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Critiques de Elizabeth Gaskell (563)
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Nord et Sud

Une fois «Nord et Sud», d'Elizabeth Gaskell, terminée, je ne me suis dit qu’une chose : en voilà un livre brillant ! Il constitue un subtil mélange entre «Orgueil et Préjugés» et «Germinal», je trouve.



Je fais le parallèle avec Zola car Elizabeth Gaskell nous dépeint la société industrielle anglaise - avec des nombreux parallèles entre le Nord et le Sud du pays - et l’émergence des conflits entre classe ouvrière et patronat. Ainsi, elle aborde de manière pertinente les thématiques de la grève, des syndicats, du cadre d’évolution au travail, des conditions de vie des ouvriers (famille nombreuse à nourrir avec faible revenu, difficultés dans la vie de tous les jours, pressions au travail) en comparaison de celles des grands patrons (organisations de grandes soirées luxueuses, renommée et soutien social importants, spéculation financière pour s’enrichir davantage). J'admire le réalisme dont elle a su imprégner son roman.



Pour ce qui est d’ «Orgueil et Préjugés», je retrouve de nombreuses similitudes tant dans le caractère des personnages que dans l’intrigue.

En effet, John Thorton et Margaret Hale sont aussi fiers que Darcy et Elizabeth Bennet. De plus, la première déclaration des deux hommes se voit essuyée d’un refus, et suite à celle-ci, les deux héroïnes se sentent offensées et humiliées (à tort, elles le reconnaitront plus tard d'ailleurs). Dans la suite, et malgré cet échec amoureux, Darcy tout comme Thorton vont veiller sur leur bien-aimée et donner d’eux-mêmes pour soulager leurs problèmes – et ce dans l’ombre. L’évolution des sentiments des personnages est également semblable ; ça ne m’a donc pas surprise d’apprendre qu’elle s’était largement inspirée de l’œuvre de Jane Austen.



Malgré tout ce qu’on peut lui reprocher, j'ai pour ma part aimé l'héroïne Margaret Hale, qui est brillante et impose le respect. Son caractère et sa volonté me plaisent énormément, bien qu’elle se sente parfois trop supérieure aux autres – ce qui, néanmoins, lui confère une force de caractère inébranlable car elle est sûre d’elle - , et qui va nettement en s’améliorant au fil du récit, car plus elle souffre, plus elle devient humble, tout en gardant son éclat d’esprit.

John Thorton, par sa sincérité, son flegme et en même temps sa passion a su me séduire.

J’ai été sensible à la plume d’Elizabeth Gaskell, elle a vraiment une écriture magnifique, et surtout drôle, son immense humour m’a réellement conquise; d'ailleurs, on ne peut pas fermer le livre sans un sourire aux lèvres: la fin est vraiment réussie, et bien à l'image du livre ! Ce qui est admirable, c’est que là où elle réussit à nous faire sourire, elle parvient tout aussi habilement à dépeindre les malheurs et souffrances humaines, et il est alors bien difficile de ne pas être peiné…



Ce roman est donc une très belle découverte, et je comprends toutes les louanges entendues à son propos. A lire sans plus attendre !

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Mary Barton

Passionnant et captivant sont les deux mots qui me venaient à l’esprit tandis que je lisais Mary Barton pour qualifier ce premier roman d’Elizabeth Gaskell.



Comme dans Nord et Sud, que j’ai aussi beaucoup aimé, la finesse de l’analyse est remarquable ainsi que la qualité de l’écriture. Comme je n’ai pas lu la version originale mais la traduction de Françoise du Sorbier, cette dernière impression est en grande partie due au travail de la traductrice. Le roman date de 1848 mais il aura fallu attendre 2014 pour qu’il y ait en France une véritable traduction, comme l’explique Françoise du Sorbier dans une note.



Elizabeth Gaskell était l’épouse d’un révérend William Gaskell. Lorsque son fils meurt de la scarlatine, elle se met à écrire Mary Barton, qui a pour sous-titre « chronique de Manchester », ville dans laquelle elle s’est établie avec son époux. Dans Nord et Sud, Margaret était sans doute assez proche de ce que fut Elizabeth Gaskell en tant que femme et intellectuelle, Margaret appartient à un milieu social similaire.



Mary, fille de John Barton, un ouvrier, est en revanche très différente. Elle est exposée de plein fouet à la misère, à la maladie, aux affres de la mort, de la privation de nourriture lorsque le travail, et donc le salaire correspondant, viennent à manquer.



Mary est belle. Mais est-ce une chance ou un malheur ? Lorsque Harry Carson, fils d’un patron, vient la courtiser, à la sortie de la boutique où elle est apprentie couturière, elle pense qu’il l’aime et veut l’épouser. Elle se dit qu’elle aiderait ainsi son père à échapper à la misère, elle serait une dame et elle l’installerait dans le manoir des Carson où il ne manquerait plus jamais de rien. Le père Carson, avant de faire fortune dans l’industrie, n’était-il pas lui aussi pauvre et son épouse une ancienne ouvrière ?



Mary Barton ne ressemble pas aux filles du Père Goriot de Balzac. Elle n’envisage pas de renier son père qui lui ferait honte. Elle l’aime de tout son cœur car elle n’est qu’une jeune fille, une adolescente, dirions-nous aujourd’hui, et elle est orpheline de mère depuis ce soir néfaste où Mrs Barton est morte en couche dans sa chambre. Mary est prête à se sacrifier pour son père car, même si Harry est beau, riche, élégant, sûr de lui et de son pouvoir de séduction, elle ne peut s’empêcher de préférer le visage de Jem Wilson, son ami d’enfance, un ouvrier mais aussi un homme intelligent et courageux.



Un meurtre va se produire et de nombreuses péripéties s’enchaîner à un rythme soutenu.



