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Citations de Georges Picard (79)


Georges Picard
Je ne marche pas pour rajeunir ou éviter de vieillir, pour me maintenir en forme ou pour accomplir des exploits. Je marche comme je rêve, comme j'imagine, comme je pense par une sorte de mobilité de l'être et de besoin de légèreté.
Le Vagabond approximatif
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Quiconque touche à l'idéal de la culture pour tous (qui n'a peut-être jamais été aussi peu réalisé, ce pourquoi il est si frénétiquement proclamé) risque d'être caricaturé en « élitiste », injure décisive qui clôt tout débat. [...] Les pédagogues sincères ont la tâche impossible, coincés entre l'indifférence méprisante de publics qui revendiquent « leur » propre culture et l'édulcoration démagogique à laquelle ils sont obligés de se livrer s'ils veulent bousculer les frontières. Mieux vaut ne pas lire Rimbaud que le lire n'importe comment !
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La manie d'encenser ou de flinguer un ouvrage en dix lignes ou en deux phrases est insupportable ; malheureusement, les choses ne s'améliorent pas avec internet où les éjaculations critiques de livres sont trop souvent d'une indigence et d'une sottise spectaculaires. (p. 88)
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Georges Picard
« On sait que l’éloge à autrui est l’une des figures détournées de la vanité personnelle. Il y aurait du
ridicule à adresser des éloges à plus grand que soi, mais quelle douce autosatisfaction que de complimenter
quelqu’un du haut de notre généreuse attention. »
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Des idées neuves

Sous la pression d'une époque, les idées personnelles ne peuvent revendiquer leur autonomie que de façon abusive et naïve. L'idéalisme se cultive en laboratoire, ses concepts sont des produits de cornue, ses méthodes des modélisations abstraites. Et pourtant, qui ne souhaiterait tester le pouvoir autonome de son esprit? QUI ne rêverait de s'affranchir, un seul jour peut-être, des influences intellectuelles qui conditionnent ses pensées les plus singulières? Voilà une illusion alléchante, un mythe digne du rêve d'un Monsieur Teste. Découvrir en soi des idées réellement neuves est désirable, mais presque impossible: il sera toujours à la portée des exégètes fouineurs d'en isoler l'origine et d'en tracer le parcours. On compte cependant dans l'histoire de l'esprit humain quelques cas de pensées inouïes, dont les sources sont si éloignées ou brouillées par la puissance de l'idée nouvelle qu'on pourrait se croire en la présence d'un jamais vu. L'exemple le plus célèbre est sans doute celui d'Einstein associant mathématiquement contre toute évidence l'espace et le temps au point de scandaliser le rationalisme agressif d'un penseur comme Alain ("Il n'a fallu qu'un jeu de miroirs pour qu'Einstein remplace soudain toutes nos idées par des formules qui n'ont point de sens". "Il est plus facile de changer le bon sens que de l'appliquer.") Les sciences fourmillent ainsi d'idées scandaleuses, allant à l'encontre de ce qu'il faut penser compte-tenu des acquis du moment. Mais il est rare qu'un de ces coups d'épée dans la tradition perce la pensée des hommes au point de l'obliger à se remettre fondamentalement en cause. Ces révolutions ne sortent pourtant pas du néant, leurs germes étaient seulement enfouis dans un terreau de pensées matures au seuil de la décomposition: encore faut-il le déclic du génie pour braver les croyances dominantes et produire au forceps une idée vraiment nouvelle. D'un certaine façon, les philosophes ont plus de chance, la nouveauté d'un système n'étant pas soumise à la contrainte de la vérification. Ils peuvent laisser leur imagination, faire et défaire des réseaux d'idées, parfois plus originales par leur rapprochement que par leur nature.
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Oui, les livres réfléchissent pour moi, la pensée d'un autre m'embarque avec elle pour un voyage qui peut être long. (p. 150)
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Parfois, nous méritons ce que nous lisons, ces chapelets de pensées figées qui nous enfoncent un peu plus dans nos routines au lieu de nous ébranler, de nous provoquer, de nous obliger à voir autre chose d'un autre point de vue. Pourquoi, par exemple, lire des journaux de notre bord qui ne nous apprennent rien et ne font que nous rassurer, sorte de murailles de consolation derrière lesquelles nous abritons des convictions communes ? Ici, cher lecteur, je ne peux pas m'empêcher de rappeler mon ancien état de militant maoïste dans les années 1968 - 1970. J'en ai tiré l'expérience troublante du masochisme intellectuel qui peut conduire un esprit naturellement inquiet, questionneur, sceptique comme le mien, à refouler ses hésitations sous une chape de certitudes grossières, mais efficaces. La mauvaise foi y atteint une force inhabituelle, car constante, et même revendiquée. [...] Avec quelle facilité l'esprit se plie à des contraintes qu'il s'est lui-même créés au nom de vérités prétendument objectives. (p. 112)
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Je ne suis pas un écrivain médiatique. J’estime que la rencontre d’un auteur et de ses lecteurs doit se faire par la lecture et non par le biais des médias.
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On lit comme on pense, méthodiquement ou le doigt au hasard des pages. Dans les deux cas, on reste fidèle à ce que l'on est.
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Certes, Homère, Shakespeare, Cervantès ou Flaubert traversent tranquillement le temps à l'abri des fluctuations de la mode. Mais l'ombre qu'ils font à des auteurs moins cotés a quelque chose d'exagéré et d'artificiel. La littérature n'est pas la bourse ni une course de chevaux. Lisons les chefs-d'oeuvre (évidemment !), mais allons voir aussi ailleurs, dans les coins délaissés où nous attendent une infinité de livres prêts à sortir du grand oubli dans lequel l'histoire littéraire officielle les a ensevelis. Même s'il n'y a pas eu d'injustice pour tels romans ou essais réputés médiocres, le lecteur curieux peut y trouver encore de quoi réfléchir ou rêver. Leur lecture n'est pas du temps perdu, car elle permet une vision plus large et plus réaliste de la littérature et des aspects multiformes de l'esprit humain ; les vrais chefs-d'oeuvre n'en seront que plus appréciés. (p. 153)
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Il n'y a aucune raison pour que les oisifs se laissent emmerder par les bosseurs. Nous avons autant le droit de respirer que les frénétiques du boulot, et peut-être même un droit supérieur au nom de la douceur de vivre et du respect de la tranquillité publique.
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Si on a lu de bons livres, on a déjà une idée de ce qu'on appelle grand et digne. On ne risque pas de croire que la vie ressemble à un feuilleton télé. C'est toujours ça de gagné par rapport aux idéaux ménagers des malheureux qui n'aspirent q'au confort matériel.
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De la fidélité aux idées

