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Critiques de Iegor Gran (271)
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Z comme Zombie

Des morts-vivants en chapka !

Comme je n’ai pas appris le russe, je m’étais dit que les Z peinturlurés sur les blindés signifiaient « Zébu trop de vodka » mais apparemment zé pas za.

Quand je pense zombie, je vois des cadavres débraillés avec des gueules de lendemain de cuite qui carburent au carpaccio, effets secondaires d’un nouveau virus chinois ou extra-terrestre.

Et bien, ici, il faut oublier le pop-corn et la jolie fille blottie contre soi sur le fauteuil à côté, qu’il faut pelot… pardon rassurer pendant le film en lui susurrant que ce n’est que du cinéma. Pas une petite toile romantique mais un pamphlet percutant contre le pouvoir russe et sa raspoutitsa nationaliste.

Iegor Gran a pris l’habitude dans ses livres de transformer ce qui l’horripile en romans jubilatoires (« La revanche de Kévin », « le voyage d’Alix…). Si j’avais été beaucoup moins convaincu par ses deux essais coups de gueule sur le COVID, je trouve qu'ici que son attaque frontale contre le pouvoir russe et surtout la complicité de son peuple concernant la guerre en Ukraine était aussi édifiante qu’éclairante.

On sent dans ces pages une vraie colère, que ces lignes ont été écrites en réaction immédiate au déclenchement des hostilités. DCA littéraire. L’approche est donc subjective mais il est difficile de lui reprocher d’avoir la rancune tenace quand on sait que son père fut un dissident Goulaguisé qui dut s’exiler en France avec sa famille. Son histoire est d’ailleurs magnifiquement racontée dans le très drôle « Les services Compétents », un très bel hommage que je recommande vivement.

Ici, l’auteur délaisse son humour mais n’abandonne pas son ton ironique pour un essai qui vise à rompre le cou du mythe du dictateur fou qui n’obtient le soutien de son peuple que par la terreur et l’oppression. Il part du constat qu’une majorité de russes soutient Poutine, l’invasion de l’Ukraine et gobe tous les bobards de la propagande au mépris des évidences. Les opposants au régime ont certes la vie moins facile que la mort mais ils sont surtout peu nombreux dans un pays de 143 millions d’habitants.

L’auteur décrit de l’intérieur le lavage de cerveau généralisé de la population par une réécriture de l’histoire qui flatte depuis des années la fierté nationale et soigne le traumatisme post-soviétique, par des émissions de télévision à la solde d’un pouvoir qui ne s’embarrasse pas de messages subliminaux.

Raconté façon reportage gonzo et halluciné, Iegor Gran multiplie dans son texte le récit de faits divers qui semblent sortir de la quatrième dimension et des échanges avec des connaissances zombifiées dès que la question de l’Ukraine est évoquée.

Certains ne sont pas dupes des outrances mais justifient cette propagande pour nourrir le fantasme de la renaissance de la Grande Russie, nostalgie d’un Empire aussi émietté qu’un crumble.

Et puis, quelle fierté de se figurer en dernier rempart contre la décadence de l’Occident… un coca Zero à la main !











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Ces casseroles qui applaudissent aux fenêtres

Lecture masochiste.

Lire un livre racontant le premier confinement à l’aube du second enfermement, c’est un peu comme regarder un film racontant un crash aérien pendant un vol sujet à turbulences, dévorer une assiette de charcuterie avant une prise de sang ou voir un bon vieux James Bond avec Sean Connery avant de croiser sa trombine dans le reflet de son miroir… Pas l’idée du siècle. Je suis bien trop douillet pour aimer me faire mal.

A ma décharge, j’aime bien l’ironie mordante d’Igor Gran et je garde en mémoire les excellents « La revanche de Kévin » ou plus récemment « Les services Compétents ».

Je me doutais qu’avec ce titre « Ces casseroles qui applaudissent aux fenêtres », je n’allais pas tomber sur un épanoui du télétravail, un ravi de la crèche à domicile ou un ancien trader reconverti en producteur de miel en plein centre-ville qui veut faire partager au monde entier sa fierté de fabriquer son propre pain sans gluten mais dont les miettes farineuses effarouchent les pigeons.

Igor Gran raconte son état de sidération devant la facilité avec laquelle selon lui la population a renoncé à sa liberté, a accepté la déscolarisation des enfants, à ne vivre que pour durer, aux ordres de la technocratie de la santé. Nul doute, on est bien en France, on aime les grandes idées. Tout dans la mesure.

Les applaudissements et le concert de casseroles chaque soir accompagnant le décompte précis des morts du jour ont horripilé le pauvre Igor dépressif.

Je dois avouer que cette cacophonie, passé l’élan sincère et spontané des premiers jours m’a aussi assez vite agacé. Un, c’est vite devenu un phénomène de mode qui venait animer les apéros à distance hyper branchouille. Deux, la fanfare de ma rue n’avait pas du tout le sens du rythme. Pas étonnant que la France ne gagne jamais l’Eurovision. Trois, y’à pas de trois.

Néanmoins, le clan d’en face, celui de la petite grippette saisonnière, le gang des Mêmepaspeur, les surfeurs de la première vague, les choloriquinisés de la Canebière m’ont tout autant hérissé le poil et j’aurai bien demandé à quelques-uns des 66 millions de médecins que compte le pays depuis mars de s’auto-prescrire le bâillon plutôt que le masque.

L’auteur s’acharne avec un certain humour sur l’Etat infantilisant, sur les chaines d’infos qui décomptent les morts comme l’insomniaque les moutons, sur les aveugles du « quoi qu’il en coûte » mais il ne m’a pas vraiment intéressé.

Arguments rebattus, chiffres périmés, affirmations scientifiques depuis contredites. Ecrit entre avril et mai, le discours est déjà démodé en Septembre. Qui s’intéresse à la météo de la veille. Ce satané virus faisande les réalités d’hier à la vitesse d’un postillon.

On sent que l’auteur avait besoin de se défouler et certaines de ses saillies font mouche mais vu l’ambition vaine de l’ouvrage, il aurait mieux fait de courir des marathons sur son balcon pour se calmer. La colère submerge son style d’ordinaire si fin et le propos semble dépourvu de toute ambition littéraire.

Igor Gran avait été déjà victime de la même mésaventure dans un précédent roman « L’écologie en bas de chez moi » publié en 2011 et dont le propos sur le développement durable qui m’avait amusé à l’époque semble désormais dater de l’ère glaciaire.

Pas sur qu’avec ce second confinement les casseroles servent à autre chose qu’à réchauffer les raviolis du lundi.

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Les services compétents

Tout le monde n'a pas eu la chance d'avoir des parents…dissidents !

C'est le cas d'Iegor Gran qui déterre les racines de son arbre généalogique en évitant la lourdeur qui accompagne souvent les romans du terroir familial, occasions redondantes de tuer le père, de révéler des errements érectiles ou de patauger dans le bon vieux temps.

Iegor Gran préfère décrire avec beaucoup d'humour la longue traque du KGB pour démasquer son père Abram Tertz, pseudonyme d'Andreï Siniavski, auteur clandestin de nouvelles peu respectueuses du régime soviétique et publiées en Occident. Les « services compétents » mettront tout en oeuvre pour débusquer cet "ennemi du peuple".

