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Critiques de Elif Shafak (779)
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L'architecte du sultan

Nous voilà plongés dans Istanboul, au temps de Soliman le magnifique et de la splendeur de l'empire Ottoman. Nous suivons le parcours, semé d'embûches, de Jahan parti de l'Hindoustan à l'âge de 12 ans pour accompagner Cheta, un majestueux éléphant, cadeau destiné à Soliman. Carnac de cet éléphant, Jahan se révèle très intéressé par Sinan, l'architecte impérial, qui le prend parmi ses élèves, Jahan en deviendra un des quatre apprentis.

Roman très oriental, avec de nombreuses péripéties de toutes sortes, construction des principales mosquées d'Istanboul, trahisons, amour caché pour la belle princesse Mirhimah, ce roman nous révèle la capitale ottomane.

J'avoue avoir préféré La bátarde d'Istanboul mais ce livre fut agréable à lire et j'en ai aimé le contexte historique.
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10 minutes et 38 secondes dans ce monde étrange

On dit communément que notre vie défile en accéléré au moment du décès, dans cet entre-deux-mondes où le corps cède mais où l’esprit s’accroche en derniers flashs électriques.



Tequila Leila est morte, son corps martyrisé jeté dans une poubelle d’Istanbul.



L’astucieux montage narratif d’Elif Shafak la ressuscite par ces petites minutes où son enfance et sa destinée de femme devenue travailleuse du sexe nous sont racontées. Des réminiscences qui font apparaître peu à peu un personnage solaire, une belle âme subissant la cruauté de la société turque, l’obscurantisme et le patriarcat dans les familles, la brutalité des hommes. Une femme déterminée et courageuse qui a su s’entourer d’une nouvelle famille aimante, recomposée d’individus ostracisés: transsexuel, prostituée, chanteuse de bastringue...

Des indésirables qui vont braver les interdits pour donner sépulture respectable à une amie très chère et très regrettée.



Ce roman accroche l’intérêt et le cœur dès les premières pages. La narration est soutenue par une belle force romanesque, une histoire de vie implacable et désespérante éclaircie par les rencontres. Au travers des parcours, dans la peine et la douleur, d’individus attachants et décalés résonnent une bienveillance et une compassion envers autrui, mais aussi une dénonciation d’un système social écrasant.



Carton rouge pour les autorités turques qui ont décidé d’enquêter sur Elif Shafak pour obscénité, alors que son dernier roman pétri d’humanité est en passe d’être un succès d’édition*. La romancière avait déjà été dans le collimateur de l’Etat pour avoir reconnu le génocide arménien dans son roman La batarde d’Istanbul (2006)



*(sources: theguardian.com)

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Soufi, mon amour

Amis babelionautes ! attention chef d’œuvre absolu ! "The" Pépite d'OR +++...

Courrez l'acheter ! Je ne vous dévoilerai rien à part vous dire ..une histoire d'amour Gigantesque, simplissime d'habileté, d 'intelligence... bref histoire d'amour contemporaine où douceur et bienveillance sont les maîtres absolus de ce beau roman. ça fait Rêver !!!!



Un voyage dont on ne revient pas, un vrai tapis volant.. vers l'amour de l'autre, qui mène aussi à soi même, la sagesse , le soufisme, un roman presque un "cousin" de Frédéric Emmanuel Schmitt avec "Monsieur Ibrahim et les Fleurs du Coran "

Une aventure rafraichissante, un baume de bien être, ..un livre "oasis" qui fait du bien, qui résonne encore longtemps après avoir lu la dernière page !

Un livre à garder sur soi, et à distiller comme un parfum, comme une trainée de poudre.....!du bouche à oreille, allez- y !
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Crime d'honneur

Une histoire que je ne saurais définir mais qui m’a pris mon cœur, me l’a écrasé pour me le redonner tout en morceaux…chacun des thèmes abordés m’a touché au plus profond de moi, je ne savais plus quoi faire à part penser à cette histoire, à ces personnages, à cette chose…bref ce livre est un coup de cœur qui m’a brisé en mille morceaux.



L’auteur nous présente une panoplie de personnages différents, on se perd un peu au début pour ensuite s’y retrouver et comprendre que chaque Homme est une histoire, que chaque Homme a son importance…au final je me suis attaché à chacun de ces personnages parce qu’ils ont tous leur raisons, leurs histoires, parce qu’on a tous un cœur brisé ! Quand on lit ce livre on se dit qu’il n’y a pas de notion de bonheur qui peut exister parce que tout n’est que faux…



On a aussi le fait générateur de l’auteur pour nous raconter toute cette histoire…il faut dire qu’elle est horrible, glaçante…mais si elle se contentait de raconter le fait dans un style journalistique, ça l’aurait resté, mais le pire c’est qu’elle tente de comprendre, d’expliquer, de voir comment ça s’est passé…ça en devient juste trop émouvant, haletant et surtout, on se sent impuissant face à toute cette histoire qui se déroule telle une machine infernale !



Elif Shafak, écrivaine turque a la renommée quasi-mondiale. Je me demandais bien ce qui faisait cette renommée et je m’étais acheté quatre de ces livres pendant un de mes voyages en Turquie et conséquence, je viens tout juste de la lire. Résultat ? Elle a une plume splendide, moi qui ne trouvait pas le turque excessivement beau du point de vue littéraire, j’ai changé d’avis puisque quand c’est bien écrit, c’est beau et même très !



Durant toute ma lecture, ce livre est devenu une obsession. Je pensais à Iskender, à son histoire, et je trouve que mes moments préférés (ou j’étais le plus triste quoi et le plus à fond dans l’histoire…) c’était surtout dans les lettres d’Iskender. Son histoire est bouleversante, on ne sait même plus comment réagir face à lui, l’apprécier, le détester…que faire ? On ne sait pas, et ça nous trouble et nous fascine encore plus…



PS : Il faut savoir que j’ai bien pleuré en lisant ce livre surtout en lisant les lettres de certains personnages qui sont justes bouleversantes vu le contexte…



J’ai adoré la trame narrative ! On fait des espèces de saut dans le temps parfois alors que parfois c’est linéaire, j’avais un peu peur de m’y perdre, mais on s’y retrouve assez vite. Et les points de vue puzzle qui se complète est encore meilleur puisque ça nous permet de tout comprendre et de remplir le puzzle qu’on a en nous.



