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Critiques de Emad Jarar (88)
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Une nuit à Aden, tome 1

🌗Une nuit à Aden se caractérise par une approche assez nouvelle en ce qui me concerne. Roman sans vraiment l'être, essai sans vraiment s'y prêter, l'auteur nous propose de plongé dans un récit fascinant où le héros, Palestinien de père musulman, de mère catholique, ayant eu une éducation occidentale, s'interroge sur les traditions qui lui ont été enseignées. Le tout est adouci par une romance comme fil conducteur qui apporte un élan de fraîcheur au texte.





Sincèrement, après avoir lu le petit message envoyé par l'auteur avec les deux tomes, j'ai eu quelques craintes quant au fait de l'achever. Le livre se présente grosso modo avec une première partie "essai" qui revient sur le monde musulman, la religion, les interdits, la société. C'est passionnant, mais le lecteur se retrouve complètement repu d'informations parce qu'elles sont nombreuses. Sans parler des notes en fin de livre qui complète les non-dits de l'auteur. Une fois cette partie lue et le lecteur informés de l'environnement dans lequel le personnage a été élevé, voilà que le roman en lui-même débute. Au final, cette première partie permet au lecteur de comprendre les sentiments, les attitudes du personnage principal, ses interrogations face à sa polyculture tant religieuse que sociétale. Par contre, soyons francs... ces éléments d'informations auraient été distillés dans le texte de manière plus équilibré et non en un seul bloc, cela aurait rendu la lecture plus agréable.





Le roman en lui-même est plutôt sympathique et addictif et permet surtout à l'auteur d'aborder des thématiques plus complexes de la société musulmane comme la relation aux femmes, l'amour, les sentiments. L'auteur nous propose une autre version plus humaniste, plus douce de cette culture au travers d'un regard moins sectaire. La romance avec Adèle, celle de son amie avec une jeune femme juive permet d'aborder des sujets épineux qui clivent la société et engendre de la violence. L'auteur nous offre une vision plus pacifique et plus harmonieuse d'une société qui pourrait se comprendre et s'entendre si certains préjugés étaient mis de côté.





Le texte est superbement écrit en dégage une douceur, une simplicité alors que les thèmes abordés sont parfois difficiles. J'ai apprécié les nombreuses citations tant religieuses que littéraires jalonnant le récit. Par moment, le lecteur peut se demander si une partie de ce qui est relaté ne serait pas autobiographique tant c'est fort, réaliste et juste.





Au final, une lecture ardue, mais plaisante. D'ailleurs, un grand merci à l'auteur pour l'envoi du tome 2 en plus du premier et du petit mot accompagnant l'envoi. La fin du tome 1 s'achève de manière telle, que le tome 2 s'impose pour y répondre. 😊

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Sialimar

En retrouvant Emad Jarar, grâce à Babelio et à l'auteur lui-même, j'ai renoué avec les thèmes développés dans les deux tomes du même auteur : Une nuit à Aden.

Dans Sialimar, Emad Jarar débat à nouveau de tout ce qui touche à l'intégrisme religieux, prouvant que l'on peut dire islamisme sans problème comme l'on dit athéisme, catholicisme, bouddhisme, protestantisme, etc… sans penser extrémisme. Pour situer son récit et ses réflexions, il a choisi de créer un pays imaginaire, la Romagnie et de placer sa dystopie en 2032.

Ce n'est pas la France puisqu'il parle de rapports avec notre pays mais aussi avec la Suisse, la Belgique, l'Angleterre, l'Allemagne, les États-Unis, etc… Pourtant, cette Romagnie fait bien penser à notre hexagone ou tout au moins à une partie située au sud, au bord de la Méditerranée. Enfin, la ville de Sialimar évoque Marseille avec son port, la mer, son centre historique, ses ruelles et ses quartiers populaires concentrant une majorité arabo-musulmane.

Le narrateur se nomme Elyas Mohajer. Pour épouser Sophie et être accepté par sa belle-famille catholique, il s'est fait passer pour athée et vit à Fleury, la capitale, loin de Sialimar, après avoir réussi professionnellement à Londres, dans le monde de la finance.

Comme dans Une nuit à Aden, l'auteur, par la voix d'Elyas, démontre, preuves à l'appui, toute la violence contenue dans le Coran. Lui qui a réussi à imposer des prénoms arabes, Asma et Rahim, pour ses enfants, se dit un musulman assimilé.

C'est avec Brahim, son factotum, que le débat va le plus loin car ce dernier applique sans discernement ce qu'il entend à la mosquée. Elyas détaille cette haine des athées, des homosexuels, des femmes, contenue dans les sourates du Coran qui est aussi « le plus antisémite des livres sacrés ». Celui-ci comprend 250 appels à la guerre sainte et il serait salutaire d'abroger ou d'amender 150 versets violents ou haineux ne pouvant que déboucher sur des drames comme l'actualité nous l'a démontré hélas trop souvent.

Athée, libre-penseur, persuadé que « la religion n'est pas plus utile qu'un bidet », Elyas Mohajer est rattrapé par ses racines, son enfance, sa jeunesse, lorsqu'il apprend l'assassinat de sa jeune cousine, Amal. Lorsqu'il revient à Sialimar pour les obsèques, son oncle, imam charismatique et son cousin Khalid se chargent de sa réintégration dans la famille et la communauté.

Alors, le roman change et devient un thriller mettant en scène les musulmans de la ville et les extrémistes fascistes membres de Résistance & Libération Nationale, le RLN, qui agit comme l'OAS autrefois. Une femme, Safia, amour de jeunesse d'Elyas, joue, ici, un rôle déterminant.

L'engrenage de la violence est lancé. La ville est sous contrôle militaire, ce qui n'empêche pas attentats et assassinats. Mais l'auteur va plus loin en lançant son héros sur une piste audacieuse et risquée : la demande d'autonomie pour que Sialimar devienne un État associé à la Romagnie.

S'appuyant sur le droit européen et international, sur des textes de l'ONU et de l'UNESCO, sur le Conseil de l'Europe et la Convention européenne des Droits de l'Homme, il prouve qu'un référendum d'autodétermination est possible.

Tout cela est basé sur une religion qui affirme qu'elle est la seule, qui voue tous les autres croyants comme les athées aux enfers, ce qui est absolument impossible à admettre. Dans Sialimar, Emad Jarar prouve que toute personne née et élevée dans la religion musulmane ne peut qu'y revenir pour appliquer les préceptes qu'on lui a inculqués. J'avoue que cela est désespérant.

Ce que l'auteur a développé, expliqué, soutenu, prouvé dans une bonne partie du livre, est contredit par les faits et doit nous faire réfléchir car notre angélisme sera toujours pris en défaut. Sans tomber dans la violence aveugle et la lutte fratricide, il doit bien exister une autre voie pour faire cohabiter les humains que nous sommes, sur une même planète ?

Optimiste quand même, Emad Jarar ouvre une fenêtre sur l'espoir avec une belle phrase finale à propos des femmes : « Et il faudra bien quelque jour que les musulmans leur donnent le rôle qui leur revient : cela amènera à mettre en cause la nature divine de leur Livre. »


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Une nuit à Aden, tome 1

J'avoue que si j'avais pu me rendre compte que ce livre , du moins le tome un était plus un essai qu'un roman , je n'aurais sans doute pas postulé a cette masse critique privilégiée ( merci a Babelio, a Iggy Book et a l'auteur). Parce que en général c'est un style de lecture qui m'ennuie .



Par ma vie personnelle : française de conviction catholique (agnostique en fait), mariée a un français d'origine maghrébine , musulman et fils d'Imam. Mère de 3 enfants, que l'on élève dans le respect des religions, sans leur donner d'obligation d'en suivre, je pense maitriser une partie de ce que représente l'Islam.

Je sais que l'interprétation des textes peut toujours porter matière a interprétation. Et on le voit encore aujourd'hui avec l'actualité.