Le récit se déroule dans la Russie post stalinienne, dans les années 50-60, et permet de déborder les livres d'histoire pour rentrer dans le quotidien ubuesque de l'époque. Ici, on pourrait dire que la réalité dépasse la fiction si une fiction n'avait pas aveuglé la réalité pendant tant d'années.

Nourri d'archives familiales et après un important un travail de recherches, l'auteur garantit la véracité de tous les épisodes décrits dans le roman.

De la perquisition de son berceau, au « filet peu garni » offert à Youri Gagarine pour récompense de sa transhumance dans l'espace, de la projection clandestine de films de Fellini aux dénonciations de délateurs zélés, Iegor Gran nous immerge dans une société russe surréaliste.

Dans le roman, les agents du KGB ne sont pas présentés comme des tueurs sadiques mais comme des idéalistes zélés, soucieux de satisfaire leur hiérarchie pour obtenir quelques faveurs, et par ailleurs bons pères de famille. Ils sont présentés d'humeurs peu badines, des "Poutines" en gabardine qui chaussent des patins pour rentrer dans des appartements communautaires où la sexualité est considérée comme une maladie honteuse. Le régime, au menu unique, condamnait autant les instincts primaires que les admirateurs de Pasternak.

L'intérêt du roman réside beaucoup dans ses personnages. Mentions particulières pour cet écrivain et sa femme, fatalistes sur l'imminence de l'arrestation du mari, mais qui refusèrent de se complaire dans la tragédie et qui décidèrent de faire un enfant pour braver le destin.

L'auteur décrit très bien les tiraillements entre les envies naissantes de consommation qui agitent le pays des soviets, malgré les voyages organisés dans les goulags, et un endoctrinement qui impose de ne voir que ce qu'il est autorisé de croire.

La description des méthodes disproportionnées du KGB pour assurer un contrôle total de la population est passionnante. Après les purges staliniennes, la période est au dégel et le polit bureau patauge dans la raspoutitsa pour trouver la bonne mesure. La dépouille de Staline est retirée du mausolée de la Place Rouge mais rien ne doit pouvoir fissurer le bouclier idéologique contre le Corona Virus capitaliste. Quitte à se soigner à la vodka.

J'ai particulièrement apprécié le ton ironique de l'auteur. Iegor Gran est parfois traversé de vilaines pensées. Il en avait d'ailleurs fait un recueil délicieux. Elles sont aussi à l'origine de farces grinçantes et savoureuses dont je ne peux que conseiller la lecture : « L'écologie en bas de chez moi » ou « la revanche de Kévin ». Il n'a pas besoin de passer un test ADN pour s'assurer qu'il est bien le fils de son père. La causticité est ici héréditaire.

Il ne me reste plus qu'à relire le docteur Jivago. Jiva de ce pas de l'oie.

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Le journal d'Alix

Bleu, saignant, à point ou bien cuit ?

Je pose cette question car je suis un peu à jeun d’idées pour le plat du jour proposé à la carte d’Iegor Gran : la viande d’homme... et celle de son chef de service en particulier.

Alix décrit dans son journal son obsession : un gueuleton andropophage.

Cette femme travaille dans un département du ministère de la Culture aux missions obscures, ce qui est un peu un euphémisme dans ce secteur. L’équipe est constituée uniquement de femmes, encadrées par un homme, manager falot qui n’a rien du mâle dominant et misogyne mais qui va payer pour l’ensemble de l’espèce.

Bon, les boss ont été inventés dans les organisations pour concentrer les critiques, incarner les injustices, les passe-droits et être à l’origine de tous les dysfonctionnements de la Terre. S’il y a bien un sujet qui fait l’unanimité autour des mugs de thé vert, c’est bien la nullité du N+1.

Comme Alix a bien conscience que son fantasme est un peu outrancier, elle tient un journal pour exorciser ses pensées trop protéinées.

De façon plus ou moins consciente, Alix va devenir une cheffe de meute et exacerber un féminisme radical parmi ses collègues. Le premier acte militant sera d’imposer à tout le personnel des menus végétariens au self du lundi au vendredi. Le sandwich paté-cornichon entre en clandestinité. l'absence de reconnaissance du ventre. Un comble pour les appétits carnés de la narratrice mais cette première victoire va donner des ailes aux amazones de l’open-space qui vont multiplier les rébellions contre la domination patriarcale au travail.

Alix va tomber amoureuse d’une consoeur mais cela ne va pas la ramener à de meilleurs sentiments.

Toujours aussi drôle et provocateur, Iegor Gran m’a tenu en haleine pendant tout son récit car dès la première page, une question taraude le lecteur. Est-ce qu’elle va vraiment bouffer son chef ? On imagine le pire, on espère le meilleur (morceau) et on assiste peu à peu à une dérive vers l’absurde, ou quand l’intelligence collective devient la somme de bêtises individuelles. Coluche parlait ainsi de l’esprit d’équipe. Il y a une équipe et un esprit. Alors, ils partagent… Dans la vie de bureau, j’appelle cela la pensée du post-it.

Si l’auteur s’amuse sur le fond à aérer nos morales et à humilier toutes les radicalités, il se permet aussi des originalités sur la forme. C’était déjà la marque de ses précédents romans. Ici, il propose des QCM existentiels et décalés en fin de chapitres qui appellent plus de sourires que des réponses.

Bonne bouffe. Dommage de ne pas pouvoir acheter ce bouquin avec des tickets restaurants.

Bartleby avec une serviette autour du cou.

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Voyage clandestin avec deux femmes bavardes

Des clics et quelques claques.

Svetlana et Helena sont deux âmes russes en peine, en panne d’âme sœur et en panne des sens. Elles tartinent les réseaux sociaux de miel et de fiel. Elles y exhibent deux vies quotidiennes dont le nuancier tend moins vers le rose que le morose. Elles y dissertent sur la guerre en Ukraine comme elles en parleraient au bistrot. Pas de censure hors les murs.

Elles y cherchent aussi de façon pathétique un bonhomme de seconde ou troisième main pour rendre plus supportable leur solitude et payer le loyer. Ce qu’elles ignorent, c’est qu’un écrivain français d’origine russe incontrôlée, le taquin voyeuriste Iegor Gran, s’est mis à les suivre sur Twitter pour écouter et rapporter la parole des Missis Toulemonde de la Russie de province.

Ces femmes, jolies blondes quadras, vivent toutes les deux dans de petits appartements, à des années lumières et d’ombre de Moscou.

Héléna est contrôleuse de ticket de tramway à Perm, une ville peu touristique de l’Oural. Elle est plutôt avenante, soucieuse des autres et laisse monter les plus fragiles sans payer : l’inverse d’un contrôleur SNCF. Elle aime son métier malgré son salaire plus trouble que rouble, et surtout, elle ne cache pas son opposition à la guerre. Elle est atterrée du soutien massif de ses compatriotes à Poutine.

Svetlana occupe un emploi qu’elle n’aime pas d’assistante dans une école maternelle à Nijni Novgorod, dans la partie centrale de la Russie, le long de la Volga. C’est une nationaliste pur jus, infusée de propagande et nostalgique d’une grande Russie qu’elle n’a connu que dans ses rêves et vu dans des films officiels dopés de patriotisme. Elle a l’aigreur va-t’en-guerre, l’occident oxydant et l’ukrainien endocrinien. Plus influencée qu’influenceuse, elle relaye sans vergogne le discours officiel sur X, feu Twitter à ses 1500 followers, suiveurs, voyeurs…

Après Z comme Zombie, dans lequel Iegor Gran décrivait déjà le soutien aveugle d’une population hypnotisée à l’invasion de l’Ukraine, l’écrivain s’éloigne de Moscou pour tendre son micro à des pipelettes locales du web.

