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Critiques de Elif Shafak (779)
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La Bâtarde d'Istanbul

J'ai visité la Turquie avec Elif Shafak : ce roman permet de découvrir Istanbul, ses quartiers, sa cuisine et son histoire.

L'histoire d'une famille turque stambouliote un peu à part, les Kazanci, tout d'abord, dans laquelle les hommes semblent maudits et celle du passé turque avec le génocide arménien, thème douloureux qui est abordé avec beaucoup de tact et de finesse à travers une deuxième famille arménienne immigré aux États-Unis, les Tchakhmakhchian.

Toutes les facettes de la culture turque sont incarnées par les différentes sœurs, de la plus croyante (avec ses deux djinns, elle lit l'avenir ET le passé) à la plus rebelle (Zaliha, mère célibataire et tatoueuse en jupe courte et talons hauts).

J'ai vraiment beaucoup aimé cette lecture et au hâte de lire d'autres romans de cette auteure, qui risquait quand même 3 ans de prison pour ce roman!
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L'architecte du sultan

Jahan, cornac imposteur débarque à Istanbul avec un éléphant blanc. La ville est riche et fastueuse, irriguée par l'or des conquêtes de Soliman. Et par hasard, il devient l'architecte qui construisit les plus grandes mosquées de la ville.

Entre rivalités, complots et trahison, ils vont faire leur chemin. Et marquer l'architecture de leur empreinte.

J'aime beaucoup Elif Shafak, sa façon de mettre en valeur sa ville d'Istanbul, ses habitants, à travers le temps et l'espace. Néanmoins, il y a des romans que j'aime moins que d'autres. Sans être à oublier, ce n'est à min sens pas son meilleur. Je trouve l'intrigue très diluée, elle s'étend sur des décennies et donne l'impression que les personnages n'évoluent pas beaucoup. Les apprentis le sont tous jusqu'à la mort de leur maître puis connaissent des destins variés. Jahan lui-même, alors qu'il est censément le personnage principal (ce que le titre français ne laisse pas du tout entendre), ne change pas vraiment jusqu'à quasiment la fin du roman... le seul personnage qui évolue, c'est l'éléphant... de plus, les intrigues du palais, qui influent sur le travail des architectes, ne sont pas vraiment expliquées. Des personnages n'apparaissent que lorsqu'on a besoin d'eux, jamais ne serait-ce qu'en arrière-plan pour leur donner une réelle épaisseur... Ce qui est dommage, vu la taille du roman.

Bref, ça se laisse lire, mais je ne suis pas certaine que je vais le garder longtemps en mémoire...

Challenge Voyage Littéraire.
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La Bâtarde d'Istanbul

Traduit de l'anglais (Turquie) par Aline Azoulay.

La fiction littéraire permet de révéler et de rehausser tous les tons de la réalité, de briser les miroirs, d'effacer les frontières. Lorsque la plume qui sème la saveur des mots est talentueuse, elle fait entrer la lumière dans le palais de notre mémoire. Amy et Assia sont de nées de la même sève. Deux yeux d'un même visage, deux mains d'un même corps, toutes deux différentes, non symétriques, la présence de l'une renforçant et révélant l'existence et la singularité de l'autre. Les drames de Histoire provoquent souvent les cauchemars des hommes. A travers l'histoire de quatre générations de femmes, nous entrons dans Istanbul par la porte du 21e siècle. Recherche d'identité, de racines…Quel part de l'héritage devons nous prendre en charge, reconnaître ? Qu'est ce qu'une nation, un peuple, une culture ? Qu'est-ce qui fait lien ? Le nom ? L'ancêtre ? La connaissance d'une mère ? La reconnaissance d'un père ? La terre ? La prière ? Une famille ? Ou tout simplement le cruel partage d'un destin ? Comment pardonner l'impardonnable, l'irréparable ? Sur quelles bases et comment les nouvelles générations peuvent elles tracer la nouvelle voie de leur propre futur ?

