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Critiques de Herbjørg Wassmo (461)
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Cent ans

Je ne peux pas dire que j'ai été captivé par 100 Ans, loin de là. Toutefois, j'ai apprécié l'exercice d'imagination par l'auteure de la vie et des pensées de ses aieules.

Au-delà de la question évidemment centrale de la place des femmes et des inégalités, j'ai beaucoup aimé comme le roman pouvait donner à voir l'arrivée rapide de la modernité. En l'espace de trois générations, on passe d'une vie dure, sans électricité ni chauffage central, sans nouvelles régulières du reste du monde, à notre époque moderne et à son confort et son immédiateté épuisante.
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Le Livre de Dina

La Dina, elle en a des fantômes dans sa vie.

Pays des lutins et des gnomes, le nord de la Norvège au XIXe siècle est mis à l’honneur dans cette magnifique fresque romanesque et féministe de Herbjørg Wassmo.



Très tôt Dina est confrontée avec la mort de sa mère Hjertrud et sa révolte sera telle que son père, le commissaire, devra tenter de la dompter. Comme on dompte un cheval bien sûr. Le cheval plie ou il sera vendu. Dina ne cède pas et son père la donnera en mariage à son meilleur ami Jacob. Elle est jeune et lui a l’âge de son père. Elle déménage de Fagernesset vers Reinsnes. Une montagne sépare le père et la fille, ou un si long rivage…



Dina devint « une bonne femme mariée qui grimpait aux arbres, qui se promenait en sous-vêtements à son propre mariage, qui n’avait pas su lire avant l’âge de douze ans et encore rien d’autre que la Bible, et qui montait à cheval à califourchon et sans selle, devait nécessairement porter les fautes des générations antérieures. »



Dina, qui rêve d’indépendance et de liberté, saura bien se tirer d’affaire dans cette société puritaine qui carbure au travail, à la pêche et au changement de saisons. La vie est dure au Nord de Bergen et les femmes sont reléguées aux tâches secondaires. Dina a la chance d’avoir une position enviable qu’elle partage avec les femmes autour d’elle.

À la mort de son mari, la Dina explose!



Elle installe le violoncelle de Lorch entre ses cuisses, elle joue des polonaises et le monde change de couleur continuellement.

Elle cherche l’amour.



« L’amour est une vague faite seulement pour la plage qu’elle rencontre. »



Se présente un russe qui arrive du Nord.



« Ses cheveux sont comme l’eau d’un glacier transformée en fils de soie dans sa route vers la mer. Ils éclaboussent mes yeux. »



Ce livre est plein de poésie malgré la noirceur de cette vie rude et dure. La guerre fait son nid, et la Dina protège les membres de sa famille. Elle ouvre sa maison aux voyageurs de passage et fait commerce. Elle a une alliée laponne, Stine, qui a des rites saisonniers.

« La vannerie, le tissage, le ramassage des plantes médicinales et la teinture des laines. Dans sa chambre, cela sentait l’osier, la laine et une fraîche odeur d’enfant. »

Un sacrée bonne femme cette Dina qui vit pleinement et sans détour. Sa folie n’est jamais loin ce qui me l’a rendue encore plus humaine malgré son imposante stature. J’ai adoré le côté grandiose de cette Norvège que j’ai bien hâte de visiter et le lyrisme de l’écriture. Un immense coup de coeur!



« Le chagrin, c’est les images qu’on ne peut pas voir, mais qu’il faut porter quand même. »
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Cent ans

Nous sommes en Norvège au milieu du XIXème siècle sur des îles battues par le vent.

C’est un univers d’hommes qui s'ouvrent vers le monde, un petit monde, celui des patrons pêcheurs ou négociants.

Les femmes tiennent la maison et vivent tant bien que mal. Les conditions de vie sont dures et l’amour est souvent synonyme de grossesse.



Une famille, quatre destins de femmes, Herbjorg, née durant la guerre, devenue institutrice puis auteure reconnue, parce qu'elle ne peut ni accepter ni dire l'indicible.

Sa mère Hjordis, la ballottée, qui ne veut pas voir et qui a épousé le charmant garçon de son amourette adolescente.

Elida, la grand mère mariée par amour à un joli garçon et qui veut voir le monde et bien sûr l'aïeule Sara Suzanne qui s'étiole dans un cadre trop petit pour elle.



