AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Critiques de In Koli Jean Bofane (118)
Classer par:   Titre   Date   Les plus appréciées


Congo Inc : Le testament de Bismack

A travers l'histoire d'un jeune pigmé, adepte de la mondialisation, qui décide de quitter sa forêt natale pour rejoindre Kinshasa, In Koli Jean Bofane nous décrit la société congolaise. Tout y passe, les massacres, les enfants abandonnés, la corruption, les seigneurs de guerre... C'est vraiment intéressant de découvrir par l'écriture d'un très bon auteur congolais, ce pays dont la richesse est aussi sa malédiction.

J'ai beaucoup aimé le style et l'humour utilisé, car il en faut de l'humour pour ne pas pleurer devant l'absurdité et la cruauté des hommes. Une très belle découverte qui m'a donné envie de lire ses autres livres.
Commenter  J’apprécie          70
Congo Inc : Le testament de Bismack

Ce livre nous parle de l'Afrique.

Ce livre nous parle du Congo.

Oui bien sûr ... mais

Ce livre nous parle d'hommes qui essaient de survivre au milieu d'un immense chaos.

Ce livre nous parle d'hommes qui partant d'une histoire calamiteuse, sanglante, et que pourrais je vous dire encore .... (il y a des fois où la description du pire ne peut se faire), ... d'hommes qui imaginent les moyens de vivre dans notre monde d'aujourd'hui en essayant d'y gagner leur place.

Ce livre nous raconte une farce macabre, les détails abominables ne nous sont pas épargnés et sont réellement insoutenables.

Ce livre nous raconte le malheur d'un peuple et nous laisse impuissant devant une telle abomination.

J'ai souhaité me servir de l'Internet pour adresser un courriel au personnage principal :

À : a.isekangakutu@chinnet.cd

De : chb44300@gmail.com

Objet : comment allez vous ?

J'ai besoin d'être rassurée après avoir lu votre épopée à Kinshasa.

Qu'êtes vous devenu ?

Comment vivez vous cette mondialisation ?

Réussissez vous à mettre en place un plan pour sauver votre pays "le Congo, spolié par l'extérieur, pourri de l'intérieur" car je ne suis pas vraiment sûre que " l'innocence et les rêves, les projets et la solidarité" suffisent.

En espérant que votre antenne vous permette de recevoir mon simple message de sympathie, je vous embrasse et vous souhaite simplement un peu de bonheur.

Et rapidement la réponse est arrivée :

Adresse introuvable

Votre message n'est pas parvenu à a.isekangakutu@chinnet.cd, car le domaine chinnet.cd est introuvable. Vérifiez qu'il ne contient pas de fautes de frappe ni d'espaces superflus, puis réessayez.

Que faire ?
Commenter  J’apprécie          70
Congo Inc : Le testament de Bismack

La chance c’est de rencontrer Jean Bofane au Salon du Livre de Paris quelques jours avant la célébration de la Francophonie et donc l’occasion de revenir sur ce roman qui fait suite à Mathématiques congolaises. Isookanga, Pygmée mondialiste amateur de War games, se lance à l’assaut de Kinshasa et du cybermonde ; parti de son village en pays Ekonda, il rejoint les enfants des rues, rencontre un chinois aussi énigmatique que perdu en RDC, se lance dans les affaires, se croit prêt à tout jusqu’à ce que…



Sur fond de misère, de rivalités claniques, de meurtres et d’atrocités (le Rwanda et le Kivu ne sont pas loin), Congo Inc. est un roman picaresque prenant et émouvant dans lequel Jean Bofane ne craint pas d’appuyer là où ça fait mal : tout le monde en prend pour son compte, que ce soit les pasteurs des églises du réveil plus soucieux de leurs intérêts financiers que du salut de leurs fidèles, d’anciens tortionnaires reconvertis dans la politique ou des officiers des nations-unies sans scrupules quand il s’agit de se livrer à quelques trafics juteux.



