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Critiques de Elif Shafak (779)
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La Bâtarde d'Istanbul

Rarement avis m’aura été aussi difficile ! Je suis entrée dans ce roman, conseillé par ma collègue, en salivant. Chaque chapitre est une denrée décrivant des plats turcs où je me suis délectée des couleurs et des odeurs. Puis j’ai une indigestion. Deux jeunes filles vont cohabiter, pour quelques jours, dans cette maison où ne vivent que des femmes parce que les hommes meurent. Malédiction ? L’une est turque, l’autre arménienne-américaine. Ressurgit du passé les conflits entre ces deux peuples. Une prose à deux temps. Certains passages bien écrits, d’autres limite niais qui remplissent des pages. Et on devine très vite qui est le père de Asya. Je me suis demandée si ce bouquin n’était pas sponsorisé par des marques publicitaires, surtout de voitures où à un enterrement, elles sont décrites avec leurs couleurs et même le nombre de cylindres. On peut lire dans un article de Courrier International : « La romancière turque Elif Shafak a surpris ses compatriotes en s’affichant dans une publicité pour une carte de crédit. L’art et l’argent ne font pas bon ménage, estime le quotidien Taraf. » J’essaye, en général, de compartimenter l’œuvre et l’auteur mais, là, je ne peux pas au vu de ce qu’on raconte de son passé à une certaine époque à Istanbul et qu’elle aurait fuit en Angleterre après le 15 juillet 2016...
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L'Île aux arbres disparus

Une histoire du drame des Chypriotes, dans leur pays divisé et en Angleterre où ils sont transplantés.



Kostas a fui la guerre. Devenu botaniste émérite, c'est un amoureux des arbres auxquels il peut même parler. Il a apporté un figuier qu'il a planté dans sa cour et cet arbre est le narrateur de plusieurs chapitres. Il raconte son histoire et celle de Chypre depuis la Seconde Guerre mondiale, avec les tensions entre les communautés qui sont devenues une guerre dans les années 70.



Ada, la fille de Kostas ne sait rien de ses origines et sa mère, décédée depuis un an, ne lui a jamais parlé non plus de sa famille et du drame de leur mariage entre un Chypriote grec et une Chypriote turque. Pendant qu'Ada traverse une crise, une soeur de sa mère vient les visiter et lui révéler des bribes du passé.



Un très bon roman, même si l'idée de faire parler un arbre apparait un peu saugrenue au départ.

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La Bâtarde d'Istanbul



Je me revois, assise à l’ombre d’un chalet de vacances en Auvergne, jetant un œil distrait sur le magnifique paysage qui s’offre à mon regard : un joli petit lac dans son écrin de verdure.

Mais aussitôt, mon esprit replonge dans le tumulte d’Istanbul. Un paradoxe saisissant entre le calme volcanique auvergnat et le chaos urbain stambouliote !



Elif Shafak, avec son style simple et fluide, a su m’emprisonner dans son récit au point de me réveiller au milieu de la nuit, pour lire encore quelques pages et avoir l’illusion d’apaiser mon addiction, tout en en laissant suffisamment pour le lendemain, et les quelques jours qui suivent et prolonger ainsi le plaisir de cette lecture.



A travers le temps et l’espace, une partie douloureuse de l’histoire est abordée : le génocide arménien… Ce terme vaudra d’ailleurs à l’auteure quelques soucis avec la justice turque.



C’est aussi une aventure humaine, avec un enchevêtrement de relations familiales, ses secrets, ses non-dits et des destins croisés.



Les pages de ce roman sont également parfumées aux multiples saveurs culinaires turques et arméniennes. Chaque chapitre a d’ailleurs pour titre le nom d’une épice ou d’un ingrédient. Ah que le monde est vaste et tellement de choses à découvrir !



C’est un roman multiculturel, un éventail de couleurs, un panache olfactif, une invitation à l’apaisement, à la compréhension de l’autre et à l’amitié.




Lien : http://lebouddhadejade.blogs..
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10 minutes et 38 secondes dans ce monde étrange

Il y a longtemps que je veux lire Elif Shafak et découvrir un de ses romans alors j’ai sauté sur l’occasion avec la publication de son dernier roman 10 Minutes 38 Seconds in this Strange World. Il faut dire que le résumé est vraiment intriguant !



