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Critiques de Françoise Héritier (164)
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Le Sel de la vie : Lettre à un ami

J'ai aimé ce livre, mais comment parler de lui ? Le sel de la vie est un livre court qui ne révolutionnera pas la littérature française. Il ne figurera pas dans les oeuvres essentielles qu'il faut lire. Il ne sera pas sur votre table de chevet. Et pourtant, ce livre ne m'a pas laissé indifférent. Forcément, une forme d'émotion m'empêche d'être objectif. Figurez-vous que j'ai découvert Françoise Héritier à une émission littéraire, La Grande Librairie pour ne pas la nommer, un certain 09 novembre 2017. J'ai été fasciné par cette femme de caractère, toute fragile dans son fauteuil roulant, elle parlait de son dernier livre et de son itinéraire d'ethnologue. Cette émission me donna l'envie d'emprunter un ouvrage conseillé lors de cette soirée, le sel de la vie, livre qu'elle avait écrit quelques années auparavant. La semaine suivante, cette femme remarquable décédait, rongée par une maladie orpheline qui ne la quittait plus depuis de très longues années, contractée lors d'un de ses voyages exploratoires en Afrique.

Ce livre est resté longtemps sur ma table de chevet. Je ne savais pas qu'en faire. Je l'ai rendu, puis repris. Puis je l'ai lu d'une traite. C'est un livre court, qui, étonnement, ne se lit pas facilement. Au premier abord, nous serions tentés de le situer dans la catégorie de livres tels que La première gorgée de bière. Or, la démarche est légèrement différente. Je veux ce soir vous en parler un peu.

Nous savons maintenant que lorsque Françoise Héritier a écrit ce livre, elle était déjà malade, très malade. Dans le texte qui nous est offert, nous devinons par moment son état de santé, nous lisons par instant des allusions à la maladie, au milieu hospitalier, au temps qui passe. Ephémère. Sans doute, Françoise Héritier, écrivant ces lignes, connaissait peut-être déjà l'échéance proche de sa mort. Cependant, le texte n'en parle pas. Il se concentre vraiment sur l'instant où ce texte fut écrit.

Ce livre n'est pas important. Il n'est pas un coup de coeur. Et pourtant je l'aime, je voudrais partager cela avec vous. Il faut prendre ce livre pour ce qu'il est et le laisser pour ce qu'il n'est pas.

La démarche est humble et en même temps, forcément elle s'appuie sur le regard scientifique de l'auteure. Décrire des instants de nos vies. Les écrire. Dire leur importance, autant sur le plan événementiel qu'émotionnel. "Caresser la peau douce et flétrie des mains d'une vieille dame..." L'exercice de style, car c'en est un, est une lettre, une réponse à un ami écossais de l'auteure.

En préambule de son livre, Françoise Héritier nous dit : « Il y a une forme de légèreté et de grâce dans le simple fait d'exister, au-delà des engagements politiques et de tous ordres, et c'est uniquement de cela que j'ai voulu rendre compte, de ce petit plus qui nous est donné à tous : le sel de la vie ».

Puis s'ensuivent des phrases, sans queue ni tête, et c'est cela que j'aime. Des phrases qui disent ce que l'auteure ressent ou a ressenti à des instants de sa vie. "Faire siffler un brin d'herbe entre ses doigts et ses lèvres..." Elle convoque ici, le banal qui nous ressemble à bien des égards, mais aussi les voyages, d'autres territoires plus lointains de nous, mais qui toujours nous ramènent à ce que nous sommes, nous attendons. Elle parle aussi de ses rencontres, ordinaires ou extraordinaires. Parfois elle écrit : « Mener une lutte sans espoir contre les roulettes des chariots et des porte-perfusions ».

J'aime les phrases qu'elle égrène comme un chapelet. Forcément, à des moments nous viennent des images qui nous ramènent à des choses de nous, des souvenirs, parfois enfouis. Mais ce serait s'égarer sur l'objectif du récit. Si l'on est bien attentif au propos de l'auteure : l'idée n'est pas tant d'entrer dans son texte et de l'aimer, mais plutôt d'en faire une démarche. Et c'est cela la force du texte que nous avons sous les yeux.

