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Critiques de Herbjørg Wassmo (461)
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Ces instants-là

« Est-ce habituel d'avoir oublié sa vie quand on a quinze ans ? » (p. 14) Il était une fille qui grandit entre une mère silencieuse et un père qu'elle déteste, à juste titre. « Son père fait toujours obstacle au monde. Aux gens qu'elle rencontre. Aux évènements. Son père est une ombre qu'elle essaie toujours de gommer, mais ça ne marche pas. Il a le pouvoir d'envahir ses rêves tant et si bien qu'elle se retrouve tout à coup debout au milieu de la pièce dans la nuit noire. Il diffuse au travers de toute chose une répulsion fétide. » (p. 22) Pour échapper à sa jeunesse douloureuse, la fille écrit et elle s'évanouit. Et puis elle tombe enceinte et laisse son fils chez ses parents pour continuer le lycée. Plus tard encore, elle se marie, devient institutrice près du cercle polaire. Elle écrit toujours et on la publie, on la récompense. « Il existe une infinité d'histoires. Il suffit de les trouver. Ou qu'elles nous trouvent ? » (p. 63)



Cette fille se réinvente sans cesse : institutrice, chasseuse, mère, autrice, amante. Mais elle a le sentiment que la vie passe sans elle et elle souffre de ce décalage avec elle-même, avec les autres. « La vie a des possibilités insoupçonnées. Il faut juste qu'elle effectue d'abord sa journée de travail. » (p. 144) Cependant, à force de volonté et poussée par la conscience que sa féminité est un pouvoir, elle ne renonce jamais et refuse d'être la victime silencieuse des hommes et des convenances. « Tu fais preuve d'une singulière capacité à tomber sur des hommes minables. [...] / Dois-je soupçonner tous les hommes ? M'abstenir de leur parler ? / Non, mais il faut leur montrer qui tu es dès le premier instant. » (p. 305) Sa puissance et sa détermination, elle la tire des conversations qu'elle a avec des absents, voire avec des personnes disparues, comme un auteur célèbre de sa région natale ou encore Simone de Beauvoir.



Aucun personnage n'est nommé. Les pronoms, les fonctions et les adjectifs suffisent à dessiner les caractères et à révéler les âmes. C'est preuve du très grand talent de cette autrice dont j'ai déjà tellement aimé Le livre de Dina.
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Ces instants-là

Encore un roman de littérature scandinave et je ne m’en lasse pas ! quel régal. Mais quel livre difficile à critiquer ! nous sommes dans un roman (ou autobiographie voilée) à l’écriture exigeante et riche en fantasmagories mais aussi incisive sur la poésie des mots, sur l’esthétique et sur la précision du verbe. Le lecteur peut être dérouté au démarrage par le fait que presque aucun des personnages n’a pas de nom, ils ne sont cités que par leur fonction ou statut. C’est l’histoire d’une destinée hors du commun et d’une introspection sans concession sur les états d’âme d’une jeune fille qui veut faire quelque chose de sa vie en opposition à un père qu’elle hait et une mère trop soumise.



Nous suivons cette jeune femme tout au long de sa vie et sur ses choix dans le grand nord norvégien. Je l’ai déjà dit dans ma précédente critique de « Je refuse » de Per Petterson, mais dans toute cette littérature nordique, la nature est un personnage à part entière qui créée un envoutement particulier. La lumière, le froid, l’isolement, le manque de lumière, tous ces éléments ont une influence sur les destinées.



Cette jeune femme que l’ont voit évoluer, se battre contre ses démons ( des crises d’épilepsies sans doute) contre son impression d’être sans intérêt, même quand on lui prouve le contraire est particulièrement attachante. Son combat pour donner un sens à sa vie, sa carrière d’institutrice mais surtout sa réussite en littérature son entachés par ses remises en questions personnelles. Elle est dans une solitude totale et parait en permanence étrangère à sa propre vie.



» Elle flotte dans son propre cerveau vide sans que quiconque sache qu’elle existe » p.68



« Le pire … ce ne sont pas les mots qu’elle écrit, ni ceux qu’elle n’arrive pas à apprendre par coeur dans un manuel. Le pire, ce sont les mots qui ne pourront jamais être dits et donc jamais écrits. c’est la destruction même. Ce qui jamais ne passe. » p.70



« Quand elle parle avec des gens, elle entend elle même la fausseté. Son dessein est d’enjoliver l’instant pour être aimée ou en tous cas acceptée. « p.74



« Rien ne sert de croire au destin, il faut le fabriquer soi-même. « p.81



Ces quelques citations reflète l’état d’esprit de cette jeune femme qui doute de tout et surtout d’elle même dans les moindres recoins de son âme.