La fin !! Je ne m’y attendais pas du tout, mais pas du tout…je ne sais pas si d’autres lecteurs s’y attendaient, mais moi, PAS DU TOUT ! Elif Shafak m’a choqué, m’a surpris, elle m’a fait espérer avant de me remettre dans un gouffre, à cause de ce livre, je suis passé à travers toute la panoplie des sentiments existants…bref, la fin est bien comme elle est même si j’aurais eu quelques questions à l’auteur si je la vois !



Après quelques temps de réflexion, il me vient à l’idée que cette fin est super bien fait, qu’elle insiste encore plus sur l’aspect message social de ce livre, que ce livre n’est pas une « simple » histoire (comme dans la réalité) mais surtout une fiction qui permet d’insister sur quelque chose qui permet de montrer l’horreur de la situation. Si vous ne m’avez pas vraiment compris, je vous comprends, il faut que vous lisiez le livre.



Il ne faut pas oublier l’aspect message social de ce livre. Il n’est pas clairement dit, mais on le comprend aisément. Le crime d’honneur, acte horrible qui détruit des familles surtout à cause des malentendus, des problèmes de communications, à cause de valeurs qui ne sont même pas bafoués…bref un très beau message à travers une histoire brisante !



A part le crime d’honneur, il y a encore de nombreux sujets traités comme les parents, les enfants, les relations entre enfants-parents, la famille…brève un peu de tout ça pour faire cette histoire touchante au possible.



Pour terminer, je vous conseille ce livre. Il est à lire si vous voulez découvrir une histoire émouvante, triste, magnifiquement bien écrite (pour la traduction, je ne peux rien dire…) pour découvrir la vie d’Iskender…



- Ce livre est unique -
Lien : http://letteraturaa.wordpres..
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Soufi, mon amour

La vague de longtemps retirée, sur la plage abandonnée j'écrirai ces mots : j'aime beaucoup l'écriture d'Elif Shafak. Une fois encore j'ai plongé dans un nouveau rêve éveillé. Quelle conteuse ! Un mois après j'ai toujours un derviche tourneur qui danse dans les limbes de mon cerveau.





Tellement ébloui par l'éléphant blanc de L'architecte du Sultan, j'avais décidé l'achat de ce livre-ci dont je dirai peu sauf son parfum puissant d'amour absolu, d'amour universel. Longtemps en attente sur une étagère, oui faire traîner le plaisir ; mais un beau matin, j'eus au réveil la voix d'une Portugaise dans l'oreille : maintenant ça Soufi, mon amour ! Comment dès lors ne pas tirer le livre de sa léthargie ?

"Vous pensez que je suis pieux. Je ne le suis pas. Je suis spirituel. C'est différent." p.199





De sa façon d'écrire, elle nous dit ceci : "Prose ou poésie, les mots accourent vers moi et me quittent aussi soudainement, comme un vol d'oiseaux migrateurs. Je ne suis que le plan d'eau où ils se reposent, en route vers des terres plus chaudes." p.459





Quant à la lecture : "Il y a quatre niveaux de discernement. le premier est la signification apparente, et c'est celle dont la majorité des gens se contentent. Ensuite c'est le batn - le niveau intérieur. le troisième niveau est l'intérieur de l'intérieur. le quatrième est si profond qu'on ne peut le mettre en mots. Il est donc condamné à rester indescriptible."

C'est pourquoi je vous laisse avec un autre poète qui sans même le savoir nous parle de la rencontre au 12ème siècle du poète Rûmi avec le plus célèbre derviche du monde musulman.



https://www.youtube.com/watch?v=MO5d3cyZBLA





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L'Île aux arbres disparus

Je suis ravie de lire un nouveau roman d’Elif Shafak, après avoir beaucoup aimé 10 minutes et 38 secondes dans ce monde étrange, il y a quelques années.



Cette fois, elle nous emmène à Chypre et le roman se déroule entre les années 1970 et aujourd’hui. On fait la connaissance de Kostas, grec et Defne, turque qui vivent un amour impossible avec en toile de fond la guerre civile qui se prépare.



J’ai trouvé ce roman extraordinaire puisqu'il mélange habilement tous les genres : une très belle histoire d’amour, un roman historique ou l’on en apprend énormément sur Chypre, une petite pointe de merveilleux avec ce figuier qui nous livre son histoire et qui m’a permis d’en apprendre énormément sur les arbres. C’est un roman sur les racines et l’héritage culturelle qui nous est transmis par notre famille.



C’est très bien écrit et j’aimerais énormément voir une série adaptée de ce roman car il contient tous les éléments pour faire une belle saga. J’ai toujours eu envie de découvrir Chypre, et j’ai appris énormément sur l’histoire tragique de l’ile. Je trouve dommage que des tas de touristes visitent l’endroit pour profiter du soleil sans connaitre tout cela. Heureusement ce genre de roman existe pour ne pas oublier.



J’ai adoré la narration du figuier que j’ai trouvé originale. Si dans les premières pages, c’est assez déroutant, ensuite je m’y suis habituée et j’ai beaucoup aimé son histoire.



Mes personnages favoris sont Kostas que j’ai trouvé énormément touchant, réfléchi, mignon avec Defne et merveilleux père pour Ada. Meriem m’a fait beaucoup rire. Je suis moins convaincu par Defne ou Ada qui m’ont semblé un peu moins attachante.



Ce roman m’a donné envie de lire d’autres romans de l’auteure très vite.


Lien : https://missmolko1.blogspot...
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Soufi, mon amour

Je vais aller à contre-courant de l’opinion générale : mon avis est très mitigé sur ce livre. Cela fait des années que mon épouse m’oriente vers ce livre, elle qui vénère le personnage de Shams. Ma curiosité a fini par être piquée au vif. Hélas, je n’ai peut-être pas la même sensibilité qu’elle pour le mysticisme et le soufisme.



Je ne retiendrai de ce livre que les « 40 règles de vie » établies par Shams. Elles parlent d’amour, d’égo, du moment présent, détachement avec le matériel, etc…Elles sont, somme toute, assez classiques, mais intéressantes à lire de temps à autre comme piqure de rappel, même si je trouve l’usage du mot « règles » inapproprié car bien des gens vivent heureux sans spiritualité ni religion. Personne ne détient de vérité absolue dans la quête du bonheur. Je les aurais plutôt qualifiées de « Conseils » ou « Recommandations ».