Mais au final j'ai trouvé ce livre très intéressant, même si la façon dont l'auteur a amené les choses (beaucoup de notes, de références). La lecture a été compliquée pour moi.



Mais il faut quand même que je reconnaisse l'énorme travail de l'auteur et son érudition. D'un autre côté avec la méfiance que certains peuvent avoir sur cette religion, je comprends parfaitement que l'auteur ai étayé par de nombreuses sourates et autres références ses propos.



Mais ce n'est pas pour moi, et pourtant j'étais curieuse de voir l'approche qu'allait donné l'auteur. Néanmoins pour tous les curieux et qui aime lire les essais je recommande quand même.



L'auteur m'a également envoyée le tome deux , qui apparemment ressemble plus a un roman. (un grand merci). Je le lirais bien évidemment , mais un peu plus tard, tout en sachant qu'ici je n'aurais pas d'échéance obligatoire.

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Sialimar

Oh comme je suis empruntée au moment de faire cette chronique...

Avant tout parce que je suis toujours très reconnaissante envers Babelio, les auteurs et éditeurs lorsque je reçois un livre dans le cadre de Masse Critique. Je me sens privilégiée de pouvoir ainsi découvrir des textes que je n'aurais certainement jamais lus autrement.

Sialimar en fait partie.



Et malheureusement, cette fois-ci, mon billet ne vas pas être très positif ou tendre.



Si je reconnais la soif d'Emad Jarar d'éclaircir le discours autour de l'islam, des multiples façons de le vivre, de ses rapports avec les autres religions, la politique et l'espace public, je regrette que ce dernier n'ait pas plutôt osé l'essai, le récit, le débat, le document historique ou le témoignage comme figure de style.

Sialimar est annoncé comme un roman. Or, dès le début, on cherche l'histoire. On s'accroche à débusquer les personnages. On se perd tant les digressions sont nombreuses. Et on se fatigue à essayer de comprendre.



Pour moi, le grand défaut de ce texte, c'est le manque de clarté. Evidemment, je n'ai pas de leçon à donner. Je ne suis pas écrivain. Je n'y connais rien à tout ça.

Mais lorsque je lis un livre, j'aime savoir si je dois m'attendre à un documentaire sur l'islam, à un roman, à un plaidoyer sur la tolérance ou à un livre dénonçant les dérives. Ce livre est un peu tout cela à la fois et ça m'a perdue.



Je n'ai su apprécier également l'écriture de l'auteur. Si j'admire sa capacité à parler plusieurs langues et à écrire en français, le style est parfois un peu lourd. Et lorsqu'à travers un personnage tel que Brahim, il s'amuse à créer un accent et à inventer des fautes, il me perd totalement.



Je sais, je suis critique et certains vont peut-être même me trouver méchante, mais en acceptant de lire des ouvrages proposés en Masse Critique, je m'engage à partager fidèlement mon ressenti.



J'espère que ce livre pourra plaire à d'autres lecteurs. Je me réjouis d'ores et déjà de lire leur chronique. Ainsi pourrais-je peut-être dire que je n'ai pas été réceptive à ce roman... et que cela est entièrement ma faute.

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Une nuit à Aden, tome 1

Ce volume un d'une nuit à Aden commence alors que Emad Erraja le narrateur dont le prénom et le nom rappellent ceux de l'auteur, est en transit à l'aéroport de Moscou où il attend sa correspondance pour le Caire avant de rejoindre sa destination finale Sanaa au Yemen du Nord où il va prendre ses fonctions au sein du PNUD : Programme des Nations Unies pour le Développement.

Il vient de passer neuf années d'études à New-York en compagnie de son ami de Naplouse Khalil comme lui palestinien sunnite : « deux jeunes Palestiniens exilés à Manhattan ».

Ce pourrait être le titre de ce livre riche en discussions entre ces deux amis qui se retrouvent souvent « au café Dante, au coin de Mac Dougal et Bleeker Street, dans cette rue étroite de Greenwich Village…».

Leurs discussions autour du Coran sont comme une exégèse de l'islam qui se développe à partir des nombreuses questions que leur pose l'islamisme auquel Emad n'adhère pas sans critiques et reproches quant à la suppression du libre arbitre que tout homme devrait pouvoir garder.

Emad, entre son père musulman et sa mère chrétienne, a pu se rendre compte que la tolérance et l'amour peuvent unir les opposés mais il ne sont pas le fait de tous ceux qui se réclament de l'Islam comme d'autres religions également.

Ce premier tome m'a particulièrement intéressée en me permettant de mieux comprendre le poids du texte coranique et ses implications sur la vie des croyants, l'intolérance aussi de ceux qui s'en réclament en refusant toute évolution.

Emad souligne que « l'islam, c'est la communauté avant l'individu », ce qu'il se refuse à accepter.

Le principal reproche que je peux émettre concernant ce volume est qu'il reste plus un essai qu'un roman même si Emad revient sur ses rencontres et sa vie New Yorkaise, sa naissance à Paris parce que sa mère y tenait, son amour pour une jeune française Adèle …. Je suis restée un peu trop extérieure à son histoire et je dois bien admettre que cette lecture, même si elle a pu me retenir par certains aspects, a été un peu laborieuse.

Merci à Babelio et à l'auteur pour l'envoi des deux volumes d'une Nuit à Aden. Je vais entamer le deuxième qui peut-être me donnera un nouvel éclairage.
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Sialimar

Tout d'abord je tiens à remercier l'auteur Emad Jarar et Babelio pour l'envoi de ce roman.

Je connaissais la plume de l'auteur pour avoir lu les deux tomes de « Une nuit à Aden ». Dans celui-ci, on retrouve les mêmes thèmes ; l'islam, sa culture, sa civilisation. Donc on peut dire que je savais où je mettais les pieds, ou plutôt les yeux. Il faut de l'attention pour lire Emad Jarar car son analyse est fine, méticuleuse, passionnée. Même si parfois le lecteur peut se sentir perdu par la redondance des informations et les contradictions qui émanent du personnage principal, par le style précieux avec une touche orientale, on suit le fil, on veut savoir où s'en va l'histoire, où est la chute.



Un scénario qui se tient, une fiction qu'il serait facile d'imaginer en France, à Marseille (Seil i mar : Sialimar). L'actualité pourrait lui donner raison dans l'avenir. On reconnaît dans les dialogues entre le personnage principal : Elyas, le chauffeur de taxi, l'oncle et le cousin, les échos de débats suscités après les attentats islamistes, ou après la prise de pouvoir des Talibans en Afghanistan.



J'ai pensé au fil de ma lecture à d'autres essais ou fictions lus dans le passé et qui m'avaient permis d'élargir ma réflexion, en-dehors de ce qu'on peut entendre dans les médias.



https://www.babelio.com/livres/Scholtus-Guerre-sainte/1007063

https://www.babelio.com/livres/Sansal-2084-La-fin-du-monde/723809

https://www.babelio.com/livres/Sansal-Gouverner-au-nom-dAllah-Islamisation-et-soif-de-/702526

https://www.babelio.com/livres/Manzor-Apocryphe/1059606

https://www.babelio.com/livres/Malkin-Illusions-dangereuses/1029941

https://www.babelio.com/livres/Hoyland-Dans-la-voie-de-Dieu/1074887





Il y a les fictions, il y a les essais. Les uns s'inspirent des autres, forcément. La fiction ne peut jamais tomber si loin de la réalité.



Je remercie Emad Jarar de m'avoir fait confiance pour lire son livre auto édité. Certains diront qu'en passant par une maison d'édition, la narration aurait pu s'alléger et devenir plus aisée, rendant ainsi le message plus facile à saisir. C'est vrai, j'ai moi-même sauter quelques passages, car je m'agaçais un peu des revirements d'Elyas, critiquant sévèrement l'Islam puis devenant acteur principal d'un parti islamiste, approuvant finalement la violence qu'on peut lire dans le Coran, si on suit à la lettre ses versets archaïques. Au nom de Qui, au nom de quoi ? Et puis, mes yeux avaient déjà parcourus ces informations dans les deux tomes de « Une nuit à Aden ».



