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Citations de Etgar Keret (89)


- "Naturel! interrompt-il avec un petit ricanement. Qu'est-ce qu'il peut bien y avoir de naturel à ce qu'un nabot avec un tuyau qui lui sort du nombril émerge du vagin de votre femme?"
Evidemment, je n'essaie même pas de répondre.
Il continue: "Moi, j'ai dit à ma femme, "Si tu dois accoucher un jour, ce sera par césarienne, point barre, comme en Amérique. Pas question qu'un chiard te distende et te laisse toute déformée pour moi." De nos jours c'est seulement dans les pays primitifs comme le nôtre [Israël] que les femmes accouchent comme les bêtes".
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Pour ceux que ça intéresse, voici un aspect curieux de ma pitoyable personnalité que j’ai appris à connaître avec les années : quand il s’agit de prendre un engagement, il existe une relation directe, inversement proportionnelle, entre la proximité dans le temps de ce à quoi on me demande de m’engager et ma disposition à le faire. […] Je me porte volontaire sans hésiter pour aider un parent éloigné à déménager, du moment que c’est dans un mois, et si le délai de grâce passe à six mois, je serais prêt à me battre à mains nues contre un ours polaire. Le seul ennui – mais de taille – de ce trait de caractère, c’est que le temps passe inexorablement et qu’à la fin, quand on se retrouve tremblant de froid au beau milieu de la toundra gelée en Arctique, nez à nez avec un ours à la fourrure blanche qui montre les dents, on ne peut s’empêcher de se demander s’il n’aurait pas mieux valu tout simplement dire non six mois plus tôt.
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On mettra un disque de Keith Jarrett et tout le monde écoutera, et puis un disque de Satie et personne ne sera triste. Ce soir-là ceux qui sont seuls se sentiront ensemble et personne ne demandera "combien de sucre ?" parce que tout le monde se connaîtra.
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A son travail , il expliqua un retard de deux heures en inventant un chien de berger écrasé sur le bord de la route , qu'il avait fallu conduire chez le vétérinaire . Dans le mensonge , le chien resta paralysé de deux pattes et l'excuse passa comme une lettre à la poste . .
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Etgar Keret
Il quitta l’appartement de la voisine et se dirigea vers le supermarché où il acheta quelques sachets d’escalopes panées congelées, un pack de six bouteilles d’eau minérale et, quand il s’apprêta à payer, la caissière au long cou lui adressa son beau sourire lumineux et lui dit qu’il avait l’air de beaucoup aimer les escalopes panées. Mais ce ne fut pas tout et, comme il n’y avait pas d’autres clients au supermarché, ils se mirent à parler de nourriture – de sushis casher pour être plus précis – et Yihiel-Nahman promit à la caissière au long cou de lui apporter à son prochain passage un vinaigre de riz spécial qu’on ne trouvait qu’à Jérusalem et qui collait les grains de riz entre eux comme des magnets sur la porte du frigo.

Nouvelle, « Le jour de la Joie de la Torah, quelque chose se brisa dans le cœur de Yihiel-Nahman » parue dans The Guardian 3/12/1952 traduite de l’hébreu par Rosie Pinhas-Delpuech) pour Le Monde 16/12/2023
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Au lieu d'aller se coucher , il se met devant son ordinateur et regarde son courrier . L'unique mail qu'il a reçu vient d'un imbécile avec qui il était à l'école primaire et qui a trouvé son adresse électronique sur sur un site Internet .
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Et Israël réagit immédiatement en recourant à l'arme non conventionnelle qu'elle tient cachée en prévision de conflits de cette nature et de cette gravité : le boycott d'Ikea par les consommateurs.
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La moustache est une créature poilue et mystérieuse, bien plus énigmatique que sa grande sœur, la barbe, laquelle signale manifestement une détresse (le deuil, l’entrée en religion, le naufrage sur une île déserte). Alors que la moustache est plutôt associée à Shaft, Burt Reynolds, aux stars masculines du porno allemand, à Omar Sharif et Bachar el-Assad - bref aux années 1970 et aux Arabes.
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Le fils du chef du Mossad ne savait pas qu'il était le fils du chef du Mossad. Il croyait que son père était entrepreneur en travaux de terrassement. Et chaque matin, quand le père sortait du tiroir inférieur son Beretta et inspectait une par une dans le chargeur les spéciales 38 mm, il croyait que c'était à cause des Arabes des territoires avec lesquels il travaillait. Le fils du chef du Mossad avait de longues jambes maigres et un drôle de prénom. Il s'appelait Alex, en souvenir d'un ami de son père tué pendant la guerre des Six Jours. Et quand on voyait le fils du chef du Mossad en été, vêtu d'un short, se balançant sur ses fines échasses blanches, on l'aurait cru sur le point de s'écrouler. Et ce prénom, Alex. Il avait si peu l'air d'un fils du chef du Mossad qu'on pensait forcément à une nouvelle mystification du père, pour dissimuler son identité véritable.