Le reste du livre est pour moi une compilation d’incompréhensions et de contradictions.



Il y a tout d’abord l’amourette d’Ella avec Aziz. Je n’ai pas saisi le message derrière ? Aziz dit dans une lettre au tout début de leurs échanges de courriel : « Pour qu’une nouvelle expérience voie le jour, il faut que de plus anciennes s’estompent ». Est-ce une suggestion pour quitter son foyer, sa famille, ses enfants et en démarrer une nouvelle avec lui ? Ella n’était pas heureuse (apparemment elle ne s’en rendait même pas compte). Mais la seule solution est de quitter sa famille? Laisser tomber ses enfants au nom de l’amour ? Et de quel amour ? Celui de Dieu (et donc une paix spirituelle) ou celui d’un amant ? N’y a-t-il vraiment pas d’autres choix ?



Quid aussi des pouvoirs de Shams ? Il peut voir à travers les portes. Il est aussi diseur de bonne aventure. Il ne rêve pas mais reçoit des messages divins. Kymia, son épouse éphémère, peut voir les morts et leur parler. On nage en plein délire fantastique.



Ce même Shams se dit soufi et conjure les autres à tuer leur égo. Pourquoi se met-il en colère ? N’a-t-il pas repoussé son épouse Kymia ? Ne lui a-t-il pas dit qu’elle le déçoit en l’exhortant à sortir de sa chambre sous prétexte qu’elle désirait un rapport avec lui ?



Je pense qu’Elif Shafak a voulu nous décrire Shams comme étant une conscience et non pas un être. Tentative avortée pour ma part. Un derviche errant qui va et vient au gré de ses envies sans se soucier des conséquences de ses actes sur les personnes qui l’aiment. Je ne vois pas où est l’amour là-dedans. Cela s’apparente plutôt à de l’égoïsme.

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Soufi, mon amour

C'est le premier livre que je lis de Elif Shafak.

Etant d'origine turc comme l'auteure et ayant entendu vaguement parlé de son succès, je me suis laissé tenté par ce livre.



D'abord j'ai beaucoup aimé les deux histoires qui se racontent en parallèle, l'une dans le présent dans la vie de Ella, et l'autre au XIIe s entre Rumi et Shams, deux hommes de foi. J'étais content de switcher tantôt dans l'une et tantôt dans l'autre piqué de curiosité dans chacune d'elle.

Le livre se lit assez facilement, par enchaînement de petit chapitre de quelque pages, se terminant chaque fois par un petit suspens. Grâce aux différents narrateurs, Shafak nous fais voyager d'un point de vue à l'autre.

Le style est assez fluide, ni trop enfantin, ni trop complexe, je dois avouer que la traduction à l'air réussi.



En revanche c'est loin d'être un livre religieux, que les lecteurs en prennent conscience. Parfois le mysticisme en devient même blasphématoire du point de vue islamique (exemple : quand le derviche lit le futur dans la paume de la main ou quand il a le don de voir à travers les portes ect). Et certain diront que "c'est un doux blasphème", me concernant c'est de la fiction.

Bref du moment où on le lit comme une fiction et que l'on est conscient que ce livre à rien de religieux je dirai pourquoi pas...



Autre point que je n'ai pas apprécié est qu'on a le sentiment que l'auteure nous montre sa sympathie ou devrais-je dire son appartenance pour le soufisme (pas de l'islam) au travers sa romance, qui pour celui qui a un minimum de connaissance théorique se rendra compte des aberrations parfois énorme.



On a l'impression parfois de lire, "les gentils soufi au pays des musulmans ignorant".



Attention pour ce qui l'on pas lu :



On voit a un moment Ella fantasmer de tromper son mari alors sensé être en cheminement spirituel...

De plus elle n'est plus elle même , on a le sentiment qu'elle entre dans une secte et qu'elle se perd plutôt que de se trouver.

Marié, elle ira rejoindre son ami soufi dans sa chambre d'hôtel au nom de l'amour.

Pour finir par quitter son mari et ses enfants sans trop savoir ce qu'elle veut.

Comme dirait Booba "c'est pas halal tout ca, c'est pas halal".

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Trois filles d'Ève

Le dernier roman d'Elif Shafak est traduit de l'anglais, langue dans laquelle elle écrit aussi bien qu'en turc. Est-ce la raison pour laquelle le style de Trois filles d'Eve semble moins chamarré que dans ses premiers livres, davantage rédigé avec une efficacité toute anglo-saxonne ? Le roman est construit en parallèle entre deux périodes de la vie de Peri, son héroïne, -son enfance et adolescence à Istanbul puis son année à Oxford, -sa vie de femme mariée et de mère à Istanbul. Peri a fait de sa relation avec Dieu la grande histoire de sa vie. Elle l'affaiblit, car toujours dans le doute le plus extrême, et l'empêche d'avoir confiance et estime pour elle-même. Spectatrice impuissante des chamailleries entre son père et sa mère, cette dernière très religieuse, à l'université, elle se trouve à nouveau mêlée au conflit qui oppose ses deux meilleures amies toujours sur la question de Dieu. La pécheresse, la croyante et la déboussolée (Peri), c'est ainsi que ce trio se caractérise. Et au milieu, un personnage ambigu, celui d'un professeur charismatique qui fera encore davantage vaciller la personnalité de Peri. Dans ce va et vient permanent entre deux époques, avec un double suspense pour corser l'intrigue, Elif Shafak illustre son sentiment sur l'évolution de la société turque et sur ses dirigeants. Sa vision de la communauté bourgeoise d'Istanbul, à laquelle son personnage principal appartient avec un grand recul, est sans concession et particulièrement aiguisée. Mais ce sont les pages consacrées à Oxford qui donnent au récit son rythme et sa valeur, dans cet apprentissage de la vie d'une jeune femme fragile aussi bien dans ses propres convictions que dans son rapport aux autres. Un magnifique portrait, toujours nuancé, et d'une belle profondeur.
Lien : https://cin-phile-m-----tait..
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Soufi, mon amour

Elif Shafak maîtrise l'art de raconter des fictions ancrées dans la vie à travers différents scénarios et une multitude de personnages.

