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Citations de Frédéric Pajak (279)


16 mai 1890 --- Après un peu plus d'un an d'internement, Vincent quitte enfin l'asile de Saint-Paul-de-Mausole. Il se rend à la gare de Tarascon, où il prend le train pour Paris. Il a laissé de nombreuses toiles au Dr Peyron qui ne les estime guère --- et qui laissera son fils en faire des cibles pour s'exercer à la carabine. Un photographe de la région, peintre à ses heures, en récupérera quelques-unes ; à l'aide d'un grattoir, il effacera la peinture et utilisera la toile pour lui.
p 225
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« L’art est long et la vie est courte », écrit-il à Theo. Avant de conclure : « Pour faire du bon travail, il faut bien manger, être bien logé, tirer un coup de temps en temps, fumer sa pipe et boire son café en paix. » Sage philosophie. Par moments, devant cette nature, il éprouve une « lucidité terrible » : il ne se « sent plus », si bien que le tableau s’accomplit comme dans un rêve. Et ce qu’il redoute - avec une lucide prémonition -, c’est la mélancolie qui succédera fatalement à l’euphorie.
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Il n'a jamais cru en son talent --- il reconnaissait en être à peu près dénué ---, mais il croyait en son destin. Mieux : il savait qu'à force de persévérance, il percerait un des secrets de la peinture, à savoir la couleur. Il la soumettrait, cette insoumise, l'obligerait à batailler ton contre ton dans cette guerre des complémentaires que nul avant lui n'avait mené si loin. L'oeuvre d'un fou ? Non, l'oeuvre d'un homme parfaitement raisonnable, qui a su se défaire des égarements décoratifs de la peinture de son temps. p 11-12
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La télévision est hiérarchisée comme n'importe quelle entreprise, sauf que c'est l'audience qui fait la hiérarchie. C'est son seul critère. Un trublion peut dire n'importe quoi, tant qu'il fait de l'audience.
Tout le monde ne regarde pas la télévision, mais elle occupe une grande partie du temps de loisir. Après la Seconde Guerre, dès que le téléviseur est entré chez les gens, il a occupé leur vie. C'est bien d'une occupation qu'il s'agit.
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Témoignage de Micaël, dessinateur

Il y a toujours une part de mystère qui émane de ses dessins. Et de son écriture aussi. Mais pour moi, , c'est à travers son dessin qu'on a tout Frédéric Pajak. Ainsi, l'union si caractéristique du noir et de la lumière est représentative de ce qu'il est, quelqu'un de très profond, donc forcément de sombre,et d'absolument lumineux en même temps. (p. 130)
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Vincent peint quelque soit le temps. Il peint vite, amplement, se détourne de plus en plus de la lumière des impressionnistes pour ne chercher que la structure du paysage, à coups d’« oppositions des rouges et des verts, des bleus et des oranges, du souffre et du lilas », disposées presque en aplats. Il ne veut rien savoir de l’évanescence des choses : il s’attache à leur densité.
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La poésie d’Emily Dickinson ressemble littéralement à un jardin secret. Si son auteur semble dédaigner la chair du monde extérieur, c’est pour mieux en recréer l’os. Émily n’a que faire du commerce des hommes, de leur médiocrité, de leurs gesticulations, car elle se tient au coeur même de la vie, là où l’âme s’ébat dans les tourments. Elle veut donner sa voix à l’indicible, car elle comprend que seule la poésie peut donner accès à cet « au-dedans » de la vie. Elle sait que les mots forment le parcours le plus direct pour l’atteindre. Elle sait aussi qu’en refusant les anecdotes et les formules convenues, elle prend le risque de se perdre et de perdre son lecteur chimérique dans l’obscurité des métaphores.
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Vincent ne croit qu'en la compassion, en l'amour désintéressé. Et puis, au plus profond de lui-même, il croit en l'art, en cette puissance indéchiffrable par laquelle le monde se créé se confond avec le monde à créer. Même s'il manque de confiance en soi, il se sent profondément créateur, investi d'un devoir auquel il ne se dérobera pas, car "seul celui qui a une religion, une vue originale de l'infini, peut être artiste". (p. 100)
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Comme à Pékin, comme à Shanghai. Des jeunes femmes fardées, tirées à quatre épingles, raides comme des poupées, déambulent en grappes dans cette forteresse de la marchandise, apparemment inexpugnable, mais qui, un jour ou l'autre, disparaîtra aussi vite qu'elle a jailli. Tout n'est que luxe, agitation et vanité. (p. 127)
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Qu’est-ce que je fais sur terre ? - J’écoute mon âme. 

