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Critiques de J.-H. Rosny aîné (227)
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La jeune vampire

Surprenante, cette jeune vampire! Morte? pas morte? vampire? pas vampire?

Dans ce court roman, Evelyn meurt et revient plusieurs fois à la vie, avec à chaque renaissance la sensation d'héberger en elle une inconnue.. jusqu'à l'inconnu ultime, l'enfant qu'elle met au monde, lui-même vampire... ou pas.

Racontée à travers le regard de son jeune époux, l'aventure fantastique d'Evelyn est doublée ici d'un voile prédominant de romance et plus encore de sensualité suggérée, qui rend d'autant plus troublant l'appât du sang et la langueur de la jeune femme. Il donne l'impression que le mythe du vampire est ici revisité à l'aune d'une sexualité que la prude jeune Anglaise (l'histoire se déroule dans le Londres du début du dernier siècle) découvre avec autant de ferveur que d'horreur.

Très freudien, tout ça!
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La jeune vampire

La jeune vampire est un roman court ou novella fantastique, avec un fond de romantisme, une étrange romance avec une chute de nouvelle. J.-H. Rosny-Aîné présente l'idée de vampire comme une sorte d'envoûtement, d'être parasite qui est en vous, une idée originale qui dénote du vampire tel qu'il est décrit en général, et qui donne à ce récit son attrait. C'est bien écrit, dans un style classique, dommage que ça soit si court, ça aurait mérité un développement plus long, ça manque d'envergure, ça finit par une chute, à la façon des nouvelles, assez attendue, mais dans l'ensemble, cette lecture n'est pas déplaisante et vaut bien le coup d'oeil.

La novella est suivie d'une nouvelle, La Silencieuse. On retrouve le personnage féminin discret et mutique telle la jeune vampire, mais sans notion fantastique. le style est très soigné, dans l'esprit romantique, mais l'histoire n'est pas d'un grand intérêt.
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Recits de science-fiction

De Joseph-Henri Boex, dit Joseph-Henri Rosny Aîné, je ne connaissais que la Guerre du Feu, parue en 1909.

Je remercie Masse Critique de Babelio, et les éditions Okno de m'avoir fait découvrir trois de ses récits de science-fiction : Les Xipéhuz (1888), Nymphée(1893), et la Mort de la Terre(1910), qui ont été Il réunis en un recueil. Il faut préciser que Nymphée a été écrit en collaboration avec son frère cadet Justin-François, (dit Rosny Jeune).



Ces trois récits sont très différents : les Xipéhuz, traite de la rencontre humaine avec une espèce concurrente et de son extermination. Nymphée nous parle d'une autre rencontre, celle d'un groupe d'explorateurs avec des races humaines amphibies, dans un pays mystérieux - sorte de "monde perdu". le dernier récit, La Mort de la Terre, nous dépeint une planète presque complètement asséchée, et la disparition annoncée de ses derniers habitants, les Targ.



"L'homme capta jusqu'à la force mystérieuse qui a assemblé les atomes.

Cette frénésie annonçait la mort de la terre"....



Une lecture intense, des textes d'une grande richesse - qui m'ont donné envie de partir à la recherche d'autres romans et nouvelles, et bien sûr de relire rapidement la Guerre du Feu.



Cette critique est dédiée à mon père, avec qui j'aurais bien aimé partager cette lecture.
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Nymphée

A la fin du XIXème siècles, Robert Farville, le narrateur, nous relate ses aventures, alors qu'il est parti avec une expédition aux confins de la Sibérie. Il y rencontrera l'amour, et rentrera en contact avec d'étonnantes races d'hommes poissons...



J.H. Rosny aîné a écrit plusieurs nouvelles de ce genre, mettant notamment en scène l’explorateur Alglave ("le Trésor dans la Neige", "les Profondeurs de Kyamo", "la Contrée Prodigieuse des Cavernes"). Des récits d'aventure, qui relatent des expéditions lointaines, où l'exotisme se mêle au danger. Bien que l’esprit résolument tourné vers la science, il y a chez Rosny aîné la conviction profonde que la terre regorge encore d'endroits inexplorés et merveilleux.

Dans Nymphée, c'est aussi tout ce "merveilleux scientifique" qui s'exprime, ce courant précurseur de la SF, dont Rosny aîné, à côté d'un Jules Vernes et d'un Herbert Georges Wells, fut un des grands artisans.