Pour prendre possession d’elle-même, elle s’engage dans le métier d’institutrice. Elle se forge sa personnalité en s’opposant à la société patriarcale norvégienne. C’est une artiste, elle écrit et sera reconnue pour ses publications, elle dessine, tout cela lui confère une sensibilité particulière. Son attitude féministe lui donne l’apparence d’une assurance dont elle est dépourvue au fond d’elle même. Elle est très influencée par Simone de Beauvoir. Elle ne sait parler de ses sentiments qu’à travers l’écriture, car dans ces moments là, elle n’est plus elle-même.



La vie n’est qu’apparences, le principal c’est que les autres y croient !!!



« L’éternité et le chagrin songe t elle. Ces deux dimensions, elle en est une portion infime. Etrange. Le chagrin d’une personne est plus petit qu’une particule de poussière dans l’univers » p. 174



Cette écriture saccadée, précise et souvent poétique est originale. La construction littéraire peut dérouter parfois mais fait vraiment partie du charme de ce roman.



Voilà un livre très riche émotionnellement car il résonne forcément en nous. Il est implacable et sans concession sur la personnalité de l’héroïne ( l’auteur ?).



Voilà donc vraiment un livre à découvrir et à déguster. Encore une littérature nordique à ne pas rater car elle sort des sentiers battus.


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Ces instants-là

Avec Ces instants-là, deux choses sautent aux yeux:

-on a droit à une écriture vive rendue par le style de l’auteure: très souvent, on nous présente une phrase typique (avec sujet, verbe, complément, point) relativement courte et qui aurait pu être longue si elles n’avaient eu pour séparation un point plutôt qu’une virgule, commençant la phrase suivante par le verbe alors que le sujet est dans une des phrases précédentes. Dans un premier temps, j’ai trouvé ça très déstabilisant mais étonnamment, ça donnait un rythme rapide et malgré tout agréable.

-aucun des personnages dans ce livre, si ce n’est des célébrités, ne porte de noms. L’héroïne, c’est Elle, son fils est Le garçon, etc… J’ai trouvé cela très original mais aussi particulièrement déroutant au début mais on s’y fait très bien. Le seul souci, c’est qu’au bout d’un moment, elle rencontre d’autres personnes, notamment des hommes et n’ayant pas de noms, j’ai fini par me mélanger les pinceaux entre le père du garçon, le copain qu’elle a eu avant ou après, on ne sait pas trop, son mari, etc… Ça finit par devenir très confus au bout d’un moment et moi qui adore les détails, c’était plutôt perturbant et m’a déplu au bout d’un moment.



J’ai adoré la première moitié. J’ai beaucoup aimé le personnage principal, on avait un bon équilibre entre les événements qui la frappaient, ses sentiments, ses pensées, son imagination. J’ai trouvé cette partie vraiment dépaysante que ce soit de par le pays, le climat ou par l’époque, j’ai vraiment été transportée.

Le troisième quart a commencé à décliner: on se concentre beaucoup plus sur Elle qui est devenue plus ennuyeuse, elle a continué d’avancer mais son imagination ou sa folie, on ne sait pas trop, a pris doucement le dessus et j’ai trouvé cette partie plus confuse et moins intéressante.

Quant au dernier quart, j’ai détesté. Ça a été un calvaire pour le terminer. Cette partie est entièrement tournée vers elle et j’ai trouvé ça plus superficiel, elle stagne et ça tourne en rond au final, c’est dommage. Quelques passages m’ont vraiment plu notamment un paragraphe sur l’écriture mais c’est tout et pas assez. Ça m’a un peu gâché le plaisir des premières pages.



Donc une lecture assez mitigée en conclusion avec un excellent début, un milieu moyen et une fin pénible.
Lien : http://psylook.kimengumi.fr/..
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Ces instants-là

"Elle glisse en arrière vers ce qu'elle ne sait pas." Dès la première phrase, on sait qu'on entre dans un univers singulier que l'on découvre au fil des pages empreint de sensibilité et de poésie. Le style surprend le temps de quelques chapitres avant de s'effacer pour mieux laisser l'émotion affleurer. Par petites touches, comme un peintre, l'auteur dessine une vie, une femme, mais également un pays, une nature incroyablement présente et une atmosphère incomparable de Grand Nord.



