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Critiques de Iris Murdoch (39)
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Le chevalier vert

Il y a des romans dont on peut qualifier le style et la composition comme rappelant une chapelle romane, d'autres comme une cathédrale gothique. Chapelle romane ? Vous voyez bien : ramassée, dépouillée, sobre, intime, sans fioriture et où la lumière intérieure est précieuse. Cathédrale gothique ? Flamboyante, colorée, majestueuse, audacieuse... S'il fallait qualifier Le chevalier vert par référence à un style architectural, ce serait un important édifice baroque : plein d'ornements, exubérant, quelque peu tarabiscoté, dans les tons pastel...



Dans la dernière décennie du XXe siècle, à Londres, nous faisons connaissance avec une douzaine de personnages (parmi eux un chien), dont aucun n'est central, mais qui, tous, interfèrent entre eux. On va d'une mère alcoolique et son fils désœuvré à un jeune homme tenté par la vie monastique, etc. Tout ce petit monde s'interroge sur son destin. L'auteure prend beaucoup de soin à nous les décrire physiquement et n'omet jamais de nous dire comment ils sont habillés et par quelle porte ils entrent et sortent. Dans la maison où vivent la mère et ses trois filles, se succèdent les amis et les confidents ; on nous rapporte de nombreux dialogues qui viennent croiser les réflexions intimes des personnages.



La question du mariage se pose pour la jeune génération et celle du remariage pour les veuves. Assez rapidement, le lecteur est invité à contempler l'agitation permanente de ce monde dans un espace relativement clos. On pense au mouvement brownien dans un bocal (mais sans que cela soit étouffant). Comme les figures sont nombreuses et les conversations souvent organisées en tête à-tête, ce roman a besoin d'un grand nombre de pages (ce qui n'est pas un handicap en période de quarantaine) mais toutes animées d'un souffle tel que l'on ne s'ennuie pas.



Soudain, venu d'on ne sait où, apparaît un nouveau personnage (ange ou démon ?), plein de mystères quant à son origine, son activité, ses motivations et qui bouleverse toute la petite colonie par son étrange comportement et sa tout aussi surprenante demande. Le mouvement précédemment désordonné cesse soudain ; l'agitation atteint son comble, mais désormais tous sont tendus vers la recherche d'une explication à la conduite bizarre du nouveau venu. Un peu à la manière d'un catalyseur ayant opéré une réaction chimique, de manière précipitée et surprenante, le chevalier vert, car c'est de lui qu'il s'agit, tire sa révérence. Alors que l'on aurait pu s'attendre à une situation encore plus confuse qu'au début du roman, on constate que le bilan de l'intervention du chevalier est globalement positif : la plupart des personnages découvrent leur propre destin et trouvent une position d'équilibre qui vient prendre la place de leurs angoisses initiales.



Iris Murdoch a un réel talent. Ce roman tient du policier par l'intrigue, il traite de la psychologie sans hésiter parfois à frôler la psychiatrie, introduit une petite dose de magie tout en s'ancrant dans le réel quotidien des repas, déplacements en taxi ou tasses de thé partagées.



Il aurait tout aussi bien pu s'intituler : "Rendez les autres heureux".
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Sous le filet

On a demandé à Jake Donaghue et à son irlandais d'ami de faire place nette. Ainsi chassé de la demeure de sa dernière amie en date, cet écrivain médiocre, traducteur sans envergure d'un obscur écrivain français, se doit de battre le rappel de ses amis afin de trouver un endroit où loger. D'une nature indolente et flegmatique, il reprend le fil d'une existence chaotique dans une lutte pour la vie. Son désir d'accorder amour et lucre au prix du moindre effort le plonge dans des situations passablement absurdes.



Certaines scènes cocasses des pérégrinations de cet être inadapté aux contingences de son époque éveille parfois le sourire, guère plus; l'ensemble laisse perplexe.
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Le Prince noir

Fabuleux !

