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Critiques de Georges Bernanos (309)
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Sous le soleil de Satan

un roman qui aurait en d'autres temps fini dans les flamme de l'enfer comme ces personnages qui oscillent entre le bien et le mal.
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La liberté, pour quoi faire ?

Je pensais aborder un auteur visionnaire et je m’aperçois à quel point il est prisonnier de son époque. Ce recueil de conférences tient plus du pamphlet que de l'essai philosophique, et les fantasmes de dictature mondiale fondée sur la menace du feu nucléaire ne rendent pas honneur à la pensée de Bernanos. Ce dernier me fait penser aux mauvais côtés de Alain Finkielkraut ou Michel Onfray : il s'agit d'un conservateur qui dénonce les errements du progressisme alors que sa réflexion est sous-tendue par les mêmes valeurs humanistes, les mêmes idéaux des Lumières et des Droits de l'Homme, qui guident les progressistes eux-mêmes – si ce n'est qu'il y arrive par le christianisme. Il prétend les combattre sur leur terrain et avec leurs armes. Il fustige le "progrès" mais en adore les idées mères. En somme, pour paraphraser Bossuet, il me semble qu'il déplore les effets dont il chérit les causes.



Pourtant il y aurait à dire sur ces causes idéologiques qui le mènent à raisonner abstraitement. Bernanos défend que la France – ou plutôt l'idée que M. Bernanos se fait de la France, à savoir défenseuse des Lumières et de l'idée pure, quasi-platonicienne, de Liberté – doit faire rayonner ces grandes valeurs dans le monde afin d'être son phare dans la nuit, quand bien même ce serait au dépends de la puissance politique, économique ou militaire du pays. Or, il oublie qu'on a pu répandre nos valeurs "universelles" au XVIIe et XVIIIe parce qu'on était la superpuissance de l'Europe. Depuis la fin de la guerre, ce sont les États-Unis qui imposent leur universalisme. Une nation ne peut défendre des idées que si elle compte politiquement, militairement ou économiquement. C'est la puissance du pays qui fait son rayonnement. Bernanos, loin de ces considérations matérielles qu'il méprise, prétend faire briller un idéal en faisant l'économie du corps national qui le porte. On reconnait bien là une vielle logique chrétienne : vénération de l'âme mais détestation du corps physique.



Il y aura bien des sentences, presque des aphorismes, que l'on pourra citer en se disant qu'il a visé juste, que ses craintes ont pu se réaliser, mais elles s'appuient sur des opinions très générales, de l'ordre de la discussion entre piliers de bars, qui ne s'ancrent jamais dans le particulier, qui évitent les arguments précis et concrets en leur préfèrent les idées abstraites, toujours vagues (en l’occurrence la Liberté, l'Égalité, la Justice, etc.), que l'auteur enfile comme des perles afin d'arriver bon gré mal gré où il veut. La marge d'interprétation possible grâce aux propos flirtant avec le métaphysique, permet à chacun d'y trouver quelque chose pour son compte, mais le grand plaisir que procure ce livre, c'est surtout celui de ne pas être d'accord.
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Un crime

Une curiosité pour moi que ce roman policier puisqu'il s'agit du premier des deux seuls écrits par Georges Bernanos, l'auteur désirant d'après ce que j'ai pu lire surfer sur le succès d'un autre Georges : Simenon.



Ce qui m'a rapidement frappé, c'est le contraste entre une narration omnisciente très littéraire – on n'en attendait pas moins -, je dirais même sophistiqué, et des dialogues s'adaptant bien au niveau social des intervenants, pouvant passer du châtié au populaire. Il faut dire que l'action se passe à Mégère, un petit village de montagne proche de Grenoble, certainement dans les années trente - le roman a été écrit en 1935 -, et que les protagonistes sont de rudes campagnards, sauf le nouveau curé arrivé le jour même des événements, le docteur, et les enquêteurs, dont le juge d'instruction Frescheville.



Tout juste débarqué dans sa nouvelle affectation, le jeune prêtre permet, grâce à une ouïe fine qui a capté dans la nuit des cris et des coups de feu, de découvrir une scène de crime dans une maison bourgeoise.



