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Citations de Elsa Morante (224)


L'érotisme est une affirmation spontanée de la vie, et un élément vital de la substance humaine ; et on ne peut le traiter comme un sujet méprisable quand on respecte la personne humaine dans son intégrité. Le vice de certaines sociétés et de certaines religions c'est d'avoir coupé en deux la personne humaine, la déclarant à moitié noble et à moitié méprisable ; et on a dû attendre la veille de l'ère atomique pour que la science proclame cette réalité : que la frustration de l'érotisme, elle aussi, comme le sommeil de la raison, engendre des monstres.
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Quant à la ville de Rome, d'ailleurs, Nino contestait personnellement l'idée d'avoir eu pour elle des égards aussi spéciaux qu'exagérés. Au contraire, selon lui, si des bombes tombaient sur Rome, tant mieux, vu que le principal intérêt de Rome, c'étaient ses ruines, le Colisée, le Forum de Trajan, etc.
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Et cela fit comprendre à Ida que son petit garçon se refusait même à un bonheur promis par terreur de le perdre! Elle en éprouva un choc excessif, avec la sensation étrange, éprouvée ce jour-là pour la première fois, d'une présence physique: comme si là, dans leur chambre, s'était installé un Ogre , qui menaçait Useppe avec d'innombrables bouches et d'innombrables mains.
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Les îles de notre archipel, là-bas, sur la mer napolitaine, sont toutes belles.
Leur sol est en grande partie d'origine volcanique, et, plus particulièrement dans le voisinage des anciens cratères, il y poussent des milliers de fleurs spontanées dont je n'ai jamais retrouvé les pareilles sur le continent. Au printemps, les collines se couvrent de genêts : lorsqu'on est en mer au mois de juin, on distingue leur odeur sauvage et caressante aussitôt que l'on approche de l'un de nos ports.
Au flanc des collines, vers la campagne, mon îles des petits chemins solitaires enfermés entre de vieux murs, par-delà lesquels s'étendent des vergers et des vignes qui ont l'air de jardins impériaux. Elle a plusieurs plages au sable clair et fin, et d'autres rivages plus petits, recouverts de galets et de coquillages, et qui se dissimulent parmi de grandes falaises. Dans des rochers escarpés qui surplombent l'eau, les mouettes font leur nid, les mouettes et les tourterelles sauvages, dont, surtout le matin de bonne heure, on entend la voix tantôt plaintive et tantôt joyeuse. Là, les jours de calme, la mer est tendre et fraîche, et elle vient se poser sur la rive telle une rosée. Ah! ce n'est ni une mouette ni un dauphin que je voudrais être : je me contenterais d'être un scorpène - lequel est bien le plus laid des poissons de mer - pourvu qu'il me soit permis de me retrouver là-bas et de jouer dans cette eau.
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Cette solitude inattendue était une expérience nouvelle pour David : trop différente de cette autre solitude - bien connue de lui - de la contemplation et de la méditation, qui, elle, au contraire, donne le sentiment de communiquer à l'unisson avec toutes les créatures de l'univers.
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la faim qui fait tomber les dents, la laideur, l’exploitation, la richesse et la pauvreté, l’ignorance et la stupidité… pour Santina ce ne sont là ni justice ni injustice. Ce sont de simples nécessités inéluctables, dont la raison n’est pas donnée. Elle les accepte parce qu’elles se produisent, et elle les subit sans le moindre doute, comme une conséquence naturelle du fait d’être née.
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A l'aube on entend un tintement de clés menaçant, des chaines traînées au sol et des grincements de porte en fer, ce sont les portes de l'Enfer qui s'ouvrent.
A ce moment je me dis à moi-même : " Chuuut ! " Au-delà de ces portes , on ne doit pas savoir.
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Et un soir, comme elle l’aidait à se reculotter, sentant au toucher ses petites côtes décharnées, elle lui dit : « Pauvre petit oiseau à ta maman, je crois bien que tu réussiras pas à grandir et que tu feras pas de vieux os. Cette guerre est le massacre des petits enfants. »
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[...] il est certain que toute forme artistique, comme toute autre expression humaine, participe des crises périodiques de la société et de la vie : mieux, elle en est le centre sensible. Notre siècle est le lieu d'un passage dramatique qui peut se traduire, dans la psychologie, en une crise d'angoisse. Ainsi arrive-t-il qu'une grande partie des artistes d'aujourd'hui projettent dans le monde leurs propres images réelles (qu'ils appellent abstraites) de cette angoisse.
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Ainsi, la Seconde Guerre mondiale était terminée. Ce même mois d'août, les Trois Grands (MM. Churchill et Truman et le Camarade Staline) se retrouvaient à Postdam pour définir la paix, c'est-à-dire pour fixer les frontières respectives de leurs Empires. L'Axe Rome-Berlin et le Tripartite avaient disparu. Le Rideau de fer faisait son apparition.
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SCHÉHÉRAZADE

Mon époux céleste
( maître de mon souffle )
bienveillant retarde pour moi
la sentence mortelle :
car d’entre les si nombreuses épouses
moi seule, moi l’unique
sais avec des fables très belles
consoler la nuit.

