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Critiques de Dominique Lebel (35)
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Monstres

Munie du tuba de mon Patounet, j'ai plongé tout en bas de mon pense-nouille et en ai sorti ce livre qui m'attendait depuis longtemps.



Je n'ai pas lu la 4e, mais je connais la magnifique plume de Dominique Lebel et je savais que j'allais me régaler.



Monstres est un recueil de sept nouvelles, toutes d'excellente facture.

"Nouvelles", c'est pour le format, mais il s'agit plutôt de tranches de vie.

On est plongé direct dans la peau d'un personnage.



1 : INSÉPARABLES

Un gamin qui menait une existence parfaite, bonnes notes, amis, parents aimants, va voir sa vie bouleversée suite à la naissance de ses petites soeurs.



2 : CHAUMONT

Une mère n'arrive pas à croire que son fils adoré puisse commettre l'impensable, tel un chanteur qu'il vénère.



3 : PARAPENTE

Un jeune homme va faire une sorte de stage qui aura des conséquences plus que néfastes pour lui.



4 : LUNA PARK

Ou l'histoire poignante de la femme la plus grosse du monde, ainsi que le proclame le propriétaire de l'attraction dans laquelle il l'exhibe, entre autres.



5 : CHIEN MÉCHANT

Tel maître, tel chien.



6 : POLYPHÈME

Un fermier borgne fait tout pour passer à la télé.



7 : L'AUTOROUTE

Un homme prend la route en pleine canicule et roule vers son manque de destinée... et de climatisation. Est-il possible de s'échapper à soi-même ?



Ces récits sans début ni fin sont stupéfiants, car au détour de certaines pages, il arrive qu'on se dise que ça pourrait être nous, ou que c'est déjà arrivé à une connaissance.



Qui sont les monstres, au final ? Ceux dont le physique ou le psychisme rebute ? ou bien ceux qui les jugent ?



Excellent bouquin que j'aurais dû lire bien plus tôt.

Mais d'autres de l'écrivaine m'attendent, pour mon plus grand plaisir.

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Et je chante aujourd'hui les vivants

Si j'utilisais le terme "Coup de coeur", si cher à certains, je l'appliquerais à ce roman qui m'a remuée comme peu arrivent à le faire.

Mais commençons par le début. Dès les premières pages, j'ai eu l'impression de me trouver face à un puzzle. Des mots, des phrases, des personnages qui avaient forcément quelque chose en commun... restait à savoir quoi. Et puis les pièces du puzzle se sont imbriquées petit à petit au fil des pages de ce récit parfaitement maîtrisé de bout en bout.

Ne serait-ce que pour la qualité de la plume de Domnique Lebel, je vous dirais de vous jeter sur ce livre hors du commun. Mais... parce qu'il y a un mais... ce n'est pas tout. Le fond est loin d'être en reste, et l'histoire qui nous est relatée, basée sur des événements réels, est plus que passionnante... et poignante. Certains reconnaîtront sans doute l'arbre majestueux en photo de couverture, dont les racines enserrent ce temple et situeront rapidement où se déroule l'action. Je laisse aux autres le plaisir de le découvrir. Parce qu'après tout, moi je l'ignorais, ce qui prouve que cela ne nuit absolument pas au déroulement du récit.

L'auteure nous parle d'amour, de chagrin, de perte, d'amitié, de trahison, de pillages, de tueries aussi, mais sans la moindre surenchère. Les personnages sont tous minutieusement décrits, avec leurs forces et leurs faiblesses, et on arrive à se glisser dans leur peau avec une facilité déconcertante. L'émotion m'a submergée presque à mon insu, et c'est ce que personnellement j'appelle le Talent. Ce niveau de fluidité dans un récit qui pouvait sembler décousu au premier abord, peu arrivent à l'atteindre. Mais Dominique Lebel sait parfaitement où elle va et nous entraîne avec elle. J'avais lu dans une interview qu'elle disait avoir sa petite musique à elle dans sa tête, lorsqu'elle écrivait. Eh bien croyez-moi, je l'ai entendue aussi, cette petite musique, ou plutôt ressentie.

J'ai l'air d'en écrire une tonne, pourtant, les mots me manquent et ne décrivent qu'une toute petite partie du tsunami d'émotions qui m'a traversée.

J'ignore si j'ai besoin de préciser que j'ai adoré ce livre, ou s'il m'est nécessaire de dire que Dominique Lebel est un grand écrivain. Je crois que je vais vous laisser le deviner.

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Et je chante aujourd'hui les vivants

Un arbre, près des temples d'Angkor au Cambodge, est témoin de 80 ans d'Histoire, et de 80 ans d'histoires. Ça commence dans les années 20 par le pillage de statue par un écrivain blanc et sa femme (je ne comprendrai qu'à la fin, à la vue de la bibliographie, qu'il s'agit d'André et Clara Malraux, car j'ignorais cette anecdote), et ça se termine en 2002 par le voyage solitaire qu'Annie, jeune retraitée, entreprend presque malgré elle, parce que ses collègues le lui ont offert pour sa retraite. L'épilogue nous permettra de comprendre qu'il y a une belle part d'autofiction dans la fin de ce voyage temporel.