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Avant le spectacle, on m’a mis une combinaison argentée. J’ai demandé à un vieux clown avec un énorme nez rouge s’il fallait suivre un entraînement avant d’être tiré. « Ce qui compte, a-t-il marmonné, c’est de relâcher ton corps. Ou de le contracter, l’un ou l’autre. Je ne me souviens plus très bien. Et veiller à ce que le canon soit bien pointé en avant, pour ne pas rater la cible.
— C’est tout ? » ai-je demandé. Même dans la combinaison argentée, je puais encore la bouse d’éléphant.
Le directeur du cirque est venu me taper sur l’épaule. « N’oublie pas, m’a-t-il dit, après qu’on t’aura envoyé sur la cible, tu reviens aussitôt sur scène, tu souris et tu salues le public. Et si par hasard t’as mal ou t’as quelque chose de cassé, tu ne le montres pas, le public ne doit pas le voir.»
Ils avaient l’air vraiment heureux, dans le public. Ils ont applaudi les clowns qui m’ont poussé dans la gueule du canon et, une minute avant d’allumer la mèche, le grand clown avec la fleur qui crache de l’eau m’a demandé : « T’es sûr de vouloir le faire ? C’est le moment ou jamais d’y renoncer. » J’ai hoché la tête, il a dit : « Tu sais qu’Istvan, l’homme-canon avant toi, est à l’hôpital avec douze côtes cassées ?
— Mais non, j’ai dit, il est un peu soûl. Il dort dans sa caravane.
— Comme tu veux », a soupiré le clown à la fleur qui éclabousse, et il a craqué l’allumette.
Avec le recul, je reconnais que l’angle du canon était trop aigu. Au lieu d’atteindre la cible, j’ai volé en l’air, j’ai troué la toile tendue du chapiteau et j’ai continué de voler haut dans le ciel, un peu au-dessous du voile de nuages noirs. J’ai survolé le cinéma drive-in abandonné où Odélia et moi allions parfois voir des films ; j’ai survolé l’aire de jeux où des gens se promenaient avec leur chien et leur sac en plastique chiffonné, et parmi eux le petit Max en train de jouer au ballon, qui a regardé en l’air quand je suis passé au-dessus de lui, a souri et m’a fait un signe de la main ; j’ai plané au-dessus de la rue HaYarkon, tout au bout derrière le local à poubelles de l’ambassade américaine, où j’ai aperçu Tigre, mon gros chat, qui guettait un pigeon. Quelques secondes plus tard, en me voyant atterrir dans l’eau, des gens sur la plage m’ont applaudi, et quand je suis sorti, une jeune fille avec un piercing au nez m’a tendu sa serviette en souriant.
Quand je suis revenu sur l’esplanade du cirque, mes vêtements étaient encore mouillés et tout était obscur alentour. Le chapiteau était désert et au centre, à côté du canon d’où on m’avait tiré, Ijo était assis, en train de compter sa recette. « T’as raté la cible, a-t-il grogné, et t’es pas revenu saluer comme je te l’avais dit. Je te retire quatre cents shekels. » Il m’a tendu quelques billets froissés et, voyant que je ne les prenais pas, il m’a lancé un regard têtu de Slave et m’a dit : « Tu préfères quoi, mec ? Prendre l’argent ou te bagarrer avec moi ?
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"Alors quand tu étais petit, demande Lev, chaque fois que tu avais envie pleurer, tu chantais à la place ?"
À contrecoeur, je suis obligé de reconnaître que non.
"Je ne sais pas chanter. Alors le plus souvent, quand je sentais les larmes monter, je tapais quelqu'un.
- C'est bizarre, dit Lev, songeur. Moi d'habitude je tape quelqu'un quand je suis content."
Le moment paraît bien choisi pour aller jusqu'au frigo prendre des bâtonnets au fromage pour nous deux. On s'assied dans le salon et on se met à grignoter en silence. Père et fils. Deux mecs. Si vous frappez à la porte et que vous le demandiez gentiment, on vous offrirait un bâtonnet au fromage, mais si vous faisiez quoi que ce soit d'autre, qui nous rende triste ou content, il y aurait de forte chances pour que vous vous preniez une petite raclée
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"Deux jours plus tard, Avri m'appelle dès le matin et me dit qu'il a peut- être quelque chose, mais que c'est compliqué. Je lui réponds que je prends même si c'est cher. C'est juste pour une fois c'est particulier, et il me faut à peine un gramme. Je n'ai pas dit que c'était cher, s'énerve Avril, j'ai dit que c'était compliqué. Dans quarante minutes, viens au 46, rue Carlebach et je t''expliquerai."
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A quarante-deux ans, il n’a pas changé d’un cheveu. Non - il n’est pas resté particulièrement juvénile; simplement, dès l’école primaire, il a toujours eu l’air d’un adulte : la nuque épaisse et poilue, le corps puissant, le front haut et l’expression souriante mais désabusée du type qui en connaît déjà un rayon sur notre planète de dingues.