Pour conclure, je dirais qu'il ne faut pas refermer trop tôt le livre parce que la narration est ardue. Le sujet l'est de toute façon. Ça vaut le coup de continuer.

J'ai finalement plus ou moins compris Elyas, pas complètement car nos cultures diffèrent, parce que mes ancêtres ont combattu pour la liberté, l'égalité, la laïcité.



La chute au charme oriental m'a à demi étonnée et amusée. Elyas est un personnage un peu brouillon, s'enroulant dans ses phrases comme pour mieux se perdre. Il lui faudrait peut-être moins de culture pour ouvrir les yeux. Assez paumé finalement entre sa culture et sa soif de modernité, de liberté. Est-il crédible ? On a tous nos contradictions, il suffit parfois d'une mauvaise influence pour tomber dans le panneau.



« Et ne serait-ce pas que je me suis trompé sur mon compte, que je porte en fait ma communauté dans les tripes, tel qu'il en advient pour tout bon musulman ? Car ma conscience de musulman est indissociable de mon passé, de mon éducation : le libre arbitre ne serait en somme qu'une illusion. »



J'aimerais un jour lire un roman, une fiction, d'Emad Jarar, où cette fois-ci, il analyserait moins les pensées de ses personnages, n'agrémenterait pas le récit d'autant de notes et de rappels aux versets et à l'Histoire de la religion, mais laisserait le lecteur comprendre ce qui les motive à travers leurs seules actions.



Je mets 4 étoiles pour le travail important de l'auteur et aussi parce que le sujet est sensible et terriblement d'actualité. On a besoin d'informations comme celles-ci. Alors merci EJ.



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Une nuit à Aden, tome 2

Cette suite au tome I d'Une nuit à Aden est nettement plus romancée, avec des temps très forts, beaucoup d'introspection, énormément de considérations religieuses et une histoire qui finit bien. Grâce à Babelio et à Emad Jarar, j'avais reçu les deux tomes en même temps mais j'ai laissé passer volontairement du temps avant de lire cette suite.



Si le tome 1 visait un but pédagogique, détaillant méthodiquement les sourates du Coran ainsi que les implications de la Sunna, il contenait quelques éléments essentiels à la compréhension de l'histoire développée dans le tome 2. En effet, Emad Erraja, le héros, avant d'être nommé au Yémen sur un poste de l'ONU, avait travaillé et vécu à New York où il avait rencontré une jeune française, Adèle, et développé un amour fou pour elle qui menaçait de tomber dans les filets d'un islamiste.

À la fin du premier tome, il nous avait présenté son travail au Yémen et nous le retrouvons là-bas, en 1991, dans un pays réunifié mais sous la menace des tribus sunnites du sud et de l'est car le conflit irakien déséquilibre tout le Moyen-Orient. Les islamistes yéménites rentrent d'Afghanistan et le FIS (Front islamique du salut) a le vent en poupe en Algérie et se prépare à prendre le pouvoir au FLN tout puissant depuis l'indépendance.

Errad file le parfait amour avec une pédiatre bulgare, Yuliya, et ils se déplacent dans le pays avec une fausse attestation de mariage car : « Les relations adultères et le concubinage, illicites selon la Sharia, étaient passibles de sanctions pénales. » En tant que musulman, Errad doit se soumettre à la loi islamique mais voilà qu'un contrôle, sur un barrage routier va avoir de terribles conséquences impossibles à révéler pour ne pas divulgâcher –j'adore ce mot hérité de nos cousins québécois et qui vient d'entrer dans le dictionnaire - la suite de l'histoire.

Un officier, visiblement membre des Frères musulmans est très suspicieux, pose quantité de questions et oblige Errad à se fâcher, se faisant traiter de mécréant… Finalement, les deux tourtereaux parviennent à Aden : « Dans la péninsule arabique, Aden était un peu un havre pour les non-musulmans en quête de s'affranchir des rites austères de la Sahria. »

Soudain, le roman s'emballe et plonge dans l'horreur. L'auteur révèle un grand talent pour exprimer ses sentiments, ses souffrances, ses pensées, ses espoirs, son horreur devant le sort qui est fait à son héros. de nombreuses mises au point sont encore faites analysant très finement les implications dans la vie quotidienne d'une religion comme l'islam.

Il y a de l'action aussi mais la fin bascule complètement dans la religiosité avec un choix cornélien entre judaïsme et chrétienté que je peux comprendre. Par contre, la référence constante à Dieu, l'inscription d'un enfant dans une école confessionnelle parce qu'il paraît qu'il n'y a pas mieux, cela me révulse vraiment. Dommage que l'auteur n'ait pas mis en exergue la laïcité qui permet à toutes les religions et surtout à ceux qui n'en veulent pas de vivre en paix dans notre pays.



Cet aspect du roman m'a fortement déplu, comme la pirouette finale, dans une église, bien sûr !
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Sialimar

Me voici donc dans une position inédite ; devoir critiquer un livre que l'on m'a gentiment offert, en disant du mal de lui. Ce livre m'est apparu au fil des pages comme quelque chose s'apparentant à une imposture. Le narrateur, et l'auteur finalement si j'en juge par la récurrence des thèmes abordés ici et dans son précédent ouvrage, tient un long discours sur la religion musulmane.

Le narrateur se qualifie d'athée et part de cette posture un peu en surplomb, considérée comme rationnelle au moins en occident, pour dégommer allègrement le Coran : c'est presque un pamphlet contre l'islam.

Je ne sais pas qui est l'auteur. J'ai été voir sur internet. C'est assez peu renseigné mais je peux imaginer un hybride de M. Michel Onfray et de M. Éric Zemmour ayant décidé d'en découdre avec une religion qu'il n'apprécie apparemment pas en citant abondamment les versets et sourates les plus vindicatives du Coran.

Les phrases mielleuses et trompeuses proférées lors de dialogues assez improbables, qui forment l'ossature de ce livre raviront sans doute les détracteurs de l'islam, c'est très à la mode, c'est même la version moderne de l'antisémitisme au moins pour une partie de l'échiquier politique.

Pour des lecteurs plus universels dans leur rejet de la religion, et s'ils sont de tradition chrétienne, ce qui est le plus fréquent en France, ils se souviendront que certains passages de leur livre sacré, la Bible, recèle également quelques pépites du même genre intéressantes à commenter.

J'ai donc souffert assez vite à la lecture de ce livre, ayant du mal à y voir un roman tant les digressions antimusulmanes étaient abondantes. A cause du ton aussi, qui se veut rationnel mais qui dissimule assez mal une roublardise vite pesante. J'avais cette impression que l'on éprouve parfois en soirée, d'être en présence d'un type malin et déplaisant dont on souhaite s'affranchir de la présence au plus vite tellement il nous saoule.

Je dois donc ici avouer que j'ai fait quelque chose de rarissime dans ma vie de lecteur : j'ai décidé d'abandonner volontairement la lecture à la page 215, chapitre 9. Comme un acte de résistance.

J'aurais pu finir, mais c'est un choix délibéré, un choix en conscience : ce livre n'est pas un roman. Il se fait passer pour un roman pour mieux avancer masqué. A moins qu'il ne commence au chapitre 10, puisque jusque-là, ce ne sont que des digressions religieuses et politiques. Après tout, mon engagement est de faire une critique en conscience, c'est fait. Je remercie Babelio pour cet envoi et me tiens à disposition de Nicolas pour lui renvoyer à mes frais l'exemplaire qu'il pourra éventuellement réexpédier à un autre lecteur pour une critique.