Les romans d’Iegor Gran sont plus réussis que ses témoignages sur le Covid ou la Russie. Ses révoltes y musèlent trop son humour. Néanmoins, ce « Voyage clandestin avec deux femmes bavardes » apporte un regard différent et intéressant qui m’a rappelé l’ancienne émission « Strip-tease » qui abordait des sujets de société par le biais de la vie de tous les jours d’inconnus sans filtre.

Héroïnes d’une vie qu’elles mettent en scène, le lecteur oscille entre espoir avec Héléna et désespoir avec Svetlana, entre le touchant et le risible, entre le révoltant et le pitoyable. Les deux femmes ne se connaissent pas et ne se croiseront certainement jamais. Elles n’auraient rien à se dire. Les chapitres restent étanches.

L’auteur développe beaucoup d’empathie pour Héléna, soucieuse des autres, lucide sur l’état de son pays et attachée à sa liberté de penser.

A l’inverse, Iegor Gran parvient à ne pas ridiculiser ou enfoncer Svetlana même si la tentation est parfois grande tant cette femme affiche fièrement sa vulgarité et ses outrances. La clique du cloaque.

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Z comme Zombie

Tu as pris goût aux Zombies, m'a dit Doriane. Sauf que ceux-là sont bien réels, très nombreux, et qu'il sera bien difficile de les faire revenir à un état d'homme. Et que ce texte de Iegor Gran ne m'a pas fait rire du tout.

L'auteur est russe de naissance, fils de dissident. Il a raconté dans « Les services compétents » la chasse à l'écrivain dont a été victime son père pour divulgation de textes anti soviétiques. Je vous conseille d'ailleurs ce livre, à l'humour grinçant.



Ici, l'humour est absent. L'auteur analyse la folie qui s'est emparé du peuple russe, suite à l'invasion de l'Ukraine. Tout ce qu'il expose dans son livre est basé sur des témoignages, des extraits d'émissions, des pages internet, qu'il a pu lire directement en langue russe et est donc malheureusement avéré.

On découvre un peuple dans sa majorité, le cerveau lavé par des années de propagande de la télévision russe, complètement gagné aux idées de Poutine, approuvant « l'opération militaire en Ukraine », convaincu de la supériorité du peuple russe sur l'occident, méprisant envers les faibles, reniant le mot tolérance, et proclamant « La Russie est partout »

Il pointe du doigt le fait que cette Zombification concerne toutes les couches de la société, y compris des intellectuels, des journalistes, des professeurs, des personnes parlant des langues étrangères, ayant donc accès à d'autres sources d'informations. C'est encore plus inquiétant.



Ce texte est un cri, cri de colère, cri d'avertissement. Toute tentative de l'occident de « faire les yeux doux à la Russie » est vue par celle-ci comme un signe de faiblesse et l'encourage dans son isolement et son comportement visant à rétablir la grande Russie.

L'auteur n'y déploie pas la même verve ironique que dans ses romans. Peu de recul dans ce constat à chaud, qui m'a laissée effrayée, mal à l'aise avec cette vision très noire de la société russe.

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Les services compétents

« OBJET : Livre anti-soviétique

J'ai l'honneur de vous rendre compte des faits suivants :

Ce jour, le dimanche 15 mars 2020, je termine la lecture du roman Les services compétents du dénommé Iegor Gran, de son vrai nom Iegor Andreïevitch Siniavski, fils d'Andreï Siniavski, dissident soviétique.

Cet ingénieur a entrepris une carrière d'écrivain et s'est choisi un pseudonyme pour publier des romans écrits en français.

Cet homme est connu pour son humour noir, et suite à cette lecture, je ne peux que signaler l'irrespect et la légèreté avec laquelle il décrit l'URSS et la politique du camarade Nikita Khrouchtchev . »



Voici le rapport circonstancié que l'on pourrait écrire pour évoquer cet ouvrage et qui devrait être suivi d'une longue autocritique, puisque ce roman est excellent et que l'on prend un plaisir fou à le lire.



Les Services compétents désignent ici les services du KGB, où travaille le lieutenant Ivanov, qui traque le mystérieux Abram Tertz, qui fait publier en France dans les années 60 par une non moins mystérieuse filière des nouvelles fantastiques mettant à mal l'image de l'URSS.

L'habileté de Tertz et de ses amis est telle qu'il faut bien six années aux Services compétents pour démasquer l'écrivain subversif, André Siniavski, époux de Maria Rozanova, parents de Iegor Gran.



Ce qui frappe c'est le sujet du roman, traité avec beaucoup de recul, d'ironie, de second degré, d'apparente légèreté , qui fait rire et sourire.

C'est le récit de la traque de celui qui publie en France, des surveillances quotidiennes, c'est l'évocation des informateurs, des agents qui devinent, analysent, connaissent les individus mieux qu'eux-mêmes, savent prévoir, devancer, du martèlement des valeurs de la Mère Patrie, c'est le rappel de l'incessante comparaison avec l'Ouest décadent, et des tentatives pour ouvrir un peu le pays via Intourist, tout en colmatant les brèches que cette ouverture pourrait causer au sein de la nation…

Bienvenue dans le pays de Monsieur K, nouveau visage de l'URSS .

Les Services compétents racontent donc la censure, les pénuries, la répression, malgré le déboulonnage de Staline et la fin du culte de la personnalité. Si Staline est mort en 1953, la répression en Hongrie a eu lieu trois ans plus tard, l'Affaire Pasternak en 1958, les pays satellites de l'Europe de l'Est ne doivent surtout pas quitter le giron soviétique, ni les dissidents donner une image négative de la nation.



Ce très bon roman satirique offre des pages d'anthologie. Je mets une citation pour conclure en espérant qu'elle vous donnera envie de le lire. Il a été difficile de choisir, on voudrait citer des chapitres entiers du livre (avec mention spéciale pour les cadeaux octroyés à Youri Gargarine ou le passage sur Maurice Thorez).



« Tout de même, comment ose-t-on écrire dans la presse capitaliste que la liberté soviétique est couci-couça alors qu'on a ce Huit et demi qui est projeté en veux-tu en voilà, en plein centre de Moscou? Un film qui donne l'occasion aux intellectualisants d'affiner leur complexe de supériorité sans défendre aucun des enseignements de Lénine.

Khroutchtchev non plus n'a rien compris au film.

Après qu'un jury international lui a décerné le premier prix au Festival de Moscou, on s'est affolés dans les cénacles: comment montrer ce film aux citoyens alors que Mastroianni est à l'évidence contaminé par l'idéologie bourgeoise, tandis que l'art que pratique Fellini est à l'opposé du réalisme socialiste?

Tel un savant fou et altruiste, Khroutchtchev décide de tester le poison sur lui-même. On lui organise une séance privée. Le brave homme s'endort au bout de vingt minutes. Huit et demi est jugé soporifique et inoffensif.