Leila vient de mourir et dans la première partie du roman, nous suivons les dix minutes qui suivent sa mort. Pendant 10 minutes, sa vie va défiler et elle va nous raconter ses souvenirs : son enfance, son arrivée à Istanbul, sa vie au bordel en tant que prostituée, sa rencontre avec ses amis…. Dans la seconde partie, on suit les gens qui ont connu Leila et qui se confie. C’est un beau portrait de femme que signe ici l’auteure.



Tous les personnages sont attachants : Leila bien sûr mais aussi tous les personnages qui gravitent autour d’elle. Leila est une jeune femme forte, naïve parfois mais tellement drôle et audacieuse. Elle m‘a fait sourire très souvent et je l’entends encore dire « Darling ». Son histoire est aussi parfois très touchante, notamment son enfance ou certains passages peuvent être difficiles.



Le contexte historique est très bien dépeint en arrière-plan de l’intrigue : en Turquie où j’ai appris beaucoup mais aussi le contexte international où l’on assiste à l’assassinat de Kennedy ou encore la lutte de Martin Luther King via Leila et les journaux d’époque qu’elle lit.



C’est aussi une autre vision de la Turquie. Quand je pense à ce pays, je suis très loin d’imaginer les bordels, les transsexuels… On sent une société bien complexe, où tradition et modernité s’opposent, Europe et Orient, Islamique et Athée.



Enfin je suis conquise par la très belle plume de l’auteure et la construction de ce roman qui comprends récit dans le récit et qui fonctionne à merveille. Cela m’a rappelé parfois les contes des 1001 nuits. Je lirai sans hésiter d’autres romans d’Elif Shafak car j’ai passé un excellent moment avec celui-ci.
Lien : https://missmolko1.blogspot...
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Crime d'honneur

Bonjour à toutes et tous ! Aujourd’hui je vous invite à faire un tour dans un petit village kurde ! On y va ?



Nous sommes en 1945, Naze met au monde les jumelles Pembe et Jamila, alors qu’elle a déjà six filles et qu’elle voulait tellement un garçon ! Un garçon, c’est tellement plus important qu’une fille !



Et le temps passe, Pembe est mariée et a 17 ans, elle met au monde son fils Iskender…



Pembe finit par partir vivre en Angleterre avec son mari, l’homme que sa sœur Jamila aimait ; Jamila reste au village…



Nous allons suivre les destinées de Jamila et de Pembe (et de ses enfants) ; laquelle est la plus libre, la plus heureuse ? Jamila qui est restée au village et qui est restée fidèle à son premier amour ? Ou Pembe qui rêvait de liberté et d’émancipation et qui s’est marié avec un homme qui ne l’aime pas…



Nous suivons l’histoire de la famille, en pays Kurde ou en Angleterre ; chaque membre de la famille raconte son expérience de son point de vue…



Ce roman raconte la difficile condition des femmes, mais aussi les rêves d’émigration et d’eldorado, vite fracassés contre la réalité ; il est très difficile de s’adapter dans un pays, qui ne vous verra toujours que comme un étranger responsable des difficultés que le pays traverse… Doit-on renier ses racines pour « s’assimiler » au pays, ou doit-on garder ses racines ?



Bref, un magnifique roman sur la difficulté de l’immigration et les conditions de la femme dans certains pays ! C’est divinement bien écrit, et nous prenons conscience que nous ne sommes pas tous égaux selon l’endroit où nous sommes né(e)s…



À lire confortablement installé sur un tapis en laine, en grignotant du Tulumba (beignets imbibés de sirop) accompagné de thé noir. Bonne lecture !







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La Bâtarde d'Istanbul

Deux familles (une arménienne et une turque), deux destins croisés, deux jeunes filles qui cherchent leur identité propre sous le poids des traditions, du passé et des blessures...



Un beau roman agréable et rapide à lire qui aborde sans tabou le thème du génocide arménien et développe les (res)sentiments des héritiers des deux partis en cause : les Turcs et les Arméniens.

Bien que très facile à lire (sa belle écriture en fait un très bon loukoum livresque dont on se régale), ce livre s'attarde sur des sujets difficiles, qui hantent depuis plus d'un siècle les Arméniens de souche. Sous couvert de l'histoire de deux familles, des questions se soulèvent, des interprétations se donnent, des points de vue s'affrontent. Il est extrêmement intéressant de voir combien une population peut être manipulée grâce à la censure : dans le roman, beaucoup de jeunes Turcs ignorent ce qui s'est passé ou n'en connaissent qu'une fraction, voire une interprétation validée par le gouvernement (c'est d'ailleurs très loin d'être le seul pays où la pratique est courante).