L'ouvrage est comme neuf, je suis un maniaque et prends soin de mes livres.

Si les mêmes idées avaient été l'objet d'un essai, d'un pamphlet assumé, j'aurais trouvé cela plus intéressant et en tout cas plus honnête. Pour qui roule l'auteur ? Qui est-il réellement? Ne le sachant pas vraiment, je considère qu'il y a quelque chose d'inavoué dans ce brûlot antimusulman.

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Une nuit à Aden, tome 1

Ce livre est un OVNI ! il est d’ailleurs classé « Essai fictionnel »



Le narrateur, Emad nous raconte une histoire d’amour, tout en expliquant au lecteur tous les principes de l’Islam.



Emad parle de son enfance avec son père Palestinien, musulman pratiquant, sa mère chrétienne, dont la famille est d’origine grecque (en fait c’est plus compliqué car il y a des exils). Il est donc musulman d’office puisque son père l’est, mais celui-ci accepte la volonté maternelle qu’il aille au catéchisme. Des parents tolérants, donc car ils s’aiment et forment un couple uni.



Emad est né à Paris car sa mère souhaitait qu’il en soit ainsi, car elle tenait une librairie française à Alexandrie, librairie tenue depuis longtemps par sa famille. Elle lui faisait lire des auteurs français régulièrement. Il a fait ses études au lycée français. Mais les guerres, l’exil ont provoqué des changements.



Durant ses études supérieures aux USA il rencontre Adèle, jeune Française venue y travailler dont il tombe amoureux. Il échange régulièrement avec son ami Khalil.



Emad Jarar (Erraja) dans le livre prend le prétexte de ces rencontres pour évoquer, le Coran, message reçu par Muhammad de la part de l’archange Gabriel durant vingt-trois années, puis traduit en arabe et interprété quelque siècle plus tard pour l’ériger en « loi » : la Sunna ou le dogme.



Ensuite, il reprend la notion de libre arbitre inexistante, car on doit craindre Dieu, accepter que tout vienne de lui, donc forcément le fatalisme, puisque l’homme n’a aucune prise sur son destin et ne peut rien modifier. Il évoque, la femme dans l’Islam, le devoir de conquérir le monde entier en tuant les mécréants, le jihad, le jeune, l’importance de la récitation (psalmodie) les piliers de l’Islam, le rejet de la laïcité, la légitimité du crime pour convaincre …



Emad Jarar est précis, mais entre beaucoup dans les détails pour nous faire comprendre toutes les notions, en nous donnant chaque fois des notes en fin de livre.



Je me suis accrochée, j’ai failli abandonner, page 88 je pensais : « nous sommes à la P 88 et il y a déjà 25 pages de notes, il faut lire avec deux marque-pages et on fait le va-et-vient entre les deux parfois cinq fois par page ! je m’engage à lire les deux premières parties, (jusqu’à la P 101) avant de lâcher car j’ai lu deux critiques admiratives »



Dans les années quatre-vingts on disait que l’Islam était une religion tolérante, mais le terrorisme est passé par là et on a vu un autre visage, ce qui a rendu ma lecture difficile au départ, car j’avais la peur au ventre en lisant certaines notes, certains extraits du « Livre » en tant que femme ce n’est pas facile…



Je suis contente d’être arrivée au bout, il m’aura fallu 25 jours quand même, car c’est vrai il y a une belle histoire d’amour, et Emad est tout aussi prolixe, coupeur de cheveux en quatre, ou même dix, lorsqu’il parle avec Adèle que lorsqu’il parle de religion ! je retiens notamment l’auto-dérision dont il fait preuve en expliquant la position de l’Islam par rapport au vin :



« Ô ciel ! une bouillie, voilà ce à quoi toutes mes litanies, ma manie stupide de creuser inutilement les mots et mon interminable jactance me donnaient à penser. Je me demandais par quelle sournoiserie de l’âme, aussi peu de la chaleur de toute la passion que je ressentais se pouvait retrouver dans mon discours à effet, ma parlerie sans fin et ennuyeuse, fait plus pour l’esprit que pour le cœur, substituant à l’amour le plus tendre les mots les plus plats. »



Emad Jarar écrit magnifiquement bien, les phrases sont belles, les termes sont précis, affutés, il manie l’imparfait du subjonctif de façon magistrale… Son écriture, à elle seule, mérite que l’on aille jusqu’au bout de la lecture et la suite du récit est passionnante car on se promène : Moscou, Le Caire, New-York, Sanaa et la perception intime de la religion de l’auteur est très fine. Il emploie un français littéraire, riche, de la veine de Balzac ou Proust, comme souvent les exilés (cf. par exemple, George Semprun)



Il cite souvent Pascal, Gide, Camus, Voltaire et même Sade ou Chateaubriand



Un exemple lorsque l’auteur parle du voile :



« … Je me retenais toutefois de penser que l’archange Gabriel eût pu s’attarder sur des tenues vestimentaires ou des effets d’élégance féminine, dans ses révélations au Prophète. N’était-ce même grotesque de concéder à Dieu un thème aussi futile ? Comment pouvait-on croire que Dieu eût pu s’éterniser sur un problème aussi frivole pour jauger la valeur de la vertu de l’homme sur terre. »



J’ai découvert cet essai fictionnel grâce à une opération masse critique spéciale pour laquelle je remercie Babelio et l’éditeur Iggy Book qui a eu la gentillesse de m’envoyer les deux tomes.
Lien : https://leslivresdeve.wordpr..
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Sialimar

Pffffffffff…. me lancer dans la critique de ce livre me pèse.

J’étais tout à fait disposée à apprécier « Sialimar », au vu de la quatrième de couverture et aussi au vu du mot explicatif de l’auteur accompagnant l’envoi de ce livre. D’ailleurs encore merci à Babelio et à Emad Jarar (qui s’est autoédité) pour l’envoi de ce livre….

Passé les premières pages, j’ai très vite été déçue et défavorablement impressionnée par le style et l’écriture de l’auteur…. J’ai trouvé certaines expressions plutôt ampoulées voire pompeuses ce qui m’a ensuite pollué dans le reste de ma lecture et j’ai vraiment eu de la peine à m’intéresser à l’histoire.

J’ai dû me forcer à terminer cette lecture, ayant quelques principes, en lisant une trentaine de pages par jours, mais sans intérêt et surtout sans plaisir.

J’ai mis une note moyenne, plus par politesse que conviction…

Une déception, clairement….J’en attendais vraiment plus…

Sitôt lu, sitôt oublié….





Challenge ABC 2021/2022

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Une nuit à Aden, tome 1

Courageuse et étonnante entreprise, Une nuit à Aden dont le tome 1 a une suite qui peut se lire indépendamment, est roman mais surtout un essai dont la pédagogie est réussie, se mettant à la portée de tout lecteur qui veut essayer de comprendre l'Islam : « Par Islam, j'entends la civilisation islamique ; avant tout une religion où le destin d'une vie n'est qu'une dépendance absolue de la volonté d'un dieu unique et transcendant, Allah. Mais aussi un culte avec ses tabous, sa liste interminable de prescriptions et de prohibitions, de proscriptions, de châtiments, de normes et de coutumes. »

Par cette citation, Emad Jarar s'exprime par l'intermédiaire de son héros qui porte le même prénom mais se nomme Erraja. Il pose, dès le début du livre, le problème dont il veut traiter après un court préambule et déjà une première volée de sourates du Coran qu'il va analyser sans concession, avec une lucidité remarquable.

Pour lire Une nuit à Aden (1), j'ai dû utiliser un second marque-page pour suivre l'abondant dossier de notes. Certes, elles cassent la lecture, la freinent mais en même temps, elles sont, pour la plupart, très instructives.

