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Critiques de James Graham Ballard (219)
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Sauvagerie

1988, près de Londres, drame dans un enclos résidentiel de luxe peuplé d'une dizaine de familles irréprochables (intelligence, culture, et aisance matérielle grâce à de 'bonnes situations').

Les adultes ont été massacrés et leurs enfants - adolescents - ont disparu. Ni vandalisme, ni cambriolage. Au vu des différentes méthodes meurtrières employées, tout semble avoir été minutieusement préparé. Un scénario sans faille pour une tuerie bouclée en vingt minutes chrono.



Après une description froide et crue des scènes de crimes, place à une enquête sur un mode classique, façon Hercule Poirot. Les deux enquêteurs, un sergent et un psychiatre, ressemblent aux personnages d'Agatha Christie, de Conan Doyle et d'Edgar Poe. Échanges particulièrement guindés et méthodes d'investigation à l'ancienne. Ensemble, ils envisagent toutes les pistes possibles, y compris les plus farfelues.

Leurs conclusions sont prétextes à des réflexions intéressantes sur l'éducation, le pouvoir asphyxiant de la bienveillance excessive. On pense aux théorisations de Winnicott (la "mère suffisamment bonne") et de Bruno Bettelheim ("l'amour ne suffit pas"). Grosso-modo : le mieux est l'ennemi du bien... Hélas, cet exposé est succinct, rapidement éclipsé par la reconstitution interminable du carnage. J'ai survolé cette fin, très déçue par la surenchère de détails sur les sévices infligés, à mon sens gratuits et incongrus en regard de ce qui précède.
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I.G.H.

«Plus tard, installé sur son balcon pour manger le chien, le Dr Robert Laing réfléchit aux événements insolites qui s’étaient déroulés à l’intérieur de la gigantesque tour d’habitation au cours des trois derniers mois.»



Ce court roman de 1975, troisième partie de la trilogie de béton, s’est emparé de moi dès sa première phrase. L’IGH, immeuble de grande hauteur, dominant et isolé dans une banlieue de Londres en pleine recomposition, est le héros de béton mais qui semble de chair, de ce récit glaçant, de cette allégorie visionnaire.



La conception luxueuse de l’immeuble et ses équipements multiples (piscines, école, centre commercial…) ont été conçus pour permettre à ses occupants de vivre en autarcie. Juste au moment où les mille appartements de l’IGH finissent de se remplir, mesquineries et jalousies commencent à éclore, semblant initialement être les conséquences inhérentes à toute vie humaine en communauté. Panne d’électricité, cadavre de lévrier retrouvé dans la piscine ; une menace palpable mais diffuse dégénère rapidement en hostilités ouvertes de plus en plus virulentes.



Dans cette entité gigantesque de béton, qui semble se détacher du monde extérieur, une façade de train-train quotidien, puis pendant la nuit les fêtes, le sexe et l’ivresse se juxtaposent avec les violences croissantes, l’abandon des règles sociales, et la sauvagerie. Les habitants s’organisent en clans par étages, répliquant dans la tour les «vieilles» divisions sociales ; ils abandonnent leur confort, surtout préoccupés de ne pas trahir à l’extérieur la situation dans la tour.



Métaphore saisissante d’un retour aux cavernes dans une modernité qui n’a plus rien à offrir, de la radicalisation de mouvements politiques extrêmes alors que la pensée politique et l’idéologie se vident de leur contenu, puissant miroir de la fin du progrès et de cette illusion d’une libération de l’homme par un progrès pervers, I.G.H. reste une lecture hallucinante et nécessaire.

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Vermilion Sands

Dans Vermilion Sands, j'ai retrouvé la plume féérique du Ballard du Rêveur illimité.





Les 9 nouvelles du recueil, sises dans la ville ou aux abords de Vermilion Sands, prennent pour objets d'étonnantes oeuvres d'art (sculptures qui chantent ou poussent, nuages qui grâce à d'habiles planeurs deviennent portraits ou vanités), des technologies paraissant être le fruit d'enchantements (machine à taper des vers parfaits rendant obsolètes les poètes, maisons ou vêtements gardant le souvenir de leur propriétaire), ou des particularités de la faune et de la flore locales (raies des sables volantes, océan de sable sur lequel vogue toute une flotte de navires, fleurs chantant l'opéra). Ballard, qui telle une bonne fée donne vie et âme à l'inanimé comme au végétal, mêle ici le merveilleux à la science-fiction pour engendrer un univers utopique et onirique marqué par une beauté jamais exempte d'une certaine noirceur. Un idéal tout d'étrangeté et parfois cruel se dessine à travers ces contes dans lesquels riches héritières, actrices, chanteuses et artistes remplacent princes et princesses ; dans lesquels les couleurs, les rouges et les ocres, le soleil du désert éclatent ; les formes, les constructions refusent de demeurer statiques ; les musiques jaillissent de toutes parts, jusqu'à la cacophonie.



