AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Critiques de Dominique Bona (358)
Classer par:   Titre   Date   Les plus appréciées


Les partisans : Kessel et Druon, une histoi..

N°1754 – Juin 2023



Les partisans – Dominique Bona – Gallimard

Ce titre n'est pas pris au hasard puisque Joseph Kessel et Maurice Druon sont les deux auteurs du « Chant des partisans » dont la musique est due à Anna Marly, française d'origine russe. Il symbolise cette douloureuse période de l'histoire de notre pays dont il faut se souvenir parce que des gens sont morts pour que soyons libres et parlions le français. Ce sont aussi deux « hommes de Lettres », à la fois semblables et différents, oncle et neveu par filiation naturelle et que vingt ans séparent, ils sont unis par cet amour de la France, par leur envie de se battre pour elle et par cette irrésistible envie d'écrire, de porter témoignage. Ils seront tous les deux académiciens. Kessel, « Jef », a créé avec son neveu, français malgré un état-civil quelque peu bousculé, des liens quasi-filiaux en accompagnant premiers essais littéraires. Au cours de ce voyage pyrénéen à destination de Londres, ils sont accompagnés d'une femme, Germaine Sablon, une des nombreuses compagnes de Kessel, célèbre chanteuse de variétés qui sera une courageuse ambulancière de la « France libre », accompagnant des troupes alliées depuis l'Italie. Elle sera aussi, plus tard, l'interprète du «Chant ». Les quelques détails de sa vie présents dans cet ouvrage sont passionnants et mériteraient un développement plus grand sous la forme d'une biographie.

Ainsi commence cette évocation. Kessel, fils d'émigré juif d'origine russe, fait partie de ces étrangers qui ont choisi de défendre la France, pays de la liberté et des Lumières, contre la barbarie nazie. Il redeviendra aviateur, officier dans la RAF sous les couleurs de la France, grand reporter à la fin des combats puis de romancier et scénariste. Druon se transformera en correspondant de guerre puis à la Libération en homme de plume. Leur complicité littéraire est fructueuse, leur amour de la vie intact, leur regard sur les femmes est différent comme celui qu'ils portent sur la religion, Maurice est catholique, sur les origines sociales et ethniques, sur la famille, sur le style de vie, sur les fréquentations, mais chacun garde sa personnalité, son style d'écrivain. le prix Goncourt que son oncle n‘aura jamais vient consacrer le talent d'un Druon trentenaire, plus bourgeois voire aristocrate qui plus tard sera le ministre jupitérien des Affaires culturelles de Pompidou puis député et Kessel reste lui un auteur à succès. Il est grand reporter, conteur, aventurier, globe-trotter, amateur de whisky, à lui les paysages bruts et les conflits du monde, à son neveu l'harmonie de l'Europe, la tempérance contre l'irrationnel et l'imprévu, l'Afghanistan contre la Grèce, le témoignage contre l'épopée. Les deux hommes poursuivent leur chemin dans un respect réciproque, donnant ensemble à leurs lecteurs l'émotion et le plaisir de partager leur talent. L'auteure se livre a une analyse détaillée et pertinente de leur deux modes d'écriture, un véritable travail de critique littéraire. Elle est aussi attentive à des détails anodins mais révélateurs à propos de leur entourage ; les mauvaises langues pourraient y voir quelques velléités de dénigrement mais ce n'est en réalité qu'une façon de remettre les choses à leur vraie place.

Deux personnalités différentes donc, deux parcours mais un seul amour du pays et de l'écriture, deux monuments de la littérature nés dans un période bouleversée de notre histoire. La Camarde les a emportés, « Jef » d'abord, d'un coup, puis Maurice.

J'ai toujours plaisir à lire Dominique Bona, depuis son roman « Argentina » jusqu'aux différentes biographies dont elle est l'auteure, non seulement à cause du style fort agréable à lire qui m'a toujours attiré, mais aussi de la précision et de la richesse de la documentation qui font de chacune d'elles un document exceptionnel de référence. Son travail ne m'a jamais laissé indifférent. Elle déroule la saga familiale de ces deux géants de la littérature qui ont traversé leur époque parfois mouvementée en y laissant leur marque. C'est l'apanage des êtres exceptionnels que de laisser ainsi une trace pour les mortels que nous sommes. Elle dissèque leurs similitudes, leurs différences, explique leurs prises de position au regard de leur personnalité, de leurs convictions. Cela a été non seulement un moment passionnant de lecture mai aussi l'occasion d'en savoir davantage sur ces deux écrivains majeurs.

Commenter  J’apprécie          150
Berthe Morisot : Le Secret de la femme en n..

C’est une biographie minutieuse de l’artiste Berthe Morisot que nous livre Dominique Bona. C’est le portrait d’une femme secrète, introvertie, ‘mystérieuse’ mais animée d’une volonté exceptionnelle. Il lui en fallait bien de la volonté pour mener un double combat sa vie durant : combat contre les préjugés de son époque sur ce que devait être la vie d’une femme et aussi combat artistique puisqu’il lui a fallu faire face jusqu’à la fin aux attaques des critiques sur la peinture impressionniste. Force est de constater que le mot peintre, pas plus qu’alors, n’existe pas au féminin.



C’est un portrait très complet de cette femme à la force tranquille, animée et habitée par son art, acharnée au travail à la recherche d’une perfection qui semble toujours lui échapper. C’est aussi la description d’une femme fidèle, constante, aux amitiés solides, de celles que l’on garde toute une vie avec Manet, Monet, Degas, Renoir, Puvis de Chavanne, Mallarmé.