Un peu fastidieux au début - et il me semble que le traduction n'aide pas, tant elle est parfois lourde et laborieuse - Mais ensuite, quand tout est en place, lé réflexion est remarquable : humour, amour, analyse des sentiments et des sensations, drame, vérité et mensonges ; j'ai rarement lu quelque chose d'aussi fort !
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Les cloches

Un petit bijou de la psychologie humaine, où plusieurs thèmes sont traités : la fragilité humaine, la vie spirituelle, l'homosexualité et la pensée philosophique.
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Les cloches

L’abbaye bénédictine anglicane domine de sa tour normande le manoir d’Imber, où s’est établie une communauté laïque aspirant à l’ascèse et à l’autarcie. Les cloches sont celles de cet abbaye, plus précisément celles qui lui manquent : l’originale que la chronique du lieu dit gésir quelle part au font du lac qui l’entoure, et sa remplaçante que la communauté compte faire installer en grande pompe concurremment avec l’entrée dans la vie religieuse d’une jeune fille, Catherine, qui à choisit d’y prononcer ses voeux.



Le singulier phalanstère accueil l’arrivée de Dora, épouse pour assez névrosée, immature, malheureuse qu’elle est dans son mariage avec Paul qu’elle est partie rejoindre à Imber, qui l’écrase de sa supériorité intellectuel et la brime. La dite communauté réside dans la demeure ancestrale de Michael, qui fut un temps fortement attiré vers la prêtrise mais dont certains penchants lui ont définitivement aliéné cette espérance. S’agissant d’un roman aux multiples personnages, il serait long de les présenter, et il serait plus encore dommageable d'en dévoiler trop avant le contenu. On est surtout frappé par l'atmosphère claustrale du récit, de non dits, de culpabilité, de rétorsion psychologique, de jugements non formulés, tout ceci macérant dans la touffeur d’un été caniculaire.



L’oeuvre semble empreinte d’un symbolisme omniprésent. Des thème fort y sont traités notamment le sujet de la pédérastie, celui des atermoiements de la sexualité chez l’adolescent. Le mérite du récit est vraiment dans cette ambiance particulière d’incertitude, de tension, de malaise, d’équilibre précaire annonçant des développements ultérieurs pour le moins sérieux.
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La Gouvernante italienne

Lors du décès de leur mère, deux frères Edmund et Otto se retrouvent dans le domaine familial en Angleterre. Edmund reçoit les confidences de sa nièce et reste quelques jours. Il va découvrir la vie de son frère qui vit au domaine et les relations complexes qui existent entre les protagonistes de cette famille et gravitant autour de cette famille (l'assistant d'Otto et sa soeur, la gouvernante). La mère avait créé une ambiance très délétère. A son départ, tout se révèle avec violence et émotions. Une écriture surannée mais pas inintéressante. Lire les autres romans de cette écrivaine conseillée sur France Inter.
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Une tête coupée

J'ai choisi ce roman au hasard, j'avais entendu le nom d'Iris Murdoch et ce qu'on disait d'elle me donnait envie. Mais j'ai été plutôt déçu. C'est long, boursouflé... J'ai fini par entrer dans l'intrigue (rocambolesque) grâce aux personnages, mais j'ai oublié ce roman aussitôt que je l'ai achevé.
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Le dilemme de Jackson

Absolument sans intérêt. Une histoire abracadabrantesque de chassés croisés amoureux digne de la collection Harlequin, narrée dans un style ampoulé et désuet.
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Les cloches

Livre intéressant, démontrant l'opposition entre le ressenti intérieure et le vécu sociale extérieure. Proche de l'existentialisme de Sartre.
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Une tête coupée

Une histoire de chassés-croisés amoureux mise en scène par la romancière irlandaise avec beaucoup d'humour et de brio: des quiproquos, des retournements de situation tragi-comiques. Iris Murdoch tire les ficelles de ses marionnettes avec beaucoup d'inventivité dans un style élégant et précis, offrant une savoureuse satire sociale...