J'avoue avoir eu un peu de mal à rentrer dans ce court roman, mais je me suis finalement laissé embarquer, avec un acmé situé au moment des terribles évènements en rapport avec les khmers rouges, qui doivent détenir la palme de la "révolution" la plus imbécile de la Terre (se faire tuer parce qu'on porte des lunettes, sans déconner ?)

L'idée est bonne, la construction originale (même si pas toujours facile à suivre), on a le droit à de bonnes feuilles de jolie littérature. Dominique Lebel est une autrice singulière. Elle n'hésite pas à "briser le quatrième mur" – pour reprendre des termes de théâtre –, c'est-à-dire celui qui se trouve entre l'auteur et le lecteur, en laissant entendre à la fin tout ce qu'il y a de "réel" dans cette histoire. Un exercice d'équilibriste, s'il en est, qui peut intéresser, mais aussi courir le risque de briser la magie. De même d'ailleurs avec son habitude d'anéantir dans l'oeuf toute possibilité de suspense (ou de quelque chose s'en approchant) en révélant presque systématiquement ce qui va se passer, y compris parfois le destin fatal des personnages, plusieurs pages avant que ça n'ait vraiment lieu. De même enfin avec cette façon distanciée et sans pathos qu'elle a de narrer les évènements y compris les plus tragiques. Dans une novella que j'ai lue d'elle récemment, ce procédé était efficace car il induisait une bonne dose d'humour noir et un côté tragi-comique, mais ici, ça a surtout contribué à me priver d'émotions, et c'est au final cela qui m'aura le plus manqué. J'aurais voulu m'émouvoir du destin de Paul, de Lucie et des deux amoureux secrets, mais je n'y suis pas parvenu.
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Tipasa

Tipasa, cité romaine en ruines à l'ouest d'Alger, où l'auteure nous entraîne dans la poésie de ses mots, couleurs, sensations, émotions et intrigue… Le charme est là comme dans d'autres récits de Dominique, de la douceur dans ses textes dont elle a le don.



Je ne peux expliquer ce roman, je l'ai ressenti avec toute cette vie décrite, la chaleur d'un pays et Camus en filigrane.



"J'ai replongé une main à l'intérieur de la valise, comme on fouille dans un trésor. Sur une photo en noir et blanc, nous marchons ensemble dans une rue d'Alger. Je dois avoir quatre ou cinq ans et je boude, je n'aime pas les photographes…"



Le passé et le présent se superposent et l'on part en voyage, c'est magique et beau. On peut prendre le temps de lire ce récit ou le dévorer et ensuite se poser pour y retourner en rêvant, c'est ce que j'ai fait. Lecteurs, si vous ne connaissez pas cette auteure, n'hésitez pas à plonger dans un de ses romans, c'est toujours un beau voyage!
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Le monde en mieux

Peut-être me suis-je dit que le monde en mieux, ça ne ferait de mal à personne ?

Le début, je le confesse, a été laborieux. Si j'ai tout de suite reconnu une plume habile, j'ai eu en revanche énormément de mal à rentrer dans les premières nouvelles. D'ailleurs, n'ayons pas peur des mots, je n'y suis pas rentré du tout. Je suis resté à la porte.

Je voyais bien qu'il y avait quelque chose de l'ordre du courant surréaliste dans tout ça. Hélas pour moi, ce mouvement m'a toujours laissé de glace. Je voyais bien aussi qu'il y avait du symbolisme et de l'allégorie, mais de quoi, j'avais du mal à l'entrevoir. Hermétique, hermétique, vous dis-je ! et un peu frustrant, car je me sentais, pour tout vous dire, un peu bête de ne pas réussir à percevoir la substantifique moelle que je sentais exister quelque part.

Une première petite embellie s'est fait jour avec "Annie", et, dans une moindre mesure, avec l'histoire de la ligne de métro.

Et puis, il y a eu la dernière. Heureusement, c'était la dernière, et fort heureusement, c'était en fait une novella qui prenait un peu plus de la moitié de la taille totale du recueil, ce qui permet de rester finalement sur une doublement bonne impression, parce que là enfin, je me suis délecté.

Les ingrédients des premières nouvelles étaient pourtant toujours là : une bonne dose de surréalisme, de l'absurde, de l'humour (généralement noir, et efficace : j'ai ri), un très appréciable sens de la formule sont au service de cette espèce d'uchronie intemporelle. Intemporelle à tous les sens du terme, en fait. Cette fois, j'accédais à la lettre et à l'esprit, enfin !

Au final, un avis qui restera mitigé sur cette expérience proprement dite, mais la découverte d'une belle écriture pour une voix singulière, ce qui n'est pas si fréquent que l'on pourrait croire.
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Monstres

Mon retour sur Monstres, de Dominique Lebel (excellent fusil qui nous garda des teutons vindicatifs pendant quatre longues années).

Tu le sais peut-être, je suis un fervent adepte de la nouvelle. Je dirais même plus : j'adore ce que par devers moi je nomme les "novellettes", ces petites histoires sans véritable intrigue ni chute qui sont le plus souvent des tranches de vie, des instantanés. Quand c'est bien fait, c'est du bonbon. Tu en gobes un en te disant que c'est le dernier et c'est tout le paquet qui y passe. En littérature, qui peut le moins peut le plus, et vous pouvez à coup sûr juger de la qualité d'un écrivain sur la base d'une nouvelle de six pages.