Ce roman pose la question de l'identité intergénérationnelle, du poids du passé sur les dernières générations. Il impose des réflexions personnelles via les dialogues qu'entretiennent certains personnages (surtout lors des échanges virtuels). Qui est responsable d'une tragédie, d'un massacre ? Les enfants d'enfants de criminels sont-ils aussi coupables et responsables que leurs aînés ? Qui doit payer, s'excuser ? Et à l'inverse, les enfants d'enfants de victimes doivent-ils pour autant chercher réparation pour leurs ancêtres, se sentir victimes eux-mêmes, haïr autrui pour une question de nationalité, d'honneur, de respect, de passé ? L'Histoire, qu'elle soit sanglante ou lumineuse, doit-elle être le seul point commun qui réunit ou désunit ad vitam aeternam deux nations ? Si chacun peut répondre comme bon lui semble à ces questions, l'auteur montre toutefois que deux nations qui se veulent opposées peuvent quand même se réunir dans une amitié ; et que sans oublier le passé, on peut choisir d'avancer pour tisser des liens par-dessus les plaies.

Ce roman est aussi très fort grâce à ses portraits de femmes puissants et bien tranchés. Il montre une société clairement matriarcale et insiste sur la position supérieure des femmes dans la famille. Ces femmes qui façonnent le monde, l'avenir, le devenir des hommes, qui savent juger justement ou qui font le choix de l'indépendance dans des sociétés pourtant connues pour être patriarcales...

On aime finalement ce cocktail de vies, de sentiments, de secrets, de questions existentielles et philosophiques. Ainsi que cette fin extraordinaire qui montre encore une fois tout le pouvoir des femmes, de toutes ces femmes qui peuvent très bien (et mieux) vivre sans ces hommes qui croient avoir mérité le titre de "sexe fort".

Une belle découverte à faire tourner !
Lien : http://livriotheque.free.fr/..
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10 minutes et 38 secondes dans ce monde étrange

Téquila Leila c’est ainsi que la connaissent ses amis et ses clients, elle gît quelque part dans les faubourgs d’Istanbul au fond d’une benne à ordures. Pendant les quelques minutes qui suivent sa mort, Leila va se remémorer des choses de sa vie qu’elle croyait perdues à jamais. Une odeur, un goût et voilà ses pensées qui évoquent un souvenir surgi du passé. Tout commence dans une maison de vacances au bord de la mer, Leila a six ans, son oncle quarante-trois. Elle a de la saleté en elle, une saleté impossible à laver.



Elif Shafak nous offre un roman à la construction très originale. Dans une première partie, elle nous raconte la vie d’une jeune femme brutalisée, brisée, mais profondément courageuse qui conserve son humanité malgré un monde déterminé à l’écraser à chaque jour.

Au cours de ces années, Leila se fait cinq amis essentiels une famille de substitution dont les histoires sont brièvement entrecoupées des siennes. Une belle amitié entre six êtres vulnérables, écorchés par la vie

« Chaque fois qu’elle trébuchait ou basculait, ils étaient là pour elle, la soutenant ou adoucissant l’impact de la chute. »



Une fois que nous sommes arrivés à 10 minutes et 38 secondes, le cerveau de Leila rejoint son corps dans la mort, et le récit se transforme en une escapade comique des amis de Leila qui tentent de la sauver du cimetière des Abandonnés là où reposent tous les rejetés par leur famille ou leur village, les pouilleux, les malades mentaux, les épaves, les mères célibataires, les prostituées, les indésirables, les parias de la société, les lépreux de la culture.



Elif Shafak est une voix éminente pour les droits des femmes et des LGBTQ dans le monde, dans ce roman puissant et émouvant, elle donne la parole aux nombreux sans-voix et à travers eux aborde bien des sujets difficiles, la maltraitance des enfants, l’extrémisme religieux, le sexisme, le rejet du handicap et de la différence, l’homophobie, le sort des immigrants, la pauvreté et l’esclavage sexuel.



Portait aussi sans concession de la Turquie et d’Istanbul, la ville où finissent par aboutir tous les mécontents et les rêveurs

« Dans un pays où la justice arrivait souvent tard, quand elle arrivait, nombre de citoyens se vengeaient tout seuls, répondant aux coups par des coups encore plus violents. Deux yeux pour un œil, pour une dent toute la mâchoire. »



Les dernières pages racontées à partir de l’ultime lieu de repos de Leila, sont d’une grande beauté.