Soulagement pour tout le monde: si le numéro Un est sorti indemne de la projection, le citoyen lambda ne risque rien. »
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Z comme Zombie

Parler de zombies à quelques heures d'Halloween pourrait être de circonstance.

Il se trouve que ceux que je convoque dans cette chronique, - ou plutôt ceux que convoque Iegor Gran dans son dernier essai Z comme zombie, sont malheureusement plus vrais et plus dangereux que les fameux personnages de légende qui peuplent notre imaginaire collectif.

Faisons tout d'abord un petit pas de côté vers la définition de zombie et après avoir lu ma chronique, je vous invite à y revenir. Une de mes lectures du moment se déroulant en Zambie, elle m'a offert ce matin la définition idéale pour illustrer le propos de cet essai :

« L'idée de zombie est née au royaume du Kongo puis elle s'est propagée dans le Nouveau Monde, apportée par les bateaux d'esclaves : nzambi (un Dieu) ou zumbi (un fétiche) - quoi qu'il en soit, cela n'appartient pas au monde des vivants. Ressuscité d'entre les morts par un sorcier, un bokor, le zombie est un esclave dépourvu de volonté. Il peut être envoyé pour accomplir une tâche ou tuer un voisin. C'est une bête invincible condamnée à errer par-delà le monde en commentant le mal par procuration. Quand un zombie vous attaque, plante ses crocs dans votre chair, sait-il ce qu'il fait ? Pas vraiment. »

Ce petit livre qui se veut être un pamphlet, dans le noble sens du terme, a été écrit et publié quelques jours après le 24 février 2022 date qui marque l'invasion de l'Ukraine par la Russie. Il a été écrit comme une urgence et une nécessité de comprendre et de relater. À ce titre il est une clef indispensable pour décrypter les causes profondes de cette guerre qui ne voulait pas dire son nom et qui ne commence pas réellement ce jour-là.

« Certes, tous les Russes ne sont pas comme ça » Iegor Gran a pris quelques précautions d'usage en exergue de son essai. Cet écrivain russe, né à Moscou, est le fils d'un écrivain dissident, Andreï Siniavski, envoyé jadis au Goulag par le KGB. Ses détracteurs pourraient dire qu'il a de bonnes raisons personnelles d'être russophobes. D'ailleurs, le fait d'être passé au Goulag ne garantit pas en soi une caution morale et de probité à toute épreuve, la preuve : Alexandre Soljenitsyne. Ouf ! Plus tard, l'auteur confirme ce que je pensais du célèbre et sinistre dissident et qui a jeté de la poudre aux yeux à tout l'Occident et à de nombreux lecteurs... Cependant Iegor Gran n'est pas russophobe et son propos atteint bien largement la sphère universelle qui nous concerne tous...

Tout part de de ce Z peinturluré en blanc sur l'avant des chars russes et que nous avons tous découvert à travers ces premières images du conflit, quelle intention se cache derrière cette lettre et qui a gangrené le cerveau d'une majorité de Russes ?

Z comme zombie.

En cent-soixante-dix pages, Iegor Gran montre l'effet de la propagande que conduit Vladimir Poutine en « bon » père de la nation et du peuple russe et qui pervertit les esprits de toutes les couches sociales, y compris les plus avertis.

Iegor Gran explique qu'en Fédération de Russie, une majorité de Russes, - qu'il désigne sous le vocable de zombies, gagnés par la folie nationaliste, préfèrent le mensonge à la vérité. Ceux-ci véhiculent à leur tour les mots d'opérations militaires spéciales, et non de guerre, pour ne pas dire d'opérations humanitaires justifiées pour délivrer, dénazifier l'Ukraine, cette terre qui leur est fraternelle et qui appartient à la grande Russie. Et quand on leur présente les images trop nombreuses de massacres de civils, ils répondent par les mots si bien appris de fake news. Ils sont convaincus que ce sont les soldats ukrainiens qui bombardent eux-mêmes les habitations des leurs.

Ils haïssent l'Occident, ce « grand Satan », tout en étant séduits par ses produits, se gavent de MacDo et considèrent que les frontières de la Russie n'ont d'autres ambitions que d'être repoussées encore plus loin. Mais jusqu'où ?

Pourquoi cette guerre en Ukraine existe-t-elle ? Pourquoi le peuple russe ne se révolte-il pas, alors qu'il y a de nombreuses familles composées des deux peuples qui aujourd'hui s'affrontent sur le champ de bataille ?

Pourquoi le narratif de Poutine a-t-il eu un tel écho favorable auprès d'une large majorité du peuple russe pour justifier cette « opération spéciale » en Ukraine ? Pour quelle raison cela prend-t-il aussi facilement ?

J'ai découvert par ce livre que la censure n'existe pas vraiment en Fédération de Russie. Selon l'auteur, les Russes semblent pouvoir avoir accès autant qu'ils le voudraient bien, à tous les réseaux sociaux de la planète, à Internet, sans vraiment de limitation... Mais en ont-ils la volonté ? Et sont-ils en capacité d'exercer leur libre-arbitre ?

Un hashtag explicite, #JeNaiPasHonte, est d'ailleurs venu fleurir les réseaux sociaux comme un cri de ralliement, depuis l'invasion de la Russie en Ukraine.

Ce livre est un pamphlet brutal et direct comme un uppercut, décapant, furieusement efficace, il est un réquisitoire implacable contre une forme de folie, de bêtise aussi, qui vient nourrir une violence sous-jacente, effroyable.

À renfort de faits et de témoignages accablants, Iegor Gran démontre comment Poutine utilise ces nationalistes parmi le peuple russe, tels des zombies, pour transformer une sorte de misère sociale en sentiment exacerbé de revanche, de vengeance, en violence retournée vers l'Occident qui est désigné comme le bouc émissaire, nourrissant, justifiant ainsi des velléités d'impérialisme comme exutoire à la misère.

Tous les faits qu'il partage sont ahurissants, on ne sait pas s'il faut en rire ou s'en effrayer, les deux sans doute quand le monde des zombies devient vrai, les dictatures ont toujours ce côté ubuesque en filigrane.

Il y a des histoires plus folles les unes que les autres, saisissantes, difficilement compréhensibles, difficilement acceptables de notre point de vue occidental car nous ne les regardons pas avec les mêmes lunettes.

« Alors il faut bien l'admettre : notre zombie a choisi d'être zombie. »

Iegor Gran montre le processus de zombification d'un peuple, entendez par là : lobotomisation. Il explique le rôle des médias, la propagande officielle, la télévision nationale russe, cette caisse de résonance effroyable que certains n'hésitent pas depuis plusieurs années à nommer là-bas de manière cynique : Zombocaisse.

Iegor Gran aborde les concepts de vérité et de mensonge, démonte les subtils mécanismes d'adhésion d'un peuple à la seule vérité qu'il veut entendre... Qu'importe la misère, il y a un discours transcendant qui tient du sacré, qui le galvanise, le porte, fait ciment...

Iegor Gran, à sa manière, démontre que la vérité est un sol qui aide à tenir debout.

Sur ce sujet, j'aurais aimé voir l'auteur creuser davantage ce sillon, les causes profondes qui se terrent derrière cette galvanisation, ce choix d'être zombie. Est-ce une réelle idéologie qui sous-tend ce comportement, n'y-a-t-il pas des dissonances cognitives effacées par la caisse de résonance poutinienne ? C'est mon seul bémol, mais ce n'était pas l'objectif de l'auteur que d'aller sur ce terrain d'analyse complexe, il faudrait presque un autre ouvrage et un spécialiste du sujet pour décrypter ces comportements de masse.