Le rythme est plutôt lent, en partie en raison du style évoqué précédemment. L'intérêt principal du récit se trouve dans le personnage du nouveau curé au charisme certain, dont l'attitude apparaît rapidement étrange, voire ambiguë, et sa relation toute en subtilité avec un juge à qui une grande finesse d'esprit permet de pousser sa réflexion au-delà des apparences auxquelles ses collaborateurs, sans imagination selon lui, attachent trop d'importance.



J'ai retrouvé dans ce roman de Bernanos des similitudes avec ceux du célèbre Belge cité en début de chronique, l'auteur s'éloignant sensiblement des canons du polar classique, privilégiant l'atmosphère et la psychologie des personnages à l'action. le récit est également ancré dans un terroir et, par certaines expressions quelque peu désuètes, dans une époque. L'intrigue, puisqu'il s'agit tout de même d'un roman policier, s'avère assez complexe, reposant sur des secrets du passé dont le curé donne rapidement l'impression d'être le principal dépositaire.



Les dernières pages, censés faire toute la lumière sur l'enchaînement des événements, m'ont laissé comme une inconfortable impression de doute sur mon entière compréhension, et je ne suis pas sûr que la lumière fut totale pour moi. Il n'en reste pas moins une curiosité que j'ai lue avec plaisir, et qui a dû paraître quelque peu avant-gardiste en 1935.
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Les grands cimetières sous la lune

historique, politique philosophique, réflexion très ardue à lire. je n'ai pas eu de plaisir à le lire et l'ai trouvé difficile à suivre
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Un crime

Désolée, Georges, mais à mes yeux vous n'avez pas respecté le pacte! (Le pacte narratif, et plus particulièrement celui du genre policier. C'est ainsi que cela s'entend. Bien sûr...).Car enfin, cet improbable assassin que l'on tire à la dernière minute de sa manche, dans les deux ou trois dernières pages du roman : est-ce vraiment un procédé digne d'un grand écrivain ? Par ailleurs, la liste serait longue des éléments mystérieux , inquiétants, qui même à la fin du récit resteront totalement inexpliqués.

Dans les premières pages, certes, une belle description de la rude société paysanne, dans le premier tiers du XXème siècle. Elle nous replonge dans une France rurale encore très imprégnée de religiosité (elle m'a par moments rappelé l'atmosphère brutale, ensauvagée, de certains livres de Giono). Il se trouve, cependant, qu'un crime horrible a été commis, la nuit même où un très jeune prêtre rejoignait sa paroisse...(On se demande un peu ce qu'il vient faire dans ce texte. A peine arrivé, pour des raisons mystérieuses, et qui ne seront pas vraiment élucidées, il tombe malade et il repart....... Admettons).

Le vrai problème, c'est que le narrateur sait d'emblée infiniment plus de choses que nous autres lecteurs. De sorte que le caractère énigmatique, à la limite du rébus, de certains caractères, ou dialogues, ou comportements ( par exemple l'inexplicable sympathie que le juge enquêteur ressent d'emblée pour le jeune prêtre), bref cet aspect charades qui m'avait déjà passablement agacée dans "Sous le Soleil..." confine ici à l'absurde. On en trouvera quelques exemples à la fin de ce billet... **

D'ailleurs, est-ce pour faire "moderne" que le récit multiplie ensuite les signes ambigus: la dévotion passionnée d'un petit garçon pour le beau jeune prêtre? le compagnonnage, amical voire amoureux, de deux femmes encore jeunes?

Je m'en doute, il y a très certainement une lecture plus "perspicace", plus chrétienne, à savoir la contagion du mal: l'infestation par l'envie, l'appât du gain, qui fragilise l'ensemble de la société et se répercute par ondes maléfiques jusque sur les âmes les plus pures... Mais si réellement c'est ce que Bernanos a voulu dire, il me semble qu'il aurait dû l'exprimer plus clairement !