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Trois filles d'Ève

Deux récits qui s'entrecroisent dans ce beau roman: Peri, l'héroïne qui vit une vie bourgeoise plutôt traditionnelle à Istanbul de nos jours et l'évocation de sa jeunesse étudiante à Oxford, dans les années 2000 à 2002. Elle y a vécu des moments intenses en compagnie de deux amies proches, Shirin, l'anglo-iranienne et Mona, l'égyptienne. Trois femmes, trois musulmanes, et trois manières de vivre la religion: une rigoriste (Mona), une transgressive (Shirin), et la dernière, l'héroïne, Peri, plutôt dubitative.

Ce roman à la trame classique nous permet de découvrir la société turque d'aujourd'hui, fortement imprégnée de religion: il y a d'un côté les militants laïcs, et de l'autre les religieux militants. Peu de points communs entre ces deux groupes, condamnés à s'affronter. L'émancipation de la Femme dans ce contexte paraît difficile, même pour des jeunes femmes qui ont fait de brillantes études à l'étranger, comme notre héroïne. Une société très marquée encore par la séparation des sexes même dans les milieux bourgeois aisés.

Le texte est très bien écrit. Ce roman montre la problématique de ce grand pays qui voudrait s'ouvrir à l'extérieur tout en respectant des traditions qui semblent a priori incompatibles avec un mode de vie occidental.

La fin du roman m'a un peu déçue; on s'attendait à quelque chose de plus dramatique dans le vécu de Peri, notre héroïne.

En tout cas c'est une lecture à conseiller à ceux qui s'intéressent à la Turquie.
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Soufi, mon amour

"Pendant quarante ans, la vie d'Ella Rubinstein avait été un plan d'eau tranquille". Une vaste demeure de style victorien dans le Massachusetts, un époux qui gagne beaucoup d'argent, trois enfants gâtés et ingrats... bref, Ella a tout de la "desperate housewife" qui n'existe que dans les soins qu'elle apporte à sa famille. Tout va changer le jour où un agent littéraire lui propose de rédiger une note sur un manuscrit. "Doux blasphème" a été écrit par un mystérieux A. Z. Zahara. L'histoire se déroule en Turquie, au XIIIème siècle, et romance la rencontre entre Shams de Tabriz, un derviche peu conventionnel, et Rûmi, un prédicateur renommé en Orient. "Parce que c'était moi, parce que c'était lui", cette rencontre prédestinée va porter ses fruits : Shams va bousculer les convictions de Rûmi, l'initier au mysticisme islamique et l'encourager à écrire de la poésie. Rûmi est aujourd'hui considéré comme un des plus grands poètes musulmans et il a profondément influencé le soufisme. Les considérations philosophiques et religieuses du roman trouvent un écho particulier chez une Ella en pleine crise existentielle. Elle entame une correspondance avec l'auteur...



Le récit est composé de chapitres tirés du manuscrit de "Doux blasphème" qui alternent avec ceux consacrés à la vie d'Ella, huit siècles plus tard. Avouons-le, les chapitres "contemporains" sont mièvres et attendus. Par contre, ceux consacrés à Shamz et à Rûmi sont intéressants en ce qu'ils lèvent un voile sur le mysticisme islamique. Le livre permet de découvrir le soufisme, une démarche spirituelle qui cherche à atteindre la fusion avec Dieu. Cherchant à se libérer des règles conventionnelles, le mouvement rencontre l'opposition de l'orthodoxie islamique. A cette époque, l'Asie mineure est ouverte aux diverses cultures et religions mais reste exposée aux violences des invasions mongoles et des croisades. Le lecteur pourra également méditer une des maximes tirées des "Quarante Règles de la religion de l'amour" de Shamz (par exemple : "Ce monde est comme une montagne enneigée qui renvoie votre voix en écho. Quoi que vous disiez, bon ou mauvais, cela vous reviendra").



"Soufi mon amour", s'il est noyé dans l'eau de rose, est une introduction légère et utile au mysticisme islamique et une porte d'entrée à l'œuvre du poète Rûmi.
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Crime d'honneur

Entre traditions et modernité, culture et exil, Elif Shafak construit petit à petit une oeuvre à part, où les histoires de famille au destin marquant révèlent des personnages pris dans des conflits qui les dépassent, entre sentiments personnels et devoirs vis-àvis de leur communauté. Son écriture incisive faite à la fois de vocabulaire précis et de métaphores bien concrètes porte ces destins jusqu'à l'extrême de leurs situations, les croisant et les entrecroisant dans la montée du drame, comme dans un kaléidoscope à multiples facettes. Hommes, femmes, parents et enfants s'aiment et se confrontent sans cesse, se cherchent et se fuient , pris dans l'engrenage de leurs amours, de leurs amitiés, des influences et des rencontres qui forgent leur destin, communauté turque et kurde en exil à Londres.