Elle introduit les notions de base et les règles du soufisme de manière accessible et la narration simple et parfaitement orchestrée titille la curiosité.

Elle aborde la dimension existentielle et philosophique de la place de l'amour dans nos vies, dans nos cultures et dans nos âmes. L'amour que nous devons aller chercher au plus profond de nous-mêmes et qui est capable de tout changer, nous changer, tout conquérir, tout vaincre.



Elle insiste sur les difficultés qui rencontre le coeur humain, perpétuellement en conflit avec lui-même mais surtout avec les passions qui l'animent.



Si certains passages sont très simplistes et presque mièvres par leur prétention de vérité absolue, je salue tout de même la maîtrise de la structuration du roman, ainsi que le rôle des personnages qui s'imbriquent bien dans ce puzzle afin de délivrer le message que l'auteure souhaite véhiculer.



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La Bâtarde d'Istanbul

Tres beau roman qui se laisse lire avec beaucoup de facilite.

Une famille turque et une famille armenienne se retrouvent a travers leur passe commun et leur avenir commun,que le destin a reuni pour le meilleur et pour le pire.

Seul bemol,pour moi,la fin de l'histoire qui s'arrete comme ca;j'aurais aime un peu plus

A lire
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Soufi, mon amour

Elif Shafak est une écrivaine turque que je découvre, à travers ce premier roman.



Deux histoires s’y déroulent, à quelques siècles d’intervalle : une de nos jours, avec Ella, une américaine quadragénaire à la petite vie bien rangée et en apparence parfaite, et une autre au XIII siècle, retraçant la rencontre de Djalâl ad-Dîn Rûmi avec celui qui l’initiera au mysticisme soufi et révèlera en lui les talents de poète que nous lui connaissons. Ce compagnon, c’est Shams de Tabriz, un derviche errant, et qui incarne pour moi l’âme de ce livre.



Shams, qui veut dire soleil en arabe, en fut véritablement un pour Rûmi…



Ce récit est un hymne à l’amour, intemporel, inconditionnel, universel.

Si je devais résumer mon sentiment après cette lecture, je dirais que ce livre est une splendeur.

Il est magnifique, profond, bouleversant, poétique, triste et en même temps plein d’espoir.



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Soufi, mon amour

Le roman se compose de cinq chapitres, sur 400 pages, chaque sous-chapitre portant le nom du narrateur.



Trois narrations, sur trois époques, alternent ainsi : Ella, Northampton, Massachusetts, 2008. Récit de Shams de Tabriz, maître du grand soufi Rûmi, 1242 - 1260. Et les personnages du premier roman de Aziz Z. Zahara, « Doux blasphème », qu'Ella doit lire pour une agence littéraire.



Ella est une mère et une épouse exemplaires. Elle vit avec David, dentiste, dans une belle maison à Northampton. Ils sont aisés, disposent de deux appartements à Boston et d'un à Rhode Island. Ils ont trois enfants : Jeannette, amoureuse de Scott et qui veut se marier avec lui (réticence d'Ella : ils sont très jeunes, il n'est pas juif) ; les jumeaux la fille, Orly, le fils Avi.



Tout semble donc très agréable dans la vie d'Ella. Mais ce n'est qu'un leurre : elle découvre que son mari a sans doute une liaison Elle ne pose aucune question. Et lit attentivement ce roman d'Aziz. Et entreprend avec lui une correspondance amoureuse, jusqu'à ce qu'ils se rencontrent enfin à Boston, lui venu d'Amsterdam, elle de Northampton.

Et leur histoire prend un tour nouveau. Ella découvre le soufisme avec Aziz, derviche d'origine hollandaise, converti à cette voie spirituelle.



Des pages superbes s'articulent autour de plusieurs narrateurs, d'où surgissent de nombreux personnages, évoqués aussi minutieusement que dans des miniatures persanes, avec la même inspiration poétique et raffinée. Un ivrogne, une catin, un lépreux, des jardins, un bouge et une madrasa : on pourrait se croire dans un livre illustré de contes venus d'Orient.



Pénétré ou non de mysticisme et de soif de beauté et d'élévation, on ne peut que se laisser emporter par le charme de cette écriture et de ces images finement dessinées tout au long de ce livre qu'on ne peut qualifier de roman, tant il s'ancre dans l'histoire de personnages et de lieux réels, tant il est animé d'émotions douces ou violentes mais qui se concrétisent toujours par une exhortation à l'amour de l'être humain et est un appel aux vertus les élevées de l'âme humaine : tolérance, bienveillance, fraternité. Philosophie autant que souffle religieux, le soufisme s'incarne dans la sema, cette danse mystique qui fait tourner les derviches sur eux-mêmes, inlassablement, une main tournée vers le ciel, l'autre vers la terre. Exactement comme dans de nombreuses pratiques spirituelles qui replacent l'Homme entre Ciel et Terre, élément modeste mais unique de l'Univers.



Aujourd'hui, il se trouve qu'on parle beaucoup du soufisme, que des femmes s'autorisent à en pratiquer la danse, telle Rana Gorgani , jeune femme franco-iranienne.



Un livre qui offre beaucoup de plaisir à son lecteur, mais qu'il faut prendre le temps de découvrir.
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Trois filles d'Ève

Une fin blâclée et décevante pour ce charmant roman fort bien écrit et à la lecture agréable . L'auteure nous initie à sa vision de l'évolution de la société turque, plus particulièrement de la "caste" bourgeoise, et des différentes perceptions de l'Islam et de la religion du point de vue des femmes .











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Soufi, mon amour

De tous les romans turcs que j'ai pu lire jusqu'à présent, Soufi,mon amour est le moins turc d'entre eux (certes je suis loin d'être une spécialiste, cette remarque ne reflète donc que ma modeste expérience). À la lecture des premières pages, on se dit qu'on a à faire à un bon scénario (car l'écriture est très visuelle ici) pour une série américaine agrémenté d'un peu d'exotisme mystique.