Ces sept histoires ne laissent pas planer le doute : Dominique Lebel est une scribouillarde chevronnée, et sur ses épaules ne pèse pas que les années, mais aussi les années d'expérience. La technique est là, la sensibilité aussi. Pourtant, c'est une certaine noirceur qui se dégage de ces pages peuplées de monstres physiquement ou psychiquement atteints. On ne s'attendrait pas à cela de la part de ce petit bout de femme.

Seul hic, c'était trop court.
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L'armée d'argile

« L'armée d'argile », le dernier roman de Dominique Lebel est le récit d'un très grand voyage : l'exil volontaire d'un photographe qui décide de parcourir le monde à bord d'une voiture cabossée et d'en capturer des instants. Une femme qui a aimé cet homme visite l'exposition de ses oeuvres en compagnie de sa fille adolescente et raconte leur histoire.

Nous traversons ainsi de lointaines contrées plus ou moins hospitalières qui nous livrent leur histoire d'une façon inhabituelle. Car Dominique possède cet œil qui sait nous montrer le détail de l'image, le pétale de la fleur, l'aile de l'oiseau, le personnage retenu prisonnier malgré lui et ce détail est toujours le point de départ d'une longue aventure.

L'armée d'argile traverse les frontières mais aussi les âmes et nous les livre à la faveur des rencontres, au détour d'une phrase, d'un chemin.

Car le voyageur, souvent seul avec lui-même, face à ses peurs, son désarroi et son désespoir amoureux, ouvre la voie aux autres, cette armée de soldats qui restent figés dans leur existence, capturés dans une photo ou un sentiment d'attachement, dont lui-même a bien du mal à se défaire.

« L'armée d'argile » c'est comme une quête du sens profond de l'existence et de son but ultime, peut-être et pourquoi pas, cette lointaine contrée de Chine, et pour y arriver cette route aux mille visages qui protègent le voyageur dont l'âme prisonnier de l'amour, a déjà un peu quitté cette terre mais qui continue à régner grâce à son appareil.

Et puis, loin de lui, se préserve l'amour maternel, inconditionnel, et l'adolescence explosive de sincérité maladroite, à la fois sensible et provocatrice, souple et dure comme le roseau.

L'aventure faite de destins et de buts entrecroisés, s'affranchit des contraintes d'espace et de temps, grâce à ce style unique et reconnaissable entre tous que Dominique Lebel a adopté dans ses romans, de « Bitume » à « L'armée d'argile », cette façon d'interpeller le lecteur au détour d'une phrase tout en gardant ses distances qui permet une continuité dans le récit même lorsqu'on change de lieu, de thème ou d'époque.

« L'armée d'argile » est un grand voyage empreint d'une sorte de nostalgie, de mal du pays qui ne nous quitte jamais même lorsqu'on est chez soi, un sentiment de déracinement tantôt triste tantôt joyeux, que l'on ne combat jamais et que l'on cultive et nourrit au contraire comme une pierre précieuse.

C'est un roman très riche qui emmènera le lecteur sur les traces des grands voyageurs et des questionnements de l'âme humaine.
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Tipasa

Certains livres se lisent vite, pour d’autres il faut prendre son temps.

Quand je découvre un roman de Dominique, c’est comme quand je plonge dans la poésie : je laisse les atmosphères, les images, les sensations infuser. Car en une phrase, Dominique sait créer un climat. Son style, à la fois simple et dense (comment fait-elle, cette magicienne ?) suggère de regarder derrière les mots, et il y a toujours quelque chose de nouveau à y découvrir.

Pourtant, les mêmes thèmes reviennent tout au long de son ouvrage : la mer si bleue sous le soleil d’Algérie, les herbes folles et les ruines de Tipasa.

L’amour infini entre une fille et sa mère.

La nostalgie du pays perdu. L’enseignante qui conte si bien Camus à ses élèves.

Le lien entre l’écrivain et l’héroïne : encore et toujours Tipasa. Son charme ensorceleur. Les photos qui ont immortalisé ce lieu magique, où la famille aimait à se retrouver.

Comment décrire les ambiances profondes, la réalité déformée, le mystère entretenu à propos de cet homme inconnu, se retrouvant par mégarde sur un cliché familial ?

Il vous faut lire ce livre. Dominique vous embarque dans une quête intimiste qui ne peut laisser indifférent. À petites touches têtues, elle vous mène et vous ramène à Tipasa.

Un ouvrage qui marque. D’une originalité et d’une beauté magnifique.

Chapeau l’auteure !!
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Icônes

Carmen L nous livre ici un recueil de nouvelles bien étoffé. Elle ne croit pas en Dieu et pourtant elle va nous entraîner dans un visuel d'icônes atypiques.



Au travers de personnages et de morceaux de vie choisis il y a de l'art, de la culture, de la poésie, de multiples couleurs selon les pays où elle nous emmène.