Vermilion Sands m'est apparu autant comme une réflexion sur le potentiel illimité de la création artistique que comme l'image d'un futur idéal dans lequel les technologies, à force d'extrême sensibilité, s'humanisent, à l'instar de ces vêtements traumatisés par le meurtre de leur porteur. Mais avant toute chose, l'univers comme l'écriture en sont simplement beaux, foisonnants, brillants, sans cesse surprenants. C'est émerveillé que l'on referme l'ouvrage.


Lien : https://mahautdavenel.wordpr..
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I.G.H.

Satire sociale à la fois intelligente et complexe sur le matérialisme dans la société de consommation alors à son apogée dans les années 70, dérivant rapidement hors de contrôle, ce roman qui s’appelle au départ I.G.H. (Immeuble de Grande Hauteur) faisant partie d’un triptyque appelé La Trilogie de Béton., multipliait les personnages et les points de vue de résidants d’un luxueux et moderne gratte-ciel qui vivent des règles sociales prédéfinies et totalement restrictives.



Hélas, cette peinture sans concession d’un monde à la dérive frappe par son ambition et sa maitrise formelle, mais déçoit dans sa narration et sa conduite du récit et parait 40 ans après sa publication un poil datée…
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Empire du Soleil

L’empire du Soleil est une belle fresque d’un bout de deuxième guerre mondiale vu à travers les yeux d’un enfant dans la partie extrême-orientale de ce conflit. Ce héros est l’auteur J.G. Ballard et l’auteur est ce héros rêveur à la vie doucereuse et privilégiée dans le Shanghai des concessions internationales. L’attaque de Pearl Harbor et l’entrée du Japon le sépareront de ses parents, le confronteront à la dureté de l’internement dans un camp japonais, des contingences de la survie et de l’égoïsme qu’elle impose. Seul, porté par le désir de revoir ses géniteurs, il louvoiera entre les clans, la promiscuité, les maladies, la mort, la faim, les privations, les vexations, les punitions… sachant se rendre toujours indispensable, il trouvera son chemin vers l’avenir d’un adolescent trop vite confronté à la laideur du monde adulte. La lecture est fluide, le style du traducteur agréable. Je ne regrette pas de m’être laissé tenter par cet ouvrage qui trainait sur un coin d’étagère ami. Spielberg a fait un film de cette histoire.
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Crash !

Je m'étais toujours demandé pourquoi je n'avais pas aimé (et c'est un euphémisme) le film Crash, adaptation ciné par David Cronenberg qui est pourtant l'un de mes réalisateurs préférés, et, accessoirement, l'un de ses films les plus appréciés. Je m'étais alors promis que, si le livre de J. G. Ballard croisait ma route, je ferais l'effort de le lire, pour me faire un avis définitif. Et il était disponible à la médiathèque...



Afin de rester un minimum posititve, je commencerais par ce qui m'a plu dans ce bouquin :

Déjà le fait de ne pas l'avoir payé, mais emprunté, et surtout la vitesse à laquelle il se lit (sinon, je pense que, vu l'ennui qu'il a suscité en moi, je l'aurais abandonné en route). D'un point de vu plus littéraire, le style d'écriture est net et incisif, il ne m'a, moi, pas spécialement plu, mais je reconnais là un certain talent. Quand au seul élément de "l'histoire" qui m'ait quelque peu interpellé c'est la relation froide, perverse mais pas dénuée d'amour qui lie Ballard à sa femme. Pour ceux qui ont vu le film Cosmopolis (encore de Cronenberg), Catherine n'a cessé de me rappeler la jeune épouse d'Eric Packer, le golden boy. Elle forme un personnage assez flou, evanescent, qui contrebalance plutôt efficacement la nervosité ou la fougue de Ballard, Vaughan et les autres.



Pour le reste, on ne peut parler de déception, car il est vrai que je n'attendais pas grand chose de Crash, mais le constat est sans appel : Il n'est rien que l'on peut reprocher à Cronenberg tant son adaptation est fidèle à l'oeuvre littéraire dont il s'inspire, c'est donc vraiment le fond, le "thème" qui me laisse de marbre.



Je suis peut-être complètement passée à côté, lisant de-ci de-là des critiques plutôt dithyrambiques de ce livre "subversif", un livre à "l'originalité stupéfiante"... Il n'en reste pas moins que pour moi, on frôle l'overdose avec des scènes érotico-pornographiques toutes les trois pages, la manie du personnage principal à voir du sexe dans chaque geste, chaque être, chaque machine... Je n'ai jamais lu autant de fois en si peu de pages les mots "verge, sperme, semence, pubis, toison" et c'est bien beau de parler de cul, encore faut-il savoir le faire et y donner un sens, ce qui pour moi n'est pas le cas ici. Je n'ai pas réussi à trouver d'intérêt, de but à ce qui reste pour moi un récit sans queue ni tête (aucun mauvais jeu de mot) où ce qui transparaît finalement le plus est la volonté de faire quelque chose de "trop rebelle-lisez-moi-soyez choqués" de l'auteur. Car autant l'attrait sensuel/sexuel provoqué par des cicatrices, blessures ou autres n'est pas dénué d'intérêt, l'attirance pour le monstrueux n'étant pas un fait nouveau ou dénué de crédibilité, mais les bagnoles ?? Vous vous mettez à frétiller devant des jantes alu ou un tableau de bord en simili-cuir vous ?? J'ai surtout eu l'impression que Ballard se foutait ouvertement de ma gueule.