Après « Soufi mon amour », «  la bâtarde d'Istanbul » est le deuxième roman d'Elif Shafak que j'ai le plaisir de lire. Et le plaisir ne faiblit pas. Écrivaine nomade, Elif Shafak écrit brillamment une nouvelle page de la longue histoire de l'art meddahlik, reconnu par l'ONU patrimoine culturel immatériel de l’humanité . «  Historiquement, la vocation des meddahs, conteurs publics, était non seulement de distraire, mais aussi d’éclairer et d’éduquer le public. » . L'art du conte ne connaît aucune frontière et il trouve en Elif Shafak une auteure de grand talent, qui le perpétue à travers son œuvre.

« Viens, qui que tu sois, croyant ou incroyant, viens, c'est ici la demeure de l'espoir. » Rûmî.



Astrid Shriqui Garain

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Crime d'honneur

Crime d'honneur : dès les premières pages du dernier livre d'Elif Shafak, il est clair que toutes les pistes narratives de cette immense saga familiale vont mener à cet acte horrible : le meurtre d'une femme par son propre fils décidé à laver un affront indélébile. Patiemment, la romancière remonte tous les fils d'une histoire qui débute dans un petit village du Kurdistan turc, se pose un temps à Istanbul, avant de se déployer dans le Londres de la fin des années 70 alors que le mouvement punk secoue l'Angleterre avec les riffs des Clash pour bande son. Elif Shafak bouscule la chronologie, passe d'un personnage à l'autre, tous en lutte pour échapper à leur destin, les principaux, loin de leur terre natale, se débattant entre le respect des traditions ancestrales et une hypothétique aspiration à la liberté. La tragédie a ses racines et il faut tout le talent d'une conteuse orientale pour entremêler une douzaine d'histoires sans jamais perdre de vue son thème central. Entre l'honneur et l'horreur, celle d'un crime, Elif Shafak s'insinue dans les interstices, donne de l'ampleur à l'intime, cherche et trouve l'empathie avec des hommes et des femmes qui ont tous et toutes leurs raisons d'agir, que l'auteur détaille sans porter le poids du jugement. Avec Crime d'honneur, la romancière se renouvelle, explore de nouveaux rivages, tout en affinant sa plume, et pétrit la pâte des sentiments humains avec virtuosité et maîtrise.
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La Bâtarde d'Istanbul

Il y a les Kazanci à Istanbul et les Tchakhmakhchian à San Francisco.

La première famille est turque musulmane, la seconde est arménienne chrétienne.



Un lourd passé historique sépare ces deux familles, mais un terrible passé familial les rapproche.



Asya, la dernière née de la famille Kazanci, la Bâtarde, est l’héritière de ces histoires, mais naître sans père atrophie une partie de son héritage familial.



Armanouch, petite dernière de la famille Tchakhmakhchian, mais dont la mère est un pur produit américain, est partagée entre sa double culture et la douleur que porte sa famille arménienne.



Les deux jeunes filles, bien malgré elles, entourées des tantes loufoques d’Asya, vont apprendre les secrets familiaux dont on les a toujours exclues.



L’écriture est corsée et sarcastique.

Les personnages sont piquants et attachants.

L’histoire est romanesque et bien ficelée.

S’ajoute à cela l’odeur, le bruit d’Istanbul, les plats traditionnels, la part historique du génocide arménien relié à l’actuelle jeunesse par tant de non-dits…

Tout un ensemble d’ingrédients qui font de ce roman une petite merveille et un énorme coup de cœur.



C’est mon deuxième roman turc avec Madame Hayat d’Hamet Altan, et je ne compte pas m’arrêter là.
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Trois filles d'Ève

Un roman agréable à lire.

Ainsi s'achève cette première lecture d'Elif Shafak pour moi.

Étonnement, car le sujet porte tout de même sur le durcissement du régime turque, l'émancipation d'une jeune femme et ses aspirations personnelles lors des années 2000, la représentation de la religion_ notamment musulmane_ dans le monde occidental et le microcosme d'Oxford... mais j'ai traversé cet ouvrage de manière très "légère".