Martin, le narrateur, riche négociant en vins, mène une existence bien rangée entre Antonia, sa fidèle épouse, et Georgie, sa jeune maîtresse. Chacun à sa place dans l'univers de Martin qui reçoit bien plus qu'il ne donne.

Mais voilà qu'un jour Antonia l'informe qu'elle veut divorcer pour épouser son psychanalyste et ami Palmer Anderson.

Premier coup de théâtre: l'entrée en scène de Honor, demi-soeur de Palmer qui dévoile à Antonia l'existence de Georgie et présente cette dernière à Alexander, le frère de Martin, qui finira par tomber amoureux de....Honor !!

Martin, dans le personnage de l'arroseur arrosé, va se trouver au coeur d'une intrigue que, pour la première fois de sa vie, il ne maîtrise pas.
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Le dilemme de Jackson

J'ai trouvé ce livre d'une grande banalité,l'histoire contée traitée de façon ennuyeuse et son style plutôt plat et sans intérêt. Seules les descriptions de la campagne anglaise sauvent ce roman de la médiocrité, c'est pourquoi j'ai mis une deuxième étoile.

Très décevant, la quatrième de couverture m'avait pourtant attirée...
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Les soldats et les nonnes

Excellent roman où l'on parle de tout, instructif, amusant, sentimental, philosophique, moral. L'auteur campe avec talents, des personnages si vivants, si humains. Les nones sont Anne, bonne sœur défroquée et Gertrude, riche veuve londonienne. Les soldats sont le Comte, un exilé polonais et Tim, un jeune peintre sans grand talent. Eros, le dieu de l'amour se déchaîne et le récit va de rebondissements

en coups de théâtre. A noter que la nature est toujours présente et conditionne les comportements. Le style est agréable, vivant et l'imagination débordante de l'auteur, son formidable élan vital rendent cette lecture très tonique.
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La Gouvernante italienne

Je suis un peu partagé. D'un côté, une très belle langue, à la fois simple et très évocatrice. Les atmosphères sont très bien rendues, et Iris Murdoch nous offre de belles tranches d'onirisme lardées de cauchemardesque. Mais l'artificialité des rapports qu'entretiennent les personnages, volontairement dépeints d'un trait grossier comme pour en faire des caricatures dont seules les lignes les plus saillantes ressortiraient, me laisse un peu à côté. Du coup, le crescendo vers la catastrophe familiale ne suscite que peu d'émotions (sans parler des réflexions très vieillottes sur l'avortement qui peuvent agacer). C'est beau mais un peu chiant, vous voyez ce que je veux dire ?
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Le dilemme de Jackson

Benet prépare le mariage de son excellente amie Marian avec son riche voisi Edward avec l'aide de son merveilleux majordome Jackson.

La campagne anglaise est magnifiquement dépeinte.

Alors que le mariage est sur le point d'être célébré, Marian disparaît. Elle a fait déposer une lettre dans laquelle elle fait savoir à Edward qu'il lui est impossible de

l'épouser.

Famille et amis sont très perturbés et partent à la recherche de Marian et de Jackson qui lui aussi a disparu suite à une querelle avec son maître.

L'action est lancée, avec un humour anglais. De nombreux rebondissements interviennent.

L'intrigue est menée de maître. Il m'a donc donc été difficile de quitter cette lecture

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Pâques sanglantes



J'étais réellement très impatiente de lire ce roman, et il fut une vraie bonne surprise! Voici pourquoi:



-L'aspect historique: on ne peut évidemment pas passer à côté de cet aspect important du roman. Même si il s'agit d'une oeuvre de fiction, j'ai trouvé que Iris Murdoch parvenait très bien à rendre, grâce à son style et son histoire, cet événement dramatique de l'histoire irlandaise. J'ai appris beaucoup de choses, et c'est quelque chose que j'ai particulièrement apprécié. La question de l'indépendance est largement abordée, à travers des débats entre les différents personnages notamment. Je comprends que cet aspect peut paraître trop scolaire ou déplaisant à certains lecteurs, mais si l'histoire vous intéresse, Pâques Sanglantes saura vous séduire!