Pour conclure, ce qui a fini de m'agacer, sur la quatrième de couverture :



"Ce roman vous force à assumer des fantasmes que vous ignoriez être les vôtres" David Cronenberg.



Ou comment de manière sous-jacente nous faire comprendre que, si l'on n'a pas apprécié ce livre c'est surement notre (très) grande faute à nous, lecteurs coincés ou refusant d'admettre nos "fantasmes" malsains, et surement pas à l'oeuvre en elle-même qui, au final, se contente de nous balancer du sexe à tire-larigot, comme à peu près les 3/4 des oeuvres se voulant subversives aujourd'hui.

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Le Rêveur illimité

« Déjà, je songeais à ma prochaine vision, certain cette fois qu’il ne s’agirait pas d’un rêve, mais d’une réorganisation de la réalité au service d’un dessein plus vaste et plus authentique, qui permettrait aux appétits les plus bizarres et aux instincts les plus dévoyés de trouver leur vrai sens ».



Si cette seule citation vous interpelle, alors je ne prendrai pas la peine de développer de grands discours ou de mobiliser de multiples références, passablement brillantes, pour vous inviter à réenchanter vos nuits de lecture en passant ces quelques heures avec ce Rêveur illimité.



Cet ouvrage hypnotique, satyriasique à souhait, provocateur, naïf, exotique, de J.G. Ballard, auteur que je découvre ici, a tout pour vous distraire de votre quotidien médiocre, pour lequel vous avez sacrifié au nom de quelques concepts creux la fantaisie, le rêve, l’inatteignable. Dans un contexte où une main au cul vous cloue au pilori de la bienséance, l’histoire de James Blake, « jeune homme solitaire, rêveur et marginal [dont l’obsession] est de pouvoir voler, d’accomplir le premier « vol à propulsion humaine » » (dixit la quatrième page de couverture) ouvre une échappatoire réjouissante. Le texte entier suinte de cette pornographie assumée, de ces plaisirs refoulés, du vil, de l’obscène, de l’irréel, de l’impossible et j’en passe. Comme une lecture en filigrane, on se projette homme – poisson, homme – caméléon, avec un soupçon de divinité. Certains, et surtout nebalfr dont je vous recommande l’excellente critique, a comparé cet ouvrage à une mauvaise blague qui s’éternise.



Peut-être ? Mais, comme dirait apparemment Saki : « l'imagination a été donnée à l'homme pour compenser ce qu'il n'est pas. L'humour pour le consoler de ce qu'il est ».

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Empire du Soleil

Roman autobiographique, Empire du soleil, plonge le lecteur dans la ville de Sanghai, aux heures de l’occupation nippone, durant la guerre Sino-Japonaise qui s’inscrit dans le second conflit mondial.



Le roman s’ouvre à la veille de l’attaque surprise de Pearl Harbor, dans cette ville particulièrement marquée par son passé colonial, où les occidentaux vivent, privilégiés et coupés du monde, répartis entre la concession française et la colonie internationale, dans une ville irriguée par le flux incessant des pousse-pousse, des péditaxis, des soldats désoeuvrés de l’armée fantoche chinoise, des véhicules blindés des troupes d’occupations, des paysans affamés réduits à la mendicité, des coolies surchargés de ballots en tous genres. Jim, est un enfant de 11 ans, britannique par ses parents mais natif de cette ville surpeuplée et dangereuse pour les petits occidentaux, qui a toujours vécu dans une atmosphère de conflit armé, passionné par l’aviation de guerre, et qui porte une admiration juvénile pour le stoïcisme et la bravoure des troupes japonaises. Mais lorsque le pays du soleil levant déclare la guerre aux alliés en bombardant les troupes américaines basées dans le pacifique et, dans le port de Sanghai, la marine britannique, son destin bascule, et pour cet enfant qui joue à la guerre, le monde adulte rentre en collision avec tout ce monde onirique pour le vieillir prématurément. Séparé de ses parents dans la confusion et le chaos de cette mégalopole grouillante et menaçante, gardé dans un hôpital, puis dans deux camps de détentions successifs, où sévissent dysenterie, typhoïde, béribéri, malaria et autres fièvres malignes, malnutrition et calamité du même tonneau, Jim saura faire preuve d’un courage, d’un instinct de survie et d’une débrouillardise remarquable. Environné de partout d’un climat hostile, rejeté par les adultes lorsqu’ils ne cherchent pas tout simplement à s’en faire un factotum facilement corvéable, Jim est doué de ressources intérieures étonnantes, qui lui permettent en général de mieux s’adapter aux conditions inhumaines que les adultes, en restant toujours comme en partie étranger, suspendu entre l’enfance et la maturité, entre la naïveté, le rêve et les aspirations de son âge et l’impérieuse nécessité qui commande à cet être sans appui la ruse et l’intelligence pour sa survie.