John Barton, devenu membre actif du syndicat, veut informer le gouvernement de la situation intolérable que vivent les ouvriers qui n’ont plus de travail à cause des problèmes économiques. Les patrons se plaignent eux aussi de la situation, prétendent ne plus pouvoir embaucher mais ne réduisent cependant pas leur train de vie alors que les ouvriers meurent de faim. La haine, le mépris entre les deux camps ne cessent de croître, jusqu’au drame...



Elizabeth Gaskell comprend très bien l’économie politique malgré la modestie qu’elle affiche dans la préface. Elle observe la vie à Manchester et devine l’état d’esprit des ouvriers qu’elle a l’occasion de côtoyer en tant qu’épouse de pasteur, elle veut les aider à mieux communiquer avec les patrons et aider les patrons à mieux communiquer avec les ouvriers car ils ont des intérêts communs. Peut-être est-ce ce que l’on appelle aujourd’hui le « dialogue social ».



La religion est très présente dans Mary Barton mais d’une manière positive. Pour Elizabeth Gaskell, tous les hommes sont frères et ils ne devraient pas s’entre-tuer, ni faire quoi que ce soit qui puisse donner envie à l’autre de le tuer.



Sur la quatrième de couverture, il est écrit que « Mary Barton est éloigné de toute subversion ». Je ne suis pas d’accord avec cette analyse. Elizabeth Gaskell, épouse de pasteur, à travers la parabole qu’est Mary Barton, dit à messieurs les patrons : attention, si vous continuez à vous comporter comme vous le faites : mépris, arrogance, égoïsme, refus de regarder la réalité en face et d’y apporter des solutions, vous le paierez cher, certains d’entre vous mourront, vous perdrez des êtres que vous aimez. Mais de cette immense souffrance peuvent naître, si ce n’est un monde meilleur, des améliorations de la condition des ouvriers qui ne doivent plus mourir de faim pendant que les patrons les ignorent, à l’abri de leurs manoirs.



Pour avoir eu cette audace, l’écrivaine a dû quitter Manchester. Les patrons d’usine qui écoutaient les sermons de son mari le dimanche ne souhaitaient plus lui parler, ils « prirent fort mal la chose », dit Françoise du Sorbier, dans sa préface. Dickens l’a accueillie à Londres et Dostoïevski fit paraître dans une revue une traduction de son roman en 1860. Mary Barton fut interdit dans les écoles en 1907 en Angleterre à cause de son trop grand impact émotionnel, « hommage paradoxal », nous dit Françoise du Sorbier qui nous permet enfin, grâce à sa traduction, de découvrir ce texte qui mérite d’être lu.

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Nord et Sud

Que c'est bon de lire presque par hasard un roman comme ça ! Histoire d'amour, fresque sociale de l'Angleterre pendant la Révolution industrielle, description très fine des petits travers de la nature humaine, une pincée de féminisme, quelques traits d'humour... 'Nord et Sud' a vraiment beaucoup d'atouts de son côté !



Alors, certes, les pinailleurs pourraient dire qu'on s'approche parfois dangereusement du roman à l'eau de rose, surtout vers la fin, avec tous ces bons sentiments un peu naïfs entre patron et ouvriers ou les obstacles imaginaires compliqués que les héros s'inventent...



Mais je ne serai pas une pinailleuse cette fois-ci, et je n'ai pas boudé mon plaisir à suivre Margaret, jeune demoiselle bonne et courageuse, fille d'un pasteur du Sud bourgeois et agricole de l'Angleterre, obligée de s'installer dans ce Nord âpre et peu distingué dédié aux usines et au commerce...



Dans le quotidien comme dans les épreuves, elle reste fidèle à elle-même, douce et très volontaire, ce qui la rend attachante. Tout comme l'intelligent Higgins, ouvrier syndicaliste pondéré, ou les Thornton mère et fils, patrons travailleurs et dignes, ou même le vieux professeur distrait d'Oxford... Mais certainement pas comme ses parents, plutôt lâches, faibles et perpétuellement indécis; agaçants donc, mais très bien décrits, et surtout fort utiles pour faire avancer l'histoire et lui donner du relief !



Lu dans le cadre du Challenge Pavés de Gwen21 (6/xx)
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Nord et Sud

Nord et Sud est un roman que j’ai trouvé passionnant, émouvant et qui offre une fine analyse des débuts de la révolution industrielle au XIXe siècle, des rapports de forces, des luttes de pouvoirs entre patrons et ouvriers.

J’ai particulièrement apprécié la qualité de l’écriture, des dialogues, des réflexions développées, qui donnent lieu à de vifs débats entre Margaret et John. La profondeur de l’analyse psychologique est aussi remarquable.



Tous les personnages m’ont touchée et j’ai regretté de les avoir quittés : Margaret Hale, figure charismatique de ce récit, jeune fille courageuse et intelligente ; John Thornton, patron arrogant et dur d’une usine, d’une filature, dont la personnalité évolue au fil des chapitres et devient plus attachante, surtout vers la fin où il montre sa force morale, égale de celle de Margaret, son sens de la dignité, sa volonté d’œuvrer pour la paix sociale, d’établir des relations amicales avec les ouvriers, pour arriver à une meilleure compréhension mutuelle dans l’intérêt de chacun. Il veut mettre en pratique ses idées novatrices pour l’époque, elles font écho à celles de Margaret.



Ce couple antagoniste au départ finira par se rapprocher. Ils m’ont fait penser, à certains moments, à Chimène et Rodrigue dans Le Cid de Corneille, à travers leur souci constant de rester digne et fier, coûte que coûte, de ne pas être avili aux yeux de l’autre, de peur de perdre son respect. John est séduit par l’intelligence de Margaret.



Elizabeth Gaskell était l’épouse d’un pasteur qui fut, lui aussi, séduit par son intelligence et sa beauté. La vie qu’elle a menée aux côtés de son époux, rencontré chez des parents à Manchester, est probablement la source de sa sensibilité aux questions sociales.