Nous sommes au nord de la Norvège, sur la côte où les petits villages vivent au rythme de l'Express Côtier qui les relie les uns aux autres. Elle est une jeune fille solitaire dont on ne connaîtra pas le nom, un être sensible aux sentiments enfouis, à cause d'un secret, peut-être plusieurs sur lesquels rien n'est écrit noir sur blanc mais tout est pressenti. Une mère dévouée mais distante, un père haï. Très jeune, trop jeune pour devenir mère à son tour. Elle laisse son petit garçon derrière elle le temps de ses études. Se cherche, hésite, tâtonne. Ne sait pas à qui faire confiance. Écrit des poèmes. Se réfugie dans la lecture. Tient de longues conversations avec les héros de ses livres, avec leurs auteurs même parfois. Cherche dans la fiction des réponses aux mystères de la vie. Se marie. Non par amour (un concept trop éloigné) mais par conscience des convenances, pour tenter de se conformer à ce que l'on attend d'elle, de toutes les femmes en fait. Devient institutrice après avoir rêvé d'être peintre. Découvre la vie conjugale et par là-même la difficile réalité de la condition féminine. S'émancipe. Reprend ses études. Ose croire en ses chances... Devient un écrivain renommé dans son pays et au-delà. Continue à chercher, à tâtonner. S'autorise enfin à aimer et à être aimée.



Ce n'est pas tant l'histoire, presque universelle dans un sens que la manière de la livrer au lecteur qui suscite l'enthousiasme. Les phrases se frayent un chemin au plus profond des recoins secrets que nous avons tous en nous. Doutes, peurs, incompréhensions face au monde. Qui ne s'est jamais senti "à côté" ? L'auteur décortique les sentiments pour tenter de s'approcher au plus près de ce qui constitue l'essence même d'un être humain. Qui doit se battre pour exister et exprimer sa singularité.



En toile du fond il y a l'histoire de la Norvège, marquée par l'occupation allemande. Mais surtout, à tous les coins de page, une nature superbe, toute puissante qui contribue grandement à forger les caractères des femmes et des hommes qui la côtoient. Les couleurs du ciel flamboient, illuminent tels des feux d'artifice. On nage dans des lacs gelés, on affronte la nuit polaire, les nattes gèlent, ça sent la neige mouillée, les feux crépitent dans les cheminées.



Un magnifique roman, un très beau portrait de femme qui m'a donné envie de rattraper le temps perdu et de découvrir l’œuvre de cette auteure. La fin est poignante et, bien que pleine d'espoir, mieux vaut prévoir un petit mouchoir au cas où.
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Ces instants-là

Les 50 premières pages m'ont un peu dérouté avec une écriture à la troisième personne, sans jamais connaître le prénom de l'héroïne... Mais j'ai bien fait de persévérer, on découvre au fur et à mesure sa vie. De son adolescence au collège chez ses parents dans une petite île isolée, à sa vie de femme écrivaine et indépendante en ville, toujours dans le Nord de la Norvège. On apprend à connaître une fille souffrant d'épilepsie tiraillée entre son père difficile, sa mère présente mais compliquée et sa petite soeur aimante. On voit évoluer ses relations avec les garçons, puis les hommes, et les enfants qui arrivent... Une vie loin d'être tranquille, mais avec des instants de vie simples de la vie nordique.
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Ces instants-là

J’ai commencé ce roman en étant très enthousiaste, j’avais lu de très bonnes critiques sur l’ensemble de l’œuvre de Wassmo et j’avais hâte de la découvrir. Mais au bout de quelques pages, j’ai eu du mal avec le style, avec le personnage. J’avais l’impression que cette femme qui se raconte était totalement en dehors de sa vie, qu’elle en était simplement spectatrice. Je continuais à découvrir la vie de la narratrice mais sans jamais éprouver de plaisir à cette lecture. Je trouvais l’ensemble sans émotions, sans sentiments, surtout par le fait qu’elle ne donne pas de nom à ses personnages : le garçon, la fille… J’ai mis le livre de côté, déçue en me disant que je reviendrai dessus plus tard. Ce que j’ai fait… et là, peu à peu, le miracle a opéré, j’ai été happé par la musicalité des mots et des phrases et j’ai enfin découvert un personnage, qui loin de ne rien ressentir, était au contraire une femme à fleur de peau : « Elle essaie aussi de dessiner ses rêves. Mais c’est démoralisant. Soit trop moche soit trop bête. Lui rappelle combien elle est lâche et fuyante. On dirait qu’elle ne fait qu’attendre. Elle patauge dans sa vie et attend ». Au fil des pages, on partage sa vie : son enfance, le collège, ses études d’institutrice, ce fils arrivé « par hasard », son mari, sa fille… avec toujours la même ombre au-dessus d’elle : son père… Et puis elle découvre la poésie et l’écriture et va devenir une auteure reconnue aussi bien du milieu littéraire que du grand public. Elle est arrivée enfin au bout de sa quête et à se fabriquer ce destin dont elle disait « rien ne sert de croire au destin, il faut le fabriquer soi-même ». Un très beau portrait de femme porté par un style qui sous son apparente rudesse, est empreint de sensibilité et de poésie.
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Ces instants-là