La question slave, aussi, qui est loin d'être simple, pourrait s'inviter dans l'idée que Poutine soit capable de tenir son discours jusqu'à Vladivostok, alors que le peuple russe n'est pas constitué que de slaves. Une fracture ici pourrait un jour se produire...

Cependant, Iegor Gran nous met en garde de ne pas tomber dans le bon vieil adage qu'on entend souvent à propos de cette actualité : « plus le mensonge est gros, plus il passe ». À ce sujet, la référence à un discours de Goebbels au congrès de Nuremberg en 1934 fait froid dans le dos... Qu'avons-nous retenu des leçons de l'Histoire ?

En creux, résonne forcément la voix de la minorité que l'auteur ne nie pas et qu'il ne faut pas surtout oublier. D'ailleurs, si l'auteur a pu se documenter avec moultes détails aussi précis qu'affligeants, c'est grâce à ses amis et contacts russes demeurés là-bas. C'est sa source d'informations.

La forme du propos pourrait être jugée excessive, il n'en demeure pas moins le fond, un regard implacable qui décortique le fonctionnement de la société russe sous l'angle non plus de son appartenance à une nation, mais celui d'un asservissement à un narratif qui trouve sa genèse bien avant le conflit ukrainien.

Oui, c'est un texte outrancier qu'on sent emporté par une colère, une rage très vive. Mais Iegor Gran ne répond-il pas par l'outrance à l'outrance de la propagande russe, d'un peuple certes manipulé, mais qui joue de manière jubilatoire dans une complicité complaisante, une servitude volontaire et totalement assumée ?

Et n'allez pas croire que ce discours se tient uniquement sur le sol russe. Nous connaissons mon épouse et moi une femme russe qui travaille au supermarché de notre commune. Nous avions sympathisé, échangeant notamment sur la littérature russe classique et ses grands auteurs ; j'avais senti une femme très cultivée, très érudite, dont la fille était sortie première d'un concours de piano au conservatoire de Brest ; c'est elle qui m'avait notamment encouragé à lire le Maître et Marguerite, de Mikhaïl Boulgakov. Mon épouse a été totalement sidérée d'entendre de sa propre bouche que Poutine avait raison de conduire cette opération spéciale en Ukraine et qu'elle lui donnait entière confiance. On ne pourra pas la taxer d'être désinformée, d'autant plus que cela se passait quelques jours après la découverte des exactions des soldats russes contre des civils à Boutcha ! Inutile de vous dire que la relation n'est désormais plus possible avec cette personne qui, précisément entre dans la définition de zombie, une zombie finistérienne...

Eogor Gran nous montre que ce vent mauvais incarné aujourd'hui par Poutine, - Poutine qui n'existe que parce que les Russes l'ont bien voulu, s'appuie sur de vieilles croyances d'un peuple qui se croit élu de Dieu depuis longtemps. Convoquant l'histoire et la littérature, il évoque notamment la campagne de Russie de 1812, que nous autres Français nommons la Retraite de Russie et que les Russes désignent comme la Grande Guerre patriotique, la victoire qui a su galvaniser ce sentiment de patriotisme unique en son genre. Il évoque Pouchkine que beaucoup d'intellectuels russes qui ne l'ont jamais lus brandissent comme un étendard pour justifier l'amour de la nation russe. Il évoque aussi Gogol en contrepoint, que peu de Russes lisent aussi, comme visionnaire ayant senti le danger du désir hégémonique de ce peuple, citant sa nouvelle sous forme d'un conte gothique, Une terrible Vengeance.

L'auteur n'évoque pas l'Holodomor, ce génocide provoqué par le pouvoir de Staline entre 1932 et 1933 pour faire plier la paysannerie ukrainienne jugée peu coopérante avec les autorités soviétiques. Ce génocide, qui fit entre 2,6 et 5 millions de morts, n'a jamais été reconnu par la Russie. Lors de mon premier voyage à Kiev en fin décembre 2014, ma future épouse voulut me faire découvrir deux endroits pour mieux comprendre les fondements de cette démocratie naissante : la fameuse place de la révolution Maïdan de février 2014 et le mémorial dans les hauteurs de Kiev qui rend hommage aux victimes de ce génocide. J'ai alors découvert une tragédie historique que j'ignorais totalement, invisible dans nos livres d'Histoire... M'est avis que les manuels scolaires des chérubins russes n'en parlent pas non plus... Je cite cela parce que les zombies dont on parle ici participent en nombre au prochain génocide que risque de connaître le peuple ukrainien, privé d'eau, d'électricité, de gaz, de chauffage dans l'hiver qui vient, et ce, malgré leur puissante résilience...

Dans cette résilience, il y a l'humour toujours intact des Ukrainiens. Ainsi, au 245ème jour de l'invasion russe en Ukraine, Vitaliy Kim, gouverneur de l'oblast de Mikolaïv rappelait : « Un pays qui a un poulet sur son drapeau ne devrait jamais envahir un pays qui a une fourchette sur le sien ».

Pour revenir à l'essai d'Iegor Gran, l'Occident en prend pour son grande aussi, décrit comme une « prostituée de luxe », pointant l'aveuglement de nos gouvernants, le silence des masses et les fractures autant de l'opinion qu'entre membres de l'Europe, ce que Poutine n'a d'autres desseins que d'espérer...

Jamais Poutine n'aurait lancé cette guerre contre l'Ukraine s'il avait senti un seul instant que nos démocraties étaient suffisamment fortes pour lui faire face.

Au final, une fois refermé ce livre, nous avons le sentiment que la Russie est un pays qui baigne dans un sentiment de folie et de bêtises. Édifiant.

Iegor Gran est pessimiste, et je le suis aussi. comme si ce peuple russe était emporté dans un chaos irréversible vers un suicide collectif programmé. Il ne voit pas comment arrêter cette aliénation de masse, cette tragédie aveugle.

Certes des Russes souffrent, s'exilent, manifestent, vont en prison, se taisent, boivent pour oublier, désertent sur les champs de bataille. Mais ils sont une minorité et sont impuissants à s'ériger contre la majorité qui leur fait face.

Ce qui se passe aujourd'hui en Russie n'est rien d'autre qu'un défi à l'intelligence, à l'humanité, à la lumière, aux Lumières.

Ce soir, j'apprends que les drones qui déversent des bombes sur Kiev ou Kharviv sont pilotés par des ados geek depuis Moscou comme si ces gosses jouaient sur des joystick. Qu'est-ce qu'on a pu leur dire à ces jeunes ? Qu'est-ce qu'on pu leur vendre comme avenir, comme rêve, comme bonheur à venir, à ces jeunes qui tuent à distance d'un seul clic, tuent ainsi d'un clic peut-être des enfants du même âge ? Édifiant.

Pour tout cela, ce livre est un pamphlet indispensable. Lisez-le, faites votre propre opinion.

L'auteur a su contourner, éviter avec habilité les risques de tenir un propos jugé à charge et sans nuance contre tous les Russes, même s'il nous livre ici un état des lieux implacable sur une majorité d'entre eux. Ses détracteurs se tiennent en embuscade et ne manqueront sans doute pas de tirer à boulet rouge contre le pamphlétaire.