Personne n'est obligé d'être fidèle à une idée. Basta des donneurs de leçons qui vous fustigent parce que vous refusez de vous lier aux rets d'une théorie particulière, ignorant que, sous toute idée, se cache un complexe de raisons orientées dans le même sens et nouées entre elles. Il n'y a pas d'idée solitaire: la plus simple traîne derrière elle un réseau théorique. Rester fidèle à une idée, c'est donc accepter un dogme, plus ou moins consciemment, et se mettre en situation de la bétonner à chaque échange.
Pourtant, l'inconstance intellectuelle a très mauvaise presse. Elle est généralement assimilée à de la faiblesse d'esprit ou à de l'opportunisme. Méfiance bizarre car, enfant, comment peut-on convaincre quelqu'un, ou se laisser convaincre par lui, si l'on n'accepte pas le principe de la "trahison des idées"? On dira qu'il y a une différence entre changer fréquemment d'idées - caractéristique d'un intellect volage - et se convertir exceptionnellement au point de vue d'un autre lorsque ses raisons apparaissent meilleures. C'est avouer une certaine incapacité à polémiquer avec soi-même, à se départir seul de ses idées trop familières. Quel mérite y a-t-il à changer d'opinion, quand il y nécessité à le faire sous la pression d'autrui? En revanche, secouer son propre cocotier pour décrocher les idées qui ont fait leur temps, voilà ce que j'appelle la liberté d'esprit - laquelle, pour être vraiment crédible, devrait commencer par être appliquée à soi-même.
Quelqu'un a défini l'intelligence comme la faculté de comprendre les raisons qui sont opposées aux nôtres, donc d'être capable, au moins en théorie, de les défendre avec une certaine sincérité (pour autant qu'elles sont à un niveau acceptable). Eh bien, il faut admettre que cette forme d'intelligence ne court pas les rues! La plupart des gens préféreraient couler avec leurs propres idées plutôt que d'être sauvé avec celles des autres. Chaque discussion polémique les enferme un peu plus dans leur bunker. Et l'on appelle ces débats des échanges!
Un tel état des lieux n'est pas fait pour donner confiance. La rue est donc nécessaire. Par prudence, il vaut mieux entrer dans une discussion en donnant à entendre que rien, ni personne, ne nous fera admettre que l'on peut avoir tort. Même si l'on y défend une opinion fraîche de la veille, on la fera passer pour ancienne, et déjà mille fois exposée au feu. Ainsi inspirera-t-on le respect dû à la fidélité aux idées, cette vieille lune dogmatique qui excuse tout, notamment la paresse de penser.
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Il y avait un banc à quelques mètres de là. Je m’y assis et fixai le trottoir entre mes pieds.