Plus tard, L'auteure dit pourquoi elle nous livre ces mots. Ses mots à elle. Elle s'adresse à un ami. C'est une confidence, et nous en sommes complice. C'est une chance. Elle dit l'importance de témoigner de ce que nous ressentons à l'instant présent, de notre aptitude à observer, à faire corps avec le réel. Elle décrit nos sens, elle dit que c'est essentiel. Elle montre que chaque instant de nous vient convoquer notre histoire, d'où nous venons, ce que nous sommes à partir de cela, et forcément ce que nous ressentons, surtout ce que nous ressentons, la joie, la douleur, parfois la mélancolie, parois rien aussi.

Cette litanie de mots et de phrases ne doit pas nous égarer de l'objectif de l'auteure. Rappelons-nous que Françoise Héritier est une scientifique. Elle nous fait une magnifique démonstration et nous invite à partir de son expérience à cheminer comme elle au-dedans de nous. Et aussi au-dehors. Car le dehors de nous est aussi important que le dedans. Même si l'expérience intime de Françoise Héritier n'est pas à prendre à la lettre, n'est donc pas reproductible, je retiens deux ou trois phrases qui me tiennent à coeur, notamment celle-ci que je vous livre ici et que j'aime par-dessus tout, je ne sais pas pourquoi, sans doute parce que j'ai deux matous qui ronronnent autour de moi au moment où je vous écris : « plaquer un gros baiser sur le nez d'un chat offusqué. » J'adore !

Lorsque Françoise Héritier écrivit ce court texte, elle était déjà très malade. Il n'est pas utile de le savoir, mais il n'est pas inutile non plus de le savoir. Quand j'ai refermé ce livre, je me suis dit qu'elle me manquait déjà.

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Le Sel de la vie : Lettre à un ami

Une petite merveille!

A peine 100 pages, mais qui donnent envie d'attraper un crayon et un petit carnet (joli de préférence) et d'écrire la suite, sa suite à soi, ses propres broutilles, ses instants de clairvoyance, ses kifs



Car c'est un recueil de ces innombrables détails qui ne demandent pour exister qu'un être humain en vie et la volonté de les observer. En ouvrant tout grands les yeux et les oreilles, près à recevoir en conscience la caresse du vent sur la peau, ou à déguster une tartine de pain frais et de beurre. Il suffit juste d'avoir conscience que ces moments font le sel de la vie. Nul besoin de matériel sophistiqué, d'argent, de gloire ou de beauté, c'est accessible à tous, à tout instant, n'importe où. Il suffit d'être en vie.



À lire, relire, offrir, et réécrire avec ses propres mots


Lien : http://kittylamouette.blogsp..
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Le Sel de la vie : Lettre à un ami

Perplexe !

C’est ainsi que j’ai commencé la lecture de ce livre, reçu en cadeau par ma soeur.

Pourquoi écrire cette liste de souvenirs personnels, me suis-je d’abord posé comme question. Quelle est le but de cette longue litanie ? Sinon le fait de gaspiller papier et encre. Mon premier propos était sévère !



Et puis en me posant et en prenant vraiment le temps de parcourir cette longue liste de sentiments, émotions, petits bonheurs, je me suis dit finalement que j’avais ainsi beaucoup mieux cerné cette auteure qu’en lisant sa biographie. En fait cette longue liste révèle bien plus intimement Françoise Héritier que son curriculum vitae.

Et puis ce genre de propos a cet incroyable mérite, vous obliger à vous pencher sur vous-même pour scruter vos propres souvenirs et petits bonheurs, vous savez ceux que vous gardez au plus profond de vous. Ceux qui jalonnent votre vie, qu’on oublie vite car éphémères. Ces instantanés qui apportent sourires, légèreté et instants de grâce et de plénitude. Ces petits riens qui rehaussent le quotidien et qui mis bout à bout forment le sel de la vie.



Au final, j’ai bien aimé cette incursion dans le monde de cette anthropologue réputée. Elle a trouvé là une belle idée d’étude sur elle-même.

