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Christian Morzewski (Préfacier, etc.)
EAN : 9782070318599
272 pages
Gallimard (05/01/2006)
3.84/5   16 notes
Résumé :
Réédité pour la première fois depuis sa publication en 1932, l'un des tout premiers romans d'Henri Bosco, troublant récit d'une terrible initiation au coeur du Luberon noir.
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Il aura fallu que je me rende en pèlerinage à Lourmarin, ou plus exactement à son cimetière, où est enterré le Nobel et géant Albert Camus, pour me rendre compte qu'un autre grand classique y est enterré également : Henri Bosco (1888-1976) ! Un écrivain que je ne connaissais pas, en dépit de tous les prix littéraires dont il a été honoré, comme le Prix Louis Barthou de l'Académie française, 2 ans après le Prix Renaudot, en 1945, pour son "Le Mas Théotime", en 1953 le Grand Prix national des Lettres et , 15 ans plus tard, le Grand Prix de littérature par l'Académie française pour l'ensemble de son oeuvre. Bref, un palmarès impressionnant !

Heureusement qu'il existe de nos jours Babelio et ses adhérents pour combler des trous dans sa culture. C'est en effet, Oran/Michèle d'Avignon, qui a attiré mon attention sur Henri Bosco, initiative pour laquelle je la remercie en passant.

Mon premier Bosco est son "Sanglier" de 1932, qui selon l'admirable préface de Christian Morzewski, constitue une espèce de préfiguration de "tout le matériau romanesque des grandes oeuvres à venir..." Parmi lequel il convient assurément de mentionner "L'enfant et la rivière ", "L'âne Culotte" et "Malicroix ".

Le Sanglier démarre sur une belle touche humoristique à propos de l'aide ménagère du héros principal, Monsieur René, la vieille Titoune, "... une excellente femme qui...aimait assez son prochain pour en parler, et il n'y a que trois moyens de le faire : le louer d'abord, ensuite le plaindre et finalement le blâmer." (p. 26 de l'édition folio) Cette citation en dit long, à mon avis, du talent observateur de l'auteur, ainsi que de son art de formuler ses observations.

C'est dommage que je ne puisse résumer l'histoire, par respect pour des futurs lecteurs, car elle est bonne et elle m'a plu. Il s'agit d'une intrigue située dans ce coin sauvage mais splendide du Luberon, parmi des gens très simples et qui capte l'attention du lecteur dès le début.
La confrontation de Monsieur René avec le sanglier est d'une beauté littéraire rare. Pas étonnant que Folio en a reproduit un large extrait en 4ème page de couverture. J'ai été saisi par la richesse du vocabulaire de l'écrivain et sa force d'évocation.

La situation géographique spécifique et la beauté du Luron, telle qu'est décrite avec maestria par Henri Bosco, donnent envie de prendre son rucksack, une paire de godasses solides et d'y partir en explorateur.

Comme le note, à juste titre, l'éditeur, l'opus d'Henri Bosco est "un troublant récit d'une terrible initiation au coeur du Luberon noir".
Il est surprenant qu'il ait fallu quasi trois quarts de siècle avant qu'une réédition de cette oeuvre remarquable voie le jour. Mais soyons content que c'est chose faite !
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Un été, comme chaque année, le narrateur gagne le petit mas du Lubéron au fond d'une vallée déserte, où il peut s'adonner à la rêverie et à la peinture en paix. Comme chaque été le même paysan taciturne, Firmin, l'attend avec sa charrette à la gare pour l'y mener. Comme chaque été, la même vieille paysanne qui lui fait ses courses et son ménage a préparé la maison, et ragote à n'en plus finir. Comme chaque été…

Non. Il y a quelque chose de changé cet été là. Quelque chose d'étrange dans l'air. de petits évènements bizarres. Des présences étranges, que l'on ne voit pas mais que l'on ressent. Des pas étranges raisonnent à travers les collines désertes et noyées de soleil. Des ombres se dissimulent dans la broussaille et les bergeries à demi-écoulées. Parfois, dans le silence, un cri éclate, un coup de fusil claque…

Tous les éléments chers à Henri Bosco sont ici réunis. L'atmosphère d'étrangeté. Les choses qu'on ne comprend pas, qu'on ne peut pas comprendre. le symbole du sanglier, sorte d'allégorie de la force brute et incontrôlable de la nature. Les pays sauvages et désertés des hommes. Et surtout, les collines de pierre et de broussaille brûlées par le soleil du midi, où flottent l'odeur du thym et de la lavande...

