L'odeur des saints est une odeur bonne, à mille lieues des flatteries de tes pauvres sens par des appâts trop terrestres.
– Mais pourquoi les saints ne sentent-ils pas ? Pourquoi ont-ils de si bons effluves ?
– Parce qu’ils ignorent le péché. Parce qu’ils n’en commettent pas. C'est le mal qui sent. Et il n’y a pas de mal en eux.
Les voies du vrai sont discrètes.
"Qu'est-ce que l'horreur? Quand Jankélévitch déclare imprescriptible tout le crime de la Shoah, il m'interdit d'en parler hors de cet arrêt. L'imprescriptible. Ce qui ne se pardonne pas. Ce qui ne sera jamais payé. Ni oublié. Ni prescrit. Aucun rachat d'aucune espèce. Le mal absolu, à jamais sans transaction.
Je raconte une histoire immonde et j'ai honte d'en écrire le moindre mot. J'ai honte de rapporter un discours, des mots, un ton, des actes qui ne sont pas les miens mais qui le deviennent sans que je le veuille par l'écriture. Car Vladimir Jankélévitch dit aussi que la complicité est rusée, et que rapporter le moindre propos d'antisémitisme, ou d'en tirer le rire, la caricature ou quelque exploitation esthétique est déjà, en soi, une entreprise intolérable. Il a raison. Mais je n'ai pas tort, né à Payerne, où j'ai vécu mon enfance, de sonder des circonstances qui n'ont pas cessé d'empoisonner ma mémoire et de m'entretenir, depuis tout ce temps, dans un déraisonnable sentiment de faute.
J'avais huit ans quand ces choses ont eu lieu."
Récit fort, style très incisif.
Ne vous moquez pas trop vite, Monsieur l'ironiste, Flaubert est tout cela à la fois. Et il a plus de drôlerie que vous. Soyons précis. Dans une époque où consternent l'aplatissement de la langue et épaississement extatique de la bêtise, où l'esprit critique fait place à l'injure et à l'arrogance épanouie des bateleurs de télévision, où la précipitation et le bâclage suintent des pages de trop de livres annoncés comme des découvertes essentielles, où la suffisance universitaire relève de la pantalonnade de tréteaux, la colère, l'humour et l'ironie de Flaubert sont une formidable source de résistance à ces bassesses.
J’aime la vitesse, c’est une des formes de l’effort, on se contraint, on vise la cible, la liberté fuse dans le pied...
Mais prends bien garde à ne pas te laisser attirer par des senteurs trop flatteuses, ou exquises, que le Malin te ferait aimer pour t’égarer ! L'odeur des saints est une odeur bonne, à mille lieues des flatteries de tes pauvres sens par des appâts trop terrestres.
La dépendance de l’odeur perverse qui bouche le nez le plus fin, enchaîne l'âme et la tue mieux qu'aucune drogue.