AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations de J.M.G. Le Clézio (1813)


Petite Croix aimait surtout faire ceci : elle allait tout à fait au bout du village et elle s'asseyait en faisant un angle bien droit avec la terre durcie, quand le soleil chauffait beaucoup. Elle ne bougeait pas, ou presque, pendant des heures, le buste droit, les jambes bien étendues devant elle. Quelquefois ses mains bougeaient, comme si elles étaient indépendantes, en tirant sur les fibres d'herbe pour tresser des paniers ou des cordes. Elle était comme si elle regardait la terre au-dessous d'elle, sans penser à rien et sans attendre, simplement assise en angle droit sur la terre durcie, tout à fait au bout du village, là où la montagne cessait d'un seul coup et laissait la place au ciel.
(Peuple du ciel)
Commenter  J’apprécie          110
Chant triste

D’une étoffe de soie fine fraichement découpée
Immaculée comme la neige ou le givre
J’ai fait l’éventail rond, symbole du couple parfait
Il a la plénitude de la Lune au ciel
Il sort de votre manche et retourne près de votre cœur
Et à chaque agitation vous ressentez la bise
Je crains pourtant que l’équinoxe d’automne n’arrive
Que le vent froid ne vienne à bout de la chaleur
Car, éventail abandonné dans quelque coffre en bambou
Notre amour s’interrompra en plein milieu du cours