Le personnage de Peri est décrit avec une acuité intéressante, l'auteure travaille précisément ses caractères que l'on croise et porte à tous une attention particulière, qui les rend très réalistes.

J'ai aimé la construction du récit en alternance entre le présent de Peri et son passé, qui nous fait courir après son récit initiatique, entre la jeune fille timide et la femme assurée courant après un voleur dans les rues d'Istanbul.
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Trois filles d'Ève

De la même auteur, j'avais apprécié L'architecte du sultan et je m'étais juré de lire d'autres livres d'elles...Et puis tous les lecteurs savent comment c'est: tant de possibilités, de traductions, de rééditions, de nouveautés....Mais cette fois-ci, ça y est, je viens de dévorer Trois filles d’Ève, qui m'a encore plus plu que L'architecte du sultan. Le récit se partage entre l'Istanbul moderne et les souvenirs du personnage principal, eux-même partagés entre son enfance, toujours à Istanbul, et la période de ses études à Oxford, qui a changé la trajectoire de son existence. J'ai beaucoup aimé ce portrait de femme partagé entre les aspirations de ses parents, perdue entre les traditions de sa religion et sa colère envers Dieu. La Déboussolée, voici le surnom qu'elle porte à un moment et cela lui va assez bien. J'ai eu un peu de mal avec le professeur Azur, mais je n'ai jamais supporté ce genre de personnages, aussi bien en vrai qu'en littérature, rien à voir avec la qualité du roman, même si les pages consacrées à son enseignement ne sont pas forcément les plus passionnantes.

Un très bon moment de lecture.

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Trois filles d'Ève

Shafak brosse un portrait saisissant et très très vraisemblable à la fois de la situation religieuse dans le monde, entre modernité, oubli du passé et crispation sur le passé et un portrait de la Turquie, entre Moyen-Orient et Europe, un pied de chaque côté, mais probablement avec les mauvaises chaussures à chacun de ses pieds, ce qui l'empêche d'être à l'aise avec deux identités différentes mais pas nécessairement incompatibles. Mais cette schizophrénie l'empêche et de choisir et de concilier ces deux faces, ce qui rend les habitants et le pays égoïstes, violents, lâches et schizophrènes.

Portraits de 3 femmes, engagées différemment dans la vie étudiante, puis dans la vie tout court. Les choix de chacune ont un impact sur les 2 autres, qu'elles le veuillent ou non. Ce sont des archétypes de la manière de vivre l'islam aujourd'hui, 3 voies possibles. 3 voies possibles pour faire exister les femmes à l'intérieur d'une religion réputée misogyne et patriarcale, sans remède possible. Shafak a une grande tendresse pour ses personnages, ce qui ne l'empêche pas de les secouer. Et sans prendre parti.



Challenge Plumes Féminines 2019-20
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Trois filles d'Ève

Un des meilleurs livres que j'ai lu récemment . L'action est juste un prétexte, je trouve. Un prétexte à la réflexion sur les choix à faire, la foi,l'Orient et l'Occident, les fanatismes, la place de la femme dans différentes cultures et endroits.

Elle se passe entre Istanbul et Oxford et suit le personnage de Nazperi, turque de naissance , musulmane de tradition, toujours a la recherche de la vérité ou au moins du « bon chemin » contrariée par la brutalité et les contradictions du monde oriental sans pouvoir s'en défaire ni tout a fait comprendre le monde occidental.

Un livre qu'on lit par petits bouts puis on le ferme et on réfléchit. On pense avoir arrivé à une conclusion. Puis on le reprend et le doute reviens avec une nouvelle réflexion nécessaire :Et moi qu'est-ce que je pense en fait ? Ce en quoi je crois est-il si juste que ça ? L'amour est toujours responsable de la haine ?

J'ai beaucoup aimé le style de cette auteure que je ne connaissais pas avant cette lecture, le rythme de ce roman et les références intéressantes.

