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Critiques de Dominique Bona (358)
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Colette et les siennes

Colette et ses petites chéries, un quatuor "chamarré" de drôles de dames émancipées, corset ignoré, chevilles dégagées (et plus si nécessaire, en cabaret et soirée privée) , en cocooning dans un vieux chalet à Passy, vont devoir, le temps d'une guerre, en fonction des impératifs conjoncturels, des engagements personnels, s'éloigner des frivolités et joyeusetés habituelles, se séparer, se disperser.



Une bio très élargie, tout un défilé de gens singuliers. J'ai aimé vagabonder dans ce milieu libre et libertin ( bien loin du mien !) . Je me suis un peu perdue dans l'univers un peu trop détaillé du cinéma muet, et de sa tête d'affiche, la troublante et "vampirisante" Musidora. J' ai apprécié approcher Annie de Pène, journaliste zélée, qui, tout près du danger, dans les tranchées, témoignera, et, de la grippe espagnole, succombera. Marguerite Moreno, quant à elle, tragédienne, la "muse des surréalistes", apportant son aide comme infirmière, aura bien du mal, suite à la fermeture des théâtres, à rebondir dans le 7ème art.

Colette, enfin, bravant les interdits, , rejoindra son Jouvenel à Verdun (pas loin du front) et en Italie, tout en chroniquant dans le "Matin".



Une bio si fournie qu'elle m'en a presque donné le tournis ! Etourdie, au sortir de ma lecture, de tout ce savoir englouti !
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Berthe Morisot : Le Secret de la femme en n..

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Mon ami, Henri Fantin-Latour, un des copistes du Louvre, me présenta Edouard Manet un jour de l'hiver 1868 alors que j'étais occupée à peindre dans la Galerie Médicis au Louvre les formes sensuelles des robustes flamandes figurant au premier plan du « Débarquement de Marie Médicis à Marseille » de Rubens. J'avais déjà 27 ans et la peinture était ma vie depuis une petite dizaine d'années. Je peignais des paysages sous les conseils du maître Camille Corot. Mon admission pour la première fois au Salon officiel de1864 avec deux paysages des bords de l'Oise fut un grand jour pour moi.



Troublée par le charme qui se dégageait du dandy Edouard Manet j'avais écouté révérencieusement ses quelques conseils distraits de maître à élève. Je n'arrivais pas à croire que j'avais devant moi le peintre qui révolutionnait régulièrement le Salon depuis ses scandaleux « Déjeuner sur l'herbe » et « Olympia ». « Il faudra que l'on se revoie mademoiselle » m'avait-il dit avant de repartir d'un pas rapide. Edouard Manet n'avait pas été sans remarquer le charme de la jeune femme, son regard sombre et son teint pâle qui s'accorderait si bien avec sa couleur préférée : le noir.



Rapidement, Edouard me demanda de poser pour lui. L'année suivante, en 1869, il m'installa au premier plan du « Balcon » engoncée dans une robe en mousseline blanche, le regard perdu dans une rêverie intérieure. J'allais devenir son modèle préféré. Il m'appelait « la beauté du diable » et me peignait constamment, trouvant toujours de nouveaux angles pour me croquer : allongée sur un canapé, en tenue de soirée noire, le visage caché par un éventail ou une voilette… Mon tableau préféré, et le plus beau qu'il ait fait de moi « Portrait de Berthe Morisot au bouquet de violettes », était un chef-d'oeuvre à mes yeux : dans un contre-jour, quelques mèches de cheveux fous sous un chapeau noir, une expression lointaine se découpant entre ombre et lumière. Un bouquet de violette accroché à mon corsage se perdait dans le noir de la robe. Les noirs de Manet… Des noirs puissants comme ceux de Vélasquez et Goya…

Je prenais du plaisir dans notre intimité amicale avec Edouard qui m'inspirait une grande affection. Je l'admirais. J'aimais mes longues séances de pose en tête à tête avec lui et les odeurs de peinture de son atelier se mêlant aux parfums d'autres femmes venant poser pour ce grand séducteur.



Le vrai début de ma carrière commença l'année 1874 où Edouard me peignit pour la dernière fois avec un éventail et une alliance au doigt. J'étais devenue sa belle-soeur par mon mariage avec son frère Eugène Manet. Au printemps j'avais participé à la première exposition du groupe des futurs impressionnistes chez Nadar à Paris. J'étais la seule femme et tous ces hommes m'intimidaient. Ils me respectaient comme peintre car nous parlions le même langage. Ils étaient l'avenir de la peinture : Monet, Pissarro, Sisley, Degas, Renoir, Cézanne, Guillaumin.

Une charmante toile de Claude Monet avec un gros soleil rouge s'infiltrant au milieu des brumes et se reflétant dans l'eau fut appelée par Monet « Impression, soleil levant ». Un critique se moqua et titra « L'exposition des impressionnistes ». Nous étions catalogués : « impressionnistes ». Mon « Berceau » fut remarqué.

Malgré mon indépendance, je serai de toutes les expositions du groupe des impressionnistes jusqu'à la dernière en 1886. Ma palette s'éclaircissait, mes toiles présentaient une impression d'inachevé. Je réalisais l'oeuvre nouvelle et singulière que j'avais toujours souhaité obtenir.



Berthe Morisot était une passionnée et son art lui interdisait toute facilité. Dès le début des années 1880, elle recevra les éloges des critiques et amateurs influents qui reconnaitront son originalité : « son pinceau effleure la toile de traits vifs, spontanés ». « Elle est l'impressionnisme par excellence … disaient certains. Son ami Stéphane Mallarmé lui fit ce beau compliment : « C'est peut-être la plus délicate des peintres impressionnistes ».

Installés au milieu de ses amis peintres, elle apportait une touche de charme, de distinction qui faisait son originalité. Dans son « Salon » de 1877, la vision d'Emile Zola était la bonne : « Ils peignent le plein air, révolution dont les conséquences seront immenses. Ils ont des colorations blondes, une harmonie de tons extraordinaires, une originalité d'aspect très grand. D'ailleurs, ils ont chacun un tempérament très différent et très accentué. »

Jusqu'à son décès en 1895, à seulement 54 ans, la vie de Berthe s'écoulera lentement, heureuse, entre ses trois amours : la peinture, son mari Eugène Manet et la petite Julie, sa fille, qu'elle ne cessait de peindre.



J'ai lu l'excellent livre de l'académicienne Dominique Bona comme un roman. Celui-ci m'a inspiré cette présentation sur le ton de la fiction.

Le secret de la femme en noir Berthe Morisot, celui de cette femme peintre d'un immense talent, ne serait-il pas la modeste ambition de sa vie d'artiste : « Fixer quelque chose de ce qui passe ».

Il s'agit de la meilleure des biographies sur Berthe Morisot qui recevra en 2000 le Goncourt de la biographie.



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Lien : http://www.httpsilartetaitco..
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Les partisans : Kessel et Druon, une histoi..

Dominique Bona, historienne, membre de l’Académie française, connue pour plusieurs de ses biographies sur des personnalités du 20e siècle, a consacré sa dernière œuvre à un oncle et son neveu, ayant tous deux également été membres de l’Académie française, dans Les partisans, Kessel et Druon, une histoire de famille.



Cette biographie s’attache aux deux hommes, Joseph Kessel, l’oncle, journaliste et écrivain aventurier, et Maurice Druon, son neveu, plus sédentaire, qui sera un temps ministre des Affaires culturelles sous la présidence de Georges Pompidou, mais également à Germaine Sablon, sœur de Jean Sablon, chanteuse et longtemps compagne de Joseph Kessel.