Et j’ai apprécié aussi le cheminement qui l’a conduite vers cet exercice : sur une carte postale reçue par un ami, elle remarque aussitôt que celui-ci note qu’il a « volé » une semaine de vacances. Cet ami, chirurgien de son état, a un emploi du temps surchargé et pas une minute à lui. Alors la réflexion germe...

« Il s’agit tout simplement de la manière de faire de chaque épisode de sa vie un trésor de beauté et de grâce qui s’accroît sans cesse, tout seul, et où l’on peut se ressourcer chaque jour. »



Et l’exercice est assez simple, tenez, je commence : écouter le chant des oiseaux au petit matin, observer les nuances de gris et blancs des nuages du ciel du Nord, respirer l’odeur de l’herbe fraîchement coupée, nager dans la mer quand il pleut, apercevoir les côtes anglaises du haut du Cap Gris-Nez, aller au théâtre admirer Cyrano de Bergerac et se prendre pour lui, fondre encore une fois devant une rediffusion du film Ghost, croquer sans vergogne dans une baguette juste sortie du four, renifler l’odeur de la bougie juste éteinte, s’allonger sur le carrelage frais quand il fait trop chaud, ne pas reconnaître sa voix dans un haut-parleur...



Est-ce vraiment tout cela que l’on vole au temps, ou bien est-ce tout cela qui forme notre personnalité, notre sensibilité ? Il faut se laisser aussi ce temps de formation (qui est bien autre que celui du choix professionnel) pour la construction de soi.

« Le souvenir n’est plus mais la mémoire sensuelle du corps parle toujours. Nous sommes un tissu muni de capteurs qui enregistrent des empreintes tenaces lesquelles nous servent de tuteurs pour nous diriger. »



Et vous ? Vous commenceriez par quoi ?
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Le Sel de la vie : Lettre à un ami

Une méditation sur tous ces petits plaisir qui font "le sel de la vie" et que, si l'on n'y prend pas garde, nous font passer à côté de petites choses toutes simples mais qui pourtant, mêlées les unes aux autres, rendent la vie belle et font que celle-ci vaut la peine d'être vécue.



Bref ouvrage construit sous à la fois une forme épistolaire puisque la narratrice répond en réalité à la lettre de l'un de ses amis mais aussi sous celle d'une sorte de journal intime puisqu'elle reprend, chaque jour (bien qu'il y ait des jours où cette dernière n'écrit pas) le fil de ses pensées là où elle les avait laissées. Une sorte de liste interminable également, bref, ce livre est plein de choses à la fois mais avant tout une réflexion sur le sens que chacun d'entre nous veut donner à sa propre vie. Ces quatre-vingt-cinq pages sont en réalités constituées en grande partie d'une seule et même phrase. C'est terriblement long me direz-vous, c'est ce que je pensais au départ (moi que les longues phrases, telles celles de Proust que l'auteure cite d'ailleurs à la fin de son livre, in supportent) mais ne dit-on pas aussi : "Il n'y a que les imbéciles qui ne changent pas d'avis ?" C'est ce qui s'est produit pour moi lors de cette lecture car pas une seule fois, je n'ai trouvé qu'il y avait des longueurs ou j'ai regretté qu'il n'y ait pas plus de points, le temps de reprendre ma respiration.



Il y a a bien évidemment des choses essentielles pour Françoise Héritier, l'auteure, qui me sont complètement inconnues et d'autres qui seraient pour moi à classer dans cette liste des petits plaisirs de la vie qui lui seraient également étrangères car, n'étant pas de la même génération, cela est inévitable mais d'autres pourtant nous sont communes et resteront, je l'espère, intemporelles.

Une merveille, à découvrir !
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Le Sel de la vie : Lettre à un ami

Le sel de la vie c'est l'énumération de tous ces petits instants de bonheur qui font que la vie mérite d'être vécue , ces instants de grâce .

Ce genre de livres n'est pas vraiment fait pour moi , attention , il n'y a rien à redire , l'auteur a certainement un public .

Mais ce que je n'ai pas aimé c'est cette énumération trop longue qui en devient monotone , et puis le sel de la vie est différent d'une personne à l'autre ( et tant mieux ) , donc ces souvenirs sont propres à l'auteur plus qu'universels .