Tout commence par une escale à Moscou, le 2 septembre 1989, car le narrateur est en route pour Sanaa, au Yémen du Nord où il est envoyé au titre du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD). Ce n'est qu'en dernière partie du livre que l'auteur nous ramènera à Sanaa. Auparavant, il se livre à une analyse détaillée et très argumentée du Coran et de la Sunna, seconde source de la loi islamique. Un glossaire précieux complète le volume.

Une escale au Caire donne l'occasion au narrateur de parler de ses origines palestiniennes puis de son enfance heureuse à Alexandrie, entre un père musulman et une mère chrétienne (rite grec-melkite) venue de Salonique. C'est l'occasion d'expliquer ce qui se passe en Islam lors d'un mariage mixte avec deux personnes de religions différentes.

Ainsi, tout au long du livre, chaque occasion, chaque rencontre, chaque fait de vie donne lieu à analyse, explications, commentaires puis cela se calme un peu lors de la période newyorkaise où le roman prend nettement le dessus avec un passage digne d'un thriller mais toujours sur fond de problèmes religieux.

Une nuit à Aden (tome 1) constitue une documentation essentielle à lire et relire pour toute personne voulant comprendre ce qui se passe avec l'islam. L'auteur a un regard très critique sur sa religion pour en étudier toutes les caractéristiques, toutes les déviances et tenter de pacifier les relations avec les autres monothéismes.

Son narrateur ne peut se passer de l'idée de Dieu et utilise les arguments habituels pour faire admettre cette nécessité. Pourtant, tout au long de ma lecture, je me suis dit que seule la laïcité recèle la solution à tous les maux apportés par ces religions monothéistes qui n'ont eu de cesse de se combattre au fil des siècles, laissant sur leur passage des quantités de vies abrégées, de souffrances imposées pour asseoir, en fait un pouvoir masculin et politique.

J'ai aimé le côté romanesque du récit, les amours du narrateur et surtout les mises en garde devant les jusqu'au-boutistes musulmans, ceux qui veulent revenir au Moyen Âge et sont prêts à tout pour asservir les femmes. Certaines choisissent de se soumettre pour assurer un confort relatif et une sécurité provisoire.

Ce tome 1 se passe à la fin des années 1980 mais, depuis, tout ce que l'auteur mentionne, décrit, s'est aggravé, amplifié, allant jusqu'au pire. Emad détaille bien l'héritage des textes coraniques et explique abondamment les interprétations qui en ont été faites au cours de discussions, d'entretiens amicaux ou pour répondre à des questions. Je remercie vivement Babelio et Emad Jarar qui m'ont permis cette lecture très instructive.


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Une nuit à Aden, tome 1

[Lu dans le cadre d’une Masse critique Privilège Babelio]



Par la voix de son narrateur, Emad, musulman palestinien né d’une mère chrétienne, l’auteur d’« Une nuit à Aden » interroge l’islam, son histoire, ses différents courants et leurs pratiques et pose la question du bien-fondé et de la valeur spirituelle d’une voie religieuse qui – au moins dans son approche fondamentaliste – refuse toute interprétation et toute analyse de son texte sacré à des croyants condamnés à une éternelle récitation privée de réflexion et de conscience : « A l’approche du XXIe siècle, qu’en est-il de ce culte dont l’ostracisme et la rigidité transforment ses fidèles en fervents sectateurs, et de ses adeptes, en font de simples spectateurs, à défaut de les laisser être les acteurs de leur propre vie ? »



Emad se remémore les très nombreuses discussions théologiques qu’il a eues pendant huit ans avec Khalil, son ami d’enfance – un érudit, comme lui musulman palestinien - , confronte les points de vue, relit les sourates et la sunna, explore les différents piliers de l’islam et démontre à quel point peuvent être fragiles et théologiquement sujets à caution les dogmes (le djihad, le voile…) sur lesquels s’appuient les fondamentalistes pour faire de l’islam une religion carcérale – surtout pour les femmes – ouverte à tous les excès et à leurs conséquences.



Ce faisant, Emad Jarar adopte une attitude courageuse et peu répandue – qui n’est peut-être pas d’ailleurs, pour lui, sans danger : celle d’un musulman qui est également un intellectuel et qui s’efforce de « porter un regard sans indulgence sur son histoire, sur les livres qui gouvernent et son âme et sa vie (…) pour éviter que seules les passions et les émotions l’emportent sur la réflexion. » Et il nous livre un récit brillant, intelligent, extrêmement érudit et bourré d’informations encore enrichies de nombreuses notes… toutes qualités qui, au moins pour moi, sont également le principal défaut de cet ouvrage par ailleurs passionnant.



Alors que, pourtant, je porte un intérêt très vif aux questions (et questionnements) spirituels et théologiques et que, pour cette raison, « Une nuit à Aden » aurait dû d’emblée capter mon attention, j’ai eu au contraire beaucoup de mal à pénétrer dans ce récit dont j’ai d’ailleurs (je l’avoue) survolé certains passages. La forme de « l’essai fictionnel » choisie par l’auteur rend en effet la lecture particulièrement ardue et malaisée : car, à la fois essai et fiction, « Une nuit à Aden » n’est en réalité ni tout à fait l’un, ni tout à fait l’autre.



Parce que, pour la partie « essai », l’auteur a choisi de recourir au procédé narratif d’une remémoration, au fil de la plume, de conversations anciennes, le corpus théorique, théologique et philosophique souffre d’un manque d’organisation et de classement – tels qu’on pourrait les trouver dans un véritable essai. De ce fait, il emporte le lecteur dans un flot ininterrompu d’informations certes intéressantes mais à la présentation décousue qui donne le sentiment d’un labyrinthe touffu dans lequel il est malaisé de s’orienter.



Quant à la partie « fiction », qui vient fluidifier le propos en y introduisant une dimension d’émotions et d’humanité bienvenue, nous ne sommes pas là non plus dans un registre réellement romanesque dans la mesure où, dans ce premier tome, les éléments biographiques des différents personnages, comme les sentiments, les liens et la romance qui les unissent servent surtout – c’est du moins ce que j’ai ressenti – de toile de fond et de prétexte à cette exploration théologique.



Au final, « Une nuit à Aden » est une lecture exigeante et relativement ardue, mais néanmoins enrichissante et pleine d’intérêt qui nécessite de prendre son temps et « se mérite » mais qui risque fort – pour les raisons exposées plus haut – de déconcerter autant les amateurs d’essais que de fiction. Tous y trouveront, néanmoins, quantité d’informations de première main sur l’islam, sa diversité, sa foi et ses pratiques, ainsi que la matière nécessaire à une meilleure compréhension de l’islam radical, de son argumentaire et de ce qui peut nourrir ses possibles dérives.



Une belle et riche découverte, donc, pour laquelle je remercie Babelio et surtout Emad Jarar qui m’a de surcroît également et très gentiment envoyé le tome 2 de cet ouvrage.



[Challenge MULTI-DÉFIS 2019]

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Une nuit à Aden, tome 1

Livre puissant, à la documentation exceptionnelle.

Un essai plus qu'un roman qui plonge le lecteur au cœur des religions, dites révélées. Une clarté d'écriture dont certains Goncourts devraient s'inspirer. Aucun obscurantisme, mais un retour aux sources si nécessaire, à chaque fois explicité et détaillé.





Une vraie plongée dans l'islam écrit. Les textes en préambule, puis le temps de l'analyse, avant de traduire les grandes évolutions jusqu'à nos jours.



Né palestinien, musulman par son père, chrétien par sa mère et de langue française, un croisement, qui peut mener souvent à une impasse, à un rond point sans issues à la Raymond Devos, à des possibles voies de traverse. La tolérance comme choix de vertu régalienne est affirmée, pour le comportement des hommes dans la cité.

Magnifique.



Je viendrais étoffer quelques points clé de ce très gros travail précis et convainquant.