Le titre, Les partisans, fait référence au Chant des partisans, l’hymne de la Résistance française durant l’occupation par l’Allemagne nazie, dont les paroles ont été écrites par Joseph Kessel et Maurice Druon, sur une musique composée par Anna Marly à partir d’un air russe, et interprété pour la première fois par Germaine Sablon.



Le livre débute le 23 décembre 1942, date à laquelle Joseph Kessel, soumis aux lois antisémites, part, accompagné de Maurice Druon et Germaine Sablon, de Collioure pour l’Espagne afin de rejoindre l’Angleterre et la France Libre.



Deux parties se distinguent. La première se déroule pendant la deuxième guerre mondiale avec des retours en arrière sur l’enfance et la jeunesse des trois protagonistes. La deuxième relate la vie de Joseph Kessel et de Maurice Druon, après la guerre et jusqu’à leur mort, dans leurs succès publics, leurs épreuves privées et leur lien filial.



La structure de la première partie m’a paru plus difficile à suivre en étant moins chronologique et en entremêlant les trois destins, avec l’impression d’un attachement particulier de l’autrice à Germaine Sablon, femme engagée, au cœur de l’action dans ses fonctions d’ambulancière. Elle apporte néanmoins de nombreux détails pour une bonne compréhension de l’engagement dans les Forces Françaises Libres (FFL).



Je ne m’attendais pas aux développements de la deuxième partie au regard du titre de l’œuvre et de sa quatrième de couverture (même si une phrase mentionne effectivement Le lion et Les cavaliers de Joseph Kessel ainsi que Les Rois maudits de Maurice Druon). J’ai trouvé très instructif et plus facile à mémoriser cette progression chronologique, montrant à chaque fois les similitudes et différences entre les deux hommes et donnant un éclairage captivant sur leur bibliographie.



Pour résumer, c’est une biographie croisée, passionnante, avec de nombreuses ramifications. Elle plaira à mon sens à ceux qui veulent en savoir plus sur la France Libre et sur ces deux écrivains qui ont marqué leur siècle. Le changement de traitement entre les deux parties peut étonner, mais permet finalement de redonner un nouveau souffle, ce qui peut être nécessaire dans une biographie de plus de cinq cents pages. Une très belle découverte !



Je remercie Babelio et les éditions Gallimard pour cet envoi dans le cadre d’une masse critique privilégiée.





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Romain Gary

Quel personnage complexe que ce Roman Kacew, rebaptisé Romain Gary, remarquablement évoqué par Dominique Bona.

Est-ce parce qu'il fut encensé par une mère adorante, que le jeune homme, lors des quatre années qu'il passa en Angleterre au sein de la Royal Air force, combattant sur plusieurs fronts de 1940 à 1944, se montra plein de morgue, poseur, cabotin, toujours prêt à la contestation et en outre indifférent à ses camarades ?

Mais qui dès 1944, put enfin se livrer tout entier à un rôle très différent, celui d'écrivain et bien sûr, de son point de vue, écrivain à succès !



A la fois loup solitaire, pour qui écrire est une nécessité vitale à laquelle il se livre quasi quotidiennement, et personnage magnifique, hâbleur, fantasque, exubérant, pratiquant le culte de l'apparence, soit fastueuse et grandiloquente avec chemises en soie et bagues voyantes, soit dans le style babacool, ou encore desperado avec sombrero et barbe hirsute, Romain Gary fascine, ou énerve, on l'adore ou on le déteste, c'est selon ...



Mais sous ses dehors séducteurs c'est aussi un être profondément pessimiste et sceptique, rêveur et idéaliste, angoissé et fragile, pour qui, seul l'homme, c'est à dire l'être humain sans distinction de différences de sexe ou de peau, vaut la peine d'un combat.



Romain Gary a judicieusement choisi son nom de plume. Roman est logiquement devenu Romain. Quant à Gary, le jeune homme qu'il était lors de cette renaissance s'est cherché un patronyme correspondant à sa nature profonde. En effet, Gary signifie "brûle" à l'impératif en russe. Ce jeune homme ardent et passionné a donc très bien su choisir ce nom qu'il a en effet remarquablement illustré.

Il en va de même lors de la mystification Ajar, ce pseudonyme qui, clin d'oeil de Gary signifie "braise" et qui va, à son corps défendant, l'entraîner beaucoup plus loin qu'il ne l'aurait souhaité !



Résistant et Compagnon de la Libération, apolitique mais sincère admirateur du général de Gaulle, diplomate, passionnément attaché à la construction de l'Europe, rôle dont il se lassera comme il fera de tous les postes diplomatiques qu'il va occuper, scénariste, mais avant tout écrivain et encore écrivain ....



Dans ses vagabondages à travers le monde, il ne s'intéresse ni à la culture ni aux monuments, mais il cherche uniquement à se délivrer de lui-même, car, seuls comptent pour lui le départ, les aventures et la recherche d'identités nouvelles qu'il fera vivre à travers un livre.



Il exprimera avec humour sa peur du temps qui passe et de la vieillesse dans un de ses derniers ouvrages "la nuit sera calme"

"la mort ? Très surfait, on devrait essayer de trouver autre chose."

Et s'il n'a pas trouvé autre chose, il a, du moins, choisi sa manière de disparaître en laissant à la postérité une oeuvre riche et remarquable, dont le sens pour lui se concentre entièrement dans cet extrait de "la promesse de l'aube" :

"Avec l'amour d'une mère, la vie vous fait à l'aube une promesse qu'elle ne tient jamais".

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Mes vies secrètes

"Pourquoi s'intéresser à la vie des autres, plutôt qu'à la sienne ? Et pourquoi vivre par procuration des vies qui, pour être multiples, fascinantes, passionnées et passionnantes, ne sont pourtant pas la mienne. (p19)"



Mes vies secrètes est la réponse à cette question : un récit autobiographique d'une biographe. Le concept est original et m'avait séduit lors de sa sortie et sachant qu'elle avait "fréquenté" des auteur(e)s, artistes, peintres, sculptrice très intimement pour écrire ses biographies et comme c'est un thème, savoir qui se cache sous une plume, un pinceau, cela ne pouvait que m'intéresser.



Et tout commence par Romain Gary, l'Enchanteur, quel beau surnom pour un écrivain qui gardera toujours une part de mystère mais à qui elle voue un amour et une admiration infinis. Et puis elle navigue entre Manet, Camille Claudel, Colette,  Paul Valéry, Berthe Morisot, Stefan Zweig, Malraux à travers Clara , Dali et Gala, André Maurois et ce n'est là qu'un petit échantillon des vies qu'elle a explorées. Hommes et femmes habitent sa mémoire parce que certains hommes ont souvent une femme auprès d'eux qui a joué un rôle prépondérant dans leur carrière, et que certaines femmes ont su se faire une place dans un milieu masculin.



Elle évoque bien sûr ces vies célèbres et lève le voile sur non seulement son de travail de biographe, l'exigence qu'elle en a, par exemple de ne jamais inventer un détail qui transformerait la biographie en biographie romancée, de ses  recherches, rencontres, voyages sur les lieux et dans les maisons où vivaient ces sujets d'études pour conclure sur ce qu'est pour elle un travail de biographe



"Les biographies d'écrivains savent considérer la part de la nuit et c'est pourquoi je les aime, tandis que les biographies romancées, qui dénaturent les deux genres en tâchant de les associer, y entrent de plain-pied, avec une grosse lampe torche, et n'éclairent que les murs vides de leurs propres romances. (p326)"



mais c'est sa manière de lever le voile sur sa propre vie, ses rencontres (je pense à la famille Rouart en particulier qui est une mine de documents et possessions) qui lui ont permis de mener à bien son travail.  Cette femme discrète et trop timide, membre de l'Académie Française, préfère emprunter ces chemins détournés pour finalement parler d'elle sans le faire, pour n'apparaître qu'à travers ceux qu'elle aime et admire, se révéler à travers ceux qui ont peuplé sa vie, ses écrits et ne connaît d'autre moyen qu'à nouveau parler d'eux pour en dire plus sur elle.