Un livre de femmes farouches et fières, celles que Herbjorg a choisi, au milieu de toutes les innombrables femmes de la famille, dans la lignée desquelles elle se sent proche mais où les hommes sont magnifiquement présents aussi. Un livre sur l'impossibilité de communiquer, cette petite prison que devient un couple même lorsque amour et respect sont présents.



La lecture n’est pas rendue facile par la construction du récit, loin d’être linéaire, et on se perd facilement dans les personnages voire dans les générations auxquelles ils se rattachent. C’est dommage car l’histoire de cette dynastie de femmes qui nous mène à l’autrice est captivante.

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Le Livre de Dina

Deux étoiles parce que j'y ai cru pendant presque 200 pages avec l'impression de courir un marathon au ralenti. J'abandonne enfin cette lecture qui ne m'apporte pas grand chose en terme d'émotion. L'écriture se veut poétique, c'est incontestable, mais colle à la personnalité énigmatique de l'héroïne sans apporter de réponses aux interrogations légitimes du lecteur. Car bien des éléments narratifs reste abscons, en particulier les annotations en italiques reflétant la pensée souvent erratique de cette fameuse Dina.

C'est avec regret que je quitte ce livre, j'en espérais beaucoup à la lecture des nombreuses critiques élogieuses. Mais il n'est pas fait pour moi ou moi pour lui...
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Un long chemin

Un roman très poignant d'une famille qui quitte son pays en raison de la guerre à une saison très hostile qui est l'hiver. Un froid intense règne ; cela n'est pas sans conséquence car la mère va perdre son nez, le père sa jambe et le jeune enfant ses orteils.
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Cent ans

C'est le premier roman de cette autrice que je lis et, pour en avoir beaucoup entendu parler, je m'attendais à une lecture beaucoup plus fluide qu'elle ne le fut. Cette idée d'aborder une saga familiale par l'angle de la vie des femmes me paraît très intéressante et les les personnages sont riches et attachants. Mais quel est ce procédé qui consiste à perdre la lecteur en ne respectant aucune chronologie d'un chapitre à l'autre et parfois même en ne précisant pas tout de suite de qui on va suivre les péripéties. Peut-être, comme certaines critiques le laissent entendre, ce roman parle-t'il en filigrane et sans jamais la nommer d'une autre histoire, celle subie par l'autrice elle-même. Si tel est le cas il n'est pas surprenant que la fluidité n'ait pas été au rendez-vous car un texte sous-jacent se cache sous cette saga familiale.
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Cent ans

les filles du nord



on est dans le nord, au milieu du 19e sur ces îles battues par le vent, où les hommes s'ouvrent vers le monde, un petit monde, celui des patrons pêcheurs ou négociants et les femmes régissent la maison et vivent tant bien que mal l'amour synonyme de grossesse. Leur univers s'agrandit avec les premiers voyages, et l'on découvre qu'on est toujours le lapon de quelqu'un.



Quatre destins de femmes, elle bien sûr Herbjorg, née durant la guerre, devenue institutrice puis auteure reconnue, parce qu'elle ne peut ni accepter ni dire l'indicible. Sa mère Hjordis, la ballottée, qui ne veut pas voir et qui a épousé le charmant garçon de son amourette adolescente. Elida, la grand'mère mariée par amour à un joli garçon et qui veut voir le monde et bien sûr l'aieule Sara Suzanne qui s'étiole dans un cadre trop petit pour elle.
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La Véranda aveugle

La condition féminine après la guerre, en Norvège.



Celle des familles pauvres de pêcheurs, d'ouvriers, celle de la misère et de la précarité.



Celle d'êtres frustres et durs, où, il n'y a aucune alternative qu'un peu d'espoir, qui se faufile au travers des courants d'air, des portes de chambre qui ne ferment pas à clé.



Cette histoire racontée par Tora, petite fille, puis adolescente ; fille aux cheveux de feu, fille du péché, fille de l'amour entre Ingrid et un soldat allemand, fille qui brûle de vivre, coeur blessé, corps meurtri et dévasté par 'l'Ogre" qui recouvre son âme d'enfant d'un manteau de nuit.



La maison des Mille, tristement nommée, est un monde à elle toute seule sur trois étages et autant de familles désespérées.

La violence côtoie la dureté de la vie, et les pensées intimes y demeurent silencieuses, mais, sont incrustées en chacun de ses habitants.



Premier d'une trilogie plein de justesse et de retenue.



Noir, plombant !





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Ciel cruel

Dernier acte, tome 3 ... on suit Tora, sa mère, son beau-père, sa tante et son oncle dans le désir de survivre, de surmonter le destin, dans la volonté de croire que l'on peut quitter sa condition.