Entre croyances et réalités les vérités sont toujours bonnes à dire :



"Car ils sont venus d'Espagne, du Portugal avec leurs armes. Vos pairs transformés en bêtes sauvages. Ils ont tué, brûlé, ils ont tout détruit, San Miguel, Santos Angeles et d'autres réductions encore. Père Cristobal, ils ont défait ce que vous aviez construit dans votre bonté, nos maisons qui se touchaient pour que nous restions unis et la chapelle où les miens vous voyaient vous agenouiller. Vous disiez alors qu'il fallait vous laisser tranquille et l'on raconte qu'ils se cachaient derrière la porte, les planches étaient mal jointes et ils essayaient de vous voir."



L'auteure nous touche avec ses mots, beaucoup d'émotions ressortent de ces textes détaillés et explicites. Après "Lessiv story" Carmen L nous enchante avec ce nouveau recueil. Le plaisir des mots, le plaisir de lire…


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L'armée d'argile

Amateurs de belle littérature contemporaine c'est par ici, les romans de cette auteure sont toujours un plaisir de lecture. De par l'écriture, belle et soignée et d'autre part l'histoire qui vous emmène voyager loin. Ici, ce sera au travers de personnages rencontrés au fil d'un périple en 5 CV, au détour d'une exposition de photographies. La narratrice dépeint à sa fille chaque photo devant lesquelles elles s'avancent. Moultes détails et souvenirs, des couleurs, des senteurs, des émotions, des dialogues et un beau secret vont lui être révélés. De l'amour il y aura aussi, d'ailleurs je pense que sans ça le livre n'aurait pu être écrit.

Au début :

- "L'enfant est entrée la première, la femme a semblé hésiter un instant. Elles avaient fait le trajet en métro, on a mis m ille ans à arriver disait l'enfant en sortant de la rame.

Dix stations depuis Lourmel avec un changement, ensuite elles avaient marché un peu, traversé la rue. S'il voyait ses photos exposées là, disait la femme en désignant la galerie, s'il pouvait être là."

A chaque sortie d'un livre de l'auteure je sais par avance que j'aurais un réel plaisir à lire. C'est l'une des rares auteures de ce genre que j'apprécie. La route de la soie est devant vous alors allez-y les yeux fermés mais l'esprit accueillant. Vous ne trouverez pas ce roman sur Amazon je pose le lien ci-dessous (en numérique ou version papier) :

http://www.editions-du-caillou.fr/edc_manager2/public/front/Base/unLivre/17

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Tipasa

Un roman sans grande surprise. Attends, pars pas en me traitant d'auteuricide ou de je ne sais quelle autre saloperie dont on m'aurait pas encore traité. Si je dis « sans grande surprise », c'est parce que j'ai lu une palanquée de nouvelles de Dominique Lebel, que je savais pertinemment avant de télécharger son livre que j'aurais entre les mains une belle pièce d'orfèvrerie – mon téléphone Huawei, en l’occurrence, puisque ma Kindle m'a lâché y a quelques temps, mais qu'importe la bouteille de whisky du moment qu'on a du scotch douze ans d'âge dedans.

C'est donc un roman exquis, parfaitement abouti, que nous livre Dominique Lebel. Elle y convoque les fantômes de son enfance, de son père, de sa mère, de son oncle. Elle y parle de la guerre d'Algérie, un peu, d'Albert Camus, beaucoup. Elle donne envie de lire Camus, était-ce là son but secret, son plan machiavélique ? De son métier aussi, prof, et de ces gamins dont elle s'est obstinée à faire entrer la beauté dans le crâne. Je suis bien emmerdé. Je lui ai demandé de me filer le fichier de son bouquin pour y choisir des extraits, mais tout est tellement rutilant dans ce roman, que je ne sais pas lequel choisir. Je vais plutôt lâcher quelques perles, si tu me passes l'expression, sur babelio. Il paraît que les vrais « bons » lecteurs traînent là-bas. T'énerves pas, moi je fais que répéter. Tout est tellement maîtrisé dans ce texte, jusqu'à la ponctuation ou l'absence de ponctuation... Ce que je vais dire est cruel, mais si l'auteure avait eu vingt ans et envoyé son manuscrit aux maisons d'édition, toutes se seraient écharpées pour la signer. Mais si elle avait eu vingt ans, elle n'aurait pas pu écrire un pareil bouquin, chargé des bagages de toute une vie.

Je ne sais toujours pas quelle est la définition exacte de chef d’œuvre, mais on ne doit pas en être loin.
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Les vies secondaires

Ces deux nouvelles qui allient littérature et peinture ont tout pour nous plaire ! Une écriture magnifique, ciselée et poétique, des thématiques essentielles, graves parfois, telles l’extraordinaire et l’ordinaire, les liens qui les unissent, l’amour, le véritable, et bien sûr la mort. Deux chefs d’œuvres, La Joconde et Maternité de Amadeo, sont en quelque sorte les points de départ de ces périples littéraires et enchanteurs. Toujours heureux de lire la talentueuse et adorable Dominique Lebel ! À mettre entre toutes les mains !
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Icônes

J'ai lu le recueil "Monstres" du même auteur il y a quelques jours, et il est fort rare que je laisse passer aussi peu de temps entre les lectures de deux oeuvres d'un même auteur, car si je suis fidèle à ma femme, j'aime bien flirter quand il s'agit de littérature. C'est bien de cela qu'il s'agit ici : de littérature.