Cela se lit comme un roman ou des petites tranches de vies, d'autant plus lorsqu'on est passionné par la littérature ou les arts. J'ai aimé retrouver Romain Gary et ses errances, Camille Claudel (une idole pour moi) et les questionnements de Dominique Bona pour la part d'ombre dans sa relation avec Rodin, Debussy, Paul (son frère) et la misère de la fin de vie mais ressentir également tout l'attachement qu'éprouve l'auteure vis-à-vis de Colette dont elle se sent très proche.



Comme elle le fait très justement remarquer en fin d'ouvrage, j'ai été particulièrement frappée que finalement beaucoup de personnages, de destins se croisaient et se recroisaient dans son œuvre sans qu'elle en est forcément conscience au début. C'est comme une pelote de vies fil qui se déroule et qui devient un tissu où les existences s'enchevêtrent et rebondissent entre elles, comme des coïncidences qui n'en sont finalement pas, grâce aux liaisons amoureuses, conjugales, amicales et artistiques.



J'ai aimé ses confidences, ses ressentis, ses interrogations parfois quand les réponses n'existaient pas, les visites dans les "maisons fugitives" si importantes pour connaître une personne, s'en imprégner (je confirme), sa narration légère de ce qui pourrait être ennuyeux, rebondissant d'un personnage à une rencontre, d'un événement à un autre.



D'autres vies que la mienne pour vous parler de moi, la biographe, et l'on ressent toute l'exigence qu'elle insuffle à son travail, n'hésitant pas à consulter des montagnes de documents, à se rendre sur les lieux pour s'imprégner de celles-ci mais également des fantômes de ceux qui y ont vécu, qui s'y sont aimés ou affrontés et ces vies sont finalement devenues sa vie, ses Vies secrètes.



J'ai beaucoup aimé et j'ai très envie de découvrir son Romain Gary.
Lien : https://mumudanslebocage.wor..
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Colette et les siennes

Après avoir lu -et apprécié- la biographie de Berthe Morisot par Dominique Bona, j'ai entamé la lecture de celle de Colette.

J'y ai retrouvé les textes ciselés de cette auteure servis par un travail considérable de recherche et de documentation.

Le choix de Dominique Bona est ici de nous présenter Colette, femme de lettres et artiste à la réputation sulfureuse, à travers les rapports étroits qu'elle entretint durant la première guerre mondiale avec 3 femmes : Marguerite Moreno, Annie de Pène et Jeanne Roques dite Musidora.

Laissées seules par les hommes partis au front, ces trois artistes se retrouvent dans le chalet de la rue Cortambert, dans le XVIème arrondissement de Paris et partagent une vie entre liberté et mélancolie de la solitude.

Elles goûtent un style de vie en rapport avec leur personnalité, indépendantes et libres, où l'amour occupe une place prépondérante.

Des origines de chacune à leur vie commune en passant par leurs relations et leurs dissensions, Dominique Bona nous invite ici à une immersion dans le Paris qui précéda la féconde période des années vingt en compagnie de femmes qui méritent d'être connues et approchées.
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Camille et Paul

Ce livre retrace la vie de Paul et Camille Claudel. Ayant souffert d'un manque

d'amour venant de leur mère qui était très distante, ils gardèrent une fragilité psychique par la suite. Leur lien fraternel était assez fusionnel.

Camille qui se découvre une passion pour la sculpture et pour l'argile ne sera pas reçue aux beaux-arts car à cette époque, les femmes n'y étaient pas admises. Puis elle rencontrera Auguste Rodin avec qui elle vivra une véritable passion réciproque malgré leur différence d'âge de 24 ans. Mais cet amour ne durera pas toute la vie...

Cette biographie dresse des portraits sensibles, avec beaucoup de finesse de ces deux personnages. A noter que le destin de Camille Claudel est très bouleversant.
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Divine Jacqueline

Figure de la jet set des années 1960, l'un des signes préférés de Truman Capote et de Richard Avedon, amie d'Yves Saint-Laurent et des Visconti, Jacqueline de Ribes, devenue une icône du style, et un symbole de l'élégance française.



Cette reconnaissance mondiale a été notamment illustrée en 2015 par une magistrale exposition au Metropolitan Museum de New York, son visage a été projeté en pleine lumière sur l'Empire State Building" (citation de Dominique Bona)



Derrière l'icône, Dominique Bonna, habituée en temps normal aux biographies d'artistes (Colette, Romain Gary, Berthe Morisot...), a voulu partir à la rencontre de la femme.



Elle s'est appuyée pour cela sur les archives personnelles de Jacqueline de Ribes qui a conservé depuis l'âge de 20 ans tout ce qui a été publié dans la presse française et internationale sur elle.

Dominique Bona dit de Jacqueline de Ribes que "c'est une vie qui se déroule par images, j'ai eu envie d'ajouter le texte".

Sa biographie s'est nourrie également de longues heures d'entretien avec Jacqueline de Ribes.

Au-delà du portrait d'une aristocrate devenue symbole de l'élégance, de la classe française, Dominique Bona dresse le tableau d'un monde aujourd'hui disparu.
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Stefan Zweig

Voilà une passionnante incursion dans l'existence de Stefan Zweig, pacifiste, humaniste et européen convaincu, cultivant les amitiés à travers l'Europe : Emile Verhaeren, Romain Rolland, Jules Romains, Paul Valéry, Hermann Hesse, Thomas Mann ... et n'omettant pas d'aider de jeunes auteurs de langue allemande à lancer leur carrière, tels Klaus Mann, Joseph Roth et Erich Maria Remarque, entre autres ! car, modeste avant tout, il n'y a en lui aucune jalousie envers ses semblables. "Cet homme ne se définit jamais en termes de rivalités ou d'oppositions. L'amitié est le seul aiguillon qu'il connaisse. Et dans l'amitié, il n'est qu'une seule source, un seul coeur battant : l'admiration".



Issu d'une famille viennoise bourgeoise aisée, menant l'existence privilégiée des nantis non soumis à l'obligation de gagner leur pain, Stefan Zweig se fait connaître dès l'adolescence par un recueil de poèmes lui conférant immédiatement une certaine notoriété. Aimant les voyages, il sillonnera l'Europe, donnant des conférences délivrant un message de paix et de fraternité, pour lui primordial dans la période d'après-guerre, dévastée par la folie humaine, convaincu que la réconciliation entre les peuples passe par "une unité de sentiment, de volonté, de pensée et de vie" et plaide incessamment pour que naisse une culture européenne.



Cultivant l'ambivalence entre une existence à la façade tournée vers le monde : vie de conférencier, biographe, essayiste, curieux d'innovations et connaissances nouvelles,

et une face cachée se dévoilant exclusivement au travers des personnages de ses nouvelles, sombres et tourmentés, cachant de lourds secrets, Stefan Zweig offre au lecteur une oeuvre riche et variée dont le succès ne se démentira pas, ses nouvelles lui ouvrant les portes de la gloire, et ses biographies lui permettant d'engager une réflexion sur son époque et ses contemporains.