-L'histoire en elle-même: L'histoire est passionnante, en mixant deux intrigues. On oscille entre moments dramatiques, qui nous mettent presque la larme à l'oeil, et moments un peu plus cocasses (je pense notamment à une scène où les différents amants de Millie se croisent dans la maison de celle-ci). Il n'y a pas de temps morts, on ne s'ennuie pas!



-Les personnages: Pâques Sanglantes est riche en personnages variés et très différents les uns des autres. Le lecteur a le choix entre le patriote presque possédé (Pat), la femme fatale, le jeune un peu perdu, le croyant qui ne sait plus où il en est... C'est un vrai tableau humain, et vous trouverez sûrement un personnage à votre goût. Personnellement, j'ai beaucoup aimé Frances et Barney, deux personnages très touchants et sympathiques. Christopher est aussi très drôle!


Lien : http://livroscope.blogspot.f..
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Pâques sanglantes

Le livre débute en avril 1916 à Dublin dans le jardin de la famille Bellman. Andrew Chase-White doit bientôt se marier avec Frances Bellman. Il est engagé dans le régiment de cavalerie du roi Edouard, il est en permission et doit rejoindre son escadron à la fin de la semaine dans la ville de Longford. La famille d'Andrew est anglo-irlandaise. Son père était anglais ce qui a permis à Andrew de grandir à Londres. “Il se sentait anglais, instinctivement ; comme du reste, instinctivement, il se disait normalement irlandais. Se dire irlandais était pour lui davantage un geste qu'une description. Il arborait des armoieries, une cocarde pittoresque. L'Irlande demeurait un mystère pour lui, un problème non résolu et, en outre, de manière obscure, un problème déplaisant.” Sa mère, Hilda, est effectivement irlandaise et Andrew passait du temps durant son enfance chez ses cousins. Sa défiance par rapport à l'Irlande vient de ses souvenirs, Andrew passait ses vacances à tenter de se mesurer à son cousin Pat Dumay. Ce dernier ne cessait d'avoir le dessus et il exaspère autant qu'il fascine Andrew. La semaine que passe Andrew à Dublin bouleverse totalement sa vie et celle de l'Irlande.



“Pâques sanglantes” est le nom donné à l'insurrection de Pâques 1916 qui a eu lieu à Dublin. Les deux principales milices patriotes irlandaises : l'Irish Citizen Army et l'Irish Volunteers Force, se rallient pour occuper la Poste Centrale de Dublin et d'autres bâtiments stratégiques. Patrick Pearse, un des chefs nationalistes, proclame alors la République irlandaise. Mais cette rébellion reste localisée à Dublin et même dans la ville les nationalistes ne sont que peu soutenus. Ils sont vus comme des traîtres car de nombreux Irlandais combattent en France aux côtés des Anglais. Et les classes supérieures considèrent que l'Irlande est incapable de survivre sans l'Angleterre. La mère d'Andrew l'exprime ainsi : “Je ne comprends rien de ces histoires de domination. Personne ne juge les Irlandais inférieurs. On les aime, on les accueille partout dans le monde ! Je ne peux pas supporter ce patriotisme irlandais parvenu, c'est tellement artificiel ! Le patriotisme anglais est quelque chose de tout à fait différent. Nous avons Shakespeare, la Grand Charte, l'Armada et ainsi de suite. Mais en fait l'Irlande n'a pas de véritable histoire.” Cette insurrection, qui sous-tend tout le roman d'Iris Murdoch, dura six jours et fut sévèrement réprimée par les britanniques. Cette journée fut néanmoins un premier pas vers la naissance de la République irlandaise et donc vers la guerre civile.