Réflexion bien amère sur la situation du Congo et le futur de l’Afrique, Congo Inc. est également un roman fort drôle dont quelques scènes, certaines dignes de Tom Sharpe (Mêlée ouverte au Zoulouland) resteront dans les mémoires.

Commenter  J’apprécie          70
Congo Inc : Le testament de Bismack

Congo Inc, un roman foisonnant ! On fait la connaissance du pays et de la ville de Kinshasa via

Isookanga, un pygmée (dire Ekonda), las de vivre dans la forêt et passionné par Internet. C’est un amateur de jeux de combat, occupation qui convient bien à ce « mondialiste », et en tout point conforme à la réalité congolaise dans son ensemble, puisque le pays sert de plaque tournante aux intrigues internationales.



L’ONU y envoie ses casques bleus pour calmer les tensions politiques : le Rwanda tout proche souffre encore des luttes Hutus et Tutsi. Les Grandes Sociétés y placent leurs prospecteurs économiques, et la Chine dresse l’inventaire des ressources minières qu’elle entend s’accaparer.



Le récit mène à la façon d’un thriller des intrigues parallèles où l’on suit des personnages représentatifs qui nouent bientôt entre eux des relations d’affaires ou de « loisirs ». Stupre et Lucre.



Avec Isookanga, on pénètre dans les bas fonds de Kinshasa et à des mutineries urbaines, avec Shasha la Jactance, jeune prostituée, on fréquente Mirnas, un militaire de L’ONU soucieux de ses petits plaisirs et de fructueux trafics. Bizimungu, mercenaire avide de soldes et d’enrichissements faciles, trouve son compte dans les places et la corruption officielles. Zhang Xia tient lieu de Chinois de service, sans bien maîtriser les trafics qui l’ont engagé, pratiquement à son insu.



On voit donc la vocation internationale du Congo au cours de chapitres courts et très vivants, leurs appellations relèvent parfois de jeux videos (« game over ») et sont sous-titrés en Chinois !



Toutes les intrigues se croisent et s’entrecroisent par les personnages, dans un récit très maîtrisé dont on appréciera l’ironie caustique dans les dialogues «  langues de bois officielles » et des situations cocasses. La variété des tons inclut des scènes dignes de Chester Himes, avec l’Église de l’Abondance Céleste, ou les ébats mouvementés d’un Ekonda avec une Africaniste…. En fait tous les épisodes servent un plat très pimenté, pour mieux faire accepter des scènes effrayantes et un contexte atroce.



La convoitise nourrit les prédateurs divers du Congo, depuis Léopold II jusqu’à nos jours, et le lecteur se demande comment le pays va se tirer des griffes internationales qui l’épuisent.



A mes yeux, les différentes femmes du récit, exploitées et abusées, nous en donnent une idée. Trop longtemps soumises, elles savent reprendre la situation en mains, et avec quelle vigueur !



Je suis donc enchanté de cette lecture, content que le Grand Prix du Roman Métis 2014 ait récompensé son auteur pour son livre "Congo Inc. : Le testament de Bismark".

Commenter  J’apprécie          70
Congo Inc : Le testament de Bismack

Un livre drôle et sérieux à la fois, qui nous amuse dans sa description du quotidien des Congolais, et nous désespère dans la découverte des malheurs qui frappent leur pays. Tout sonne vrai, que ce soit le vieil oncle gardien de la forêt et de la tradition, aux enfants des rues, condamnés à la plus extrême débrouillardise par les vicissitudes de leur enfance ratée, au chef de guerre sanguinaire dont les seuls buts sont d'inspirer la terreur et de s'enrichir.

Il suffit d'ouvrir le journal pour savoir que tout ceci est bien réel, et l'attribution du prix Nobel au docteur Denis Mukwege a révélé au monde les horreurs perpétrées en RDC.

