AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations de Gérard de Nerval (508)



Respecte dans la bête un esprit agissant:
Chaque fleur est une âme à la Nature éclose;
Un mystère d'amour dans le métal repose;
"Tout est sensible!"
Et tout sur ton être est puissant.
Commenter  J’apprécie          10
Son héros favori était maître François Villon, Parisien, célèbre dans l'art poétique autant que dans l'art de la pince et du croc.
Commenter  J’apprécie          10
A peine ces trois rangées de maisons furent-elles dressées sur leurs portiques lourds, chargés et sillonnés de bossages et de refends; à peine furent-elles revêtues de leurs briques, percées de leurs croisées à balustres, et chaperonnées de leurs combles massifs, que la nation des gens de justice envahit la place entière, chacun suivant son grade et ses moyens, c'est-à-dire en raison inverse de l'élévation des étages. Cela devint une sorte de cour des miracles au grand pied, une truanderie de larrons privilégiés, repaire de la gent chiquanouse, comme les autres de la gent argotique; celui-ci en brique et en pierre, les autres en boue et en bois.
Commenter  J’apprécie          18
L'expérience de chacun est le trésor de tous.
Commenter  J’apprécie          10
Des corridors. – Des corridors sans fin ! Des escaliers – des escaliers où l’on monte, où l’on descend, où l’on remonte, et dont le bas trempe toujours dans une eau noire agitée par des roues, sous d’immenses arches de pont… à travers des charpentes inextricables ! Monter, descendre, ou parcourir des corridors, – et cela pendant plusieurs éternités… Serait-ce la peine à laquelle je serais condamné pour mes fautes ?
Commenter  J’apprécie          10
Je demandai un jour à mon oncle ce que c’était que Dieu. – Dieu, c’est le soleil, me dit-il.
Commenter  J’apprécie          10
Gérard de Nerval
Je me suis vu enfant, homme, femme tour à tour, mourant comme les autres, par hasard ou par destinée ; mon âme a parcouru toute l’échelle humaine, j’ai été roi, empereur, cacique, artiste, bourgeois, soldat, Grec, Indien, Américain, Français même. Il y a six heures, je suis mort en Chine.
Commenter  J’apprécie          10
Je me vis ainsi amené à me demander compte de ma vie, et même de mes existences antérieures.
Commenter  J’apprécie          10
Gérard de Nerval
Je suis l'autre.
Commenter  J’apprécie          10
Que dire maintenant qui ne soit l’histoire de tant d’autres ? J’ai passé par tous les cercles de ces lieux d’épreuves qu’on appelle théâtres. « J’ai mangé du tambour et bu de la cymbale », comme dit la phrase dénuée de sens apparent des initiés d’Éleusis. — Elle signifie sans doute qu’il faut au besoin passer les bornes du non-sens et de l’absurdité : la raison pour moi, c’était de conquérir et de fixer mon idéal.
Commenter  J’apprécie          10
Un écho redit encore
A ton rivage enchanté
L'antique refrain du Maure :
Gloire, amour et liberté !
Commenter  J’apprécie          10
Autrefois ta souveraine,
L'Arabie, en te fuyant,
Laissa sur ton front de reine
Sa couronne d'Orient !
Commenter  J’apprécie          10
Sylvie
Souvenirs du Valois