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Le Sel de la vie : Lettre à un ami

Petits Riens / Petits plaisirs / Petits sels de la vie... Les transcrire pour que les petites joies compensent : Contraintes / Routine / Déplaisirs.



L’idée est simplissime : un livre en forme de listes ou des listes en forme de livre… La recette a pris avec moi et je ne sais pas dire pourquoi. Ce n’est pas l’originalité, car les petits riens doivent parler au plus grand monde. Peut-être la précision évocatrice des images choisies : «se coucher dans des draps fraîchement changés»,«s’abîmer en perplexité devant certaines œuvres d’art»...



Je peux comprendre que tout un chacun n’adhère pas ; pour moi, ce fut un enchantement.



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La différence des sexes

Elle réussit à parler de manière relativement simple d'un sujet plutôt complexe : d'où vient l'inégalité homme-femme ? Que sont les genres ? Pourquoi certaines notions sont-elles masculines et d'autres féminines ? Et pourquoi les premières sont-elles valorisées et les secondes dénigrées ? Elle passe en revue l'histoire, l'éducation, le monde du travail, le domaine privé pour mettre en évidence ces inégalités que nous ne voyons plus et inciter son public à y réfléchir et pourquoi pas, à infléchir la situation. Et rappelle que différent ne signifie pas inférieur...

Ce texte adapté d'une conférence de la série Petites conférences-Lumières pour enfants s'adresse au jeune public, en le considérant tel qu'il est : intelligent. Ceci dit, les adultes y apprennent beaucoup aussi. Et comme après toute conférence, les questions du public, reproduites en annexe. N'oubliez pas, ils sont intelligents et attentifs.
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Le Sel de la vie : Lettre à un ami

Françoise Héritier reçoit une lettre d’un ami. Dans cette lettre, ce médecin dévoué qui prend les premières vacances de sa vie (ou presque) lui explique qu’il « vole » une semaine en Ecosse pour son propre bonheur. Elle lui répond en faisant la liste de toutes ces petites et grandes choses qui font « le sel de la vie ».



Je pense que ce livre, son format, ne peut pas laisser indifférent : on adore ou on déteste. Contrairement aux personnes qui en ont laissé une critique, j’ai vraiment détesté !

Pendant 70 pages, il y a des listes, des listes, des listes, séparées par des virgules, qui commencent par des points de suspension et finissent par des points de suspension (ce qui donne des chapitres) et puis on recommence. Ça manque de respiration (j’avais l’impression d’étouffer !) et puis surtout, je ne supporte pas ces exhortations à vivre heureux, de jouir du moindre lever de soleil, du parfum de la fleur, de la douceur du velours, du goût de la fraise. On dirait du Levy avec sa banque qui offre 86400 secondes de vie tous les matins qu’il faut dépenser dans la journée ou Coelho qui explique que c’est à nous de nous accorder notre droit au bonheur. YaKa Fokon !

Je reste persuadée que ces petites choses qui font le « sel de la vie » ne peuvent être que relatives à une expérience, un vécu ; elles sont personnelles et en aucun cas universelles, elles ne sont pas partageables. Quant à la formulation du livre, avec des listes interminables sur des pages et des pages, elle ne m’a pas laissé la place de rêver, méditer, sur mes propres expériences (pour le cas où l’auteure nous proposait de nous essayer à l’exercice).
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Le Sel de la vie : Lettre à un ami

Françoise Héritier née le 15 novembre 1933 est une anthropologue et ethnologue française. Elle a succédé à Claude Lévi-Strauss au Collège de France, inaugurant la chaire d'« étude comparée des sociétés africaines ». Lévi-Strauss voyait en elle son successeur.

Son dernier ouvrage qui vient de paraître, Le Sel de la vie, n’est pas un livre scientifique, « c’est une « fantaisie », née au fil de la plume et de l’inspiration » comme l’annonce en présentation son auteure. J’avoue qu’il m’est difficile d’en faire un compte-rendu, car j’hésite à classer ce bouquin qui selon les jours ou les heures, passe dans la catégorie des livres sans intérêt ou bien dans celle des livres de sagesse au quotidien !