Soutenue par sa tante Rakel, elle y croit



Mais il n'y aura ici ni happy end, ni résilience.
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La chambre silencieuse

tome 2

Tora grandit, elle n'est plus cette petite fille plus ancrée dans une vie magique que dans la réalité trop sordide, et la vie n'en est pas plus facile... elle va quitter son île pour Breiland où elle va au lycée ... Tora est incroyablement forte. Si Tora n'est pas Herbjorg, elle lui ressemble comme une soeur, nées toutes deux durant l'occupation allemande dans une petite île au-delà du cercle polaire ... et le thème de l'inceste est un thème récurrent dans son oeuvre..
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La Véranda aveugle

Premier tome de la trilogie Tora

Sur ces petites îles paumées de Norvège, il n'y a pas que des aurores boréales, il y a aussi des gens frustres qui se battent pour survivre. C'était dans les années 50, avant la manne du pétrole.

On suit Tora, une petite fille née d' amours interdites,qui devient adolescente dans un taudis communautaire entre une mère usée et un beau-père abusif et qui rêve pour oublier la réalité trop dure.

Une écriture poétique, pour une histoire très dure, Wassmo n'a pas son pareil pour décrire les non dits, les ambiances, les rapports entre des personnages enfermés dans le silence et l'incapacité de communiquer.
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L'héritage de Karna

Merci à Luce Hinsch pour la traduction qui nous permet une plongée dans cet univers du Nordland norvégien à la fois si rude et si poétique et même un peu surnaturel.



Karna, fille de Benjamin, lui-même fils de Dina héroïne d’une trilogie précédente, est au centre de la suite de cette saga familiale. Nous y retrouvons donc tous les personnages qui avaient entouré Dina. Nous y retrouvons cette aura de mystère chez la plupart des personnages tellement vivants dans leurs doutes, leurs contradictions, leurs failles, leur difficulté à dire, à exprimer ce à quoi ils aspirent, ce qu’ils comprennent ou pas. Dans des paysages de froid, d’hiver interminable, de mer, de vagues, de rochers, d’appontements, de journées d’été sans nuits, de traversées d’un îlot à l’autre dans la pluie et le vent.



Bref un environnement rude, presqu’hostile où se meuvent quantité d’individus aux prises avec des milieux très conventionnels où une sorte de modernisation pense apporter un mieux être dans cette région du Nordland si pauvre et si reculée.



Mais, et c’est là toute la force de l’auteur, se détachent quelques figures puissantes, fantasques, excessives qui ajoutent à l’intrigue de cette histoire familiale complexe.



Allergiques au surnaturel s’abstenir….



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Ciel cruel

A la fin du tome précédent Tora, violée par son beau-père, a accouché seule d’un enfant qui est mort et dont elle a dissimulé le corps. La honte et la culpabilité la mènent au bord de la folie. La visite de sa tante Rakel à qui elle arrive enfin à confier les abus dont elle a été victime pendant des années lui permet de reprendre pied. Son expérience traumatique lui vaut de porter un regard d’une lucidité implacable sur les gens qu’elle côtoie.



La tante Rakel est le second personnage important de ce volume. Elle souffre d’un cancer de l’intestin mais son mari, Simon, est incapable d’accepter la maladie de sa femme. Rakel se soigne donc seule, dissimule ses douleurs et console Simon quand c’est elle qui aurait besoin de soutien. De même Jon, le petit ami de Tora, n’est d’aucun secours à celle-ci. Les hommes nous sont ici présentés comme de grands enfants.



Après deux tomes où je me suis attachée à l’héroïne, une jeune fille courageuse et volontaire, j’avais espéré un dénouement positif pour elle mais la fin est terrible. Malgré la grande noirceur de ce roman j’en ai apprécié la lecture. L’autrice écrit excellemment et manie des images insolites pour donner à ressentir les sentiments et les sensations de ses personnages :



« C’est alors que parut le soleil du soir. Non pas brusquement entre deux nuages, comme d’habitude. Mais lentement, hésitant, rayon après rayon jusqu’à ce que le disque entier éblouisse la vue et la fenêtre. La chaleur recouvrit son visage comme une peau. Puis il disparut derrière les rideaux et le mur de l’appentis aussi lentement qu’il était venu. Elle remarqua à peine le changement avant qu’il disparaisse complètement. La pièce se dessina clairement et la fraîcheur de son vide se referma sur elle. Elle fut touchée par les plantes devant la fenêtre qui recherchaient désespérément leur propre ombre. »
Lien : http://monbiblioblog.revolub..
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Ciel cruel

C’est avec un pincement au cœur que j’ai laissé Tora à l’issue de la lecture du dernier volet de la trilogie dont elle est l’héroïne.

