AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Critiques de Henri Bosco (225)
Classer par:   Titre   Date   Les plus appréciées


L'enfant et la rivière

"L’enfant et la rivière", c’est l’histoire du jeune Pascalet qui connaît une enfance paisible dans un petit mas provençal au milieu de champs bordés de cyprès. Le soir, à la veillée, il entend les grandes personnes parler de la rivière qui coule au loin, là-bas, derrière les prés. On évoque des eaux bouillonnantes, des crues et des courants. Bref, tout ce qui détermine Pascalet à faire de cette rivière « sa rivière » malgré l’interdiction formelle de s’y rendre maintes fois réitérée par sa mère. Et puis il y a les bohémiens…

Vient l’occasion tant de fois rêvée : l’absence prolongée des parents et la « garde molle » de sa tante Martine. Il succombe à la tentation et rejoint la rivière… Il découvrira l’île et les bohémiens ; mais aussi Gatzo…

Ne vous laissez pas perturber par le fait que ce petit livre est recommandé à la lecture aux jeunes à partir de dix ans ; Michel Tournier n’affirme-t-il pas qu’un bon livre est un livre qui peut être lu par un enfant de dix ans, justement ?

Il y est question de la tentation, de la transgression de l’interdit, certes… mais aussi de l’amitié entre Pascalet et Gatzo. Et puis cette Provence là, c’est aussi celle de Giono. Alors…

Commenter  J’apprécie          1952
L'enfant et la rivière

Je profite des lecture scolaires de mes enfants pour (re)lire les classiques. J'ai donc fait la rencontre de Pascalet et de Gatzo a travers ce roman.



Un bien beau roman , qui raconte la Provence , la nature, les mésaventures des deux garçons, l'amitié mais aussi l'amour "familial".



L'écriture est agréable, et transmet bien l'amour de l'auteur pour cette région.



Personnellement, ce n'est pas le style de lecture que j'affectionne particulièrement, mais c'est un roman bien sympa pour notre jeunesse.

De l'avis de ma fille, il y a malgré tout quelques longueurs. Elle n'a pas du tout été réceptive aux longues descriptions sur la nature en elle même. De ses propres mots "il ne se passe rien". D'un autre côté elle a beaucoup aimé l'histoire d'amitié avec les deux garçons.



En bref, et pour conclure une belle histoire mais qui manque d'action

Commenter  J’apprécie          1289
L'enfant et la rivière

Parce qu’il nous parle d’un enfant, ce livre est malheureusement souvent relégué au rayon jeunesse. Et a fait naître en moi une affreuse méprise, doublée du souvenir de ces fameuses dictées scolaires dont Bosco faisait souvent partie. Nous suivons effectivement notre jeune ami Pascalet pendant environ une année dans ce roman d’apprentissage. Pascalet va tour à tour braver les interdits familiaux, découvrir l’amitié, rencontrer l’étranger. Henri Bosco convoque dans ce conte des souvenirs d’enfance idéalisés. Mais si nous suivons les aventures de cet enfant, c’est bien la nature qui en est le personnage principal. Avec une plume poétique, Henri Bosco sait comme nul autre décrire le souffle du vent sur le visage, l’odeur des herbes, la découverte des poissons d’argent, la nuit étoilée.
Commenter  J’apprécie          10514
L'enfant et la rivière

Voici un de ces livres magiques que l'on peut relire a l'infini.Un roman qui permet de se plonger dans l'ecoute de la nature,toutes les sensations qu'elle peut nous procurer si nous prenons le temps de l'observer.Une belle escapade poetique contee a travers les yeux d'un enfant sensible.

L'enfant,sa merveilleuse tante Martine,l'amitie,les gitans,le theatre forain,tout se conjugue pour qu'on soit pris,qu'on retrouve sa fraicheur enfantine,celle que Bosco a si bien restituee
Commenter  J’apprécie          831
Le mas Théotime

Je suis encore tout remué par cette histoire, Le mas Théotime, un de mes coups de cœur de cette année. Et ce, pour plusieurs raisons. D’abord, il y a ce charme du sud de la France, de la Provence, comme on le retrouve dans les histoires de Giono ou Pagnol. Ces petits villages charmants, les exploitations agricoles avec leurs propriétaires et leurs métayers, puis les étendues sauvages aux alentours, le tout parfois soumis aux intempéries et à la rudesse du climat, les étés chauds et les hivers difficiles. Et ces gens qui travaillent la terre, la cultivent, la civilisent, ils en sont orgueilleusement fiers et ils en gardent jalousement chaque parcelle, comme s’il s’agissait de leur vie. Et l’auteur Henri Bosco réussit merveilleusement bien à glorifier cette existence sans occulter les aspects moins positifs. Isolement, dur labeur, chicanes de voisins.