Ce n’est pas mon mérite, mais celui du ciel
qui m’emplit d’imaginations
si je suis digne moi de la grâce.

Et vous, ne m’en veuillez pas d’envie
ni n’abandonnez, dépités,
ces veilles heureuses
à vos sommeils inanimés.

À vous plaisir, à moi espoir
apporte la Ténèbre.


1946
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Ma maison n'est pas très loin d'une petite place presque citadine (ornée, entre autres choses, d'un monument en marbre) et des habitations groupées du village. Mais, dans ma mémoire, elle est devenue un lieu isolé, autour duquel la solitude crée un espace énorme. Elle est là, maléfique et merveilleuse, telle une araignée d'or qui aurait tissé sa toile iridescente au-dessus de l'île toute entière.
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De plus en plus s'étend sur les territoires du monde le cancer industriel qui empoisonne l'air, l'eau et les organismes et dévaste les centres habités, de même qu'il dénature et détruit les hommes condamnés à la chaîne à l'intérieur des usines.
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On raconte qu'une tigresse, dans une solitude glacée, se soutint avec ses petits en léchant, quant à elle, la neige et en distribuant à ses petits des lambeaux de chair qu'elle s'arrachait du corps avec les dents.
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A cause de leur poids dérisoire et de leur aspect étrange, les gens les regardaient comme s'ils avaient été des caprices de la nature. Même ceux qui étaient grands avaient l'air petits, et ils marchaient, courbés, d'un pas long et mécanique, comme des marionnettes. A la place des joues, ils avaient des creux, beaucoup d'entre eux n'avaient plus de dents est sur leurs crânes rasés
un duvet plumeux , semblable à celui des bébés, s'était remis à pousser. Leurs oreilles saillaient de leurs visages émaciés, et dans leurs yeux enfoncés, noirs ou marron, ils ne semblaient pas refléter les images présentes autour d'eux, mais une sorte de ronde de figures hallucinatoires, comme une lanterne magique de formes absurdes tournant éternellement. Il est curieux que certains yeux conservent visiblement l'ombre de Dieu sait quelles images images, jadis imprimées, Dieu sait quand et où, dans leurs rétines, telle une écriture indélébile que les autres gens ne savent pas lire et souvent ne veulent pas lire. Ce dernier cas était celui qui se produisit en ce qui concernait les Juifs.
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Cette nuit-là, depuis si longtemps où elle ne rêvait plus, elle eut un rêve. Ses rêves, d’habitude, étaient en couleurs et nets, mais celui-ci, par contre, était en noir et blanc, et flou comme une vieille photo. Il lui semblait qu’elle se trouvait à l’extérieur d’un enclos, quelque chose comme une décharge à l’abandon. Il n’y avait là que des souliers entassés, en mauvais état et poussiéreux, qui semblaient mis au rebut depuis des années. Et elle, qui était là toute seule, cherchait fébrilement dans ce tas un certain soulier de très petite pointure, presque un soulier de poupée, avec le sentiment que pour elle cette recherche avait la valeur d’un verdict définitif. Ce rêve n’avait pas de scénario, rien que cette seule scène ; mais, bien que laissé sans suite ni explication, il semblait raconter une longue histoire à la fin inéluctable.
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J'étais rayonnante et je cachai la poésie au plus près de mon cœur pour qu'elle en écoute les battements, comme les demoiselles ont l'habitude de faire avec les billets doux.
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(Maintenant que tant de temps s'est écoulé, j'essaie de comprendre les sentiments qui, ces jours-là, commençaient à se chevaucher bizarrement dans mon cœur ; mais aujourd'hui encore, je m'aperçois que je suis incapable de distinguer leurs formes qui se mêlaient en désordre au-dedans de moi et n'étaient éclairées par aucune pensée. Dans mon souvenir, il me semble voir une vallée isolée et profonde, par une nuit couverte d'épais nuages : là-bas, dans cette vallée, une foule de créatures sauvages, des louveteaux ou des lions, a commencé, comme pour jouer, une mêlée qui devient grave et sanglante. Et pendant ce temps, la lune se déplace par-delà les nuages, dans une zone limpide, très lointaine.)
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Toutes les règles de l’école : la claustration, le banc, la discipline semblaient pour lui des épreuves insoutenables ; et le spectacle des écoliers assis en rang devait lui paraître un phénomène incroyable, car il ne faisait que déranger ses camarades, bavardant avec eux à haute voix, leur sautant au cou ou les frappant à petits coups de poing comme pour les réveiller d’une léthargie.
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"Montrez à un enfant un chandelier allumé : il ouvrira de grands yeux, agitera les mains,et fera une fête comme s'il voyait une merveille de la nature. Avec le temps, il s'habituera aux grâces de la vie, et il lui faudra quelque chose de rare pour lui donner de l'étonnement et du plaisir. Il n'en était pas de même pour Donna Amalia ; elle restait toujours une novice, et le monde, pour elle, était un théâtre d'Opéra toujours ouvert, avec toutes ses lumières allumées."
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