Le roman ménage des éclaircies de poésie dans un maelström de dureté et de privation. Avec l’ironie discrète d’un narrateur omniscient, J.G. Ballard, sait rendre particulièrement attachant son personnage, mélange d’ingénuité et de roublardise, pour faire de ce roman un grand moment de la littérature de guerre.

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Crash !

"Crash !" est un roman si particulier, si étrange, si dérangeant qu'il s'avère bien difficile de le chroniquer. D'ailleurs, je me demande encore quel était le but recherché par l'auteur et je ne suis pas franchement certain d'avoir saisi le fond de sa pensée. Bien sûr, on comprend qu'il s'y livre à une attaque en règle contre une société qui aliène et qui déshumanise. Un monde qui vous force à adopter une conduite essentiellement consumériste et vous oblige à vivre dans des espaces et des lieux dont la nature a été presque totalement bannie.

Tout le récit se déroule en effet dans une portion de banlieue complètement artificialisée : parkings aériens, voies rapides, échangeurs, hypermarchés, cités dortoirs, aéroport, les personnages semblent prisonniers de "ce nexus de béton et de structures d’acier". Ils ne sont plus eux-mêmes que des éléments quelconques de ce décor, s’effaçant derrière leurs véhicules auxquels ils finissent par s'identifier.

Suite de la chronique sur mon blog :
Lien : https://sfemoi.canalblog.com..
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La Vie et rien d'autre : Mémoires

Paru quelques mois avant sa mort en Grande-Bretagne, La Vie et rien d'autre se lit comme un roman. JG Ballard y livre des clefs résonnant étrangement avec son œuvre foisonnante dans laquelle l’horrible côtoie souvent l’indicible.

En vrac : Rêves humains conduisant au désastre programmé à coup de béton, de voitures, d’armes sophistiquées, de thérapies machiavéliques ; dérèglements climatiques, errances sociales, réalités transfigurées et artificielles, mensonges et tromperies.

Pour l’enfant élevé dans le cocon de la Concession Internationale de Shanghai, durant la guerre sino-japonaise, où « (…) un grand feu d’artifice célébrait l’ouverture d’une nouvelle boite de nuit, pendant que les voitures blindées de la police municipale s’enfonçaient dans la foule hurlante des émeutiers. » ; « Il ne se passait pas un trajet dans Shanghai (…) sans (qu’il ne soit) témoin de quelque chose d’étrange, de mystérieux, pourtant normal, à (ses) yeux. »

Le spectacle de la guerre est érigé en loisir dominical « (…) le dimanche après-midi quand nous allions visiter en compagnie de nos parents et de leurs amis les champs de bataille du sud et de l’ouest de Shanghai, tout juste rendus au calme (…) »

Le jeune James est attiré par les armes, l’autorité des soldats japonais et les symboles de la guerre « mais jamais on ne (lui) permit de garder ne serait-ce qu’une simple baïonnette »

Il joue dans une veille carcasse de chasseur chinois abandonné « (…) seul dans l’appareil mystérieux, quoique frappé à mort – rêve de vol préservé. »

A partir de 1941 (il a 11 ans) L’expérience du camp de Lunghua va forger la personnalité de James en l’extrayant de l’autorité parentale. La transgression permanente de cette autorité et de la morale qui en découle devient la règle « Mon père resta muet lorsque je lui montrai le combustible, mais il se doutait forcément que je l’avais volé dans l’entrepôt des cuisines. »

La fréquentation quotidienne de l’humiliation d’adultes, de scènes de tortures, enfin de la mort, fait partie de cette expérience.

C’est un James profondément bouleversé qui retrouve l’Angleterre et ses grands-parents chez lesquels il va vivre désormais « Jamais encore la vie ne m’avait conduit à explorer un abysse aussi profond, des kilomètres sous l’altitude zéro de la santé mentale. J’espère y avoir survécu, mais je n’en ai toujours pas la certitude absolue. »

Les années de collège et d’université qui suivent servent à mesurer l’écart séparant James de cette Grande-Bretagne sortie vainqueur de la guerre dont il se demande « (…) en quoi (sa) situation aurait pu être pire si elle avait perdu la guerre. » et il comprend « très vite que cette Angleterre en laquelle (son) éducation l’avait amené à croire (…) n’était qu’une illusion. »

A Cambridge il suit ses cours, mais se réfugie dès qu’il le peut au Cinéma des Arts, Carné, Arletty, Cécile Aubry, Max Ophüls, Clouzot, Cocteau, Maria Casarès, Wolfgang Staudte deviennent ses compagnons d’étude. Plus tard, il découvrira Freud et les surréalistes à une époque où « ils faisaient figure de plaisanterie éculée jusque dans les journaux les plus respectables. »

En choisissant la psychologie, il est « orienté » vers la médecine. « Près de soixante ans plus tard, je reste persuadé que mes deux ans d’anatomie comptèrent parmi les plus importants de ma vie et participèrent largement à la formation de mon imaginaire (…) un fonds imposant de métaphores anatomiques qui allaient s’insinuer dans toute mon œuvre… » (Cf Crash est tenté de répondre le lecteur.)