Ici le style est très littéraire (il contraste, par exemple, avec le "Trésor dans le Neige", plus proche de Jules Vernes), le ton éminemment poétique et lyrique. C'est ce qui fait la force de cette histoire, qui reste sinon très linéaire. L'évocation des milieux marécageux et des Hommes des Eaux, que rencontre l'explorateur Farville, est vraiment saisissante, et rappelle la minutie des détails présente dans la "Guerre du Feu". La société des Hommes Poissons, imaginée par l'auteur, confine à l'utopie (on sent derrière une certaine idéalisation de la relation Nature / Culture), mais, si c'est une vision bien humaine qui s'exprime, le merveilleux et l'étrangeté sont pourtant au rendez-vous.



Un texte agréable et, si on aime la "Guerre du Feu", il n'y a pas de raisons de ne pas aimer Nymphée (sauf à ne rechercher que le côté "préhistorique" de l'oeuvre de J.H. Rosny aîné).
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L'étonnant voyage de Hareton Ironcastle

C’est un récit d’exploration dans l’esprit de “Le monde perdu” d’Arthur Conan Doyle, “Le Rayon U” d’Edgar P. Jacobs, “Allan Quatermain” d’Henry Rider Haggard, avec une ambiance de “Tarzan”. Hareton Ironcastle organise une expédition dans une jungle inconnue peuplée d’espèce inconnues, humanoïdes primitifs, reptiliens, sauriens à trois yeux, flore dangereuse… Nos héros sont armés jusqu’au dents, avouez qu’une mitrailleuse, c’est bien pratique pour dézinguer les cannibales. Il y a bien sûr une femme qui participe à l’expédition et qui va évidemment se faire enlever à un moment, sinon, à part faire la couture et la popote, à quoi servirait-elle dans cette histoire (j'exagère quand même un peu). Les personnages deviennent de fins traducteurs de langues inconnues en une demi journée à peine, et apprivoisent un Gorille en un claquement de doigts, il sont trop forts ces occidentaux, quels héros ! L’esprit colonialiste est bien ancré, le blanc, civilisateur, le noir primitif, voire cannibale, et on retrouve ce qui est cher à J. H. Rosny Ainé : les peuples primitifs. Le récit se veut critique vis à vis de la civilisation occidentale, qui impose son empreinte irréversible sur la nature, il y a un côté presque écologique avant l’heure et à l’opposé, le racisme n’est pas loin, le mot “nègre” apparaît parfois, et la vie des “blancs” a bien plus de valeur que celle des “noirs”. Ça m’a rappelé les vieux films de Tarzan avec Johnny Weissmuler ou les porteurs noirs se faisait sacrifier jusqu’au dernier, et quand le premier blanc risquait d’y passer, tout s’arrangeait comme par hasard, enfant déjà j’y voyait l’aspect ridicule d’un racisme qui ne s’assumait pas, condescendant et sûr de la supériorité du blanc, “Li y’en a bon blanc, li y’en a Boula Matari”. Le ton et l’écriture un peu désuète, dans l’esprit du XIXe siècle, rajoutent un cachet rétro à ce livre. Maintenant, on ne peut plus lire ce genre de romans au premier degré, c’est comme Tintin au Congo. Alors oui, c’est bourré de défaut parce que ce texte à bien vieilli, mais je trouve un certain plaisir à ouvrir ce genre de roman, pour son côté épique, aventureux, ses personnages caricaturaux, héroïques, mais aussi pour son kitsch colonial dont on peut se moquer aujourd’hui avec le recul.
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La mort de la terre



Le plus rassurant, c’est que l’histoire commence près de 100 000 ans après la COP 28 cet automne à Dubaï. Donc c’est pas pour demain. Mais entre le début du roman et la fin du monde, en revanche, il n’y a pas loin. Correction : le titre du livre de Rosny Aîné (La Mort de la terre) est plus représentatif de la vanité humaine, qui mesure toute chose à son aune, que du roman lui-même qui raconte l’extinction de l’humanité mais entrevoit sur terre un nouveau monde, dans « la crainte et le respect du minéral ».



Après ce saut dans le temps, revenons en arrière, au 19e siècle, quand J.-H. Rosny commence(nt) à publier en 1886. Le nom de plume réunit les frères Boex. « Les frères Rosny sont un grand écrivain », s’amusait un critique. Ils sont ensemble l’auteur d’une œuvre monumentale, jusqu’à la mort de l’aîné en 1940. De celui-ci, sans son cadet, on célèbre encore l’impérissable Guerre du feu (1911) et cette Mort de la terre (1912).

Ensemble, délaissant la prospective technologique mise en œuvre par Jules Verne, avec H.-G. Wells outre-Manche, ils inventent un nouveau genre, le « merveilleux scientifique », ancêtre de la Science-Fiction.