En théorie, il y a un peu trop de bondieuseries dans ces pages pour un farouche athée comme moi, et j'aurais dû rejeter ces icônes avec un haut-le-coeur, mais c'est tellement bien écrit et jouissif que toutes mes réserves se sont heurtées au mur du talent. Le talent, l'auteure en a à revendre, mais le lecteur doit en avoir également pour apprécier ces nouvelles, car Carmen L ne fait rien pour en faciliter la compréhension. On se plonge dans chacune d'elles en se disant chaque fois qu'elle est un peu froide, et puis une fois qu'on est dedans, on aimerait ne plus en sortir.



C'est souvent triste, parfois cruel, toujours sublime. C'est si beau que ça vous donne envie de faire comme Van Gogh et de sucer des tubes de peinture. A propos de peinture, la nouvelle Les lèvres rouges d'Anne Gwynne est un ravissement pour tous les sens. Je pourrais coller ici à peu près n'importe quel passage, comme celui-ci, tiré de Le bouquet, une nouvelle qui est à mon avis un pur chef d'oeuvre qui écaille méchamment le vernis de l'âme humaine :





" Les fleurs furent installées dans la chambre, le vase était trop grand et les roses s’écartèrent les unes des autres, les branches des graminées s’inclinèrent, le bouquet sembla vaciller. Quand la nuit vint, les deux femmes allèrent dîner ensemble sur la terrasse de l’hôtel. La soirée était brûlante, le soleil couchant dessinait des lignes parfaites. Esma picorait dans son assiette et jouait avec quelques miettes de pain, qu’elle faisait rouler sous ses doigts.



—Vos doigts vous trompent, il n’y a qu’une boule de pain et vous jureriez qu’elles sont deux… La vie vous trompe aussi, quand elle veut. Les mots eux-mêmes vous égarent. Les concepts. La dignité, tout cela. Quand ils pèsent sur vos épaules, vous ne vous en sortez plus.



Typhaine se dit à plusieurs reprises, au cours de leurs conversations, que cette femme pouvait se perdre dans de grandes banalités, mais qu’elle les rendait merveilleuses. Elle l’écoutait, acquiesçait. Riait aussi, avec elle.



—Un jour, mon mari a disparu, plouf, plus personne. Plus de rasoir dans la salle de bains, plus de brosse à dents électrique, rien. Juste son odeur sur l’oreiller et une chemise dans un placard, c’était peu de chose. Des reliques. J’ai enfoui ma tête dans l’oreiller, j’ai reniflé la chemise, ça ne l’a pas fait revenir. Gardez bien votre chéri et surveillez-le, les hommes ont vite fait de s’envoler par la fenêtre. Fermez les portes, tirez les volets, faites attention.



—J’étais à ce moment-là dans la nécessité de tuer, essayez de comprendre, même si c’est difficile. Mon mari lui, l’a fait. Ou alors condamnez-moi si vous le voulez, vous n’êtes pas à ma place. Qui est à ma place ?



— Les innocents ? Des femmes, des enfants, des représentants de commerce, un employé de mairie, un épicier dans sa chemise en nylon du Dimanche, deux soldats en permission… tant pis pour eux s’ils se trouvaient là. La loterie de la guerre, voyez-vous, une table sur une terrasse, une glace au citron dans une coupe parce qu’il fait chaud, que c’est un régal et hop, votre vie s’en va, vous n’y pouvez rien. Mais reprenez de ces pâtes, elles sont délicieuses et elles vont refroidir. Chez moi on en mange rarement, c’est dommage."





Pfiou ! Je ne sais pas si l'auteure est un peu trop modeste ou manque d'ambition, mais que fait-elle dans le circuit des autoédités ?... (oui, je sais...) Assurément, une de mes plus belles découvertes de ces dernières années.
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Et je chante aujourd'hui les vivants

J’ai lu 3 fois le dernier Dominique Lebel, Et je chante aujourd’hui les vivants, et j’ai vécu ces lectures comme une forme de collaboration toujours plus étroite avec l’auteur. J’adore cette sensation d’être au cœur du processus de création, d’assister à l’élaboration du livre en direct, phrase après phrase, d’avoir l’illusion d’y jouer un rôle tout en suivant le déroulement d’une improvisation magistrale, parfaitement structurée, bouillonnante d’une foule de détails, d’une inventivité renversante de véracité.





Le 26 janvier à 21 h 24, Dominique s’est adressé à ses lecteurs. Elle voulait leur donner envie de lire son petit dernier. Alors elle a dit d’où lui venait l’idée et comment cette idée était devenue une grande question sur les monstres intérieurs, leur origine, leur développement – question restée sans réponse.

Et puis elle a ajouté quelques mots sur sa manière de construire ses histoires en général, n’importe comment, a-t-elle précisé.

Et à ce moment, elle a perdu une boucle d’oreille, parce qu’elle avait secoué un peu trop la tête pour chasser une mèche de cheveux, et sa voix s’est accéléré, a glissé vers le sourire pour se moquer d’elle-même, mais très vite, elle a enchaîné sur l’image du collier et des maillons, qui représentent le fil conducteur et les personnages reliés entre eux.

Et puis surtout, elle a montré la médaille en pendentif qui, dans son histoire, renvoie à la figure centrale du poète, ce poète cambodgien parti si loin de la poésie.