Il fallait aviser. J’ai un ami, Szabo, qui est de bon conseil. Oui, j’allais aller le voir sans attendre. C’est ce que je me dis tout en regardant mes chaussures. Mais je n’arrivai pas à me décider, comme si une charge pesait sur mes épaules. Je restai un moment sans bouger, même quand un homme vint s’asseoir à côté de moi, sortit une boîte de sardines de sa musette, l’ouvrit et avala les poissons un par un, sans pain, et presque sans mâcher. Après quoi, il s’essuya les doigts sur sa jambe de pantalon et repartit silencieusement.
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Tout, dans la chambre, semblait me le crier : pas de génie ! Les livres sur les rayons, la lampe jaune sur la table, la fine fente de l’épaisseur d’un cheveu lézardant la peinture du plafond au-dessus de ma tête. Une véritable conspiration du cri, un hourvari de clameurs accusatrices.

La journée commençait mal.
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Je me méfie des expéditions lointaines entreprises par des voyageurs incapables de faire le tour de leur chambre. Ce qu'on ne sait pas découvrir à deux pas de soi, on ne le trouvera pas mieux aux antipodes.
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J'ai parlé des cons tourmentés ; je parlerai des cons bruts de décoffrage, sans fissure apparente ou cachée, ces sortes de blocs humains de connerie qui vous font regretter d'appartenir à l'espèce. La rigidification du con par l'intérieur fournit des spécimens dangereux, non tant parce qu'ils sont cons que parce qu'ils vivent dans la certitude de ne pas l'être. Ces cons ont, en outre, la risible habitude de juger de tout. Rien de pire qu'un con fonçant droit devant lui avec la témérité du taureau et la balourdise de la vache normande.
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Pour être au clair avec soi-même, pour savoir de quoi sa propre pensée est réellement capable, l’épreuve de l’écriture me paraît cruciale.
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Un humoriste gai comme une porte de prison.
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"C'est au lendemain de ma première nuit en forêt que je pris vraiment conscience de l'incongruité de ma conduite menée sans plan, dans la pure improvisation, uniquement guidée par une rêverie littéraire. J'en avais eu quelques intuitions ; maintenant, je regardais les choses en face. J'allais droit à l'échec ! Me voici confronté à un dilemme : poursuivre mon projet jusqu'au découragement ou inventer un raisonnement ingénieux pour en excuser l'abandon. Et dire que certains prétendent que la rhétorique n'est qu'une coquille creuse ! En réalité, elle peut venir en aide à la volonté quand celle-ci se met à patiner lamentablement. Par exemple, à l'endroit précis de mon expérience tout juste commencée, je pouvais soutenir que ce qui a été imaginé avec force n'a pas toujours besoin d'être réalisé. Henry Miller, écrivain que je lisais depuis mes seize ans, raconte comment il substituait à la réalité des rêves qui le rendaient heureux, comme, par exemple, celui de filer sur un magnifique vélo de course à une époque où il n'aurait même pas pu acheter une selle. Il prétend qu'une vraie bicyclette ne lui aurait pas procuré autant de plaisir : je crois bien qu'il mentait. Les personnes à l'imagination ardente connaissent trop bien ces dérivatifs ; la littérature n'est peut-être faite que de cela. Nanti d'un semblable alibi, j'aurais pu rebrousser chemin si ma mauvaise conscience avait pu s'en contenter. Elle ne le pouvait pas. D'ailleurs, j'imaginais déjà les ironies de Lucrèce et la maladresse des excuses que Rupert offrirait à mon désabusement. Je repliai ma tente, rangeai mon sac et m'enfonçai dans l'épaisseur de la futaie."
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