Ces instants-là sont tous les moments qui reviennent en mémoire à l’auteure lorsqu’elle se retourne sur sa vie, en commençant par l’entrée au collège. Elle fait des études, devient institutrice, se marie, commence à écrire, cherche à diriger sa vie. Cela pourrait être monotone, cette suite de courts chapitres de la vie d’une femme, c’est tout simplement passionnant, en partie parce qu’elle est norvégienne, et que le léger décalage de quotidienneté avec des épisodes de vie d’une femme française apporte quelque chose à la lectrice, mais aussi parce qu’elle raconte particulièrement bien, formidablement bien, sans entrer dans les détails, en éludant avec élégance certains moments, qu’ils soient trop douloureux ou trop communs… Elle exprime avec intensité, mais pudeur, comment elle était littéralement poussée par son enfance difficile, à avancer dans la vie, à devenir écrivain, comment ce drame de l’enfance lui a laissé à jamais une méfiance immense envers les hommes. Admiratrice de Simone de Beauvoir, et du deuxième sexe, elle est pourtant mal à l’aise lorsqu’elle se retrouve seule à Paris, pour quelques jours, c’est toujours ce sentiment d’inquiétude qui la poursuit.

La langue utilisée par Herbjørg Wassmo n’est pas commune, on ne rencontre pas un tel style tous les jours, avec ses phrases courtes et percutantes, et la traduction en rend très bien la musicalité, me semble-t-il… Je ne dis pas que ce récit plaira à tout le monde, mais si vous aimez les romans de cette auteure, par lesquels il est sans doute plus facile de l’aborder, vous pouvez pousser sans crainte la porte de ses souvenirs.
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Ces instants-là

Il fallait bien que cela arrive...



J'ai tout lu de Herbjørg Wassmo, de ses cycles romanesques enracinés dans l'histoire de la Norvège à ses derniers livres plus contemporains, plus personnels également. J'ai aimé ses sagas sombres aux destins de femmes dures à l'ouvrage, et voir l'auteur s'autoriser le partage de sa propre histoire familiale dans des fictions de plus en plus autobiographiques. J'ai aimé découvrir le Nordland, son quotidien âpre et rugueux, ses populations industrieuses et opiniâtres, au labeur tourné vers la mer, la lenteur de la narration des destins individuels créant une ambiance très dépaysante. Au fil de ses livres, le thème récurrent de l'enfance meurtrie se décline à travers des personnages attachants, au parcours souvent dramatique.



Aimer lire Herbjørg Wassmo était donc un postulat acquis, jusqu'à Ces instants là.



Mon cerveau a refusé de faire l'effort, en dépit de ma persévérance. Le parti pris d'écriture d'une histoire en demi-mots, laissant des questions sans réponse, des personnages juste esquissés, rendus transparents par leur anonymat, des sentiments exprimés de façon trop lyrique. J'ai eu l'impression d'une course de fond où je devais me maintenir à flot pour accompagner le parcours d'une femme, de l'enfance jusqu'à l'accomplissement adulte. Un parcours découpé en instantanés thématiques, se débarrassant de la narration chronologique. Bien sur, l'écriture est souvent très belle, originale, mais l'émotion m'a semblé sacrifiée à l'élégance stylistique.



Un livre introspectif, habité de l'intérieur, qui se démarque dans la bibliographie de H. Wassmo. Le livre sans doute le plus personnel de l'auteur, porté une écriture et un style exigeants, une intimité qui se mérite pour le lecteur.



Me concernant, ce fut un peu une corvée.

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Ces instants-là

Moi qui adore les livres de cette auteure, je suis déçue par cette nouveauté.

De cours chapitres sur la vie d'une femme prise entre l'envie de vivre sa vie d'écrivaine solitaire et la vie familiale "imposée".

Une femme tourmentée. Un livre pesant, sans beaucoup de rythme. Il y a tout de même des passages intéressants et avec beaucoup de mélancolie.