En définitive, l'auteur nous laisse devant notre libre-arbitre. Il faut savoir faire ce pas de côté indispensable.

« Certes, tous les Russes ne sont pas comme ça ». Et je prends aussi à mon compte la mesure de ce propos. Mon épouse étant ukrainienne, ayant une belle-famille et des amis là-bas que la guerre a jetés dans l'effroi le plus total, j'ai cherché à peser tous les mots de ce billet pour éviter de tomber dans les amalgames et les stigmatisations. J'espère y être parvenu...

Alors, pour finir, n'avez-vous pas envie de revenir à la définition de zombie que je vous ai partagée en préambule ?



« Les tyrans ne sont grands que parce que nous sommes à genoux », Étienne de la Boétie, Discours de la servitude volontaire.

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L'entretien d'embauche au KGB



Iegor Gran est né le 23 décembre 1964 à Moscou et est venu avec son père, l’écrivain Andreï Siniavski, en août 1973, lorsqu’il avait 10 ans, en France, où après des études d’ingénieur, il s’est mis à écrire. Aujourd'hui, il en est avec son embauche au KGB, paru en janvier dernier, à son 21 ouvrage. Parmi ses grands succès figure "Les services compétents" de 2020, une présentation satirique du même KGB.

Pour nos très jeunes, je rappelle que ce sigle signifie tout simplement : "Komitet gossoudarstvennoï bezopasnosti", soit "Комитет государственной безопасности" en v.o. cyrillique et en Français : Comité pour la Sécurité de l’État. Une organisation illustre à laquelle a appartenu un certain Vladimir Vladimirovitch Poutine (1952- ? ).



Le père dissident, à la grosse barbe, de l’auteur, Andreï Siniavski (1925-1997) est surtout connu pour son ouvrage "Lioubimov, ville aimée" de 1963.

Je présume que pour éviter toute confusion avec son père, Iegor a pris comme nom d’artiste le nom de famille de son épouse, Ladislava Gran.



À côté de l’écriture de ses œuvres littéraires, l’auteur collabore à "Charlie Hebdo" depuis 2011.



Le manuel du KGB, qui compte 116 pages, part de la distinction entre pays socialistes et pays capitalistes, qu’il convient de convertir afin qu’ils puissent, eux aussi, trouver le bonheur et la paix. Ce document capital sert de base dans une quinzaine d’écoles du KGB, dont la numéro 1 - officiellement École n°101 - est située dans la banlieue moscovite et a été rebaptisée "Académie Andropov" en honneur à Iouri Vladimirovitch Andropov, le grand patron du KGB de 1967 à 1982.



Ce genre d’institut compte en moyenne quelque 200 élèves et, vu son importance vitale pour l’humanité, requiert évidemment des professeurs de la plus haute compétence et fiabilité. Ainsi, le top transfuge britannique, le fameux et légendaire Kim Philby (1912-1988), a dû attendre 14 longues années avant de pouvoir y donner des cours.



Une large partie de ce vade-mecum est consacrée au recrutement d’agents pour la bonne cause, soit des ressortissants nationaux aux endroits stratégiques, soit et surtout des étrangers, comme ceux ouverts à la justesse du marxisme, les anti-impérialistes, les mécontents politiques et sociaux, "les déçus et les aigris du mode de vie occidental".



Lorsqu'il s’agit d’étrangers qui n’appartiennent pas à ces catégories, mais qui occupent des fonctions importantes ou qui disposent de connaissances scientifiques cruciales, il incombe de les persuader que seule la voie socialiste mène à "l’élévation du bien-être des peuples".



L’auteur explique avec une forte dose d’humour les différentes méthodes préconisées par les savants du KGB pour arriver à cet effet heureux. Il y a par exemple le "booby trap" sexuel et divers autres moyens de chantage.



Bien que nous avons tous lu des livres ou vu des films, où cet enseignement trouvait une application concrète et dans lesquels des tchékistes jouaient la vedette, il est tout de même effarant de constater que derrière cette façade a été créée une réalité visant purement et simplement une domination nationale et mondiale.



Il ne faut pas lire ce document pour la beauté du texte du manuel, qui selon Iegor Gran "n’est pas de la haute littérature" et où "les phrases ont la légèreté du char d’assaut coincé dans un couloir". En revanche, les commentaires de l’auteur sont particulièrement instructifs et drôles et donnent à son ouvrage un cachet à part, qui permettent de mieux comprendre les aléas de la politique de feu l’Union Soviétique et la politique actuelle agressive et criminelle d’un ancien diplômé d’une école du KGB !



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La marche du canard sans tête

Ceci est un pamphlet. Si vous êtes satisfait de la manière dont la crise du Covid a été traitée par nos maîtres (ainsi que par bon nombre de nos voisins avec quelques nuances), je crois que vous pouvez passer votre chemin.

L’auteur, dans une langue vive, pleine de verve, analyse la manière dont la technostructure a pris les choses en main durant cette année passée. C’est bourré de références, d’analyse de déclarations suivies de leur contraire, de préconisations ubuesques, de pirouettes sémantiques, le tout vérifiable.

En ces temps où les chaînes de propagande en continu et leurs filiales audio et papier nous incitent à vivre l’instant sans avoir le temps de penser les évènements : ce petit livre invite à un retour salutaire à l’analyse.

Ce n’est absolument pas technique, économique ou philosophique : c’est simplement politique au sens de l’intérêt de la cité (ici la France, même si quelques exemples illustrent la similitude avec nos voisins et amis).

Je ne crois pas qu’il soit la peine d’en dire plus, j’en conseille fortement la lecture à qui souhaite débattre (c’est à dire accepter une remise en question de ses certitudes) de la manière dont on nous a présenté la séquence qui se prolonge encore aujourd’hui. Et qui servira demain aux mêmes de magnifique prétexte pour avancer leurs pions. Intellectuellement stimulant.

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L’écologie en bas de chez moi

Vous connaissez l'histoire : peut-on rire de tout ? Oui mais pas avec etc. etc.

Partant de ce principe, Iegor Gran s'en donne à cœur joie, démonte tous les artifices des écolos bien-pensants. Genre de livre qui fait mal là où il appuie. C'est pas franchement malin mais y a tout de même de bonnes réflexions.

Je n'ai pas hurlé de rire non plus mais souris quelques fois.

Ce bouquin a le mérite de reposer la question : pourquoi faire un geste pour l'environnement ? Parce que des scientifiques nous l'ont seriné ou parce que cette philosophie est ancrée au plus profond de nous ?

Pour ce qui est de savoir si j'ai aimé, je suis un peu tiraillé entre deux extrêmes : d'un côté j'aime bien l'humour noir et le cynisme, de l'autre je trouve ça tout de même vachement gonflé.

J'aurai bien mis deux et demi, la moyenne quoi, mais y a pas, alors j'ai mis deux, l'avait qu'à écrire sur du papier recyclé.

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Les services compétents

J'ai lu "Z comme zombie" que j'avais vivement apprécié. J'ai donc voulu découvrir un peu plus cet auteur et j'ai suivi les conseils d'Anne-Sophie (dannso) - merci ! - et j'ai emprunté ces "services compétents".