En effet, le protagoniste Pascal Dérivat se retrouve en possession de plusieurs métairies, dont le fameux mas Théotime du titre (qu’il tient d’un grand-oncle du même nom). C’est un homme du pays, doté d’« une sagesse assez rustique », esseulé sur ses terre, qui aime les travaux des champs, mais cultivé aussi, aimant herboriser. Il mène une vie rangée et paisible, en bonne harmonie avec ses fermiers, les Alibert, honnêtes et travailleurs, qui « étaient modelés aux exigences de la terre » (p. 30)



Puis, un jour, sa (distante) cousine fait irruption chez lui et dans sa vie. « Je connaissais assez Geneviève pour craindre que son irruption dans ce monde bien équilibré n’y apportât un dérèglement dont nous aurions bientôt tous à souffrir. » (p. 30) Il y a bien quelque chose entre eux, une vieille histoire, un malaise certain mais une connivence qui se transforme rapidement en une attirance, des sentiments. Mais la jeune femme est mariée et l’intrigue se déroule à une autre époque, où ces choses sont importantes. Mais on se plait à l’oublier et à espérer des moments heureux. On y croit. « Dans ce paysage se forme le rêve lui-même […] » (p. 68). Est-ce le début d’une histoire d’amour? Non, du moins, pas un roman d’amour conventionnel ni à l’eau de rose. Chaque fois qu’ils semblent se rapprocher – et certains de ces moments sont magnifiques, comme dans l’ermitage à Mitocombe – quelque chose survient et les sépare à nouveau.



Au même moment, les difficultés avec un voisin chicaneur, le vieux Clodius (un parent lui aussi, un cousin) prennent un tournant pour le pire. Avare, mesquin, calculateur, c’est le genre de voisin que personne ne souhaite et qui peut causer bien des problèmes. Peut-être même une vengeance? Sa malveillance ajoute une dimension supplémentaire au roman, l’empêche de s’enliser dans une histoire romantique mielleuse. Plutôt, le conflit escalade rapidement, créant une atmosphère lourde. Les voisins s’espionnent. Mais c’est tout de même l’occasion de découvrir d’autres pans de ce paysage magnifique, le vieux sentier, la montagne, les pâturages, etc.



L’auteur Henri Bosco nous amène là où il le veut, réussissant constamment à surprendre ses lecteurs. Cette alternance entre moments doux et précieux, oniriques – après tout, la glorification du travail des champs s’y prête beaucoup – et d’autres, intenses et pesant, était parfois déstabilisante mais c’est ce qui peut rendre une œuvre originale et réussie, s’éloignant des sentiers battus et prévisible. Du moins, c’est mon avis. La plénitude, la passion refoulée de Pascal, je les ressentais. Mais il en allait de même de son inquiétude, de son angoisse. Je partageais tout! Même l’oppression. Il faut dire que, avec un homme romanesque comme lui, avec une propension à la réflexion, à l’introspection, il était très facile de se placer dans la peau de ce personnage.



Le rythme de ce roman était plutôt lent mais, étrangement, cela ne m’a pas dérangé du tout. En effet, une certaine lenteur convient à ce genre d’histoire qui doit se laisser développer précieusement. Un rythme effréné aurait été affreux et ça aurait été passer à côté de l’essentiel. L’intrigue est une chose, mais l’univers l’est tout autant et, pour bien le saisir, il faut vivre au gré des saisons, de la nature. Et elle sait se montrer généreuse.



Henri Bosco, c’est un des chantres de la Provence. Ses mots, simples et recherchés à la fois, visent toujours juste. Ils arrivaient à créer des images, des impressions, des sensations. J’avais l’impression d’y être, de côtoyer Pascal, Geneviève et tous les autres. De participer aux travaux des champs, de me promener sur des sentiers, de me reposer dans un hamac au clair de lune, etc. Les descriptions sont nombreuses mais jamais chargées. Elles sont intégrées judicieusement à l’histoire, se mêlent à l’action, aux souvenirs, aux sentiments que ressentent les personnages. Tout est si bien entremêlé pour former une œuvre magistrale. Ceci dit, Bosco ne fait pas que décrire, il se transforme en poète à l’occasion et sa plume originale et innovatrice offre de jolis jeux de mots. « Une nuit qu’il faisait très chaud et qu’il lunait doucement […] » (p. 40)



Je me répète : Le mas Théotime est un de mes coups de cœur de l’année et il me tarde de lire d’autres romans de Bosco.
Commenter  J’apprécie          777
L'enfant et la rivière

Certains de ma génération et celles d'avant ressentent les textes d'Henri Bosco comme ce temps des dictées, la craie sur le tableau noir qui laissait sur les doigts cette étrange poudre parfois désagréable, l'encre que l'on versait dans ces petits réceptacles en porcelaine tout en haut des pupitres d'écoliers... Chacun retrouvera dans cette nostalgie un temps qui fut agréable ou peut-être traumatisant...

Mais Henri Bosco, chantre de l'enfance et de la Provence, auteur peut-être oublié ou pas aujourd'hui, mérite le détour et ne doit pas être cantonné dans les livres pour la jeunesse ni dans une littérature régionaliste désuète. Pour l'anecdote, je me souvenais bien sûr de cet écrivain dont les textes avaient bercé mon enfance, mais j'ignorais où il était enterré. Et c'est, il y a trois ans, à la faveur d'un séjour estival dans le Lubéron, en cherchant dans le cimetière de Lourmarin la tombe si discrète d'Albert Camus, presque abandonnée, que je suis tombé par hasard sur celle d'Henri Bosco, à mon grand étonnement...

Dans l'enfant et la rivière, j'y ai vu une célébration jouissive de la désobéissance...

L'enfance est bien ce territoire idéal et incompris où l'on peut franchir les limites, presque sans peur et sans bravoure. À tâtonnement, en écartant les roseaux et les ajoncs, en avançant pas à pas...