Depuis un an, je n’avais pas encore songé à m’informer de ce qu’elle pouvait être d’ailleurs ; je craignais de troubler le miroir magique qui me renvoyait son image, — et tout au plus avais-je prêté l’oreille à quelques propos concernant non plus l’actrice, mais la femme. Je m’en informais aussi peu que des bruits qui ont pu courir sur la princesse d’Élide ou sur la reine de Trébizonde, — un de mes oncles, qui avait vécu dans les avant-dernières années du dix-huitième siècle comme il fallait y vivre pour le bien connaître, m’ayant prévenu de bonne heure que les actrices n’étaient pas des femmes, et que la nature avait oublié de leur faire un cœur. Il parlait de celles de ce temps-là sans doute ; mais il m’avait raconté tant d’histoires de ses illusions, de ses déceptions, et montré tant de portraits sur ivoire, médaillons charmants qu’il utilisait depuis à parer des tabatières, tant de billets jaunis, tant de faveurs fanées, en m’en faisant l’histoire et le compte définitif, que je m’étais habitué à penser mal de toutes sans tenir compte de l’ordre des temps. Nous vivions alors dans une époque étrange, comme celles qui d’ordinaire succèdent aux révolutions ou aux abaissements des grands règnes. Ce n’était plus la galanterie héroïque comme sous la Fronde, le vice élégant et paré comme sous la Régence, le scepticisme et les folles orgies du Directoire ; c’était un mélange d’activité, d’hésitation et de paresse, d’utopies brillantes, d’aspirations philosophiques ou religieuses, d’enthousiasmes vagues, mêlés de certains instincts de renaissance ; d’ennuis des discordes passées, d’espoirs incertains, — quelque chose comme l’époque de Pérégrinus et d’Apulée. L’homme matériel aspirait au bouquet de roses qui devait le régénérer par les mains de la belle Isis ; la déesse éternellement jeune et pure nous apparaissait dans les nuits, et nous faisait honte de nos heures de jour perdues. L’ambition n’était cependant pas de notre âge, et l’avide curée qui se faisait alors des positions et des honneurs nous éloignait des sphères d’activité possibles. Il ne nous restait pour asile que cette tour d’ivoire des poètes, où nous montions toujours plus haut pour nous isoler de la foule. À ces points élevés où nous guidaient nos maîtres, nous respirions enfin l’air pur des solitudes, nous buvions l’oubli dans la coupe d’or des légendes, nous étions ivres de poésie et d’amour. Amour, hélas ! des formes vagues, des teintes roses et bleues, des fantômes métaphysiques ! Vue de près, la femme réelle révoltait notre ingénuité ; il fallait qu’elle apparût reine ou déesse, et surtout n’en pas approcher.
Commenter  J’apprécie          10
LA RUE DU DOYENNÉ

C’était dans notre logement commun de la rue du Doyenné que nous nous étions reconnus frères — Arcades ambo — dans un coin du vieux Louvre des Médicis, — bien près de l’endroit où exista l’ancien hôtel de Rambouillet.

Le vieux salon du doyen, aux quatre portes à deux battants, au plafond historié de rocailles et de guivres, restauré par les soins de tant de peintres, nos amis, qui sont depuis devenus célèbres, retentissait de nos rimes galantes, traversées souvent par les rires joyeux ou les folles chansons des Cydalises.

Le bon Rogier souriait dans sa barbe, du haut d’une échelle, où il peignait sur un des trois dessus de glace un Neptune, — qui lui ressemblait ! Puis les deux battants d’une porte s’ouvraient avec fracas : c’était Théophile. On s’empressait de lui offrir un fauteuil Louis XIII, et il lisait, à son tour, ses premiers vers, — pendant que Cydalise Ire, ou Lorry, ou Victorine, se balançaient nonchalamment dans le hamac de Sarah la blonde, tendu à travers l’immense salon.

Quelqu’un de nous se levait parfois, et rêvait à des vers nouveaux en contemplant, des fenêtres, les façades sculptées de la galerie du Musée, égayée de ce côté par les arbres du manège. Vous l’avez bien dit :

Théo, te souviens-tu de ces vertes saisons
Qui s’effeuillaient si vite en ces vieilles maisons,
Dont le front s’abritait sous une aile du Louvre ?
Ou bien, par les fenêtres opposées, qui donnaient sur l’impasse, on adressait de vagues provocations aux yeux espagnols de la femme du commissaire, qui apparaissaient assez souvent au-dessus de la lanterne municipale.

Quels temps heureux ! On donnait des bals, des soupers, des fêtes costumées, — on jouait de vieilles comédies, où mademoiselle Plessy, étant encore débutante, ne dédaigna pas d’accepter un rôle : — c’était celui de Béatrice dans Jodelet. — Et que notre pauvre Édouard était comique dans les rôles d’Arlequin !
Commenter  J’apprécie          10
Le Caire est la ville du Levant où les femmes sont encore le plus hermétiquement voilées. A Constantinople, à Smyrne, une gaze blanche ou noire laisse quelquefois deviner les traits des belles musulmanes, et les édits les plus rigoureux parviennent rarement à leur faire épaissir ce frêle tissu. Ce sont des nonnes gracieuses et coquettes, qui, se consacrant à un seul époux, ne sont pas fâchées toutefois de donner des regrets au monde. Mais l’Égypte, grave et pieuse, est toujours le pays des énigmes et des mystères ; la beauté s’y entoure comme autrefois de voiles et de bandelettes, et cette morne attitude décourage aisément l’Européen frivole. Il abandonne le Caire après huit jours, et se hâte d’aller vers les cataractes du Nil chercher d’autres déceptions que lui réserve la science, et dont il ne conviendra jamais.