Marina TSVETAÏEVA
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J'ai donc grandi dans de pauvres idées, de faux sentiments. J'ai été incapable d'y remédier. Devant ma défaite, j'ai l'impatience du fossoyeur au moment de donner la dernière pelleté. Je sais l'impossibilité d'embrasser le monde, le temps, l'Histoire. De cette Histoire, il ne reste pas même un os à ronger. Elle a raté jusqu'à son suicide. Rien de vivant n'est advenu.
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Vincent a trente ans, son front est ridé, ses mains sont crevassées, il en paraît quarante --- "Je vais au-devant d'une époque critique où l'eau monte, monte, elle arrivera peut-être jusqu'à mes lèvres, même plus haut encore : comment le savoir d'avance ?" Il se désole de sa jeunesse envolée et maudit son époque, avec ses usines et ces voies ferrées qui poussent partout, apportant avec elles leurs cortèges de misère. Il pleure devant les machines qui ôtent aux campagnes leur austère poésie. p 108
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Jacques Zwahlen, ami d'enfance

Frédéric excellait dans le rôle du procureur. Il se montrait drôle et percutant, manifestant une lucidité psychologique hors du commun. Avec son vécu d'enfant abandonné et d'adolescent maltraité, il s'est lancé dans un exercice à haut risques. S'il a réussi au-delà de toute espérance, c'est parce qu'il est parvenu à exprimer une pensée quasi extra-lucide à fleur de peau. Et tout cela avec un humour imperturbable, une ironie décapante, une constante autodérision, mêlés à une sensualité savamment filtrée-distillée, je dirais, avec une immense pudeur de sentiment. (...) En s'épanouissant dans l'essai dessiné, il est devenu une personnalité morale et artistique de référence. C'est un parcours impressionnant. Un vrai tour de force. (p. 35)
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La sensibilité, l'étonnement, la frayeur devant les choses et les gens ne s'enfouissent plus dans le langage obéissant ; ils s'échappent dans les mots de l'ironie, afin que plus rien ne soit jugé sérieux.
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Éteindre la télévision. Suspendre l'activité de son ordinateur. Quitter le petit écran, le journal télévisé, la boîte aux lettres virtuelle où se déverse le "courriel" réel.
Retrouver les êtres en chair et en os, la rue qui sent et fait du bruit, le paysage éclatant ou dévasté, le ciel immense.
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Quand il ne peint pas, il lit des pièces de Shakespeare que Theo lui a envoyées. Cette lecture le transporte dans un tel état d'excitation que, pour se calmer, il lui faut aussitôt "aller regarder un brin d'herbe, une branche de pin, un épi de blé" (p. 212)
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Il [Van Gogh] songe aux peintres japonais, à qui il voudrait tant ressembler: "Ces Japonais si simples vivent dans la nature comme si eux-mêmes étaient des fleurs." Il admire leur vision du monde: "Si on étudie l'art japonais, alors on voit un homme incontestablement sage et philosophe et intelligent, qui passe son temps à quoi ? A étudier la distance de la terre à la lune ? A étudier la politique de Bismarck ? Non. Il étudie un seul brin d'herbe. Mais ce brin d'herbe le porte à dessiner toutes les plantes, ensuite les saisons, les grands aspects des paysages, enfin les animaux, puis la figure humaine. Il passe ainsi sa vie et la vie est trop courte, à faire le tout" (p. 170)
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Le ciel se déshabille, jette ses guenilles blanches ourlées de grisaille. Sur sa peau d'azur se glisse l'univers qui, l'après-midi encore, n'était qu'une tache de couleur sur l'infini. Nous l'avons appris par coeur, ce grand ciel ouvert, avec sa galaxie, avec ses quelques étoiles familières. Et pourtant, le ciel revient chaque soir comme une nouvelle énigme. Dieu, que la science est assommante, à mesurer l'ineffable, à vouloir éclairer l'invisible ! (p. 50)
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Portrait de Pavese par Natalia Ginsburg

Il était , parfois, très triste; mais nous avons cru, pendant longtemps , qu'il guérirait de cette tristesse, lorsqu'il se serait décidé à devenir adulte; parce que sa tristesse nous semblait celle d'un enfant, la mélancolie voluptueuse et rêveuse d'un enfant, qui n'a pas encore touché terre et qui se meut dans le monde aride et solitaire des songes.
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Cesare Pavese, lui, contemple la ville (Turin ) presque du seul oeil de la neurasthénie, comme s'il aimait s'attarder dans sa part d'ombre : les usines, les ouvriers exténués, la tristesse poisseuse des quartiers d'industrie- d'une mélancolie funeste.
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