Pour résumer l’opus précédent sans trop en dévoiler, Tora a quitté son île du nord de la Norvège pour aller étudier sur le continent. Elle a ainsi laissé derrière elle un beau-père alcoolique et maltraitant, et une mère trop épuisée, trop recroquevillée sur son sentiment d’infériorité pour s’apercevoir de quoi que ce soit. Traumatisée par ce qu’elle a subi, Tora dérive vers la folie, son mutisme et son apparente indifférence au monde dissimulant des angoisses obsessionnelles et un profond mal-être s’exprimant notamment à l’occasion de cauchemars aussi prégnants qu’effroyables.



C’est une fois de plus la tante Rakel qui prend les choses en main en lui rendant visite, inquiète du silence de sa nièce et de son refus de rentrer à Vaeret pour les vacances. Tora lui confie le secret qui la torture depuis si longtemps, et Rakel, avec sa force, son intelligence et son extrême empathie, sait trouver les mots pour que la jeune fille entame une possible reconstruction et se libère de tout sentiment de culpabilité.



Tora apprivoise certaines de ses peurs, trouve une nouvelle assurance et une sorte de maitrise dans ses relations avec autrui, mais son équilibre est fragile, car fondé sur un subterfuge qu’alimente le déni, non pas tant de ce qu’elle a vécu, que de qui elle est réellement. Son cheminement en quête de soi est bancal, contraint par son positionnement vis-à-vis de modèles féminins dont elle ne parvient pas à se détacher, qu’elle s’y identifie ou qu’elle les rejette.



Pendant ce temps, sur l’île pour laquelle la jeune fille éprouve un dégoût grandissant, Rakel lutte contre un mal devenu insupportable, dont elle tait la gravité et l’inéluctable issue à son entourage. Ingrid souffre de la distance que lui impose Tora, qui n’est pas que géographique, mais s’exprime par un détachement presque méprisant, qui révèle le gouffre installé entre sa fille et une mère étrangère au secret qui l’a détruite et qui, incapable de se sauver elle-même, n’a pas su la protéger. La femme d’Henrik est plus que jamais écrasée par la conviction de son insignifiance, s’enfermant elle-même dans le rôle de celle qui, fade et morose, est faite pour être négligée. Rakel, la solaire, qui a toujours été la préférée, a fini par la déposséder de sa fille… Quant à Henrik, il se révèle dans ce dernier opus à la fois repoussant et pitoyable, démuni car rattrapé par ses fautes et continuant pourtant à ne se considérer que comme une victime.



Cette trilogie m’aura passionnée et émue jusqu’au bout, et rendue admirative de la capacité de l’auteure à allier simplicité et intensité dramatique, à mettre en évidence la complexité et les obsessions de ses personnages sans se livrer à de tortueuses analyses psychologiques.


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Cent ans

J’ai découvert Herbjørg Wassmo lorsqu’on m’a offert "Le Livre de Dina" avant que je parte pour Bergen, en Norvège, où j’ai passé une année. J’avais adoré cette saga mais je n’avais pas acheté d’autres ouvrages d’elle, jusqu’à aujourd’hui avec le magnifique "Cent ans". Nous y suivons une narratrice, dont on devine l’identité, qui décide de partager avec nous la vie de son arrière-grand-mère en précisant : "Celui qui raconte une histoire choisit ce qui lui convient de raconter." (p.16)



La grande fresque familiale qui s’ouvre alors nous fera voyage de l’archipel des Vesteralen à l’aube des années 1850 à la Norvège actuelle en passant par la Kristiania (Oslo) des années 1920 grâce aux voix de Sara Susanne et d’Elida qui se mêlent à celle de la narratrice. Cela permet à l’autrice de nous plonger au plus près d’un pays en pleine évolution : les familles nombreuses, la pêche et l’agriculture, les professeurs ambulants, l’apparition du téléphone puis de la voiture, la place du peuple Sami, les progrès de la médecine…