A lirer si vous êtes de bonne humeur :)
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Ces instants-là

Ce magnifique roman raconte la vie d'une femme sans jamais mentionner son prénom. La vie d'une femme qui pourrait être celle de n'importe quelle jeune enfant, devenue mère trop tôt et qui se construit malgré un père dominateur et une mère qui s'éloigne. On observe à travers ces mots délicatement choisis, la renaissance après la douleur d'une blessure, l'espoir d'une nouvelle chance et la concrétisation d'un projet d'écriture... Ce livre étonnant mais bien construit, inspire et suscite la réflexion sur ses propres engagements dans un monde fragile où la désillusion l'emporte parfois sur le rêve.
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Ces instants-là

Waow ! Quel livre !



Pour ceux qui lisent un peu mes critiques, vous savez que j'aime l'écriture. L'écriture qui pour moi est à la base de la littérature, qui différencie l'oeuvre littéraire du simple compte-rendu d'un fait, qui transforme la réalité pour devenir oeuvre tout court.



J'avais beaucoup aimé 'Comme les amours' de Javer Marias dont les phrases longues à n'en plus finir étaient comme un indéfectible appel à la valse. Ici, c'est tout le contraire. Les phrases sont tronquées, souvent sans sujet. le ton est rugueux, âpre. Rien ne nous est facilité. Sans doute comme la vie dans le Grand Nord.



Là est l'histoire. Une femme tente de vivre et de vivre pour elle-même, par elle-même aux confins de la Norvège. Elle écrit. Veut s'en sortir. Lutte et dit non, parfois oui. Avec beaucoup de pudeur.



C'est beau. Une découverte.
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Ces instants-là

Voilà donc l'exemple d'une très belle écriture...qui ne m'a pas séduite. Comme j'ai ramé à aller jusqu'aut bout. Et il m'en reste ce Sentiment d'irréel, de gris, de froid, de border-line, non, vraiment pas conquise.
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Ces instants-là

On ne connaît pas son nom, ni les traits de son visage, on se dit que sûrement, l'auteure se cache derrière ce « Elle » qui raisonne à chaque page. Qu'elle nous livre ses instants à elle, vécus et assimilés. Qu'elle tisse sa propre histoire, son cheminement de fille, de mère, de femme et d'écrivaine. Qu'elle romance forcément quelquefois, par discrétion et pudeur, pour garder une distance et se préserver.

La narratrice déplie sa vie, pas à pas, image par image, à travers des phrases brèves, percutantes et rugueuses, souvent tronquées. Ne nous dit pas tout, laisse entrevoir. Ses mots, tout aussi durs, rapeux mais non dénués de poésie se fondent dans le paysage qui l'entoure, décor froid, rude mais majestueux. La Norvège.

Des morceaux de vie tantôt en noir et blanc, tantôt en couleur, qui se collent les uns aux autres dans un patchwork mêlant chagrin et joie, doute et surprise, réflexions et décisions, songes et quotidien. Des instants entrecoupés de chutes car elle tombe souvent, littéralement. Evanouissements. Le temps est alors suspendu.

D'adolescente à l'aube de ses cinquante ans, on parcourt le chemin qu'elle a pris, on sent les tensions, on comprend ses interrogations, ses efforts, ses difficultés ; un père qu'elle méprise, une petite soeur qu'elle adore, une mère présente mais insondable voire indifférente, sa rencontre avec celui qui sera le père de son fils, un fils qui sera élevé par sa grand-mère, le pensionnat, la distance avec ce fils qu'elle connaît à peine, son métier d'institutrice, son mariage, la naissance de sa fille, l'amour qui se perd, l'envie de prendre son envol, d'étudier à nouveau, et puis surtout le besoin d'écrire, s'évader, se mettre dans une bulle pour mettre en mots des histoires, ses premières publications, le statut de femme écrivain, l'ombre planante et bienveillante de Simone de Beauvoir, ses relations avec les hommes...

Le cheminement d'une femme, ses chemins de traverse, les jalons qu'elle a posés un à un, l'acquisition de sa liberté. Un roman profondément émouvant.


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Ces instants-là

Ces instants-là, c'est presque toute une vie.

D'une écriture simple, presque avare de mots, Herbjorg Wassmo nous parle d'elle, plus jeune, puis moins jeune.

Ses doutes, ses peurs, sa haine.

Elle dévoile sa personnalité, à travers des instants, toujours avec le mot juste, ce mot exact qui donne un sentiment d'universalité.

Une écriture dure pour des moments difficiles, aucun auto-apitoiement ou alors tout de suite suivi par de l'auto-dérision.