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En arrivant sur l'Alexanderplatz, nous heurtâmes un cadavre. Ludwig le retourna maladroitement sur le dos et essaya, sans la moindre notion d'anatomie, de lui prendre le pouls là où il n'avait jamais battu. C'était le cadavre d'une jeune femme dont la robe était imbibée de sang. Bien qu'elle fût morte, son visage paraissait livide de douleur. Ludwig appuya son fusil contre la grille d'une maison et prit la jeune fille dans ses bras. Nous ne pouvions l'enterrer nulle part. Il la déposa délicatement sur le siège arrière d'une Volkswagen ouverte, garée non loin de là. Il ôta son manteau et recouvrit le cadavre souffrant. Puis il retourna prendre le vieux fusil et nous continuâmes notre promenade. "Quelle étrange nuit, dit Ludwig d'une voix tremblante, les mains autour de la taille comme pour essayer d'arrêter le froid. J'ai donné mon manteau à la jeune fille et je ne sais même pas son nom. Au diable, dit-il de plus en plus gelé, je ne connais même pas la couleur de ses yeux."
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Chaque semaine c'est la même histoire. Vendredi, quatre heures et quart, j'ai déjà enfilé ma tenue de sport, Ya'acov doit passer me chercher dans cinq minutes et c'est alors qu'elle dit : "Et si tu n'y allais pas aujourd'hui ? Tu sais bien que mon père se vexe quand tu ne restes pas pour la bénédiction du shabbat." Et chaque fois, je dois lui expliquer que je travaille comme un âne, que je fais des heures supplémentaires pour payer la maison de retraite de son père, et que le vendredi après-midi est mon seul moment de libre pour voir les copains, jouer au foot et oublier un peu les soucis. Et chaque semaine, elle me répète : "Mon père me demande si je suis veuve et pourquoi mon mari n'est pas à table." Alors je lui conseille de dire à ce vieil emmerdeur qu'elle est devenue veuve et que s'il veut que le mari de sa femme ressuscite qu'il cesse de nous pomper le pognon et déménage de sa maison de retraite cinq étoiles pour un endroit moins cher. Et cette chienne, me réponds toujours : "Je t'assure, Moshé, avec un mari comme toit, mieux vaudrait être veuve."
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Hans et moi, nous n'avions rien d'autre en commun que le cancer du cerveau dont nous étions atteints. Lui était un vieillard ratatiné qui parlait un hébreu saccadé, et moi un gars du pays, grand et gros, qui n'avait pas encore atteint la quarantaine. Pourtant, à partager une chambre qui n'avait pas été rafraîchie, nous nous sentions comme de vieux amis. "C'est parce que toi et moi nous sommes des malades terminal", expliquait Hans. J'aimais son hébreu approximatif, surtout quand il me qualifiait de "malade terminal", comme si je m'étais trouvé dans un aéroport bruyant d'où je me serais apprêté à m'envoler pour ailleurs, pour un endroit différent.
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Chriki est exactement – et c'est ce qui suscite la jalousie – comme vous et moi. On se demande même comment il a pu aller si loin. Et ceux qui émettent des hypothèses d'opportunité ou de probabilité nous bassinent. Le secret de Chriki est autrement plus simple : il a réussi parce qu'il est allé au bout de sa personnalité ordinaire. Au lieu de la nier ou d'en avoir honte, il a dit : C'est moi, et voilà. Il ne s'est ni sous-évalué, ni surévalué, il s'est simplement maintenu à la surface tel quel, nature. Il est l'auteur d'inventions ordinaires, j'insiste, ordinaires. Pas brillantes, ordinaires, et c'est exactement ce dont l'humanité a besoin. Les inventions géniales sont peut-être profitables aux génies, mais les génies ne courent pas les rues. Alors que les inventions ordinaires sont bonnes pour tout un chacun.
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Un briquet , un bonbon pour la toux , un timbre -poste , une cigarette un peu tordue , un cure-dents , un mouchoir en tissu , un stylo , deux pièces de cinq shekels . Et ce n'est qu'une partie de ce que j'ai dans les poches .
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J’étais censé embarquer sur un vol pour Amsterdam où je devais participer à un chouette festival artistique supercool du genre surréaliste, comme seul un hippie batave hors d’âge qui avait passé les années 1960 à voyager sous acide pouvait en concevoir dans ses plus belles hallucinations.
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Pour célébrer la fin du service de Kouki, nous lui avons offert Pipelines d’Etgar Keret. « C’est un livre de merde, a grimacé Kouki. Mis à part deux… pardon, trois histoires, tout le reste n’est que de la merde. De nos jours, n’importe quel imbécile peut publier un livre chez un minuscule éditeur et perdre un paquet d’argent, tout ça dans l’espoir infantile qu’un jour il va prendre son pied ».
A vrai dire, Kouki avait raison et si Akiva avait acheté le livre, c’était uniquement parce qu’il était en solde.
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