"Les véritables héros de mes livres sont des sentiments : la solitude, le chagrin d'amour, la mélancolie, le deuil."
(p. 145)
Déjà plus de dix jours que j'ai littéralement "avalé" cet ouvrage passionnant, le temps d'un trajet en train de Paris à Murat ( Cantal) pour des vacances fortement attendues, chez des amis !
Malheureusement, freinée par l'absence d'ordinateur depuis le 24 septembre...ma critique est restée depuis au brouillon, sur papier !!!
Ayant enfin réussi à squatter un ordi chez une gentille camarade-voisine, je "pose" mes impressions de lecture, des plus enthousiastes... et fourmillant d'informations sur ce graphiste-peintre-écrivain, Frédéric Pajak, dont j'ai découvert par hasard, il y a déjà fort longtemps son travail extraordinaire sur le noir.....Mes deux premiers coups de coeur sont parmi les tout premiers volumes du "Manifeste incertain": "Une immense solitude" et "Le Chagrin d'amour".
Parmi les derniers, j'ai été bouleversée et "captée" littéralement par le "Van Gogh"...
Ce très bel ouvrage, est en harmonie complète, avec les autres tomes du "Manifeste incertain", même maquette et présentation... comprend une très foisonnante iconographie, qui m'a permise , entre autres, de prendre connaissance de ses peintures, ainsi que de ses caricatures et dessins de presse dont j'ignorais tout... ainsi que des peintures de Jacques Pajak, son père, lui-
même artiste-peintre.
Pour ma part, ce sont ses textes-essais dessinés que je connaissais et suivais avec passion; Ce fabuleux travail de graphiste, cette finesse et expressivité du trait sur le noir et le blanc...me subjuguent de façon inconditionnelle...
Les entretiens présentés ici, avec F.P., ses amis, nous offrent une vision très élargie et palpitante du parcours de cet "artiste global"... J'ai adoré toutes les précisions concernant précisément son travail de dessinateur, véritable prouesse d'orfèvre sur le noir, le blanc, le gris... J'ai appris en même temps que F.P. avait commencé à 15 ans chez un imprimeur...qu'il maîtrisait à fond la fabrication de "l'Objet-Livre", et se montrait toujours très exigeant en la matière.
Très révélateur d'apprendre le sort très inégal de chacun de ses livres... dont l'échec -coup de poing du "Martin Luther, l'inventeur de la solitude", qui fut totalement incompris...
En lisant en détails l'origine de chacun de ses ouvrages, je comprends mieux pourquoi ils me touchent autant .. et résonnent très loin en moi.
"Charles Ficat, éditeur et écrivain ---
Dans l'oeuvre de Frédéric Pajak, il y a un long sanglot. Une tristesse inconsolable. "(p. 110)
"Jacques Zwahlen, ami d'enfance----
Frédéric excellait dans le rôle du procureur. Il se montrait drôle et percutant, manifestant une lucidité psychologique hors du commun. Avec son vécu d'enfant abandonné et d'adolescent maltraité, il s'est lancé dans un exercice à haut risques. S'il a réussi au-delà de toute espérance, c'est parce qu'il est parvenu à exprimer une pensée quasi extra-lucide à fleur de peau. Et tout cela avec un humour imperturbable, une ironie décapante, une constante autodérision, mêlés à une sensualité savamment filtrée-distillée, je dirais, avec une immense pudeur de sentiment. (...) En s'épanouissant dans l'essai dessiné, il est devenu une personnalité morale et artistique de référence. C'est un parcours impressionnant. Un vrai tour de force. "(p. 35)
Après ce volume d'entretiens, qui est une vraie mine d'or... [ **à recommander à tous les passionnés de ce graphiste-écrivain mais aussi à tous les curieux sensibles , à la littérature ,au dessin et à l'art... sans omettre les amateurs attirés par le Beau conjugué à et la contestation..].je poursuivrai avec la lecture d'"Autoportrait"... Toutefois que de bonheurs futurs en perspective, car il semble rester d'autres projets pour nourrir et
compléter ce "Manifeste incertain" qui me fait songer à une sorte de testament artistique , littéraire et personnel...global.
Une lecture captivante et un régal absolu pour les yeux !... A ne pas manquer , vraiment!!
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Jacques Zwahlen, ami d'enfance
Frédéric excellait dans le rôle du procureur. Il se montrait drôle et percutant, manifestant une lucidité psychologique hors du commun. Avec son vécu d'enfant abandonné et d'adolescent maltraité, il s'est lancé dans un exercice à haut risques. S'il a réussi au-delà de toute espérance, c'est parce qu'il est parvenu à exprimer une pensée quasi extra-lucide à fleur de peau. Et tout cela avec un humour imperturbable, une ironie décapante, une constante autodérision, mêlés à une sensualité savamment filtrée-distillée, je dirais, avec une immense pudeur de sentiment. (...) En s'épanouissant dans l'essai dessiné, il est devenu une personnalité morale et artistique de référence. C'est un parcours impressionnant. Un vrai tour de force. (p. 35)
Je me sens étranger partout, mais pas exilé. En Suisse, quand j'étais enfant, j'avais un fort accent français et on m'appelait « le titi parisien ». Je me sentais plus proche des immigrés italiens et espagnols que des Suisses. Pourtant, la langue française aurait dû nous réunir. J'ai eu une scolarité très brève, j'ai donc peu étudié la grammaire ; j'ai dû l'apprendre par moi-même, en lisant. Je ne suis pas tout à fait à l'aise dans ma langue maternelle, comme si elle m'était un peu étrangère. Mais j'aime la langue française, je l'aime de plus en plus. Comme toutes les langues vivantes, elle dégénère plus qu'elle n'évolue, et cela m'afflige. Au fond, je suis attiré par un certain classicisme, celui des XVIIIe et XIXe siècles.
Témoignage de Micaël, dessinateur
Il y a toujours une part de mystère qui émane de ses dessins. Et de son écriture aussi. Mais pour moi, , c'est à travers son dessin qu'on a tout Frédéric Pajak. Ainsi, l'union si caractéristique du noir et de la lumière est représentative de ce qu'il est, quelqu'un de très profond, donc forcément de sombre,et d'absolument lumineux en même temps. (p. 130)
Philippe Garnier, écrivain
Si Dieu existe et que Frédéric Pajak arrivait au paradis, quelle parole aimerait-il entendre de sa part ?
"Tu m'as fait chier de ton vivant et tu as gagné le droit de me faire chier pour l'éternité" . (p. 45)
Un an plus tôt, dans le wagon-couchette qui m'amenait à Rome, un titre m'était venu à l'esprit : Manifeste incertain. J'ai su qu'un jour ce titre deviendrait un livre, mais j'étais incapable d'en écrire la première ligne. Pour l'heure, je cherchais à vendre mes "graffitis". J'ai pris rendez-vous à Hara-Kiri. C'est Gébé qui m'a reçu. Il a longuement examiné mes dessins, avant de lâcher ces mots : "Ce n'est pas assez commercial". Des année plus tard, on en a ri. (p. 37)
Lecteur, écrivain, dessinateur, Frédéric Pajak déploie son imaginaire depuis 2012 dans un livre sans fin, "Le Manifeste incertain " : au rythme d'un volume par an, cette entreprise littéraire s'achève cette année avec la parution de son 9e volume "Avec Pessoa". Si chaque volume est consacré à la biographie d'une figure que L Histoire a longtemps malmené, ils tissent entre eux une toile plus vaste, l'incertitude comme fil rouge.