J'adore ce qu'elle fait, ce qu'elle écrit et comme elle l'écrit, aucune objectivité de ma part.

Elle me touche comme peu d'écrivain.
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Ces instants-là

Le personnage principal du livre est encore au Lycée lorsqu'elle tombe enceinte. Elle mène sa grossesse à terme. Puis, très vite, elle part faire ses études loin de ses parents, laissant son fils à la charge de sa mère. Cet éloignement lui permet de reprendre le cours de sa vie et surtout de vivre loin de son père avec qui les rapports sont très conflictuels. Elle mène à bien ses études qui lui permettent de devenir institutrice. Elle récupère son fils, se marie et met au monde une petite fille. Une vie réglée comme du papier à musique, sans aspérités, vue de l'extérieur. Mais elle étouffe et elle est incapable de l'exprimer. Elle semble tout subir : sa vie familiale, les infidélités de son mari, sa belle-famille, ... Elle se laisse porter par les événements, par les jours qui se succèdent. Seule l'écriture lui permet de s'évader, de se réaliser. L'écriture devient alors son oxygène, sa raison de vivre. C'est la seule chose qu'elle choisit réellement. Et il s'avère qu'elle a du talent. Elle va devenir un écrivain reconnu. C'est cette notoriété qui lui permet de s'assumer et de prendre sa vie en main en faisant ses choix, de se libérer de ses chaînes.



C'est un livre de sensations et d'émotions. Le lecteur est tenu éloigné du personnage principal qui se caractérise par sa pudeur et sa froideur. D'ailleurs, son prénom n'est jamais révélé tout au long du roman.



J'ai pris du plaisir a lire ce livre écrit tout en lenteur, par petites touches (les chapitres sont courts). Je me suis sentie parfois un peu perdue par l'écriture abrupte de l'auteur. J'ai aimé me retrouver plongée au coeur de la Norvège magnifiée par les descriptions de la nature de Herbjorg Wassmo.



Ce fut un bon moment de lecture.
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Ces instants-là

J'ai choisi ce livre pour la couverture... et la 4e de couverture.

Et je suis un peu partagée. J'ai bien aimé partagée la vie, pas toujours facile, de l'héroïne, et notamment comme elle réussit à mener SA vie, malgré...malgré tout.

Mais le style est particulier : on ne sait pas son prénom. Juste "Elle". "Elle fait ça", "elle pense". "Il la trompe"... de fait, ce procédé tient vraiment à distance, on a parfois du mal à entrer vraiment dans le livre. D'autant plus que tout est traité sur le même plan, ce qui lui arrive, ce qu'elle imagine, ce qu'elle rêve.
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Ces instants-là

Comme Cent ans, du même auteur (fantastique bouquin, à lire !), c’est une histoire de femme, au singulier cette fois. Histoire d’une femme, dont on a la tentation, à cause du style froid et de l’opinion de personnages à l’esprit étriqué, de confondre la force de caractère avec de l’insensibilité. D’autant qu’avec une histoire se passant en Norvège, il y a presque risque de choper des engelures rien qu’en tenant le livre. L’avantage de suivre cette femme sur le temps long, c’est son cheminement, que ce soit comme femme, comme écrivain, comme mère aussi.



« Tu pourrais témoigner un peu plus d’amour, affirme-t-il en plongeant en elle de grands yeux fixes. Sans paupières, juste des boules rondes menaçantes. Des globes.

Amour, c’est un très grand mot, murmure-t-elle comme pour s’excuser.

Mais c’est ce que tu devrais ressentir. Naturellement pas comme si tu y pensais tout le temps, mais assez souvent pour avoir mauvaise conscience à cause de ce que tu ne ressens pas, tempête-t-il. »



C’est cette volonté de vivre pour elle-même qui crée, page après page, des conflits avec… à peu près tout le monde. Avec les femmes qui ne comprennent pas, mais surtout avec les hommes. Peu, d’ailleurs, s’en sortent avec les honneurs. A désespérer de la gente masculine, des relations de couple et des mentalités moyenâgeuses.



« Tu fais preuve d’une singulière capacité à tomber sur des hommes minables, remarque l’auteur.

Et que dois-je y faire ? demande-t-elle en s’efforçant de camoufler que l’incident occulte encore ses pensées.

Il faut les ignorer. Ils ne sont pas à toi. Ne les laisse pas avoir l’occasion de croire d’un organe sexuel et des mains suffisent.

Dois-je soupçonner tous les hommes ? M’abstenir de leur parler ?