Dans La Mort de la terre, une humanité rendue torpide par des millénaires de sobriété est menacée par la disparition de l’eau. Mais qu’importe, la mort (euthanasie) est si douce ! Seul Targ, le veilleur, les passions ranimées par l’amour, a encore suffisamment d’espoir chevillé au corps pour persévérer dans son être. « Mes rêves sont ridicules, pourtant ne m’aident-ils pas à vivre ? Ne me donnent-ils pas un peu de ce jeune bonheur qui a fui pour toujours l’âme des hommes ? »



Rosny Aîné a le souci de la science, de la démonstration, et il prend grand soin de la cohérence de son univers. De l’évolutionnisme, il tire de belles idées, tels que le règne futur des ferro-magnétaux ou la persistance d’oiseaux ayant acquis des bribes de langages. Mais il en fait peu de choses.

Il fut Naturaliste (signataire du Manifeste des cinq qui accusa Zola d’avoir trahi leur cause littéraire au profit des turpitudes sociales). Mais son style étincelant comme un casque de pompier l’attache aussi en épigone du Parnasse, et son élégie mortelle aurait sans doute gagné à ce qu’il versât encore davantage dans l’exercice de style.



Principalement, le roman décrit, avant la fin du monde, la perte de l’espérance d’une humanité désormais sans ressort. Guère de suspense, peu d’enjeu : cette vie ne mérite peut-être pas d’être vécue — ni cette histoire d’être racontée.

Seul Targ s’accroche : « La mort seule détruira mon espérance. » Mais on l’entend davantage comme truchement du lecteur des 20 et 21e siècle que comme représentant des siens que plus rien ne retient. Les autres personnages sont des ombres et rien n’est donné qui nous fasse frémir à l’idée de leur sort ou vibrer pour leur survie.



Toutefois le roman n’est pas bien long et ses aspects prophétiques assez amusants en cette aube de canicules (« maints savants prédisent que l’Humanité périra par la sécheresse »).



Allez, par curiosité.



"Targ avait la tête basse, les épaules rentrées ; il était comme un homme qui va s’écrouler. Et il murmura, plein d’horreur :

— Est-ce, enfin, la mort des hommes ?"
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Les Xipéhuz

Nous sortons quelque peu de la préhistoire dans ce texte, qui relève de la science-fiction, même si le nom n'existait pas au moment où il a été écrit (1887). Mais comme l'époque pendant laquelle est censé se dérouler le récit se situe à un moment indéterminé, « mille ans avant le massement civilisateur d'où surgirent plus tard Ninive, Babylone, Ecbatane », donc dans le Moyen-Orient d'avant la fondation des villes-états, à l'extrême limite de la préhistoire et l'histoire, la nouvelle a été incluse dans le volume rassemblant des textes préhistoriques de Rosny aîné. Il faut se rappeler que les récits d'anticipation sont un grand pan de la production de l'auteur, scientifique de formation.



Des mystérieuses formes lumineuses envahissent la clairière d'un bois. Une tribu nomade qui les approche se voit décimée par ces étranges cônes. Ils semblent invincibles, mais leurs déplacements ont une limite qu'ils ne paraissent pas pouvoir franchir. Les survivants fuient. Une tentative de se concilier les puissances étrangères est tentée par des prêtres, mais malgré les sacrifices, elles sont toujours aussi meurtrières à tous ceux qui les approchent. Et la zone qu'ils maîtrisent s'élargit progressivement au fur et à mesure qu'ils absorbent les créatures vivantes et qu'ils se multiplient. Une tribu se tourne alors vers un homme qui semble avoir accumulé plus de savoir et sagesse que ses congénères, pour qu'il trouve une solution au problème qui devient de plus en plus inquiétant. Bakhoûn va observer les créatures étrangères, essayer de les comprendre, et trouver une façon de les combattre, pour éviter l'anéantissement des hommes. Il regrettera qu'une communication n'ait pas pu s'établir et qu'une cohabitation n'ait pas été possible, mais sa stratégie permettra aux hommes d'éradiquer la menace venue d'ailleurs.