Abordons la forme. Il s’agit d’une lettre envoyée à un ami et qui s’étale sur 80 pages mais dans laquelle Françoise Héritier ne fait que lister tous ces petits moments qui donnent du goût à la vie. Une liste de 80 pages, vous imaginez que ça fait beaucoup de petits riens où se mêlent souvenirs, émotions, plaisirs banals… qui vont « d’oublier de prendre son courrier » à « revoir Butch Cassidy et le Kid » en passant par « rechercher toujours bien qu’en vain le goût des reinettes du Mans ». A ce point de la chronique, certains vont se dire, mais à quoi rime cette daube ? Un bouquin qui en fait n’est qu’une énumération, merci bien. Je reconnais qu’il m’est difficile de donner tort à ces reproches et je les partage quand je suis dans ma phase négative.

Par contre, dans ma période positive, je parcours l’ouvrage sereinement, comme une poésie en prose et je m’arrête longuement sur chaque item de la liste, cherchant à retrouver en moi les émotions qu’ils suscitent. Le plaisir retiré est mince mais je conçois qu’on puisse l’apprécier. Vous voyez que je fais des efforts pour être objectif dans mon analyse.

Pour éclairer un peu plus la lanterne du futur lecteur éventuel, j’associerais Françoise Héritier et Philippe Delerm comme le tenon et la mortaise, sans allusion grivoise bien évidemment, elle, dressant la liste des sujets que lui développe en quelques pages dans ses propres livres. Et pour être franc, je préfère lire les petits billets simples de Delerm plutôt que la liste sèche d’Héritier.

Dans cette longue liste chacun n’y retrouvera pas tous ses petits – ce qui est normal – mais tous y trouveront des similitudes avec sa propre vie, donc sur 80 pages si vous ôtez ce qui ne vous concerne pas, il ne reste qu’un fascicule pas bien épais. Il ne coûte pas cher certes (7.00 euros), mais il ne vaut pas plus, non plus. Mon conseil est simple, lisez-le chez votre libraire, ce sera bien suffisant. Encore un de ces livres dans l’air du temps, où l’on vous vante le bonheur des plaisirs simples – et je suis d’accord sur ce constat – mais qui ne va pas plus loin. Si vous en étiez déjà convaincu avant de l’ouvrir, ennui total assuré, si ce n’est pas votre façon de voir les choses, après cinq pages le bouquin finira à la poubelle.

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Le Goût des mots

Encore une fois cet auteur m'emporte dans sa recherche comme dans "Le sel de la vie" et cette fois pour faire ma propre recherche sur les effets que me procure les mots. Ses représentations ne sont souvent pas les miennes dans la liste de ses mots, car justement les mots nous sont venus à travers notre histoire toute personnelle. Amusant de lire ses jeux à elle, et drôle de découvrir les nôtres par la même occasion. J'adore ces auteurs qui nous mettent sur de belles pistes de réflexions, et nous permettent de voir tant de richesse en nous.
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Le Goût des mots



J'ai un avis un peu mitigé sur cet essai.Comme un autre babeliote, j'ai trouvé le début du livre ardu, assez abstrait mais il y a ensuite de belles pages sur la façon qu'a chacun de percevoir ( ou pas) le rapport entre le son et le mot écrit, entre le signifié et le signifiant.



Ce qui m'a gênée aussi, mais finalement c'est logique car nous envisageons les mots de manière toute personnelle et subjective,ce sont les listes de mots avec la définition qu'en a l'auteur, très éloignée souvent de ce qu'il désigne vraiment.J'ai pensé à Colette et son interprétation , enfant, du mystérieux mot " presbytère"...Elle distingue cette catégorie de mots de celle où le mot " colle" à la chose.Là également, on peut ne pas avoir les mêmes avis qu'elle...



Etait-il judicieux de nous présenter une longue liste des expressions toutes faites ? Je ne crois pas.Par contre, montrer qu'une conversation peut ne vouloir rien dire en les utilisant, j'ai trouvé cela édifiant et amusant.On est très près de Jean Tardieu et ses " Mots inutiles"...