J’ai lu cette biographie avec intérêt et sans ennui, car elle permet aussi de découvrir un pan de la vie d’autres grands peintres. Elle donne vie à l’artiste mais aussi à la femme et à son caractère et permet de revisiter ses tableaux sur internet au fur et à mesure de leur exécution.

Commenter  J’apprécie          150
Mes vies secrètes

Ca commence par une scène de naturisme un peu comme dans " Sérotonine" ... puis continue par une évocation de photos de jeunes femmes ne cachant vraiment rien de leur intimité... Diable ! Dominique Bona de l'académie française, romancière et surtout biographe, a-t-elle décidé de fendre l'habit vert en nous livrant les nombreux souvenirs de ses longues recherches dans l'univers de celles et ceux dont elle a évoqué la vie ? Rassurez-vous, après ce démarrage très dévêtu, la suite retrouve les allées gracieuses de l'élégance et de l'érudition qui font le sel de ses écrits.

Romain Gary, Berthe Morizot, les soeurs Hérédia, Gala, Camille et Paul Claudel, Stefan Sweig se retrouvent compilés dans cette évocation qui allie autant leur vie ( ici juste évoquée) que l'impact qu'ils ont eu sur l'auteure. Sans entrer réellement dans les coulisses de la création d'une biographie, " Mes vies secrètes" conte avec délicatesse les émotions que Dominique Bona a ressenties pour cerner au mieux les personnages sur lesquels elle dirigeait son projecteur empli d'affection mais aussi de fine psychologie. Ces rencontres ont pu être, réelles, avec les descendants de ces personnalités, de papier ( travail d'archive) ou architecturales en visitant les maisons ou châteaux qui ont abrité les créations ou les amours de ces êtres souvent d'exception. Elle se plaît à noter qu'elle croisa certains plusieurs fois au gré des différentes biographies. Elle y voit un joli clin d'oeil de la vie... comme ceux d'une deuxième famille de papier qui se retrouve ainsi parfois réunie. Pour le lecteur, cette charmante bienveillance procure un joli moment de lecture, de bon ton, de bon goût. Toutefois, en filigrane, ne peut s'empêcher d'apparaître une certaine littérature de l'entre-soi.

Dominique Bona, dans ses biographies, a principalement narré les vies d'artistes de la première moitié du 20 ème siècle. Qu'ils soient peintres, sculpteurs ou écrivains, ils se sont tous plus ou moins croisés, aimés, épousés, trompés avec la soeur de l'un, le mari de l'autre. Notre auteure, se plaît à retrouver quelques personnalités secondaires qui apparaissent dans plusieurs de ses biographies, parfois dans un lit en amant ou maîtresse, plus souvent dans un cercle mondain. Elle s'émerveille de ces retrouvailles, de ces petits liens que beaucoup entretenaient. Le lecteur perçoit surtout que ces riches créatifs ( pour la plupart) ne sortaient pas de leur milieu, habitaient tous dans le 16 ème et s'ils allaient à la campagne, c'était en groupes bien choisis puis bien cachés dans une grande demeure. Cette impression se renforce d'autant plus que dans la partie contemporaine de son récit où, Dominique Bona, en fille de bonne famille, raconte tout à fait innocemment ses amitiés avec pas mal d'écrivains bien introduits dans le milieu littéraire, Michel Mohrt, Jean-Marie Rouard, François Nourrissier, ..., académiciens dont la production littéraire un peu poussiéreuse servit ( ou sert) surtout à emplir les colonnes du Fig Mag. Une petite distance affleure, comme si le lecteur faisait intrusion dans un dîner où il n'était pas vraiment convié. Cependant, la belle écriture de Dominique Bona, le joli recul qu'elle a sur son travail et la douceur avec laquelle elle accepte d'entrebâiller ces monde feutrés et confortables, font que l'on passe, malgré tout, un agréable moment en remarquable compagnie.
Lien : http://sansconnivence.blogsp..
Commenter  J’apprécie          150
Colette et les siennes

A la veille de la Première Guerre Mondiale, Colette et ses trois amies se réunissaient très régulièrement au chalet de la rue Cortambert, à Paris. Elles étaient quatre artistes : Colette, la femme de lettres et journaliste, Musidora l'actrice, Annie de Pène la journaliste et Marguerite Moreno, la comédienne. Elles revendiquaient une certaine indépendance et une façon de vivre différente, n'hésitant pas à porter les cheveux courts comme les hommes et à afficher une liberté de mœurs dans leurs amours, que ce soit avec les hommes ou avec les femmes. Durant la guerre, ces quatre amies vont se soutenir, s'aider à supporter l'absence ; Colette passera beaucoup de temps en cachette à Verdun pour retrouver l'homme qu'elle aime tandis qu'Annie sera correspondante de guerre. Mais en 1916, le chalet est détruit et les quatre femmes prennent de la distance les unes envers les autres. Colette va faire la connaissance d'autres femmes et vivre d'autres histoires d'amour agitées, parallèlement à sa vie sentimentale qui se délite. Sa vie sera une source d'inspiration pour ses romans.



J'ai trouvé cette biographie sur Colette à la médiathèque de ma ville et gardant un souvenir agréable du Blé en Herbe, j'ai eu envie d'en apprendre un peu plus sur son auteur.

J'avoue avoir eu beaucoup de mal à rentrer dans le roman, le premier tiers du livre m'a semblé long et ennuyeux, il est fait abondamment référence à des personnalités de cette époque que je ne connais pas. Cette énumération est fastidieuse et on perd le fil de la biographie. J'ai failli abandonner ma lecture au cours de ces 130 premières pages à de nombreuses reprises.

