Citations de Ernest Hemingway (1285)
"Si tu l'avais entendu," dit l'homme aux yeux bouffis.
" La nouvelle surgit d'elle comme une lumière d'outre-monde. Dans sa voix, l'on entendait le son de la vérité. Je vais en faire un article pour les Izvestia. Pour moi, ce fut l'un des grands moments de cette guerre quand j'entendis la nouvelle de cette voix qui mêle la pitié, la compassion et la vérité. D'elle émanent la bonté et la vérité, comme d'une sainte du peuple. Ce n'est pas pour rien qu'on l'appelle La Passionaria."
"Ce n'est pas pour rien," dit Karkov d'une voix monocorde. "Tu ferais mieux d'écrire ton article maintenant, avant que tu n'oublies cette belle phrase."
" Ce n'est pas une femme dont on se moque. Pas même un cynique comme toi, "fit l'homme aux yeux bouffis. " Si tu avais été là pour l'entendre et pour voir son visage."
"Cette belle voix, ce beau visage." fit Karkov. "Ecris le," dit-il " ne gaspille pas des paragraphes entiers à mon attention.Pars et écris le."
(p.372)
Quel bonheur qu’on ne soit pas obligé de tuer les étoiles !
Le vieil homme pêchait seul dans le gulf Stream sur son canot depuis qutre- vingt-quatre jours sans avoir pris un poisson .
C'était bien agréable d'avoir quelqu'un à qui parler ! Tellement mieux que de se parle tout seul à soi même ,ou à l'océan.
Puis le soleil prit de la force, ses rayons incendièrent la mer; quand il se dégagea tout à fait à l'horizon, sa réflexion sur le miroir liquide frappa l'homme en plein dans les yeux...
Si le lecteur le souhaite, ce livre peut être tenu pour une œuvre d'imagination.
Se débattre comme ça contre quelque chose qu'il ne comprend pas, c'est ça son vrai malheur.
...omettre n'importe quelle partie d'une histoire, à condition que ce fut délibéré, car l'omission donnait plus de force au récit et ainsi le lecteur ressentait plus encore qu'il ne comprenait.
Mais l’homme n’est pas fait pour la défaite, dit-il. L’homme peut être détruit, mais pas vaincu.
La colère, le vide, la haine qui l'avaient envahi, une fois le pont sauté, quand, levant la tête, il avait vu Anselmo, tout cela était encore en lui. En lui, il y avait aussi le désespoir, le chagrin que les soldats transforment en haine pour pouvoir continuer à être des soldats. Maintenant que c'était fini, il se sentait seul, détaché et sans joie, et il détestait tous ceux qu'il approchait. (...). Et alors, non pas soudainement, comme s'il se fût agi d'une détente physique (...) mais lentement et dans sa pensée, il commença à accepter et à laisser la haine s'écouler (...). Une fois qu'on voyait les choses comme elles apparaissaient à autrui, une fois qu'on était débarrassé de soi-même, ce soi-même dont il fallait constamment se débarrasser en guerre. En guerre où il ne pouvait y avoir de soi-même. Où l'on devait soi-même se perdre.
A quoi bon n'être pas blessé, si c'est pour mourir de peur ?
N'imaginez jamais que la guerre, si nécessaire et justifiée soit-elle, n'est pas un crime.
Un ouragan, cela se flaire de loin. Si l’on est en mer, on peut observer les signes dans le ciel plusieurs jours à l’avance. « Les gens de la terre ne comprennent rien au ciel, pensait le vieux ; ils le regardent pas comme il faut. Sans compter que les nuages ça n’a pas la même forme vus de la terre ferme. En tout cas, y a pas d’ouragan en route pour le quart d’heure.
Un homme, ça peut-être détruit, mais pas vaincu.
Un homme, ça peut être détruit, mais pas vaincu. [p.145]
Vous vous attendez à être triste en automne. Une partie de vous-même meurt chaque année, quand les feuilles tombent des arbres dont les branches demeurent nues sous le vent et la froide lumière hivernale ; mais vous savez déjà qu’il y aura toujours un printemps, que le fleuve coulera de nouveau après la fonte des glaces. Aussi, quand les pluies froides tenaient bon et tuaient le printemps, on eût dit la mort inexplicable d’un adolescent,
Et même si le printemps finissait toujours par venir, il était terrifiant de penser qu’il avait failli succomber.
-Oh! haut les coeurs, il fait. Vous êtes tous les mêmes, vous autres Conchs, pas un seul qui en ait dans le ventre.
-Depuis quand as-tu cessé d'être un Conch?
- Depuis la première fois que j'ai mangé à ma faim."Il devenait mauvais, pas d'erreur; et ce gars là, depuis qu'il était tout gosse, n'avait jamais eu de pitié de personne. Mais il ne s'était jamais apitoyé sur lui-même non plus.
(p.110)
Il n'y avait presque jamais de temps mort au cours d'une conversation avec Miss Stein, mais, cette fois, nous avions cessé de parler et elle avait quelque chose à me dire et je remplis mon verre.
-"Vous ne savez vraiment rien de ces choses, Hemingway, dit-elle. Vous n'avez rencontré que des criminels, des malades ou des vicieux notoires. Ce qui importe, c'est que l'acte commis par les homosexuels mâles est laid et répugnant; et après ils se dégoûtent eux-mêmes. Ils boivent ou se droguent pour y remédier, mais l'acte les dégoûte et ils changent tout le temps de partenaire et ne peuvent jamais être heureux.
- Je vois.
- Pour les femmes, c'est le contraire. Elles ne font rien qui puisse les dégoûter, rien qui soit répugnant; et après, elles sont heureuses et peuvent vivre heureuses ensemble.
- Je vois. Mais que diriez-vous d'Une telle ?
- C'est une vicieuse. Elle est vraiment vicieuse, de sorte qu'elle ne peut jamais être heureuse si elle ne fait sans cesse de nouvelles conquêtes. Elle corrompt les êtres.
- Je comprends.
- Vous êtes certain de comprendre ?"
J'avais tant de choses à comprendre en ce temps-là, que je fus heureux de changer de sujet.
(pp.62-63)
Puis il se sentit malheureux en songeant que le poisson n’avait rien à manger et sa détermination à le tuer ne s’en trouva pas diminuée d’autant. Combien de personnes nourrira-t-il? pensa-t-il. Mais ces gens méritent-ils de le manger? Non, bien sûr. Il n’existe pas une personne qui mérite de le manger si l’on considère sa conduite et sa grande dignité.
« La première panacée d'une nation mal gérée est l'inflation de la monnaie, la seconde est la guerre. Les deux apportent une prospérité temporaire ; les deux entrainent une ruine permanente. Mais les deux sont le refuge des opportunistes politiques et économiques » (dans « Notes sur la prochaine guerre. Une lettre portant sur un sujet sérieux, Revue Esquire, septembre 1935)