Et toutes ces paroles étaient chaleureuses et sincères, émouvantes aussi, car on sentait bien qu’elle n’aime pas trop cet artifice qui consiste à s’adresser à des personnes absentes, seule devant une caméra indifférente. Qu’elle aurait préféré les avoir devant elle et sentir leur présence pour témoigner de ce qu’il y a de si vivant, de si impératif et de si incertain en même temps quand on commence un livre sans savoir vraiment ce qu’il exigera de vous.

Elle a précisé aussi que le monstre aimait Vigny et elle a cité La mort du loup…

Comment est-ce possible chez cet homme, ce goût – si contradictoire qu’il en devient impensable – pour la puissance morale des mots et des images ?

Vous pensez bien qu’elle n’a pas cessé de s’interroger à ce sujet et de chercher des réponses tout en écrivant ce roman intemporel…

On a l’impression que cette histoire s’élève comme un nuage de brume au-dessus de la jungle cambodgienne, avec tous ses bruits de jungle, au milieu desquels on entend les ordres des Khmers rouges hurlés dans les mégaphones, parce que le personnage principal, le petit poète, se trouve parmi eux justement.



Si je parle de cette vidéo c’est pour parler de la voix de Dominique Lebel. Ce n’est pas la première vidéo d’elle que je regarde et écoute. Et depuis la toute première fois que je l’ai écoutée, quand je lis ce qu’elle écrit, j’entends sa voix. Sans m’attarder sur ses caractéristiques – une tessiture de baryton qui roule dans d’arrière gorge, avec des inflexions fraîches, légères –, je dirai que c’est une voix de conteuse, envoutante, ni hésitante ni rapide, qui vous embarque dans son cours régulier et chantant.



J’entendais donc cette voix en lisant Et je chante aujourd’hui les vivants et le texte devenait incroyablement animé et ample, c’est à dire que l’histoire formait un tout présent à mon esprit, un tout de plus en plus complexe où rien de ce qui était évoqué ne quittait complètement la scène imaginaire, ses différentes parties complémentaires s’articulaient pour former un grand corps, avec ses personnages qui demeuraient là et se répondaient, résonnaient les uns avec les autres malgré leur éloignement dans le temps et l’espace, prenant à tour de rôle les lumières de la rampe puis se retirant dans la pénombre sans disparaître, formant une chaîne humaine.



Une expérience de lecture qui se rapproche de ce qu’on éprouve quand on assiste à la performance d’un conteur, où votre statut est celui d’un auditeur attentif doublé d’un metteur en scène très actif, composant son propre théâtre mental à partir des éléments délivrés oralement, et qu’on tient ensemble dans une sorte de simultanéité, grâce à l’organisation du discours en collier, alors même qu’il semble improvisé.



Ce fameux n’importe comment dont parle Dominique Lebel et qui confère à ses livres leur style si particulier, ce naturel si élaboré, si poétique. Je ne peux pas dire que je sache exactement ce que c’est, ni comment ça fonctionne, mais à force d’en apprécier les résultats, les effets, les prodiges, après avoir lu près d’une dizaine de ses romans, je commence à avoir quelques intuitions.



Il me semble que Dominique Lebel recourt à 3 grandes instances de l’imaginaire, qui lui permettent de développer et de décliner l’histoire selon des canaux de narration complémentaires et entremêlés.

Ce sont 3 grandes voix, que l’on doit pouvoir identifier dans chacun de ses ouvrages (et je crois que je pourrais citer quelques exemples), mais je me limiterai à leur repérage dans celui-ci :



la voix de l’arbre, grand témoin de l’Histoire : dimension fantastique intemporelle. Les thèmes : savoir ancestral - vision surplombante critique sur le récit et les personnages.



la voix du narrateur, témoin des coulisses de l’histoire : dimension de mise en abyme avec 2 personnages emboîtés, Annie et l’autre, qui renvoient d’ailleurs son reflet à l’auteur. Les thèmes : éthique romanesque - questionnement sur le travail d’auteur - aveux de “monstruosité”.



la polyphonie des personnages, les acteurs incarnant la fiction : dimension du roman en marche, sorte de work in progress lissé. Les thèmes : présentation des faits - organisation chronologique du récit - les personnages et leurs interactions - l’intention romanesque à travers la peinture des choses discrètes et essentielles.



Cette dernière voix est celle qui fédère l’écriture et tout son déploiement. Elle forme un véritable écosystème narratif dans lequel on baigne. Il fonctionne comme un dispositif de retransmission. À travers lui Dominique capte une multitude de phénomènes qu’elle restitue. J’ai l’image d’un voile tendu dans l’air sur lequel se condensent et ruissellent les mots et les images produits par les situations, les personnages, leurs émotions, leur choix et leur destin, et que l’auteur recueille comme une manne. Ce sont des atmosphères, des détails de ce qui arrive au même endroit à des époques différentes ou au même instant exactement en des lieux différents, des coïncidences, tout ce qui caractérise l’environnement sonore, visuel et olfactif propre au récit, la faune, le cri des oiseaux et des grenouilles, la lumière, les paysages types, le cube de mousseline blanche de la moustiquaire dans une chambre, l’air effaré d’un tout jeune bonze, la silhouette de l’homme maigre qui circule à vélo… C’est cette absorption et restitution du réel imaginé, enrichi par la créativité de l’auteur qui fait la matière du livre. On la reçoit intensément par des notations simples, souvent des indications posturales, des gestes, des regards, passant par le prisme des personnages eux-mêmes, et teintées par leurs émotions, leur sensibilité, leur état psychologique, leurs amours, leurs drames, leurs cultures, leurs folies.