Ensuite, l'histoire se déroule plus de façon linéaire et on suit le cours des événements chronologiquement. J'ai apprécié les passages où il est question de la Première Guerre Mondiale et qui illustrent le quotidien des quatre amies ou des soldats.

Je pense aussi avoir été gênée lors de cette lecture par le fait que cette biographie de Colette fasse autant de part à ces trois autres femmes, cela dilue l'intérêt de la lecture à mon sens.

Pour conclure, avec un début différent, je pense que j'aurais mis quatre étoiles à ma lecture, seulement ce commencement peu encourageant a fait considérablement chuter mon appréciation générale.
Commenter  J’apprécie          150
Clara Malraux

Très beau portrait de femme libre. Et puis, André n'est jamais très loin. Nous découvrons ce couple et avec lui, nous traversons l'histoire du 20ème siècle.
Commenter  J’apprécie          150
Stefan Zweig

Cette biographie très détaillée tout en conservant sa part de mystères me donne l'envie de me replonger dans les livres de Stéfan Zweig et de découvrir ceux que je n'ai pas encore lus.
Commenter  J’apprécie          152
Les partisans : Kessel et Druon, une histoi..

Pour le lecteur passionné par Kessel ou Druon cet ouvrage de Dominique Bona particulièrement documenté est une mine.

Personnellement, je l'ai trouvé beaucoup trop long dans la narration des biographies croisées de Joseph Kessel et de son neveu Maurice Druon ,fils naturel de Lazare, frère de Jef, Joseph Kessel.. Lazare se suicide sans écrire une seule pensée pour son fils Maurice.La mère de Maurice épouse Rene Druon, un cinquantenaire courtois, aisé qui adopte Maurice.

Kessel Croix de Guerre 14-18 , Croix de guerre 39-46 est un immigré russe, un Juif des confins de l'Oural , habité par un imaginaire de pogroms et de dibbouks.Druon quant à lui rejette le judaisme et un certain folklore russe.

L'univers de Druon est stable, bourgeois , il aime la dolce vita alors que son oncle est un baroudeur.

Une femme libre, artiste croise la route de Kessel, il s'agit de Germaine Sablon .

Les premières pages du texte nous décrivent les trois protagonistes en partance en 1940 de Lisbonne vers Londres pour rejoindre la France Libre.En Angleterre Kessel est un journaliste engagé au service de la Résistance, Druon intervient dans la célèbre émission « Les Français parlent aux Français ».

L'auteure retrace la vie sentimentale des trois personnages. Kessel est un séducteur. En 1941 il réside près de Nice avec les quatre femmes de sa vie à proximité. Les absences de Germaine Sablon l'intriguent. Elle fait partie du réseau d'Andre Girard, en lien avec les services d'espionnage britannique.

Maurice Druon forme un couple mal assorti avec Genevieve Gregh, de 14 ans son aînée.

L'oncle et le neveu rédigent « Le chant des partisans » dont la première chanteuse officielle est Germaine Sablon.

Le livre déroule la vie de reporter de Kessel après la guerre. Il voyage aux frais de France Soir , avec son épouse Michèle il fait un périple au Kenya qui sera sa source d'inspiration pour le Lion( 1958), il fait un film en Afghanistan sur une course traditionnelle de chevaux, il en tirera un roman, Les Cavaliers.

Druon publie Les grandes familles et Les rois maudits.

Kessel est élu à l'Academie française en 1962,son neveu en 1966…

Merci à Babelio et aux éditions Gallimard.

Commenter  J’apprécie          141
Colette et les siennes

La Feuille Volante n° 1351 – Mai 2019.



Colette et les siennes – Dominique Bona – Grasset.



Ce livre est moins une biographie de Colette (1873-1954) comme Dominique Bona les affectionne, qu'une évocation de cette écrivain anticonformiste qui, à l’âge de 41 ans, d'août 1914 à 1916, alors que les hommes et particulièrement son cher mari, Henry de Jouvenel, sont au front, choisit, pour fuir la solitude, de s'entourer chez elle à Paris, à l’orée du Bois de Boulogne, de ses amies, la comédienne Marguerite Moreno (1871-1948), la journaliste Annie de Pène (1871-1918) et la danseuse de cabaret Musidora (1889-1957). L'auteure pourtant en profite pour revisiter la vie de ces quatre femmes, même au-delà de cette période, et particulièrement celle de Colette. Ce chalet parisien prend des allures de phalanstère et c'est pour elles un refuge, un univers. Ce sont des femmes au destin différent et pourtant commun tant elles étaient prédestinées à se rencontrer, qui ont une histoire personnelle mouvementée et pleine de secrets et ont, chacune à sa manière, déjà affirmé leur liberté et leur originalité par des choix personnels, même à une époque où les femmes étaient sous la tutelle des hommes. Cette liberté, à la fois amoureuse, sociale et artistique, elles l'ont payé cher plus tard par des revers de fortune et une grande solitude intime malgré leurs liens très forts et le silence qui faisait aussi partie de leurs échanges. Elles vivaient et étaient elles-mêmes dans ce microcosme en prenant bien soin de ne pas ressembler aux hommes et à tirer un trait qu'elles voulaient aussi définitif que possible sur leur vie d'avant comme en témoigne sans doute l'usage d'un pseudonyme. Scandaleuse, Colette l'avait été sur les scènes de music-hall ou de cabarets, comme elle l’a été ensuite dans ses choix matrimoniaux, ses amours saphiques et quasi incestueux ; elle se voulait indépendante dans ce chalet dédié aux femmes mais c'est un homme qu'elle attendait et qu'elle allait même rejoindre sur le front à Verdun, son mari Henry de Jouvenel. La guerre qui faisait rage obligea ces femmes à trouver des sources de revenu ce que chacune a fait, en se consacrant qui à l’écriture, qui au journalisme, qui au théâtre et au cinéma mais avec des fortunes diverses et à partir de 1916, le chalet ne sera plus pour chacune d’entre elles qu’un beau souvenir et le début d’une nouvelle vie faite de voyages, de liberté, d’aventures. La guerre a été une épreuve pour Colette qui retrouva Henry à la fin du conflit, mais cet homme volage lui échappait de plus en plus et, alors qu’elle aurait voulu lui appartenir et le garder pour elle, elle souhaitait en même temps une grande liberté pour elle-même. Elle craignait surtout la solitude, ce qui est paradoxale pour un écrivain qui en principe la cultive comme le terreau de l’écriture. Plus inattendu peut-être, pour faire échec à son isolement, elle alla même jusqu’à entretenir des relations amicales… avec les anciennes maîtresses successives de son mari ! Elle renoua avec les mondanités pour soutenir la carrière politique d’Henry et son appétit de vie l’a fait basculer dans des amours de contrebande que la morale bien souvent réprouva, surtout à cette époque. Colette connut des revers dans ces passades qu’elles auraient voulues pérennes, sa vie fut une longue recherche du bonheur émaillée de fuites, de passions, de ruptures, de trahisons, de renaissances, de divorces. A part Annie de Pène, fauchée par la grippe espagnole après la Grande Guerre, ces femmes, après cette parenthèse amicale commune, ont correspondu, se sont croisées, faisant en quelque sorte perdurer, malgré le temps, les liens tissés dans leur phalanstère. Colette reste un écrivain qui échappe aux étiquettes et ses romans se sont nourris de ses passions, de ses engagements personnels, de sa vie amoureuse par ce fameux effet miroir, cet aspect de l’écriture, à la fois prémonitoire et cathartique, cette alchimie mystérieuse et si profondément humaine qui font les bons auteurs.