"Crime d'honneur" est l'histoire d'une femme qui sera assassinée par un jeune homme qui la croit infidèle à son mari, mais c'est surtout l'histoire de cette communauté prise en étau entre liberté occidentale et valeurs propres. Les personnages sont riches, profondément humains, et leur histoire sonne juste d'un bout à l'autre. On est pris dans cette histoire comme dans un tourbillon qui nous entraîne au-delà de nous-mêmes, au-delà des choix que nous sommes tous un jour ou l'autre amenés à faire et qui sont pour certains, beaucoup plus difficiles et douloureux que pour d'autres. Ce n'est pas le livre de Shafak que je préfère, mais c'est tout de même superbe, éblouissant d'intelligence des êtres et des situations.
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Trois filles d'Ève

Un peu déçue par le dénouement de l'histoire.J'aurais aimé une autre fin,une rencontre entre les protagonistes.

Sinon,j'ai beaucoup apprécié les différentes visions féminines de l'Islam et de la religion.Elif Shafak est pour moi une grande dame de l'écriture en Turquie.

C'est un pays que j'adore et que je visite tous les ans.

C'est donc toujours avec beaucoup de plaisir que je lis ses ouvrages car je m'y retrouve assez bien.

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Soufi, mon amour

Un roman à deux histoires, celle de la rencontre de Rûmi et Shams de Tabriz au 13ème siècle, et celle d'Ella, américaine dont la lecture d'un manuscrit contant la rencontre des deux penseurs va changer la vie.

C'est un texte empreint de poésie et de sagesse dont la lecture est apaisante.

Les quarante règles de Shams notamment sont particulièrement intéressantes et sources de réflexion.

J'ai appris beaucoup de choses sur l'islam et le soufisme, et on a également quelques aperçus de l'histoire du Moyen-Orient.

Un roman intéressant donc, je ne mets toutefois pas plus de 4 étoiles car j'ai trouvé les histoires d'amour beaucoup trop faciles et de ce fait peu réalistes.

Une lecture douce et instructive, qui me donne envie de découvrir les autres ouvrages d'Elif Shafak.
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L'architecte du sultan

Istanbul, la ville aux Sept collines, du temps de la splendeur de l’Empire ottoman au XVI eme siècle, est l’un des principaux personnages de ce roman que l’on lit comme un conte.

Où l’on suit avec un bonheur d’enfant les aventures de Jahan débarqué à douze ans dans cette Constantinople en compagnie de Chota, un éléphanteau blanc.

Il découvre une cité effervescente et bigarrée où se côtoient en bonne intelligence musulmans, juifs, chrétiens, Grecs, Circassiens, Tatars...J’arrête ici la liste car il y avait alors «soixante douze tribus et demie», la demie désigant les Gitans dont on recommande d’emblée à Jahan de se tenir à l’écart.

Débutant comme cornac du Sultan Soliman le Magnifique (car oui, il faut savoir que tout sultan qui se respecte possède une véritable ménagerie avec dompteurs et soigneurs adaptés), notre jeune héros que l’on va suivre de nombreuses années va également rapidement être pris sous l’aile du grand et bon Sinan, architecte du Sultan, qui le choisit comme apprenti. (Il faut d’ailleurs noter ici que le titre en français désigne donc Sinan alors que le titre original en anglais est «l’apprenti de l’architecte» qui désigne vraiment notre héros mais bon, c’est vrai , ça «sonnait» moins bien....)

Tout sultan digne de ce nom a également engendré, vous n’en doutez point, une ravissante fille dont on ne peut que tomber raide amoureux.

En l’espèce, elle est incarnée par la princesse qui répond au doux prénom de Mirhimah et qui ne laissera pas insensible le coeur de notre Jahan.

Même si elle feint de n’avoir d'intérêt que pour Chota l’éléphant, elle sera séduite par les récits imaginés par Jahan sur son enfance en Hindoustan avec son son frère de lait l’éléphant. (Et on la comprend, parce qu’il les raconte bien ses histoires).

Ainsi, le décor est posé et Jahan est prêt pour moultes aventures: il participera entre autres choses, à la construction de mosquées, aqueducs, ponts, harems et à la rénovation aquifère d’Istanbul qui voit sa population augmenter à grands pas.