L'histoire ne tient à presque rien. Il y a cette rivière, comme un personnage à part entière, qui attire, qui fascine, comme un aimant. Elle est au coeur de ce très court récit et va entrer dans l'imaginaire de Pascalet, son héros. Pascalet, cet enfant, découvre cette rivière, on lui a tellement dit de ne pas s'approcher de son rivage, de son cours tumultueux et capricieux que l'endroit devient encore plus fascinant pour l'enfant. Le récit va prendre la forme d'une fugue...

Il y a comme un appel, non pas du large, mais d'un lieu étrange, mystérieux, à la fois à proximité, tout en offrant des rivages presque lointains. Une rivière n'est jamais forcément quelque chose d'immense, son horizon est à portée du regard, l'autre rive se situe à quelques encablures d'où nous l'observons, mais du point de vue de l'enfant, c'est autre chose. Et pour peu qu'une île émerge au milieu de cette rivière, pour peu que la végétation foisonnante du lieu offre autant de bonheur pour les yeux que d'inquiétude pour le coeur, pour peu que les reflets chatoyants de l'onde ressemblent à des mystérieux mouvements presque souterrains, venus d'un autre monde, cela donne un texte épris de beauté et de liberté...

C'est l'occasion pour l'auteur de nous offrir de magnifiques et riches descriptions de la nature, sa faune, sa flore en bord de rivière...

Il y a quelque chose d'à la fois réel, presque palpable et onirique dans ce très beau texte.

Et puis il y a cette rencontre avec cet autre enfant, Gatzo... L'un est étranger à l'autre et c'est ce qui les fascine tous les deux... Je n'en dirai pas plus sur les circonstances particulières où les deux enfants font connaissance, mais ce récit prend toute son importance dans cette relation, l'autre, qu'on ne connaît pas, presque étranger, venu d'on ne sait où, surgi par l'entremise de cette rivière...

L'amitié qui se forge à l'enfance est quelque chose de fort. L'auteur le dit avec émerveillement. C'est sans doute ce qui donne cette âme au texte et peut le rendre immortel.

Figurez-vous que j'ai relu ce récit la semaine dernière, à la suite de ma chronique du roman Tropique de la violence où la mère adoptive du héros principal, Moïse, avait bercé son enfance avec ce roman, L'enfant et la rivière, à tel point qu'ils avaient baptisé un chien qu'ils avaient recueilli du nom de Bosco...
Commenter  J’apprécie          7212
Malicroix

Qui peut lire encore Bosco de nos jours ? Qui peut se lancer dans la subtilité de ces histoires à la sobriété monacale, où une ombre peut constituer un évènement, une intuition une présence, et une maison compter comme un personnage ? Qui peut encore s’immerger dans la profondeur incroyable de ces ambiances, dans ces lieux si minutieusement décrits et aux caractères si marqués que peut-être ce sont eux les véritables héros ?



Le jeune Martial de Maigremut apprend le décès d’un grand-oncle qu’il n’a jamais rencontré, mais dont l’ombre a plané sur sa vie depuis sa naissance. C’est que, par son père, il est issu d’une famille paisible. Les Maigremuts, grande famille très unie, vivent sereinement et mettent leur sagesse domestique au service de la terre douce et généreuse où ils sont établis depuis des générations. Mais sa mère est Malicroix. Une famille dure, austère, au tempérament de feu, vivant solitaire au fin fond des marais de la Camargue.



Et voila que le dernier des Malicroix vient de mourir, laissant tous ses biens à ce lointain neveu qui porte la dernière goutte de sang Malicroix. Il ne lui laisse que de maigres possessions. Un troupeau de moutons. Le berger qui les garde. Et surtout, une île. La retraite solitaire où il a passé l’essentiel de sa vie, en la seule compagnie du berger et d’un chien. Une île au milieu de nulle part, entourée par les eaux sauvages d’un fleuve en crue. Et ce qui l’entraine là-bas prendre possession d’un si maigre héritage malgré les dangers qu’il pressent c’est, il le sait bien, cette petite goutte de sang Malicroix qui court dans ses veines…



Les univers de Bosco sont étranges, mystérieux, déstabilisants. ‘’Malicroix’’ est l’une de ses œuvres ‘’dénudée’’, où l’intrigue est réduite à sa plus simple expression, le nombre de personnages au strict minimum, et où les ombres et les silences font le reste. Il se laisse cependant nettement plus facilement apprivoiser que ‘’Le récif’’ ou ‘’Une ombre’’, et constitue donc une bonne étape pour ceux qui veulent explorer son œuvre. Comme toujours, ses descriptions et les lieux sortis de son imagination sont sublimes – combien j’aimerais être un Maigremut, et pouvoir me promener dans leur verger centenaire où murmure une source !
Commenter  J’apprécie          719
L'enfant et la rivière

Un très beau roman jeunesse, dont l'action se déroule en Provence, en pleine nature. Un très agréable livre d'aventure rempli de poésie. Un classique de la littérature jeunesse. Une valeur sûre.
Commenter  J’apprécie          680
Le mas Théotime

Véritable Brontë de la Provence, Bosco nous livre un texte d’une grande beauté dans sa simplicité et sa profonde inspiration romantique.

Comme dans un roman de Brontë on sent le romantisme exacerbé doublé d’un amour infini de la terre.

Bosco est le chantre des collines, des champs des bois de sa Provence comme Emilly Brontë nous faisait intimement partager son amour de la lande.

Il nous fait passer l’amour viscéral de la terre.

Le texte est toujours clair, d’une simplicité recherchée mais jamais simpliste.