Quelques détails à peine crédibles, mais peu importe, l'ensemble reste authentique. Je n'ai pas aimé la fin, que j'ai trouvé un peu bâclée, mais Congo Inc. reste un bon moment de lecture.
Commenter  J’apprécie          66
Congo Inc : Le testament de Bismack

Entre le roman et l’essai sur le Congo, malheureusement les deux n’arrivent jamais à vraiment se mêler. Il est très riche en informations, il touche a de nombreux thème notamment à la corruption qui gangrène le pays, à la fois désabusé et profiteur de la situation, Isookanga nous emmène sans filtre dans son univers quasi-dystopique mais toujours avec une pointe d’humour, de celle qui permet d’avancer dans les situations les plus cyniques.

« Qui sauvera le Congo ? » Mais question serait plutôt de savoir s’il veut être sauver, tous les personnages croisés dans ce roman assouvissent leur vénalité, veulent-ils vraiment que tout s’arrête ? Ce fossé entre les cases, les traditions et la réussite européanisée ne semble les attirer jusqu’à la folie.

Je sors mitiger de ma lecture, ne sachant pas trop si c’est un essai sur le pays avec autant de détails pas franchement utiles dans ce type de livre ou un roman engagé qui dénonce ouvertement les dérives du système.

Commenter  J’apprécie          60
La Belle de Casa

Dans ce quartier populaire de Casablanca habite tout une faune à l'affût de bonnes affaires pour survivre. Derrière ces petits trafics se cache la vraie spéculation financière avec ses trois ressorts habituels : le sexe, l'argent, le pouvoir. Son but : comment chasser les pauvres et squatteurs de ce quartier pour construire à la place des hôtels de luxe ? A ce décor il faut ajouter le vent venu du Sahara, le Chergui, qui exaspère toutes les tensions comme l'indiquent les titres de ces 9 chapitres , de Vents solaires à Hautes pressions.

Tout commence par la mort de la trop belle Ichrak, assassinée dans une ruelle. Le lecteur va découvrir son histoire, celle de sa mère , la vieille Zahoura, de son ami Sese, un clandestin naïf et sympathique, et surtout comment les hommes sont livrés à leurs pulsions par excès de testostérone....

C'est vivant, drôle dans une langue qui mêle les dialectes et les registres tout en révélant une réalité sordide.

A lire vraiment !

Commenter  J’apprécie          60
Congo Inc : Le testament de Bismack

Une lecture qui m'a laissée mitigée et après laquelle je me suis ruée sur une autre pour changer d'air.



J'ai eu beaucoup de mal à me plonger dedans. Pourtant c'est un envoie Kube qui répond à une demande personnelle. Je souhaitais en apprendre plus le la RDC (son histoire passée et actuelle) via une lecture romancée. J'étais emballée par les critiques des autres lecteurs et me suis donc laissée faire. Pourtant, il m'a fallu 100 pages pour avoir enfin l'impression qu'il y avait une histoire et des liens entre les personnages. C'est long 100 pages, surtout quand on ne comprend pas tout, qu'il y a des phrases dans une autre langue obligeant à lire les bas de page en milieu de lecture, qu'il faut avoir le net à portée pour bien visualiser la géographie où se déroulent les événements, que les personnages ne sont pas attachants et qu'on cherche le lien entre tous.



Après 100 pages j'ai enfin trouvé du sens à ma lecture et les pièces du puzzle se sont imbriquées. Un peu tard à mon sens et sans émotion. Il y a des descriptions extrêmement dures qui m'ont retourné l'estomac et ont pollué mon esprit d'images choquantes. Bien qu'il s'agisse de descriptions de la réalités vécues par des hommes, femmes et enfant et qu'il faut que cela soit connu du public pour être empêché, je les ai trouvées trop crues. J' en avais le cœur au bord des lèvres. Mais que dire de ceux qui ont vécu ou vus ces atrocités...? J'aime mes bons thrillers bien trash, mais quand il s'agit de faits réels, ça ne me fait pas du tout le même effet, mon empathie est mise à mal. C'était en tout cas trop pour moi par moment.



J'ai eu du mal avec les différents personnages de l'histoire. Aucun n'a réellement piqué mon attention. Le personnage principal lui-même est insupportable avec sa volonté de mondialiser (mais c'est sûrement le but). Et les autres sont soit tellement corrompus ou malmenés par la vie qu'il m'a été difficile de m'y identifier.