Certes, on ne peut pas non plus réduire ce roman à un simple feel good, ce serait vraiment trop réducteur et presque insultant. C'est donc sans déprécier le travail d'Elif Safak que je dis que j'ai retrouvé chaque soir ces personnages attachants, dont certains m'habitaient même pendant la journée. Avec ces personnages plein d'humanité (dans le meilleur comme dans le pire) et de compassion, on peut dire que par moment j' ai été, comme le personnage principale transportée dans les rues de Konya au 13ème siècle écoutant et épiant l'amitié entre Rumi et Shams de Tabriz le derviche.

C'est aussi pour ça que ce roman nous transporte : il parle tout de même d'une femme presque quadra dont la vision de la vie (puis la vie tout court) bascule avec la lecture d'un manuscrit! Quel amoureux de la lecture ne se laisserait pas embarquer dans une telle histoire ?



Ce n'était pas le premier roman d'Elif Safak que je lisais, et ce ne sera peut-être pas le dernier. En dehors de la dernière partie trop convenue et trop cousue de fil blanc à mon goût (au point qu'il a faillit lui coûter sa 4ème étoile !) on ne peut pas nier que j'ai été transportée, touchée et même conquise par plusieurs partie de ce roman qui dénonce les dévots de la religion, les extrêmistes, les érudits devenus intolérants dans leur tour d'ivoire, et le manichéisme (communautaire ou non), mais ce n'est pas celui que je conseillerai s'il fallait n'en garder qu'un.





Multi défis 2020

Défi plumes féminines 2020

Défi Globe trotteurs 2020
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La Bâtarde d'Istanbul

Roman entraînant, avec des couleurs, des descriptions de lieux, des odeurs de cuisine, le thé, les épices…….Et tout ça avec beaucoup d'humour.

Des personnages atypiques attachants voire surprenants : la tante Banu, qui es marié mais vie toute seule avec sa famille et avec ses Fjnin et avec ses dons de voyance, la tante Feride à qui on a diagnostiqué une schizophrénie et qui vit selon les règles d'un monde fantaisiste en dehors duquel elle n'avait jamais mis le pied, Cevriye la prof d'histoire stricte et bornée, Zeliha et sa fille Asya les révoltées avec Leurs relations difficiles et la Petite-Ma, atteinte de la maladie dAlzheimer.



Au-delà du roman et de l'histoire, en dehors des questionnements : Peut-on éviter notre destinée ? le hasard ? Les coïncidences ? Les invraisemblances?.......... ses secrets, ses non-dits et des destins croisés, le roman fait le point sur beaucoup de sujets :

- la Turquie contemporaine, et particulièrement dans la découverte d'Istanbul, une ville multiculturelle, moderne, où l'on croise des personnages typiques, où les coutumes sont toujours présentes, où la religion est centrale, où la nouvelle génération se cherche.

- la culture gastronomique qui, d'ailleurs, occupe une grande place dans le roman…… cela m'a mis l'eau à la bouche : les plats familiers, les soupes, les mezzes, les farcies avec beaucoup de descriptions des mets et des plats.

- La famille : étant un élément majeur et indiscutablement important dans les cultures orientales en dépits de problèmes internes et secrets enfouis, on remarque bien que Les deux personnages principaux évoluent au sein de familles aimantes et chaleureuses à leurs propres façons et d'un soutien moral sans pareil.

- le conflit moral entre les exigences de la religion et le modernisme de ces pratiquants ainsi qu'au coeur de la rébellion de ceux qui la renient.

- la place de la femme au sein de la société turque : les traditionnelles (comme la grand-mère ou les tantes), auxquels s'opposent des figures plus modernes, féministes, revendicatrices de leurs droits et de leurs libertés (la mère et la fille), sans pour autant que ces différences les empêchent de cohabiter, de vivre ensemble, de se respecter et de s'aimer.

- le poids du secret de famille et du poids qu'il peut représenter sur plusieurs générations

- le viol (et l'inceste / à travers l'histoire de zeliha qui a été violé par son frère)

- Et enfin la douleur qu'a laissée l'histoire du peuple arménien

Je le recommande vivement !!! et j'ai hâte de découvrir les autres romans de Elif Shafak
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Soufi, mon amour

Les livres sont comme tous les événements ils n'arrivent pas au hasard.

La lecture de ce livre m'a été confiée par une de mes amies, qu'elle en soit ici infiniment remerciée.

J'ai lu le roman qu'elle m'avait conseillé. Et je partage ici un extrait du retour que je lui ai adressé. ...« Oui, c'est un très bon roman. Bon par sa bienfaisance, et l'ouverture qu'il propose.

Un roman à spectre large. Très large, infiniment large, puisqu'il s'agit de l'Amour.

Aux dimensions infinies. Temporelles et à la fois éternelles, pleines de ramifications, et de mouvements. Où tout se lie, se tient, s'emmêle et s’enchaîne, et où tout se relit, s'élève, s'entraide, se libère, et progresse.

Je ne saurais pas vous dire si Dieu existe. Ce dont je suis convaincue c'est de la force qui existe en chacun de nous. La force de vie explique beaucoup de choses. Mais ce n'est qu'une moitié de nous. Il faut la puissance de l'Amour pour que nous nous réalisions pleinement.

Est ce cela la Transcendance ? Le dépassement de soi ? La capacité de chacun d’accueillir en soi la totalité de tout ? La nuit comme le jour, la vie et la mort. Rien n'a de prix, mais tout a sa valeur.

Je comprends mieux l'essence du soufisme. Je ne suis pas experte en religions. Mais peut être est ce l'un des meilleurs chemins proposés pour éviter à toutes et tous de nous entre-tuer, nous ignorer, nous saccager.

Ce livre résonne formidablement à travers les temps troubles que nous traversons.

Et il est rassurant, parce que l' Amour par lequel Shams et Rûmi se sont délivrés, et mieux encore , se sont élevés, a existé au XIIIe siècle.

Alors cela a chacune et à chacun une bonne marge d'espoir.

Quand j'ai commencé la lecture, j'ai immédiatement ressenti un poids. Je savais que cela allait appuyer « quelque part » comme on dit. Sur le sternum. J'ai senti le poids d'un verrou. Et je savais que ce livre où qu'il me mènerait, me permettrait de travailler « la dessus », c'est à dire en moi.

Bienfait, pour moi me suis-je dit.