Quelques notions morales ont bien sur un peu vieilli mais je les souhaiterais toujours actuelles.

Le calme règne malgrés la rudesse de la nature et la rudesse des sentiments.

Comme dans tout le mouvement romantique l’amour contrarié est de rigueur et sa beautè n’en est que magnifiée



La vie paisible de Pascal Dérivat, le narrateur, la sagesse qu'il doit à sa terre sont un moment bouleversées par le séjour au mas Théotime de sa cousine, Geneviève, créature étrange et passionnée, qui déchaîne plus d'un orage et qui, dit-on, est dotée d'un mystérieux pouvoir sur les animaux. Ce roman, qui fleure bon le terroir, est aussi le plus célèbre de Bosco.



Le sage et calme Pascal Dérivat voit sa vie bouleversée par l'arrivée de sa cousine Geneviève.

Entouré de fermiers peu loquaces, mais dévoués, les Aliberts, il est en but aux persécutions de son cousin Clodius.

Homme simple, rustique, amoureux des plantes, il a pourtant du sang Clodius dans les veines... Sa cousine arrive sans crier gare, à la suite d'errances déplorables.

Cultivé, érudit, mais s'adonnant aux travaux des champs, avec sérieux, Pascal voit sa tranquillité menacée par son amour, amour impossible.

Les puissance de la terre s'expriment aussi dans ce roman, ou la force des collines irrite parfois les nerfs...

Pascal se trouve alors dans une situation qui peut difficilement se prolonger.

Commenter  J’apprécie          680
L'enfant et la rivière

Ayant lu ce livre en 6ème en lecture obligatoire, j'avais envie de le relire ou du moins le lire car j'en avais pas beaucoup de souvenirs. J'avais peut-être étudié quelques extraits. J'ai bien fait car il me semble l'avoir plus apprécié maintenant. L'odeur de la Provence, l'apprentissage de l'enfance, l'amitié, le goût du risque et de l'aventure, bref un roman d'initiation. Le jeune Pascalet, s'ennuie un peu avec sa tante Martine et ses parents. Lorsque ces derniers s'absentent plusieurs jours, il décide d'aller voir cette rivière qui le fascine malgré l'interdiction de ses parents. Il y découvre le goût de l'aventure, rencontre un jeune bohémien nommé Gatzo à l'histoire un peu trouble. Ensemble, ils vont vivre sur l'eau des journées entières et vont combler leur soif d'aventures.

C'est un roman agréable à lire, avec des belles descriptions sur la faune et la flore qui frôlent la poésie. Pour un jeune adolescent, le récit peut paraître un peu plat au niveau de l'action mais il peut plaire également si le jeune lecteur est sensible aux descriptions de la nature

Un bien beau roman..

Commenter  J’apprécie          6214
L'Âne Culotte

On trouve chez Henri Bosco ce sentiment océanique, religieux par excellence. Le 'eins mit allem' des romantiques allemands. Dans L'âne culotte, Constantin fait corps avec les éléments, la montagne, l'âne. Comme Pascalet, dans L'enfant et la rivière, il est attentif à la 'cadence de l'onde universelle'...

L'univers de Bosco est un univers chiffré, entrecroisé de signes, traversé de réminiscences d'un monde agraire, rustique, archaïque. L'écriture du monde. Un monde peuplé d'âmes, enveloppé d'étrangeté, balançant entre sommeil et veille, antérieur aux frontières. Un monde qui évoque les pratiques druidiques, qui confond les mânes, l'esprit des animaux et le christianisme. Monde nocturne, humide, improbable; d'effluves épais et de sons imprévus...qui répondent à d'inquiétants appels... Tout baigne dans une participation mystique communiquante et fluide, où tout s'apparente, s'interpénètre et se contamine....Règne végétal et minéral, règne animal et humain...le monde des vivants et celui des morts, dans ses multiples métamorphoses et survivances... Syncrétismes, où l'on reconnait des éléments d'orignes diverses, locales et d'ailleurs. Où tout se relie et vibre à l'unisson dans un panthéisme débridé et troublant, qui ravi sens et conscience, en brouillant les pistes........Une langue sensible et juste restitue l'indicible de l'expérience... la parole poétique s'y prête, droite et simple...directe...elle communique, et on communie...
Commenter  J’apprécie          5413
Malicroix

Un grand merci à quelques Babeliots et Babeliotes de m'avoir conseillé cette lecture (désolée je ne me souviens plus de vos noms, mais je sais que vous vous reconnaîtront...) . de Bosco, j'ai lu quelques livres, le tout premier, lu en 6ème, "L'enfant et la rivière" et que j'ai relu récemment. le thème de la nature et de l'eau y sont omniprésents. Un certain mystère également avec des personnages âpres et rudes mais pas forcément dénués de bonté et de générosité. le second livre fut "Le mas Théotime" qui a été un véritable coup de coeur, il a eu le prix Renaudot en 1945. Je l'ai même offert à des amis issus de cette Provence qu'ils aiment tant. Et mon troisième roman de Bosco est celui-ci "Malicroix". Un bien beau roman, dense, sombre, âpre, mystérieux et un brin fantastique. Un livre envoûtant et qui me paraît après cette lecture une parenthèse enchantée. Pas d'indication de date, juste une date de l'éditeur qui situe le récit "dans les trois premières décades du dernier siècle". Par contre l'indication des lieux est beaucoup plus claire, nous sommes en Camargue. Pas celles des touristes mais celles plus sombres et authentiques qui donnent un petit air suranné qui me plaît bien. Voilà pour mes premières impressions.