Elle écrivait ses textes pour l’hebdomadaire de Charles Dickens, qui s’est intéressé aux débuts de la révolution industrielle dans Temps difficiles. Ce roman utilise le conte et la satire dans la ville imaginaire de Coketown (la ville du charbon) pour évoquer la situation à Manchester mais Nord et Sud me semble plus abouti dans son évocation des problèmes liés à l’obsession du capital, de la productivité, du coût de la main-d’œuvre. Cette attitude a tendance à transformer l’être humain en donnée comptable. Cette critique de l’utilitarisme, de l’importance accordée à l’économie politique au détriment de l’imagination, la sensibilité littéraire et la vie intellectuelle est présente dans les deux romans qui se complètent et expliquent l’entente qu’il y avait entre Dickens et Gaskell. Ces deux romans me semblent avoir encore une résonance avec notre époque bien qu’ils datent du XIXe siècle.



Au-delà des réflexions idéologiques, politiques et sociales fort intéressantes, Nord et Sud est aussi riche en scènes émouvantes et personnages secondaires dont je garderai le souvenir longtemps, comme Bessy, la fille de Nicholas Higgins, ouvrier syndicaliste. Margaret les a rencontrés au cours d’une promenade et découvre, grâce à eux, que tout n’est pas aussi simple que dans les discours de John. Issu d’un milieu modeste, orphelin de père, John a appris le travail chez un marchand de tissus et a dû quitter l’école tôt. Il est persuadé qu’avec de la volonté, tout le monde peut suivre son exemple et s’élever au rang de patron ainsi qu’au pouvoir qui va avec. Il méprise « les gens faibles » et leur manque de volonté. Mais Bessy a travaillé dur, elle aussi, dans les ateliers, pour un salaire dérisoire, et n’y a gagné qu’une maladie mortelle qui lui dévore les poumons à force de respirer des poussières.



Elizabeth Gaskell décrit une classe sociale sacrifiée sur l’autel du développement économique sans régulation et de la richesse d’une minorité conquérante et avide de pouvoir. Qu’en est-il de la liberté individuelle, du droit légitime à avoir un peu de repos et de bonheur pour que la vie mérite d’être vécue pour ces hommes et ces femmes aussi et ne soit pas qu’un long chemin de croix, uniquement fait de servitude et de souffrance ?



Elizabeth Gaskell observe avec finesse la société de ses contemporains et analyse aussi les mécanismes de pouvoir au sein du syndicat. Elle pose ainsi une question essentielle : l’homme a-t-il le droit d’être libre ou doit-il toujours obéir à un collectif, d’un côté le syndicat, de l’autre le patron, au risque, s’il refuse, d’être exclu et voué à un destin tragique, comme c’est le cas d’un des personnages. La mère de John est, elle aussi, un personnage remarquable, « une femme très forte et dotée d’une grande volonté », qui aime inconditionnellement son fils, qui le lui rend bien. John s’avérera être un homme intègre et mériter cet amour, lui qui refuse de « courir le risque de ruiner d’autres gens pour un misérable avantage personnel » en s’adonnant à la spéculation boursière, comme tant d’autres le feront pour conserver et accroître leur fortune.



Nord et Sud est un beau roman, qui mêle romantisme, au sens littéraire du terme (sensibilité, imagination, engagement politique) et réflexion économique et sociale. J’ai découvert Elizabeth Gaskell récemment, grâce à Babelio, et je trouve que ses romans méritent d’être mieux connus et sortis de l’ombre que son contemporain et ami, Charles Dickens, par sa célébrité, a peut-être involontairement contribué à jeter sur eux.

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Nord et Sud

Si Jane Austen avait rencontré Emile Zola , ça aurait pu donner Nord et Sud...

Quand Margaret Hale, après une année à Londres afin de parfaire son éducation chez sa tante et sa cousine, revient dans le Sud, chez son père, un pasteur, elle ne s'attend pas à ce que ce brave homme ait perdu la foi et décide de devenir percepteur dans le Nord ... Un de ses élèves, un riche self made man , tombe sous le charme de la jeune fille , mais il devra faire face à l'orgueil et aux préjugés. Mais aussi à sa conscience sociale qui éclot face à la pauvreté des ouvriers , des gréves et manifestations ... Alors que le Nord , en plein essor industriel, avance vers un monde nouveau, le Sud est resté conservateur et bucolique . Au Nord , les syndicats émergent, les ouvriers se battent pour ne pas mourir de faim , les pauvres gens remettent en question la religion .

Margaret Hale, est un personnage totalement Austenien , Elizabeth Gaskell , de trente-cinq ans plus jeune que notre Jane, lui rend un parfait hommage." Fille et femme de pasteur, l'auteur connaît intimement la vie provinciale et les milieux industriels".

Et si l'histoire démarre avec des incompréhensions, des oppositions , le Nord (gris, bruyant, et pollué) contre le Sud si verdoyant , celles d'un homme et d'une femme, celles des ouvriers contre les patrons , etc... le propos d'Elizabeth Gaskell est de montrer que les contraires peuvent cohabiter , s' attirer, s'apporter et que l'humain est au centre de tout .

" - une fois sortis de leurs rôles respectifs de patron et d'ouvrier, ils avaient chacun commencé à se rendre compte que le coeur humain est partout le même."

Quatre petites soirées pour venir à bout de ce roman , et j'aurai aimé lire plus lentement , étirer le temps , tellement, les romans d'Elizabeth Gaskell sont agréables à lire . Dire que je ne la connaissais pas , il y a seulement un an ...

It's a shame
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Mary Barton

Marie Barton a été publié anonymement en 1848, la même année que le Manifeste communiste. En 1949, on découvre qu'il a été écrit par une femme et c'est cela qui choquera le plus ...

Mal aimée à Manchester, l'auteur se verra reconnue par ses pairs à Londres par Dickens entre autre , puis publiée en Russie par Dostoïevski.

Mariée à un pasteur, habitant à Manchester , Elizabeth Gaskell avait une vraie connaissance des milieux qu'elle décrit , et tout comme dans l'excellent Nord et Sud, elle nous invite à nous pencher sur le sort des ouvriers et la grande misère qu'ils vivaient au quotidien.