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** Exemples de phrases incompréhensibles ( Ou alors, c'est trop fort pour moi!) " Au premier regard, le curé de Sommelièvres apparaît comme l'un de ces doux qui posséderont la terre mais qui doivent en attendant se contenter d'y voir prospérer des animaux si différents d'eux-mêmes qu'ils ne sauraient seulement oser leur rappeler une promesse dont l'accomplissement risquerait d'ailleurs de les prendre tragiquement au dépourvu".

Ou bien encore:

"L'ancienne religieuse prévenue par l'homme d'affaires même de l'archevêché, principal artisan de l'intrigue, s'était efforcée d'obtenir de sa fille qu'elle tentât, au nom, bien qu'à l'insu, de la petite-nièce, une démarche désespérée dont elle eût pu attendre la réconciliation des deux femmes, si éloignées l'une de l'autre par l'âge, les habitudes, une ignorance réciproque de leur véritable nature et un orgueil démesuré... le seul hasard avait fait le reste".

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Nouvelle histoire de Mouchette

Nouvelle Histoire de Mouchette

Le roman poignant et universel de Bernanos

Ce roman que j'ai lu une seule fois, fait partie de ceux qui marquent pour toujours. Relu il y a quelques jours, j'ai constaté qu'il n'avait rien perdu de sa force pour moi. L'une des pépites littéraires dont j'ai toujours conseillé la lecture aux amoureux de la vraie littérature, cette littérature qui nous dévoile la part obscure du monde et de l'être humain. Ce serait une erreur de condamner ce roman à la vision catholique de l'auteur Georges Bernanos, dans ce roman l'auteur nous livre simplement l'image sombre du monde rural impitoyable. Ce qui est malheureusement encore d'actualité et le sera toujours. L'enfant, différente, sublime et émouvante dans sa sincérité et son innocence, livrée à elle-même, mise devant la cruauté des hommes comme devant un peloton d'exécution. le texte est admirable par sa qualité d'écriture. Sa grande précision, sa générosité et sa sensibilité bouleversent toujours autant. Un inoubliable livre littéraire.

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La liberté, pour quoi faire ?

Libéralisme et communisme ne sont-ils pas deux facettes du totalitarisme ?

Le monde des machines libère-t-il l'homme ou l'asservit-il ?

Et même, l'homme veut-il être libre ou préfère-t-il le confort d'être dirigé (voire asservi) ?
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Sous le soleil de Satan

Une rencontre avec Satan, des gens atteints de religiosite plus ou moins aigüe, un soi-disant saint (et pourquoi donc ?) avec des états d’âme, une jeune fille symbole du Mal (et pourquoi donc ?) poussée au suicide par le dit saint. Bref, un monde chelou qui m’est complétement étranger. Rien compris mais ravi d’être athée.
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Les grands cimetières sous la lune



Georges Bernanos écrit « Les Grands Cimetières sous la lune » en 1937-1938. Il vit alors en Espagne, à Majorque où la guerre civile a éclaté en 1936. Témoin des massacres perpétrés par les franquistes, il renie son soutien aux nationalistes. Royaliste et catholique, il a rompu avec l’Action Française quelques années plus tôt. « Les Grands Cimetières sous la lune » est un essai dans lequel l’auteur s’attache à développer sa position et l’évolution de son soutien à Franco. S’il reste catholique pratiquant, il dénonce l’évêque de Palerme qui appuie les nationalistes dans leurs massacres et la complicité muette de l’Eglise. Le livre doit être replacé dans le contexte historique. Georges Bernanos rend compte des exactions des fascistes italiens, de l’aveuglement des européens devant les menées d’Hitler alors qu’ils se croient « protégés » des visées bolchéviques. L’auteur se livre à des démonstrations où le raisonnement accuse l’hypocrisie de ses contemporains dans leurs pratiques religieuses, leurs engagements politiques. Le discours est encore marqué par les premiers engagements de Georges Bernanos et comporte des propos antisémites. Le style, le lexique et une certaine « emphase » marquent le livre qui paraît d’un autre temps. Toutefois, Georges Bernanos annonce les grands conflits à venir en observateur partisan et clairvoyant. Resitué dans son contexte, le livre est intéressant .Il demande toutefois critique et exigence dans sa lecture.