Le récit en lui-même est relativement simple mais rempli de mystère. Martial de Megremut hérite d'un Grand-Oncle, un Malicroix, une maison retirée dans la Camargue profonde près du Rhône sur un îlot sauvage. Toute sa famille, les Megremut le dissuade d'y aller mais Martial veut aller voir ce qu'il en est. Malgré sa vie entourés de ses oncles et tantes si chaleureux et aimants, il décide de s'y rendre. Là-bas, tout n'est que rudesse, sauvagerie et nature à l'état brut. Lorsqu'il voit le notaire Maître Dromiols, il lui annonce que son Grand-Oncle lui cède cette maison plus l'îlot entier avec une condition. Il doit rester trois mois sans quitter les lieux. Va t-il pouvoir le faire ? Je ne vous en dirait pas plus sur l'histoire.

J'espère vous avoir donné envie de lire ce roman que je vous conseille bien évidemment.

Commenter  J’apprécie          533
Malicroix

Une Camargue loin des clichés touristiques . Une île déserte, un domaine encerclé par l 'impétueux Rhône , au cœur d’une Camargue rude, mystérieuse, un troupeau, c’est ce que laisse en héritage

feu Cornélius Malicroix , à son un petit-neveu, Martial de Mégremut, descendant Malicroix par sa mère . Mais ce patrimoine ne pourra être obtenu qu' à la condition que le légataire respecte strictement les règles spécifiées dans un étrange et insolite testament complété par un codicille secret. C’est le notaire maître Thomas Dromiols et son clerc Oncle Rat qui veilleront au respect des dernières volontés du donateur .

Ce qu’il impose à son parent éloigné qui ne porte pas son patronyme c’est de ne pas quitter l’île plongée dans les redoutables tourments de l’hiver pendant plusieurs semaines, resté isolé, esseulé.

Cette épreuve sera une révélation pour Martial et marquera son destin



Page après page, on partage les angoisses du jeune-homme, ses doutes, ses interrogations. Avec lui,

on subit l’hypnose, l’ensorcellement des nuits profondes dans cette contrée sauvage , l’envoûtement du royaume des ombres , la peur du danger qui rôde...





Commenter  J’apprécie          530
L'Âne Culotte

Je ne me lasse pas de l’univers d’Henri Bosco. Après une dizaine de bouquins en l’espace de quelques mois à peine, cet engouement ne se dément toujours pas. L’âne culotte est un des romans les plus populaires de l’auteur, je suis surpris de ne pas l’avoir lu plus tôt. Peu importe. Dès les premières pages, j’y retrouve cette atmosphère si précieuse qui m’avait plu ailleurs. Il y a les paysages de Provence, les hauts plateaux, les rivières, les villages reculés, avec ses petites maisons en pierre, ses ponts. Le tout dans un style si poétique, un vocabulaire très précis et évocateur. Ses descriptions parfois longues (dans certains cas, de quelques paragraphes) ne me paraissent jamais lourdes. Et puis, il y a ces touches d’étrangeté, de mystère. Par exemple, cet âne culotté, qui semble vous regarder droit dans les yeux, comme s’il pouvait lire vos pensées…



Malgré mes premières appréhensions (avec cet âne en apparence si sympathique, presque comique, qui donne son nom au titre, et cet enfant qui le monte), j’avais l’impression qu’il s’agissait davantage d’un roman pour les plus jeunes. Un peu à la manière de L’enfant et la rivière, même si un adulte peut apprécier ce dernier. Eh bien, non. Placer L’âne culotte entre les mains d’un gamin peut s’avérer hasardeux.



On y suit Constantin Gloriot, un garçon qui vit chez ses grands-parents, des gens différents des paysans des environs, aisés, qui emploient des domestiques. Avec lui, on découvre ce coin de pays, sa géographie, ses habitants. Certains sont des visages familiers, comme le curé, etc. Il se lie avec la petite Hyacinthe, de son âge, silencieuse, orpheline gardée par les domestiques des Gloriot. Enfin et surtout, il y a Monsieur Cyprien, qui habite plus haut dans les montagnes, qui possède un jardin secret (paradis perdu) et des habilités spéciales (minéraux, végétaux et animaux semblent lui obéir, dont le fameux âne). Ce bonhomme particulier détecte quelque chose, un don, une prescience chez ces deux enfants qui seront entrainés dans une série d’aventures qui prennent des allures d’initiation. Il est difficile de résumer davantage ce roman.



Comme je l’ai écrit plus haut, j’adore l’atmosphère qui se dégage des romans de Bosco. Ce roman n’y fait pas exception. Je me suis laissé entrainer dans l’histoire de Constantin et Hyacinthe, j’ai partagé leurs joies, leurs craintes, leurs peines et leurs espoirs. Leurs aventures, anodines d’abord, sont rapidement empreintes de spiritualité, de mysticisme, presque de religion. Dans tous les cas, on y détecte un je-ne-sais-quoi de fantasmagorique. Oui, fantasmagorique, le mot est à retenir. Tant par les thèmes que l’atmosphère, ça me fait penser aux films du réalisateur Miyazaki, que j’adore.



