Citations de Fiodor Dostoïevski (3137)
- Mais l'instinct de conservation ne suffit-il donc pas ? N'est-ce pas une loi naturelle de l'humanité ?...
- Qui vous a dit cela ? cria tout-à-coup Eugène Pavlovitch ; c'est une loi, c'est vrai, mais ni plus ni moins normale que la loi de la destruction, sinon même de l'autodestruction. Est-ce que la loi normale de l'humanité consiste dans le seul instinct de conservation ?
Lorsque l’humanité aura rejeté en bloc la croyance en Dieu, les conceptions anciennes de l’univers disparaîtront d’elles-mêmes. L’ancienne morale surtout se trouvera abolie, et on bâtira un monde nouveau après avoir fait table rase du passé. Les hommes s’uniront pour faire rendre à la vie le maximum de ce qu’elle peut donner en fait de bonheur et de jouissance, mais dans ce monde-ci uniquement. L’homme se sentira porté par un orgueil titanesque, car il sera devenu dieu-homme. L’amour ne s’épanouira que dans de brefs instants, mais sa brièveté même en intensifiera l’éclat et la puissance.
Mais que deviendra l’homme dans tout cela ? lui ai-je demandé ensuite, sans Dieu et sans vie future ? Faut-il en conclure que tout est permis désormais et que l’on peut faire ce que l’on veut ?
- De quel isolement parlez-vous ?
- De l’isolement dans lequel vivent les hommes, en notre siècle tout particulièrement, et qui se manifeste dans tous les domaines. Ce règne-là n’a pas encore pris fin et il n’a même pas atteint son apogée. A l’heure actuelle, chacun s’efforce de goûter la plénitude de la vie en s’éloignant de ses semblables et en recherchant son bonheur individuel. Mais ces efforts, loin d’aboutir à une plénitude de vie, ne mènent qu’à l’anéantissement total de l’âme, à une sorte de suicide moral par un isolement étouffant. A notre époque, la société s’est décomposée en individus, qui vivent chacun dans leur tanière comme des bêtes, se fuient les uns les autres et ne songent qu’à se cacher mutuellement leurs richesses. Ils en viennent ainsi à se détester et à se rendre détestables eux-mêmes. L’homme amasse des biens dans la solitude et se réjouit de la puissance des biens qu’il croit acquérir, se disant que ses jours sont désormais assurés. Il ne voit pas, l’insensé, que plus il en amasse et plus il s’enlise dans une impuissance mortelle. Il s’habitue en effet à ne compter que sur lui-même, ne croit plus à l’entraide, oublie, dans sa solitude, les vraies lois de l’humanité, et en vient finalement à trembler chaque jour pour son argent, dont la perte le priverait de tout. Les hommes ont tout à fait perdu de vue, de nos jours, que la vraie sécurité de la vie ne s’obtient pas dans la solitude, mais dans l’union des efforts et dans la coordination des actions individuelles.
- Je pense que chacun en ce monde devrait apprendre, avant tout, à aimer la vie.
- Aimer la vie plutôt que chercher à la comprendre ?
- C’est cela, aimer la vie sans souci de la logique, comme tu l’as dit. C’est ainsi seulement qu’on finit par en découvrir le sens.
Si Dieu existe, je suis coupable et je serai puni. Mais s’il n'y a point de Dieu, à quoi diable peuvent servir tous ces moines ? Ce serait trop peu en ce cas que leur couper la tête, car ils font obstacle au progrès.
L’âme humaine est opprimée de vivre parmi tant d’énigmes indéchiffrables.
Cela me servira de leçon : ne jamais juger les gens lorsqu'on n'en a pas l'expérience. A présent, je vois que non seulement on ne peut vous considérer comme un scélérat, mais même pas comme un homme vraiment perverti. A mon sens, vous êtes l'homme le plus ordinaire qui soit, peut-être un peu trop faible de caractère et sans la moindre originalité.
Je me demande comment j'ai pu vous prendre pour un idiot ! Vous qui voyez ce que d'autres sont incapables de jamais remarquer. Il serait bon de parler avec vous... quoique... au fond, mieux vaut ne pas parler.
Avec l'argent que j'avais de mon premier gain, cela faisait mille sept cents florins en moins de cinq minutes! En vérité, à de pareils moments, on oublie tous les échecs antérieurs.
En vérité, c'est vraiment quelque chose d'unique que de se sentir seul, à l'étranger, loin de sa patrie, de ses amis, de ne pas savoir si l'on va manger aujourd'hui et de miser son dernier, son tout dernier florin!
"Mon crime ? Quel crime ? fit-il dans un subit accès de colère. Celui d'avoir tué une vermine sale et malfaisante, une vieille usurière nuisible, qui suçait la sang des pauvres gens ? Un crime, ce meurtre qui devrait me valoir l'indulgence pour tous mes péchés ? Je ne le peux pas et ne songe nullement à l'effacer. Et qu'ont-ils tous à me crier de tous côtés : "C'est un crime, un crime !"
Ils ont pleuré un peu mais ils ont fini par s'y habituer. L'homme s'habitue à tout, le lâche.
L'erreur est le seul privilège de l'homme sur tous les organismes. En se trompant on arrive à la vérité.
Il appartenait à cette légion inombrable et multiforme d'individus triviaux, de ratés sans énergie et de personnages entêtés et de sots dont la demi-instruction mal digérée les pousse à s'accrocher instantanément à la dernière idée à la mode pour la ravaler aussitôt, tourner en un clin d'oeil en caricature tout ce qu'ils servent parfois même le plus sincèrement du monde.
Est ce qu'on peut raisonner comme elle si on est sain d'esprit? Est ce qu'on peut rester au bord de sa perte, juste au dessus de la fosse puante qui vous aspire déjà, et fermer les yeux et se boucher les oreilles quand on vous parle du danger? Ne serait ce pas un miracle qu'elle attend? [...] Est ce que ce ne sont pas des symptômes de folie?
Les petites choses ont leur importance ; c'est toujours par elles qu'on se perd.
Le criminel, au moment où il accomplit son crime est toujours un malade.
Enfin elle parvint à lire et à comprendre ce qu'elle lisait (...)mais la lecture, c'est-à-dire le fait de s'interesser à la vie d'autrui, lui devenait intolérable, elle avait trop besoin de vivre par elle-même.
Mes pères, je me demande : Qu'est ce que l'enfer ?. Je le définis ainsi :"La souffrance de ne plus pouvoir aimer".
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Je suis content que mon jeune homme ne se soit pas montré judicieux en un pareil moment car le jugement vient toujours en son temps quand on est pas sot.