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Les grands cimetières sous la lune

Ce livre est la réflexion philosophique et politique de Bernanos, choqué par les horreurs du franquisme, mais également de tout extrémisme. Il dénonce les travers humains, faits de mesquineries, d'imbécilités, d'égoïsmes. Ces travers sont propices à toute dictature et à toute violence. Il dénonce également la manipulation religieuse, utilisée pour l'ambition et le profit de quelques uns.

Très intéressant à lire ! Une véritable réflexion qui sonne juste, sans aucun manichéisme !
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Sous le soleil de Satan

Grosse déception pour ce livre. La quatrième de couverture était prometteuse. Je m'imaginais un combat entre des démons, des anges, etc mais ce n'était rien de tout cela. C'est le récit de la vie sans intérêt d'un prêtre de campagne. Le village le dit Saint mais je ne sais pas pourquoi car dans le roman il n'a fait aucun miracle et on ne peut pas dire que sa vie soit exemplaire.
Lien : http://unlivreunwakanda.cana..
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Nouvelle histoire de Mouchette

L'écriture du dénouement est magnifique !
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Un crime

Un jeune curé fraîchement sorti du séminaire arrive dans un petit bourg isolé, Mégére, sa première paroisse. La nuit même, un meurtre est commis. Bernanos, dans ce livre, livre une galerie de portrait et une description des relations humaines plutôt qu’une enquête policière. Cependant, malgré ce qui est écrit dans un paragraphe de présentation « Sous la lente progression de l’enquête, la vérité, trop tôt devinée, n’est pas sans ménager quelque surprise », il me reste après ma lecture des zones d’ombre assez importantes. Comme dans Journal d’un curé de campagne, le curé de Mégére est jeune, inexpérimenté, fiévreux au sens propre comme au sens figuré et terriblement exalté
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Un crime

Incursion de Bernanos dans l'univers du policier : un crime dans une campagne dont le personnage central est un curé ! Au début, j'ai vraiment adhéré : un policier avec du style, un meurtre bien mystérieux, un personnage central dont on comprend tout de suite qu'il cache quelque chose... mais cela n'a pas duré.. d'abord parce que je me suis dit que j'espérais que le coupable qui me paraissait évident n'était pas le bon et qu'on allait assister à un retournement spectaculaire. Sinon ce serait trop simple .. Et ensuite parce que, parvenue au terme de ma lecture, je me suis dit que je n'avais à peu près rien compris. J'ai d'ailleurs dû lire des commentaires et des explications d'autres lecteurs pour être sûre notamment du mobile et des circonstances. J'ai eu le sentiment qu'il nous mettait un dénouement que rien dans la présentation des personnages et de leur passé, dans les discussions, les descriptions ne permettaient vraiment d'imaginer, surtout si on s'attache à une certaine cohérence psychologique. Enfin le déroulement de l'enquête est assez peu convaincant et le personnage du petit juge est plutôt déroutant. Quelques scènes frisent même le ridicule.

Pour autant la lecture n'est pas désagréable par les qualités du style et l'univers de l'auteur.
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La France contre les robots

Georges Bernanos (1888-1948) est un écrivain français. Il obtient le succès avec ses romans Sous le soleil de Satan (1926) et Journal d'un curé de campagne (1936). Dans un premier temps proche des mouvements monarchistes d'avant-guerre, engagé un temps dans l’Action Française et proche de l’antisémite Edouard Drumont, il rompt avec ces derniers et leurs représentants à l'occasion de la guerre d'Espagne, prenant le parti du peuple opprimé contre Franco. Ecrivain biface, il y a bien entendu le romancier catholique explorant les combats spirituels entre le Bien et le Mal mais il y a aussi le pamphlétaire, intellectuel engagé dans les combats de son temps comme le prouve ce petit ouvrage, La France contre les robots (1947) qui vient d’être réédité.

Avec ce brûlot particulièrement virulent, Bernanos s’attaque à la société industrielle et au monde de la Machine qui s’apprête non seulement à changer le monde et mais pire encore à modifier le mode de pensée des humains en les assujétissant et par là-même en les privant de leurs libertés. Ce monde où tout sera régi par la performance, l'efficacité et la rentabilité va droit dans le mur, totalement déshumanisé.