(Ban Jietyu)
Commenter  J’apprécie          110
En Bretagne, la violence de la mer, du vent, de la pluie et aussi la brûlure du soleil certains jours. La solitude des criques, encombrées de galets géants, trouées de grottes où les vagues explosent. Et la lande où parfois surgit une pierre levée, un menhir, dont le vrai nom en breton est ‘’peulven’, le pilier de pierre.
Commenter  J’apprécie          110
Quand le soleil brûle à nouveau dans le ciel, je redescends la pente de la montagne Limon, à travers les buissons d'épines. Bientôt apparaissent les vacoas, les feuillages sombres des tamariniers. Au bout de la longue vallée de la rivière Roseaux, je vois la mer qui brille durement au soleil, l'étendue de la mer qui nous tient prisonniers.
Commenter  J’apprécie          110
Rien n'existe plus, rien ne passe. Il n'y a que cela, que je sens, que je vois, le ciel si bleu, le bruit de la mer qui lutte contre les récifs, et l'eau froide qui coule autour de ma peau.
Commenter  J’apprécie          110
Dans la ville déserte, où les hommes et les femmes sont cachés, tout à coup naît la déflagration immense. Un volcan ouvre sa gueule au centre du port, dresse dans l'air sa colonne de flammes sans couleur. Les pavés volent très haut et retombent en défonçant les toits des maisons. Les fenêtres explosent. Les planchers ondulent sous les pieds, les tympans sont crevés par le poids soudain libéré. Et le bruit arrive en couchant tout sur la terre, le cyclone du bruit, qui survole la ville pareil à une ombre gigantesque, qui vient droit vers la jeune fille, qui va l'ensevelir, la réduire en poudre.
Commenter  J’apprécie          110
Lorsqu’elle a passé la ligne de démarcation, elle a emmené avec elle un couple de pigeons voyageurs que son père avait élevés, elle les a portés avec son fils sur son dos, dans un petit sac percé de trous pur qu’ils puissent respirer. Elle les emportés afin qu’un jour, ils puissent voler vers leur pays natal et donner des nouvelles à la famille restée de l’autre côté.
Commenter  J’apprécie          110
Par le langage, l'homme s'est fait le plus solitaire des êtres du monde, puisqu'il s'est exclu du silence.
Commenter  J’apprécie          110
Marima, que puis-je te dire de plus, pour te dire comment c'était là-bas, à Onitsha? Maintenant, il ne reste plus rien de ce que j'ai connu. A la fin de l'été, les troupes fédérales sont entrées dans Onitsha, après un bref bombardement au mortier qui a fait s'écrouler les dernières maisons encore debout au bord du fleuve. Depuis Asaba, les soldats ont traversé le fleuve sur des barges, ils sont passés devant les ruines du pont français, devant les îles noyées par la crue. C'est là qu'était né Okeke, le fils d'Oya et d'Okawho, il y a vingt ans déjà. Les barges ont accosté sur l'autre rive, là où se trouvait l'embarcadère des pêcheurs, à côté des ruines du Wharf et des hangars éventrés de la United Africa. Onitsha était désertée, les maisons brûlaient. Il y avait des chiens faméliques et, sur les hauteurs, des femmes, des enfants à l'air égaré. Au loin, dans les plaines d'herbes, le long des sentiers boueux, les colonnes de réfugiés marchaient vers l'est, vers Awka, vers Owerri, vers Aro Chuku. Peut-être qu'ils passaient sans les voir devant les châteaux magiques des termites, qui sont les maîtres des sauterelles. Peut-être que le bruit de leurs pas et de leurs voix réveillait le grand serpent vert caché dans les herbes, mais personne ne songeait à lui parler. Marima, que reste-t-il maintenant d'Ibusun, la maison où tu es née, les grands arbres où se perchaient les vautours, les limonettiers cousus par les fourmis, et au bout de la plaine, sur le chemin d'Omerun, le manguier sous lequel Bony s'asseyait pour m'attendre?
Commenter  J’apprécie          110
On dit de l'Afrique qu'elle est le continent oublié.
L'Océanie, c'est le continent invisible.
Invisible, parce que les voyageurs qui s'y sont aventurés la première fois ne l'ont pas aperçue, et parce que aujourd'hui elle reste un lieu sans reconnaissance internationale, un passage, une absence en quelque sorte.
Commenter  J’apprécie          110
Et en haut du mur, le ciel, non pas bleu -ou s'il était bleu c'était horrible, le ciel sans couleur, pareil au carré ouvert dans le toit de la prison de Port-Louis que regardait le condamné avant que la trappe bascule sous ses pieds et que le noeud de la corde lui brise le cou.(p242)
Commenter  J’apprécie          110
Tout à coup elle comprenait ce qu'elle avait appris en venant ici, à Onitsha, et qu'elle n'aurait jamais pu apprendre ailleurs. La lenteur, c'était cela, un mouvement très long et régulier, pareil à l'eau du fleuve qui coulait vers la mer, pareil aux nuages, à la touffeur des après-midi, quand la lumière emplissait la maison et que les toits de tôle étaient comme la paroi d'un four.
Commenter  J’apprécie          110
Dans le lagon, il y avait tous les poissons de la création, ils nageaient lentement autour de notre pirogue, sans crainte. Et les tortues de mer, qui venaient nous voir, comme s'il n'y avait pas de mort dans le monde. Les oiseaux de mer volaient autour de nous par milliers... Ils se posaient sur le pont du bateau, sur les vergues, pour nous regarder, parce que je crois qu'ils n'avaient jamais vu d'hommes avant nous... Alors nous avons commencé à les tuer.
Commenter  J’apprécie          110
Quelquefois Hawa (...) regarde les gens, dans les restaurants, dans les halls des aéroports, dans les bureaux, elle les regarde comme si ses yeux allaient simplement les effacer, les faire retourner au néant auquel ils devaient appartenir. Quand elle a ce regard étrange, le photographe ressent un frisson, comme un froid qui entre en lui. Il ne sait pas ce que c’est. C’est peut-être l’autre être qui vit en Lalla Hawa qui regarde et qui juge le monde, par ses yeux, comme si, à cet instant tout cela, cette ville géante, ce fleuve, ces places, ces avenues, tout disparaissait et laissait voir l’étendue du désert, le sable, le ciel, le vent. [...]
Que cherche-t-elle? Que veut-elle de la vie? Le photographe regarde ses yeux, son visage, et il sent la profondeur de l’inquiétude derrière la force de sa lumière. Il y a aussi la méfiance, l’instinct de fuite, cette sorte de drôle de lueur qui traverse par instants les yeux des animaux sauvages.
Commenter  J’apprécie          110
J'étais devenue la mascotte du foudouk. A force d'entendre ses femmes s'extasier sur moi à longueur de journée: "Ah! qu'elle est jolie!" , et me déguiser selon leur fantaisie, je finissais par les croire. Elles m'attifaient de robes longues, elles peignaient mes ongles d'orteils en vermillon, mes lèvres en carmin, elles me maquillaient mes yeux au khôl.
Quand elles entendaient le bruit des petits tambour, les autres femmes arrivaient, et je dansais pour elles, pieds nus sur le carrelage, en tournant sur moi-même jusqu'au vertige.
Commenter  J’apprécie          110
chaque instant qui passe est une émotion, raconte une histoire.
Commenter  J’apprécie          110
Maintenant je le sais bien. On ne partage pas les rêves.
Commenter  J’apprécie          110
Il y a tant de signes dans le ciel. Je me souviens de toutes ces nuits d’été, lorsque nous «étions couchés dans l’herbe du jardin, et que nous guettions les étoiles filantes. Un soir, nous avons vu une pluie d ‘étoiles, et Mam a dit tout de suite : « c’est un signe de guerre. »
Commenter  J’apprécie          110
Ethel avait l'impression de flotter dans le ciel. C'étaient les nuages qu'elle aimait. Couchée dans le sable des dunes, elle les regardait filer à toute vitesse, légers, libres. Elle rêvait à l'espace qu'ils avaient parcouru, l'étendue des océans, le champs des vagues, avant d'arriver jusqu'à elle. Ils glissaient, pas très haut, en petites boules blanches qui parfois se heurtaient, s'unissaient, se divisaient. Il y en avait de fous, qui couraient plus vite que les autres, s'effilochaient en pelotes cotonneuses, en graines de pissenlit, en plumeaux de roseaux. La terre basculait sous eux dans un mouvement lent qui donnait le vertige. Le roulement des vagues sur la plage était un moteur en marche, en train de pousser le plateau de la mer, de renverser le monde irrésistiblement.
Commenter  J’apprécie          110
- Il faudra des plantes aussi, des plantes plates, qui font des fleurs mauves.

- Oui, des lotus. Plutôt des nymphéas, les lotus mourraient en hiver. Mais pas dans le bassin rond...Celui-là, le bassin miroir, je veux qu'il reste aussi lisse qu'une assiette pour que le ciel se regarde.
Commenter  J’apprécie          110



Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de J.M.G. Le Clézio Voir plus

Quiz Voir plus

Voyage au pays des arbres

Quel est le personnage principal ?

Jules
Pierre
Mathis

3 questions
8 lecteurs ont répondu
Thème : Voyage au pays des arbres de J.M.G. Le ClézioCréer un quiz sur cet auteur

{* *}