La dissection de cadavres le ramène inlassablement à l’horreur de la guerre dont il a été le témoin « je faisais l’autopsie de tous les Chinois abandonnés au bord de la route, sur le chemin de mon école, je menais une sorte d’enquête émotionnelle, voire morale… »

JG Ballard met sa plume d’écrivain reconnu et expérimenté, au service de ses mémoires en décrivant sans Pathos, à la manière d’un entomologiste, les différents épisodes de sa vie en précisant en quoi ils ont contribué à faire de lui l’homme (le père de famille) et le romancier pessimiste mais souvent visionnaire qu’il est devenu.

Un livre de références dont la lecture s’impose non seulement comme clé de l’œuvre de Ballard, mais comme témoignage cru et sans fard d’une période de l’histoire qui influence toujours notre histoire actuelle.



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Le Rêveur illimité

Une étonnante et remarquable incursion de mon auteur de SF favori dans un univers fantastique et onirique.





Blake, personnage peu recommandable, psychologiquement très instable, s'empare d'un Cessna, sans vraiment savoir piloter, et s'écrase dans un fleuve longeant la petite ville de Shepperton, dans la banlieue de Londres. Miraculeusement, après plus de 10 minutes passées sous l'eau, il s'échappe de l'appareil, mais quelque chose en lui a irrémédiablement changé. Au fil des pages, d'homme il va devenir dieu, ses rêves de nuées merveilleuses d'oiseaux, de métamorphoses animales, vont s'immiscer dans la réalité. Engendrant les miracles par dizaines, tour à tour mage, idole, dieu païen puis figure christique, il contamine la faune, la flore et jusqu'à la population.



Au-delà des superbes visions que fait naître Ballard dans ce texte, de ses évocations merveilleuses des règnes animaux et végétaux, et de sa progression à la logique délicieusement onirique, l'intérêt majeur est ici, selon moi, la façon dont l'auteur va jouer sur la frontière ténue séparant rêve, réalité, illusion ou délire. On sait dès les premières pages que Blake a passé trop de temps sous l'eau, qu'il est nécessairement mort. de là, plusieurs lectures du texte, toutes pertinentes, s'entrecroisent. le personnage, bloqué dans cette petite ville dont il lui est impossible, physiquement, de s'échapper, est-il au purgatoire ? Son nouveau statut de dieu est-il une vision née de son esprit malade au seuil de la mort, le personnage créant, en une fraction de seconde, tout un univers basé sur ses propres idéaux et obsessions (vol, élévation, rupture totale avec la vie terrestre, avec ses réalités tant pratiques que morales), à partir de ce qu'il a pu apercevoir de cette communauté depuis l'appareil en vol ? S'agit-il, plus simplement, d'une véritable transfiguration : le personnage, miraculeusement ressuscité, atteint-il un degré de conscience supérieur qu'il va partager avec les habitants en devenant, littéralement, leur dieu ? Petit à petit, Ballard fait accepter au lecteur, de la même façon que la population accepte Blake, les visions oniriques comme un état de fait. Et la question de savoir si Blake est vivant ou non, si ces visions sont réelles ou non, s'efface. Au-delà de la métamorphose de cette communauté, le miracle dont il est question ici est la métamorphose du personnage. Celui qui pouvait tuer sans remords devient capable d'abandonner sa propre vie pour les autres sans regret. Que cela se produise dans une chronologie réelle, ou soit le fruit d'une vision idéale née au seuil de la mort, le sujet demeure la rédemption.