« — Essayez donc d’être moins Juive, de temps en temps, a dit l’écrivain à celle qu’il vient d’épouser.

Elle a haussé les épaules, s’est détournée. Elle sait faire cela, éviter les pièges, les paroles qui tuent. »



« Quand Lucie parlait de son père, Bah baissait la tête et frottait ses pieds sur le sol. Un petit taureau, pensait Lucie. Un petit taureau dans l’arène. »



Voilà, ce type de notation, qui pointe un détail qui serait passé inaperçu sans les dons singuliers, quasi chamaniques, de Dominique Lebel. Il manquerait alors cette chair, ce sang, cette danse, cette chorégraphie du récit, plein d’une eurythmie comparable à celle des danseuses du pays dont elle évoque si parfaitement l’hiératisme en quelques mots :

« Les danseuses sont restées là, avec leur eurythmie antique, ce mouvement si juste qu’elles font et qui se moque des actes des hommes. »



De ces mouvements si justes, Dominique Lebel en exécute une multitude tout au long de ce roman, un véritable ballet, elle qui pourtant est si troublée par les actes des hommes, par ce qu’ils font et ce qu’ils sont, par ce qu’ils deviennent quand un idéal fou les métamorphose en cafards.

Troublée au point d’interroger sa propre pratique à travers celle de sa protagoniste, dès la première phrase du prologue :

« Manuel m’a quittée et j’ai tué quelqu’un. Comme s’il n’y avait pas assez de morts. »

Et beaucoup plus loin, elle en dit plus encore sur la nature de ce crime et de cette “responsabilité” :



« À bien réfléchir, j’avais pu sans le vouloir montrer une direction au destin, lui dire où aller s’il cherchait un moyen facile de se distraire, et c’était effrayant. Cette responsabilité que j’avais peut-être était affolante. »



Un roman intranquille donc, qui scrute les zones d’ombres des hommes, de l’Histoire, de la littérature et des écrivains, mais aussi un merveilleux poème en prose sur l’art d’écrire et le bonheur inquiétant que cela procure.

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Et je chante aujourd'hui les vivants

Le poids accablant du témoin malgré lui



Dominique lebel est une écrivaine singulière, avec une voix unique.

Elle a sa manière à elle, par petites touches, de nous dévoiler ce que personne ne voit. Les filigranes, les entre les lignes, les traces inconscientes, les doutes, les questionnements, le poids des choix.

Lorsque j’ai lu son roman, mon corps naviguait entre maux de têtes et température pour me sortir d’un vilain virus et les images qui obsédaient mes nuits à la suite de ma lecture n’étaient pas de tout repos.

Il y a dans ce roman qui s’accroche et ne vous lâche pas, des moments magiques, beaux et folâtres comme des nuages capricieux mais il y a aussi des moments insoutenables, quand madame Lebel touche de sa plume légère l’indicible, l’irrespirable. Et pourtant chaque mot nous parle de nous, les humains. Et la question ne tarde pas à venir nous hanter : qu’aurions-nous fait devant une telle absurdité, quand la survie devient brûlante ?

Mais j’oublie de vous parler de l’amour, des destins qui s’entrecroisent, de l’histoire du jeune écrivain ambitieux et de la boulangère normande.

Et j’oublie même l’arbre, le témoin privilégié de l’Histoire !
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Les vies secondaires

Les vies secondaires

Dominique Lebel

2021



Vies secondaires, vies principales...

La vie, comme une sève qui se tarit par défaut d’amour. Par le couperet du sort qui exécute l’amour pourtant là, si fragile, si précieux.

Autour de deux chef d’œuvres, la «Joconde» de Leonardo et «Maternité» de Amadeo, les gravitations d’humains ordinaires qui se croisent, partagent un tragique destin.

La mort, absurde compagnonne, poison ou remède, point final des histoires. Des deux nouvelles.



Des thèmes graves, oui. Une pilule amère à faire passer, ou mieux à rendre savoureuse. C’est le cas, grâce à une superbe écriture. Qui monte un camp de personnages en temps record. Des êtres fragiles et si attachants : le gardien du Louvre amoureux, de qui hein ? La tendre compagne de Modigliani, «Noix de coco », et les sacrifiés de la grande guerre, mari et femme, unis dans le noir.



Géniale idée de rassembler ce petit monde autour des «toiles», interagir comme on dit sans poésie aujourd’hui. Sans parler de la petite histoire des deux génies, les peintres, si profondément humains avant de devenir des mythes.



Vous l’aurez compris je kiffe ! (horreur, malheur !).

Dominique Lebel adore la langue française ! Une luxure de mots choisis, de formules poétiques ; de descriptions très « visuelles », de réflexions, suggestions distillées.