Bref, une étude qui fait réfléchir mais dans laquelle le lecteur ne se reconnait pas forcément car trop centrée sur le ressenti individuel, celui de l'auteur.
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Le Sel de la vie : Lettre à un ami

Drôle de bouquin que cet inventaire à la Prévert, sorte de catalogue de "j' aime" à la façon de " La première gorgée de bière...." avec toutefois, ça et là , référence à quelques moments douloureux. Françoise Héritier nous parle des petits ou grands instants magiques de sa vie, présente ou passée, sous forme de flashs, avec de nombreuses anecdotes concernant les voyages qu' elle a pu effectuer à l' étranger et ses rencontres avec des êtres marquants...Bref , une belle leçon de vie, une invitation à goûter à chaque instant, à se ressourcer par les souvenirs sélectionnés et le le sensualisme .
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Le Sel de la vie : Lettre à un ami

Petit opus entre souvenirs, autobiographie, hymne à la vie, méditation sur ce qui rend la vie agréable, "le sel de la vie". Importance des sens, du "terreau d'affects" pour accéder au monde et forger notre identité.

Françoise Héritier a voulu visiblement avant de partir "traquer l'imperceptible qui nous meut et nous définit" dans une très belle formule.

Méditations sur les chose agréables (d'autres le sont moins même si elle d'appesantit pas trop) qui en font une lecture qui ne restera peut-être pas inoubliable mais néanmoins très agréable.

A déguster sans modération.
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Masculin / féminin, tome 1 : La pensée de la di..

Bon, c’est un ouvrage un peu complexe pour moi, il y a beaucoup de mots qui me sont si ce n’est inconnus, du moins pas familiers et qui définissent, qualifient ou précisent des notions que je ne maîtrise pas. Mais tout est cependant exposé très clairement et de fait, que de choses apprises, découvertes au moins, à la lecture de ce livre.

Françoise Héritier apporte son expertise et son expérience pour clarifier les notions de masculin et de féminin à travers les âges. Ces notions ne sont pas niées mais leur origine est expliquée de manière culturelle et pas biologique, même si leur expression peut découler de faits biologiques.

Françoise Héritier montre que le genre existe dans la relation à l’autre et que les combinaisons possibles sont limitées en nombre. De là, elle fait, non pas un tour du monde, cela laisserait entendre une certaine exhaustivité, alors disons une promenade à travers différentes ethnies, différents groupes humains, pour comprendre pourquoi partout le masculin a pris l’ascendant sur le féminin qui est donc considéré comme le sexe faible, inférieur.

Ainsi, certains aspects vont être décryptés sous l’éclairage du mythe, de la croyance : les relations de parenté, les notions de fécondité et de stérilité, théories sur le sperme et le sang, leur influence sur le lait, les figures archaïques de la masculinité avec les « monstres », la construction raisonnée du genre. On rejoint la modernité avec des réflexions sur les nouveaux modes de procréation et la question de la reproduction et du droit à l’enfant. On apprend ainsi que de nombreuses sociétés définissent les liens de parenté indépendamment des liens du sang.



Dans une ethnie d’Afrique, les femmes étaient mariées parfois avant même de naître. Mais à la puberté, elles pouvaient choisir, ou leur mère choisissait pour elles, un compagnon qui leur correspondait bien. Elles restaient avec lui jusqu’à être enceinte, ou trois ans au maximum si aucune grossesse ne se déclarait. A ce moment-là, elles rejoignaient leur mari, choisi antérieurement par la famille et l’enfant à naître était officiellement l’enfant du mari, qui n’était pourtant pas le père biologique. Étonnante pratique qui toutefois apportait quelques avantages aux hommes, en particulier de ne jamais subir leur infertilité s’ils en étaient touchés.

La conception des enfants faisait l’objet de toutes sortes de croyances. Il était admis, je ne sais plus pour quel peuple, que les femmes fournissaient par leur sang, puisqu’il ne coulait plus pendant leur grossesse, le squelette du bébé, tandis que les hommes fournissaient par leur sperme, le sang et les organes du bébé, le sperme étant considéré comme une transformation du sang de l’homme. Et c’étaient les rapports sexuels qui façonnaient le bébé ; ils devaient donc être nombreux et puissants pendant les six premiers mois de la grossesse.