A lire si l'on aime l'un de ces éléments, ou l'écriture simple et soigneuse d'Henri Bosco.
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Fernand Marius Bosco, dit Henri Bosco (1888-1976) est un romancier français issu d'une famille Provençale dont les origines les mieux identifiées se trouvent près de Gènes. Pensionnaire au lycée d'Avignon, il poursuit en parallèle pendant huit ans des études de musique au Conservatoire de la ville. Bosco obtient, en 1909, sa licence de lettres et son diplôme d'études supérieures à l'université de Grenoble. Devenu musicien de talent, il occupe ses loisirs à jouer et même écrire de la musique. Pendant la Grande Guerre de 1914-18 il fait campagne en Macédoine et en Grèce, puis la paix revenue, il passera dix ans à Naples à l'Institut Français avant de partir en 1931 au Maroc comme professeur de lycée à Rabat. C'est d'ailleurs au Maroc qu'il écrira le plus gros de son oeuvre. Publié en 1937, L'Âne culotte, lui vaut l'intérêt du public et le Mas Théotime lui offrira le Prix Renaudot en 1948. Revenu en France en 1955, il partage sa vie entre Nice, où il décèdera et Lourmarin souvent cité dans ses romans. le Sanglier, son premier vrai roman, date de 1932.
René, le narrateur et peintre amateur, vient régulièrement passer ses vacances depuis six ans dans un bastidon perdu au coeur du Lubéron, « … avec l'espoir inavoué qu'un jour des figures vivantes sortiraient de cette montagne immense et si douloureusement solitaire. » Il y retrouve la vieille Titoune qui lui sert de servante quelques heures par jour ou encore Firmin, un taiseux qui braconne dans le maquis. Pourtant cette année les choses ne se passent pas comme d'habitude, la Titoune épuisée et étrangement anxieuse doit laisser sa place à une gamine de quinze ans, Marie-Claire. Firmin lui aussi parait taire un secret et tous s'intéresse de près au fusil de René. le mystère diffus qui pèse sur les lieux et les acteurs « Car j'avais peur. Je n'ignorais que j'avais peur » avoue le narrateur, s'épaissit quand poussé par Firmin, René va se retrouver embarqué dans une aventure énigmatique et risquée au coeur de la montagne où vivent secrètement un énorme sanglier accompagné d'un colosse, une bande de gitans de passage et une très inquiétante jeune femme en noir…
Un livre magique écrit par un écrivain qui me ravit au plus haut point à chaque fois que j'ouvre l'un de ses romans. Tout me plait là-dedans ! L'écriture, tout d'abord, simple dans les mots et parfaitement rythmée dans ses phrases longues en bouche, sans pour autant être pénalisée par un aspect daté qui serait bien naturel pour un bouquin datant des années trente. Les décors qu'on ne peut oublier, ce Lubéron superbe que nombre d'entre nous avons certainement fréquenté durant des vacances (contrairement aux lieux - similaires d'une certaine manière -, chers à nos écrivains américains de Nature Writing). Nature sauvage et vierge encore de présence humaine à cette époque, ce qui permet à l'écrivain d'y inclure un élément essentiel faisant tout le charme de son roman, la part de mystère émanant de la montagne proche, ses roches et ses taillis où tout peut s'y cacher, de l'orage qui frappe ; des « présences » non identifiées qui rôdent et même entrent dans la maison de René à son insu.
Tout le roman repose sur cette ambiance doucement mystérieuse, ces personnages et cette bête dont on ne saura finalement jamais rien (et c'est mieux ainsi). Scènes d'attente, le chasseur guettant sa proie ou bien l'inverse ; scènes d'action avec des courses éperdues à travers les chemins de caillasses, les ronces et la rocaille sous le sombre manteau de la nuit qui tombe et le souffle de la mort aux trousses.
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Extrait de la préface de Christian Morzewski "
Originellement plus familier de la campagne avignonnaise
(Bosco est né à Avignon) , Bosco dira n'avoir eu qu'un contact assez tardif avec le Luberon. Il en ressentait pourtant la puissante attraction à l'horizon de son enfance comtadine, comme tant de ses personnages juvéniles, tiraillés entre l'appel du fleuve et celui de la montagne - les deux pôles magnétiques de la géographie imaginaire de Bosco - La grande amitié qui le liera ensuite à Robert Laurent-Vibert dans l'aventure de "la Fondation de Lourmarin" lui permettra d'approfondir sa connaissance des "hautes terres" où il fera de brefs mais fréquents séjours, avant de s'y installer en vis-à-vis de la montagne dans son bastidon saisonnier de Lourmarin (...)
Mais, de même que le Luberon se trouve chargé dans le Sanglier d'une valeur essentiellement onirique, l'animal chthonien va se trouver investi d'une mission symbolique : initier le narrateur en l'entraînant, au fil de rencontres de plus en plus convulsives, dans un voyage au coeur des ténèbres, à la recherche de ce qui nous fascine et nous terrifie à la fois : la découverte de l'Autre, de la part d'ombre, cachée, maudite, et animale de nous-mêmes. "


A lire, comme moi, pour vous imprégner de cette étrange sensation, si vous entreprenez une randonnée dans la combe lourmarinoise, ou mieux, dans le chemin des Cavaliers qui mène à Buoux !