Un texte très bien construit, rédigé dans une langue soignée, et qui pose la problématique de la communication et du rapport à l'autre, d'une façon qui n'a rien de manichéen. Cela donne envie d'aller voir de plus près les écrits de Rosny aîné relevant de la science-fiction.
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Vamireh

Le nom de J.-H. Rosny aîné est resté connu grâce à son roman, La guerre du feu, considéré comme un classique de la littérature jeunesse, et qui a connu de nouveau la célébrité grâce au film de Jean-Jacques Annaud. Mais l’auteur, souvent en association avec son frère, a été un auteur très prolixe, dont la bibliographie est très fournie. Même s’il a fait partie de l’entourage de Zola et qu’il a écrit des romans naturalistes, l’essentiel de sa production concerne le « fantastique », beaucoup de romans qui relèvent de la science fiction (même si le terme est encore à venir lorsqu’il écrit ses premiers textes) et plus original, des romans se situant dans la préhistoire. Les découvertes faites à l’époque permettaient d’en savoir plus sur ces temps reculés, et l’auteur, scientifique de formation, utilise les connaissances à sa disposition pour insérer une trame romanesque dans des descriptions documentées.



Vamireh,écrit en collaboration avec son frère, est le premier roman préhistorique de J.- H. Rosny aîné, il paraît en 1892, sans grand succès. L’action du roman se passe en Europe, au quaternaire l’auteur introduit son roman par « C’était il y a vingt mille ans ». C’est d’ailleurs à remarquer, J.- H. Rosny aîné ne considère pas la préhistoire comme une seule période, mais distingue à l’intérieur des moments différents, qui correspondent à des techniques, des manières de vivre différentes, de même la faune et la flore ne sont pas identiques : ses romans se situent à des âges différents, et à chaque fois, il donne dans ses livres des aperçus de l’évolution de l’homme, et aussi de l’environnement dans lequel il évoluait. Bien sûr, les connaissances ont évoluées depuis son époque, mais il faut saluer son soucis de diffuser des connaissances à travers ses livres, même si la part de l’aventure, du suspens et de l’émotion y est très présente.



La trame principale de Vamireh est assez simple. Le personnage principal du roman qui lui donne son titre, est un jeune homme qui en plus des talents de chasseur, possède des capacités artistiques. Pour suivre son inspiration, il s’éloigne parfois de sa tribu, et c’est dans une de ses expéditions, qu’il croise la route d’une autre tribu, et surtout celle d’une jeune fille, qu’il enlève. Il est poursuivi, pendant qu’une idylle s’ébauche entre les deux jeunes gens. Après un certain nombre de péripéties, il arrivera à faire la paix avec la tribu antagoniste et repartir avec Elem.



C’est très bien construit, le récit des aventures est parfaitement mené, souvent haletant, l’auteur ménageant le suspens et réservant à chaque fois des retournements de situations rapides et efficaces. Les descriptions des paysages, de la faune et de la flore, sont très réussies, très lyriques, l’auteur a un vrai style et une personnalité qui transparaît dans son écriture. Les personnages peuvent paraître quelque peu anachroniques dans leurs sentiments et leur façon de penser, mais c’est quelque peu inévitable.



On passe un bon moment de lecture.
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La Guerre du feu

C’est un drame terrible qui vient de s’abattre sur la tribu des Oulhamr, non seulement elle a été attaquée et plusieurs de ses membres sont morts, mais l’ennemi leur a volé leur bien le plus précieux : le feu.

C’est donc à nouveau la nuit et le froid qui s’abat sur la tribu qui devient également la proie des grands fauves de ces temps préhistoriques qui n’hésitaient à pas chasser la bête qui se tient à la verticale.

Car oui les Oulhamr ne sont plus tout à fait des animaux mais pas encore tout à fait des hommes.

C’est donc Naoh et ainsi que Nam et Gaw deux jeunes guerriers qu’il a choisi pour leur grande aptitude notamment à la course qui partent dans des contrées aussi sauvages qu’inhospitalières pour reconquérir le feu.

Les trois compagnons auront tout à redouter aussi bien la flore que les animaux, et surtout le pire des prédateurs : les autres hordes d’«humains».

Il faudra tout leur courage pour réussir à braver tous les dangers et ramener le feu pour faire revivre l’espoir à leur tribu.

Un livre que j’avais lu lors de mon enfance qui m’avait alors rebuté par ses longues descriptions mais que j’ai retrouvé avec plaisir.

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La Guerre du feu

aux confins de l'univers, et de l'Histoire à une période ou le feu était l'outil indispensable à la survie de l'espèce, une des première guerre de territoire et de ressources de l'humanité, avec force description des paysages traversés; à lire comme un roman de science fiction plus que scientifique mais très divertissant.

l'adaptation de J.J Annaud n'a rien à envier au livre.
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Helgvor du fleuve bleu

Glâva profite d'une éruption volcanique pour s'enfuir avec sa sœur Amhao et échapper au sacrifice de cette dernière, décidé par l'ancêtre du clan. La catastrophe ayant décimé leurs rangs, les Tzoh survivants font un raid chez les Oumgar, la tribu du fleuve bleu, pour leur ravir leurs femmes. Helgvor part à la poursuite des Tzoh et découvre Glâva et Amhao en bien mauvaise posture...