Car, si la politique le dégoûte, il s'intéresse par contre passionnément à l'histoire et la compréhension du passé permet, selon lui, d'affronter l'actualité avec plus d'acuité.

Mais l'actualité dans ces années trente devient de plus en plus angoissante. Refusant autant le communisme que le fascisme, juif de surcroît ... il n'a bientôt pas d'autre choix que la fuite !



Dominique Bona a su brillamment restituer les angoisses de cet homme tourmenté, qui, coupé de ses racines, brisé, aimant éperdument cette Allemagne, havre de culture, transformée grâce au nazisme en antre de barbarie, n'entrevoit plus rien d'autre pour lui que la fuite ultime. Car, dans son exil brésilien, il est devenu sans espoir quant à l'avenir du monde, et le monde qu'il a aimé est définitivement perdu.



"Jamais on n'aime plus la vie

Qu'à l'ombre du renoncement"
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Gala

1913, dans un sanatorium de Davos, se rencontrent les adolescents Elena Diakonova et Eugène Grindel, tous deux atteints de tuberculose, tous deux fous de lecture et de poésie et il ne leur faut pas longtemps pour devenir inséparables. Si Elena est déjà Gala, Eugène Grindel, quant à lui, n'est pas encore Paul Eluard, mais il compose déjà et dédie ses vers à son amoureuse, qui n'est pas que son inspiratrice, car elle participe activement à l'élan créateur du poète.

D'un tempérament passionné et amante avant tout, Gala, personnalité secrète et égoïste, se veut compagne et muse de son homme, de ses hommes, puisque durant son mariage avec Eluard, elle aura une relation passionnée avec Max Ernst, peintre, poète et ami de son mari, puis elle deviendra durant cinquante ans l'épouse et l'égérie de Salvador Dali. Elle ne se sent pas d'autre vocation que celle d'inspirer, soutenir, aider par tous les moyens l'homme à qui elle donne son amour.

Quelle étrange personnalité que celle de Gala. « Sensuelle, coquette, éthérée, despotique et changeante » mais sachant faire preuve de détermination dans l'adversité et aussi d'un dévouement exceptionnel à l'homme de sa vie, à qui elle entend simplifier au maximum l'existence afin qu'il puisse entièrement se consacrer à son art. Repoussée par les amis d'Eluard, très critiques vis à vis de cette femme qu'ils jugent hautaine et envahissante, elle sera par contre vite adoptée par les paysans frustes de la rude campagne catalane de Dali, par sa capacité d'adaptation aux conditions d'existence austères de ces gens pauvres et il faut dire qu'au début de leur vie commune les Dali ne roulent pas sur l'or !

Mais Gala ne va pas tarder à prendre les choses en main, et l'aider à vendre son nom et faire fructifier sa notoriété.

L'homme Dali, timide et sauvage, va peu à peu se transformer en trublion totalement excentrique et Gala formera avec lui un couple bizarrement assorti, compte tenu de sa retenue exemplaire.

Elle n'existe que par procuration, mais elle assume fièrement le rôle qu'elle s'est choisi, en l'occurrence celui de l'organisatrice, et sait habilement orienter les choix de Dali lorsque ceux-ci lui paraissent trop hasardeux, voire suicidaires pour son image. Elle le guide et lui insuffle la confiance, lui apporte équilibre et stabilité, et l'aide par sa présence à réaliser son oeuvre.



Si Dominique Bona a bien cerné le caractère de Gala elle a surtout, et c'est ce qui rend cette biographie absolument passionnante, su restituer le bouillonnement des années folles, cette période d'après guerre, durant laquelle, afin d'oublier les horreurs de la grande guerre, poètes peintres et artistes en général se sont défoulés dans une débauche de fantaisie, incarnée dans le mouvement Dada.

Ce mouvement initié par Tzara et quelques autres artistes imagine des spectacles totalement farfelus, sans queue ni tête, destinés à provoquer le scandale en horrifiant les bien-pensants. Eluard, Gala et leurs amis Aragon, Breton, Soupault , Desnos, … s'en régalent et participent à l'élaboration de ces expositions totalement dingues qui ravissent d'autant plus les organisateurs que le scandale est grand !

Après avoir épuisé les joies de la provocation, puis les jeux d'écriture, les jeux picturaux ou celui des sommeils féconds, on passe de Dada au Surréalisme dès 1924 sous la houlette de André Breton, mouvement auquel Dali participera un temps, avant d'en être rejeté par les adeptes, largement inféodés au communisme qui, dans les années trente apparaît comme « la jeunesse et la promesse du monde », ce à quoi Dali n'adhère absolument pas.

Par ailleurs, tous deux feront montre d'un égocentrisme rebutant, ne songeant qu'à leur propre confort au moment du grand bouleversement de la seconde guerre mondiale.

Réfugiés en Amérique, Dali ne cesse pas de se prétendre surréaliste, car c'est pour lui un art de vivre et il crée des objets abracadabrants destinés à agrémenter le quotidien et à alourdir son porte-monnaie sur la santé duquel Gala veillera jalousement jusqu'à la fin de sa vie.

Avida dollars !



Clair, agréablement écrit, bien documenté, cet ouvrage explore la vie culturelle d'entre les deux guerres, offrant une lecture vraiment enrichissante, sinon pour votre bourse, mais au moins pour votre esprit !

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Camille et Paul

Sans doute vous est-il déjà arrivé, en regardant une œuvre d’art ou en lisant un livre, d’avoir envie d’en connaître un peu plus sur celui ou celle qui vous a ému, troublé ou fait rêver à travers des lignes poétiques ou des peintures fabuleuses.

Bien souvent on se contente d’apprécier une œuvre sans se demander qui se cache en réalité derrière cette création ; mais il arrive parfois que l’on ait le désir de creuser un peu plus, d’aller au-delà de la simple admiration d’un ouvrage et de vouloir découvrir plus amplement quel est le chemin parcouru par l’artiste ou plus simplement qui est-il, quelle a été sa vie, pourquoi et à quel moment sa destinée a pris le tournant décisif qui l’a mené sur la route de l’art et de ce fait jusqu’à nous.

Dominique Bona fait partie de ces biographes qui aiment à faire partager les sensibilités, les joies et les drames de ces grands noms de l’Art et nous aident ainsi à pénétrer leur monde, à percer leurs mystères, à les comprendre.

La biographe n’aime que les vies d’artistes, les êtres passionnés, au caractère fort mais aussi un peu fragile, et s’attache chaque fois à comprendre son personnage, à suivre sa destinée, à assister au moment où l’artiste va devenir lui-même.



Après Romain Gary, Berthe Morisot, Gala ou Stephan Zweig, la biographe, devenue experte dans l’autopsie des passions d’artistes, s’est attaquée à un double monument : le couple Claudel, sœur et frère.

Difficile en effet d’analyser séparément les vocations tourmentées de Camille, la sculptrice et de Paul le poète.

L’auteur raconte leurs rapports fusionnels, violemment ambigus, et montre à quel point leur art s’en est nourri.

Les destins de ces petits provinciaux du Tavernois, caractères rebelles et emportés, mal aimés de leur mère, sont liés dès l’enfance.

Du feu de la création à la fièvre amoureuse, ils connaissent les mêmes émois, les mêmes souffrances.

Tous deux sont habités par la folie.

Mais alors que Camille, envoûtée par Rodin, s’y perdra, Paul la combattra sans cesse, en s’imposant des garde-fous (une carrière de haut fonctionnaire, une conversion religieuse, un mariage de raison).

C’est même lui qui, de son exil diplomatique, signera celui, psychiatrique, de sa sœur, internée pendant les trente dernières années de sa vie.