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Un récit envoûtant et fantastique à souhait dans le Lubéron. Un peintre, monsieur René, en villégiature dans sa Provence se trouve confronté à de mystérieux évènements qu'il ne comprend pas.
L'apparition d'un sanglier énorme et d'un colosse tout aussi imposant, d'une diablesse noiraude au corps d'acier enveloppée d'un parfum d'herbes sauvages et de manouches viennent troubler des lieux.
Les gens du cru sont tout aussi surprenants cette année quelque chose à changé
la Titoune la femme de ménage ne veut plus monter à la maison faire le ménage et amener les courses. Son mari le Titou a une peur bleue et se laisse dépérir, le Firmin taiseux, homme à tout faire rôde et Marie-Claire, fillette d'une quinzaine d'année prévient monsieur René de ne pas aller peindre n'importe où.
Tout au long de ce récit le lecteur est confronté à une atmosphère un peu angoissante alors que le cadre ressemble fort à un petit paradis: il n'y a rien de tangible mais quelque chose rôde. Et sans jamais en comprendre la raison, une certaine hystérie se communique, petit à petit, à Monsieur René et pas la suite au lecteur.
Bosco est, comme tous les conteurs qui ont mis en scène la ProvenceGiono, Magnan, Pagnol, très attaché à en donner une image naturelle et sauvage. Il évoque des senteurs des herbes sauvages qui imprègnent les gens, les couleurs pures, le dépaysement total d'une nature mystérieuse et inquiétante, des gens arque-boutés dans la tradition et leurs superstitions, un temps hostile et fantasque avec le passage du ciel bleu à l'orage brutal et même l'orage sec à l'air tourbillonnant, une terre pauvre et dure qui se mérite. Une Provence bien mystérieuse qui attend et intrigue.
Bosco arrive avec des éléments très simples et surtout un style épuré a créer une fantasmagorie assez inhabituelle et faire de la Provence une véritable terre de légendes, le Lubéron à l'égal de Brocéliande avec ses êtres maléfiques qui viennent titiller les braves gens.
Une excellente lecture
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
Le parfum se déplaça. De l’angle de la porte qu’il occupait d’abord, il marcha vers la table, puis s’éloigna vers la fenêtre et s’arrêta comme si l’on cherchait à tâtons. Il y eut un nouvel arrêt qui dura un siècle. Ensuite l’odeur s’avança vers moi le long du mur. A mesure qu’elle s’approchait, un effluve de chair sauvage se dégageait de cette colonne de senteurs en marche. Je le perçus qui tout à coup s’immobilisait, à la tête du lit. Il me dominait de toute sa hauteur, sans bouger. Je ne respirais plus, j’attendais. Rien.
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Tout à coup, à deux ou trois mètres de moi, le fourré s'agita, une branche éclata, un choc brutal déchira le fourré et, du milieu des ronces, jaillit, avec deux formidables crocs d'ivoire, une tête énorme. Je ne vis que cela, la hure. Un peu de bave coulait le long des poils sur les babines noires. Les yeux étaient petits et sanglants. Ils me regardaient. Le souffle rude et chaud m'arrivait sur le visage. Il sentait l'herbe mâchée. Par derrière ce bloc brutal de crins et de chairs ramassées, le fourré broyé laissait voir comme un couloir creusé, au pied de la paroi, dans le roc. Le sanglier ne bougeait plus. J'étais là, et c'est tout ce que je pouvais être. La bête sortit du fourré. Alors je la vis vraiment. J'étais presque couché sur le dos, ma tête n'arrivant qu'à son poitrail. Elle me dominait et ses boutoirs, larges comme la main, se dressaient à un mètre de ma figure. Je serrai les mâchoires
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La rêverie !... N'était-ce pas elle qui, pendant cinq ans, m'avait ramené dans ce bastion rustique, avec l'espoir inavoué qu'un jour des figures vivantes sortiraient de cette montagne immense et si douloureusement solitaire ? Je me disais que j'y avais attendu quelque chose et que le charme de cette bergerie abandonnée émanait moins de la beauté du site, pourtant si forte, que d'une position perdue à l'entrée des collines.
Position de l'esprit. Ces vieux murs occupaient sur les hautes terres un emplacement à quoi répondait, en moi-même un de ces habitats dangereux et facilement désertés où, loin des charmes abondants de la plaine, j'étais venu chercher, non le repos, mais l'occasion de rencontrer les bêtes. Maintenant elles étaient là.
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