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Citations de Jacques Chessex (174)


Jamais je ne me lève, vendredi saint ou pas, sans me rappeler la mort du Christ.
Jamais je ne vis le vendredi saint sans tenter d'éprouver, à l'heure même de la mort du Christ, l'effroyable douleur de son supplice.
Mais fait nouveau depuis dix ans je ne SOUFFRE plus de cette mort, elle est clarté, elle est ouverture, et dans cette ouverture j'entre.
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Jacques Chessex
L'automne est une demeure d'or et de pluie.
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Jacques Chessex
Il y a un ange pour retenir les somnambules au bord du gouffre.
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quand Jankélévitch déclare imprescriptible tout le crime de la Shoah, il interdit d'en parler hors de cet arrêt. L'imprescriptible. Ce qui ne sera jamais payé. Ni oublié. Ni prescrit. Aucun rachat d'aucune espèce. Le mal absolu, à jamais sans transaction.
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Ropraz, dans le Haut-Jorat vaudois, 1903. C'est un pays de loups et d'abandon, au début du XXème siècle, mal desservi par les transports publics à deux heures de Lausanne, perché sur une haute côte au-dessus de la route de Berne bordée d'opaques forêts de sapins. Habitations souvent disséminées dans des déserts cernés d'arbres sombres, villages étroits aux maisons basses. Les idées ne circulent pas, la tradition pèse, l'hygiène moderne est inconnue. Avarice, cruauté, superstition, on n'est pas loin de la frontière de Fribourg où foisonne la sorcellerie. On se pend beaucoup, dans les fermes du Haut-Jorat. A la grange. Aux poutres faîtières. On garde une arme chargée à l'écurie ou à la cave. Sous prétexte de chasse ou de braconne on choie poudre, chevrotine, gros pièges à dents de fer, lames affûtées à la meule à faux. La peur qui rôde. A la nuit on dit les prières de conjuration ou d'exorcisme. On est durement protestants mais on se signe à l'apparition des monstres que dessine le brouillard. ...
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Des damnés, ou ils se croient tels, des ascètes, des innocents acharnés à s'accuser de toutes les fautes, de pèlerins, des ermites contemplatifs. des fous de Dieu. Quelques fous de cour. Des errants, même lorsqu'ils ont persisté à se fixer, parce que l'âme demeure inquiète, le coeur insatiable, l'esprit prométhéen. Ils vivent en moi de leur rumeur et de leur plaie.
Leur plaie : je m'aperçois (mais je le sais depuis toujours) que la plupart de ces poètes saignent, qu'à l'origine il y a en eux une blessure inguérissable et qu'ils écrivent pour étancher l'hémorragie. Solitude, folie; faute imaginaire ou trop réelle, l'une et l'autre également accablantes. L'effroi de la fuite du temps, l'obsession de la mort. Le suicide pour deux d'entre eux, seul ressource. La foi douloureuse aux protestants. La punition divine, le regard du dieu jaloux et la terrible compagnie du remords fixé aux pas du vivant comme les furies des antiques.
Ceux qui ont perdu cette foi instaurent une cosmogonie hautaine, parfois désolé. c'est l'austérité (Philippe Jaccottet), c'est la recherche du paradis perdu ( Gustave Roud), ou l'exaspératio violente de la chair et de l'esprit furieux (Pierre-Louis Matthey). Tels demeurent les effets d'un calvinisme abrupt : méfiance à l'égard de la figure humaine -la créature si souvent péjorative des prêches remontés de l'enfance-, culte de la solitude ennoblissante, particularisante, mais souffrance aussi de la solitude qui pèse comme une tare sur cette race biblique privée de prophètes. certaine sévérité aussi à l'égard de soi-même, qui fait les oeuvres rares, longuement portées, d'autant plus nécessaires et d'un sens plus lourd.
Dieu craint, Dieu perdu, Dieu nié : mais il demeure, il taraude, il questionne, il est interrogé, pressé, sommé jusqu'au vertige, jusqu'à l'extase frénétique (Yves Velan) et s'il se tait, énigmatique, son silence scandaleux retentit en révolte dans le désert où s'acharne le pasteur Friedrich (...).

