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Citations de Gustave Flaubert (2961)


Si j'ai éprouvé des moments d'enthousiasme, c'est à l'art que je les dois. - Et cependant quelle vanité que l'art! vouloir peindre l'homme dans un bloc de pierre, ou l'âme dans des mots, les sentiments par des sons et la nature sur une toile vernie! [...]
Je voudrais quelque chose qui n'eût pas besoin d'expression ni de forme. - Quelque chose de pur comme un parfum, de fort comme la pierre, d’insaisissable comme un chant; que ce fût à la fois tout cela et rien d'aucune de ces choses. [...]
Je voudrais le beau dans l'infini et je n'y trouve que le doute.
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La jeunesse a l'esprit tragique et n'admet pas les nuances.
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Il y a des hommes n'ayant pour mission parmi les autres que de servir d'intermédiaires ; on les franchit comme des ponts et l'on va plus loin.
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L'histoire d'un coeur simple est tout bonnement le récit d'une vie obscure, celle d'une pauvre fille de campagne, dévote mais mystique, dévouée sans exaltation et tendre comme du pain frais. Elle aime successivement un homme, les enfants de sa maîtresse, un neveu, un vieillard qu'elle soigne, puis son perroquet ; quand le perroquet est mort, elle le fait empailler et, en mourant à son tour, elle confond le perroquet avec le Saint-Esprit. Cela n'est nullement ironique comme vous le supposez, mais au contraire très sérieux et très triste.
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Un coeur simple