Il affrontera de nombreuses épreuves à commencer par de sinistres individus comme le capitaine Gareth ou un grand vizir qui l’enverra dans une infâme prison, «la forteresse aux sept tours».

Il sera également contraint de faire la guerre avec son éléphant, affrontera des incendies ravageurs et passera au travers de nombreuses épidémies comme la peste.

Il faudra compter aussi avec la religion obscurantiste qui s'accommode mal des progrès de la science en matière d’astronomie. Ainsi ,«Qui étaient ils pour oser surveiller Dieu?» Les calamités comme la sécheresse, les tremblements de terre ou les guerres perdues qui s’abattent sur Istanbul ne peuvent être que la faute d’un magnifique laboratoire d’astronomie bâti par Sinan et ses apprentis qu’ils devront malheureusement détruire de leurs propres mains.

Heureusement, Chota est un excellent compagnon et il est aussi beaucoup question d’amitié en particulier avec le gitan Balaban qui sauvera la vie de notre héros à de nombreuses reprises (pas si mauvais finalement ces bougres de gitans...). La relation avec le Maître Sinan est également très belle même si l’on ne peut pas en dire autant entre apprentis où la jalousie rôde...

Jahan aura également la chance de rencontrer le grand Michel-Ange, «Il Divino», lors d’un voyage à Rome. D’ailleurs, l’épisode de la vie de ce dernier dont fait l’objet «Parle leur de de batailles de rois et d’éléphants» de Mathias Enard (décidément, le pachyderme est de rigueur!) est brièvement évoqué.

Ce conte initiatique est construit en courts chapitres inclus dans quatre parties principales, entrecoupés d’agréables petits dessins (à l’image de la couverture) rendant la lecture très fluide et tout le vocabulaire relatif à l’univers oriental et en particulier, sa sensualité, imprègne le récit.

Ekif Shafak qui m’avait séduite avec «La Bâtarde d’Istanbul», moins avec «Lait noir», signe ici un grand roman dont je ne serais pas étonnée qu’il soit adapté au cinéma et dont la magie opère longtemps après avoir tourné la dernière page.



Merci aux editions Flammarion et à Babelio pour cette lecture.

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L'Île aux arbres disparus

C'est un roman qui a pour originalité d'avoir un narrateur végétal : le Ficus Carica qui est l'emblème du bassin méditerranéen ! Cet arbre qui peut vivre 300 ans est ici une femelle et, en spectatrice d'un couple mixte à Chypre : elle va évoquer avec beaucoup de détails leurs amours et le fruit de celles-ci : Ada Kazantzakis.

Une histoire sentimentale qui se déroule en 2 temps : 1974 et 2010 et en 2 lieux : Nicosie et Londres.

Koskas est grec chrétien orthodoxe et Defne est turque musulmane ; Chrypre est divisée à partir de 1974 en 2 parties, 2 peuples avec des religions différentes séparées par la " ligne verte" et, comme l'ont fait tous les amants de la littérature : ils vont s'aimer en cachette de leurs familles respectives ! Ils se voient discrètement chez Yiorgos et Yusuf qui ont un petit restaurant appelé " le figuier heureux " ou, précisément rayonne le fameux Ficus ! Quand les turcs ont éradiqué la communauté grecque Koskas, poussé par sa mère s'est exilé rapidement en Angleterre chez son oncle. Ensuite, Il a fait des études en écologie car il a toujours été fasciné par les plantes, la flore mais aussi la faune qui pollinise, met en danger sa survie ! Une occasion pour Elif Shafak de valoriser tout au long de son roman son engagement pour la nature, pour l'écologie mais aussi pour parler avec nostalgie de son pays, des paysages radieux, des coutumes greco-turques , ( y compris culinaires ), des superstitions et des rituels ancestraux.

Ada est née à Londres, elle vit en 2010 comme toutes les jeunes filles modernes, elle perdu sa maman depuis peu, et c'est son père qui l'élève mais un figuier fait encore partie de la famille car Koskas a pensé à faire une bouture de l'ancien ! Ada ne connait pas le passé de ses parents car ils ont voulu la protéger de sa double identité grecque et turque, lui éviter la haine, la ségrégation et les horreurs de cette guerre intestine de 1974 qui a divisé, meurtri les 2 communautés de l'Île. Par l'intermédiaire sympathique de ce figuier, Elif Shafak raconte les problèmes de l'exil, la situation des femmes dans la religion musulmane, les ravages infligés par les hommes sur la nature, la guerre et l'éradication de certains peuples pour le profit, la soif de puissance !