Dominique Bona, qui aime aller à la découverte de ce qu’elle appelle « le cœur battant » de ses personnages, retrace "les épisodes de leurs vies tourmentées" et révèle "les liens profonds entre ces deux artistes lumineux et déchirés, unis, au-delà de l’adversité, par une fraternité indestructible".

L’originalité de cette biographie consiste dans ce portrait psychologique parallèle qui traque frère et sœur à travers leur relation fusionnelle jusque dans l’essence intime de leur être, dans la mise en évidence de leurs destins contraires malgré leurs similitudes, folie pour l’une, gloire pour l’autre.

Le récit très documenté – archives, bibliographies, interviews – est objectif et le travail de fourmi fait par l’auteur n’alourdit en rien son récit, fluide, passionnant, émouvant.

Intensité dramatique, romanesque, suspense, les artistes croqués deviennent les héros du roman de leur propre vie et c’est cela qui donne toute cette ampleur, cette épaisseur et cette profondeur à l’ouvrage.

Encore une fois Dominique Bona a excellé dans une discipline qu’elle maîtrise incroyablement bien et nous offre une biographie captivante qui se lit comme un roman.

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Mes vies secrètes

Pas vraiment convaincue de l'intérêt ( à mes yeux) d'un tel bouquin, un hybride, mi-bio, mi-autobio, qui oscille, hésite, s'éparpille .... et épuise.

Mme Bona a t-elle voulu montrer la face cachée, ombrée, gommer le côté lisse, académisé de sa personnalité ? ( naturisme chez Gary, incursion chez Louÿs )

nous faire entrevoir la difficulté, dans cette entreprise, d'ouvrir de précieux sésames ( en cela bien aidée par son statut et milieu privilégiés )

nous montrer le danger d'être tentée de faire naître une liaison supposée mais non avérée ( Debussy avec Camille Claudel, Berthe Morisot avec Edouard Manet )

nous faire prendre conscience du travail de "fine limière", de fourmi et de petite souris que cela requiert

ce qui n'est pas inintéressant en soi, certes, mais cela ne méritait pas toutes ces redites inutiles.

Ceci dit, je n'ai pas boudé mon plaisir devant ces quelques beaux portraits dressés, avec tendresse, délicatesse, finesse pour Berthe Morisot, Camille Claudel, Clara Malraux , et avec admiration (partagée) pour Zweig bien évidemment !
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Berthe Morisot : Le Secret de la femme en n..

Berthe Morisot est née le 14 janvier 1841 dans une famille bourgeoise établie dans le Cher. Son père est préfet de ce même département et occupe tour à tour des postes importants dans l'administration française. Il est, entre autres, un descendant du célèbre peintre Fragonard. Elle est la cadette de trois filles, Yves l'ainée née en 1838, Edma nait quant à elle en 1839. Les filles Morisot sont très tôt initiées à la musique et prennent des cours de piano chez un grand professeur : Stamaty fils. C'est là que Berthe éprouve sa première émotion d'artiste peintre en tombant sur un dessin de Ingres qui la fascine bien plus que les notes de musique.

Sa mère va lui permettre ainsi qu'à sa soeur Edma de prendre des cours de dessin en privé d'abord avec Chocarne puis avec Guichard qui reconnait de vrais talents d'artistes dans le travail des deux soeurs. L'entrée aux Beaux-Arts est alors encore interdite aux femmes et ce jusqu'en 1897. L'étape suivante permettant aux filles de sortir de leur huit clos est le musée du Louvre où il est permis aux jeunes artistes de s'adonner à la reproduction d'oeuvres exposées, au copiage. C'est là que Berthe et sa soeur vont rencontrer des peintres qui s'exercent tout comme elles à la copie de grandes oeuvres. Néanmoins, une parole de Gustave Courbet reste ancrée en Berthe, cette jeune fille assoiffée de liberté et de créativité : « Fais ce que tu vois, ce que tu sens, ce que tu voudras ». Les deux soeurs continuent de peindre ensemble, comment ne pas alors devenir rivales ou chercher à se comparer?

Au salon exposition de 1865, les toiles exposées sont rejetées pour la plupart. Manet est moqué, on rit de ses toiles telles que « Olympia » ou « le déjeuner sur l'herbe ».

En 1868, Berthe expose et les impressionnistes sont davantage pris au sérieux. En hiver de cette année, Berthe fait la connaissance d'Édouard Manet. Celui-ci vit alors chez sa mère avec son épouse hollandaise : Suzanne et son beau-fils Léon 16 ans. Ce dernier fera plus tard fortune dans le domaine bancaire.

Edma, la soeur de Berthe se marie en 1870 et laisse sa soeur seule à peindre dans leur atelier. Elle devient de plus en plus proche de Manet. La peinture « le balcon » place Berthe au centre de l'oeuvre. Elle sera néanmoins rivalisée par d'autres femmes, notamment Eva Gonzales en 1869, peintre elle aussi et bien d'autres encore.Elle continue de peindre et d'exposer, ses toiles se vendent.

En 1874, elle épouse Eugène Manet, le frère d'Édouard et ils auront ensemble une fille Julie en 1878. Sa peinture évolue, elle excelle et se plait à peindre l'aquarelle. Elle participe à plusieurs expositions. le couple Manet côtoie les artistes de leur temps tels que Renoir, Monet, Degas, Mallarmé. Berthe peint son entourage, sa soeur, son époux et sa fille. Les coups de pinceau sont maitrisés, le rendu donne l'impression d'inachevé, d'esquisse ce qui rend les tableaux de Berthe Morisot uniques.

Une exposition temporaire qui vallait le détour a été organisée au musée d'Orsay l'an dernier. Il n'a pas été aisé de rassembler les oeuvres de Berthe Morisot car elles sont, pour une grande partie, possédées par des particuliers.

Berthe décède en 1895 et laisse derrière elle toute une vie de peinture, d'art du ressenti, de l'expression de la mélancolie sur le visage des femmes de son époque.

Une grande artiste qui a marqué son temps, une femme parmi les hommes qui a su tracer son chemin par sa féminité et sa sensibilité.

Dominique Bona décrit parfaitement ce parcours, un livre riche en anecdotes, en détails précis, un travail érudit.
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Colette et les siennes

La vie, en avant.. toutes ! . Et la vie, pour Colette englobe entièrement tout : le meilleur comme le pire. Pour le meilleur c'est l'Amour ,tellement sublimé, pour le pire : la solitude tant redoutée. L'Amour qu'elle pare d'un pluriel voluptueusement singulier. L'amour des mots, de la terre, des paysages, l'amour de ses hommes, de ses amies, de sa mère, de sa campagne, de ses jardins, de ses bêtes. L'Amour de ses souvenirs qu'elle ne laissera jamais se flétrir au regret du passé. L'amour de la musique, du chant, de la danse. du théâtre, du cinéma. Amour tour à tour filial, charnel, maternel. Protectrice toujours. Amoureuse éternellement. C'est à travers le quatuor qu'elle composa avec Marguerite Moreno, Musidora, et Annie de Pène que Dominique Bona nous invite à découvrir un peu mieux Colette. Quatuor auquel elle sera restée fidèle toute sa vie. Colette vivante, et amoureuse. «  Allons à l'amour, puisqu'ils vont à la guerre » ! Tout en dit en cette année 1914.

Et il est vrai que l'écriture de Colette n'a jamais cessé d'être en Amour avec la vie. C'était une liaison sérieuse que celle entretenait Colette avec la joie d'être en Vie.

Elle était de Vie comme on est d'un pays.