Si j’ai éprouvé énormément de plaisir à retrouver les paysages norvégiens, j’ai surtout été sensible à l’incroyable talent d’Herbjørg Wassmo pour décrire la personnalité et l’apparence de ses personnages auxquels elle semble si profondément attachée. Elle témoigne également de l’Histoire d’un pays de petites communautés isolées les unes des autres par les montagnes et les fjords mais aussi très unies car faisant face à un climat rigoureux et à des conditions de vie difficiles. Pour conclure, je vous conseille de lire ce roman au rythme des compositions pour piano d’Edvard Grieg !
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Le testament de Dina

Dina a péri dans l'incendie qui a ravagé la grande maison de Reinsnes. À ses funérailles et à sa demande, sa petite fille Karna a révélé ses crimes. Depuis, la jeune fille s'est murée dans le silence et ses crises d'épilepsie et de rage ne cessent de gagner en intensité. « Elle se voit comme le témoin de ce qui ne peut être dit. » (p.292) Pour tenter de soigner l'enfant, mais aussi pour se libérer d'un mariage où l'amour a trop souffert, Anna part avec Karna à Copenhague. Dans la capitale danoise, l'adolescente est enfermée dans un asile où personne ne sait comment la soigner. « Parfois, elle n'était pas sûre que cet endroit d'où elle venait existât réellement. Peut-être était-ce juste un rêve qu'elle avait fait et qui, depuis, la poursuivait. En réalité, ses pensées étaient sa vraie maison. Et elles, elle les emportait partout où elle allait. » (p. 87) Confrontée à la laideur de l'âme humaine et à la mesquinerie du monde adulte, Karna ne veut plus grandir. Toujours visitée par les fantômes du passé et de Reinsnes, elle finit cependant par s'ouvrir au chef de clinique, Joakim Klim. De son côté, Peder Olaisen continue de l'aimer passionnément. Ses études achevées, il reprend les chantiers de la famille Gronelv et il poursuit deux objectifs : que son frère paye enfin pour les souffrances qu'il fait endurer à ses femmes et retrouver Karna pour toujours. « Elle lui était aussi indispensable. Tout en elle l'était. Absolument. » (p. 107)



Benjamin, privé en peu de temps de sa mère, de sa fille et de son épouse, est désemparé. Il lui faut repenser son existence et ses décisions. « Il se rendit compte qu'il s'était bien trop rarement vu obligé de faire un choix. Il avait préféré se laisser porter par les impératifs et le désir. » (p.157) Toujours fou d'amour pour Anna, il comprend que pour l'aimer vraiment, il devra peut-être la laisser vivre sa vie sans lui. « Je pleure les mortes. Mais surtout je pleure les vivantes. Anna et Karna. Je m'aperçois que je les ai peut-être toutes les deux perdues. » (p. 183)



Dans l'épilogue de cette superbe saga, les derniers protagonistes quittent la scène, jamais en silence, mais toujours un fracas indicible. Rien ne semble pouvoir tenir depuis la mort de Dina. « Reinsnes était devenu un lieu auquel il manquait son ombre. » (p. 252) Les derniers vivants doivent réapprendre à vivre dans un monde sans elle, mais aussi dans un monde où tout le monde connaît ses meurtres. Chaque pas, chaque décision, chaque renoncement est lourd, et l'espoir lui-même invite à la prudence. Le final m'a plongée dans un chagrin immense : une fois encore, l'innocence a payé le prix fort.

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L'Héritage de Karna, tome 3 : Les femmes si b..

Reinsnes est désert : tout le monde s'est installé dans l'effervescence de Strandstedet, à proximité des chantiers et du Grand Hôtel fraîchement rénové. S'en est fini des pêches de plusieurs mois et des grands chaluts. Dina mène ses affaires de main de maître, faisant fructifier sa fortune et ne laissant personne la flouer. Cela étonne, mais Dina a toujours été excentrique, et sa réussite et son indiscutable autorité effacent toutes les critiques. « Il y avait quelque chose d'effrayant chez une femme qui avait tout quitté et avait pour ainsi dire disparu dans le monde. Pour tout à coup réapparaître comme si de rien n'était, s'achetant un hôtel et la moitié d'un chantier naval. » (p. 23) Benjamin et Anna peinent à faire vivre leur couple, et les insinuations jalouses d'Olaisen, nouvel époux d'Hanna, premier amour de Benjamin, enveniment la situation. Karna souffre des bassesses des adultes qu'elle ne cesse de découvrir à mesure qu'elle grandit et elle se raidit dans une rigueur morale terrible. Finalement, la violente nature de Wilfred Olaisen met le feu aux poudres et tout s'embrase.