Après La Guerre du feu et Le Félin géant, je poursuis ma découverte de l'œuvre de J.-H. Rosny aîné avec Helgvor du fleuve bleu, le dernier de ses romans préhistoriques. Je reste en terrain connu, l'auteur reprenant tous les ingrédients que j'ai aimé dans ses précédents livres. Le monde est sauvage, l'aventure est simple, mais pleine de péripéties. Entre affrontements brutaux entre tribus ou avec des animaux sauvages, on n'a pas le temps de s'ennuyer.



La bonne surprise vient de Glâva, une jeune femme préhistorique éprise de liberté qui refuse de subir le joug des hommes sans avoir sont mot à dire. Peut-être la première féministe de l'histoire ! Cependant, le personnage ne parait pas anachronique car ses actes et réflexions restent dans l'ordre du plausible. Le talent de l'auteur pour dépeindre des personnages pas encore tout à fait humains, mais qui sonnent justes est d'ailleurs un gros point fort de cette série de romans.



Bref, encore un bon roman de Rosny aîné. La prochaine fois, je m'attaquerais probablement à un autre pan de son œuvre : les récits de science-fiction.
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Récits de science-fiction, tome I

J'ai beaucoup apprécié ce premier recueil, qui nous présente deux nouvelles assez longues : Un Autre monde et Les Navigateurs de l'Infini, suivis de deux nouvelles brèves, Le Jardin de Mary et Dans le Monde des Variants.



Je ne connais pas la littérature de l'auteur, n'ayant pas lu La Guerre du feu, mais j'ai découvert avec plaisir ces récits de la toute-première science-fiction, quoique l'ensemble de ces récits soient postérieurs aux ouvrages de Jules Verne. Avec Un Autre Monde, comme avec Dans le Monde des Variants, nous sommes confrontés à deux héros qui ont un statut intermédiaire - ils ne sont pas seulement humains, mais possèdent des sens différents, et sont capables de percevoir un monde connexe, peuplé d'espèces différentes. D'une certaine manière, il s'agirait davantage d'un récit merveilleux, adoptant un cadre marqué par le réalisme scientifique. L'auteur a fait des études dans le domaine des mathématiques, des sciences physiques et sciences naturelles, et son intérêt pour les différents règnes, végétaux ou animaux, ne manque pas d'apparaître, ainsi que pour les sources d'énergie. L'appartenance du personnage principal aux deux mondes est important, cela lui confère une identité mystérieuse, qui dans le premier cas attire l'attention d'un scientifique éminent, ce qui donne un but à son existence, une nouvelle famille, et dans le second cas, intéresse un être variant femme, et lui donne une approche de l'Amour Variant, très différent de l'Amour Humain (bestial selon l'auteur).



J'ai particulièrement été intéressée et intriguée par Les Navigateurs de l'Infini, qui m'a paru, pour l'époque, d'une grande modernité. Trois astronautes se rendent sur Mars pour un programme d'exploration et d'étude dans leur astronef, le Stellarium. Etant tous trois scientifiques, ils prennent des mesures, étudient le terrain, se posent des questions sur les différentes espèces rencontrées, font des expériences... L'intrigue progresse doucement, si tant est qu'il y ait une intrigue. Le récit n'est pas dénué totalement d'action, car nos trois hommes sympathisent avec des Martiens qui ont au départ capturé l'un d'eux sans lui vouloir de mal ; ils apprennent à développer un langage par signes, les Martiens n'ayant ni nez, ni oreilles ni bouche. De fil en aiguille, les Terriens aident les Martiens à résister à l'invasion des Zoomorphes, dont les "colosses" sont trop forts pour eux. J'ai noté une volonté manifeste de l'auteur d'imaginer "complètement autre chose" pour caractériser ses Martiens, et la rencontre entre ces deux mondes ne manque pas d'intérêt ni de charme. D'ailleurs, le narrateur tombe amoureux d'une Martienne, Grace. Là encore, l'Amour n'est pas un acte, la conception et la procréation d'un enfant sont comme désincarnées. Il semble que J.H. Rosny aîné ait eu certaines obsessions curieuses quant à l'amour ou au sexe, un dégoût affirmé du charnel, et en même temps une libéralité anarchique des moeurs - les Martiens ne sont pas monogames, ils ne connaissent pas la jalousie. Ces thèmes, comme celui d'une civilisation (martienne) finissante, sur le déclin, sont toutefois bien en phase avec l'écriture, accessible et lyrique en même temps. C'est vraiment plaisant à lire, même si c'est assez pauvre en action, mais plutôt développé en observation, réflexion et imagination.



