Hisao Kikuchi s’était couché sur le côté et ouvrait la bouche sous la pierre d’où l’eau gouttait. Sans doute un reste de rosée que la mousse avait gardée. Une goutte, deux gouttes, il pouvait les compter. Il en tombait si peu que c’était une douleur dans sa bouche. Il avait envie de manger la pierre, comme si l’eau avait été à l’intérieur.
Des chevaux morts, nous en avions déjà vu un si grand nombre, croyez-moi, qu'ils auraient pu recouvrir toute l'étendue du champ entre la voie de chemin de fer et la route si on les avait transporté ici. Et je vous dirai qu'avec tourtes les mules mortes que nous avions vues aussi, on aurait réussi à recouvrir tous ces chevaux.
J'écoutais la relève des sentinelles devant la porte, discutant à voix basse, et lorsque je me levai et allai à la fenêtre, ils me firent un signe. Je leur rendis et regardai vers le fleuve, si sombre d'ici qu'il semblait flotter entre la terre et le ciel, comme j'avais déjà vu flotter le bleu d'un lac.
Les gens prétendaient que mon père était un raté. Ils omettaient de dire qu'il avait attrapé des truites bleues à la
main.
Je fermai les yeux.
Une rivière verte et des truites bleues.
Yankel parlait bas, et ses mains toujours dans celles de son père étaient comme deux animaux peureux. Il murmurait, mais sa voix vibrait. Voilà ce qu'il murmurait et que Stépan savait déjà : il s'endormait chaque soir avec tous ceux qu'il avait arrêtés et fouillés, dans la rue, aux barrages. Il emportait dans son sommeil leurs regards indiciblement vides, dissimulant leur haine. Et au réveil il avait peur de tous ces hommes et les haïssait comme eux le haïssaient. Cette peur grandissait chaque nuit, mais lorsqu'il fouillait un Arabe qui avait l'âge d'être son père, il essayait d'imprimer sur lui avec ses mains, le désir qu'il avait de ne pas l'humilier, et en remontant le long du corps avec tout ce qu'il pouvait de précaution, il attendait de lui un geste, une chose impossible, il attendait de voir dans son regard une lueur de reconnaissance. Mais son regard demeurait indiciblement vide et plus tard dans son sommeil devenait meurtrier et haineux. C'est cet homme-là qu'il avait tué sur la route, croyant voir une arme dans sa main. C'est sur cet homme-là et tous les hommes au regard vide qui peuplaient ses nuits, qu'il avait tiré.
lecture à haute voix, premier chapitre (il boit, descendu du train, et voit le train partir)
p.15 "... ses premiers mots, muets et pleins de désarroi, furent pour Shigeko."
p.23 "Il ne savait pas qu'il criait et gémissait sans bruit."
p.143 " Quand j'ai besoin de boire, j'en oublie tout."
1946 Hisao Kukuchi
Shigeko Katagiri
montagnes de Peleliu, bataille
son copain mort Takeshi
Mme Taïmaki sa logeuse qui l'entend non pas crier mais pleurer
le grand-père et son chien
Komura le préposé, la gare d'Akita et Keisuke, autour du feu
Miyake dans le camion
dans la gare Kuroki Anzu, la femme qui a trouvé s valise
pied pour rejoindre terminus du train à Akita
camion pour aller à Aomori
bateau pour Hokkaido
road movie, train, à pied, en camion, en bateau
qq rencontres
fin la lettre de la fe q'uil va épouser (kdo oeuf de jade) tombe ds la mer
après avoir lu ce livre, vous ne boirez plus jamais un verre d'eau de la même façon