Le Rêveur illimité n'est pas à percevoir comme un îlot isolé dans l'oeuvre de l'auteur, qui ne s'y départ pas complètement de ses thématiques récurrentes. Il est aisé de dresser un parallèle entre le présent roman et IGH, ou encore La Course au paradis. Dans tous ces ouvrages Ballard créé une communauté, que celle-ci soit utopique ou dystopique, qui va se couper des règles admises par la société, et redéfinir, avec un nouveau mode de fonctionnement, un nouvel ordre moral. Ballard se base à chaque fois sur des idéaux différents qu'il s'amuse à pousser jusqu'à leur plus extrêmes limites. IGH, idéal technologique de modernité, de concision : une tour où il y a tout, de l'école au supermarché, fait naître une communauté autarcique jusqu'au cannibalisme ; l'île déserte de la Course au paradis, paradis naturel, suscite l'apparition d'une communauté écolo puis d'une forme extrême de matriarcat ; quant au Rêveur illimité, paru en 1979, il reprend des idéaux des années 60-70 : création d'une communauté isolée du monde, promiscuité, absence de tabous liés à la sexualité, communion avec la nature… La différence majeure est qu'il est plus malaisé de faire entrer ce roman dans la case dystopie. Pourtant, entre les lignes, il reste possible d'y voir une critique acerbe. La facilité avec laquelle la petite communauté de Shepperton embrasse la religion de ce dieu païen au passé trouble n'est-elle pas, en filigrane, une façon pour l'auteur de critiquer l'idolâtrie et la versatilité des foules ?



La lecture du Rêveur illimité est une expérience étrange, une recherche permanente du second degré, de la réponse à cette question qui à chaque page nous taraude : rêve, ou réalité ? La focalisation interne et la narration à la première personne nous égarent au point qu'on finit par perdre de vue cette interrogation. On accepte, comme les personnages du roman, de nouvelles règles, et avec elles de nouveaux critères moraux. Seule compte la métamorphose du protagoniste et son récit, celui d'un idéal.


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Empire du Soleil

Au lendemain de l'attaque de Pearl Harbor, les japonnais durcissent leur occupation de la Chine (ayant débutée en 1937) et parquent les populations européennes dans des camps de prisonniers.

Né à Shangai, Ballard a vécu dans l'un de ces camps, de 1942 jusqu'au la fin de la guerre, expérience traumatisante dont il tirera son chef d'œuvre non fictionnel, Empire du Soleil.

Jeune adolescent séparé de ses parents, "Jim" va faire preuve d'une grande débrouillardise pour survivre dans cet environnement insalubre où sévissent les maladies, la malnutrition et les mauvais traitements.

Ce qui frappe le plus à la lecture, c'est que le jeune homme s'est parfaitement adapté à sa nouvelle condition et semble même l'apprécier à certains moments. Les soldats japonnais font son admiration alors qu'il nourrit un profond mépris pour ses compatriotes britanniques, campés comme des personnages peureux, égoïstes et dénués de toute solidarité. Les alliances qui se créent dans le camp sont toujours intéressées et peuvent se défaire aussi rapidement qu'elles se sont tissées. Du reste, les événements sont décrits avec une certaine froideur, Jim est témoin de plusieurs morts violentes sans que cela ne semble le choquer plus que ça.

S'il est non fictionnel, Empire du Soleil est un récit biographique, plus qu'autobiographique. Le garçon dont Ballard nous raconte les aventures est en effet un jeune homme interné au même camp que lui, Ballard n'ayant pas été séparé de ses parents. Mais on peut supposer que ces derniers ne lui ont pas été d'un grand secours quand on voit la place réservée aux adultes, et notamment aux hommes, dans le bouquin.

Empire du soleil est également une clé pour comprendre l'univers ballardien, sa détestation des anglais et de la société de consommation. Lui qui a vécu en se nourrissant d'une patate douce par jour pendant 3 ans était logiquement ulcéré par les centres commerciaux, leur abondance de victuailles et de biens inutiles. Il ne pouvait comprendre la vie pavillonnaire inspirée du modèle US, où la préoccupation principales des habitants et d'acquérir la dernière machine à laver. Il prédisait une révolte des banlieues face à la vacuité culturelle de ce mode de vie (millenium people ; que notre règne arrive). On retrouve également une sorte de fascination pour la crasse et les bas instincts de l'homme en situation de précarité (IGH, l'île de béton) comme si ce n'est qu'une fois dépouillé de tous ses attributs sociaux que l'être humain peut retrouver la pleine jouissance de sa nature.
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Crash !

Lecture à peine finie. j'avais vu le film de Cronenberg (réalisateur que j'adore) il y a quelques années.



J'ai beaucoup aimé le film, j'ai énormément aimé le livre.

Etant particulièrement fan des récits traitant des déviances psychologiques, souvent générées par des traumatismes on peut dire qu'avant même de commencer j'étais un client adapté à ce type d'histoire.



C'est brut, direct, cru par moments, il ne faut pas le nier et il faut même prévenir que la part de glauque peut vraiment décontenancer un lecteur qui ne serait pas informé. J'ai un peu pensé à du Burroughs dans la description des personnages et ce style si direct et acéré de l'écriture.

Il demeure une violence, une lourdeur brutale dans le récit, je n'ai jamais été à l'aise mais je n'ai pu m'empêcher de lire, comme justement cette sorte de curiosité un peu malsaine que je n'ai pourtant pas habituellement mais qui pousse les automobilistes à s'arrêter pour regarder l'accident.



Cela pousse à la réflexion sur les causes qui nous déterminent suite à un choc, les modifications de nos comportements, de nos envies. j'ai beaucoup beaucoup aimé.