J'ai cependant beaucoup aimé la tournure que prennent les événements à la fin (bien qu'Isookanga mériterait des claques à mon sens). On sait ce qui arrive à chacun, on comprend les liens entre tous, on apprécié les petites vengeances et les retour de karma.



Au final, ce n'était pas un mauvais livre du tout, mais il est plutôt fait pour des initiés et des âmes moins sensibles. Pas pour une première découverte. Il y a trop de détails historiques, géographiques et économiques à connaître au préalable pour fluidifier la lecture. Et il faut être au fait de la perversion de l'âme humaine. Voilà pourquoi je mets la moitié à cette lecture.
Commenter  J’apprécie          60
Congo Inc : Le testament de Bismack

Le Congo bien triste de terre qui vit tous les extrêmes et surtout aussi à cause d la richesse de ses sous sol, on y parle encore de la MONUCC mission des casques bleus qui n’est pas toujours clair !

Très bien écrit et malheureusement si cruel .
Commenter  J’apprécie          60
La Belle de Casa

Chez In Koli Jean Bofane, la langue française est riche de ses multiples influences africaines, du Congo au Maroc, en passant par l'Algérie. Dans les ruelles de Casablanca, au gré du Chergui, le vent du sud, sont charriés les peines, les joies, les misères et les espoirs de tout le continent africain. Les personnages sont tout aussi denses et derrière leur noble apparence se cachent de lourds secrets sur lequel ce très beau roman lève un coin de voile. Pas trop, mais suffisamment pour qu'on se prenne d'empathie pour tous ces naufragés de la vie.
Commenter  J’apprécie          60
La Belle de Casa

Ichrak est retrouvée morte au petit matin par son ami Sese Tshimanga. La plus belle fille du quartier de Cuba, à Casablanca, ne fera plus tourner les têtes de tous les mâles du coin.



Le commissaire Mokhtar Daoudi ouvre une enquête mais n’ira pas très loin dans ses investigations.

Résoudre le meurtre d’une fille, soit disant aguicheuse, vivant avec sa mère, folle, ne fera pas avancer sa carrière de policier.



L’auteur, In Koli Jean Bofane, nous dresse un portrait haut en couleur des habitants des quartiers Cuba et Derb Taliane. « La Belle de Casa » fourmille de gens plus ou moins honnêtes dans la vie. Il est un conteur hors pair, avec un vrai sens du dialogue. Il a un humour caustique, bien aidé par certaines paroles du rappeur Booba :



« La rue m’a rendu fou, je suis fou d’elle

Je n’ai d’yeux que pour elle

La seule qui me convienne

Je suis tombé pour elle »



« Rien à foutre, si tu parles mal, on va t’allumer

J’veux pas faire la paix mais j’veux bien fumer le calumet. » (page 107)



Le personnage qui va servir de fil rouge dans le livre est bien sûr Ichrak. Elle est révoltée par la concupiscence des hommes. Elle ne supporte plus ces regards appuyés du fait de sa belle silhouette. Elle veut être respectée dans ce monde machiste.

L’absence du père, dès sa naissance, la hante. Est-ce qu’il habite le quartier, Casablanca ou était-il un étranger de passage ?



Ichrak vit avec sa mère, Zahira. A l’âge de sa fille, elle aussi, était considérée comme la plus belle fille du quartier. Elle a un don pour prédire l’avenir. Beaucoup de personnes viennent la voir.



Et puis, on fait la connaissance de Sese Tshimanga. Venu du Congo pour immigrer en France ou en Belgique, son passeur l’a largué au large du Maroc, en plein océan Atlantique.