Iris Murdoch traduit l'antagonisme présent dans la population irlandaise à l'aide des deux cousins : Andrew Chase-White et Pat Dumay. Le premier s'est engagé avec l'armée britannique et se sent plutôt étranger en Irlande. Son appartenance à l'armée ne vient pas d'un sens patriotique élevé. Il s'agit surtout de rivaliser et de surpasser Pat. Ce dernier ne s'est pas engagé et cela est mal vu dans la famille. Andrew espère ainsi impressionner celle qu'il doit épouser, Frances. Pat refuse bien entendu de combattre aux côtés des Anglais. C'est un Irlandais patriote, il est prêt à donner son sang pour l'indépendance. Pat se prépare à l'insurrection de Pâques 1916. La rivalité entre les deux cousins est au coeur même du roman d'Iris Murdoch et elle se solde dans la violence.



Le personnage de Millie, la tante d'Andrew et Pat, est un révélateur pour l'ensemble de la famille. Elle relie tous les personnages les uns aux autres et déclenche de nombreuses réactions. Elle cache les armes de Pat par amour pour lui et l'aide durant l'insurrection. Millie dépucèle Andrew, terrifié par les femmes. Elle est aussi à l'origine de l'abandon de la prêtrise de l'oncle Barney. Millie envoûte totalement tous les hommes de la famille et souvent les fait courir à leur perte. C'est un personnage fascinant, déclencheur des destins des autres qui tentent de se détacher d'elle pour acquérir une forme de liberté.



“Pâques sanglantes” est un roman d'une grande densité de par son histoire et de par l'extrême précision avec laquelle sont traités les différents personnages. C'est avec une grande finesse psychologique qu'Iris Murdoch décrit tous les protagonistes. Les âmes sont mises à nu, les affres des choix de vie de chacun nous sont connus. L'écriture d'Iris Murdoch est très soignée aussi bien pour décrire les personnages que leur environnement. L'eau, la pluie, la mer imprègnent les descriptions des paysages. “La pluie irlandaise semblait toujours d'une substance différente de la pluie anglaise ; ses gouttes étaient plus petites, plus nombreuses. Pour l'instant elle paraissait plutôt se matérialiser en l'air que tomber du ciel et transformée en vif-argent, elle moirait la surface des arbres avant de glisser en chute plus lourde des palmiers lamentables et du marronnier.”



La lecture de “Pâques sanglantes” a été passionnante. Je ne connaissais pas cet épisode de l'histoire irlandaise qui a été tout à fait décisif dans la prise de conscience des Irlandais vers l'indépendance. La force d'Iris Murdoch est la complexité de l'intrigue et des personnages. “Pâques sanglantes” demande de la concentration, c'est un roman qui ne se donne pas facilement mais qui vaut la peine de s'accrocher.
Lien : http://plaisirsacultiver.unb..
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La mer, la mer

C’est un livre multi-facettes qu’il est difficile de décrire en peu de mots.



Pour la forme, l’histoire, écrite à la première personne par le narrateur, est à mi-chemin entre le roman, l’autobiographie fictive, et le journal intime. D’ailleurs le narrateur se confie sur ses hésitations de forme.



Pour l’atmosphère, on pense aux Wuthering Heights (Les Hauts de Hurlevent), mais en un peu moins cynique/sombre. La Mer (et ses habitants réels ou imaginés) est un véritable personnage dans ce livre.



Pour l’intrigue, on pourrait penser au début qu’il ne va rien se passer pendant la retraite de cet homme âgé devenu un peu misanthrope, dans un coin de Grande Bretagne pas très touristique. Mais ses attachements londoniens (amis, ex) et les « casseroles » laissées là-bas vont vite le rattraper. L’histoire est également ponctuée de rebondissements « à l’anglaise » (oui, il est question de meurtre ou de tentatives de meurtres, à quelques reprises). Mais curieusement, le noeud de l’intrigue du livre est une histoire d’amour, platonique (on est à mille lieux du roman à l’eau de rose ou du livre érotique), mais qui devient obsessionnelle, aux marges de la folie.