De même qu'on ne s'improvise pas romancier, on n'écrit pas des biographies par hasard, surtout quand, on est un auteur de fiction du talent de Dominique Bona et il est sans doute dommage qu’elle ne se consacre plus au roman comme elle l’a fait au début de sa « carrière ». Dans son précédant ouvrage (« Mes vies secrètes ») elle a confié que le biographe s'efface volontairement derrière l'écrivain dont elle a choisi de parler, mais il m'a toujours semblé que, à travers un parcours qui n'est pas le sien, même si elle garde autour de sa personne un secret de bon aloi, elle évoquait, en creux, un peu de ses passions personnelles, de ses aspirations intimes. Cet ouvrage est évidemment fort bien écrit et passionnant comme elle en a habitué ses lecteurs et c'est devenu un lieu commun que de souligner autant la fluidité du style que la richesse et la précision documentaires, jusque dans le détail, d'une biographie écrite par l’académicienne. Elle est évidemment tenue par le déroulement des événements qu’elle évoque et qui rythment la vie des personnages qui sont l’objet de son étude mais elle ne se contente pas d'énoncer des faits, elle s'approprie la vie de ses sujets, tente de les comprendre, en excuse parfois les excès, en essayant de percer peut-être leurs secrets intimes mais elle respecte surtout ce que l'histoire ne révèle pas, en s'interdisant de fantasmer sur l'inconnu. Ici, elle nous fait partager l'univers de Colette, son amour de la liberté, son papier bleu, son encre couleur d'azur, ses mots profondément humains où les cinq sens sont sollicités qui nous transmettent son sourire, sa joie de vivre malgré les épreuves que la vie lui a envoyées.



©Hervé Gautier.http://hervegautier.e-monsite.com
Commenter  J’apprécie          140
Le manuscrit de Port-Ebène

Cette relecture m'a rafraîchi la mémoire, mais si l'intrigue n'était pas tout à fait celle dont je me rappelais, l'atmosphère, elle, était aussi envoutante que dans mes souvenirs. J'ai adoré le style de Dominique Bona : elle nous livre un récit passionnant qu'on dévore malgré les longues descriptions et l'absence presque totale de dialogues. Le texte est foisonnant, à l'image de Saint-Domingue et de sa nature exubérante où nous entraîne une héroïne éprise de liberté.



Le récit de la jeune femme envoyée à Saint-Domingue pour se marier est entrecoupé de chapitres consacrés à l'éditeur à qui on a confié ce manuscrit pour le publier. Le texte du XVIIIème fait écho à l'histoire personnelle de cet homme solitaire et c'est aussi une réflexion intéressante sur le métier d'éditeur et sur la place que les livres peuvent prendre.



Une très belle lecture qui fait voyager...
Lien : http://lecturesdestephanie.b..
Commenter  J’apprécie          140
Une vie de Gala

Très bonne découverte que cette biographie très complète et bien illustrée de la vie de Gala, femme à la personnalité très forte et qui a partagé la vie de Paul Eluard puis de Salvador Dali. Malgré une couverture pas très pimpante, ce livre raconte une vie trépidante notamment dans les annees 1920 et 1930 avec plein de rencontres au sein des mouvements dadaistes et surréalistes avec d'autres artistes comme André Breton, Louis Aragon ou encore Max Ernst. Au delà du récit de cette époque si forte artistiquement parlant, J'ai pu découvrir le tempérament d'une femme passionnee, amoureuse et dévouée à la carriere de ses deux maris mais qui a besoin de vivre a fond de s'éloigner parfois pour mieux revenir. Son emprise à été très forte sur Eluard puis Dali et les deux ont eu du mal à vivre sans elle.