Chez les inuits, les enfants pouvaient naître avec une âme d’un sexe différent que leur sexe biologique. Une fille née avec une âme de garçon était alors élevée comme un garçon : habillée comme les garçons, elle participait alors aux activités masculines, jusqu’à sa puberté du moins, où elle devait alors reprendre la vie et les activités correspondant à son sexe biologique. Ce phénomène était vrai dans l’autre sens, avec un garçon que l’on élevait comme une fille durant son enfance. Ces considérations permettent évidemment de distinguer le sexe et le genre.



Tous ces exemples – il y en aurait tant encore, comme les femmes qui deviennent des hommes au regard de la société, épousant femmes et se faisant appeler « père » par les enfants que ces femmes ont avec d’autres – sont là pour illustrer ce que Françoise Héritier nomme la valence différentielle des sexes, point commun entre toutes ces sociétés, parfois si différentes entre elles, et la nôtre.



Un livre qui permet d’enrichir sa réflexion d’un regard éclairé et renseigné sur le monde. Cela permet de relativiser certains débats, en particulier la notion de parent biologique quand on voit la diversité qui s’est toujours révélée dans la parentalité et son exercice parmi les différents peuples.

Complexe, mais passionnant !


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Le Sel de la vie : Lettre à un ami

J'ai découvert Françoise Héritier quelques jours avant sa mort, sur le plateau de la Grande Librairie. Cette femme m'a paru fascinante, j'ai eu envie de lire ce qui faisait le sel de sa vie.

Ce petit opus est assez déroutant car on n'y trouve rien de personnel et à la fois quelque chose de très intime. Pour son ami et également son médecin, elle décide en effet de lister les petites choses qui, au long de toute une vie, éclairent cette dernière. Mais ce ne sont que des petits trucs du quotidien, voir un envol d'oisillons, humer l'air du matin, se souvenir du goût du miel l'été, etc...

Un petit inventaire à la Perec que tout un chacun devrait faire à la fin de chaque journée pour prendre conscience que chacune est précieuse !

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Le Sel de la vie : Lettre à un ami

Pourriez-vous me passer le sel?



Mais non, pas le chlorure de sodium, le Sel dont parle la Bible, le Sel indispensable à la vie, le Sel qui donne goût et saveur, le Sel qui relève la fadeur du quotidien, qui souligne et colore les instants ordinaires.

Françoise Héritier assaisonne allègrement les saisons et les jours, elle a sur le bout de la langue les épices, le sucré et le salé, les bruits et les odeurs, la musique et les images de la vie dans toutes ses nuances. Elle dévide comme une grosse pelote le fil précieux de tout ce qui nous donne plaisir, émerveillement, grâce, satisfaction, entrain, de tout ce qui entre par nos sens et fait vibrer et résonner une corde reçue avec la vie, une corde reliée à toutes les fibres de chaque être.

Rien de conscient ne s'oppose à cette longue énumération d'instants cueillis dans la mémoire. Comme elle nous pourrions écrire sur un cahier ces éclats de lumière qui refont surface à la fin d'une vie. Comme Agnès Varda dans "Visages, Villages", Françoise Héritier retourne sur ses pas et nous fait un dernier cadeau.

La vie a du sens quand nous nous sentons vivants. Peu importe si c'est en respirant une jacinthe ou en coupant du bois, en écoutant le souffle d'un être aimé ou en traversant le désert.

"Le monde a du sens à travers nos sens avant d'exister de façon ordonnée dans notre pensée et il nous faut tout faire pour conserver au fil de l'existence cette faculté créatrice de sens: voir écouter, observer, entendre, toucher, caresser, sentir, humer, goûter, avoir du "goût" pour tout, pour les autres, pour la vie."
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Le Sel de la vie : Lettre à un ami