1839, Mary Barton est une très jolie fille, à qui sa tante a mis dans la tête des rêves d 'élévation sociale. Remarquée par un fils d'industriel, elle rejette la demande en mariage de son ami d'enfance . Comme dans toute les familles d'ouvriers, Mary a vu disparaître dans son foyer et celui de ses voisins, des enfants , des pères , des mères , emportés par la misère , les maladies . Car le manque d'argent rôde autour d'eux , grignotant leurs forces, les faisant rogner sur le charbon, la nourriture, des vêtements chauds. Face à ça , les patrons opposent une indifférence polie ou moqueuse, le père de Mary se syndicalise, la révolte gronde.



Sous une histoire romanesque se cache une observation aigüe du monde ouvrier qui laisse le lecteur révolté . ( Même si à force de lire des romans traitant de cette époque et de ce sujet , il sait à quoi s'attendre...)

Toute la partie sociale m'a beaucoup plu, les descriptions, la beauté de l'écriture . L'histoire de Mary m'a beaucoup moins" transportée" que celle de Nord et Sud qui fut un coup de coeur absolu. Peut-être est-ce dû à son caractère , elle subit, elle réagit plus qu'elle n'agit. peut-être est-ce juste l'histoire qui est moins intense (pour moi ) que Nord et Sud.

Mais cela reste un voyage dans le temps intéressant , et rappelle que même si aujourd'hui nos conditions de vie se sont améliorées, il reste des combats à mener partout dans le monde : personne ne devrait mourir de faim ...
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Nord et Sud

Que dire de ce livre absolument magnifique ?

C'est l'histoire de Margaret Hale, une jeune femme de dix-huit ans, revenant dans sa maison natale à Helstone après le mariage de sa cousine Edith.

Malheureusement, sa famille doit quitter ce village après le choix de son père, pasteur, ayant des remords concernant l'Eglise.

Ils s'installent donc dans une ville du Nord, dans le Darkshire: Milton-Nothern.

Margaret fait ainsi la connaissance de John Thornton, possédant la manufacture de Malbourough-Mills mais elle le méprise dès ses premiers rapports avec lui...



Elizabeth Gaskell veut nous montrer une opposition entre le Sud (avec Helstone), paisible, tranquille, heureux ; et le Nord, sale, précaire. triste.

Le lecteur suit, tout au long de l'histoire, l'évolution des sentiments de John Thornton pour Margaret (à savoir qu'il l'admire puis l'aime passionnément) et réciproquement.



Mais cette histoire nous décrit également les conditions déplorables des ouvriers comme les Higgins- chez qui la maladie fera son apparition- tellement humains, sensibles et affectueux.



A travers joie, insouciance, tristesse, mélancolie puis souffrances, deuil et enfin paix, nous suivons le chemin de Margaret devenue plus sage au fil des évènements terribles qui vont s'abattre sur elle ; ses sentiments sur John Thornton vont évoluer au cours de l'histoire et elle parviendra à l'aimer.



Ce roman est tout simplement émouvant (je n'ai pas pu résister : j'ai dû verser quelques larmes...), attachant et tellement SPLENDIDE !!!



Ainsi, ce roman, est - et sera- toujours pour moi un chef-d'oeuvre de la littérature anglaise.
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Femmes et filles

D'habitude, je lis vite mais il m'a fallu plusieurs soirées pour arriver au bout de " Femmes et filles" , un délicieux pavé de 648 pages .

Un énorme roman donc, qui aurait pu être encore plus long d'un chapitre, si l'auteur, Elizabeth Gaskell n'était pas décédée soudainement . Mais arrivée à ce stade , on est si imprégnée de cette histoire , on a eu tellement de détails que l'on peut imaginer la fin sans problème , d'autant plus que le directeur du journal dans lequel était publié ce récit sous forme d'extraits , nous indique gentiment la direction que souhaitait l'auteur.

Elizabeth Gaskell nous plonge dans la vie de Molly , 12 ans, orpheline de mère qui vit une relation parfaite avec son père , médecin de campagne, jusqu'au jour où celui-ci décide de reprendre une épouse pour "tenir sa maison" . Clare , cette nouvelle" maman" est elle même , mère d'une jeune fille dont elle ne s'occupe pas beaucoup, toute occupée qu'elle est à gagner sa vie et paraître . Héritant donc d'une "sœur" , c'est tout le paisible équilibre de Molly qui va être bouleversé par ces nouvelles venues . Féminité, manigances, secrets, manipulations et complicité vont envahir son quotidien , elle qui n'est que simplicité et bonté ...



Le fait que ce roman soit très long , que j' ai passé plusieurs soirées d'affilée à le lire , installe l'histoire profondément (un peu comme une série télé dont vous regarderiez toutes les saisons à la suite... ).

J'ai vécu au rythme de ce petit bourg , pris le thé avec les soeurs Browning, vieilles filles affectueuses, me suis inquiétée pour la santé de Mrs Hamley chez qui Molly va séjourner afin de distraire par sa jeunesse , la malade. J'ai soupiré devant le nombre de soupirants de Cynthia , la nouvelle soeur de Molly en me demandant si cette dernière serait récompensée de son bon caractère . J'ai été amusée et agacée par la nouvelle "maman" de Molly , si égoïste et manipulatrice qui m'a un peu rappelé les mères dans les roman de Jane Austen.

Et bien que 2 siècles nous séparent , j'ai trouvé que le monde avait bien changé certes , au niveau politesse mais que certains personnages pourraient être nos contemporains ...

Femmes, épouses, mères, belle-mères , amies, sœurs et filles parfaitement croquées par une auteur à la plume gentiment ironique . Il faut lire entre ces lignes ...

648 pages de pur délice , un formidable portrait d'un quotidien tranquille dans la campagne anglaise au 19° siècle ...
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Les confessions de Mr Harrison

Née 35 ans après Jane Austen, Elizabeth Gaskell est moins connue en France, mais possède le même style élégant mélangé à une douce ironie .