Je me suis régalée du début à la fin. Grinçant, glaçant mais avec une bonne dose d'ironie et d'humour ! Et un style vivifiant....

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Mon dernier livre traitait de la Chine communiste des années 90. Hasard des lectures, avec ce livre, je suis partie dans l'URSS communiste des années 60. Pas un roman ici, un récit, celui de la traque d'un dissident qui publie à l'Ouest des textes subversifs (à peu près aussi subversifs que le "Docteur Jivago" de Pasternak, interdit à l'époque !). Ce dissident est le père de l'auteur. Ce père va être arrêté quand son fils avait 9 mois. Quand il reverra son fils, celui-ci aura 7 ans....

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J'ai aimé les remarques pince sans rire, la description des "services compétents" (le fameux KGB....), et puis les récits des victimes de ce système ou au contraire les récits de ceux qui huilent cette machine de surveillance constante. Et puis la vie quotidienne faite de manques, de débrouillardises.... Une peinture fidèle, intelligente et si drôle !

Ce livre est vraiment savoureux !
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Les services compétents

Le diable en rit encore ! De cette entourloupe d’Andreï Siniavski, écrivain russe, devenu Abram Tertz pour offrir ses réflexions au monde occidental, monde rejeté par le KGB, loin de l’idéal socialiste inculqué au peuple russe souvent de force.

Bien sûr, il faut rappeler que l’histoire se passe dans les années 60 en URSS et qu’il est de bon ton de glorifier le régime soviétique et non de le calomnier comme on le reproche à cet écrivain.

Voilà un roman caustique, basé sur faits réels et qui ont demandé à Iegor Gran de longues heures de recherche documentaire dans les archives de l’ancienne URSS et les archives familiales puisqu’ici il s’agit bien de l’histoire de ses propres parents. Histoire racontée de façon cocasse, pleine d’humour et de grotesque parfois. Histoire collective et personnelle en même temps.



Certains passages sont étonnants, stupéfiants et (ou) plutôt drôles, comme l’hommage rendu au Français et communiste Maurice Thorez lors de sa mort, avec l’inauguration d’une ville portant son nom. Il en est de même avec la liste des cadeaux reçus par Gagarine lors de son exploit spatial, un vrai trousseau de mariée ! Et que dire de la grossesse de Maria et de l’accouchement presque en direct, retransmis par micros cachés dans l’appartement de Siniavski !



On peut remercier l’auteur d’avoir su s’éloigner des archives familiales pour recréer l’union soviétique telle qu’elle était à l’époque et d’avoir signé là une vraie peinture de cette période historique située entre la fin du régime de Krouchtchev et le nouveau de Brejnev.

J’ai bien aimé également le ton goguenard de l’auteur pour narrer les événements, aucun esprit revanchard sinon le sens de l’humour. Même Ivanov lieutenant du KGB (et attention sorti tout droit de la grande école Sup de K) est gentiment peint, le beauf dans toute sa splendeur, au garde à vous, respectant à la lettre les consignes.

Un roman à haute valeur historique qui ne doit pas nous faire oublier qu’André Siniavski a été condamné à sept années de camp à régime sévère.





Moscou, 1965. André Siniavski vient d’être arrêté par le KGB. Les services compétents ont mis près de sept ans avant de trouver la piste d’un certain Abram Tertz, pseudonyme de l’écrivain dissident. Le lieutenant Ivanov, après bien des tergiversations, a enfin rempli sa mission...
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Z comme Zombie

Celui-ci, comme "Destin trafiqué", je n'ai lu qu'une critique sur Babelio, celle de dannso (merci Anne-Sophie) et j'ai su que je lirai ce livre dans la foulée. Passage à la librairie, j'ai pu récupérer "Destin trafiqué" mais j'ai dû commander ce "Z comme zombie". Voilà. Il est lu. Un coup de massue. Un pamphlet étayé.

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Ne vous fiez pas au titre, ce livre n'est pas un livre de SF (même si au final je préférerais). Non le "Z" est celui qui apparaît sur les tanks russes. Les "zombies" ce sont ces Russes qui suivent, les yeux fermés, Poutine. Ceux pour qui attaquer l'Ukraine est une obligation sacrée. Voire une mission divine.

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J'ai fermé le livre atterrée.... Je l'ai lu d'une traite. Je pense que je vais le relire plus posément. J'ai peur toutefois que ce soit encore pire à cette seconde lecture....

Soyons honnêtes, on est dans la réaction à chaud (je parle du livre), c'est très net. Mais le problème c'est que l'auteur multiplie les sources, à tout niveau de la société russe. Et ce n'est pas rassurant. Pour nous non plus....

On sent que l'auteur essaie d'alerter sur l'état de la société russe, cette "zomibification" qu'il décrit comme massive. C'est un cri pour alerter nos sociétés. Un texte court court, virulent, sans espoir.... J'espère qu'il se trompe.... sincèrement.....
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Voyage clandestin avec deux femmes bavardes

Septembre 2023/ 21 février 2024



Omis de rédiger qq lignes de ce livre, pourtant lu avec curiosité et grand intérêt.Lecture vivante et des plus instructives...,achevée il y a plusieurs mois, déjà ( mi-septembre 2023). En rangeant mes dernières piles de livres, j'en profite pour rattraper mes oublis et

retards ! Surtout au vu de l'accélération inquiétante, tragique des actualités présentes...!



Inutile de préciser les motivations de ce choix: comme sûrement moult gens, je sentais le besoin de tenter de comprendre comment le peuple russe vit dans ce pays pris dans la terreur et une propagande constante...Réalisent- ils ? La peur, les empêchent-ils de vivŕe et de penser par eux-mêmes ? La propagande intensive parvient-elle à endormir tout sens critique ?



Deux jeunes femmes russes s'expriment

sur les réseaux sociaux; l'une est assistante dans une école maternelle (*** malheureusement la plus radicale et pro-régime), l'autre, vendeuse de tickets dans un tramway...révoltée et refusant cette guerre faite à l'Ukraine....



L'une soutient la guerre en Ukraine, l'autre s'y oppose...Deux quotidiens féminins dans une Russie province, qui ont des espoirs, des rêves d'un amoureux, d'un avenir...comme chaque jeune de tout pays !



En introduction, je transcris un passage résumant l'histoire :



"Deux femmes qui se ressemblent physiquement, économiquement et socialement, pour deux ressentis du monde diamétralement opposés. Deux femmes qui ont l'indignation à fleur de peau, et qui ne se privent pas de s'enflammer.

Cet exercice de la parole n'a pas la même valeur toutefois, ni les mêmes implications

Tandis que Svletana fait ses gammes en toute sécurité sur une rhétorique proche de celle du Kremlin (...), Elena risque à tout moment de se faire dénoncer et verbaliser pour " discrédit des forces armées " "



L'écrivain, Igor Gran, décide fin 2021, 3 mois avant l'attaque de l'Ukraine, de suivre deux jeunes Russew4 sur les réseaux sociaux, deux jeunes femmes

" ordinaires" très actives sur les réseaux , jusqu'à dix publications chaque jour....Deux visions opposés et antinomiques de " leur" Russie tant aimée !



Très éclairant, avec la sensation, pour Svletana, favorable au régime et à la guerre en Ukraine, de frissons dans le dos; on se sent comme si fréquemment, " glacé " devant l'extrême banalité du mal...