Beaucoup de decouvertes pour moi et une biographie bien rythmée que je n'ai pas lâché! Un destin passionnant! Merci a la masse critique pour cette decouverte qui sort de mes lectures habituelles.
Commenter  J’apprécie          140
Les partisans : Kessel et Druon, une histoi..

Mon coeur s'est serré de rage lorsqu'en 2001, les talibans ont fait tomber les Bouddhas de Bâmiýam, érigés depuis près de deux siècles en Afghanistan, ce pays libre, fier, majestueux jusqu'à ce que la folie des hommes s'en empare.

Mon cœur s'est serré de larmes lorsqu'en 79 s'est éteint le lion Kessel, qu'enfant, je voulais immortel.

J'ignorais jusqu'à aujourd'hui que les deux étaient si intimement mêlés. Et voilà que mon cœur se serre à nouveau.

Je ferme le livre de Dominique Bona avec lenteur, rechignant à quitter ces hommes et femmes ayant fait de leur vie un mythe dans le siècle le plus bouleversé de l'histoire.

Bien sûr, Jef, Joseph Kessel, gueule de boxeur et silhouette de baroudeur, conteur infatigable, bateleur de nuits enivrées, cet amoureux de l'humanité jusqu'au-boutiste qui aura écrits les pages les plus merveilleuses qu'il m'ait été donné de lire.

Et puis Maurice, le neveu du premier, mondain jusqu'à la caricature mais prosateur de génie, que j'ai toujours pensé fourvoyé en politique, mais racheté par ses élans courageux dans les rangs de la France libre comme dans ceux de la francophonie.

Enfin, Germaine, du clan Sablon, dont la bravoure découverte en ces lignes ressuscite l'émotion jamais lassée à l'écoute du chant des partisans, hymne de la France libre refusant la barbarie.

Composé à trois mains, ce chant de Liberté leur doit tout.

Dominique Bona, en racontant les vies tumultueuses de ces personnalités, ouvre grand les portes de destinées si gigantesques qu'on peine à les absorber. Pêle-mêle s'y entremêlent La Grande Histoire, la Littérature, les paysages de terres lointaines, des amitiés fraternelles, la judaïté... On y croise autant de héros que de dibbouks, ces mauvais génies de la tradition yiddish qui ensemençaient de mélancolie les cœurs les plus trempés. Et s'invite l'âme slave, dans toute sa tragédie, belle à force de pleurer au son de violons Tziganes, chevillée à Kessel comme à Romain Gary, dans l'ombre tutélaire et composite de Tolstoï et Dostoïevski...

Un livre à chérir pour se remémorer ces géants, peut-être en fredonnant tout bas "Ami, entends tu... Sifflez, compagnons, dans la nuit la Liberté nous écoute. "
Commenter  J’apprécie          132
Berthe Morisot : Le Secret de la femme en n..

J'ai découvert ce roman par hasard parce que j'aime la peinture impressioniste simplement. Mais quelle surprise non seulement j'ai adoré ce roman et j'ai pu découvrir Dominique Bonna

mais surtout j'ai pu découvrir l'oeuvre de Berthe Morisot. J'ai eu l'immense chance de voir une exposition de Berthe Morisot au Musée d'Orsay à Paris. Je n'oublierais jamais la foule tout au bonheur de contempler ces magnifiques tableaux. La douceur des sujets, les couleurs restées intactes. Personne ne voulait partir. Les gardiens du musée ont été obligés de nous pousser dehors pour faire circuler la foule tellement émerveillés de ce que l'on voyait.

Le seul bémol : le décès de Berthe Morisot. J'ai versé des larmes de savoir que sa fille allait se retrouver seule à 14 ans orpheline sans parents proches. Je ne sais pas pourquoi mais j'ai vraiment eu de la compassion et du chagrin. Orpheline au début du siècle sans les recours que nous avons de nos jours. Mais Julie Manet a réussi à s'en sortir et a vécu jusqu'à un âge avancé. Tant mieux pour cette famille que j'adore et pour cette grande peintre. Fan de Berthe Morisot. 💕
Commenter  J’apprécie          132
Berthe Morisot : Le Secret de la femme en n..

Portrait du peintre Berthe Morisot, rare peintre féminin. Née dans un milieu ouvert, elle a pu continuer à peindre après son mariage tardif (33 ans pour l'époque) avec le frère de son ami Manet. Rares étaient les femmes qui le pouvaient puisqu'elles devaient se consacrer comme une de ses soeurs à leur époux et leurs enfants. Les jeunes filles des milieux aisés apprenaient la peinture mais cela devait demeurer un art d'agrément.

Contrairement à ses collègues masculins, elle n'a jamais possédé d'atelier, ce qui aurait été inconvenant, mais elle peignait dans le salon de ses parents puis dans celui de son domicile.

Une femme au caractère anxieux, ombrageux mais passionnée, lettrée. Nous découvrons de nombreux artistes impressionnistes, des écrivains, Mallarmé en particulier qui fut le tuteur de Julie la fille unique de Berthe à la mort de ses parents. Plongée dans le monde mondain, politique ou artistique des années 1870-1880.
Commenter  J’apprécie          130
Les partisans : Kessel et Druon, une histoi..

Trois figures de la scène littéraire et artistique de la seconde moitié du XXème siècle : Joseph Kessel, Maurice Druon son neveu et Germaine Sablon, la chanteuse célèbre, maîtresse de Kessel.