Un pays dont on accepte les saisons, les orages, les aurores, les étoiles, les nuits, les silences, les cris, chaque rayon de soleil, et chacune de ses pluies. Un pays que l'on partage, un jardin dont on prend soin, auquel on appartient corps et âme..

« Moi c'est mon corps qui pense,il est plus intelligent que mon cerveau.Toute ma peau a une âme. ».

Le bonheur… ? Était ce là l'affaire de Colette ? elle, qui savait qu'il allait de paire avec cet épouvantail de « malheur », et que parée d'une telle parure chacune plombait les ailes de ses rêves ?

Le bonheur passe, comme le temps, seul reste l'Amour pour Colette.

Sincérité de l'âme, fidélité du coeur, pudeur des larmes, génie de l'écrit, entre les vrilles de ces mots sa vie nous grandit.

« Plus que sur toute autre manifestation vitale, je me suis penchée, toute mon existence, sur les éclosions. C'est là pour moi que réside le drame essentiel, mieux que dans la mort qui n'est qu'une banale défaite... L'heure de la fin des découvertes ne sonne jamais. le monde m'est nouveau à mon réveil chaque matin, et je ne cesserai d'éclore que pour cesser de vivre. ». « Cadeaux de Noël », extrait, Colette.





Astrid Shriqui Garain

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Colette et les siennes

Quelques années de la vie de Colette : voilà ce que nous propose Dominique Bona dans Colette et les siennes, en prenant pour angle cette relation particulière entretenue par l'écrivaine culte avec trois de ses amies dans la France de l'avant puis de l'après Première Guerre mondiale.



Curieux éloignez-vous vite : rien de bien graveleux à vous mettre sous la dent, la bisexualité assumée de Colette n'étant pas ce qui intéresse le plus l'auteure. Et tant mieux.



Il s'agit plutôt de découvrir ici une biographie de Colette vue à travers le prisme de la relation particulière entretenue avec Marguerite, Annie et Musidora, 4 femmes que l'histoire passée et présente rassemble dans une union quasi-fusionnelle dont Colette est le pivot. Avec pour période phare, celle de la guerre qui a éloigné les hommes, et davantage réuni les femmes.



Mais le rythme très - trop - lent, l'abondance de détail et de digressions, et une certaine absence de colonne vertébrale dans le récit ont, page après page, atténué mon intérêt. C'est toutefois très "académiquement" écrit, mais aura manqué d'un peu de souffle, d'élan ou de fantaisie à mon goût.
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Divine Jacqueline

Pour avoir déjà pu apprécier l'écriture de Dominique Bona, je me préparais au plaisir de retrouver son style séduisant rehaussé d'érudition en portant mon choix sur cet ouvrage. Il me ferait connaître un personnage dont je n'avais jusqu'à ce jour jamais entendu parler, et pour cause.



La cause étant que mon univers de vie et mon rayonnement sont à des années-lumière de celui de cette célébrité qu'est Jaqueline de Ribes. Aussi puis-je affirmer dès lors, en refermant cet ouvrage, que si un jour quelqu'un de mal inspiré s'avisait d'écrire ma biographie, à côté de ce que je viens de lire le rendu aurait la consistance de celle d'un être disparu de la mort subite du nourrisson.



La qualité de pareil ouvrage doit autant au sujet de cette biographie, qu'à son auteure. À personne exceptionnelle il fallait un auteur, et en l'occurrence une auteure, qui soit à la mesure. Dominique Bona était toute désignée pour cet exercice ô combien périlleux, Jaqueline de Ribes étant encore de ce monde. La question se pose alors de savoir s'il s'agit d'une biographie ou de mémoires. La subjectivité change de camp selon le cas.



La joie de retrouver Dominique Bona dans son exercice favori qu'est la biographie a cette fois été tempérée. Si le style est toujours aussi brillant, le sujet m'a quelque peu blasé. Des descriptions à n'en plus finir, de tout ce qui peut mettre en valeur une silhouette de rêve et la mettre en scène au cours de galas, bals, dîners, réceptions, dans une forme de fuite en avant vers la séduction. Ce qui fait de cet ouvrage un véritable défilé de mode sous les yeux ébahis, si ce n'est envieux, des spectateurs de l'élégance faite femme et superbement retranscrite par Dominique Bona. Une fuite en avant, mais pourquoi pas aussi une forme de revanche sur le désamour dans lequel l'a abandonnée une mère dédaigneuse de sa descendance.



L'ouvrage devient plus intéressant lorsque Jaqueline de Ribes se lance elle-même dans l'aventure de la création en fondant sa propre marque. Sous l'oeil pour le moins avisé, excusez du peu, mais néanmoins attendri des déjà grands de la profession : Dior, Saint-Laurent, et consorts. Entreprise dans laquelle elle se voit couronnée de succès artistique, mais pas financier.



Sujet et mise en forme font de cette biographie un ouvrage d'une esthétique rare, certes empesé d'un narcissisme exacerbé, mais qui réconcilie avec l'a priori défavorable que peut laisser planer une naissance favorisée par le milieu et la beauté, tant Jaqueline de Ribes s'est investie pour sublimer et faire rayonner au travers de sa personne, au-delà de la femme, la féminité.



La prouesse de l'auteure étant de ne pas faire assaut de superlatifs comme en déploie trop souvent les discours au vocabulaire indigent mais de mettre en oeuvre dans son propos le même luxe que celui qui fait briller son sujet de mille feux à la face du monde. Car l'univers de Jaqueline de Ribes est tout sauf étriqué, sauf commun, sauf modeste. Ce qui la qualifie le mieux dans ce que j'ai compris de son personnage est sans doute cette phrase que Dominique Bona a extraite des nombreux entretiens qu'elle a eus avec la Divine Jaqueline : « Je suis née un 14 juillet, j'ai mis évidemment un peu de révolution dans la maison, j'espère avoir mis aussi un peu de feux d'artifice. »

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Clara Malraux

Biographie de Clara Malraux, vraiment ? Eh bien non, il s'agit ici, beaucoup plus justement, d'une biographie croisée de Clara et André Malraux, analysant très précisément leur vie commune, puis après leur rupture, détaillant l'existence de Clara, marquée à tout jamais par l'absence de l'homme de sa vie.



Bien sûr, Dominique Bona conte l'enfance de Clara Goldschmidt, née au sein d'une famille juive très aisée, ayant ses racines en Allemagne à Magdebourg, où elle retrouvera chaque année sa grand-mère à laquelle elle est très attachée, ce qui lui permettra d'être parfaitement bilingue.

Très intelligente, cultivée, pleine d'humour et de fantaisie, franche et ouverte, volubile et pleine d'ironie, elle pétille.

Mais on a l'impression que sa vie ne commence vraiment que lors de sa rencontre avec André Malraux, subjuguée qu'elle est, quasiment au premier regard par ce fougueux jeune homme de dix-neuf ans, amoureux d'art et de poésie, intelligent et stupéfiant d'érudition, déjà sur le point de publier un premier ouvrage « lunes en papier ». Clara est éblouie !

Tous deux vont très vite se marier et mener joyeuse vie, oisive et axée sur la culture. André, s'improvisant gestionnaire de la fortune de son épouse, va, à la suite de placements hasardeux, mener le couple à la ruine. Mais qu'à cela ne tienne, pour se refaire, André Malraux a une solution toute trouvée : se rendre au Cambodge, piller un temple khmer, et en vendre les bas-reliefs, ce qui permettra de vivre tranquillement pendant quelques années ! Sitôt dit, sitôt fait. Le couple Malraux va alors se lancer dans une aventure parfaitement rocambolesque, menée au mépris de toute prudence, comme s'il était normal de se livrer ainsi au pillage ! Bien entendu, ils seront arrêtés mais simplement placés en résidence surveillée en attendant le procès !