La patience était la plus grande vertu des initiés antiques. Pourquoi passer si vite ? Arrêtons-nous, et cherchons à soulever un coin du voile austère de la déesse de Saïs. D’ailleurs, n’est-il pas encourageant de voir qu’en des pays où les femmes passent pour être prisonnières, les bazars, les rues et les jardins nous les présentent par milliers, marchant seules à l’aventure, ou deux ensemble, ou accompagnées d’un enfant ? Réellement, les Européennes n’ont pas autant de liberté : les femmes de distinction sortent, il est vrai, juchées sur des ânes et dans une position inaccessible ; mais, chez nous, les femmes du même rang ne sortent guère qu’en voiture. Reste le voile, — qui peut-être n’établit pas une barrière aussi farouche que l’on croit.

Parmi les riches costumes arabes et turcs que la réforme épargne, l’habit mystérieux des femmes donne à la foule qui remplit les rues l’aspect joyeux d’un bal masqué ; la teinte des dominos varie seulement du bleu au noir. Les grandes dames voilent leur taille sous le habbarah de taffetas léger, tandis que les femmes du peuple se drapent gracieusement dans une simple tunique bleue de laine ou de coton (khamiss), comme des statues antiques. L’imagination trouve son compte à cet incognito des visages féminins, qui ne s’étend pas à tous leurs charmes. De belles mains ornées de bagues talismaniques et de bracelets d’argent, quelquefois des bras de marbre pâle s’échappant tout entiers de leurs larges manches relevées au-dessus de l’épaule, des pieds nus chargés d’anneaux que la babouche abandonne à chaque pas et dont les chevilles résonnent d’un bruit argentin, voilà ce qu’il est permis d’admirer, de deviner, de surprendre, sans que la foule s’en inquiète ou que la femme elle-même semble le remarquer. Parfois les plis flottants du voile quadrillé de blanc et de bleu qui couvre la tête et les épaules se dérangent un peu, et l’éclaircie qui se manifeste entre ce vêtement et le masque allongé qu’on appelle borghot laisse voir une tempe gracieuse où des cheveux bruns se tortillent en boucles serrées, comme dans les bustes de Cléopâtre, une oreille petite et ferme secouant sur le cou et la joue des grappes de sequins d’or ou quelque plaque ouvragée de turquoises et de filigrane d’argent. Alors on sent le besoin d’interroger les yeux de l’Égyptienne voilée, et c’est là le plus dangereux. Le masque est composé d’une pièce de crin noir étroite et longue qui descend de la tête aux pieds, et percée de deux trous comme la cagoule d’un pénitent ; quelques annelets brillants sont enfilés dans l’intervalle qui joint le front à la barbe du masque, et c’est derrière ce rempart que des yeux ardents vous attendent, armés de toutes les séductions qu’ils peuvent emprunter à l’art. Le sourcil, l’orbite de l’œil, la paupière même, en dedans des cils, sont avivés par la teinture, et il est impossible de mieux faire valoir le peu de sa personne qu’une femme a le droit de faire voir ici.
Commenter  J’apprécie          10
Du reste, le vent du midi ne souffle pas continuellement pendant l’époque du khamsin ; il s’interrompt souvent des semaines entières, et nous laisse littéralement respirer. Alors la ville reprend son aspect animé, la foule se répand sur les places et dans les jardins ; l’allée de Choubra se remplit de promeneurs ; les musulmanes voilées vont s’asseoir dans les kiosques, au bord des fontaines ou sur les tombes entremêlées d’ombrages, où elles rêvent tout le jour entourées d’enfans joyeux, et se font même apporter leurs repas. — Les femmes d’Orient ont deux grands moyens d’échapper à la solitude des harems, c’est le cimetière, où elles ont toujours quelque être chéri à pleurer ; et le bain public, — où la coutume oblige leur mari de les laisser aller une fois par semaine au moins.

Ce détail, que j’ignorais, a été pour moi la source de quelques chagrins domestiques contre lesquels il faut bien que je prévienne l’Européen qui serait tenté de suivre mon exemple. Je n’eus pas plutôt ramené du bazar l’esclave javanaise que je me vis assailli d’une foule de réflexions qui ne s’étaient pas encore présentées à mon esprit. La crainte de la laisser un jour de plus parmi les femmes d’Abd-el-Kérim avait précipité ma résolution et le dirais-je ? le premier coup d’œil échangé avec elle avait été tout-puissant.

Il y a quelque chose de très séduisant dans une femme d’un pays lointain et singulier, qui parle une langue inconnue, dont le costume et les habitudes frappent déjà par l’étrangeté seule, et qui enfin n’a rien de ces vulgarités de détail que l’habitude nous révèle chez les femmes de notre patrie. Je subis quelque temps cette fascination de couleur locale, je l’écoutais babiller, je la voyais étaler la bigarrure de ses vêtemens : c’était comme un oiseau splendide que je possédais en cage ; mais cette impression pouvait-elle toujours durer ?