Pendant un demi-siècle, les bourgeoises de Pont-l'Évêque envièrent à Mme Aubin sa servante Félicité.
Pour cent francs par an, elle faisait la cuisine et le ménage, cousait, lavait, repassait, savait brider un cheval, engraisser les volailles, battre le beurre, et resta fidèle à sa maîtresse, -- qui pourtant n'était pas une personne agréable.
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Jamais Mme Bovary ne fut aussi belle qu'à cette époque; elle avait cette indéfinissable beauté qui résulte de la joie, de l'enthousiasme, du succès, et qui n'est que l'harmonie du tempérament avec les circonstances. Ses convoitises, ses chagrins, l'expérience du plaisir et ses illusions toujours jeunes, comme font aux fleurs le fumier, la pluie, les vents et le soleil, l'avaient par gradations développée, et elle s'épanouissait enfin dans la plénitude de sa nature. Ses paupières semblaient taillées tout exprès pour ses longs regards amoureux où la prunelle se perdait, tandis qu'un souffle fort écartait ses narines minces et relevait le coin charnu de ses lèvres, qu'ombrageait à la lumière un peu de duvet noir. On eût dit qu'un artiste habile en corruptions avait disposé sur sa nuque la torsade de ses cheveux : ils s'enroulaient en masse lourde, négligemmment, et selon les hasards de l'adulère, qui les dénouait tous les jours.
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Les bonheurs futurs, comme les rivages des tropiques, projettent sur l'immensité qui les précède leurs mollesses natales, une brise parfumée, et l'on s'assoupit dans cet environnement, sans même s'inquiéter de l'horizon que l'on n'aperçoit pas.
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Frédéric soupçonna Mme Arnoux d'être venue pour s'offrir ; et il était repris par une convoitise plus forte que jamais, furieuse, enragée. Cependant, il sentait quelque chose d'inexprimable, une répulsion, et comme l'effroi d'un inceste. Une autre crainte l'arrêta, celle d'en avoir dégoût plus tard. D'ailleurs, quel embarras ce serait ! --- et tout à la fois par prudence et pour ne pas dégrader son idéal, il tourna sur ses talons et se mit à faire une cigarette.
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Elle reporta sur lui seul la haine nombreuse qui résultait de ses ennuis, et chaque effort pour l’amoindrir ne servait qu’à l’augmenter.
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Je ne trouve rien d’admirable comme les soleils couchants, reprit-elle, mais au bord de la mer surtout…Et puis ne vous semble-t-il pas que l’esprit vogue plus librement sur cette étendue sans limites dont la contemplation vous élève l’âme et donne des idées d’infini, d’idéal.
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Samedi soir.
(...) Si je n’ai pas répondu plus tôt à ta lettre dolente et découragée, c’est que j’ai été dans un grand accès de travail. Avant-hier, je me suis couché à 5 heures du matin et hier à 3 heures. Depuis lundi dernier j’ai laissé de côté toute autre chose, et j’ai exclusivement toute la semaine pioché ma Bovary, ennuyé de ne pas avancer. Je suis maintenant arrivé à mon bal que je commence lundi. J’espère que ça ira mieux. J’ai fait, depuis que tu ne m’as vu, 25 pages net (25 pages en six semaines). Elles ont été dures à rouler. Je les lirai demain à Bouilhet. Quant à moi, je les ai tellement travaillées, recopiées, changées, maniées, que pour le moment je n’y vois que du feu. Je crois pourtant qu’elles se tiennent debout.
Tu me parles de tes découragements : si tu pouvais voir les miens ! Je ne sais pas comment quelquefois les bras ne me tombent pas du corps, de fatigue, et comment ma tête ne s’en va pas en bouillie. Je mène une vie âpre, déserte de toute joie extérieure et où je n’ai rien pour me soutenir qu’une espèce de rage permanente, qui pleure quelquefois d’impuissance, mais qui est continuelle. J’aime mon travail d’un amour frénétique et perverti, comme un ascète le cilice qui lui gratte le ventre. Quelquefois, quand je me trouve vide, quand l’expression se refuse, quand, après avoir griffonné de longues pages, je découvre n’avoir pas fait une phrase, je tombe sur mon divan et j’y reste hébété dans un marais intérieur d’ennui. Je me hais et je m’accuse de cette démence d’orgueil qui me fait haleter après la chimère. Un quart d’heure après, tout est changé, le coeur me bat de joie.
Mercredi dernier, j’ai été obligé de me lever pour aller chercher mon mouchoir de poche ; les larmes me coulaient sur la figure. Je m’étais attendri moi-même en écrivant, je jouissais délicieusement, et de l’émotion de mon idée, et de la phrase qui la rendait, et de la satisfaction de l’avoir trouvée. Du moins je crois qu’il y avait de tout cela
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Tout à l'heure, pendant que tu parlais, ton haleine a passé sur ma face, et je me délectais comme un moribond qui boit à plat ventre au bord d'un ruisseau.
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Il était brave homme, en effet, et même, un jour, ne fut point scandalisé du pharmacien, qui conseillait à Charles, pour distraire Madame, de la mener au théâtre de Rouen voir l’illustre ténor Lagardy. Homais s’étonnant de ce silence, voulut savoir son opinion, et le prêtre déclara qu’il regardait la musique comme moins dangereuse pour les mœurs que la littérature.

Mais le pharmacien prit la défense des lettres. Le théâtre, prétendait-il, servait à fronder les préjugés, et, sous le masque du plaisir, enseignait la vertu.

— Castigat ridendo mores, monsieur Bournisien ! Ainsi, regardez la plupart des tragédies de Voltaire ; elles sont semées habilement de réflexions philosophiques qui en font pour le peuple une véritable école de morale et de diplomatie.

— Moi, dit Binet, j’ai vu autrefois une pièce intitulée le Gamin de Paris, où l’on remarque le caractère d’un vieux général qui est vraiment tapé ! Il rembarre un fils de famille qui avait séduit une ouvrière, qui à la fin…

— Certainement ! continuait Homais, il y a la mauvaise littérature comme il y a la mauvaise pharmacie ; mais condamner en bloc le plus important des beaux arts me paraît une balourdise, une idée gothique, digne de ces temps abominables où l’on enfermait Galilée.