Toutefois, si l’univers me fascine, là où j’ai moins accroché, c’est à l’intrigue elle-même. Elle est difficile à cerner. Pendant toute la première partie du roman, elle me glissait entre les doigts. Tout finit par s’emmêler et trouver un sens mais, pendant une grande partie de ma lecture, je me demandais quel en était le moteur. Bien sûr, on peut dire que c’est un roman d’apprentissage, que Constantin doit trouver sa place dans le monde, mais…. Sans vouloir réduire un roman à son schéma actantiel, quelle était la mission du garçon? Eh bien, en arrivant à la fin, on découvre qu’il n’a pas réussi sa mission et que Hyacinthe joue un rôle plus important qu’on ne l’aurait cru. Et, même là, quelque chose m’échappe. Qu’étais-je sensé retenir de cette lecture? Je ne suis pas certain, et ce n'est pas une mauvaise chose non plus. Les livres n'ont pas à fournir toutes les réponses à toutes les questions. Dans tous les cas, L'âne culotte aura réussi à me dépayser, à me divertir et à me faire rêver et réfléchir à la fois.

Commenter  J’apprécie          506
Le mas Théotime

Mon livre préféré d'Henri Bosco que j'ai lu il y a bien longtemps et dont je ne conserve à vrai dire qu'un vague souvenir de l'intrigue tout en introspection. Je Après toutes ces années passées, je n'ai conservé de la lecture du "Mas Théotime" que le bruit du vent dans les arbres, les nombreux parfums des plantes et de la terre, les couleurs du soleil, la nuit vaste et remplie de recoins, etc. Jamais (ou alors à quelques rares occasions) je n'ai autant ralenti le rythme de ma lecture pour pouvoir m'imprégner un peu plus des parfums, de la chaleur, des sons, des couleurs de la Provence.
Commenter  J’apprécie          502
Le sanglier

Il aura fallu que je me rende en pèlerinage à Lourmarin, ou plus exactement à son cimetière, où est enterré le Nobel et géant Albert Camus, pour me rendre compte qu'un autre grand classique y est enterré également : Henri Bosco (1888-1976) ! Un écrivain que je ne connaissais pas, en dépit de tous les prix littéraires dont il a été honoré, comme le Prix Louis Barthou de l'Académie française, 2 ans après le Prix Renaudot, en 1945, pour son "Le Mas Théotime", en 1953 le Grand Prix national des Lettres et , 15 ans plus tard, le Grand Prix de littérature par l'Académie française pour l'ensemble de son oeuvre. Bref, un palmarès impressionnant !



Heureusement qu'il existe de nos jours Babelio et ses adhérents pour combler des trous dans sa culture. C'est en effet, Oran/Michèle d'Avignon, qui a attiré mon attention sur Henri Bosco, initiative pour laquelle je la remercie en passant.



Mon premier Bosco est son "Sanglier" de 1932, qui selon l'admirable préface de Christian Morzewski, constitue une espèce de préfiguration de "tout le matériau romanesque des grandes oeuvres à venir..." Parmi lequel il convient assurément de mentionner "L'enfant et la rivière ", "L'âne Culotte" et "Malicroix ".



Le Sanglier démarre sur une belle touche humoristique à propos de l'aide ménagère du héros principal, Monsieur René, la vieille Titoune, "... une excellente femme qui...aimait assez son prochain pour en parler, et il n'y a que trois moyens de le faire : le louer d'abord, ensuite le plaindre et finalement le blâmer." (p. 26 de l'édition folio) Cette citation en dit long, à mon avis, du talent observateur de l'auteur, ainsi que de son art de formuler ses observations.



C'est dommage que je ne puisse résumer l'histoire, par respect pour des futurs lecteurs, car elle est bonne et elle m'a plu. Il s'agit d'une intrigue située dans ce coin sauvage mais splendide du Luberon, parmi des gens très simples et qui capte l'attention du lecteur dès le début.

La confrontation de Monsieur René avec le sanglier est d'une beauté littéraire rare. Pas étonnant que Folio en a reproduit un large extrait en 4ème page de couverture. J'ai été saisi par la richesse du vocabulaire de l'écrivain et sa force d'évocation.



La situation géographique spécifique et la beauté du Luron, telle qu'est décrite avec maestria par Henri Bosco, donnent envie de prendre son rucksack, une paire de godasses solides et d'y partir en explorateur.



Comme le note, à juste titre, l'éditeur, l'opus d'Henri Bosco est "un troublant récit d'une terrible initiation au coeur du Luberon noir".

Il est surprenant qu'il ait fallu quasi trois quarts de siècle avant qu'une réédition de cette oeuvre remarquable voie le jour. Mais soyons content que c'est chose faite !
Commenter  J’apprécie          4812
L'enfant et la rivière

Enfin un roman comme j’aimerais en lire souvent; simple, clair, limpide, frais.

Style concis, descriptions réaliste, sentiments nobles et simples.

C’est tellement beau et simple qu'il est considéré comme un roman pour enfant.



Quelle chance pour eux d’entrer dans le monde de la littérature par cette porte.



Voilà peut-être l’une des reconquêtes du XX° siècle, cette liberté poétique, cette remontée à la source des symboles et des images !

Jean Steinmann.

Commenter  J’apprécie          486
Le mas Théotime

« L'aube des neiges. » Il y a de cela dans l'écriture de Bosco. La respiration d'un calme solitaire.

Il y a de la puissance. Pas de violence, mais de la force. Jamais de fracas, mais l'abondance d'une certitude. «  c'est là qu'on rencontre un air doux, qui sent l'eau vive et la feuille ».