Un jeune homme fraîchement diplômé en médecine , a répondu à la proposition du cousin de son père ,de reprendre progressivement toute sa clientèle .

Mais la venue dans la très petite ville de Ducombe , d'un nouveau spécimen masculin est vécue par ces dames comme un événement car il est célibataire.

Immédiatement , invitations pour le thé , pour le déjeuner se multiplient , ainsi que maladies plus ou moins imaginaires , sans qu'il n' y comprenne rien . Sa naïveté pourrait bien jouer contre lui...

Se servant des "malheurs" de ce "pauvre" jeune homme, Elizabeth Gaskell en profite pour brocarder gentiment ses contemporains . Taclant les petites villes où les ragots font boule de neige, ou l'ennui "oblige" les gens à s'occuper des faits et gestes leurs voisins (quitte à les enjoliver ou les imaginer ) , histoire de se distraire .

Ayant vécu un temps, chez un médecin, et l'ayant suivi dans ses visites, l'auteur est parfaitement réaliste dans ses descriptions et nous régale avec le vieux médecin qui prendrait bien des décisions radicales ( comme une amputation) par méconnaissance des progrès médicaux ...

Avoir choisi un héros masculin célibataire pour parler du mariage , est , je trouve ,assez moderne pour l'époque .

Ce petit roman d'à peine 157 pages , est une jolie friandise Victorienne .

Dommage qu'il soit si court ...
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Cranford (Les dames de Cranford)

Cranford est typiquement ce que l'on pourrait appeler "un bled". Allez, une bourgade, soyons généreux !



Campagne anglaise, XIXème siècle, thé servi avec des scones et parties interminables de cartes, voilà, le décor est planté.



Les protagonistes ? Une tribu de "dames", plutôt vieillissantes et ridicules, petites bourgeoises et petites baronnettes qui... s'ennuient ferme ! et se sont créé un microcosme impénétrable à toute personne ne pouvant produire 12 quartiers de "cranfordesse".



L'action ? aucune avec un grand A mais une multitude en minuscule.



La plume ? Très belle, très stylée, très typique, très "so british".



Mon impression ? Je pensais devoir me faire couper une jambe plutôt qu'avoir à écrire ces mots mais l'élégance de l'écriture de Mrs Gaskell ne m'a pas exonérée d'un ennui latent et parfois même d'un sentiment d'agacement proche du désintérêt pour les "aventures" des dames de Cranford.



Cependant, il est clair que le tableau que brosse l'auteur de cette société aux vues étroites ne manque ni d'humour ni parfois d'ironie. L'auteur semble avoir pleinement conscience de la vacuité des existences de ses héroïnes et elle s'en amuse tout en souhaitant nous en amuser. Le seul hic, c'est que je suis dans une période de lecture où je recherche l'aventure et l'émotion, deux éléments que je n'ai pas trouvés dans cette oeuvre à laquelle je reconnais tout de même de la tendresse et de la générosité mais aussi, hélas, une insupportable propension à couper les cheveux en quatre.



Une fois n'est pas coutume, je recommanderais plutôt l'adaptation BBC de "Cranford" et la lecture de l'excellent "Nord et Sud" du même auteur.
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Nord et Sud

Une critique de Lucilou m'avait donné envie de découvrir ce texte.

Ô joie : le challenge solidaire propose dans sa liste d'auteur(e)s à lire justement Elizabeth Gaskell.

Soyons honnêtes avant la critique de Lucilou, je n'avais jamais entendu parler d'Elizabeth Gaskell. Contemporaine de Dickens, des soeurs Brontë ou de George Eliott, j'ai l'impression qu'elle n'a pas trop franchi la Manche (j'ai mis un temps fou à recevoir ma commande de ce livre ! Quant à ma bibli elle a le livre en VO en édition originale de 1860 ou approchant, donc pas question de le sortir.... limite j'aurais dû mettre des gants blancs !)

*

Donc critique enthousiaste lue sur Babelio + challenge solidaire comme alibi = allez j'affronte les 673 pages du roman ! 673 pages.... Comment trouver les mots pour vous dire d'oser, d'essayer car ce livre est remarquable. Je n'aime pas comparer les auteur(e)s mais là je vais tenter la simplification : entre Jane Austen et Emile Zola (si si). Je pense que les Anglais pensent à Orgueil et préjugés en lisant ce Nord et Sud. En bonne française biberonnée à la littérature française, je pense à Au bonheur des dames de Zola. En effet dans Nord et Sud vous trouverez une romance avec un côté jeu chat/souris, mais aussi un oeil précis sur la vie dans une ville manufacturière. Certaines pages, certains discours sont criants de modernité. On dirait un texte écrit de nos jours par (selon le personnage) un représentant syndical / un chef d'entreprise. C'est ça qui m'a le plus surprise : cette incroyable modernité, ce regard presque naturaliste sur une ville ouvrière avec l'opposition patron/ouvriers.

*

J'ai eu un mal fou à lâcher ce roman tant j'étais dedans, conquise par Margaret jeune fille qui quitte son Sud natal, agricole, pour suivre ses parents dans le Nord industriel (Manchester). Elle va y rencontrer Mr Thornton, patron d'entreprise, de filature. L'auteure va entrecroiser la romance et la description sociale.



Un régal que je me suis empressée de conseiller à mes filles (elles ont aimé Orgueil et préjugés et le Bonheur des dames donc ça devrait leur plaire aussi !)
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Les confessions de Mr Harrison

Comme tous les autres romans d'Elizabeth Gaskell, celui-ci est une petite merveille ! C’est un petit roman, l'un des moins connus de cette auteure, qui est en réalité une confession du Docteur Harrison, venu s'installer depuis peu dans le petit bourg de Duncombe. Dès sa venue, le jeune médecin est recherché par toutes les jeunes filles du village, et devient donc la victime des commérages les plus "mal à propos"...Il faut attendre la fin pour découvrir l’identité de l’heureuse élue qui a su charmer le beau jeune homme : s’agit-il de Mrs. Rose ? Miss Caroline ? Sophy ? Miss Bullock ?...