Un beau roman, agréable à lire, sensuel avec de l'amour, des haines, des séparations douloureuses, des êtres chers disparus comme " les arbres ", des charniers de ceux qui sont tombés par la bêtise des hommes ! Un hymne à la vie, à la solidarité des peuples quelles que soient leurs origines, à la nature qui se meurt dans l'indifférence et le profit de certains !

L.C thématique d'Avril 2022 : la nature dans tous ses états.
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10 minutes et 38 secondes dans ce monde étrange

Ce livre est une invitation aux voyages. Dans un premier temps, on voyage entre le passé et le présent à travers la vie de Leila mais également à travers celle de ses amis qui sont tous brisés par le destin. Tout au long de ce livre, l’auteure décortique la vie particulière de Leila depuis sa petite enfance jusqu’à son dernier souffle dans une benne à ordures. On assiste, médusés, au choix du père de famille de ne jamais révéler qui est la mère biologique de Leila ; on sent la colère monter lorsqu’un oncle fait passer Leila pour une vile tentatrice le poussant à se glisser dans son lit durant de nombreuses nuits…



Le second voyage que l’on effectue en lisant ce livre est une immersion totale dans la ville d’Istanbul, dans une ville à la toute-puissance, à la beauté trompeuse et cette société qui soumet les femmes à de dures épreuves, les laissant à la merci d’un père, d’un mari, d’un oncle ou bien encore de la religion.



Mais le sujet de fond de ce livre, c’est l’amitié, l’amitié contre vents et marrées. L’auteure démontre de façon magistrale que les liens du coeur sont parfois plus solides et plus sains que les liens du sang. Ici, c’est une ode au soutien, à l’entraide que nous livre Elif Shafak, Leila et ses amis sont toujours unis et présents les uns pour les autres même s’ils ne sont pas forcément d’accord sur la vision que peut avoir l’un ou l’autre sur la vie, l’amour, les liens familiaux…



Bref, ce roman a tout pour plaire. Une histoire captivante, dure par moment et qui montre que la religion et le progrès ne sont souvent pas compatibles ; des personnages torturés, qu’on a tenté de déshumaniser ; une très belle écriture qui rend vivants chaque histoire de vie et chaque environnement décrit.



Mais… il y a un gros mais pour ma part, je suis incapable de vous dire si j’ai aimé ou au contraire si j’ai détesté ce livre. En vérité, je n’ai ressenti aucune émotion particulière. Je ne sais pas dire pourquoi mais pour moi il manquait quelque chose. Serait-ce car je ne suis pas fan des allers-retours permanents entre passé et présent ? Ou bien encore parce que je ne connais pas la ville grisante d’Istanbul ? Bref, c’est un loupé pour moi…
Lien : https://ogrimoire.com/2020/0..
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Soufi, mon amour

Je ne suis pas aussi enthousiaste que certains commentateurs sur ce site : la romance entre Aziz et Ella, intercalée dans le fil du récit, ne m'a pas emballée (trop de banalité, et trop de pathos -prévisible- pour la fin... mais ce n'est que mon avis, évidemment critiquable).

J'ai néanmoins beaucoup aimé ce roman, dont je viens de finir la lecture.

C'est un beau livre, plein de sagesse et de lumière, l'un de ces livres qui font du bien en ces temps tourmentés de matérialité à outrance, de bêtise triomphante et d'intolérance.

Il ouvre par ailleurs un accès agréable et documenté à la spiritualité soufie et à l'un de ses maîtres, Rumi.

Du coup, il m'a donné envie de relire le Mathnawî (dont sont extraits tous les passages en italique de Soufi mon amour), ainsi que "Le Livre du Dedans" et "La Conférence des Oiseaux".

Avis aux amateurs, curieux peut-être, comme je le suis, de mieux connaître Shams : les éditions du Cerf ont publié en octobre dernier "La Quête du Joyau" qui rassemble (pour la première fois en français) tous les textes de son enseignement, collectés par ses élèves et disciples...
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La Bâtarde d'Istanbul

e l'ai emprunté à la bibliothèque parce que la veille un ami m'avait donné rendez-vous à Istanbul. Je n'ai pas regretté car j'y ai appris beaucoup de choses sur les stambouliotes ainsi que sur les arméniens. Et il m'a aussi permis de voir qu'ils avaient de nombreux points communs d'où l'absurdité des guerres. J'y ai trouvé une ressemblance avec de nombreux pays du bassin méditerranéen notamment pour la cuisine. Un bon livre qui m'a donné envie d'en savoir plus.
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Bonbon palace

J'ai passé un très bon moment avec la lecture de ce roman, faussement intitulé Bonbon palace alors que le titre original loin de parler de bonbons parle de ....poux !!! hé oui !