Nous avons tous en nous un peu d'Ella, d'Aziz, de Shams, de Rûmi, et tous sont parmi nous.

C'est notre côté lumineux, d'autres personnages incarnent notre côté sombre, et notre côté entre chien et loup.

Des vies, des instants, des époques comme des phases, avec des avancées, des stagnations, des régressions, et de nouveaux départs.

J'ai aimé ce mélange, la progression sinueuse mais aussi la volonté persistance du cheminement des personnages quoiqu'ils puissent traverser. Je les trouve très humains et supérieurs à nombre de supposés dieux.

Certains diront sans doute qu'il est très simple d'aimer et qu'il est bien triste d'y renoncer. Lui donnant ainsi l'aspect d'une gourmandise, un devoir ou même d'un droit.

On a bien des lois qui nous disent ce qu'ils ne faut pas aimer, tellement de lois,  mais c'est entre lignes peut être que peut apparaitre ce que l'Amour peut éclairer. Les livres nous ressemblent, puisqu'ils sont nos oeuvres, ils ont plusieurs dimensions. A chacun de bien vouloir se déplacer. C'est comme   l'anamorphose végétale de  François Abelanet que j'ai pu voir à l'institut du Monde Arabe. Il a beaucoup à lire dans certains jardins. Beaucoup à apprendre.

C'est à la valeur de l'Amour à laquelle il faudrait penser. Il désarme et pourtant il est chargé de tant de possibles, qu'il faut peut être plusieurs vies pour apprendre à en connaître le bon usage.

Apprendre qu'en fait il n'a aucun usage, puisque ce n'est pas un objet mais le sujet principal qui fait entrer l'esprit dans l'âme, c'est peut être le bon chemin pour espérer pouvoir s'élever.

L'Amour doit être enseigné. On doit apprendre à faire du pain avant de savoir le partager.

Et avant même que de faire le pain, il faut apprendre tellement de choses. La saison, la terre, la graine, les éléments, la patience, l'effort, le travail , la contemplation, le mûrissement, l'abondance, la reconnaissance, la générosité, la précarité, enfin toute ces choses que l'on doit apprendre et faire siennes avant de comprendre toute la valeur que contient une bouchée de pain.

Je ne sais si l'Amour est dans le pré, comme on veut nous le vendre, mais je crois que l'Amour est dans le pain qui nous est donné, et également dans celui que nous gagnons. Cela chasse l'amertume de l'ivraie.

Si nous ne sommes pas transformés par l'Amour, c'est que nous n'avons pas vraiment aimé. C'est tellement vrai.

Il n'y a pas de hasard. A aucun moment, mais on voudrait se voir marcher dans un rêve alors que l'on erre vers sa destinée.

L'Amour et son empreinte nous force à évoluer. Et partant de la nuit nous n'avons que le lumière pour nous diriger. C'est une histoire singulière et à la fois universelle.

Il est question de beaucoup d'histoires dans ce livre.

Parce qu'on a besoin d'histoires et de mémoire.

On écrit des romans, des contes, des légendes, et puis aussi des poèmes. On les transmet. Et particulièrement ceux qui portent une Lumière.

Ceux là sont intemporels, universels.

On ne meurt pas pour le Livre. Même si l'on massacre des peuples et le Livre. Rien ne meurt, parce que l'esprit est dans le Livre comme il est dans un peuple. C'est l'Esprit qui est notre demeure et non le Livre. On peut lire l'esprit de beaucoup de prières, de psaumes, de poèmes dans le cours d'un ruisseau. Il faut apprendre à reconnaître l'esprit avant de pouvoir prononcer la première lettre.

C'est la force de la création contre la stupidité de la récitation. Même si la récitation est bonne pour exercer sa mémoire, elle n'est que répétition. Mais même au théâtre toute bonne création exige quelques répétitions avant que tout soit prêt. Il faudrait que je fasse preuve de plus d'indulgence.

La vision de la poésie dans ce livre est une très belle vision. Celle de sa destinée : celle de servir et d'aider.

Si Dieu se trouve en chaque homme, et qu'il est parfois possible que Dieu se retrouve en nous, la poésie fait partie de Tout. L'un ne va pas sans l'autre.

Servir et aider, rendre Amour.

Je sais que ce n'est pas très coutumier en ce moment. J'ai du mal à trouver la lumière dans certaines poésies contemporaines qui se veulent performantes, et qui font vibrer tant et si fort l'ego de leur géniteur qu'on finit par se demander comment il est possible que les mots soient parfois considérés comme des objets, des accessoires de bonne fortune.

On peut faire de la musique sans être musicien. C'est une phrase que Monsieur de Sainte Colombe prononce dans le livre de Pascal Quignard, dans tous les matins du monde.

Je trouve qu'il y a du soufisme dans la pensée de Quignard.

C'est peut être pour cela que j'aime beaucoup sa pensée. Il est spirituel. Dans le sens noble du terme. Il y a une phrase de lui dans les ombres errantes : «  Souvenez-vous qu'il est heureux de perdre ce qu'il n'est pas permis d'aimer. » . Elle est puissante cette phrase.

Et j'ai trouvé l'esprit de cette pensée dans le livre d'Elif Shafak. Une valeur donnée à l'acception d’événements dont nous comprenons pas la valeur parce que nous sommes mis en furie par le déchaînement d'émotions qu'on ne maîtrise pas. Par manque de calme, de lumière et donc de lucidité.

Entre, alors, la nécessaire confiance.

Pas d'Amour sans désarmement, pas d'Amour sans confiance.

Pas d'Amour sans une prise de risque, non pas aveugle, mais consciente. Un lâcher prise.

Il y aurait tellement à dire, tellement nous avons toutes et tous à vivre, et à nous raconter à travers les pages de ce livre.

Il n''y a jamais de hasard dans les rencontres quelles soient humaines, littéraires, artistiques, spirituelles, tout est lié.

Comme les cercles que dessinent les derviches, comme les boucles d'une écriture, la « spiralité » de nos destinées.

Rien n'est pré destiné à être mais pour autant tout est destiné à devenir.

Je refuse l'immobilisme de l'éternité et je crois à la perpétuité de l'Amour.

L'Amour perdure, quelque soit le temps, il est vivant, l’éternité quant à elle fait,... son temps.