Elizabeth Gaskell nous dresse encore une fois un portrait moqueur des habitants d'un village, certains prétentieux et moqueurs (Mrs. Bullock, Miss Tomkinson) et d'autres attentionnés, aimables et toujours souriants (Sophy, Mrs. Rose). Par le biais de ce petit récit remarquable, Mr. Harrison narre également certaines aventures -parfois difficiles- liées au métier (mort, maladies graves...) mais campe un narrateur touchant, et qui donne envie de s'installer à Duncombe !



Bref, la magie de l'écriture d'Elizabeth Gaskell m'émerveille toujours, et elle reste l'un de mes écrivains favoris...

J'en redemande encore !!

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Les amoureux de Sylvia

Les amours contrariées auront toujours, pour les lecteurs romanesques dont je suis, cet attrait irrésistible qui, lorsqu'il est servi par une plume sensible et talentueuse, marque durablement leur mémoire.



Ainsi en est-il de ce beau roman qui réunit tout ce qui caractérise la période : le bord de mer anglais riche de ses landes et de ses falaises, de son vent et de ses marins, une petite ville commerçante tout imprégnée de ruralité, des traditions au charme désuet et des habitants aux strictes valeurs. Dans ce contexte de la fin du XVIIIème siècle, auquel il convient d'ajouter le conflit en Méditerranée contre Boney, vit une jeune fille, presque encore une enfant. Sylvia est la fille unique de fermiers et, si elle ne brille ni par son esprit ni par son instruction, elle se distingue par sa grâce et son tempérament. Comme le titre l'indique, des amoureux évoluent autour de la jeune femme ; l'un a bonne réputation, l'autre non et tous deux se disent très épris. Mais l'homme, aussi bien que la femme, sait dissimuler et manipuler quand il comprend où se trouve son intérêt.



Elizabeth Gaskell tisse autour de ce triangle amoureux une très belle histoire aussi dramatique que passionnée, de laquelle se dégagent de très belles figures, à l'instar d'Hester Rose ou de Daniel Robson, les personnages secondaires. Ce n'est pas Sylvia, en effet, qui m'a le plus touchée au fil des pages mais les "seconds couteaux", ainsi que Philip, l'amoureux éconduit, coeur fidèle et être protecteur que ses sentiments finiront par aveugler car, bien évidemment, si l'amour avait le pouvoir d'effacer les faiblesses humaines, ça se saurait depuis longtemps.



Un reproche toutefois à mon éloge ; le rythme de la narration aurait gagné à être plus enlevé. Comme dans "Nord et Sud", mais surtout comme dans "Cranford" - roman qui a eu raison de ma patience -, Elizabeth Gaskell aime s'attarder ; sa plume très descriptive, bien que brillante, m'a parfois ennuyée. De plus, la minutie qu'elle apporte à la présentation et à la préparation des événements nuit selon moi à la spontanéité de l'action et c'est souvent sans grande surprise que le lecteur découvre les rebondissements du récit.



Il n'en demeure pas moins vrai que ce roman est parfaitement structuré et équilibré et qu'il séduira sans aucun doute de nombreux lecteurs, à commencer par les aficionados de la période.





Challenge 19ème siècle 2015

Challenge PAVES 2014 - 2015
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Nord et Sud

Mon histoire avec ce livre a été des années durant un malentendu. Je l'avais vu sur la table de ma librairie et j'ai longtemps cru qu'il s'agissait d'un livre sur la guerre de Sécession. Car j'avais le souvenir d'une série télévisée éponyme.



Il a fallu que je lise une critique élogieuse sur "Mères et filles" d'Elizabeth Gaskell pour que je parte à la recherche de ses romans. Et c'est à ce moment que j'ai réalisé mon erreur.



L'histoire se déroule au milieu du XIXème siècle en Angleterre. Margaret Hale, fille d'un pasteur de campagne, a passé quelques années de sa vie chez sa riche tante londonienne, Mrs Shaw, et s'apprête à retrouver ses parents suite au mariage de sa cousine Edith.



Son retour à Helstone sera perturbé par une décision de son père. Ce dernier, en désaccord avec les préceptes de l'église anglicane, décide de quitter son ministère. Pour subvenir aux besoins de sa famille, il deviendra précepteur à Milton, une ville industrielle du Nord du pays.



Le départ sera mal vécu, surtout par la mère de Margaret, une femme ultra sensible. D'autant que le contraste entre le Hampshire rural et le Darkshire industriel est saisissant.



Margaret et son père s'adapteront. D'autant que ce dernier est subjugué par un de ses élèves, un industriel, un self-made-man, du nom de Thornton. Celui-ci est irrésistiblement attiré par la beauté altière de Margaret qui, elle, affiche son hostilité envers cet homme.



Ce roman est, comme son titre l'indique, celui des contrastes entre deux régions, entre deux personnalités et entre deux conceptions du monde et de la vie. Il y a de l'inimitié entre les deux protagonistes. Une inimitié causée par des préjugés, des malentendus.



Au fil de l'histoire, la vie de Margaret va être marquée par diverses épreuves et celle de Thornton jalonnée d'obstacles professionnels. Ces événements marquants les conduiront à modifier leurs points de vue.



La lecture de ce roman m'a pris du temps mais j'ai été subjuguée par cette histoire rythmée et riche en péripéties. Elizabeth Gaskell n'a pas son pareil pour "décortiquer" les sentiments de ses personnages.Margaret et Thornton ont une force de caractère incroyable derrière laquelle pointent sensibilité et altruisme. De plus, la connaissance de la romancière des milieux industriels de son pays permet au lecteur d'avoir un aperçu de la condition ouvrière de l'époque.



J'ai ressenti une grande exigence dans l'écriture d'Elizabeth Gaskell. Elle ne cède pas à la facilité et sait "tenir" une histoire.