Un récit croisé qui me rappelle la vie de mes parents. Trois évadés de France qui rejoignent le général De Gaulle, les bisbilles avec le falot Giraud à Alger, la campagne d'Italie et la remontée de la division blindée jusqu'en Alsace …



Et puis, tous mes souvenirs devant la télévision que mes parents avaient achetée dès 1948 : les chansons du crooner Jean Sablon, frère de Germaine, les Compagnons de la Chanson, Suzy Solidor, Georges Guétary et sa manie de jouer au tennis en tenue d'Adam dans sa villa de Cannes …



Maurice Druon est le neveu de Joseph Kessel : c'est l'enfant jamais reconnu de son jeune frère Lazare qui s'est suicidé avant sa naissance. Ils ont vingt ans d'écart, et seront tous les deux élus à l'Académie française, aucun n'aura d'enfant.



Kessel est une force de la nature, un journaliste prolifique, courant au-delà de tous les dangers, travailleur acharné, amant polygame, buveur de choc … de lui je n'ai encore rien lu, mais j'ai adoré le film de Luis Buñuel tiré de son roman « Belle de jour », publié en 1928.



En revanche, j'ai dévoré l'essentiel de l'oeuvre de Maurice Druon : Les grandes familles, Les rois maudits (au moins deux fois), Alexandre le Grand, Tistou les pouces verts. Je me souviens de lui en tant que ministre de la Culture, j'ignorais tout de sa vie privée mouvementée.



Cette biographie à trois voix balaye l'ensemble de la vie politique de cette époque troublée : la Résistance, la guerre d'Algérie, la naissance d'Israël, les petites haines politiques des partis et la haine contre De Gaulle (déjà !), mai 68 (j'ai toujours dans ma bibliothèque l'ouvrage d'Arthur Conte, père de Dominique Bona), l'ambiance délétère où l'on trouvait affrontés deux camps : ceux qui avaient choisi à temps la France Libre, et les fidèles du Maréchal … de tous ces hommes politiques, je me souviens très précisément.



Cette triple biographie se lit comme un roman policier. La création du Chant des Partisans en sert de prétexte – mais on cite aussi la Complainte du partisan, composée par Anna Marly et dont le texte est dû à Emmanuel d'Astier – des musiques qui ont marqué ma jeunesse.



C'est le parcours de trois êtres exceptionnels, où les femmes – en particulier le courage de Germaine Sablon comme conductrice d'ambulance et aide infirmière sur les champs de bataille tout comme ma belle-mère adoptive Jacqueline Briot (elle aussi infirmière Croix-Rouge) dans l'armée de Lattre. Des héros de guerre que l'on a oublié …



Une conclusion s'impose : je vais lire quelques romans de Joseph Kessel, et relire pour la troisième fois la série des 7 épisodes des Rois Maudits, réédités en version compacte et intégrale !



Une dernière réflexion, qui m'est toute personnelle : essayons d'imaginer quelle pauvreté de culture - littéraire, musicale, cinématographique, picturale, philosophique, médicale, entrepreneuriale - nous subirions si la France n'avait pas accueilli, reconnu et intégré ces fugitifs devant la barbarie totalitaire ... celle des années 40 et d'aujourd'hui.
Lien : http://www.bigmammy.fr/archi..
Commenter  J’apprécie          120
Romain Gary

Romain Gary est un de mes auteurs préférés : il arrive parfois à me faire rire et pleurer dans le même paragraphe.

Pourtant en dehors de sa jeunesse (qu’il romance dans la promesse de l’aube) et du « canular » d’Emile Ajar, je ne savais quasiment rien de sa vie.

Dominique Bona a choisi de parcourir celle ci en mettant en parallèle vie et oeuvre.

C’est à la fois érudit et facile à lire, agrémenté de citations de Gary remises dans leur contexte.



J’ai maintenant une PAL qui s’est alourdie de plusieurs livres, ravie de tout ce qui me reste à découvrir…. et triste qu’il ait choisi de mettre fin à sa vie : il avait certainement encore d’autres pépites à écrire….
Commenter  J’apprécie          122
Divine Jacqueline

J'apprécie Dominique Bona : j'ai adoré ses romans consacré à Berthe Morisot, Colette et les siennes, Camille et Paul : la passion Claudel.

Et comme je suis une grande fille futile (oui, j'ai une grande passion pour les fameux cygnes de Truman Capote et je voudrais être aussi gracieuse qu'Audrey Hepburn dans "Breakfast at Tiffany's", j'ai flashé sur son dernier roman "Divine Jacqueline" qui nous raconte l'histoire de la comtesse de Ribes qui fit partie de la High Society et posséda un temps une maison de couture dont les lignes épurées et un sens de la mode firent le succès.

Et pour une fois, j'ai eu du mal, non pas sur le texte, impeccable, vivant et tout en distance (voire même caustique parfois, j'ai aimé) de l'auteur, mais sur cette vie d'une femme qui s'est contentée de naître, d'être belle et d'avoir un nom à particule. Elle a épousé un homme avec une particule lui aussi et elle a fait partie de ce qu'on pourrait appeler la jet set, une vie faite de fêtes régulières, au planning surchargé par des mondanités saupoudrées d'un peu de bonnes oeuvres ... Une femme qui même si elle ne fut pas élevée par sa mère et son père, trop occupés à tenir leur rang dans la société, reproduisit le même schéma avec ses enfants. Une femme qui eut la chance d'avoir un mari et des amis, tous riches, et qui put ainsi ouvrir sa propre maison de couture au lieu de (c'est atroce ...) se contenter de mettre des vêtements de chez St Laurent, Dior et autre.

Ceci étant, c'est un joli voyage que de suivre les pérégrinations de la comtesse de Ribes entre luxe, calme et volupté. On voyage beaucoup, on fait du sport, on a une maison à Ibiza avant tout le monde, on est "à tu et à toi" avec "les heureux du monde" (The house of Mirth) que décrivait Edith Wharton dans son roman avec une plume incisive, par le biais du portrait de Lili Bart.