Clara, libérée, de retour à Paris, va alors jouer des pieds et des mains pour sauver André de la prison, ce que, grâce à son énergie, elle parviendra à faire, sans pour autant recevoir le moindre remerciement de son homme !

J'avoue avoir été extrêmement choquée, par la légèreté de Malraux qui s'est comporté comme un aventurier sans scrupules tout au long de cette aventure, lui qui, quelques décennies plus tard, va être totalement inféodé au général de Gaulle et devenir une des personnalités les plus en vue de son gouvernement, en temps que Ministre de la Culture !



Mais cette mésaventure n'empêchera pas le couple de retourner en Indochine. Là, Malraux fondera un journal, bien entendu très critique vis à vis du gouvernement colonial, et tous deux vont s'ingénier à le faire vivre, ce qu'ils parviendront à réaliser durant quelques mois. Et c'est de cette époque que Malraux tirera matière pour écrire le premier de ses quatre « romans asiatiques » « les conquérants », ce qui va susciter l'admiration de Clara, enflammée par l'imagination débordante de l'écrivain, mais également la troubler profondément, par la propension de l'auteur à transformer la réalité et à l'enrichir de ses inventions, alors qu'elle ne conçoit que la sincérité !



A partir de ce moment, elle va exercer son ironie à l'encontre de son mari et leur compagnonnage va peu à peu tourner à l'aigre.

En effet, Malraux, désormais écrivain à succès, fréquente des cénacles, dont les femmes sont exclues, car les femmes, ces êtres inférieurs, n'y ont pas leur place ! Ce, qu'en temps que parfait misogyne, il trouve tout à fait normal. Il va donc peu à peu s'éloigner de Clara dont il supporte de plus en plus mal la présence qu'il juge envahissante.... alors qu'il souhaite paix et douceur, ce qu'il trouve auprès de sa maîtresse Josette Clotis !

La guerre d'Espagne, à laquelle il va participer va achever de défaire leur couple, laissant Clara désespérée.



Au cours de leurs quinze ans de vie commune, Clara s'est laissée étouffer par la personnalité écrasante de son mari, ne se consacrant qu'aux traductions. Seule, elle va enfin pouvoir laisser s'épanouir les ressources qui foisonnent en elle.

Dès 1941, elle se jettera fiévreusement dans la Résistance, se montrera acerbe vis à vis de Malraux qui, lui, ne s'engagera que début 1944. Les quatre romans qu'elle publiera seront tous d'inspiration autobiographique dans lesquels éclatera l'amour qu'elle lui porte encore. Cependant, elle réglera peu à peu ses comptes avec lui, en rédigeant ses mémoires où Malraux tient bien sûr une place de choix. Elle n'hésite pas, elle, à restituer la réalité de leur couple tout en pointant la mythomanie de son compagnon, ses mensonges et ses affabulations.

Ces mémoires s'intitulent « le bruit de nos pas » où passent les fantômes de tous ceux qu'elle a aimés et connus ainsi que le parfum d'une époque, car pour elle, l'écriture est témoignage et « On ne peut pas vivre en n'étant rien ».
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Berthe Morisot : Le Secret de la femme en n..

Une biographie de Berthe Morisot bien fouillée et descriptive de ses œuvres et de son époque.



Une passion impressionniste, une époque chargée de rencontres d’artistes. Des témoignages, des lettres, des critiques, des ressentis, des pulsions, de l’amour non consenti.

On débute dans sa jeunesse, avec sa sœur Edma. Elles font toutes deux de la peinture sous la tutelle de Camille Corot et Berthe se détache déjà par un style bien appuyé. Elle sera repérée par ses professeurs. La famille Morisot possède une grande demeure sur Passy et côtoie de nombreux artistes : peintres, musiciens et écrivains. Elle est l’arrière petite Nièce du peintre Fragonard.

C’est la rencontre d’Edouard Manet, peintre reconnu, qui en premier lieu fera d’elle, sa muse et pose de longues heures pour lui. Il est marié, mais sa réputation volage déstabilise les pensées de Berthe. Il reste le peintre vulgaire, impudique et provocateur par deux toiles reconnues à ce jour (Déjeuner sur l’herbe ou le bain et l’Olympia, commande de son ami Baudelaire). Elles furent méprisées par le style, par les couleurs et leurs sujets incompréhensibles de l’époque. Zola fut un de ces pairs à croire en lui. Lors d’une soirée mondaine chez les Morisot, Berthe fera la connaissance du jeune frère d’Edouard, Eugène. Lui- même peint également, mais restera dans l’ombre de son frère. Ils sont amis avec Degas. Un autre peintre reconnu fut un des leurs, Henri Fantin-Latour qui fera un magnifique portrait d’Edouard Manet.

Les balades sur les bords de Seine rappellent à Berthe la passion commune qu’ils ont tous les deux. La même sensibilité face aux œuvres, et c’est à ce même moment qu’elle sera attirée par Édouard.

Pendant les expositions, ses toiles sont souvent refusées, ce qui de son côté va donner à Berthe un vent de liberté. Elle ébauche, tâche, s’exprime différemment des autres peintres et provoque sa famille, surtout sa mère qui ne prend pas bon usage de ce métier d’artiste peintre pour une femme. Première exposition avec « Souvenirs sur les bords de l’Oise ». Des peintures de Lorient en Bretagne. Mais cela doit rester un hobby, sans un atelier. Il faut la marier. Avoir un beau foyer, un homme à choyer et faire des enfants et surtout, ne pas traîner avec cette bande de peintres refusés des salons.

Elle se marie au frère Manet, Eugène. Arrive la naissance de Julie. Tous son art se focalise sur sa famille.

Rebelle, elle sera la Première femme à se regrouper pour de longues années avec Renoir, Degas, Monet, Sisley, Pissarro … les artistes associés anonymes.

1870, la guerre est très présente, Franco Prussienne et la chute de Napoléon III. Beaucoup de ses amis peintres sont peinés par la barbarie de celle-ci, fuit Paris, ils partent vers la Normandie, la Bretagne ou le midi. Berthe reste auprès de ses parents à Paris. Des moments de vaches maigres… elle part avec sa mère à Saint-Germain-en-Laye. 1872, elle est reconnue et une vingtaine de ces peintures sont achetées par divers mécènes de l’époque. Elle sera aimée par Puvis de chavannes, peintre symboliste. Après la mort de son père, elle retrouve son groupe d’amis, commence la belle époque et le charme de ce nouveau mouvement, les impressionnistes.



Un livre éprouvant, beaucoup de personnages perturbent la lecture, la fluidité et le déroulement des vies de chacun.

Un style un peu froid pour moi, un brin de romance aurait apporté de la légèreté à cette histoire. Mais il en ressort avec une grande évidence, la force, le courage que Berthe a dû démontrer à cette époque. Une femme peintre.



J’ai hâte de retrouver cette ambiance dès le 18 octobre pour l’exposition « Berthe Morisot et l’art du XVIII ème siècle. Au musée Marmotan Monet.
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Les partisans : Kessel et Druon, une histoi..

LES PARTISANS, Kessel et Druon, une histoire de famille. Dominique Bona.