Et j’aurais bien vu au lieu de deux longues nouvelles , un roman (ou même deux) , ces personnages ont beaucoup à dire.



Bravo et merci Dominique Lebel !



Foncez ! Vous qui aimez la littérature (pas les produits aseptisés vomis par les sacro-saints comités de lecture). Vous ne regretterez pas les 7,99 euros dépensés. 7,99 ? le prix d’une pizza !

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Elle s'appelait Sonia Verjik

...



Cette lecture est simple et on se laisse facilement embarquer dans les différentes histoires, on veut à tout prix savoir qui est Sonia Verjik et ce qu’il lui est arrivé.
Lien : http://www.yuya.fr/chronique..
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La plus malheureuse des femmes

Ce texte est à la fois une enquête et le récit de son cheminement en tant que livre. Qui est Emma Bovary ? Cette femme existe-t-elle autrement que de la façon dont Flaubert a bien voulu nous la dépeindre ? Possède-t-elle une autre vérité décelable, en creux, dans le portrait qu’en dresse son créateur ? La créature d’encre et de papier peut-elle échapper au destin que lui a forgé son démiurge ? Dans la quête des éléments de réponses surgissent d’autres figures féminines, personnages ou auteures, pour finalement faire résonner la littérature comme un cœur qui bat, envers et contre tout.
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Les vies secondaires

Lu il y a quelques mois.

Voilà une manière bien particulière et non singulière, d'écrire, moi qui aime l'Art, j'ai été gâtée !



Ces deux nouvelles traitent sur deux tableaux : La Joconde de Léonard de Vinci et Louise où la petite Louise) peinte par Amedeo Modigliani.



Tout d'abord, merci beaucoup pour ce voyage à Florence, au travers de ce célèbre tableau, La Joconde. J'y ai appris un tas de choses et j'ai eu l'impression, pour quelques heures, d'être dans cette magnifique ville que j'adore.



Figurez-vous, que je ne me rappelais plus des détails derrière ce visage, j'ai donc pris mon téléphone et zoomé, pour voir de plus près, (si si, je l'ai fait). Et bien l'auteure avait raison… de nous décrire tout cela. Fermez les yeux, (je fais souvent cela, quand l'histoire me plait, après avoir lu quelques paragraphes) et imaginez-vous en 1503, alors que celle qui est devenue célèbre aujourd'hui et depuis longtemps, se promène et essaye de se tenir tranquille, d'où ses mains mises ainsi, devant Léonard de Vinci, en train de la peindre, imaginez Il famoso sfumato ! Franchement, moi j'y étais, tellement l'auteure à une façon bien à elle de nous dire les choses, les gens, les objets, les odeurs !



Puis il y a les impressions de ce cher gardien, à notre époque, amoureux passionné de la belle Jioconda ! C'est très original d'avoir écrit de cette manière ; de nous avoir décrit aussi les pensées des deux jeunes filles, toujours au Louvre, leurs sentiments pour le manager et Damien. La fin est inattendue ou presque, moi, j'ai voulu en imaginer une autre, pour autant, je ne vous la dévoilerai pas ;-).



En tous les cas j'ai voulu la lire ainsi.



Et puis j'ai lu la deuxième nouvelle « Louise » !



L'écrivaine écrit les sentiments et les pensées de deux femmes, Louise… et Jeanne Hébuterne. Nous connaissons le destin de Jeanne (Giovanna) mais nous ne connaissons pas l'impression et les descriptions de leurs pensées – l'amour absolue et passionnel de Jeanne, pour le peintre, et l'amour de Louise pour Étienne, la vie d'Étienne et celles des deux femmes – à la manière de Dominique Lebel ! Encore un sans-faute pour moi.



Plus de mystère quant à la culture de l'écrivaine.



Encore un grand merci à toi, pour ce condensé de belles phrases originales qui m'ont emmenées, pour un moment, très loin d'ici. J'invite quiconque à la lire, si ce n'est pas encore fait.
Lien : https://imonet.software/domi..
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Le monde en mieux

Le commentaire de Martine :

Un bon recueil de nouvelles, qui a comme sujet, le passé, le présent et le futur, ces textes nous entraînent dans une réflexion sur nous, notre façon de vivre, et notre rapport au bien-être. Quelques-unes ont attiré mon attention la couleur du ciel bleu, qui démontre toute la folie du monde.

Je dois avouer que ma préférée de tous, c’est le grand chemin, qui m'a vraiment amené à me questionner sur la vie, les voies que nous choisissons de prendre. Le style d’écriture de Dominique Lebel a une ouverture sur les sens et aussi un double sens qui amène le lecteur à se demander s'il est dans la réalité ou bien dans un rêve. Elle a une belle répartie qui permet de mener son intrigue dans un élan crescendo continuel jusqu’à l’apogée de sa nouvelle qui quelques fois m’a surprise et d’autres où je m’y attendais.

J’ai passé un beau moment de lecture, la plume de Dominique Lebel porte en elle une poésie à sa couleur distincte qui m’a vraiment plu. Ce recueil est une œuvre inqualifiable, parce qu’il démontre de la beauté, de l’humour, de l’anticipation et de la concrétisation de l’auteure assumée et bien dans ce qu’elle écrit.
Lien : http://lesmilleetunlivreslm...
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