Pour une fois, je ne rejoins pas l'auteur D. Bona : elle donne sens à cette biographie en expliquant et, c'est très intéressant, que Jacqueline de Ribes a fait d'elle même une oeuvre d'art comme Marina Abramović utilise le sien dans le cadre de ses "performances". Je n'ai pas retrouvé dans la vie de J. de Ribes, la recherche et le questionnement d'Abramović, par rapport à l'art. Je ne voudrais pas manquer de respect ni à Mme de Ribes, ni à D. Bona : J. de Ribes est maintenant une dame âgée qui a a les problèmes de santé en conséquence. Nul doute qu'elle est parfaitement suivie, soignée par les meilleurs médecins ou que son grand âge est fort paisible et bien entouré. On est loin des femmes qui survivent dans des pays en guerre, élèvent seules leurs enfants, traversent des pays dans des conditions terribles pour sauver leur famille sans savoir de quoi demain sera fait, juste qu'il ne sera pas pire qu'hier ou même des personnes âgées qui n'en finissent pas de mourir dans des maisons de retraite, en proie aux tourments de la démence sénile ou d'une autre maladie dégénérative incurable.
Commenter  J’apprécie          120
Berthe Morisot : Le Secret de la femme en n..

Au 19e siècle Berthe Morisot est une des rares femmes artistes peintres à avoir réussi à faire carrière, à être acceptée à part entière en tant qu'artiste par ses confrères peintres et par la critique. Elle fut aussi un modèle très apprécié par les plus grands peintres (Degas, Edouard Manet -dont elle épousera le frère, Renoir, etc), et aura "un sentiment" pour Puvis de Chavannes. Mais avant d'en arriver là que d'obstacles ! Dans sa famille d'abord : grâce à cette excellente biographie je découvre qu'elle n'était pas la seule dans sa famille, pourtant très bourgeoise et conventionnelle, à être douée pour la peinture. Edma, l'aînée d'un an, était aussi une artiste peintre au talent prometteur. Mais, époque oblige, elle renonça à épanouir ses talents artistiques pour se consacrer à sa vie d'épouse et mère. Berthe la provinciale, au contraire, malgré tous les obstacles, s'obstinera, et s'épanouira à la fois comme artiste peintre, comme épouse puis, plus tard, comme mère de la petite Julie.



La biographie très érudite de Dominique Bona se lit comme un très bon roman. Entrent et sortent des personnes, artistes ou familiers, connus ou inconnus, dans l'intérieur bourgeois des parents Morisot, ou dans l'atelier caché de Berthe. Berthe fortifie son caractère, son style, sa peinture. Elle surmonte l'adversité, les préjugés. Elle est admise comme égale parmi les plus grands peintres de son temps. Elle garde cependant son secret. le mystère de la dame en noir.


Lien : https://www.amazon.fr/LArtil..
Commenter  J’apprécie          125
Mes vies secrètes

Attention, INTENSE coup de coeur !



J’ai lu le livre de Dominique Bona début janvier. J’ai tellement adoré qu’il m’a été dur d’en parler de suite, de résumer la richesse de ce trésor en une chronique succincte. Mais aujourd’hui, je me lance. Ce serait terrible de ne pas évoquer une de mes plus fabuleuses joies livresques de ce début d’année.

.

Dominique Bona est biographe. Dans Mes Vies Secrètes, elle raconte les coulisses de ses enquêtes sur Romain Gary, Berthe Morisot, Gala Dali, Stefan Zweig, Camille Claudel, Colette, et beaucoup d’autres. Sous la forme d’un récit intime, elle évoque les rencontres, coups de foudre et hasards qui l’ont conduite vers ces figures tutélaires, et qui ont construit sa véritable identité.

.

Ce livre est une mine d’anecdotes historiques, de bons mots, de mille petits faits frappants ou émouvants qui sont un véritable délice. Ils font revivre les protagonistes de l’histoire artistique dans des portraits plus vrais que nature :

.

“Quand [Berthe Morisot] mourut à l’âge de cinquante-cinq ans, Renoir qui peignait aux côtés de Cezanne, en Provence, se précipita à la gare, oubliant canne et chapeau : il tenait à être à son enterrement. Il eut ce mot, devant sa tombe : “je suis seul, dans un désert”.”

.

Dominique Bona met à jour les réseaux souterrains, les filiations inattendues pour dresser par touches successives à la manière d’un impressionniste, un tableau qui livre la vraie couleur de la vie intellectuelle des 19e et 20e siècles..

.

“Les hasards de la vie [...] ont réuni par devers moi les personnages de mes livres. Sans que je l’ai voulu ou programmé, sans même que je l’aie souhaité, comme pour mieux illustrer et confirmer d’occultes pouvoirs, ils ont fini par former une chaîne et se donner la main.”

.

Nous sommes fait des autres. Avec ces vies qu’elle a aimées et poursuivies, elle a construit les briques de sa propre maison, et élargi son territoire.

.

“A force de chercher une maison partout, en France et dans le monde, et de ne l’avoir jamais trouvée, ce qui est un de mes rêves inassouvis, j’ai fini par adopter celles des personnages dont je racontais la vie. Ils m’ouvraient la porte et me laissaient les clefs.”



A lire d’urgence.
Commenter  J’apprécie          123
Stefan Zweig

Après avoir terminé la lecture de ce livre passionnant, la première réflexion qui m'est venue à l'esprit est celle-ci "Dominique Bona est devenu Stefan Zweig". Elle est tellement imprégnée de son sujet qu'elle sait nous faire vivre auprès de Stefan Zweig. Elle n'a rien laissé au hasard. J'aime les biographies mais je suis souvent déçue, soit le texte est soporifique, soit il est destiné à des initiés mais celle-ci est tellement vivante tout en étant extrêmement authentique, c'est un moment délicieux et extrêmement captivant.

