Citations de Hanif Kureishi (411)
On est infaillible dans le choix de ses amants, surtout quand on cherche la personne qui ne convient pas. Il existe un instinct, un aimant ou une antenne qui nous poussent à rechercher ce qui ne convient pas. Bien sûr, la mauvaise personne est bonne à quelque chose : pour nous punir, nous harceler ou nous humilier, nous plaquer, nous laisser pour mort ou, pire que tout, nous donner l’impression de ne pas être tout à fait ce qui ne nous convient pas, mais d’être presque bien, nous laissant ainsi en suspens dans les limbes de l’amour. Il n’est pas donné à tout le monde de savoir le faire.
La seule chose qu’ils n’aiment pas, c’est se quereller. Ils s’imaginent que s’ils commencent, ça ne s’arrêtera jamais et que ça se terminera en vraie guerre. Ils en ont déjà connu et chacun a bien failli tour à tour partir en claquant la porte. Mais ce sont les disputes qu’ils ont eues avant, avec d’autres gens, et la peur de recommencer, qui semblent, en ce moment, les rendre nerveux.
La profondeur et la passion que déploie Florence sur la scène m’apparaissent clairement. Mais, je le sais, ce qu’un artiste trouve intéressant dans son travail, ce qu’il considère comme original et pénétrant, ne va pas nécessairement captiver un public qui ne le remarquera peut-être même pas, qui ne s’occupera que de l’intrigue.
En faisant ma valise, j’ai compris que si nous partions tous les deux, mon mariage allait voler en éclats. Tu t’apprêtais à aller en Amérique. Ton film aurait certainement du succès. Les femmes se jetteraient sur toi. Je savais que je n’avais pas vraiment de place dans ta vie.
Le rire du bébé nous fait rire à notre tour. Ça me fait plaisir qu’il plaise aux autres. Ça m’a pris un moment, mais je m’habitue à être à sa disposition et à profiter de sa présence plutôt que de considérer ce que je veux comme le plus important.
Le divorce est certainement un plaisir sous-estimé. On parle toujours de la cruauté de la séparation, mais que dire de ses délices ? Que pourrait-il y avoir de plus rafraîchissant que de ne plus jamais avoir à dormir dans le même lit que ce corps rébarbatif et de ne plus entendre ces jérémiades familières ? Il y aurait de quoi se féliciter éternellement d’une telle délivrance : c’est comme perdre sa virginité ou devenir millionnaire.
Je regrette de l’avouer, mais je m’imaginais par je ne sais quelle aberration que le mariage allait résoudre mes problèmes et me donner un sentiment de sécurité.
Je veux jouer les grands rôles, les héroïnes de Tchékhov et d’Ibsen. Je veux hurler, être emportée par la fureur et la passion.
Pour moi, j’appelle l’analyse – deux personnes qui discutent – « l’apogée de la civilisation ». Couché dans mon lit, j’ai repensé à mon aventure avec Florence. Il s’agit plus de rêves éveillés – les « envolées de spéculations débridées » de Coleridge – que de réflexions organisées, comme si je m’imposais un sujet pour la nuit. Tout vous revient dans ces périodes de méditation, surtout l’enfance.
Mon médecin, avec lequel je prends souvent un verre, professe un ridicule enthousiasme pour les pilules et la bonne humeur. Il affirme que si je n’arrive pas à être heureux avec ce que j’ai, je ne le serai jamais. Il nie énergiquement ce qu’il peut y avoir de positif dans les conflits intérieurs et veut me prescrire des antidépresseurs : comme si je préférais être abruti plutôt que prendre conscience de mes côtés épouvantables.
Le téléphone n’arrête pas de sonner, mais je sors rarement, je n’invite personne : j’ai presque la phobie des gens. Je ne saurais dire ce que j’imagine des autres, mais l’esprit humain a rarement une vision claire. Peut-être que je me sens seulement vidé pour avoir joué le premier rôle dans un film.
On est toujours indulgent quand on plaisante.
Elle a quelque chose de frêle, de fragile. Elle a toujours été délicate, mais maintenant on dirait qu’elle marche sur des œufs.
Ce sont les gens qui se rendent malades quand ils ne mènent pas la vie qu’ils devraient mener.
Mais c’est du désespoir, pas de la déprime. Ces distinctions sont capitales.
Les Londoniennes fantasment toujours à propos des champs. Seulement, elle a le rhume des foins. Je ne vois pas l’intérêt d’aller dans un endroit où on ne connaît personne. Il est vrai que je ne vois pas l’intérêt de faire grand-chose.
J’ai toujours été impressionné par les gens qui ont un plan de carrière ; mais j’appréhende l’ambition, ou l’envie de réussir. J’ai peur de ce que je souhaite, peur d’où ça pourrait m’entraîner et de l’opinion que ça pourrait donner de moi aux autres. Pourtant, comme l’explique Florence, comment bâtir des cathédrales et des banques, éliminer des maladies, renverser des dictateurs, remporter des matches de football sans frustrations et sans l’envie de les dominer ? Il faut souvent préciser les choses les plus simples.
Si tu génères ton propre travail, ça te donnera une autre sorte de plaisir.
Réussir, c’est un peu savoir supporter l’envie et la pure et simple aversion.
Ils n’ont que de petites vies, ils se vantent, mais ils ne font rien, ils tournent
en rond.