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Soufi, mon amour

Soufi, mon amour est le premier roman d’Elif Shafak que je lis. Je l’ai emporté avec moi dans les Cyclades, le mois dernier, et cette lecture fut en harmonie avec la lumière et la joie de mon séjour : un coup de coeur.



« Ne te demande pas où la route va te conduire. Concentre-toi sur le premier pas. C’est le plus difficile à faire. »



Nous sommes en mai 2008. Ella Rubinstein a quarante ans. Elle est mariée depuis vingt ans à David, un dentiste. Ils ont trois enfants, un chien, une belle maison dans le Massachusetts à deux heures de Boston. Ella est une sorte de prototype assez réussi de desesperate housewife. Elle essaye de persuader tout le monde – et surtout elle-même – que tout va bien et qu’elle est heureuse. Mais le vernis craquelle de plus en plus et Ella décide de recommencer à travailler. Lectrice à temps partiel pour un agent littéraire, le premier manuscrit qui lui est confié, « Doux Blasphème », posté des pays-Bas, est écrit par un certain A.Z. Zahara. C’est un roman historique sur la vie du célèbre poète mystique Rûmi et son soleil bien-aimé, Shams de Tabriz, au 13ème siècle. Intriguée par sa lecture, perdue au milieu de problèmes relationnels avec sa fille ainée, Ella va entamer une correspondance imprévue, qui va vite devenir essentielle, avec l’auteur du roman, Aziz, un soufi moderne.



Elif Shafak, au gré de chapitres alternés avec légèreté, raconte de front le livre consacré à Rûmi entre 1244 et 1246, et la vie d’Ella en 2008. Shams le derviche errant, Rûmi l’érudit et prêcheur rigide se transformant en poète. Le récit dans la Turquie du 13ème siècle va articuler leurs voix particulières avec celles des témoins de leur parcours, de leur rencontre, de leur évolution conjointe. L’épouse, les fils, la fille adoptive, le zélote, l’étudiant, le mendiant…



Entre initiation au soufisme, sens de la vie, quête de soi, poésie, amour et tolérance, Soufi mon amour est un voyage lumineux et inspiré, tant intérieur qu’historique. Le roman a beau s’essouffler sur la fin – j’ai été déçue -, une fois le livre refermé, le coup de coeur des débuts était toujours là, vibrant, intact. C’est à saluer. Et donc, c’est une lecture que je vous conseille !



« Le temps n’est qu’une illusion. Ce qu’il faut, c’est vivre l’instant présent. C’est tout ce qui compte. »
Lien : https://lettresdirlandeetdai..
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La Bâtarde d'Istanbul

C'est une ambiance bien plaisante que nous dépeint cette auteur... J'ai eu l'impression de vivre à Istanbul le temps de cette lecture, et surtout de savourer ses multiples plats si bien décrits ! Ce n'est pas un hasard, d'ailleurs, si la table des matières se compose de toute une série d'aliments !

Les personnages sont attachants quoique la multiplicité de tous les points de vue empêche d'entrer vraiment dans leur moi intérieur. On zappe d'un personnage à l'autre...Certains apprécieront justement cela, mais moi, pas trop.

Malgré tout, j'ai vraiment passé un bon moment, très dépaysant. J'ai voyagé, c'est ce qui compte !
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La Bâtarde d'Istanbul

Persuadée que je n'avais pas lu ce livre (attaque précoce d'Alzheimer ?) je me suis lancée dans sa (re)lecture. O divine surprise ! Retrouvant (avec plus de maturité peut-être) un livre que j'avais beaucoup aimé, je me suis replongée avec bonheur, un petit sourire en coin, dans cette belle et terrible histoire de familles arménienne et turque dont les destins se croisent, pour le meilleur plutôt que pour le pire. Le charme, l'humour, la sagesse, la profondeur et la très belle écriture de Shafak ont fait merveille, ainsi que sa tendresse pour ses personnages, à laquelle on ne peut qu'entièrement adhérer. A relire lorsque on se prend à penser que des communautés différentes ne pourront jamais vivre ensemble en paix, surtout lorsqu'un passé douloureux rend difficile le devoir de mémoire et la réconciliation, alors même que chacun voudrait vivre en paix avec ses voisins.
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Lait noir