« Quand Sese avait embarqué, l’Algérien lui avait pris près de la moitié de son argent en dollars. La sorte de cachot qu’il lui avait offerte était un réduit dans la cale du sardinier. Il ne pouvait même pas s’y allonger complètement. Le voyage lui avait paru long, mais finalement il ne l’était pas assez, car une nuit Farès lui ouvrit la porte après lui avoir fait ramasser son sac…. Farès, d’une bourrade, venait de le faire chuter dans un canot pneumatique aussi flétri qu’un ballon de baudruche après une nuit de fête agitée. » (pages 15-16)



Il vit de petits « boulots » et essaie d’entraîner Ichrak dans sa combine.



« Parce que Sese était ce qu’on appelle un brouteur, un genre de cyber-séducteur africain. Un de ces types - très jeunes, souvent - qui entretiennent une cour avec quelques dizaines, parfois même des centaines, de femmes amoureuses, pratiquant une drague forcenée dans le but de leur soutirer de l’argent en jouant sur les stéréotypes de l’Afrique indigente…. » (page 20)



Nous avons ici les trois principaux personnages du livre d’In Koli Jean Bofane.



L’auteur nous dépeint, aussi, ces petites frappes, toujours prêtes pour un sale coup, du moment que ça paie bien : Nordine Guerrouj et Yacine Barzak.

Les riches ne sont pas épargnés : Saqr al-Jasser, millionnaire saoudien venu faire des affaires à Casablanca. Il veut construire des immeubles de luxe à la place des quartiers Cuba et Darb Taliane, pauvres et délabrés.

Son homme de main est une femme : Farida Azzouz.



« Parce qu’à Casablanca, la pauvreté était insolente, elle ne se dissimulait pas derrière un périphérique, elle faisait face à la richesse, celle qui s’affichait par des parois de béton et de verre conçues par des architectes prestigieux. » (page 18)



En toile de fond souffle le Chergui, appelé le Sirocco en Europe, qui peut rendre fou n’importe qui.



« Chergui déferlait sur le pays et les peuples s’y étaient accommodés de génération en génération depuis des millénaires. Ces derniers temps, pourtant, le vent perdait de sa suprématie sur les terres qu’il traversait jadis…. le Changement climatique pouvait désormais exposer clairement sa volonté de s’accaparer du pouvoir sur le globe…. Tout ce à quoi Chergui aspire, c’est survoler la Méditerranée en passant par Gibraltar, les Baléares, poursuivre vers la Provence, la Sicile, le Mezzogiorno et accomplir le destin qui lui a été assigné en devenant Sirocco dans ces contrées-là. » (page 37)



Dans ce livre, l’auteur développe certains thèmes : la corruption immobilière, la concupiscence masculine, la précarité des migrants. Il situe son histoire à Casablanca mais, au fond, ces thèmes sont universels.



Je ne peux pas finir ma critique sans parler de la superbe couverture du livre. Avoir Keziah Jones, en photo, c’est de la bombe comme pourrait le dire le rappeur Booba.
Commenter  J’apprécie          60
La Belle de Casa

"... par plus de 40 degrés centigrades, la langueur envahissait le cœur des femmes tandis que des incendies embrasaient celui des hommes."



Une histoire au cœur de Casa porté par le vent Chergui.



Quand la belle Ichrak est retrouvée morte, toute la ville s'agite car les suspects ne manquent pas.



Avec un sens du portrait indéniable et un immense talent de conteur, l’auteur nous livre une galerie de personnages remarquables. Alliant lucidité et humour, ce roman aux faux airs d'enquête criminelle nous parle de corruption, d’argent, de pouvoir, d’immigration et de la violence des hommes dans la société marocaine contemporaine.



Une agréable découverte.

Commenter  J’apprécie          60
La Belle de Casa

Une très belle lecture, recommandée fortement par une amie. Alors merci pour ce tableau sans concession de la vie africaine : Casablanca dite aussi ad-Dar al Bayda'. Ses trafics, ses immigrants qui sont aussi les nôtres. Chacun essaie de se faire une place au soleil, plus ou moins légalement, et parfois, souvent, au détriment des autres. Seule Ichrak, belle entre les belles, poursuit son chemin fièrement, la tête haute. Mais la place de la femme, indissociable de celle des hommes n'est pas toujours enviable...