Préface
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Laissez donc faire la Nature. C'est elle qui décidera du jour et de l'heure de notre ami. Il est déjà admirable, après la vie qu'il a menée, qu'il soit encore parmi nous, dressé contre la Mort comme la sentinelle de son propre destin !
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On arrive Rue-à-Thomas. Le bref trajet a été silencieux. Arthur Bloch ne se doute toujours de rien. Est-il fatigué? Endormi par les bonnes affaires de ce matin? On peut s'étonner, de la part d'un homme aussi avisé, de son peu de discernement à l'endroit de Robert Marmier, paysan raté et dévoyé, du valet à tête de brute, et surtout du jeune Ballotte, dont l'allure de voyou aurait dû l'inquiéter.
Mais il n'y a pas de logique devant la mort. En pénétrant dans l'étable de la Rue-à-Thomas, Arthur Bloch ne sait pas, ne sent pas, qu'il va à la pire boucherie.
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Qu'est-ce qui nous pousse à des actions,-enquêtes, traques de documents, visites, conversations intéressées, - dont nous savons que nous les regretterons à peine les avons-nous entreprises? J'étais à la recherche d'un crâne. Et je ne le savais que trop :un crâne c'est une vanité plus ironique, plus tenace, plus nouée sur son os arrondi, ses orbites creuses et le rire de sa mâchoire en ruine, qu'aucun autre objet de désir ou de répulsion, masque ou jouet mensonger, tout juste capable de me distraire provisoirement de mon vrai sort.
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- Pourquoi vous êtes -vous fait moine ? avais-je demandé à un père de Fribourg.
- Pour n'avoir rien à laisser de trop encombrant à ma mort.
Longtemps j'ai été travaillé par sa réponse. Elle m'a fait croître et me développer. Savoir qu'au dernier moment rien de pesant , rien de salissant que ma pauvre dépouille ne sera à charge. C'est déjà trop de ce corps !
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Votif


Extrait 2

À ma mort qu’il n’y ait pas d’ange
                     mais qu’il me soit donné
D’entendre encore une fois la mésange de l’âme
Et le rossignol qui a égrené si souvent
                     ses trilles autour de mon cœur
Que je sois seul moi aussi


Mais que s’ouvre l’air à ma bouche
Que vienne une dernière fois le vent que j’ai bu
Avec l’avidité d’un enfant qui tête
Et que mes os commencent à descendre avec lenteur
Dans la terre printanière


Je bois la mort maintenant
L’eau de la mort
J’ai les seins du vide aux dents
Et les regrets du corps aimé
                     en creux dans l’ombre sonore
Ah Mozart chante encore à mon cœur sans forme
Ce chant céleste où toi et moi
N’avons part dans nos espaces
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Votif


Extrait 1

Quand j’irai à la vraie place
Au moins que ce soit un jour de cerisiers
                     et de lilas
Et que ma tête ne ressemble pas encore
                     à celle des morts
Avec cette mâchoire qu’ils ont
Avant qu’elle se détache et tombe seule
                     dans l’ossuaire


Ce matin je pense à toi, Mozart
Dans ta fosse de tibias et de crânes
Ô glorieux, et ce jour-là qui était ton jour
                     ton ange pleurait
Parce que Dieu avait voulu pour toi
Ce Golgotha inversé dans la pluie du vieux novembre
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Retenu, Roud, c'était le drame , et comme paralysé par l'impossibilité (ou la crainte) d'agir, de prendre une décision, de se mettre en avant, d'intervenir. Une pudeur protestante d'en faire trop. Une hésitation paysanne à trancher. Et quelque chose aussi de son ironie qui se moque de Gustave Roud lui-même: comme s'il prenait plaisir à se représenter, dans son propos le plus familier et dans ses lettres, en perpétuel empêché d'écrire ou de se décider.
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J'ai écrit sur Un petit bourgeois, je l'ai relu, relu encore, là j'ai compris moi aussi, grâce à cet utile Nourissier, que l'on pouvait faire de soi le seul sujet de ses livres. A l'époque c'était une tentation étrange, on était en plein Nouveau Roman, dépersonnalisation de l'écriture, mort à la psychologie, la cafetière sur la table comme personnage du récit. On tirait la langue dans ce désert en attendant des jours meilleurs.
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Les amours d’occasion comportent des dangers. » Dangers d’excès, de chute, de solitude, je me demandais auquel d’entre eux je m’étais exposé, m’exposais encore, si je ne faisais que me baigner dans l’odeur croissante de mes partenaires. Odeur que je devais garder sur moi partout où j'allais, dans la rue, au magasin, au théâtre, à l'église.
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L'oiseau ne s’en va pas, ne fuit pas, nettoyé, essoré de la honte du sol, je peux croire qu’il m’a repéré, qu’il va transmettre son message... Cri aigu, plusieurs fois, sifflement dans le bleu froid du ciel. Déchirure sans trace dans l’azur d’octobre. Un long moment suspendu. Puis l’oiseau plane, se glisse, siffle encore, se moque très haut dans l’air glacé, si loin de l’odeur frugale des pentes !
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L'amour, a écrit mon maître, c’est ce qui se passe entre deux personnes qui s’aiment.
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Il faut croire que même contenue dans le corset de l’écriture, la vraie voix perce sous le style. « Le dur masque révèle la figure »...
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La fatigue, c’est souvent comme ça après le plaisir.
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Simplement l’odeur fade se teinte encore d’un peu de vie, comme un dernier goût de loisir, ou de plaisir amoureux, ou de plein air, avant de sombrer dans la vraie fadeur qui est égale, impitoyable.
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