Entre témoignage, fable et essai, ce livre expose les doutes de l'auteur sur la compatibilité entre maternité et création littéraire. Elif Shafak a traversé une période de dépression post-partum - trouble qui, selon ses ancêtres, noircit le lait maternel et le rend donc impur pour le bébé - et parallèlement, une panne d'inspiration créatrice. Quelques années plus tard, elle a réussi à faire de ce "lait noir" l'encre de cet ouvrage, destiné à tirer un trait sur cette sombre parenthèse. Elle y ressasse les questions "enfanter ou écrire ?", "Istanbul ou les Etats-Unis ?"...

Dépression, place des femmes dans la société, création littéraire, maternité, tels sont donc les thèmes de ce récit. Si quelques uns des propos m'ont intéressée - et certains même émue - je me suis globalement beaucoup ennuyée.

Je n'ai pas adhéré une seconde à l'artifice des "mini-créatures" qui représentent les conflits intérieurs de l'auteur, les différentes facettes féminines qui se disputent en elle. Mon agacement à la lecture de ces passages n'a fait que croître, et hélas, ils sont fréquents ! Les exemples d'auteurs féminines célèbres (Sand, Plath, Austen, Beauvoir...) et d'épouses d'écrivains (Sophie Tolstoï) m'ont plu, mais le mélange avec la part introspective m'a fait l'effet d'un patchwork dysharmonieux, raté... Voici pour la forme.

Quant au fond, eh bien je suis totalement étrangère aux affres de la création (littéraire ou autre), j'ai donc eu du mal à trouver un intérêt à cette question ressassée indéfiniment par l'auteur. Le sujet aurait pu être élargi au thème du partage entre vie active et foyer, mais non : la vedette est donnée aux femmes écrivains... Par ailleurs, quid de la place de l'homme, du père, dans le fait de choisir de devenir mère ou non ? Rien à ce sujet, rien sur son rôle actuel dans l'éducation des enfants qui permet à la femme de s'ouvrir vers l'extérieur. Les auteurs féminines citées par Shafak étaient effectivement victimes d'une organisation des tâches ménagères et éducatives peu équitable, mais celles d'aujourd'hui ? Elle n'en parle pas. Bref, elle tourne en rond autour de SON problème "être auteur ou mère ?" qu'elle finit par résoudre (en fait, il suffisait d'un prince charmant) - ouf ! et là ça devient plus intéressant.

En résumé : émotion et empathie au tout début et sur les cent dernières pages (mention spéciale au chapitre IX), de l'intérêt pour les passages didactiques, mais beaucoup d'ennui et d'exaspération à la lecture de ce livre dilué, nombriliste, agaçant.

Pour découvrir l'auteur, mieux vaut lire La Bâtarde d'Istanbul.


Lien : http://canelkili.canalblog.c..
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Bonbon palace

Si certains portraits sont savoureux et attachants, le style, par de nombreuses redites, peut agacer à certains passages. L'epilogue me laisse perplexe. Tout ça pour quoi?
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L'Île aux arbres disparus

J'ai lu ce livre à l'occasion de vacances sur l'ile de Chypre. J'ai été comblée par l'histoire très finement menée. L'histoire d'amour contrariée entre Kostas - Chypriote grec - et Defne- Chypriote turque- est le réceptacle de l'histoire de Chypre. Cette île a un riche histoire mais conserve aujourd'hui plus encore que par le passé des meurtrissures dues à des aléas de l'histoire. Elif Shafak s'attache essentiellement à l'histoire du 20è siècle et l'empreinte des Britanniques, toujours présents sur l'ile sous forme de deux bases militaires.