Non, mais il faut leur montrer qui tu es dès le premier instant, affirme Simone. »



Il me faut toujours un peu de temps pour me faire à ces styles dépouillés, durs qui semblent vouloir mettre un mur (transparent sinon c’est pas pratique) entre le lecteur et le personnage, qui refusent de coller un prénom qui conduirait plus facilement à de l’attachement. Pour donner au personnage un côté plus universel ? J’entends aussi parler d’autobiographie romancée, mais je ne suis pas un intime d’Herbjorg, je me garderai de toute (brève) analyse (de comptoir).



Les chapitres sont très courts, comme les phrases, déroutant au premier abord mais sans doute nécessaire alors que tant de chose se passent dans la vie et la tête de cette femme. Herbjorg Wassmo évite l’écueil du tout factuel et s’attarde sur les réflexions de la femme sur son rapport a son mari, sa famille et surtout à son propre épanouissement personnel. A la fin de la lecture, le livre ne pourrait mieux porter son nom.



« -Tiens-toi à l’écart de ma chaise ! Ils rigolaient ! Tu n’as pas vu ?

À cet instant, elle voit qu’il est figé dans ses petites routines masculines rassurantes, sans saisir que le monde saigne. Et d’un seul coup, elle grandit à ses propres yeux pour prendre des dimensions qu’il ne saurait contenir. »



Un style subtil, poétique même, et toujours juste. Des phrases magnifiques, au point que la concision du style n’est plus dur ou froid, juste une nouvelle couleur a la palette d’artiste d’Herbjorg Wassmo. Il y a ainsi des passages qu’on relit plusieurs fois, juste pour le plaisir. On part même assez loin lorsque le personnage s’abandonne dans ses rêveries et devise avec son imagination (et notamment la figure rassurante de Simone de Beauvoir). La lutte avec autrui ne suffit pas, il faut aussi (surtout ?) qu’elle lutte avec elle-même.



Mais contrairement à ce que j’espérais de la part de cette auteur, il y a aussi eu des moments où mon attention se relâchait, à cause de longueurs où parce que le contenu m’intéresse moins, ces moments, souvent redondants, étant plus nombreux sur la troisième – et dernière – partie du livre. Cette fin en demi-teinte m’a laissé déçu et empêché de livrer une critique dithyrambique sur ce que j’aurais souhaité être le dernier chef-d’œuvre de l’auteur.







Et pour ne pas finir, moi aussi, en demi-teinte, je tiens quand même à précise que Ces instants-là reste un livre puissant à découvrir et qui, par la neutralité froide de la forme et les luttes passionnelles du fond, a vraiment la capacité de parler à chacun.
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Ces instants-là

Drôle de livre....

Comme nous le signale le titre nous sommes dans une succession d'instants de vie.

Cela reste chronologique mais la réalité et la narration des rêves sont mélangées.

Difficile de s'y retrouver.

Le style d'Herbjørg est toujours rude, âpre.

Les différends personnages nous sont mis en distance, nous ressentons de la méfiance pour eux, ils restent "le pêcheur", "l'apprenti électricien", "le garçon", "le chasseur", avec toujours l'emploi du "il" plutôt troublant.



Une anecdote amusante la permission du soleil ...

"L'école ferme dès l'instant où le premier disque solaire se montre au sortir de la nuit polaire".

De drôles de questions,

Un roman, est ce la narration d'une histoire inventée avec des personnages qui n'existent pas, qui n'ont jamais existé ?

Peut on écrire des histoires inventées, peut on être payé pour une histoire inventée ?

Et ces instants là, sont ils inventés ou ont ils été vécus ?

De belles affirmations,

La difficulté d'être une femme. Dans cette Norvège qui se relève de la guerre, la route est rude, il y a beaucoup de fenêtres mais il n'y a pas de porte !

Beau résumé de la lutte de libération des femmes.

En Norvège, en France il a été difficile de faire prendre en compte que les femmes sont des Hommes comme les autres, qu'elles ont des idées, qu'elles veulent les exprimer.



Les références littéraires foisonnent, nous sommes en bonne compagnie !

Simone de Beauvoir rend une visite imaginaire à la narratrice, "on ne naît pas femme, on le devient" disait elle mais Herbjørg nous rappelle que Simone n'a pas eu d'enfants.

Virginia Woolf ne lui répond pas quand elles se retrouvent à discuter ensemble, celle qui souffrant de maladie mentale (?), féministe, n'a pas trouvé d'autres solutions que de remplir ses poches de cailloux avant d'aller faire un tour à la rivière !