Alors merci à vous de m'avoir confié l'histoire merveilleuse de cet Amour, celui d' Ella et d'Aziz, De Shams et de Rûmi.

Un de mes livres préférés de Duras est le roman le ravissement de Lol.v Stein. C'est là que j'ai rencontré Duras. Avec ce livre là. Les autres je les aime aussi, mais celui là est celui où elle parle de l'Amour. Même si cela peut paraître obscur je crois qu'elle a touché avec ce livre une spiritualité qu'elle même ne soupçonnait pas. C'est peut être le seul livre qu'elle a écrit sans être sous l'emprise de l'alcool.

Lacan, je crois que c'est lui, s'étonnait paraît il du fait que Duras ait pu survivre à ce livre. Elle seule aurait pu nous dire la puissance de ce qu'elle a pu, par ce livre, approcher. Il aurait peut être fallu qu'elle soit l'ami de Rûmi plutôt que l'élève de l'Amant. Qui peut le dire. Elle ne se serait pas détruire comme elle l'a fait.

Vous savez que j'ai rencontré Rembrandt ? Quand je dis ça généralement je vois les gens un peu dépités par l'évidence de ce que j'annonce. Mais c'est vrai j'ai rencontré Rembrandt dans son tableau «  Titus lisant ». Titus était son fils. Et ce qu'à fait Rembrandt avec la lumière est prodigieux. Il a sur le front et sur la main de Titus posé deux baisers. C'est prodigieux d'avoir faire un si bel usage de la lumière. C'est ça le secret de sa lumière. Pour moi peindre c'est ça. Je laisse la technique aux plus instruits que moi. Moi j'y vois l'Amour , et d'autres y voient de la maîtrise.

Je me demande si cela ne s'oppose pas.

Je crois que c'est l'Amour que je recherche dans l'Art. Ses traces, son souffle, sa présence.

C'est ça qui me pousse à aller à la rencontre de ce que je connais pas et qui pourtant semble nous rassembler. Nous ne sommes pas étrangers à l'Art. L'empreinte que nous y déposons est la preuve que l'Amour a toujours existé.

C'est un peu « l'empreinte à Crusoé » de Chamoiseau. Si vous n'avez pas déjà lu ce livre, laissez vous tenter. Mais je crois que « Vendredi ou les limbes du pacifique » de Tournier est encore plus concret. Je sais que parfois je fais des associations pas très évidentes, mais je crois qu'il y a toujours l'espoir d'une vérité.

Je vais terminer mon courrier, je crois . Je pourrai vous écrire des heures. Et vous auriez raison de dire que cela n'a que trop duré.

Excusez la longueur de mon écrit, elle est à la mesure de tout ce que j'aimerais pouvoir vous dire au sujet de ce livre. » ...



Il n'a pas de hasard dans aucune rencontre. Ce livre nous est à toutes et à tous : Destinée.

Astrid Shriqui Garain



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Soufi, mon amour

Il se lit comme un roman initiatique, que pour ma part je ne suis pas parvenue à lâcher. Il nous fait voyager au coeur de la sagesse soufi. En même temps on suit l'histoire de cette héroïne Ella, 40 ans, en pleine crise existentielle de couple, de questionnement de vie et par une lecture on rentre dans la vie de Rumi au 13 e siècle célèbre poète et maître soufi, cette belle tradition de sagesse de l'Islam.

Personnellement, c'est le type de livre qui me nourrit pleinement, parce qu'il se lit facilement et conduit le lecteur dans une quête profonde,

je recommande vivement cette lecture.

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Soufi, mon amour

Le titre ne me laissait augurer qu’une histoire d’amour….. Mais j’avais un challenge à respecter !!!! J’ouvre le livre et…. Je suis happée, prise par la main, impossible de lâcher le livre.



Deux histoires cohabitent dans ce livre.



Nous somme en 2008. Ella habite le Massachussetts, mariée, mère de 3 enfants, vie très pragmatique d’américaine bon ton, devient lectrice pour une maison d’édition. Elle reçoit son premier manuscrit : « Doux blasphème ». Là aussi, le titre me fait frémir… encore un roman à l’eau de rose ? Laissons tomber l’histoire de Ella qui est convenue et sert à introduire les quarante règles de Shams



« Doux blasphème » se déroule en 1242 en Turquie et, telle la danse lancinante des derviches, je suis entraînée et me laisse entraîner.

Kony, Turquie en l’an 1242. Rûmi, célèbre poète turc rencontre Shams de Tabriz, derviche soufi. Nait entre eux, une histoire d’amitié et d’amour si profonde qu’elle va bouleverser leurs vies.



Comme toute quête de l’absolue pureté, élévation, grand amour exclusif, Rûmi va s’isoler du monde sans se soucier du reste. Les dommages collatéraux seront très importants au sein de son entourage sans que cela engendre la moindre culpabilité des deux hommes.



Shams le derviche, rencontre toute une pléiade de personnages qu’il met en scène pour inviter Rûmi à passer les 5 portes tels Suleiman l’ivrogne, le zélote, Rose du désert la catin…..



Chaque partie a pour titre un des éléments : la terre (ce qui est solide, absorbé, immobile), l’eau (ce qui est fluide, changeant et imprévisible), le vent (ce qui bouge, évolue et nous défie) le feu (ce qui abîme, dévaste et détruit), pour arriver à la 5ème : le vide (ce qui est présent à travers son absence).



Shams et Rûmi ont mis 40 jours à discuter autour des 40 règles…. Tiens, cela me rappelle les 40 jours du déluge !!! Il est aussi question d’Abel et Caïn… A cette époque moyenâgeuse, beaucoup de religions cohabitaient. Rûmi, musulman, a épousé Kerra chrétienne, bien qu’Erudit et enseignant l’Islam….



Ce que démontre Shams est plus du domaine de la philosophie que de la religion. Mais voilà, il y a les hommes et leur interprétation de la ou plutôt des religions



J’ai bien aimé ce livre si facile et agréable à lire. J’ai comme une envie de découvrir plus avant la vie de ces 2 personnages. Comme je l’ai emprunté à la bibliothèque, je vais l’acheter pour l’avoir dans ma bibliothèque.