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Sécheresse

Un titre apocalyptique traitant le dérèglement climatique, voilà quelque chose qui m'intéressait. D'ailleurs, ce sujet l'avait inspiré puisqu'il avait écrit d'autres livres comme Le monde engloutit ou encore Le vent de nulle part. Sécheresse fut parut en 1965 sous le titre original de The drought.



Depuis près de Trois mois, la chaleur s'est installée. Plus aucune précipitation, c'est le début d'une longue sécheresse. Les cours d'eau diminuent. Ramson est un médecin qui vit auprès d'un lac. Alors que tout le monde quitte l'endroit qui devient de plus en plus désertique, le docteur décide de rester, mais pour combien de temps.



Alors là, je suis passé complètement à côté du livre. Je n'ai jamais pu rentrer dans l'histoire. D'ailleurs, je trouve que c'est plat et qu'il ne se passe pas grand chose. Il y a un personnage, un despote locale, qui se prend pour Néron. C'est ce qui provoqua le départ du docteur. En fait, ce terme m'avais mit l'eau à la bouche (ah ah ! Sécheresse, eau), je m'étais imaginé tout un tas de truc. L'auteur, lui, à visiblement eu une autre vision. Je trouve dommageable que le survivalisme ne soit pas plus développé sans oublié la chaleur. L'écrivain parle de la quête du liquide salvateur, mais fait abstraction du soleil brûlant omniprésent. En gros, je me suis bien ennuyé. Heureusement que le récit est court.
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Le livre d'or de la science-fiction : J.G. ..

14 nouvelles de 1960 à 1968 présentées par Robert Loui: Ballard est ,pour moi, un grand écrivain (de SF ou autre) ,créateur d’images fascinantes et crépusculaires comme le prouvent les textes qui suivent. « L'Homme subliminal » (1963) Remarquable dystopie sur une société d’ultra consommation. « L'Homme saturé » (1961) Un couple se délite . Etrange et pas SF « Treize pour le Centaure » (1962) Une histoire dickienne de manipulation d’un groupe par une réalité truquée. Très bon.« Chronopolis » (1960) Dystopie .Dictature portant sur la maîtrise du temps .Peu clair. « Fin de partie » (1963) Huis-clos étouffant entre un condamné et son bourreau. Peu SF mais réussi « Demain, dans un million d'années » (1966) Féminicide dans un contexte de space opera .Etrange et beau . « Le Jour de toujours » (1966) Etrange histoire sur une Terre qui ne tourne plus . Très beau et onirique .« Un assassin très comme il faut » (1961) Paradoxe temporel classique et bien mené « Le Vinci disparu » (1964) Un jeu sur l’histoire de la peinture et une légende religieuse . Plus du fantastique que de la SF. « Perte de temps » (1956) Variante sur « Le jour de la marmotte » « Le Géant noyé » (1964) Fable noire et ultraréaliste sur notre espèce destructrice « La Cage de sable » (1962) Superbe et mélancolique adieu à la conquête spatiale dans les ruines contaminées de Cap Canaveral« Les Statues qui chantent »( 1962) Art ,argent et folie . Une évocation à la « Sunset Boulevard » « Amour et napalm : export U.S.A. » (1968) De la guerre et ses images comme produit médiatique .Féroce et d’actualité . Un recueil de haut niveau.
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Sauvagerie

Un massacre a été commis dans un lotissement hyper sécurisé de la banlieue de Londres. Tous les adultes sont morts, et leurs enfants ont disparu. Pas de traces, pas de demande de rançon. Les hypothèses les plus farfules sont avancées. La vérité sera plus "farfelue" encore...

A trop surveiller, on risque le pire semble nous dire ce très court texte, presque une nouvelle. C'est efficace, sans fioriture, sans défaut. Et ça donne un grand coup au coeur et à la raison.
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Sécheresse

A cause d'une couche de déchets industriels déversés dans les océans pendant les 50 années préalables, une membrane résistante empêche l'évaporation des eaux. Il n'en faut pas davantage pour modifier le cycle de l'eau, déséquilibrer les éléments et déclencher une irrémédiable réaction en chaîne de désertification du globe : un châtiment de la mer qui frappe par la simplicité de sa justice !





De tout temps, le fleuve de Mount Royal a façonné les relations entre riverains. Son assèchement progressif modifie en conséquence les interactions humaines. Protégé volontaire du monde extérieur, le Dr Richard Ransom a trouvé à travers sa vie dans sa maison-bateau - décorée d'une reproduction lourde de sens d'un tableau de Yves Tanguy intitulée « Les jours de lenteur » - une zone d'identité dans l'espace et le temps. Il vit la mutation climatique non seulement comme un échec de l'environnement mais aussi comme un échec personnel. Il perd ses repères de yachtman solitaire, et comme le plus grand nombre des rares survivants, poussé par la soif, entame un exode vers la mer, où il espère trouver de l'eau. Alors que tout se dessèche, paysages, sentiments, considération humanitaire, souvenirs, entraînant la déshydratation végétale, animale, humaine et la famine, il prend la route avec quelques compagnons d'infortune, sommés de subir un accommodement avec leur avenir.