Pour un néophyte de l'islam, enfin une belle porte d'entrée solide, non grinçante, bien huilée.
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Sialimar

Elyas a quitté les quartiers nord de Sialimar, sa ville natale et son pays la Romagnie il y a vingt ans pour suivre des études à Londres. Ses parents décédés, il a coupé toutes relations avec sa famille et a abandonné son premier amour. Il revient en Romagnie, suite au Brexit, à Fleury, et obtient un poste de financier dans une banque importante de Fleury. Il occupe une belle villa avec sa femme Sophie et ses deux enfants. Il se dit athée mais a usé de prétextes et d’explications subtiles pour que Sophie accepte de donner des prénoms musulmans aux enfants. Il défend toujours sa communauté, paradoxe de sa situation, même si cela doit faire souffrir son épouse. Elyas discute beaucoup avec Brahim son chauffeur de la religion. Ils opposent tous deux, dans le respect, leurs croyances, leurs certitudes et une partie de l’histoire de l’islam. Brahim lui explique ses tiraillements dans l’envie d’être un bon musulman mais aussi l’aide des services sociaux de ce pays catholique qui lui permet d’habiter une belle maison et de vivre correctement. Pendant les trajets de la villa à la banque Elyas regarde les informations, les médias parlent beaucoup de la situation et de l’intégration de la communauté musulmane à Sialimar. Ce jour-là, il voit une très belle jeune femme, qu’il ne reconnaît pas, dont la commune a refusé un emploi car elle était voilée.



Quelques jours plus tard, il apprend l’assassinat de cette jeune femme et reconnait alors sa petite cousine, Samia. Immédiatement il prend la décision d’aller aux obsèques, avec Brahim.



En arrivant à Sialimar, l’envie le prend de retourner dans le quartier de son enfance, mais celui-ci est entouré de barrages militaires. Un spectacle de désolation les attend : carcasses de voitures calcinées, abris-bus défoncés, vitrines éventrées, bris de verre éparpillés sur les trottoirs désertés, impacts de balles sur les murs, les rares passants marchent vite, la tête baissée et les épaules tombantes. Elys retrouve la cité HLM où il a grandi puis se rend aux obsèques de Samia. Il rencontre Tony, un ami d’enfance et amoureux contrarié de Samia. Tony est entouré de deux gardes du corps. Puis Il retrouve ses oncles maternels et son cousin, organisateurs et dirigeants d’un mouvement extrémiste.



C’est à partir de là que l’histoire va s’emballer. Elyas, manipulé par sa famille se retrouve à la tête du mouvement extrémiste et devient l’ennemi de Tony, pion d’un mouvement d’extrême droite. Attentats en tous genres, guerres judiciaires, financements douteux. Les politiques profitent de la situation, une femme aussi : Safia, amoureuse abandonnée il y a vingt ans par Elyas, maitresse du gouverneur de la ville et de Tony, espionne pour la bonne cause. Elyas va tout perdre, mais la vie réserve bien des surprises, les femmes aussi.



Si la lecture de la première partie est ardue avec le côté historique et philisophique de l’islam, les tiraillements d’un homme souhaitant vivre la modernité en toute liberté, mais avec la nostalgie de son enfance, la culture et les croyances familiales, la deuxième partie est passionnante.



Merci à l'auteur et Babelio pour l’envoi de ce roman dans le cadre des Masses Critiques Privilégiées.
Lien : http://pyrouette.canalblog.c..
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Une nuit à Aden, tome 1

Une nuit à Aden est un roman passionnant et demande à son lecteur une certaine attention car il allie fiction et essai sur l'Islam.

Cet effort est récompensé.



Emad est un jeune homme palestinien, né à Paris, d'un père palestinien, de confession musulmane sunnite, et d'une mère grecque, de confession catholique-melkite. Par sa naissance, la Loi islamique fait de lui un musulman, mais étonnamment, grâce à sa mère, il reçoit aussi une éducation catholique.



J'ai apprécié le parcours d'Emad, son regard sans concession sur les musulmans, sur la violence des commandements et devoirs du Coran et de la Sunna. La double culture de l'auteur, aussi riche d'enseignements religieux et historiques que de littérature française ou russe, apporte un regard juste et précis à ce récit. En scrutant le passé, et par son introspection, il nous donne les clés pour comprendre le monde actuel : le statut de la femme musulmane, le sort des homosexuels et de l'apostasie, le jihad, l'impact d'une telle violence « sacrée », sur des esprits incultes, influençables, parfois fragiles.



Il faudrait extraire du Coran toute la violence, les menaces, les contradictions, la lourdeur et la redondance, et n'en laisser que la beauté, la lumière, la divinité. le Coran est incréé, on ne peut y toucher ? Pourtant ce sont des hommes qui l'ont écrit, interprété, tout comme la Bible ou la Torah, à une époque si reculée que ces Textes sont devenus inadaptés à la société contemporaine. Des hommes avec des rêves d'invasion, de puissance, qui ne se préoccupaient nullement de tolérance ou de charité, supprimant ou modifiant certains versets à leur convenance, profitant des difficultés de traduction de la langue d'origine (« plus du bon syro-araméen que du mauvais arabe.» p.93), des allégories aux sens multiples et obscurs.



Un roman à lire pour mieux comprendre les liens entre les religions monothéistes. Un seul Dieu et plusieurs prophètes pour mieux se haïr ?

Emad a trouvé son équilibre, riche de son exil. Il choisit sa patrie là où il y a tolérance et espérance.



C'est le genre de roman-essai que j'apprécie, tout comme Illusions dangereuses de Vitaly Malkin qui permet d'ouvrir les yeux sur les fondements des croyances et leurs incidences sur l'humanité. Je remercie Babelio, l'éditeur Iggy Book, et Emad Jarar pour ces deux tomes qui mettent en lumière l'obscurantisme. Un auteur à suivre.









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Une nuit à Aden, tome 1

Une nuit à Aden fût une lecture déroutante, qui m'aura d'abord trouvée fort enthousiaste avant de me perdre irrémédiablement. Ce qui a fini par me lasser de cet essai fictionnel, c'est qu'il est "beaucoup trop".



Trop rempli de notes pour commencer. Elles ne sont pas toujours indispensables et ont même tendance à se répéter. Il y en a même deux pour expliquer le choix du patronyme du personnage principal : avez-vous déjà lu un auteur s'expliquer sur le choix du petit nom de ses personnages dans une note ? Cela renvoie le lecteur à l'acte d'écriture et empêche toute immersion dans le récit.



Et justement, il y a trop de références à l'acte d'écriture. Je me suis retrouvée de nombreuses fois projetée sur mon canapé, incapable de reprendre sereinement le fil du récit.



Il y a aussi trop d'emphase. Si la plume d'Emad Jarar apparaît d'abord très belle et érudite, cela devient vite excessif dans la partie fiction. Même les personnages s'expriment avec grandiloquence, ce qui est souvent loin d'être naturel. Là encore, ce style un peu ampoulé nuit à la narration.



Enfin, il y a trop de mélange de genre. Ni essai ni fiction, cet ouvrage ne m'a convaincue ni d'un côté ni de l'autre. Dur de suivre un récit romanesque lorsque l'auteur part dans de longues digressions sur la religion, sur des dizaines de pages, sans qu'il y ait de lien logique immédiat avec la partie narrative. Je formule exactement le même reproche au côté essai.



Mais je me dois de dire que j'ai appris beaucoup sur l'islam, le Coran et la Sunna. J'ai vraiment apprécié les 50 premières pages environ, que j'ai pris un réel plaisir à lire.

Emad Jarar a une vision moderne de l'islam. Il cherche à questionner le Coran, ce qui n'est pas du tout évident dans la culture musulmane. Je suis certaine que je prendrais plaisir à lire un essai de l'auteur sur le monde islamique. Sa plume conviendrait parfaitement à ce genre littéraire et son érudition serait mise au service de ses réflexions.