Quel plaisir lorsque Shams discute de la sourate concernant les femmes :



« Les hommes ont autorité sur les femmes, en raison des faveurs de Dieu accorde à ceux-là sur celles-ci, et aussi à cause des dépenses qu’ils font de leurs biens. Les femmes vertueuses sont obéissantes, et protègent ce qui doit être protégé, pendant l’absence de leur époux, avec la protection de Dieu. Quant à celles dont vous craignez la désobéissance, exhortez-les, éloignez-vous d’elles dans leurs lits et frappez-les. Si elles arrivent à vous obéir, alors ne cherchez plus de raison contre elles, car Allah est, certes, Haut et Grand !



Voici la traduction de Shams :

« Les hommes sont les soutiens des femmes car Dieu a donné à certains plus de moyens qu’à d’autres, et parce qu’ils dépensent leurs richesse ‘pour subvenir à leurs besoins). Les femmes qui sont vertueuses sont donc obéissantes à Dieu et préservent ce qui est caché, comme Dieu l’a préservé. Quant aux femmes que vous sentez rétives, perlez-leur gentiment, puis laissez-les seules au lit (sans les molester) et venez au lit avec elles (si elles le souhaitent). Si elles s’ouvrent à vous, ne cherchez pas d’excuse pour les blâmer, car Dieu est, certes, Haut et Grand »

Une parole à méditer par tous !


Lien : http://zazymut.over-blog.com..
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L'Île aux arbres disparus

C'est bizarre, le hasard ! Mais s'il était conventionnel, il n'y aurait pas de rencontres imprévues. Deux Turcs arrivent successivement par la bibliothèque tournante, de quoi en être chaviré. Après Nadim Gürsel, voici Elif Shafak, après l'Iran, l'île de Chypre. Je n'aurais sans doute jamais été attiré par ces deux livres s'ils n'avaient pas eu l'idée géniale tout autant que saugrenue d'atterrir dans la boîte aux lettres.



La Turquie fait l'actualité, elle tremble dans ses fondements, mais que dire de Chypre, confrontée entre deux civilisations, deux cultures, deux religions ! Et ce n'est pas la zone centrale, neutre, - ligne verte ! - qui lui permettra de retrouver ses racines.

Elif Shafak a choisi l'arbre, et particulièrement le figuier, pour nous conter l'âme de cette étrange île, sortie de l'eau aux confins de deux continents.

Ficus carica, la plante la plus ancienne de Chypre, une évidence pour expliquer la disparition des arbres.

Je n'avais pas été subjugué par « L'Arbre Monde » de Richard Powers, j'ai abandonné récemment « Lorsque le dernier arbre » de Michael Christie. Et pourtant, c'est un sujet qui me branche, comment comprendre ce manque d'intérêt pour deux romans qui ont fait sensation dans ce domaine ?

J'ai beaucoup apprécié les livres qui parlent des arbres d'un point de vue naturaliste. « Plaidoyer pour l'arbre » de Francis Hallé, « Les arbres, entre visible et invisible », de Ernst Zürcher, « La vie secrète des arbres » de Peter Wohlleben, autant de titres qui m'ont conforté dans l'idée que nos frères en bois ont beaucoup à nous apprendre.



Il a fallu que je lise « L'île aux arbres disparus » pour que je comprenne l'évidence.

Un mot caractérise la bienveillance que procure ce roman qui relate pourtant des moments sombres dans l'histoire de ce petit pays. Ce mot c'est « émotion ». Ce livre en dégouline, ça sort de l'écorce comme la sève au printemps. Sensibilité, exaltation, poésie, voilà ce qui manque à mes sens aux deux autres livres précités pour procurer le plaisir de la lecture.

Rares sont les écrivains qui savent mettre en relation la science avec l'humain, la nature avec l'écriture. Pour moi, Elif Shafak a parfaitement rendu cette dualité qui consiste à exprimer des sentiments en expliquant le bonheur d'être en vie. Elle a donc rempli sa mission de donner envie, de permettre d'aller au bout d'une histoire complexe en mélangeant nature et culture, histoire et science, région et religion. Peut-être faut-il être femme pour procurer autant d'émotion.



« Un jour, cette douleur te sera utile », ces mots d'Ovide relatés par un mulot dévoreur de livres – allusion au « Firmin » de Sam Savage lu récemment ? - et cités à la fin de l'histoire, expriment tout ce qui fait la force de ce roman.

Etre passé par le malheur pour comprendre et apprécier le bonheur.



Après émotion, deux autres mots méritent d'être mis en exergue : migration et transmission.

Mettre en relation la migration des humains confrontés à la guerre et à l'exil avec celle des oiseaux et des papillons qui font escale à Chypre est tout simplement bouleversante. le caviar chypriote, vous connaissez ? Non, alors lisez ce livre, je ne vous dévoilerai rien au risque de me brûler les ailes.

Le thème de la transmission apparaît également tout au long du récit. Parasites, traumatismes, mémoire, là encore, toute vérité est-elle bonne à dire ? Peut-on être déraciné ?



« Nous les arbres, nous ne pouvons qu'observer, attendre et témoigner ».

Puisse l'étude de la dendrologie nous permette d'être tendre au logis.

Les arbres gardent la mémoire du temps. Il est grand temps d'en prendre de la graine. Nous sommes interdépendants avec toutes les autres espèces qui nous entourent.

Enterrer le figuier pour l'aider à passer l'hiver, voilà un rite ancestral qui donne une signification primordiale à notre rapport à la terre.

Transplanter une bouture pour transmettre la vie dans un autre pays, voilà qui est transcendant.



Ada est née à Londres au même moment que le jeune figuier adoptait sa nouvelle terre. D'un père grec et d'une mère turque vivant à Chypre.

Plusieurs époques, plusieurs lieux, un même combat, celui de la liberté.

Un jour, Munch est entré dans la classe d'Ada. Elle pousse un cri, colère et désespoir mélangés, à la recherche de son identité .



Je ne vous en dis pas plus, mais c'est une histoire envoûtante racontée par une autrice qui a su trouver un curieux mélange de nature et de merveilleux, de chagrin et de bonheur pour nous relater le monde des déracinés.



Le figuier a pris la parole, celle d'un aïeul capable de transmettre ses émotions.

Cinq minutes pour l'abattre, cinquante ans pour le refaire, ne l'oublions pas.

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