La partition de l'ile suite à l'invasion des Turcs en 1974, reconnus par aucune instances internationale, laisse des plaies béantes au sein de la population à l'image du mur de Berlin. L'évacuation de la partie occupée par les Turcs est une des conditions d'adhésion de la Turquie à l'Union européenne. Si vous vous rendez à Chypre ou pas, ce livre reste très indiqué aux lecteurs qui s'intéressent à l'histoire contemporaine.
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L'Île aux arbres disparus

Merveilleux, sublime, lumineux et sombre, âpre et doux, profond, une œuvre romanesque extraordinaire...

Je pourrais me contenter de continuer cette liste de compliments et de contraires tant ce roman que je viens juste de terminer, m'a éblouie, emportée et aussi m'a curieusement portée dans une ronde humanisée qui malgré la dureté des faits racontés, malgré les faits atroces et insupportables commis par l'espèce humaine, donne le sentiment d'être moins isolée dans une forme de compréhension du monde particulière à certaines et certains artistes je crois.





Elif Shafak est merveilleuse.



Mais je trouve ce roman là particulièrement réussi et puissant.





Il y a tant et tant dans ces récits....



Il y a ces silences terribles et ces gestes qui cachent un portable de l'adolescente qui jusqu'alors n'avait jamais eu ces réflexes de secrets avec son père qui se remémore les bavardages incessants lors de l'enfance d'Ada par exemple.



Il y a l'incroyable luminosité de la Méditerranée à Chypre lors d'un Amour naissant, ça devrait juste sentir les plantes odorantes et les peaux chaudes de Soleil, les plats incroyables de la taverne des deux Y&Y '' Au figuier heureux '', mais ce bel amour devient dangereux dans une île en proie aux divisions entre turcs et grecs, et avec la guerre civile qui se prépare.



Alors il y a tout dans ce roman incroyable :



C'est un superbe plaidoyer contre la guerre, c'est un hymne magnifique à la vie mais à toutes les formes de vie et des pages sublimes et très bien documentées sur ce que l'on commence à comprendre de la vie des végétaux, avec le travail de Kostas qui devient chercheur reconnu sur le végétal, avec les chapitres où parle le figuier. Il y a la puissance de l'amour profond comme l'océan entre Dafne et Kostas et pourtant il y a les épreuves et les douleurs, il y a la beauté de la vie avec la cuisine orientale généreuse et délicieuse chez les femmes ou dans les restaurants, il y a l'Histoire de Chypre, il y a la douleur et les enrichissements à venir des exils et avec tout cela et beaucoup plus, c'est un roman que j'ai lu comme profondément universel et contemporain.



Pourtant je crois qu'il est au-delà de la contemporanéité.



Parce que le récit est riche et c'est un tel plaisir et un tel enrichissement , de légendes anciennes, de vieux proverbes et que les époques sont soigneusement tricotées ensemble ce qui me paraît à la fois avoir du sens et donne plus d'épaisseur à ce très beau roman.



Les personnages, toutes et tous, secondaires ou premiers, sont tous exceptionnellement bien creusés, complexes et touchants, passionnants et souvent passionnés, bien que tous très différents.



Ils et elles ne sont pas idéalisés, et c'est peut-être aussi cela une des réussites de ce très grand roman, ces personnages profonds mais imparfaits qu'il est impossible de ne pas aimer au sortir de cette lecture pendant laquelle j'ai été happée, comme cela fait longtemps que je l'ai été.





Bravo et merci Elif Shafak pour ce cadeau. Lisez ce roman extraordinaire, vous en sortirez plus vivantE, avec l'envie de mieux comprendre les arbres et de cuisiner un plat oriental, de crier non aux guerres et aux secrets douloureux, de stopper la culture de la culture de la souffrance, et de planter des arbres, d'ailleurs je vais au jardin, et vive l'amour quoiqu'il en coûte. ( Merde aux frontières j'allais oublier sans blague !)