J'espère avoir été aussi honnête que bienveillante dans mes propos, ne souhaitant pas choquer l'auteur, qui a été par ailleurs d'une gentillesse remarquable (son ouvrage, gagné dans le cadre d'une Masse Critique privilégiée, était accompagné d'une assez longue lettre et du second tome).

Je le remercie pour m'avoir laissé la parole, pour m'avoir appris beaucoup et m'avoir donné envie d'approfondir mes connaissances sur l'islam et le monde musulman.
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Sialimar

Déjà plus de 36 critiques sur ce livre.

Que dire, comme beaucoup j’ai eu beaucoup de mal à rentrer dans l’histoire.

Un homme Elyas Mohajer,la quarantaine s’entretient avec son chauffeur, échangent des avis sur l’Islam, la situation des musulmans en Romagnie, pays imaginaire en 2032, (très grande ressemblance avec l’Hexagone !).

Brahim le chauffeur, un brave homme comme le considère son patron, se fait passer pour un homme ignorant, suivant et prenant pour argent comptant tout ce que lui dit son ami l’imam ; de ce fait il obtient des confidences de son employeur qui lui raconte sa jeunesse et son intégration dans le monde occidental. S'en suit de longs débats sur le Coran et son application. Et cela sur près de la moitié du livre.

Deuxième partie, Amal la cousine bien-aimée de Elyas est assassinée. Ce drame amène le héros a se rapprocher de sa famille qu’il avait quittée il y a plus de vingt ans pour découvrir le monde de la finance et s’intégrer aux Romagnens. Sa vie en sera bouleversée et à jamais changée.

Essai, roman, thriller, un peu de tout. Beaucoup de réflexions sur la population et la culture islamique sur fond d’intégration et de rejet de la culture occidentale.

Que dire du style de l’auteur.. J’en suis désolée, quand on m’offre un livre ou même quand je lis un livre tout court, je n’aime pas dénigrer l’écriture, le travail effectué d’un auteur qui a mis j’en suis sûre de son temps et de son énergie, mais je n’ai vraiment pas aimé le style, la lourdeur des phrases et des incompréhensions que cela entraînent souvent. La langue française est très complexe, du vocabulaire on en a ça c’est sûr, mais très régulièrement j’ai du faire intervenir le dictionnaire, ce qui n’est pas un mal, on en apprend tous les jours ;-). Mais à force ça ralentit et complexifie grandement la lecture qui n’est déjà pas facile.

Tout ça pour vous dire que je suis allée jusqu’au bout de l’ouvrage mais sans grand entrain. Cherchant à comprendre le pourquoi du comment, et le comportement du héros.

Pour ma part trop de longueurs, de reprises, d’apitoiements et de regrets. Les partis extrêmes sont vraiment caricaturaux et présentent beaucoup de clichés répandus.

En tout état de cause merci à Babelio et à l’auteur Emad Jarar pour cette masse critique qui malheureusement n’aura pas trouvé d’échos en moi.
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Une nuit à Aden, tome 1

Prenez un auteur, Emad Jarar, nouvellement arrivé au pays des écrivains. Prenez un personnage principal qui s'exprime à la première personne et qui se nomme lui aussi Emad. Dès la première ligne, Emad (l'auteur) nous avise qu'il jettera "un oeil critique sur le Coran et la Sunna" et qu'on lui reprochera probablement " d'avoir recours à des études d'auteurs non- musulmans". Crainte. Courage. Où ai-je mis les pieds ?



Des extraits du Coran illustrent les propos de l'homme tout au long de son livre qui débute ainsi : à Moscou une discussion entre deux jeunes palestiniens exilés à Manhattan revient à la mémoire de l'un d'eux (Emad, forcément). Elle a duré huit ans et portait sur la question de savoir si l'on peut exister sans la parole divine et si l'homme peut posséder un quelconque sens moral sans avoir recours au Coran ?



Les questions existentielles d'Emad sont les suivantes :

- La réflexion morale et spirituelle d'un croyant peut-elle exister de manière individuelle ?

- Pourquoi faut-il toujours la reléguer à un simple exercice collectif ?



C'est par le biais de cet « essai fictionnel » qu'une sérieuse (et périlleuse) grande mise au point est réalisée, en ce 21e siècle en ce qui concerne « ce culte dont l'ostracisme et la rigidité transforment ces fidèles en fervent sectateur, et de ses adeptes enfants de simple spectateur à défaut de les laisser être les acteurs de leur propre vie » (page 15).



J'ai été stupéfaite de lire un écrit de ce genre, comprenant mieux sa faisabilité, quand Emad dit, que « loin de leur patrie dans une ville où les religions en l'absence de rites quotidiens rendent moins aliénante la vie d'un musulman » de telles analyses peuvent être menées.



Un retour aux sources jusqu'au 12e siècle en Islam par la bouche de son meilleur ami Khalil nous éclaire sur les fondements et les débuts de cette religion dans un temps où la démarche spirituelle du croyant était alors plus individuelle et se cantonnait davantage à la sphère privée. Où l'on découvre aussi l'arabité de la religion musulmane, mainmise des Arabes sur leur texte sacré. Entre choix de langue et pouvoir géopolitique, on revient toujours au même quand il s'agit des Hommes : pouvoir, violences, arbitraire.



Emad nous raconte cet « arbitraire féroce » vécu depuis 8 siècles qu'il juge

« illogique » et qui selon lui « a entraîné l'islam dans un monde d'intransigeance ».

Description fine et argumentée d'une « orthodoxie de masse, coercitive, intransigeante, réfractaire à l'individu et à la grandeur de son existence propre et indépendante ».



Le personnage principal apatride, et issu de deux cultures religieuses différentes, a décidé de trouver intellectuellement le ressort nécessaire pour tracer sa route comme il l'entend, et prendre en main son avenir malgré cette difficile double appartenance. A la fois français grec palestinien et arabe, avec un père musulman et une mère chrétienne, il est moins arrimé à la terre de ses ancêtres que les générations précédentes et il a développé un intérêt certain pour mieux comprendre les enjeux politiques : « Je suis un musulman avec les yeux d'un chrétien à défaut d'en avoir le supplément d'âme ». C'est à un islam tolérant qu'il souhaite être rattaché, c'est un louable crédo.



Chaque pays, lieu d'une escale pour le personnage principal a droit à sa petite analyse historique et géopolitique, ce qui fait de cet ouvrage plus qu'un roman, plus qu'un essai, une carte historico-spirituelle-géopolitique du monde.

Emad se veut " un Arabe, mais aussi un homme libre » capable de voir au-delà des textes sacrés.



J'ai trouvé ce texte foisonnant d'érudition et étayé par une écriture romanesque accessible. Ce qu'il nomme la " logosphère islamique " ou encore le "ghetto arabo islamique" (en annexe) est vilipendé dans ce texte parfois sarcastique, auquel je ferai tout de même un reproche : sa trop forte densité textuelle. Les répétitions (idées) sont importantes faisant souvent de la narration quelque chose d'un peu fastidieux, ennuyant à certains moments. Une synthèse, voire une réduction littéraire aurait grandement permis à Une nuit à Aden de gagner en lisibilité. C'est vraiment dommage.



Si l'on a beaucoup de temps, et de patience, on ne peut que reconnaître et apprécier qu' Une nuit à Aden fut rédigé « au nom de la culture générale et de la tolérance ». Sorte de recontextualisation historique de toutes les religions et des peuples, il est donc une gifle littéraire bien nécessaire par les temps funestes qui courent. Cette courageuse autocritique romancée pourra éviter les discussions à l'emporte-pièce sur ce sujet, car les nombreux éclaircissements qu'il nous offre permettent de mieux expliquer le monde oriental d'aujourd'hui ; ses conséquences et sa relation avec les autres civilisations. Merci à Babelio et à l'auteur pour cette découverte que je m'en vais faire suivre de la lecture du tome 2, en espérant y retrouver les qualités du premier tome, sans les écueils.