D'abord charmée, je suis devenue au fil des pages agacée de voir ces perles fines enfilées l'une après l'autre, séparées de la précédente et de la suivante par le noeud d'une virgule, jusqu'à composer un sautoir suffisamment long pour faire de surcroît trois fois le tour du cou de Sa Majesté la Reine d'Angleterre, de même que cette phrase. En dépit de l'authenticité ces souvenirs minuscules, olfactifs, gustatifs, tactiles, auditifs, s'ils composent bien la trame unique d'une personne, lassent. Car pour qu'un souvenir brille, il doit être enchâssé, comme une relique, ou cousu sur la broderie d'une œuvre littéraire

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Le Sel de la vie : Lettre à un ami

un merveilleux petit livre qui fait qu'on s'arrête et que l'on prend le temps de rêver et de ressentir des choses en nous jusqu'a sentir parfois le sourire venir tout seul sur les joues! ce qui m'a entrainé dans l'exercice d'écrire moi meme les moments qui constituent le sel de la vie à mon sens...le résultat:s'émerveiller davantage
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Hommes, femmes : la construction de la diff..

D'où viennent les inégalités entre les hommes et les femmes ? Construction culturelle, inégalité fondée sur la nature et donc irréductible ?

Vous vous doutez bien qu'il s'agit d'une construction culturelle et qu'elle est ancienne, voire très ancienne ; mais sûrement pas inéluctable. Des progrès on été constatés de ce côté-ci du monde et bien qu'il reste du chemin à parcourir, je suis bien contente de vivre là maintenant qu'il y a 100 ans.

Ce petit regroupe regroupe une dizaine d'articles de vulgarisation scientifique qui essaient de comprendre pourquoi (à défaut de depuis quand) le féminin et ce qui lui est associé est toujours vu comme négatif. Sans surprise, c'est parce que les femmes peuvent enfanter, qu'elles perdent leur sang (ce qui a aussi un impact sur les méthodes de chasse. Car oui, dans certains coins du monde, elles peuvent chasser, si elles le font sans faire couler le sang. Genre assommer trop fort un phoque c'est possible). Le plus intéressant a été de savoir que même si elles apportent 2/3 de la nourriture quotidienne dans les tribus de chasseurs-cueilleurs et que les Inuits ont un 3è sexe social lié à leurs prénoms, associés ç leurs ancêtres. Si un garçon porte un prénom féminin, il sera éduqué comme une fille jusqu'à l'âge de devenir homme et inversement pour les filles, qui a leurs premières règles reviennent auprès de leur mère pour apprendre le rôle des femmes. Ce sont souvent ces personnes qui deviennent chamans.

Des informations plus tristes, qui vont poser des problèmes à l'avenir pour certains pays : le déséquilibre du ratio fille/garçon à la naissance. En France (par exemple), il naît 100 filles pour 105 garçons (ratio normal, qui s'équilibre au fil des années). Dans certains pays, comme la Chine, l'Inde mais aussi certains pays des Balkans, le nombre de garçons est plus élevé que celui des filles, au point de créer un véritable déséquilibre démographique : peu d'enfants dans les générations suivantes et donc un vieillissement plus rapide de la population. Et tout ça parce que ces sociétés sont encore très patrilinéaires...

Ce sont donc quelques unes des nombreuses informations de ce petit livre. C'est relativement accessible, assez facile à lire et ne demande pas de pré-requis. C'est une bonne introduction, en plus pluridisciplinaire (ethnologie, anthropologie, biologie...), pour qui veut d'où viennent les différence entre sexe.

Peut-être que cela permettra de lutter contre certains stéréotypes tenaces... (aller, un marrant : les femmes ayant leurs règles ne feraient pas prendre la mayo...)
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Le Sel de la vie : Lettre à un ami

100 "toutes petites" pages avec juste une liste d'innombrables "détails" : ceux qui, justement, font toute la différence.

Ces toutes petites choses de la vie qui lui donnent toute sa saveur : la caresse du vent sur la peau, l'odeur de la terre quand la pluie commence juste à tomber, le sourire d'un inconnu croisé en chemin, la forme particulière d'un nuage...

Ce recueil donne juste envie ...de vite attraper nous aussi un petit carnet et y noter ces moments précieux et si fugitifs, si vite oubliés, et pourtant tellement précieux qui, mis bout à bout, font la beauté de notre existence !
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