On m’avait prévenu que si le marchand m’avait trompé sur les mérites de l’esclave, s’il existait un vice rédhibitoire quelconque, j’avais trois jours pour résilier le marché. Je ne songeais guère qu’il fût possible à un Européen d’avoir recours à cette indigne clause, eût-il même été trompé. Seulement je vis avec peine que cette pauvre fille avait sous le bandeau rouge qui ceignait son front une place brûlée grande comme un écu de six livres à partir des premiers cheveux. On voyait sur sa poitrine une autre brûlure de même forme, et sur ces deux marques un tatouage qui représentait une sorte de soleil. Le menton était aussi tatoué en fer de lance, et la narine gauche percée de manière à recevoir, un anneau. Quant aux cheveux, ils étaient rognés par devant à partir des tempes et autour, du front, sauf la partie brûlée, ils tombaient ainsi jusqu’aux sourcils qu’une ligne noire prolongeait et réunissait selon la coutume. Quant aux bras et aux pieds teints de couleur orange, je savais que c’était l’effet d’une préparation de henné, qui ne laissait aucune marque au bout de quelques jours.
Commenter  J’apprécie          10
Vous l'avez tous connue, ô mes amis ! la belle Pandora du théâtre de Vienne. Elle vous a laissé sans doute, ainsi qu'à moi-même, de cruels et doux souvenirs ! C'était bien à elle, peut-être, — à elle, en vérité, que pouvait s'appliquer l'indéchiffrable énigme gravée sur la pierre de Bologne : AELIA LAELIA. — Nec vir, nec mulier, nec androgyne, etc. « Ni homme, ni femme, ni androgyne, ni fille, ni jeune, ni vieille, ni chaste, ni folle, ni pudique, mais tout cela ensemble... » Enfin, la Pandora, c'est tout dire, car je ne veux pas dire tout.

O Vienne, la bien gardée ! rocher d'amour des paladins ! comme disait le vieux Menzel, tu ne possèdes pas la coupe bénie du Saint-Graal mystique, mais le Stock-im-Eisen des braves compagnons. Ta montagne d'aimant attire invinciblement la pointe des épées, et le Magyar jaloux, le Bohême intrépide, le Lombard généreux mourraient pour te défendre aux pieds divins de Maria Hilf !

Je n'ai pu moi-même planter le clou symbolique dans le tronc chargé de fer (Stock-im-Eisen) posé à l'entrée du Graben, à la porte d'un bijoutier ; mais j'ai versé mes plus douces larmes et les plus pures effusions de mon cœur le long des places et des rues, sur les bastions, dans les allées de l'Augarten et sous les bosquets du Prater. J'ai attendri de mes chants d'amour les biches timides et les faisans privés. J'ai promené mes rêveries sur les rampes gazonnées de Schoenbrunn. J'adorais les pâles statues de ces jardins que couronne la Gloriette de Marie-Thérèse, et les chimères du vieux palais m'ont ravi mon cœur pendant que j'admirais leurs yeux divins et que j'espérais m'allaiter à leur sein de marbre éclatant.
Commenter  J’apprécie          10
Ce rêve si heureux à son début me jeta dans une grande perplexité. Que signifiait-il ? Je ne le sus que plus tard. Aurélia était morte.

Je n’eus d’abord que la nouvelle de sa maladie. Par suite de l’état de mon esprit, je ne ressentis qu’un vague chagrin mêlé d’espoir. Je croyais moi-même n’avoir que peu de temps à vivre, et j’étais désormais assuré de l’existence d’un monde où les cœurs aimants se retrouvent. D’ailleurs, elle m’appartenait bien plus dans sa mort que dans sa vie… Égoïste pensée que ma raison devait payer plus tard par d’amers regrets.
Commenter  J’apprécie          10
Comme cette bague était trop grande pour son doigt, j'avais eu l'idée fatale de la faire couper pour en diminuer l'anneau; je ne compris ma faute qu'en entendant le bruit de la scie. Il me sembla voir couler du sang...
Commenter  J’apprécie          10
Que dire maintenant qui ne soit l'histoire de tant d'autres?
Commenter  J’apprécie          10



Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Gérard de Nerval Voir plus

Quiz Voir plus

Lettre à une disparue par Elodie

Qui est Nina?

la fille de Mélina
la fille de Paloma
la fille de Lelia

10 questions
179 lecteurs ont répondu
Thème : Lettres à une disparue de Véronique MassenotCréer un quiz sur cet auteur

{* *}