Enfin, Le Jardin de Mary est une très courte nouvelle, plutôt à part, qui présente une vision magique du ciel, des constellations, et de la mort ; elle n'est pas à proprement parler un récit de science-fiction.



Je vais lire le deuxième tome, car je suis assez curieuse d'une vue plus étendue de ses oeuvres, et contente de découvrir cet auteur français, assez atypique et précurseur.
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Les Xipéhuz

Cette nouvelle fut publiée en 1887, signée par J.H. Rosny, à une époque ou l'auteur (Joseph Henri) écrit avec son jeune frère (Séraphin Justin). A partir de 1908, ils cesseront leur collaboration, et Joseph Henri publiera sous le nom J.H. Rosny aîné, quand son frère utilisera J.H. Rosny jeune. Pour autant, on sait aujourd'hui que ce texte a été réalisé par Joseph Henri seul.



C'est un texte dont la valeur historique est certaine puisqu'il constitue peut-être le premier véritable récit francophone de SF de l'histoire. J.H. Rosny aîné imagine, dans la région de la Mésopotamie, environ 1000 ans avant les premières grandes civilisations humaines, la confrontation entre l'humanité et une forme de vie radicalement différente, constituée de cristaux (les Xipéhuz). Il n'y a pas de mention d'une quelconque origine extraterrestre, on ne sait rien des conditions d’apparition des Xipéhuz sur terre.



Bien que, d'un strict point de vue littéraire, le texte ne soit pas extraordinaire, à mon sens, il a le mérite d'être un des premier, si ce n'est le premier, à imaginer une forme de vie si radicalement autre, et témoigne donc de l'inventivité novatrice de son auteur. Ce texte parait dix ans avant la Guerre des Mondes, et peut-être lui doit-il beaucoup. D'une manière général, l'influence de J.H. Rosny aîné sur la SF moderne est indéniable (ce n'est pas pour rien qu'un prix littéraire porte son nom).



La fin est tragique et témoigne de l'humanité de son auteur. Le texte, dans son ensemble, montre, dans un même mouvement, la foi en la science et la raison et le besoin de conserver une valeur à l'imagination. N'est-ce pas le sens de ces littératures de l'imaginaire, qui apparurent, finalement, au moment de l'affirmation sans partage du positivisme scientifique ?







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La Guerre du feu

« La guerre du feu » est l’un de ces livres que chacun croit connaître sans jamais les avoir lus et je pensais moi-même ne rien y découvrir. C’était une grave erreur et ce fut une belle surprise car ce roman nous conte bien plus que les pérégrinations de nos lointains ancêtres à la recherche du feu.

Il s’agit en fait d’une véritable œuvre de fantasy dotée de tous les stéréotypes du genre : un guerrier aussi brave qu’intelligent, un traître particulièrement fourbe, une jeune vierge, une quête, des bêtes fabuleuses, bref, autant d’ingrédients que l’on retrouve dans quantité de romans de « sword ans sorcery ». Même les descriptions de combats ne sont pas sans évoquer celles des récits de Howard.

Finalement, il n’y a guère que son style pour nous rappeler que ce livre a été écrit en 1909. Rosny Ainé est adepte des longues phrases et des envolées lyriques célébrant la nature et le devenir de l’humanité. Cela surprend, donne au tout un genre particulier, mais n’est pas désagréable. Un peu comme si Proust avait entrepris de réécrire les aventures de Conan. Au final nous avons un livre bien plaisant qui mérite d’être redécouvert ne serait-ce que comme un précurseur de « l’éroïc fantasy ».


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Le félin géant

Aoûn, fils de Naoh (le héros de la Guerre du Feu), accompagné de son fidèle ami Zoûhr, partent à la recherche de nouveaux territoires de chasse pour la tribu des Oulamhrs. Il espère bien avoir l'occasion d'accomplir quelques exploits aptes à le rendre digne de prendre la succession de son père à la tête de la tribu.