Un manuscrit d'Herbjøg a remporté le concours de meilleur roman documentaire, le récit de la famille qui a du fuir la Suède par les montagnes pendant la guerre.... rappelons nous "un long chemin" livre où il n'y avait aucun héros, que des perdants.



On cherche à comprendre, on cherche à savoir, c'est sa vie ou pas, c'est ce qu'elle a ressenti ou pas .... il faut du temps pour comprendre qu'on ne peut peut être pas tout comprendre !
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Ces instants-là

Ces instants-là est un roman dont j’attendais beaucoup, et avec beaucoup d’impatience. Peut-être trop, si bien que la chute a été brutale. Difficile. Douloureuse. Alors que j’ai l’habitude de lire des romans avec de longues phrases rythmant le roman, Ces instants-là est un livre qui représente tout le contraire : des phrases courtes, créant un rythme saccadé qui font parfois peiner le lecteur dans sa lecture. En effet, ici, c’est quitte ou double : vous accrochez, ou vous décrochez. Malheureusement pour moi, j’ai fais partie des rares personnes à avoir décrocher, à ne pas avoir su à m’attacher à cette femme dont on ne sait finalement si peu sinon qu’elle rêve de littérature et d’amour, mais aussi de s’enfuir et de se libérer de ses chaînes invisibles.



Dans ce livre, Herbjørg Wassmo nous offre une histoire pleine de pudeur, mais aussi très abrupte, brutale, et dure. Loin de nous livrer quelque chose de magnifique, elle joue sur nos émotions, et petit à petit, on lit avec l’idée que c’est sa propre histoire que l’auteur nous raconte. Celle d’une femme qui semble subir toute sa vie, qui a tant souffert que l’on se demande comment elle tient encore debout, et que seule l’écriture arrive à sauver d’un monde dans lequel elle ne se retrouve pas, et n’arrive plus à respirer. Étouffer par les responsabilités et les problèmes, cette femme s’enfuie dans les mots qu’elle couche sur le papier et se noie dans sa notoriété pour tenter de survivre à sa vie.



Ce qui est perturbant dans ce roman, c’est le détachement que l’on doit avoir pour le lire. Ici, on ne connait même pas le nom de l’héroïne et les phrases saccadés de l’auteur ne font qu’approfondir ce sentiment de froideur, de malaise que l’on ressent. Elle-même semble détachée de cela, comme si depuis ce drame d’adolescente, elle s’était libérée de ses émotions, et était complètement vide. Pourtant, et chose assez surprenante, Herbjørg Wassmo réussit à ne pas tomber dans le pathos et dans le dramatique. Ponctué de moments mélancoliques, le roman nous transporte dans l’histoire de cette femme, dont on suit l’évolution de l’adolescence à l’âge adulte, mais les problèmes qu’elle traverse ne sont jamais clairement nommée. Ainsi, on découvre petit à petit une femme qui est une héroïne d’un quotidien si différent du notre. Se libérant des conventions, assumant ses erreurs et cherchant à changer ce qu’elle est à et fuir sa vie, cette « Elle » devient une femme forte et indépendante.



Toutefois, le rythme saccadé de l’auteur et la distance qu’elle met dans son personnage m’ont empêché d’adhérer à l’histoire. Si j’ai aimé le fond, je n’ai apprécié la forme et cela ne m’a pas permis d’accrocher au roman en lui-même, alors même qu’il dispose d’un potentiel énorme. Néanmoins, je ne doute pas qu’il plaira à beaucoup de monde, et vous garantis un dépaysement total avec ce roman.
Lien : http://nosfolieslitteraires...
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Ces instants-là

Toujours les mêmes thèmes, dans des romans proches, peut-être spécialement pour une française éloignée de la Scandinavie. Enfin, peut-être pas si proches. Nous sommes loin ici des pêcheurs de "100 ans" ou de la douleur qui émane de la trilogie de Tora, même si pêcheurs du dimanche et douleur il y a. La pauvreté est en marge, tout comme les mots sur l'inceste, qui restent allusifs. Ils touchent toutefois au cœur, ravivant la trilogie citée pour qui a lu un peu l'auteur. La mère est aveugle et distante, l'héroïne, blessée. Sa fêlure est contagieuse, et rend la lecture parfois difficile. Mais la fin quitte la gangue. L'héroïne s'affranchit et s'approche du bonheur, ou d'un calme intérieur. Le tout dans des lignes qui exhalent toujours le sel, le cercle polaire, la côte comme la montagne et la forêt, la chasse, l'après-occupation, et l'amour de l'écriture, puits de mots qui chantent l'indicible, scintillants et coupants comme le givre.
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