Je tenais aussi à souligner la qualité de la traduction, de la préface et des annotations de Françoise du Sorbier qui m'a permis d'apprécier ce roman.
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Cranford (Les dames de Cranford)

Ah ! Quelle merveille !! Comment peut-on être déçu(e) par Elizabeth Gaskell ? L'une de mes romancières favorites (avec Jane Austen et les soeurs Brontë) m'a de nouveau charmée grâce à Cranford. Ce roman est particulièrement touchant, et très original, puisqu'il traite de la vie des habitants de Cranford, qui ne sont (presque !) que...des femmes ! La narratrice, Miss Mary Smith, nous décrit son retour dans ce petit village si cher qu'elle a quitté, et les petits évènements qui animent le quotidien de ces vieilles dames, parmi lesquelles, Miss Deborah et Miss Matty Jenkyns, Mrs. Forrester, Miss Pole, Mrs. Jamieson ou encore Mr. Hoggins, l'un des seuls hommes du village !



Le récit est sublimement raconté, dans une écriture toujours passionnante, où l'on ne s'ennuie pas une seconde, et qui nous permet de redécouvrir avec plaisir la vie en Angleterre au XIXème siècle...



Que dire de plus ? Bien évidemment, j'ai beaucoup aimé ces vieilles dames, fidèles, dévouées, adorables et finalement, très humaines, qui nous enchantent par leurs réunions de "Préférence", leur mépris du mariage, et leur fierté pour leur Cranford bien aimée...



Je ne peux donc, encore une fois, que vivement conseiller cette auteure talentueuse, qui ne cessera jamais de m'émerveiller !



A lire !!
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Ruth

Retour vers l'Angleterre du 19e siècle. Je sais qu'en plus du voyage dans le temps, je ferai un voyage dans le style "classique" de cette époque, de jolies phrases, de belles tournures. A cela s'ajoute une peinture de la société de l'époque. Ici le cas des "filles-mères" comme on disait, ces filles séduites, abandonnées, humiliées leur vie entière.

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Ruth est une jeune fille d'une grande beauté. 16 ans, l'innocence. Après avoir perdu très tôt sa mère, elle se retrouve orpheline à 12 ans et travaille dans un atelier de couture. Pas de mère pour lui expliquer la réalité de la vie, surtout concernant l'autre sexe. Et ce qui devait arriver, arriva : un bel aristocrate, la séduction, une grossesse, une fuite.... et le déshonneur, l'abomination pour la jeune fille....

Quel sort difficile avaient ces pauvres filles !

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Ce récit est celui du déshonneur définitif, même pas compensé par une vie de bonté et d'empathie.

La religion prend ici une grande place. On sent qu'Elizabeth Gaskell est fille et femme de pasteur. Le personnage du pasteur est magnifique par sa réflexion, son féminisme avant l'heure qui passe en fait par le pardon et l'humanité.

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Une étoile en moins je l'avoue car j'ai trouvé la rédemption de Ruth trop chère payée....
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Nord et Sud

Exquise littérature victorienne où la beauté de la plume exprime si intensément l’Angleterre du XIXe siècle ! Elizabeth Gaskell nous donne ici une magnifique page sociale, humaine et sentimentale dans laquelle on déambule agréablement, savourant toute la précision et la richesse qui en émanent.



Après une dizaine d’années passées à Londres pour partager les leçons données à sa cousine Edith, Margaret retrouve le hameau de Helstone dans le Hampshire où quelques cottages côtoient l’église avant de se perdre dans la forêt alentour. Amoureuse des promenades offertes par cet environnement campagnard, Margaret défend avec fougue son petit coin de quiétude. Mais une tristesse se dessine sur les traits de son père, pasteur du village, et un cas de conscience qui le ronge lui fait quitter ses fonctions. C’est alors l’arrachement à Helstone et la montée vers le Nord de l’Angleterre, dans la ville industrielle de Milton, où l’air a l’odeur des fumées qui s’échappent des filatures. Les habitudes vestimentaires y sont plus grises que dans le Sud, des expressions de souffrances tirent les traits des travailleurs. Et la mère de Margaret qui jugeait malsain l’air de Helstone !



Ce très grand roman puise toute sa force dans l’impressionnante profondeur qui ressort de chaque personnage. Aucun d’entre eux n’est insignifiant en commençant par la jeune Margaret dont les yeux reflètent la douceur et la franchise alors que son allure altière laisse plutôt deviner un tempérament fier et orgueilleux, donnant une impression de supériorité.

Mr John Thornton, le riche industriel frappé par sa beauté, est cependant souvent mortifié par ses propos tranchés sur l’attitude des patrons car elle ne peut lui cacher tout le mépris qu’elle éprouve à l’encontre des industriels qu’elle assimile péjorativement à de grands commerçants.

Entre eux deux, l’antagonisme patrons-ouvriers sera soulevé avec des réflexions très explicites qui attiseront l’antipathie éprouvée par la mère de John face à cette fille fière et supérieure. L’arrogance que Margaret montre vis-à-vis de son fils chéri déplait ouvertement alors que celui-ci est tout de même loin d’être un homme ordinaire !

Malgré les propos irritants de Margaret, Mr Thornton, contre toute attente, apprécie de converser avec elle et lorsque la grève fera entendre sa clameur, d’autres sentiments s’élèveront.



Côté ouvriers, la famille Higgins éclaire sur les conditions de travail dans ces usines textiles, sur leur vision des patrons et leurs espoirs de renverser leur toute puissance. Pourtant, le commerce florissant, en plein changement avec la concurrence mondiale qui émerge, n’est plus à l’abri de faillites. Margaret, se tournant vers les miséreux pour leur apporter son aide et son soutien, se liera d’amitié avec cette famille et surprendra la jeune Bessy par ses propres malheurs car les chagrins de la vie ne l’épargneront pas.



Arrivant plus tardivement dans le roman, le parrain de Margaret, Mr Bell, apporte une merveilleuse touche semi-humoristique, semi-pertinente avec des propos tout à fait savoureux.