C'est le roman des âmes et la bienfaisance des coeurs.

Le mas Théotime c'est la maison des saisons de l'esprit. Là où tout revient, se côtoie, se mélange, s'électrise, se frôle, se cache, se tapit, se confie, se parle, remonte et ressurgit.

C'est un peu la métaphore de la source, de la sève.

Le cheminement sous terrain des sens.

La raison, la passion, l'amour, l'amitié, l'enfance, tout est profond chez Bosco, les nuits, les étés, les regards, les silences.

Tout est sens, image, parfum, chant, ruisseau, craquement de feuilles, accueil des chaumes, poutres et tuiles, collines, arbres, de la première neige, à la dernière pluie vent, bêtes et hommes, , feux et âmes, tout est langage tout est vrille et racine, tout est lien.

Ils sont sauvages par nature, solitaires par besoin, présents par leurs gestes.

Les liens du sang de la terre et du ciel. …

Le mas Théotime est le roman le plus complexe que j'ai pu lire jusqu'à maintenant d'Henri Bosco. Le plus reel, celui qui scrute le plus entièrement la coeur et l'âme humaine.

Une croix dans un coeur. Comme une marque. Une promesse, un voyage sans retour. Un adieu sans chagrin, un volet qui se referme , une porte qui s'entrouvre. On passe le jardin, et déjà ...elle nous sourit.

Comment ne pas être sus le charme de ce pays ? Ne pas se sentir infiniment proche de cette gentillesse humaine, de cette simplicité, de ces paysages où la main donne l'intelligence aux gestes qu'elle prononce ? Rien n'est facilité, mais tout est pourtant douceur. Le bonheur n'est inscrit nul part, il n'est enfouit nul part. Existe t il ? ...Le printemps apportera ce que l'hiver aura su protéger.

Cela suffit pour faire naître le bien de l' été.

« Ces métairies, que tourmentent les vents d'hiver et que l'été accable, on été bâties en refuges, et, sous leurs murailles massives, on s'abrite tant bien que mal de la fureur des saisons ».

Là, les maisons tiennent au silence pour le repos des hommes. Et si l'on se tait c'est en amitié.

, Là la terre se referme sur la semence, la pluie fait éclater sa croûte légère, Une maison bonne comme le pain.

Le mas Théotime c'est un lieu, une demeure, un espace. Un espace qui s'agrandit, se cultive , se mérite, se travaille, se partage.

«  Pour aimer j'ai besoin d'abord de m'attendrir et non pas d'admirer ». C'est toute l'importance de l'émotion. Le sentiment n'est rien sans l'émotion. C'est là que se trouve la vérité et là que réside la beauté. «  la justice écoute aux portes de la beauté » a écrit le poète Aimé Césaire.

Comme cela est vrai.

Et la beauté de manque pas à la plume d'Henri Bosco. Ses mots dessinent, sculptent, déroulent, déversent, entaillent, remplissent, colorient, apaisent, irradient, rayonnent, forgent , taillent, « horizonent » , « automnent » ,« vallonnent » ..

«  Après tant de jours gris, maussades, l'été brûlait entre les flancs de la campagne ; et, en brisant le sol sous l'ardeur de sa flamme, il en tirait de grandes colonnes d'air chaud qui sentaient la fournaise.Quand la brise ne souffle pas, la chaleur et son odeur fauve s'accumulent en lourdes masses et restent immobiles. Alors des profondeurs du sol, où l'argile se cuit à feu couvert, jusqu'aux hauteurs du ciel où montent, aspirées, les molécules flamboyantes des poussières, s'élève l'édifice immense de l'été » .

Le temps ne s'apprécient qu'en heures pures et les hommes en paroles justes. Lire des pages de Bosco c'est un peu connaître « des moments de bonheur en accord avec l'eau et le calme du matin d'été. » Et puisque «  l'on connaît son bonheur quand on connaît ses peines ». Alors entendre le dit de Bosco c'est un peu prendre sa part à la « consolance » du monde. Je crois que lorsqu'on aime Bosco on peu bien entendre ce qui est écrit là. On peut voir « errer sur les bords du ciel, cette lueur diffuse. »

Poésie, voilà ta flamme, poète, voilà tes mots. Encore un grand et beau roman d'Henri Bosco, un de ces romans qui vous laisse à tout jamais la douce et tendre amitié de sa lecture.



Astrid Shriqui Garain

Commenter  J’apprécie          450
Malicroix



On reconnait un bouquin de Bosco à quelques thèmes, quelques éléments. D’abord, le sud de la France, les paysages de Provence (en particulier le Luberon). Ensuite, ses protagonistes sans attaches, solitaires, qu’ils soient des enfants ou des hommes d’âge mur. Par la suite, une touche de mystère (de mysticisme?), à la frontière du fantastique. Avec Malicroix, l’on peut cocher toutes ces cases. En effet, on y retrouve le jeune Martial de Mégremut, seul héritier de son grand-oncle maternel Cornelius de Malicroix. Contre l’avis de ses proches, il s’enfonce dans la Camargue pour y réclamer son héritage : des terres dans les marécages, quelque bétail, une masure. Mais à condition qu’il demeure là-bas, sur une ile isolée, pendant une période de temps. Évidemment, il est disposé à relever le défi.