La liberté est en grand danger prédit l’écrivain, mais de quelle liberté s’agit-il ? car « lorsqu’un homme crie : « Vive la liberté ! » il pense évidemment à la sienne. Mais il est extrêmement important de savoir s’il pense à celle des autres. » (…) « Qui ne défend la liberté de penser que pour soi-même, en effet, est déjà disposé à la trahir. »

Puissante charge contre la montée en puissance du capitalisme industriel et son corollaire le progrès technique porteurs de tous les maux, Georges Bernanos taille à grands coups de machette la pensée envahissante des « imbéciles », terme maintes fois répétés dans ce bouquin.

On n’est pas obligé d’être d’accord avec tout ce qu’écrit ici Bernanos malgré de réelles prémonitions, par contre le lecteur s’en prend plein les oreilles tant le texte nous hurle que le danger est là.

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Un crime

Un crime / Georges Bernanos

L’histoire se passe à Mégère, petit village montagneux de la région grenobloise où est attendu le nouveau curé en remplacement du vieil abbé mort il y a peu. Céleste, la vieille bonne du presbytère est dans tous ses états car il semble bien que le jeune curé annoncé ait manqué la patache de l’après midi. Même Phémie la sonneuse de cloche qui vient d’accourir ne l’a pas vu.

Dans la nuit, un bruit se fait entendre et Céleste ouvre la porte au jeune curé, un curé à l’allure bizarre, fin comme une fille, qui se confond en excuses pour le retard. Ayant manqué la patache, c’est le vieux berger Mathurin rencontré en chemin qui l’a conduit avec sa carriole. Le premier contact est chaleureux et Céleste est rassurée : « Elle ne devait jamais oublier ce sourire qui, si vite, avait conquis son cœur, gagné sa fidélité pour toujours. Eut-elle dès ce moment le pressentiment qu’il serait la consolation de sa dernière heure, la suprême vision qu’elle emporterait de ce monde où sa simplicité ne s’était guère étonnée de rien. »

Et soudain dans la nuit bien avancée, on frappe à la porte de sa chambre : le jeune curé a entendu des cris et un coup de feu loin dans le village du côté du château semble-t-il selon Céleste après explications du curé. Le village est réveillé et le maire et ses amis partent vers le château de Madame Beauchamp et tombe sur le corps agonisant d’un homme ensanglanté gisant dans les halliers. Mme Beauchamp est veuve et habite depuis une dizaine d’années la belle demeure. Elle y vit en compagnie d’une ancienne religieuse sécularisée, Louise, qui lui sert de gouvernante, et d’une petite bonne de quinze ans, Philomène.

L’accueil au château par la gouvernante est plutôt froid. Suivie à distance par le maire et le garde champêtre elle monte à la chambre afin de prévenir la maîtresse de maison des événements survenus dans son parc. Mais la porte est ouverte et une énorme surprise attend le groupe frappé de sidération.

L’enquête est confiée à un petit juge perspicace et un procureur un peu rustre. Le curé, la gouvernante, André le petit clergeon du presbytère, Évangéline la nièce héritière qui habite à Chateauroux et Philomène, sont interrogés tour à tour.

De ce thriller policier façon Bernanos émane comme un parfum d’Agatha Christie à la française. Comment le juge Frescheville va t il pouvoir démêler cet écheveau où chaque personnage semble détenir un secret ou une part de vérité ? Les non dits sont monnaie courante dans les campagnes et on se méfie du petit juge venu de la ville. Le curé de Mégère semble particulièrement jouer un rôle trouble d’autant plus qu’il est tenu au secret de la confession et ne doit pas risquer la forfaiture d’une délation qui le punirait. Au fil des pages, on se demande quel peut bien être son rapport avec Évangéline la nièce de la châtelaine.

Un récit fascinant ou l’auteur donne au roman policier la dimension d’une aventure spirituelle, d’un débat où les passions se heurtent sous le couvert de l’innocence, où la violence se dissimule sous le charme et l’apparence de piété.