Filles de pasteur, l’auteure et donc son héroïne feront souvent référence à la religion, mentionnant des épisodes de l’évangile pour y puiser consolation face aux deuils et à l’injustice. Cette appartenance se retrouvera aussi dans l’extrême importance aux yeux de Margaret d’être irréprochable, à l’abri de tout mensonge pour ne pas descendre dans l’estime d’un certain Mr Thornton.



Sur fond de crise industrielle, les qualités humaines se dévoilent et nous attachent un peu plus, à chaque page parcourue, aux personnages qui habitent ce magnifique roman.

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Mary Barton

Mary Barton est la fille de John Barton, un ouvrier de filature de Manchester. Il ne veut pas que sa fille, si jolie, si délicate, soit ouvrière. Elle rentre alors comme apprentie couturière dans un atelier.

John est très aigri par le malheur qu'il a subi : la perte de sa femme qui le soutenait dans toutes les épreuves.

Mary est consciente de sa beauté et bercée d'illusions.

Elle va être flattée par la cour que lui fait Henry Carson, fils d'un industriel.

Elle se met en tête de l'épouser malgré son attirance pour le fils de l'ami de son père Jem Wilson.

Mary est vraiment très bien décrite par l'auteure.

Des émeutes entre ouvriers et patrons vont éclater et les évènements vont se corser.

J'ai passé beaucoup d'évènements, comme ceux du début, pourtant importants pour situer le récit, les personnages et les difficultés de la vie en cette première moitié du 19ème siècle.

Une belle description de la vie sociale au contact des ouvriers.

Je crois que le roman gagnerait à être lu en version originale car il me semble présenter une écriture un peu uniforme en traduction mais il est loin le temps où je lisais des Penguin books et c'était uniquement pour les cours.

Elizabeth Gaskell était femme de pasteur à Manchester et connaissait très bien le monde des travailleurs.

Mary Barton est son premier roman publié anonymement en 1848.



Challenge pavés 2017

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Cousine Phillis

Il faut tout le talent et l'expérience d'Elizabeth Gaskell pour rendre un portrait de femme aussi sensible et nuancé. Phillis est une jeune femme qui vit à la campagne chez ses parents, son père étant le type du clergyman-farmer.



A dix-sept ans, Phillis tient à la fois de l'enfant et de la femme et Elizabeth Gaskell situe son récit à cette période charnière de la vie d'une femme.



Phillis est une sorte d'éponge. Elle absorbe tout savoir à sa portée. Dans les livres de son père, elle a appris le latin et se lance dans l'Enfer de Dante pour apprendre l'italien en autodidacte.



A côté de cela, Phillis est une jeune beauté épanouie par le travail au grand air. Aimée des gens et des animaux de la ferme, elle élève les volailles, jardine dans le potager, cuisine dans l'office, coud et brode au salon. Compagne complaisante pour sa mère, élève disciplinée pour son père.



Les hommes ? Phillis n'en connait d'autres que son père, son supérieur, et les laboureurs, ses inférieurs. Paul, son cousin, le narrateur, essaye d'émouvoir cette nature à la fois placide et fine, sans succès. Pas assez de maturité aux yeux de Phillis dont l'esprit a été élargi par ses nombreuses lectures dont certaines, peut-être, ont fait naître en son âme une soif de l'amour idéal et absolu, de celui qui soulève et blesse, éprouve et contente, qui n'est jamais en repos et qui efface tout le reste.



Roman publié en feuilleton, "Ma cousine Phillis" est un récit pastoral attachant qui dépeint un destin de femme dans un cadre académique mais avec une grande modernité. On sent poindre l'émancipation, le libre-arbitre et l'indépendance dans les actes de Phillis. Mi-oie blanche, mi-femme de tête, elle nous offre le spectacle d'un amour initiatique riche de conséquences et d'enseignements. Simplement beau et touchant.





Challenge PLUMES FEMININES 2021

Challenge RIQUIQUI 2021

Challenge MULTI-DEFIS 2021

Challenge COEUR d'ARTICHAUT 2021

Challenge XIXème siècle 2021

Challenge SOLIDAIRE 2021
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La sorcière de Salem

Quelle triste et sordide histoire que celle de ces femmes pendues parce qu'accusées à tort d'être des sorcières... Ce procès, vieux de plusieurs siècles, à cette époque où la justice reposait sur des pieds bancals sans véritables bases que celles de croyances superstitieuses, rappelle malheureusement une multitude d'autres procès profondément injustes pas si loin d'ici, et à notre époque.

Ceux qui ont accusé, par la suite, se sont repentis... mais encore une fois par peur et ignorance, parce que leur mort approchait et que le purgatoire les attendait.

Elizabeth Gaskell relate ici la célèbre histoire des sorcières de Salem - et j'aurais voulu commencer par la pièce d'Arthur Miller, mais je suis tombée sur ce roman avant - . Loïs, une jeune orpheline anglaise est envoyée chez son oncle à Salem, en 1691; elle arrive dans cette colonie puritaine isolée entre des forêts peuplées d'Indiens et profondément croyante. Plusieurs drames se nouent autour de Loïs tandis que plusieurs Indiennes, accueillies initialement dans les familles comme cuisinières ou nourrices, sont accusées de sorcellerie.

Loïs est l'archétype même de l'héroïne victorienne: innocente, vertueuse, belle et se refusant à mentir, ce qui la conduira à sa perte.

Elizabeth Gaskell dépeint brièvement mais magnifiquement la toute récente colonisation de la côte est américaine par ces puritains qui fuient l'Angleterre des Stuarts. On imagine bien les maisons en bois, leur atmosphère, les hivers sombres et brumeux propices aux histoires ténébreuses. La peinture de la psychologie des personnages est malheureusement moins subtile, et j'ai moins accrochée à la deuxième partie, quand le drame prend place, mais ce récit n'en reste pas moins intéressant historiquement et bouleversant.

Petite anecdote, un seul nom n'a pas été changé, celui du juge qui déclare le verdict, Hathorn, qui n'était autre que le grand-père de Nathaniel Hawthorne.

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