Lien : http://justelire.fr/une-nuit..
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Une nuit à Aden, tome 2

Une fois n'est pas coutume, j'ai entamé par le tome 2 cette aventure offerte par Babelio et les Éditions Iggy Book, que je remercie.



Selon les conseils de lecture de l'auteur Emad Jarar, dans un petit mot très aimable, m'informant que le tome 1 se présente plutôt comme un essai sur l'Islam, d'une lecture plus ardue, j'ai préféré lire d'abord le tome 2. Celui-ci se présente comme un roman et peut se découvrir indépendamment du tome 1.



Emad est un homme au carrefour entre plusieurs cultures, entre Orient et Occident, entre religion chrétienne et musulmane. Il s'enrichit de toutes les différences, de la Palestine à Alexandrie, de New York au Yémen et finalement à Paris, sans oublier quelques révélations sur son arbre généalogique qui vont le chambouler.



À travers les péripéties de son parcours, où les personnages semblent prédestinés à se rencontrer, on plonge dans un milieu de violence, là où les hommes confondent l'Islam avec la haine de l'autre, avec tout ce qui est étranger à leur mode de pensée. Le récit est parsemé de nombreux passages érudits, de réflexions pointues sur la spiritualité.



Parfois j'ai été surprise par le ton du roman. Un ton de légende orientale, comme si le personnage évoluait dans un siècle reculé, sur le fil du Destin. C'est ce qui fait la particularité de ce roman. Les dialogues sont poussés jusqu'au détail, jusqu'à l'introspection, déroutants parfois par leur acuité, pas tout à fait ce qu'on attend dans les moments intenses du récit. Alors il faut s'adapter à ce côté insolite et apprécier la richesse de l'enseignement sur le choix d'une culture, d'une religion, d'une patrie.



Les extraits de sourates m'ont surprise par leur violence. Je sais pourtant que l'Islam prône aussi la tolérance et que la Bible ou la Torah ont aussi leur part de raisonnements archaïques, complètement inadaptés au monde contemporain. Et sans doute les extrémistes incultes fondent-ils leur haine, leur suprématie en appliquant textuellement, sans recul, les passages d'une violence insupportable du Coran, comme ont pu le faire les chrétiens lors des Croisades.



Certains passages ont eu ma préférence. La rencontre avec le petit garçon, Imad, dont le regard sur le monde est déroutant, de part son enfance violente et hermétique, en fait partie.



J'ai apprécié ce roman pour les repères qu'il apporte au lecteur, à travers le personnage d'Emad. Un voyageur qui ne reste pas enchaîné à sa culture de naissance, et s'ouvre vers d'autres horizons, là où il se sent le plus libre de penser.

Je ne suis pas sûre qu'adopter une autre religion soit une façon de se libérer. Pour moi, c'est tomber sous le joug d'une autre croyance, à moins de faire la part de ce qui nous convient, sans tout accepter.

Emad choisit ici plutôt une culture qu'une religion, ce qui fait la force du roman.



« Comme le disait si bien l'exilé andalou Averroès (ibn Rochd) : le savoir acquis dans un pays étranger peut être une patrie, l'ignorance peut être un exil vécu dans son propre pays. »



Et je poursuis ma lecture par le Tome 1 pour aller un peu plus loin dans la découverte, car le tome 2 a aiguisé ma curiosité.





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Une nuit à Aden, tome 1

J’aime sortir de plus en plus de ma zone de confort avec des lectures atypiques. Le fait de me cantonner à ne lire que des thrillers ou polars, j’ai commencé à éprouver une certaine lassitude, non mes lectures, mais dans mes retours ! J’avais la sensation de plus en plus de ne faire que des retours de plus en plus similaires… Afin de ne pas entrer dans une spirale répétitive, j’ai décidé de m’ouvrir ou revenir à d’autres univers que j’apprécie beaucoup.



Lorsque Babelio propose une masse privilège pour « une nuit à Aden », je n’ai pas hésité…



Il suffit d’une phrase pour qu’un bouquin nous attire… La phrase d’accroche résume à elle seule, ce que j’ai toujours pensé…



«Mon père pensait qu’on “naissait musulman” et qu’être musulman était un statut qui dépendait du Tout Puissant uniquement. Et comme pour se soumettre à ses propres certitudes, il s’était convaincu que l’Islam était irréversible en ce qu’il l’emportait sur quelque autre religion ; il était de ceux pour lesquels l’Islam ne se limitait pas au seul culte, entretenant l’idée qu’être musulman préemptait pour ainsi dire tout autre choix de conscience. »



Un livre qui mélange les genres, de manière intelligente. Un essai-géopolitique, doublé d’un essai sur la religion musulmane et pour parfaire l’ensemble, l’auteur mêle une biographie romancée… En fait, il est assez difficile de le classer dans un genre précis, tellement ce bouquin est riche. Comment aborder le monde contemporain avec ses tempêtes lorsque l’on est à la fois palestinien élevé dans une culture chrétienne et américain…



« Musulman, éduqué dans une culture chrétienne a raison des origines grecques de ma mère et de sa religion catholique de rite grec-melkite, golden-boy à Wall-Street et ….play-boy ! « 



A travers ce récit l’auteur dresse un portrait sans concession du monde arabe, mais surtout de l’approche de la religion et l’appropriation qui en est faite. Pour cela, il revient aux sources de l’islam et si on aime l’approche politico-religieuse, c’est captivant. Comment trouver sa place en tant que musulman lorsque le monde est à feu et à sang et que la religion musulmane, religion de paix, de tolérance devient une arme de guerre contre les opposants… Une manière de justifier son appartenance au monde musulman avec une réflexion spirituelle sans concession. Une lecture pour comprendre le Coran au XXIème siècle, mais surtout son poids face à la vie moderne. Comment être musulman, sans se laisser guider par les dictats…



Un roman où la révolte de l’auteur est palpable, notamment lorsqu’il aborde la conscience musulmane et cette absence de réflexion sur son appartenance religieuse.



L’auteur nous parle de son enfance et surtout de cet état de fils de musulman, donc musulman… On est musulman lorsque l’on est de père musulman… Et c’est cet aspect qui donne tout son intérêt au livre.



Un livre qui pourrait en rebuter plus d’un, mais qui s’avère aussi instructif de par la somme de connaissance que l’auteur met à la disposition du lecteur, que plaisant de par la lecture grâce à une magnifique plume. Les phrases sont belles, travaillées, chaque terme est utilisé à bon escient. L’auteur manie les mots avec dextérité, pour le plus grand plaisir du lecteur. Une plume qui mérite elle seule la découverte de ce livre !



L’approche violente de certains versets, perturbe l’auteur et il ne se prive pas de les décortiquer parfois avec ironie, mais toujours avec un regard bienveillant.



Un premier tome qui permet aux non-initiés de découvrir une partie du Coran, à ceux qui le connaissent apporte un regard différent de celui que certains véhiculent, pour ceux qui se sentent musulmans, mais qui cherchent à appliquer ce texte au XXIème siècle, cela apporte des éléments, une confirmation de réflexions déjà sous-jacentes…



Je me suis régalée, grâce à la plume de l’auteur, à son ironie et la somme de connaissances et de réflexions. Une plume généreuse qui se met à la disposition du lecteur.



« … Je me retenais toutefois de penser que l’archange Gabriel eût pu s’attarder sur des tenues vestimentaires ou des effets d’élégance féminine, dans ses révélations au Prophète. N’était-ce même grotesque de concéder à Dieu un thème aussi futile ? Comment pouvait-on croire que Dieu eût pu s’éterniser sur un problème aussi frivole pour jauger la valeur de la vertu de l’homme sur terre. »





https://julitlesmots.com/2019/03/24/une-nuit-a-aden-de-emad-jarar/

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