Les poux, les cafards se sont invités parmi les habitants du 88 rue Jurnal à Istanbul à force de cumuler des choses que l'on ferait mieux d'évacuer pour mieux avancer dans la vie.



J'ai apprécié découvrir les personnages de cet immeuble à l'histoire si particulière où les morts et les vivants ne font qu'un. Comme dans les danses de derviches où l'harmonie de l'univers est dans le cercle qu'ils décrivent.



Objectivement c'est un roman où il ne se passe rien ; si ce n'est la vie, la mort. Et c'est ce que j'ai trouvé beau, de voir comment Elif Safak nous dit comme la mort fait partie de la vie et chacun d'entre nous.

De part certains aspects, Bonbon palace m'a rappelé ma lecture de la vie est un caravansérail d'Emine Sevgi Özdamar. A ceci près que l'écriture d'Elif Safak reste bien plus occidentale, mais ce roman est bien plus un roman turc que son précédent (La Bâtarde d'Istanbul) et de ce fait moins à la portée de tous.



Un roman que j'ai beaucoup apprécié, que j'ai trouvé réconfortant dans la mesure où c'est le genre de livre qui dit à son lecteur "tu n'es pas seul(e)".
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La Bâtarde d'Istanbul

La Bâtarde d’Istanbul est un livre profondément humain. On suit le destin de deux jeunes filles, Amy et Asya. Tout les oppose et bien sûr, elles vont se rapprocher. Amy est d’origine américaine-arménienne tandis qu’Asya est Turque. Amy débarque dans la famille d’Asya, constituée uniquement de femmes (mère, tantes, grand-mère) pour y mener une enquête sur le génocide arménien, poussée par des cyberamis rencontrés sur internet. Ils alimentent ensemble un forum exclusivement réservé aux Arméniens. Amy arrive à Istanbul avec une montagne de questions : comment les Turcs se situent-ils par rapport à cette page noire de leur histoire ? Ont-ils des remords ? Le reconnaissent-ils ?



Plusieurs questions intéressantes sont abordées dans ce roman : la place de la femme dans un pays, anciennement républicain et maintenant profondément islamiste ; les questions de mémoire propre au génocide arménien ; l’évolution d’une jeune femme dans un univers de femmes ; les fondations instables des familles aux secrets inconnus mais lourds à porter.



Il m’a rarement été donné de lire un livre aussi ouvert sur des cultures différentes, aussi objectif sur les forces en présence, aussi clair et pédagogique dans ces explications… et qui mêlent tout ça avec un humour subtil !



Une vraie pépite pour se plonger dans la culture turque (avec plein de plats listés au fur à et mesure du roman !).



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Soufi, mon amour

C'est une histoire d'amour au sens des romans Halerquin et, comme telle, ça n'aurait pas beaucoup d'intérêt… Mais il y a le roman dans le roman et l'intrigue amoureuse n'est en fait que le prétexte pour nous faire entrer dans une autre histoire d'amour, celle-là beaucoup moins ordinaire. Même si l'autrice romance les parties les moins documentées, il s'agit d'une histoire vraie qui s'est passée au XIIIe siècle entre le derviche errant Sham de Tabriz et Rumi, le docteur de la loi coranique devenu poète. Le roman, très érudit, n'est qu'une façon d'entraîner le lecteur à s'approcher de la sagesse des soufis, d'en appréhender les quelque 40 règles élaborées par Sham de Tabriz qui nous montrent un islam très éloigné de celui que caricaturent aujourd'hui Daesh et ses partisans. Les allers-retours entre le présent et le passé, le Massachusetts et le Moyen-Orient sont faciles à suivre, les personnages, même s'ils sont nombreux, faciles à identifier et chacun joue un rôle essentiel dans un récit qui m'a initiée au mysticisme soufi, tout en passant un bon moment de lecture. (Même si j'ai un intérêt pour les religions orientales et le mysticisme, je ne suis pas sûre que ce intérêt soit assez grand pour m'amener à lire les textes sacrés pour m'en faire un meilleure idée...)

J'ajoute donc une goutte d'eau à un océan de critiques positives d'un livre vendu à plus d'un demi-million d'exemplaires et traduit dans de nombreuses langues. Et je me promets, bien sûr, de revenir à cette autrice prochainement…
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