Aoûn le fort et Zoûhr le rusé vont vivre des aventures pleines de peripéties. Au programme, luttes contre des animaux sauvages, dont une large variété de fauves, et découverte de tribus étrangères, Lémuriens, Femmes-louves et Hommes-du-feu. Le point d'orgue étant la rencontre avec le fameux félin géant. J.-H. Rosny aîné reprend la même recette que pour la Guerre du Feu, au point qu'on pourrait avoir un sentiment de déjà lu par moment. Mais l'auteur parvient malgré tout à se renouveler et le charme opère encore une fois.

La fin opère même un retournement de situation intéressant avec une morale simple, mais touchante.



J'apprécies toujours autant le style de l'auteur, qui a très bien vieilli à mon goût, et ses talents de naturaliste. La préhistoire prend vie sous nos yeux avec sa faune primitive et ses paysages grandioses. Nos ancêtres, pas encore tout à fait des hommes, ne manquent pas d'une certaine noblesse.



Ce court roman a été une lecture agréable, que je recommande à tous ceux qui ont apprécié la Guerre du Feu et qui voudraient prolonger le plaisir.
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La Guerre du feu

"Les Oulhamr fuyaient dans la nuit épouvantable. Fous de souffrance et de fatigue, tout leur semblait vain devant la calamité suprême : le Feu était mort."

La première fois que j'ai lu cette phrase, la toute première de ce chef-d'oeuvre, je devais avoir douze ou treize ans. Pour moi, ce fut un choc et j'ai dévoré "ce roman des âges farouches" avec un émerveillement que je n'ai jamais oublié. Émerveillement, mais aussi crainte, angoisse, stupeur, soulagement .... tant et tant d'émotions qui ont accompagné cette lecture formatrice.

Je l'ai relu à plusieurs reprises et chaque fois la magie a opéré ! la magie d'un récit exaltant qui vous emmène sur tous les chemins du rêve éveillé ...

Peu importe que ce que l'auteur raconte ait pu ou non se produire ! la belle affaire ! Ce qui compte, c'est sa capacité à nous entraîner dans ce fabuleux imaginaire où Naoh, le héros, pour conquérir Gammla, la désirable nièce du chef, va encourir les plus terribles périls pour rendre le feu à sa tribu.

Pour cela, il croisera la route du lion géant et de la tigresse, il apprivoisera le mammouth, il luttera vaillamment contre les mangeurs d'hommes à qui il dérobera le feu et se réfugiera auprès des mammouths, avec qui il réussira à nouer une alliance, la belle alliance de l'homme et de ce magnifique animal, doté de compréhension et de sagesse, la partie la plus exaltante de cette remarquable fresque.

Il rencontrera d'autres tribus, amies ou ennemies et enfin affrontera l'ennemi le plus terrible de l'homme, l'homme lui-même, en l'occurrence les trois frères Oulhamr, partis comme lui à la conquête du feu, et bien décidés à se l'accaparer pour prendre le contrôle de la tribu.

Quel merveilleux voyage que celui-là, où l'auteur invente un monde totalement affabulé, un univers empreint de poésie, qui nous fait sentir les présences animales, humer l'odeur des plantes, entendre le craquement rassurant du feu, suivre le chemin de la horde des mammouths, la trompe du grand mammouth, amicalement posée sur notre épaule .....

Ce voyage, on a envie de le faire, de le refaire, inlassablement !
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Eyrimah

Dès la première page, le ton est donné, le parti-pris idéologique est sans ambiguïté : les blonds Aryens - la tribu des "Ariès" apparait en milieu du roman - sont hélas dominés (provisoirement) par les méchants Asiatiques...

Écrite en 1893, une fiction représentative des théories racistes de la fin du XIXème siècle (Gobineau), qui auront plus tard les conséquences que l'on sait.

Mais il faut également dire que l'on trouve tout au long de ce roman des pages magnifiques, de superbes évocations de paysages montagnards, forêts, fleuves, lacs, faune, flore... Un style baroque et chatoyant, un vocabulaire d'une richesse étonnante et fascinante.

Rosny aîné, romancer raciste et talentueux...
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La guerre des règnes - Intégrale

Le grand public l'a oublié mais, en son temps, J.H. Rosny aîné jouait dans la même cours qu'un Jules Vernes ou un Herbert Georges Wells. A l'instar de ses illustres contemporains, il peut être considéré comme un des précurseur de la SF. Mais, curieusement, sa popularité déclina après la deuxième guerre mondiale, pour ne rester vivace que dans le cœur des initiés, et ce malgré la très bonne adaptation cinématographique de la Guerre du Feu, réalisée par Jean-Jacques Annaud, en 1981. Heureusement que le travail de quelques anthologistes passionnés, dont Jean-Baptiste Baronian, qui publia en 1973 chez Marabout un recueil des récits de Rosny aîné, a su maintenir la flamme en vie.



