Citations de Fiodor Dostoïevski (3137)
Une inquiétude sans objet et sans but dans le présent, un sacrifice continuel et stérile dans l'avenir, voilà tout ce qui lui restait sur terre.
(Épilogue, Chapitre II, p. 569)
Une chose seulement est vraie: je n'aime vraiment pas la compagnie des adultes, des grandes personnes, je l'ai remarqué depuis longtemps; je ne l'aime pas parce que je ne sais pas être avec eux.
- Qu’avez-vous, s’écria-t-il tout à coup, fixant presque avec terreur Tikhon. Celui-ci
était debout devant lui, les bras tendus en avant ; une convulsion rapide contracta
son visage horrifié.
- Qu’avez-vous ? qu’avez-vous ? répétait Stavroguine s’élançant vers lui pour le
soutenir. Il lui sembla que le prêtre allait tomber.
- Je vois... je vois clairement, s’écria Tikhon d’une voix pénétrante et qui exprimait
une souffrance intense, je vois que jamais, malheureux jeune homme, vous
n’avez. été aussi près d’un nouveau crime, encore plus atroce que l’autre.
"Joueur, moi? Non. Un tricheur ce n'est pas un joueur."
Car la souffrance est la seule cause de la conscience.
Près de la porte cochère où Chatov était allé l'accompagner, elle ajouta encore :
- Vous m'avez fait rire pour le restant de mes jours ; je ne prendrai pas d'argent de vous... J'en rirai encore en rêve, cela me suffit. Je n'ai jamais rien vu de plus comique que vous cette nuit.
Le but de tout peuple, à chaque période de son histoire, c'est uniquement la recherche de Dieu.
- Vous aimez les enfants ?
- Oui...
- Par conséquent, vous aimez aussi la vie ?
- Oui, j'aime la vie, pourquoi ?
- Mais vous êtes décidé à vous brûler la cervelle ?
- Eh bien ? Quel rapport y a-t-il ? la vie est une chose, la mort en est une autre. La vie existe, la mort n'existe pas.
- Vous croyez donc maintenant à la vie future éternelle ?
- Non, pas à la vie future éternelle, mais à la vie éternelle ici même. Il est des instants, vous arrivez à des instants, où le temps s'arrête soudain et le présent devient éternité.
Il m'a toujours semblé que vous me conduiriez un jour dans un endroit habité par une monstrueuse araignée de la taille d'un homme, et que nous passerions toute notre vie à regarder l'araignée en tremblant de peur. Et que c'est à cela que se réduirait notre amour.
- Vos idées sont malpropres, immorales et témoignent de votre néant intellectuel. Je vous prie de ne plus m'adresser la parole, cria l'étudiante.
Les lettres que vous m'adressiez étaient écrites pour la postérité et nullement pour moi. Vous n'êtes pas un ami, vous êtes un styliste.
Quand les peuples commencent à avoir des dieux communs, c'est signe de mort pour ces peuples. Quand les Dieux deviennent communs à plusieurs peuples, les Dieux meurent, ainsi que les peuples et leur foi.
On eût dit qu'il attendait la destruction du monde, et non pas dans un temps plus ou moins éloigné, selon des prophéties qui pouvaient ne pas s'accomplir, mais d'une façon tout à fait précise, après-demain par exemple, exactement à dix heures vingt-cinq du matin.
"Non, on est mieux chez nous [qu'à l'étranger]. On peut au moins y accuser les autres de tout le mal et se justifier à ses propres yeux."
(Partie 4, Chapitre 1, p. 302)
Des éventails de rides entouraient depuis longtemps ces yeux, ses joues se creusaient, desséchées par les soucis et les douleurs, mais son visage n'en était pas moins d'une grande beauté.
(Partie 3, Chapitre 1, p. 219)
- Comment ? Qu'avez-vous dit ?
- J'ai dit : On trouve toujours plus de moines que de raisons, et comme je suis...
- Ce n'est certainement pas de vous ; vous l'avez pris quelque part sans doute ?
- C'est de Pascal.
- Je le pensais bien... que ce n'était pas de vous.
Seuls les russes peuvent réunir en eux tant de qualités contraires. C'est vrai que l'homme aime voir son meilleur ami humilié par rapport à soi. L'amitié est fondée la plupart du temps sur l'humiliation, c'est une vérité de toujours bien connue des gens sensés.
Vous savez bien que le général est entièrement entre ses mains, tout le domaine est à lui ; si grand-maman ne meurt pas, le français entrera immédiatement en possession de tout ce que couvre son hypothèque.
Je le répète, je répète et j’insiste : les hommes spontanés, les hommes d’action sont justement des hommes d’action parce qu’ils sont bêtes et limités. Comment j’explique cela ? Très simple : c’est cette limitation qui leur fait prendre les causes les plus immédiates, donc les causes secondaires, pour des causes premières ; ainsi parviennent-ils plus facilement et plus vite que les autres à se convaincre d’avoir trouvé la base indubitable de leur affaire – et ça les tranquillise ; et c’est là l’essentiel. Parce que, pour se mettre à agir, il faut d’abord avoir l’esprit tranquille, il faut qu’il n’y ait plus la moindre place pour les doutes. Mais, par exemple, moi, comment ferais-je pour avoir l’esprit tranquille ? Pour moi, où sont-elles donc, les causes premières qui me serviront d’appui, où sont les bases ? D’où est-ce que je les prendrais ? Je m’exerce à penser ; par conséquent, chez moi, toute cause première en fait immédiatement surgir une autre, plus première encore, et ainsi de suite jusqu’à l’infini. Telle est l’essence de toute conscience et de toute pensée.
- Ha! ha! ha! mais après ça, vous trouverez même du plaisir dans une rage de dents! vous esclafferez-vous.
- Eh quoi? - Même dans une rage de dents, il y a du plaisir, vous répondrai-je. J’ai eu une rage de dents pendant un mois; je sais de quoi je parle. Sauf que, c’est le cas de le dire, la rage, on ne la garde plus muette, on geint; mais ces geignements-là ne sont pas sincères, ce sont des geignements retors, et tout le sel est là, qu’ils soient retors. Ces geignements traduisent le plaisir de celui qui souffre; s’il n’en ressentait pas de plaisir, il ne geindrait pas.