Mais que trouveront-ils au terme de leur ruée « générasienne », puisque « Le rivage n'est pas plus grand qu'il n'est » ?





Sécheresse est un roman qui m'a soufflée à plus d'un titre. Ecrit en 1964, alors que le 6ème continent n'en est qu'à ses balbutiements délétères, j'ai été fascinée par le talent visionnaire de James Graham Ballard qui décrit avec justesse chaque conséquence induite par la disparition progressive de l'eau. Curieusement, le roman ne délivre pas de message écologiste, sans doute parce qu'il y a six décennies, l'humanité n'était pas encore consciente de sa course vers sa perte. Mais remis dans le contexte actuel de nos connaissances, et de catastrophes météorologiques, il frappe par son actualité effrayante. Les personnages sont comme figés, résignés, persuadés que l'aridité engendrée par la vengeance des océans est passagère, et qu'il suffit de s'adapter durant la période aigüe de dessiccation.





Au cours de cette lecture, j'ai été spécialement sensible aux qualités stylistiques de l'auteur. Il compose une atmosphère épaisse dans laquelle planent des menaces parfois imprécises en dépit de leur origine commune. Il met en parallèle le cheminement des routards et leur cheminement intérieur, s'attachant à débusquer leurs changements internes et à décrire toutes les formes de vides ; il annihile le temps, le rend immobile. Le récit, lent, quasi-hypnotique est émaillé de références mythologiques et bibliques, qui rappellent l'histoire de l'humanité comme pour mieux appuyer sur sa disparition. Il ne faut pas pour autant chercher dans le récit (à mon avis) de connotation religieuse ; d'ailleurs le personnage principal est un homme de science, médecin. J'ai apprécié le vocabulaire spécialisé, notamment la terminologie marine faite de skiff, dinghy, bateau-maison, steamer, gabare, vapeur fluvial, péniche et autre drague. Vivant à quelques kilomètres de la Méditerranée et de la Camargue et de ses canaux, que n'ai-je jusqu'à présent remarqué toutes ces nuances batelières ? Au final, une découverte littéraire passionnante, que je vais rapidement compléter par d'autres titres.





« C'est une époque intéressante... rien ne bouge, mais tant de choses se passent ».

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Sauvagerie

Je ne m'étendrai pas car je n'ai pas grand chose (de bien) à en dire. Tout d'abord je n'ai jamais vu une édition aussi catastrophique. L'écriture est fonctionnelle, les caractères sont ENORMES et donnent l'impression de lire un Martine à la plage. Pour masquer la longueur du texte et éviter de le trouver au rayon nouvelles ? Sur le fond, l'intrigue minimaliste annonce une fin grosse comme une maison. J'ai regardé autour de moi, il n'y avait pas de camera cachée. Et en ce qui concerne la "réflexion sur une société ultra-securitaire" (et pretentieux en plus ! ), il n'est pas dur de trouver un ouvrage plus inspiré. Mais j'en ai déjà trop dit...
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Crash !

Une descente jusqu’au boutiste des fantasmes de violences automobiles dans la fétichisation de l’accident. Des corps et du métal, de la tôle et des plaies, du sexe et des fluides divers



Un livre absolu. Mais finalement, j’ai quand même trouvé ça un peu lassant, comme un exercice de style à l’exécution parfaite
Lien : https://www.noid.ch/crash/
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L'île de béton

Après Crash ! (1973) la trilogie de béton se poursuit avec ce deuxième opus, l'île de béton (1974), Concrete island en VO.



Suite à un accident de voiture, Maitland se retrouve prisonnier d'un terrain vague, une "île" coincée entre deux bretelles d'autoroutes. Blessé, il est incapable de remonter les immenses remblais de terre gluante qui le séparent de la circulation. Là haut, les automobilistes n'ont pas un regard pour lui, occupés à foncer vers leurs tours de verre, dans leurs véhicules d'acier. Robinson moderne, Maitland doit alors dompter son nouvel environnement, loin du tumulte de la ville.



L'île de béton, c'est ce terrain vague que l'on trouve dans à peu près toutes les villes. Ce no mans land sur lequel l'Homme a renoncé à exercer son activité. On y trouve des déchets en tout genre : emballages plastiques, décharge sauvage de gravats, de machine à laver ou de poubelles huileuses de restaurants ; ces objets vomis depuis la route par la civilisation capitaliste. Un abri idéal pour vagabonds et marginaux, qui à défaut de participer à la vie de la société, se nourrissent de ses restes.



Ballard présente une nouvelle fois sa vision pessimiste de la société de consommation, cauchemar éveillé dont les humains sont à la fois les acteurs et les victimes. Un très bon roman.



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