Un roman de Bernanos qui ne ressemble pas aux autres mais toujours dans une écriture sublime.



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Un crime

Evidemment on retrouve la figure de l'homme d'Eglise comme principal protagoniste, évidemment ça se passe dans la campagne profonde, évidemment un meurtre est commis, en fait plutôt deux. Mais le suicide, d'un certain point de vue, de celui de l'Eglise, ne s'apparente-t-il pas au meurtre ? Dans ce cas on en décompte pas moins de cinq. Cinq meurtres ! Cet écrit de Bernanos, sans être tout à fait différent, est véritablement nouveau dans le sens où il s'apparente davantage à un polar mais aussi et surtout parce qu'il laisse le lecteur deviner le meurtrier sans même que ne soit besoin d'être écrit le nom. Et ma foi quel meurtrier ! Sur le moment j'ai eu peine à y croire laissant échapper tout haut un "ce n'est pas possible", me demandant si j'avais bien compris, bien deviné. Je n'en étais pas sûre. Fort heureusement la post face du roman est venu confirmer ce que j'avais cru comprendre et dès lors, assurée d'avoir mis le bon nom sur le meurtrier, toutes les impressions trouvaient sens, tous les évènements passés s'emboitaient à la perfection.

La mise en exergue toute en finesse et retenue de la dichotomie entre l'austérité ambiante du monde rural, de ses habitants, de leurs coutumes, de leur langue même et le désordre de l'âme humaine fait de ce roman un récit fascinant à mes yeux. Moins connu que le célèbre "Sous le soleil de Satan", il mérite pourtant d'être lu et ferait lui aussi sans nul doute un excellent film.



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Un crime

Georges Bernanos fait partie de ces auteurs classiques un peu oublies et c'est bien dommage car son oeuvre recele des petits tresors comme cet ouvrage,roman classique au titre tres simple qui se revele etre tres agreable a lire.Pas de chichis ni de fioritures ici,juste une histoire qimple qui fait mouche.Un roman classique qui a bien vieilli et se decouvre avec plaisir.
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La France contre les robots

Georges Bernanos (1888 - 1948) est sans doute l'un des plus grands écrivains du début du XXe siècle. Il fait partie de ces auteurs capables de nous transporter dans l'imaginaire, mais aussi de nous montrer la réalité telle qu'elle est. Son talent ne se limite pas au romanesque il sait aussi s'exprimer à la manière d'un philosophe ou d'un sociologue pour dénoncer les travers de ses contemporains. Grand lecteur De Balzac il mérite comme son modèle le qualificatif de visionnaire.



Dans son essai aux accents pamphlétaires « La France contre les robots » publié en 1947 et rédigé en 1944 au Brésil où il s'était volontairement exilé depuis 1938, Bernanos dénonce la société industrielle et l'état totalitaire. Il fait l'apologie de la liberté et dresse un portrait au vitriol de l'état du monde. Cependant il ne sombre pas dans le pessimiste et tente surtout de réveiller les consciences.



D'abord royaliste, un temps attiré par les politiques de droite, attaché aux valeurs traditionnelles et chrétiennes, il s'engage dans la Première Guerre mondiale et se trouve confronté à la misère humaine, à l'injustice et à la bêtise des hommes qui nous gouverne et du troupeau qui les suivent. Il n'hésite pas à employer à plusieurs reprises le terme d'imbécile pour tous ceux qui se laissent asservir par la pensée dominante et le besoin d'obéir aux ordres et aux règles imposées par une minorité. « La bêtise m'apparaît de plus en plus comme la cause première et principale de la corruption des Nations. La seconde c'est l'avarice. L'ambition des dictateurs ne vient qu'un troisième rang ». Page 101. Une civilisation dit-il, a toujours été une sorte de compromis entre le pouvoir de l'état et la liberté de l'individu.



Bernanos est un grand humaniste, dans son essai il fait une violente critique de la société industrielle. Il y estime que le machinisme limite la liberté des hommes et perturbe leur mode de pensée. Il s'insurge contre la libre entreprise qui devrait conduire au bonheur alors qu'au contraire il n'y a rien à gagner à satisfaire les besoins toujours croissants de biens matériels et de machines en tout genre. Il prédit une révolte de la jeunesse contre une société trop matérialiste. Et ce livre rédigé il y a plus de 70 ans pourrait avoir été écrit aujourd'hui.