Le récit est magistralement orchestré, soutenu par le Chergui qui souffle, attise et mène inéluctablement au drame comme dans une tragédie grecque.

Commenter  J’apprécie          50
Congo Inc : Le testament de Bismack

On ne sort pas indemne de ce roman, qui se déroule principalement à Kinshasa, dont la réputation bordélique n’est plus à faire. Mais ici, cela semble pire encore. La capitale de la République Démocratique du Congo est une zone de non-droit. Seule la corruption permet d’y survivre, sans elle c’est la misère ou la mort. Elle a tout contaminé : les habitants, les autorités, la police, les organisations non-gouvernementales, l’ONU.

Le personnage principal est un jeune pygmée ekonda, nommé Isookanga, qui fuit sa forêt natale pour la capitale. Car il ne veut pas vivre comme ses ancêtres et rêve de mondialisation. Il est conquis par le pouvoir de l’ordinateur. Il adore les jeux en ligne, où s’affrontent violemment toutes les puissances du monde, en confondant le virtuel et le réel. A son arrivée à Kin’, il est un peu déçu de ne pas retrouver les belles images vues sur son portable, mais n’en reste pas moins un farouche partisan de la mondialisation. Sa vie à Kinshasa, sa rencontre avec des personnages hauts en couleur, constituent la trame du roman. Mais on peut reprocher à l’auteur d’avoir plus d’une fois abandonné cette structure romanesque pour décrire des événements comme le massacre des Tutsi au Rwanda, pour ouvrir des parenthèses en Chine ou aux Etats-Unis, créant comme des césures inattendues dans son récit.

Bofane ne dénonce pas seulement la corruption. Il nous montre aussi l’avidité des grandes puissances pour le sous-sol congolais, bien plus important que la vie des indigènes, avec pour corollaire une gigantesque déforestation. Bref, il nous présente sans complaisance une humanité très noire, dans un style direct et parfois aussi violent que les événements qu’il décrit. Il ne prône pas pour autant un retour au passé : les Congolais semblent perdus entre deux civilisations opposées : celle de leurs ancêtres et celle du monde impitoyable d’aujourd’hui : ils n’ont pu évoluer petit-à-petit de l’une à l’autre.

Mais était-ce bien souhaitable ?

Commenter  J’apprécie          50
Congo Inc : Le testament de Bismack

Jusqu’alors, Isookanga vivait dans la forêt avec les siens. Mais l’installation d’une antenne relais (et le vol d’un ordinateur portable par la même occasion) ont permis au jeune pygmée ekonda de découvrir un autre monde, notamment le jeu vidéo Raging Trade, un jeu de stratégie (un peu) et de combat (beaucoup) où il excelle. Isookanga ne veut alors plus vivre dans la forêt mais rejoindre Kinshasa et « mondialiser ». Arrivé dans la capitale, il se lie d’amitié avec les enfants des rues (de par sa petite taille), un vendeur de rue chinois et un ancien maître de guerre reconverti dans la politique environnementale (ou ce qu’il considère comme de la politique environnementale, c’est-à-dire qu’il rêve de piller les richesses minières qui ont la mauvaise idée de se terrer sous la forêt). Si le jeune pygmée est intelligent, sa vision du monde est naïve, touchante, faussée, imprégnée d’un discours ultralibéral qu’il ne comprend pas forcément lui-même. Il rêve de faire fortune et d’oublier les coutumes ancestrales de son peuple. Il rêve de modernité. Mais le jeune homme est un agneau face à des loups et autres prédateurs dans cette région du monde qui a connu les pires atrocités ces 50 dernières années : colonialisme, dictatures, corruption, misère, et même un génocide au passage. La vie ne vaut rien par rapport à la rapacité et cupidité de certains. In Koli Jean Bofane, avec ce roman, décrit ici une réalité contemporaine : un pays qui recèle des richesses énormes grâce à son sous-sol minier, un potentiel gigantesque avec sa population et qui reste un pays parmi les plus pauvres, avec des soubresauts d’une violence inouïe. Il le fait avec un humour féroce où personne n’est épargné, ni ses compatriotes, ni les rapaces occidentaux qui pillent le pays, et encore moins les ressortissants de l’Onu qui regardent tout ça non sans un certain cynisme. Une grande réussite.
Commenter  J’apprécie          50
Congo Inc : Le testament de Bismack