Quel final terrible et grandiose ! Herbjorg Wassmo clôt sa trilogie et l'histoire de Dina avec fracas pour s'assurer qu'on n'oubliera jamais son personnage. « Si elle n'avait pas été une femme, on aurait été tenté de dire qu'elle était un brave type. » (p. 185) Pour moi, elle est impossible à oublier : je suis déjà revenue vers Dina avec cette relecture et il me reste à découvrir Le testament de Dina, où Karna est au centre de l'intrigue. Je sais déjà qu'il me sera difficile de dire adieu à Reinsnes.
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L'Héritage de Karna, tome 2 : Le Pire des sil..

Après 18 ans d'absence, Dina rentre chez elle. Il ne sera pas dit qu'elle laissera passer la chance de s'enrichir grâce à l'industrialisation. Désormais, ce n'est plus Reinsnes qui domine la région, mais Strandstedet, ville côtière où les bateaux peuvent accoster. Avec l'ambitieux Wilfred Olaisen, Dina lance des chantiers ambitieux et entend bien rester maîtresse de son destin, tout en essayant de faire amende honorable auprès de ceux qu'elle a abandonnés et profondément blessés. De son côté, la jeune Karna rencontre avec fascination cette aïeule qu'elle a tant imaginée. « Dire qu'une grand-mère pouvait arriver avec le vapeur pour transformer tout le monde ! » (p. 27) Rendue superstitieuse à cause de ses crises de haut mal, la jeune fille ne quitte pas la Bible noire qui se transmet depuis des générations dans la famille. Elle observe le monde des adultes avec circonspection, ne manquant jamais de percer des secrets qui pèsent ensuite bien lourd sur ses petites épaules. Elle apprend aussi le deuil et la séparation, notamment quand Stine et Tomas partent s'installer en Amérique. « Alors c'était comme ça ? Ils tombaient ? Tous ceux auxquels on tenait ? » (p. 79)



Quelle joie de retrouver enfin l'impétueuse et fascinante Dina ! Herbjorg Wassmo a créé un personnage qui m'enchante et dont j'apprécie de suivre toutes les péripéties. Savoir que je touche au bout de son histoire me peine un peu, mais Karna est un nouveau protagoniste féminin très attachant.
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L'Héritage de Karna, tome 1 : Mon péché n'apparti..

Benjamin a quitté Copenhague pour se réinstaller à Reinsnes. Il rentre avec la petite Karna, fille qu'il a eue avec Karna, morte en couches. Dans le pays de son enfance, il retrouve Hanna, désormais veuve, et Anders qui est presque aveugle. Dans les eaux, le hareng se raréfie et Reinsnes prend du retard sur la modernité. Avec sa petite fille qui grandit et qui multiplie les crises d'épilepsie, le jeune médecin est désemparé, d'autant plus qu'on lui interdit d'exercer son art puisque son diplôme danois ne plaît pas aux autorités norvégiennes. « Pourquoi faut-il rester à Reinsnes à regarder tout se détériorer et s'écrouler, et la vie nous passer entre les doigts pendant qu'on s'échine pour rien ? » (p. 181) Benjamin n'arrive pas à faire face seul, sans épouse et toujours sans nouvelles de Dina, sa mère partie en Allemagne.



Je retrouve toujours avec plaisir les personnages de cette saga norvégienne, et c'est Reinsnes que je préfère comme théâtre de l'action. Benjamin me reste toujours franchement antipathique, incapable qu'il est de choisir entre Anna et Hanna, laissant finalement le destin choisir à sa place. J'ai en revanche beaucoup de tendresse pour cette petite Karna sans mère, trop intelligente pour son jeune âge.
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La Véranda aveugle

Premier volume de la trilogie de Tora, "La véranda aveugle" est un superbe roman, écrit au début des années 1980, sur un sujet difficile. Tora est une enfant à l'orée de l'adolescence qui subit des abus sexuels. Ce "péril", comme elle le dit, est évoqué avec à la fois une grande pudeur et une vérité sans détour, au plus près de la souffrance et de la dignité de cette jeune fille.

Le roman ne se limite pas à cela, loin de là. Il décrit merveilleusement la Norvège de l'après-guerre, les séquelles que l'occupation allemande a laissées et la grande pauvreté de la population qui vivait dans le nord du pays. La place des femmes dans cette société est rendue par des portraits touchants et inoubliables. Un immense coup de coeur.
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