avec ses fêlures, qui tente d’être ce qu’il n’est pas, le deuxième qui se construit, comme il peut. Les deux à l’unisson malgré tout dans cette survie qu’ils ont voulue.



Pour tout vous dire, cette première partie m’a donné une furieuse envie d’aller moi-aussi pêcher le saumon pour préparer l’hiver.



Mais l’enfer arrive dans ce décor virginal, et tout bascule. A trop vouloir se connaître, à trop se plonger dans leur introspection, Jim et Roy finissent par se perdre...



Je ne veux pas trop vous en dire, cela gâcherait le livre, mais comme nous l’annonce le bandeau, il se passe quelque chose - et ce quelque chose m’a vraiment surprise, je ne m’y attendais pas-, et la descente aux enfers commence.



J’ai moins apprécié cette deuxième partie, sans doute parce que l’écriture, très agressive mais toujours très juste, m’a bercée dans les bras du mal-être, me coupant parfois la respiration. L’auteur est doué, c’est indéniable... Tout cela me semblait noir, très noir, cette folie malsaine, tellement malsaine même, que j’avais envie d’en venir à bout, vite, très vite.



Le paradis était souillé.
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Goat Mountain

La lecture de « Sukkwan Island » m’avait estomaqué et je savais que je venais de découvrir un nouvel auteur fétiche. Avec « Goat Mountain », je m’attendais donc à être éperonné de la même manière, sans effet de surprise, mais David Vann a tout de même réussi à m’ébranler. Tout d’abord par le style. Si sa plume dans « Sukkwan Island » était fluide et agréable, je n’y avais cependant trouvé aucun particularisme notoire. Mais ici, l’auteur fait éclater une sorte de brutalité lapidaire, un rythme tranchant qui magnétise. Ensuite, il y a ce traitement du récit, à la manière d’une parabole biblique sur la perpétuation de la violence et des instincts primitifs, où le conflit transgénérationnel sert de terreau à l’émergence d’une virilité perverse. Mais attachons-nous à l’histoire…



« Automne 1978, nord de la Californie. Un garçon de onze ans, son père, son grand-père et un ami de la famille se retrouvent sur Goat Mountain pour chasser. A leur arrivée, les hommes aperçoivent au loin un braconnier qu’ils observent à travers la lunette de leur fusil. Le père invite son fils à tenir l’arme et à venir regarder. Et l’irréparable se produit. »



Cette quatrième de couverture ne laisse aucun doute sur la nature de l’irréparable, et l’effet de culmination dramatique dans les toutes premières pages du récit place d’emblée les quatre personnages et le lecteur qui les regarde dans une ambiance infernale où le temps se cristallise, où les repères éclatent, où la morale est dépecée comme une bête, où l’innocence d’un enfant est éventrée et ce qui en sort exposé comme des entrailles fumantes. Les jours vont s’égrener au sein d’une nature magnifique et sauvage, et dans ces paysages où les symboles jaillissent de la conscience, vont se succéder les phases de sidération, de défiance, et d’entrechoquements. David Vann explore la mécanique des rites initiatiques, leurs racines profondes et ce qu’elles révèlent sur la nature humaine, les instincts que nous combattons et ceux que nous transmettons de génération en génération.
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Sukkwan Island

Ce roman est noir et très éprouvant. Il a été cependant un bon moment de lecture.Nous sommes emportés au fin fond de l'Alaska sauvage, avec un père qui veut renouer les liens et se rapprocher de son fils, seuls au monde pour une année...Très vites les ennuis s’enchaînent, avec un père qui n'a rien préparé de cette aventure et une organisation de vie catastrophique, alors au lieu du rapprochement espéré avec son fils, la situation va empirer...

J'ai aimé ce livre. L'auteur nous tient en haleine avec une intrigue surprenante jusqu'au bout. Je recommande vraiment.
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Sukkwan Island

Je regrette d’avoir lu ce roman en français, mais je n’ai pas résisté au travail des Éditions Gallmeister. Je peux cependant garantir que je relirai « Sukkwan Island » dans sa version originale car ce roman m’a frappé à la poitrine comme jamais. C’est un roman d’une extrême dureté qui vous hantera probablement longtemps. Je vous recommande de ne pas lire la préface ni la postface avant d’avoir fini le roman. Vous ne l’apprécierez que davantage… à moins que cette lecture ne soit pas pour vous. Si vous étiez déjà au point de rupture avec « My Absolute Darling » de Gabriel Tallent, peut-être devriez-vous éviter les rivages de « Sukkwan Island ».



C’est sur cette île inhabitée du sud de l’Alaska qu’un père décide de passer une année seul avec son fils de treize ans. Ce père entend donner un cap nouveau à sa vie après l’échec de son second mariage. Il espère renouer avec ce fils qu’il n’a pas vraiment vu grandir, vivre une aventure hors du commun qui les changera tous les deux. Et c’est ce qui arrivera, assurément. Dès les premières pages, le lecteur devine que ce rêve d’aventure ne se déroulera pas comme escompté, que le père et le fils devront faire face à des événements imprévus et au bouleversement de la vision paternelle. Malgré les grands espaces enivrants, c’est un huis-clos oppressant qui se construit pas à pas, comme un prédateur avançant dans les bois. C’est la défaillance du père face à la loyauté du fils, la déconstruction du lien comme de la raison. Je pensais avoir imaginé tout ce qui pourrait advenir à ce père et à ce fils, mais c’est à la moitié du roman que je suis tombé de la falaise. J’ai terminé ma lecture abasourdi, essoufflé, avec le sentiment d’avoir succombé à un charme affreux. Ce roman a été récompensé par le Prix Médicis étranger. À mon sens, il aurait aussi mérité le Prix Pulitzer.



Ce n’est rien dévoiler de l’intrigue que de révéler que le père de l’auteur lui a demandé d’aller vivre un an avec lui en Alaska quand il avait treize ans. Il a refusé, et peu de temps après son père s’est suicidé. Ce roman n’est qu’une version de la réalité qui aurait pu exister s’il avait accepté…
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