Dans ce roman qui a eu le prix des cinq continents de la francophonie en 2015, nous suivons les aventures du jeune Isookanga qui quitte son village pygmée pour faire du business à Kinshasa, la capitale de la RDC. Au cours de sa route, il rencontre de nombreux personnages, des plus pauvres aux plus puissants, des plus vils aux plus naïfs qui nous montrent un saisissant tableau du Congo contemporain à travers le style de Jean Bofane. Une plume poétique et pleine d'humour. Un super roman à découvrir sans plus tarder.
Commenter  J’apprécie          50
Congo Inc : Le testament de Bismack

Une belle plume et des mots qui pleuvent à tout bout de champ...une histoire dans le temps qui traverse les époques. Un présent qui s'écrit et se comprend qu'avec un aller retour sur le passé...A la fois sérieux et drôle, l'auteur décrit un enjeux planétaire qui se joue dans cette partie de l'afrique où se joue une affligeante sauvagerie moderne, où le sous sol regorge tous les nerfs de la mondialisation...Oui Congo Inc, tient le lectuer en haleine en entrelaçant les fils d’une débandade morale généralisée, en explorant les multiples détails concrets d’un arbitraire politico-économique planétaire...Au registre des personnages, ce sont des trajectoires et des destins qui s'entremêlent, un pygmée, un chinois, un Lituanien et des congolais...tous forment cette communauté de laisser pour compte qui à un moment se solidarisent pour faire à une existence presque barbare...Tout dans ce roman ne peut se comprendre sans la prise en compte de cet arrière plan...L'auteur a poussé son art, peut être un trop, puisque nous y voyons des pygmées parler Wall Street, nouvelles technologies et même arriver à théoriser sur le complexe d'OEdipe...mais qu'importe, c'est de la romance, de l'audace...Oui je le conseille bien volontier
Commenter  J’apprécie          50
Mathématiques congolaises

Celio Matemona est un jeune congolais qui trime comme de nombreux kinois dans la grande capitale congolaise. Il est au chômage comme beaucoup de personnes de son âge, qualifiées ou pas. Celio est appelé Mathématik par la bande du quartier avec laquelle il sacrifie certains après-midi à jouer aux dames, tenaillé par une faim atroce. Et pour cause, Célio est à ce point passionné par les mathématiques et la mécanique quantique, qu’il ne construit sa philosophie de vie qu’autour des axiomes matheux et des grands principes de la physique. Si le temps passe, Célio ne désespère pas de déjouer le fatalité qui s’abat sur lui et qui l’empêche de mettre en exergue ses compétences au service de son pays. L’opportunité va lui être offerte par le biais d’une de ces rencontres qu’offre le destin et que certains pourraient qualifier d’hasardeuses. Gonzague Tshilombo va le sortir de sa misère pour lui offrir un poste à la hauteur de ses compétences au sein du département de la communication de la présidence du pays.



Lire la suite...
Lien : http://gangoueus.blogspot.co..
Commenter  J’apprécie          50
Mathématiques congolaises

Bienvenu au Congo à Kinshasa dans les bidonvilles au milieu des laissés pour compte qui ont la faim pour fidèle compagne. Sans travail, on traine, on discute autour d’un jeu de dames en carton et capsules de bière, alors quand des gros bras militaires vous proposent de participer à une manif pour quelques billets, ça ne se refuse pas.

Les manifestations truquées pour soutenir des politiciens véreux c’est le quotidien dans un pays où clientélisme et corruption se cachent sous une démocratie de façade.

Célio Matemona un jeune orphelin voit partir ses deux copains Baestro et Gaucher vers la manif mais seul Gaucher reviendra, Baestro fera partie des morts nécessaires aux affrontements planifiés par Gonzague Tshilombo pour discréditer l’opposition au président tout puissant.