Commenter  J’apprécie          121
Deux soeurs: Yvonne et Christine Rouart, le..

N°823 – Novembre 2014.



DEUX SŒURS – Dominique Bona - GRASSET



Dominique Bona renoue une nouvelle fois avec sa passion de la biographie et de la peinture. Elle nous avait déjà passionnés avec la vie de Berthe Morisot (La Feuille Volante n°677), elle nous invite ici à découvrir celle d'Yvonne et de Christine Rouart nées toutes les deux Lerolle. Elles épouseront deux frères Rouart, Eugène et Louis, les fils d'une famille voisine et amie.

On connaît les deux jeunes filles grâce à Renoir qui les a peintes (« Christine et Yvonne Lerolle au piano » - musée de l'Orangerie) Ce tableau donne à penser qu'elles connaissent le bonheur bourgeois à travers l'art de la musique et de la peinture. Leur père, Henry était en effet peintre d'inspiration symboliste, collectionneur avisé, découvreur de talents, ami d'artistes comme Debussy, Renoir , Pierre Louÿs ou Degas. C'est donc dans ce creuset culturel et familial qu'elles grandissent. Elles deviendront des icônes de l'Impressionnisme.



Elles entrent par leur mariage dans le clan Rouart, leur beau-père Henri est capitaine d'industrie, inventeur scientifique de talent mais aussi riche collectionneur de tableaux, ami des artistes et peintre impressionniste lui-même. Il manque à cela sûrement la présence d'une femme puisqu'il est assez rapidement veuf ce qui donnera à cette famille ainsi tronquée un aspect un peu austère. Ces deux familles appartiennent donc à « la bourgeoisie éclairée par l'art ». Pour Christine et Yvonne, le bonheur de leur enfance semble vouloir se prolonger dans leur mariage respectif. Cependant, ces deux fils qui vont devenir leur mari ne sont pas à l'image de leurs parents, versés dans l'art. Ils sont impétueux, colériques, invivables. Ces deux sœurs qui se portent un amour authentiques vont ainsi être séparées, l'une restera à Paris, l'autre partira pour la région toulousaine et leur destin basculera, jusqu'à la tragédie.  Ce n'est en effet pas simple pour les deux fils Rouart de suivre les traces de leur illustre père. Eugène, le mari d'Yvonne est un personnage trouble, instable, fragile, indécis, un écrivain raté, quant à Louis, sa passion pour les jolies femmes et pour le vin de Bourgogne sonnera le glas de cette union.



Dominique Bona sait raconter dans les moindres détails les différents moments privilégiés qui émaillent la vie de ces jeunes filles. On imagine le travail d'archiviste qui a dû être le sien pour rendre l'ambiance qui régnait au sein de ces familles, au point que le lecteur à l’impression d'en être le témoin privilégié. Comme toujours sa plume est alerte, précise et poétique. Ici elle choisit de nous révéler les talents différents de deux peintres(Henry Lerolle et Henri Rouart) dont le mémoire collective n'a pas vraiment retenu le nom dans le foisonnement créatif de leur époque. Elle le fait, à travers la présence discrète de ces deux sœurs à qui tout aurait pu sourire mais dont le destin a basculé. Avoir tout pour être heureux et finalement ne pas pouvoir l'être est souvent une caractéristique de la condition humaine. L'auteure nous fait pénétrer dans l'intimité de ces deux familles en n'omettant rien de ce qui fait leur originalité, leurs arcs en ciel comme leurs orages, notant avec la précision d'un scribe l’histoire intime de chacun, en société comme dans le huis-clos du foyer. Lire un de ses livres est non seulement une occasion d'en apprendre davantage sur le sujet proposé mais aussi de partager un style fort agréable. Je note d’ailleurs qu'elle a pris la précaution de joindre des arbres généalogiques et une galerie de personnages pour que son lecteur s'y retrouve dans ces filiations, ces alliances et ces amitiés parfois sulfureuses.



L'auteure, récemment élue à l'Académie française (La feuille Volante n° 644), après avoir écrit dans le domaine de la fiction romanesque semble orienter ses travaux en direction des biographies mouvementées. Les vies d'artistes qu’elle nous propose sont à chaque fois une découverte et une invite à en connaître davantage. En ce qui me concerne, c'est toujours, et depuis longtemps, un bon moment de lecture.



©Hervé GAUTIER – Octobre 2014 - http://hervegautier.e-monsite.com
Lien : http://hervegautier.e-monsit..
Commenter  J’apprécie          120




Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Dominique Bona (1969)Voir plus

Quiz Voir plus

Quand les enquêteurs parlent...

— Il s’en est fallu d’un cheveu ! Sans son regard rapide, sans ses yeux de lynx, XXX XXXX, en ce moment, ne serait peut-être plus de ce monde ! Quel désastre pour l’humanité ! Sans parler de vous, Hastings ! Qu’auriez-vous fait sans moi dans la vie, mon pauvre ami ? Je vous félicite de m’avoir encore à vos côtés ! Vous-même d’ailleurs, auriez pu être tué. Mais cela, au moins, ce ne serait pas un deuil national ! Héros de Agatha Christie

Arsène Lupin
Hercule Poirot
Rouletabille
Sherlock Holmes

13 questions
157 lecteurs ont répondu
Thèmes : romans policiers et polars , humour , enquêteursCréer un quiz sur cet auteur

{* *}