Décembre 1943, Kessel, Germaine Sablon( sa maîtresse de l’époque) et Druon, accompagnés d’un passeur entrent en Espagne par Cerbère. Ils vont rapidement traverser le pays pour arriver le 10 janvier 1943 au Portugal, pays neutre. Germaine est la sœur du crooneur Jean Sablon et Maurice Druon le neveu de Kessel. Leur but est de rejoindre Londres et De Gaulle. Druon est amer après la débâcle, il avait fait Saumur et il voudrait en découdre mais n’ayant aucune expérience, il travaillera à Radio Londres où sont également Schumann et Pierre Dac. Kessel aura lui l’occasion d’être plus actif dans l’escadrille »Sussex » pas très loin de Romain Gary. Quant à Germaine elle sera infirmière sur le front en plus de son travail dans un réseau de résistance. Druon et Kessel écriront les paroles du chant des partisans qui sera chanté par Germaine.

Dominique Bona va dans une autre partie du livre s’intéresser au côté personnel, intime des personnages, aux blessures qui vont marquer les deux hommes profondément, Maurice est le fils de Lazare, Frère de Joseph Kessel qu’il a eu avec une femme mariée. Il ne le reconnaîtra jamais. Le père de Joseph et Lazare, médecin très à cheval sur la morale, ne parlera plus jamais à son fils, Lazare ne s’en remettra jamais. Maurice deviendra Druon quand sa mère se remariera avec René Druon qui l’adoptera. Kessel, lui a un énorme problème avec l’alcool, il a fait des cures de désintoxication pour la cocaïne, il a des besoins sexuels hors norme, et quand il rencontrera sa troisième femme, leurs addictions alcoolisées vont s’additionner.

C’est une biographie croisée passionnante que celle de ces deux hommes, sans oublier Germaine, chanteuse dans l’ombre de son frère. On croise autour de ce trio un nombre impressionnant d’hommes et femmes célèbres, compagnons de la libération qu’on retrouvera en politique ou dans les arts et les lettres dans les décennies suivantes. Un panorama qui couvre une large période du 20 ème siècle avec ces deux géants si proches et si lointains, Kessel qui aimait les hommes simples, rudes, les bouges et les bas fonds Druon qui aimait la gloire, la lumière et l’aristocratie.

Très bon, un mélange habile entre histoire officielle et détails intimes.

Merci à Babelio et Gallimard pour cet envoi qui m’a permis de mieux connaître Kessel que j’adore
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Stefan Zweig

Ce livre est divisé en sept parties et cinquante-six chapitres. Parmi les chapitres, une grande partie de ces chapitres sont consacrée à la vie de l’homme, grand voyageur, nouant de nombreuses relations et écrivain prolifique. Une petite partie des chapitres est centrées sur certaines de ses œuvres parmi lesquelles il y a : Thersite (Théâtre), Emile Verhaeren (essai biographique), Brûlant secret (nouvelles), Dostoïevski (essai biographique), Amok (nouvelles), Marie Stuart (biographie), Magellan (biographie) …



Descendant de Juifs de Moravie par son père, de Juifs d’Allemagne par sa mère, Stefan Zweig est Citoyen autrichien à part entière. 1849 est la date d’émancipation. Depuis cette date tous les Juifs de l’empire ont acquis l’égalité civique et politique. Comme ses parents, il s’est voulu laïc. Il ne parle pas le yiddish. Il est de famille bourgeoise et aura, toute sa vie durant, de larges possibilités financières. Il se voudra citoyen du monde.



Zweig et les femmes. Le contexte d’époque :

Les jeunes-filles de l’époque paraissent inaccessibles, par excès de surveillance. Elle sont surprotégées. Zweig les voit comme des plantes exotiques cultivées dans une maison de verre. Elle ne connaissent rien de la vie, rien de la nature, rougissent quand on les regarde et baissent aussitôt les yeux. Jamais seules, escortées par leur mère ou un chaperon, il les fréquente de loin, apprécie leur beauté, leur pureté, mais ne cherche pas à les conquérir. S’il gardera toute sa vie la nostalgie « des filles en fleurs de Vienne », il préfèrera les femmes. Il fantasme sur ce qui pour un jeune-homme libre de tout engagement, représente « l’idéal de l’amour » : une union, sans risque d’engagement, avec une femme mariée.



Pris au dépourvu, Zweig rencontre Friderike Maria von Winternitz. Il la trouve « touchante ». Il prend le temps de la connaître, lui écrit, l’invite à diner et si avare de préliminaires, si avare des heures qu’il consacre à son travail, il accepte, avant de coucher avec elle, de marivauder plusieurs semaines. Elle a de l’éducation, de la culture, un verni social si policé qui l’attire. C’est une femme indépendante. Elle est séparée de son mari, qui s’est révélé insignifiant à ses yeux.

Dans un pays très catholique, elle est arrivée à obtenir le divorce. Lui répond à son idéal de prince charmant. Ils se marieront, bien que très décidé malgré tout de garder et l’un et l’autre une certaine liberté.



Alors que Zweig vit à Londres, à l’insu de Friderike il rencontre et aime une jeune femme, Lotte. Elle laisse deviner une certaine souffrance. Elle peut inspirer à un homme sinon la pitié, au moins le désir de la protéger. Il l’épousera.



Il rencontrera Herzl, Verhaeren, Roth, Romain Rolland, Heinrich Mann, Thomas Mann, Herman Hesse, James Joyce.

Pour Zweig, l’érasmien est ce type d’homme idéal qui réclame le droit à la paix et la liberté de penser.



Zweig croit à l’amitié et aux échanges entre nations. Il rêve d’une fraternité entre les deux ennemis héréditaires, sur lesquels il veut bâtir l’avenir, la France et l’Allemagne. Zweig est un esprit ouvert et tolérant, curieux du monde, assoiffé de connaissances. Il cherche la voie juste.



Zweig a été très affecté par l’Anschluss, l’annexion de l’Autriche à l’Allemagne période ou pour les nazis il revêt l’identité juive qui le contraint à l’exil. Il se rend à Londres où il trouve des éditeurs pour ses livres. Il craint après l’invasion de la Pologne l’invasion des Pays-Bas, de la Belgique et de la France et c’est bien cela qui se passera. Au cours des conflits, il est très démoralisé, dépressif. Il pense trouver son salut en passant l’Atlantique pour aller vivre au Brésil avec Lotte



Personne n’ignore que Zweig s’est suicidé après avoir cédé ses biens livres compris par voie testamentaire. Pourquoi Lotte l’a-t-elle suivi dans cette recherche de néant ? C’était l’épouse soumise …



Je n’ai pas toujours beaucoup lu au cours de mon existence, c’était selon les périodes, soit j’étais en recherche soit j’avais des souhaits particuliers : classiques, philosophie, biographies. C’est depuis que je suis chez Babelio que j’ai le plus lu. Il y a la lecture qui reste cependant limité car il faut rester présent à des tâches indispensables.



Ce que je trouve plaisant et enrichissant ce sont des coïncidences dans les lectures. On apprend bien de choses sur un auteur ou personnage et ont engrange d’autres données sur ce même auteur ou personnage dans une autre lecture.



J’ai été assez séduit par l’écriture de Zweig dans Vingt-quatre heures de la vie d’une femme et à chaque relectures mon appréciation croissait. Ce livre a immanquablement attisé l’envie d’en savoir plus sur l’auteur.



Je connaissais la belle écriture de Dominique Bona de son vrai nom Dominique Conte, qui siège à l’Académie française. J’ai lu d’elle : Il n’y a qu’un amour ; Camille et Paul, La passion Claudel.

On sent quelle est toujours très documentée sur ses biographies.



J’ai trouvé que Stefan Zweig. L’ami blessé entrait trop dans les détails qui ne m’apporte rien. J’aime par contre les chapitres titrés qui permettre de balayer la matière et retrouver rapidement le contenu. Ce livre était pourvu de chapitres titrés.

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