Ah et bien sur la traduction est merveilleuse, l'écriture est très bonne. Un roman inratable.
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Trois filles d'Ève

Trois filles d'Eve est un roman que j'ai absolument adoré. Je n'ai pour l'instant jamais été déçue par un roman d'Elif Shafak. J'ai toujours un peu de mal avec les livres qui abordent le sujet de la religion ou la spiritualité, c'est un sujet qui peut assez vite m'ennuyer ou me laisser perplexe selon sa narration ou le point de vue utilisé. Mais Elif Shafak est l'une des seules autrices qui parvient à me faire lire un roman sur ce sujet sans que que j'ai une perte d'intérêt au bout de quelques pages. Cela avait déjà été le cas avec Soufi mon amour que j'avais trouvé incroyable.



J'ai retrouvé cette même sagesse, ce même esprit libre, capable d'aborder tous les sujets avec une sensibilité et une honnêteté rares. Elle parvient à nous offrir un roman qui parle de nos croyances ou de nos non croyances d'une ampleur et d'une profondeur rare.



Nous suivons Péri, cette femme qui, de nos jours, est mariée à un homme très riche, qui ne côtoie que les hautes sphères mais pour qui cela n'a pas toujours été le cas. C'est une femme musulmane de part la tradition familiale. À partir d'un moment qui va à la faire retomber sur une ancienne photo, nous allons revenir avec elle sur ses souvenirs d'enfance, sur ses premières années à Oxford, sur son enfance tiraillé entre un père qui aborde la foi d'une manière très souple, et une mère qui est devenu quelqu'un d'extrême dans sa religion. On voit Peri qui vit avec le poids de la culpabilité, perdue dans un monde en quête de sens. C'est surtout une petite fille qui est en colère, en colère contre ce dieu, en colère contre l'injustice, une petite fille qui grandit avec des certitudes et qui lors de sa première année à Oxford va découvrir un professeur qui instaure le doute à ses élèves, qui leur demande de toujours douter, de ne pas avoir de certitudes.
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L'architecte du sultan

Mon premier roman pour débuter cette année 2022 et direction la Turquie ! J’avais envie de voyage et d’évasion… Nous voici donc aux côtés de Jahan et de son éléphant blanc Chota dont l’on va suivre les aventures durant de nombreuses, nombreuses années. Venus d’Hindoustan après un long voyage chaotique, ils accostent à Istanbul, une ville cosmopolite qui rassemble dans son sillage musulmans, chrétiens, juifs, gitans et tant d’autres peuples. A leur arrivée, Jahan se retrouve promu cornac du Sultan et s’installe dans la ménagerie royale avec Chota, parmi les autres dompteurs d’animaux en tout genre. Petit à petit, il apprend les codes de ce monde particulier et parvient à établir sa place…



Par certains aspects, ce roman historique m’a fait penser aux Piliers de la Terre de Ken Follet, l’univers de l’architecture étant un élément central du récit, bien qu’ici il ne soit pas question de construire une cathédrale, mais d’édifier des mosquées toutes plus resplendissantes les unes que les autres pour des Sultans aux caractères et aspirations variées. On rencontre Sinan, le maître, l’architecte impérial, au parcours admirable, et ses quatre apprentis, dont fait partie Jahan (et Chota, ne l’oublions pas !).



Ce roman est un petit pavé et j'ai parfois trouvé quelques longueurs au récit. Malgré tout j'ai apprécié les personnages de Jahan et de Chota. Je trouve cependant dommage que les relations entre les divers protagonistes n'aient pas été plus creusées et mises en avant, telles que la relation Jahan/Mihrimah (si touchante de pudeur) ou celle de Jahan/Sinan. En fait, je trouve que les personnalités de chacun ne sont pas assez développées, côté "humain", on reste en surface et cela a tendance à engendrer une certaine distance avec le récit. Je me suis plongée dans ma lecture mais je n'étais pas "immergée", si je puis dire.



Malgré tout, j'ai passé un agréable moment grâce à ce roman qui m'a fait voyager et connaître un peu mieux l'Histoire d'Istanbul et de ses Sultans, de ses conquêtes et de ses mosquées resplendissantes, de son organisation et de la vie qui s'y déroulait alors au XVIème Siècle ! L'autrice le précise elle-même en fin d'ouvrage, elle prend quelques libertés avec les faits historiques. Tout n'est pas exact à 100%. Et quoique romancé, il y a une grande part de vérité : les personnages ont pour beaucoup existés ainsi que les faits relatés.