— Je sais bien, objecta le Curé, qu’il existe de bons ouvrages, de bons auteurs ; cependant, ne serait-ce que ces personnes de sexe différent réunies dans un appartement enchanteur, orné de pompes mondaines, et puis ces déguisements païens, ce fard, ces flambeaux, ces voix efféminées, tout cela doit finir par engendrer un certain libertinage d’esprit et vous donner des pensées déshonnêtes, des tentations impures. Telle est du moins l’opinion de tous les Pères. Enfin, ajouta-t-il en prenant subitement un ton de voix mystique, tandis qu’il roulait sur son pouce une prise de tabac, si l’Église a condamné les spectacles, c’est qu’elle avait raison ; il faut nous soumettre à ses décrets.

— Pourquoi, demanda l’apothicaire, excommunie-t-elle les comédiens ? car, autrefois, ils concouraient ouvertement aux cérémonies du culte. Oui, on jouait, on représentait au milieu du chœur des espèces de farces appelées mystères, dans lesquelles les lois de la décence souvent se trouvaient offensées.

L’ecclésiastique se contenta de pousser un gémissement, et le pharmacien poursuivit :

— C’est comme dans la Bible ; il y a… savez-vous…, plus d’un détail… piquant, des choses… vraiment… gaillardes !

Et, sur un geste d’irritation que faisait M. Bournisien :

— Ah ! vous conviendrez que ce n’est pas un livre à mettre entre les mains d’une jeune personne, et je serais fâché qu’Athalie…

— Mais ce sont les protestants, et non pas nous, s’écria l’autre impatienté, qui recommandent la Bible !

— N’importe ! dit Homais, je m’étonne que, de nos jours, en un siècle de lumières, on s’obstine encore à proscrire un délassement intellectuel qui est inoffensif, moralisant et même hygiénique quelquefois, n’est-ce pas, docteur ?

— Sans doute, répondit le médecin nonchalamment, soit que, ayant les mêmes idées, il voulût n’offenser personne, ou bien qu’il n’eût pas d’idées.

La conversation semblait finie, quand le pharmacien jugea convenable de pousser une dernière botte.

— J’en ai connu, des prêtres, qui s’habillaient en bourgeois pour aller voir gigoter des danseuses.

— Allons donc ! fit le curé.

— Ah ! j’en ai connu !

Et, séparant les syllabes de sa phrase, Homais répéta :

— J’en-ai-connu.

— Eh bien ! ils avaient tort, dit Bournisien résigné à tout entendre.

— Parbleu ! ils en font bien d’autres ! exclama l’apothicaire.

— Monsieur !… reprit l’ecclésiastique avec des yeux si farouches, que le pharmacien en fut intimidé.

— Je veux seulement dire, répliqua-t-il alors d’un ton moins brutal, que la tolérance est le plus sûr moyen d’attirer les âmes à la religion.

— C’est vrai ! c’est vrai ! concéda le bonhomme en se rasseyant sur sa chaise.
Mais il n’y resta que deux minutes. Puis, dès qu’il fut parti, M. Homais dit au médecin :

— Voilà ce qui s’appelle une prise de bec ! Je l’ai roulé, vous avez vu, d’une manière !… Enfin, croyez-moi, conduisez Madame au spectacle, ne serait-ce que pour faire une fois dans votre vie enrager un de ces corbeaux-là, saprelotte !
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Elle confondait, dans son désir, les sensualités du luxe avec les joies du cœur, l’élégance des habitudes et les délicatesses du sentiment.
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[...] chaque notaire porte en soi les débris d'un poète.
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(Les femmes) ne s'avouent pas leurs sens ; elles prennent leur cul pour leur cœur et croient que la lune est faite pour éclairer leur boudoir.
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« C'était à Mégara, faubourg de Carthage, dans les jardins d'Hamilcar »,
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Il faut vous secouer, monsieur Bovary ; ça se passera !
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– J’avais cru, quand la Révolution est arrivée, qu’on serait heureux. Vous rappelez-vous comme c’était beau ! comme on respirait bien ! Mais nous voilà retombés pire que jamais.
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«  Mais un infini de passions peut tenir dans une minute, comme une foule dans un petit espace » …
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