Bien qu’ayant perdu ses parents dans une des multiples guerres civiles du pays, Celio a été éduqué par un missionnaire et s’est découvert une passion pour les mathématiques. Toute sa philosophie vient d’un simple manuel : « Abrégé de mathématiques à l’usage du second cycle », pour Célio la vie peut être résumée à des équations, des théorèmes, des axiomes. Le logique Celio comprend vite à qui profite la mort de Baestro et décide de faire la lumière sur la tragédie. Armé de ses sentences mathématiques il va interpeller le machiavélique Tshilombo qui, intrigué par ce jeune homme peu ordinaire, va le prendre à son service. Décidé à monter dans les sphères du pouvoir pour venger la mort de son ami, Celio va aider son nouveau patron à monter des coups tordus de plus en plus sophistiqués au risque d’y perdre son âme.



Mais au Congo la politique doit composer avec la magie ancestrale, les problèmes se règlent avec des dessous de table, des passages à tabac mais aussi avec les incantations des sorciers et bien sûr ce mélange va être explosif pour l’avenir des personnages.



Voilà un roman assez parfait avec une bonne histoire, de l’humour, des rebondissements et surtout une vision lucide de la politique et de la société congolaise qui filent du mauvais coton. On pourra lui reprocher une certaine superficialité et des ficelles visibles mais il est aussi pédagogique, le lecteur apprendra comment organiser un coup d’état et ou monter un piège pour déconsidérer la France en Afrique. Dès 2008, In Koli Jean Bofane était en avance sur Wagner et les putschistes d’aujourd’hui.

Commenter  J’apprécie          40
La Belle de Casa

Lorsque la belle Ichrak est retrouvée morte dans une rue populeuse de Casablanca, les personnes qui ont côtoyé de près ou de loin la jeune femme vont par flashbacks tenter de comprendre ce qui s'est passé.

À commencer par le jeune congolais Sese, son ami le plus proche. Celui qui l'a initié aux arnaques par internet : séduire des femmes ou des hommes occidentaux, pour leur réclamer de l'argent ou les faire chanter. Ce jeune migrant, débarqué malgré lui sur les côtes marocaines alors qu'il rêvait de l'eldorado européen, vit de petites combines, espérant rembourser la dette contractée auprès de sa famille. Mais l'on suit également le chef de police corrompu Mokhtar Daoudi, des mafieux, des religieux, et de nombreuses autres personnes qui (sur)vivent comme elles peuvent dans cette société marocaine.

Et Ichrak, par sa beauté troublante et son caractère volcanique, son indépendance d'esprit et sa volonté de bousculer le petit monde qui l'entourait, ne pouvait que déranger de nombreuses personnes. Quitte à l'assassiner ?

Ici néanmoins, l'intrigue policière est vite reléguée au second plan. L'auteur décrit ici un monde cosmopolite qui subit de nombreux problèmes sociaux, religieux, politiques, racistes, économiques, de corruption…, un monde où pourtant la vie grouille, où la population vit d'expédients, d'arrangements avec la loi et les règles religieuses, où la solidarité et les amitiés permettent de supporter un quotidien précaire.

Après avoir fait le portrait de l'Afrique noire dans ses précédents romans, avec le style, le talent et l'humour qui le caractérisent, In Koli Jean Bofane brosse ici celui d'un Maghreb bousculé mais bien vivant, grâce à des personnages attachants et émouvants.
Commenter  J’apprécie          40




Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de In Koli Jean Bofane (620)Voir plus

Quiz Voir plus

l'étrange cas du docteur jeckyll et de m. hyde

Qui est le narrateur?

M. Hyde
Docteur Jeckyll
M. Utterson
M. Enfield

10 questions
263 lecteurs ont répondu
Thème : L'Étrange Cas du docteur Jekyll et de M. Hyde de Robert Louis StevensonCréer un quiz sur cet auteur

{* *}