Techniquement, le livre fait 500 pages écrit petit. Il faut bien 20 pages pour entrer dedans, et la tension monte tout, tout doucement. Donc accrochez-vous, la récompense vient en milieu/fin de livre. En V.O. c’est bien, et pas trop dur à lire (pas besoin du dictionnaire en permanence), mais ça reste plus costaud qu’un nanard américain, débutants s’abstenir.



Mais ce qui caractérise le plus ce livre, c’est la vision unique de son auteur, qui va toujours là où on ne l’attend pas. Pour résumer, Iris Murdoch aime l’imperfection. C’est pour elle, non pas une fatalité dont il faudrait s’accommoder, mais une vertu à cultiver et entretenir, et cela s’applique non seulement aux personnages (leurs personnalités et leurs choix de vie), mais également à la structure du livre et à sa narration qui se doivent d’être imparfaits eux aussi !

Vous l’aurez compris, il n’y a aucun manichéisme dans le livre, personne n’est définitivement gentil ou méchant, et les rebondissements de points de vue et de jugement sont permanents. Le personnage central, présenté d’abord comme un vieux dandy misogyne, se révèle plus tard un ascète (féru de nage), un idéaliste au cœur resté à l’état de l’adolescence (voir de l’enfance), unet personne altruiste… mais tout bien réfléchi, cet altruisme ne pourrait-il pas être un égoïsme ?

Même les événements sont malmenés par le narrateur (et l’auteure derrière, donc) : certains événements surnaturels trouvent plus tard une explication rationnelle, presque décevante, tandis que certains événements normaux se voient réinterprétés comme des actes de magie orientale ! Idem pour les sentiments et intentions des personnages : le narrateur ne cesse de changer son jugement au grès des événements, de ses humeurs, de la météo, et du temps qui passe. Ces aller-retours enrichissent énormément l’intrigue, et on peut donc terminer le livre en ayant des théories différentes sur ce qu’il s’est vraiment passé.

Il y a même une interprétation mystico-bouddhique du livre (si, si) !

C’est l’aspect le plus intéressant du livre et je n’avais jamais vu ça avant, à ce point.

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Le séducteur quitté

Annette, 19 ans, fille de diplomate, habite chez Rosa et son frère Hunter à Londres, pour suivre des études à Ringenhall Ladies' College, alors que ses parents vivent à l'étranger. Un jour, en plein cours, elle décide de quitter l'école, pour poursuivre seule son éducation et fréquenter "l'école de la vie". Rosa, elle, a refusé d'épouser Mischa Fox, homme célèbre et riche, pour travailler à l'usine par conviction, et fréquente intimement deux frères, deux polonais immigrés. Et Hunter se débat à la direction d'un journal féministe qui ne se vend plus. Autour d'eux, gravitent d'autres personnages : Rainborough, un fonctionnaire travaillant au service de l'immigration, et sa secrétaire Mrs Casement, Peter Saward, un chercheur érudit, Nina, une couturière immigrée....



Le lecteur va suivre une période de la vie de tous ces personnages, tous plus ou moins manipulés par Mischa Fox et son secrétaire Calvin Blick, et dont les rapports vont "éclater" et les destins se transformer. Points positifs : une superbe écriture très précise avec quelques pointes d'humour par-ci, par-là, une psychologie des personnages très fouillée. Point négatif : une histoire qui a du mal à démarrer après une longue présentation des différents personnages. Mais les thèmes de la solitude, de l'immigration, du sens de la vie, des relations entre les hommes, de leur force, ou de leur faiblesse, sont vraiment bien traités.





Source: http://clubdesrats.forumr.net/t3280-iris-murdoch-le-seducteur-quitte
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Sartre, Rationaliste Romantique

A partir du héros sartrien Roquentin, saisi d'un « doute métaphysique » et d'un « sentiment aigu de l'effon­drement du sens », Murdoch bâtit une réflexion limpide sur la conscience et la liberté, grands thèmes sartriens, ainsi que sur les rapports qui unissent le langage et le monde.
Lien : http://www.telerama.fr/criti..
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