Dans la dernière partie du roman, tout s'accélère et de nombreuses révélations viennent éclairer un passé trouble et troublé. Les masques tombent. Les langues se délient. Que de gâchis finalement… Tout ceci m'a rendu le personnage de Jahan d'autant plus attachant. Et j'ai ressenti un pincement au cœur pour tout ce qu'il avait enduré au travers de sa vie. La fin se teinte de mélancolie et d'une douce nostalgie. Jahan est vieux, beaucoup ne sont plus, il se livre enfin un peu plus sur ses sentiments, ses ressentis, ses émotions. On gagne en profondeur et en humanité. J'ai trouvé ce final touchant et émouvant...



Bref, une très belle découverte dans l’univers d’Elif Shafak !



Challenge Multi-Défis 2022

Challenge Les Globe-trotteurs
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L'architecte du sultan

Roman historique turc dans l'histoire qu'il raconte, à la fin du 16eme siècle, mais occidental dans sa facture (la version originale est en anglais).

Il y a du bon dans la simplicité de l'écriture, dans le déroulement de l'intrigue, qui sait ménager le suspens. Mais le côté naïf de cette intrigue, le manque d'approfondissemt de certains événements historiques, le lissage systématique de la violence, la transparence des personnages secondaires viennent en limiter l'impact, alors que certaines scènes du début pouvaient annoncer un livre plus puissant.

Quelques passages comme la construction de la mosquée Suleymanye auraient merité un développement plus important (alors qu'elle semble une anecdote parmi d'autres).

La psychologie des personnages est trop positive pour qu'on y croie. Les rencontres avec des êtres mystérieux et bons, qui assènent des phrases absconses à Jahan sont assez vaines, et même les pires crapules semblent masquées.

Je crois que j'attendais un roman épique  et finalement je termine un roman initiatique.



Reste le plus intéressant c'est à dire l'histoire ottomane à son apogée culturelle et architecturale, qui sous-tend ce livre.

Mais ce qui est frustrant avec ce genre de livre c'est qu'on accroche bien à l'intrigue, qu'on a du mal à lâcher le livre, mais qu'on a du mal à ressentir une quelconque émotion, et qu'en refermant le livre il ne reste que peu de choses.
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L'architecte du sultan

Dans ce roman, Elif Shafak nous raconte la vie de Jahan, un jeune indien de l'Hindoustan qui quitte sa famille pour accompagner Chota, l'éléphant blanc, qu'il a élevé au biberon, jusqu'à la lointaine Turquie.



Son amour pour Chota lui permettra d'en être le cornac, grâce à la bienveillance de certains autres dompteurs de la ménagerie du sultan. Il apercevra ainsi la belle princesse Mirinmah, dont il tombera fou amoureux ....



C'est aussi grâce à Chota qu'il deviendra l'apprenti de Sinan, l'architecte du sultan, celui qui en cette fin du XVIème siècle, rénova Istanbul après une carrière militaire où il construisait des ponts pour l'armée.



Dans ce roman, véritable ode à l'architecture, J'ai apprécié l'évocation de Vitruve, cet architecte romain de l'époque d'Auguste pour qui les constructions devaient être durables, belles et utiles - ce qu'il est toujours important de rappeler :)  



Ce roman comporte de multiples personnages, qui s'entrecroisent  avec quelques haines tenaces, de grandes amitiés incongrues et finalement peu d'amour, sans oublier de nombreux rebondissements, quelques épisodes de peste, de guerres, et de luttes intestines au sein de chaque communauté ... mais un roman où il manque le souffle épique de Dumas pour que je sois emportée par le récit par endroits un peu poussif et répétitif. 



J'ai cependant suffisamment apprécié pour savoir qu'un jour je lirai un autre roman de cet auteur dont on m'a dit beaucoup de bien :)  
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