Cette "Guerre des Règnes" s'inspire d'ailleurs beaucoup de ce recueil, puisqu'on y trouve pratiquement les mêmes textes. Au passage, on ne peut que saluer le travail de Laurent Genefort, à la tête de la collection Les Trésors de la SF, chez Bragelonne, puisqu'il perpétue l'héritage de cette SF française, à la fois populaire et de qualité et ce, donc, jusqu'aux origines du genre, en proposant le présent recueil.



Alors bien sûr, on trouve ici du très bon ("la Guerre du Feu", "la Mort de la Terre"), du bon ("Nymphée", "la Jeune Vampire" ou encore "un Autre Monde") mais aussi du moins bon ("le Trésor dans la Neige"), voire du mauvais ("les Navigateurs de l'Infini", "le Cataclysme"). Et on balaye aussi bien le versant préhistorique de l'œuvre de Rosny aîné, que le "merveilleux scientifique", typique de la fin du XIXème siècle, ou encore la proto science-fiction et le fantastique. L'ensemble est utilement complété par une postface de Serge Lehman, qui est à la fois une mise en perspective et un cri d'amour adressé à l'auteur.



Un tome 2 mettant en avant les 4 autres romans préhistoriques de l'auteur est-il en projet ? Si c'est le cas, moi je signe toute de suite.
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Le cataclysme

Cette courte nouvelle est parue en 1888, un an après les Xipéhuz, considérée par beaucoup comme fondatrice de la science-fiction au moins francophone.

Si l'intrigue est réduite au plus simple appareil, la description du cataclysme, en revanche, est assez remarquable, tant dans son originalité (notamment la manière dont le phénomène modifie la pesanteur et la perception du monde) que dans les sentiments attribués aux protagonistes.

Plutôt plaisant, donc , et à lire comme un "court-métrage catastrophe."
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Les navigateurs de l'infini

Paru en 1925, ce court roman est considéré par certains comme le chef d'oeuvre de J.H. Rosny aîné. Rien que ça. En ce qui me concerne ce n'est absolument pas passé, tout fan de Sf que je sois...Rappelons pour mémoire que l'auteur est un des pionniers du genre, au côté de Jules Vernes et Herbert Georges Wells.



Le récit nous narre les aventures de trois explorateurs qui, après un voyage de trois mois à bord du Stellarium, découvre Mars, sa faune, sa flore et son espèce intelligente : les Tripèdes (trois jambe, six yeux et une "beauté irréelle"). Plein de cette humanité qui, à n'en pas douter, caractérise l'auteur, ils vont les aider à contrer la menace des Zoomorphes, une espèce animal envahissante. Les Tripèdes, en effet, sont dans une forme de déclin, qu'ils acceptent avec fatalité, et ils ne possèdent plus la science des siècles passés.



C'est vrai que, dans un sens, vous transposez les récits d'exploration terriens de l'auteur sur Mars, vous les agrémentez d'un vocabulaire "proto science-fictionnel" ("champ anti-gravitif ") et vous obtenez ce roman. Le lire, c'est donc un peu prélever une carotte dans le substrat de l'histoire d'un genre.

Le problème c'est que, bien que largement postérieur à nombre d'autres récits de J.H Rosny aîné, le fait d'opérer cette transposition fait que, tout d'un coup, le charme suranné du style Rosny aîné devient simplement terriblement daté. Et puis cette pseudo histoire d'amour inter-espèce (chaste, je vous rassure...quoi q'un porno cosmique, ça peut être une idée ça ^_^), entre un des explorateur et une Tripède, m'a simplement parue complètement ridicule. Et puis ils n'ont aucune fierté ces Tripèdes. Leur amour propre ne vaut pas tripette, si j'ose dire, et leur propension à admirer plus que de raison les terriens et leur planète m'a juste agacé et n'a fait que me renvoyer des clichés colonialistes.



La suite des "Navigateurs de l'Infini" ("les Astronautes") est restée inédite jusqu'en 1960. Vu comment celui-ci se termine, et ce qu'il m'a inspiré...je vais peut-être faire l'impasse.



PS : notons que c'est l'auteur qui est à l'origine du mot Astronaute, ce qui n'est pas rien quand même.



PPS : cette mauvaise expérience ne change en rien tout le bien que je pense de J.H. Rosny aîné. Disons "qu'il faut doser"...
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