Sa diatribe contre la société industrielle et ses « machines » fait penser à un autre humaniste, Georges Duhamel qui disait en 1933 « Je ne me défie pas de la machine, que je regarde avec curiosité sur son socle et sous sa verrière. Je me défie de la machine qui est en moi. » Bernanos est parfaitement en phase avec cette idée lorsqu'il écrit : « Je n'ai pas la prétention de condamner les machines, je ne crois nullement que l'invention de la roue, du gouvernail, de la boussole, ait marqué un recul de la civilisation. J'estime au contraire que la machine devrait être bienfaisante, libératrice… Si le monde est menacé de mourir de sa machinerie, c'est que l'homme moderne demande aux machines, non pas de l'aider à surmonter la vie, mais à l'esquiver, à la tourner, comme on tourne un obstacle trop rude... ». Page 133-134. « ...Non, le danger n'est pas dans les machines, car il n'y a d'autre danger pour l'homme que l'homme même. le danger est dans l'homme que cette civilisation s'efforce en ce moment de former ». Page 182.



Bernanos n'est plus guère lu de nos jours, il reste un écrivain de grand talent aux pensées prémonitoires. Son livre « La France contre les robots » mérite d'être aujourd'hui revisité même si dans l'expression de sa pensée philosophique Bernanos manque parfois de clarté laissant la forme l'emporter sur le fond.



L'ouvrage est complété par des notes et des textes inédits (conférences et correspondances).



— « La France contre les robots », Georges Bernanos, La Castor Astral (2017), 262 pages.

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Monsieur Ouine

MONSIEUR OUINE de GEORGES BERNANOS

Philippe, surnommé Steeny, 16 ans a pour mère, Michelle et pour gouvernante Miss Daisy, à la fois stricte et ( peut être ?) amoureuse de lui. Ils reçoivent la visite de la châtelaine de Wambescourt, Madame de Nereis, surnommée Ginette Jambe de laine, épouse d’Anthelme, châtelain diabétique, épris d’art, qui a recueilli un lettré, Monsieur OUINE qui veut servir de guide à Steeny ( en attendant mieux?). Ce dernier a comme copain Guillaume, infirme qui lui parle de ses rêves. Un soir, Steeny reste chez Monsieur OUINE qui envoie un valet prévenir sa mère qu’il reste au château. Le lendemain, le dit valet est retrouvé mort avec des traces de strangulation. A partir de cet instant, entrent en scène le maire Arsène, qui semble avoir bien des choses à se reprocher, le médecin, Malepine, incapable et veule, ainsi que le curé de la paroisse, tout nouveau dans sa fonction. La mort du valet à laquelle s’ajoute la même nuit celle du châtelain diabétique va déclencher une cascade d’événements, de dénonciations et faire surgir du passé bien des éléments qu’on aurait préféré rester cachés. Mais c’est le sermon du curé lors de l’enterrement qui va mettre le village en émoi.

Un livre étrange, construit comme un bon vieux polar, multipliant les pistes, fausses ou abandonnées en rase campagne. Monsieur OUINE est omniprésent dans les esprits de tout le village, on se réfère souvent à ce qu’il pense ou aurait pensé et en même temps il n’a que quelques lignes de présence dans le roman. C’est une sorte d’esprit qui plane au dessus du village exacerbant les mauvais penchants de ses administrés. Mais on est chez Bernanos alors Dieu plane sur les lieux bien que le curé se plaigne amèrement que « sa place soit de plus en plus petite »et donc la notion de péché s’infiltre partout. C’est aussi une vision bien sombre des hommes qui dans le village devraient montrer la »bonne direction » mais ils sont curé, médecin ou maire, accablés de tares pesantes. C’est le dernier livre écrit par Bernanos. Il m’a donné envie de relire ceux qu’avait adapté Pialat au cinéma. Bonne lecture.
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