Sur l’ile son ile, une vie simple et rustique l’attend. Il peut compter sur la compagnie de Balandran, qui s’occupe du troupeau et qui lui sert en quelque sorte de serviteur. Un type besogneux mais farouchement indépendant et solitaire. Puis, de temps à autre, la visite du passeur et du notaire. C’est tout. La vie sur cette ile est étrange. À certains moments, la pluie tombe souvent avec violence, à d’autres, un brouillard opaque l’envahit. Et que dire des durs hivers. Puis, il s’y passe d’étranges événements, par exemple, des coups de feu que l’on entend au loin. Des braconniers? Des rôdeurs furtifs… Rêve ou réalité? Parfois, Mégremut se perd dans la contemplation des eaux troubles du Rhône. « Quelquefois la vie mystérieuse de ces fonds montait à la surface, qui s’agitait, et une ondulation soulevait les eaux hautes qui la propageait jusqu’aux bords en bourrelets puissants. » (p. 45)



Cette nature, toujours présente dans l’œuvre de Bosco, prend ici des airs de chaos organique, sauvage et violent. De dangereux? Par exemple, un jour, Mégremut est témoin de la chute d’un mulet, qui glisse et se fait emporter par le courant vers le large du fleuve où il disparait dans un tourbillon. « C’est alors que j’eus vraiment peur. Et d’une peur mystérieuse. Hors de la crainte du danger, cette peur, qui m’envahissait, comme un corps glissé dans mon corps, portait le froid. » (p. 45). Ce paysage marécageux fait changement des plateaux arides, des jolis jardins bien entretenus, des villages pittoresques, de la civilisation. Au moins, la description est toujours aussi évocatrice, sublime. Plus on avance dans la lecture du roman, plus les délires de Mégremut se confondent, deviennent surréels. « Les arbres fantomalement formaient comme une forêt sous-marine, où les ondes, douces et longues, de cette clarté, glissaient entre les branches, telles des nappes d’eau faiblement colorées par de fugitives phosphorescences. » (p. 125)



Par moments, le lecteur se surprend à partager les délires de Mégremut, ses peurs, ses angoisses. Les mystères qui l’entourent sont si tenaces qu’il serait difficile d’en être autrement. On est dans quelque chose qui ressemble à un voyage initiatique. Ceci étant dit, à ces mystères s’ajoute des éléments bien réels : une vieille brouille entre voisins, datant de la jeunesse de Malicroix, dont l’ombre plane sur tout le roman. Rivalité, vengeance, histoire d’amour tragique… Je dois admettre ne pas avoir tout saisi de cette histoire aux ramifications multiples. Trop multiples? Il faut ajouter que l’intrigue est lente à se déployer. De plus, j’étais tellement absorbé par l’évocation de lieux, des sentiments de Mégremut, l’atmosphère qui se dégageait, que quelques pans de l’intrigue m’ont échappé. Entre autres, Anne-Madeleine, Le Grelu, Oncle Rat… Il y a vraiment très peu de personnages, essentiellement, ceux mentionnés dans cette critique, mais le rôle de chacun n’est pas clair et demeure flou un bon moment.



Bref, Malicroix est une lecture qui me laisse un peu sur ma faim (par rapport aux autres romans de Bosco) mais j’ai tout de même apprécié ce voyage énigmatique dans les paysages magiques du sud de la France.
Commenter  J’apprécie          442
Le Trestoulas

Henri Bosco est l'écrivain des grands causses et de la Durance. De ses livres à l'odeur de thym et de pierres chauffées au soleil, on se rappel surtout ‘L'enfant et la rivière', étiqueté un peu à tort littérature pour enfant. Sa suite, ‘Le renard dans l''île', tout aussi mal catalogué, m'avais laissé une impression de malaise qui m'a longtemps éloigné de cet écrivain. Heureusement, on m'a offert celui-ci.



Deux nouvelles le composent. Dans la première, il est question d'eau – cette eau si rare et si précieuse dans ces régions. Un village est traversé par un grand bassin naturel, qu'irrigue une source merveilleuse. Son eau est pure et fraiche, et nul ne sait d'où elle vient, tant elle a été captée il y a longtemps. Le maire, un parvenu lourd de corps et d'esprit mais jeune et pas dénué de prestance, se met en tête de combler une partie de l'espace où elle coule. Deux vieux originaux, amis du narrateur, s'insurgent contre son projet. Un ancien conflit avec un paysan à l'esprit droit et à la tête dure ressurgit. Une jeune fille venue des colonies arrive. Un drame se prépare, comme les nuages noirs d'un orage s'amassant au dessus des têtes, et nul n'y prête attention…



Dans la deuxième, il est question de mystère. Le héros est cette fois un jeune garçon aventureux, fasciné par les contreforts lointains du Lubéron. Un vieux berger vivant dans une hutte de pierre lui raconte une histoire à propos d'un village abandonné, perché quelque part dans la montagne…



Par nature, je suis plus porté sur les paysages verdoyants que sur la sécheresse du sud. Mais j'ai eu tout d'un coup un grand désir de sentir le soleil sur ma peau et de respirer l'odeur du thym et de la lavande…
Commenter  J’apprécie          422




Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Henri Bosco Voir plus

Quiz Voir plus

L'enfant et la rivière

Qui est Bargabot par rapport à Pascalet ?

Son oncle
Un ami de tante Martine
Un pêcheur qui apporte du poisson à la famille
Un vagant

11 questions
248 lecteurs ont répondu
Créer un quiz sur cet auteur

{* *}