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Z comme Zombie

Z comme le Z peint sur les chars russes envahissant l'ukraine .

Z comme Zombocaisse, entendez par là, la télévision.

Z comme Zapad = Ouest (ce serait l'origine de la présence de cette lettre sur les engins militaires) par opposition à V de Vostok = Est mais aussi comme Zelenski Volodymyr….

Que signifie ce Z qui infeste les engins de guerre, les murs graffés, les tee-shirt arborés par certains et même la langue russe et donc l'alphabet cyrillique dont ils sont pourtant si fiers : DefenZe, MuZée… ?

Le Z désigne les zombies, des gens gentils, polis au demeurant jusqu'à ce que, malheur, vous ayez la drôle d'idée de parler de la guerre en Ukraine.

Quelle guerre ? Il n'y a pas de guerre ! C'est une OMS : Opération Militaire Spéciale voire même une opération humanitaire….

Iegor Gran décortique la société russe qui s'oppose. D'un côté, une minorité, qui regarde, effarée, ce qui se passe à l'ouest, les réactions des membres de leur famille, de leurs amis. De l'autre, les membres consentants de la « secte », décervelés par la propagande notamment télévisuelle qui sévit sans complexe depuis 2014, nourrie d'un sentiment de supériorité de la nation, de la langue russe, alimentée par une détestation absolue de l'Occident mais aussi des mous, des lokhs… des loosers.

Sur un ton souvent ironique, Iegor Gran n'épargne pas ses compatriotes qu'il cingle à tout va.

Il n'oublie pas non plus les responsabilités de l'Occident qui a force de compromissions, de lâchetés, en échange d'un gaz bon marché, a laissé passer beaucoup, beaucoup trop au point de sembler faible aux yeux du maître du Kremlin.

Un court pamphlet à lire absolument !

Merci à @bernie_29 pour sa citation et à @dannso pour son billet qui m'ont orienté vers cette lecture.
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Le journal d'Alix

I. Gran n'aime pas le conformisme ennuyeux. Pour le coup on est servi : Alix est lesbienne (elle n'aime pas ce mot), fonctionnaire, émancipée (et non pas affranchie), elle refuse le machisme dominant, et elle aime la viande. D'ailleurs quel goût ça a l'humain ? Néanmoins, elle défend l'idée d'une cantine végétarienne. Elle rêve d'écriture, elle commence par tenir un journal intime : génial, drôle, moderne, surprenant. Et quelle bonne idée ces sortes de sondage personnel à la fin de chaque journée. Lecture pas commune, que le cerveau redemande quand il déteste les diktats.
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L’écologie en bas de chez moi

Un ton humoristique voire cynique pour un sujet sérieux .Iegor Gran remet souvent un peu de bon sens dans la pensée unique du tout écologique.

Juste un exemple. Les ampoules fluo-compactes à économie d’énergie. Vous savez ces ampoules dont la lumière à tendance verte vous fait ressembler à un cadavre. Si par malheur il vous arrivait d'en casser une, il faut immédiatement recourir au protocole inscrit sur la boite - mince vous avez jeté la boîte - et qui consiste à éloigner à l’autre bout de la maison et sur le champ, enfants et animaux domestiques ; à aérer sans tarder et longuement la pièce ; et à mettre des gants pour ramasser les débris, en faisant très attention que les dits débris ne percent pas le sac poubelle. Surtout, n’espérez pas faire gober tout ça par votre aspirateur au prétexte que vous n’avez pas le temps, que ça ira plus vite et que ce sera mieux fait, car vous libéreriez en suspension dans l’air de jolies petites particules de mercure qui n’auraient qu’une envie, celle de rejoindre les particules fines de gazoil qui sont déjà dans vos poumons et dont l’hébergement a été favorisé par les politiques successives en faveur du dit carburant. Mais ça c‘est un autre débat.

Un petit essai donc au ton humoristique très impertinent, parfois de mauvaise foi ( je suis d’accord avec Luniver) mais au bout du compte assez... éclairant.
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Les services compétents

A la fois jubilatoire par son humour grinçant et glaçant par sa description d’un régime totalitaire, ce roman décrit l’enquête mené pendant 6 ans par « les services compétents » ou KGB sur un, puis deux écrivains qui ont l’audace de publier des écrits qui ne sont pas dans la ligne du parti dans des magazines ou maisons d’édition occidentaux. Ces textes remettent en cause l’idéal communiste soviétique, péché insupportable pour les fervents partisans du régime.

J’ai pris beaucoup de plaisir à cette lecture, dont l’auteur manie à merveille l’ironie. Sa description de l’URSS de Kroutchev est pleine d’anecdotes, nous permettant d’entrevoir ce que pouvait être la vie à cette époque. Le ton reste léger, il évoque les privations, les queues pour acheter tout et n’importe quoi, le système d’informateurs mis en place par le KGB, le respect de l’autorité et de la pensée unique. Il n’en est pas moins effrayant : comment vivre dans un pays où l’on doit se méfier de tous, où la liberté d’expression n’est qu’un mot, où la pensée est unique, où l’état a tous les droits et le citoyen aucun ?

Une lecture instructive aussi : quelques points d’histoire abordés que je ne replaçais pas dans ce contexte, tel que le scandale de la parution du « Docteur Jivago » ou l’exposition américaine de 1959 à Moscou.

Un dernier mot : l’auteur est le fils de l’écrivain qui sera finalement arrêté au terme de l’enquête et fera presque 6 ans de camp.

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Voyage clandestin avec deux femmes bavardes

Qui ne sait pas poser la question : que pensent les russes de la guerre en Ukraine? Guerre très chère alors qu'ils ont beaucoup de difficultés à vivre.

Iegor Gran suit deux femmes sur twitter. Elles vivent en province, loin de Moscou.

L'une travaille dans une école maternelle, l'autre distribue les tickets dans un tramway. Toutes deux ont des fins de mois difficiles. Difficile de payer des médicaments ou de remplacer un appareil ménager qui tombe en panne.

Si elles vont sur twitter c'est avant tout pour trouver un homme et rompre leur solitude. (La description des hommes russes est assez cocasse)

Elles twittent plusieurs fois par jour. Elle parlent de leur quotidien, mais aussi de politique.

Si Svetlana soutient la guerre, Héléna ne comprend pas ce massacre.

Héléna est toujours à l'écoute des gens, laisse souvent passer des passagers sans payer, mais elle remarque avec désolation que la plupart des gens soutiennent Poutine.

Svetlana est une grande nostalgique de la grande Russie et peste contre l'occident. Rien ne l'arrête dans son admiration pour Poutine, même la vue des corps des soldats russes tombés au combat." C'est normal il en va toujours ainsi en temps de guerre".

Héléna espère que les Russes changeront d'avis.

On se demande quand même à la fin de cette lecture comment les russes peuvent être aussi endoctrinés malgré les fenêtres qu'ils ont sur l'occident. Internet , ils l'ont, même si c'est souvent clandestinement.

Un jour Héléna fait remarquer à une de ses amies que l'Occident juge la Russie fasciste, celle-ci lui répond :"tant mieux, ça veut dire qu'ils ont peur de nous."

Voilà un monde que nous avons beaucoup de mal à comprendre !

La Russie nous apparaît comme un monde où le pouvoir d'achat comme les moyens d'élaborer une pensée personnelle sont très limités.

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