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Critiques de James Graham Ballard (219)
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Crash !

Les accidents de la route déclenchent un énorme potentiel sexuel sur le protagoniste. En fait, il n'y a que ça qui l'excite. L'idée de basse est originale, quoique totalement tordue même s'il doit exister des gens ainsi. Pour ma part, j'ai arrêté la lecture, car le thème ne m'emballait pas du tout. Vitesse/ Blessures/ érotisme ne sont pas ma tasse de thé.
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Sauvagerie

Ecrit il y a un peu plus de 30 ans, cette novella implacable reste complètement d'actualité aujourd'hui.

Ballard dénonce l'ultra sécurisation et donne à voir la tombée dans la folie et la barbarie - j'ai retrouvé quelques similitudes avec High-rise, et cette espèce de jouissance à faire tomber les élites dans les failles de leur propre système.

J'ai déploré que le "dénouement" soit en réalité facilement devinable, même si je conçois que le but n'était pas de surprendre le lecteur. L'histoire laisse songeur, et aurait peut-être pu être étoffée - quoique, ce format n'en est que plus percutant ! Bref, un petit ouvrage qui surprend par sa modernité presque prophétique, et qui nous reste en tête lorsque la dernière page est tournée.

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Empire du Soleil

Empire of the sun

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La Trilogie de béton : Crash - L'Île de béton - ..

J'avais très envie de lire "La trilogie de béton", et je reconnais l'avoir laissée quelques mois dans ma bibliothèque avant de l'entamer, comme un cadeau qu'on garderait emballé pour retarder le plaisir de la surprise à venir.

Le premier roman de la trilogie est "Crash", et quelle déception !

Je n'ai compris ni le choix du sujet, ni le style. Je me suis sentie tout à fait assommée par une suite de mots d'un vocabulaire (particulièrement celui de la mécanique) qui ne me parle absolument pas, par des phrases longues et parfois abstraites, et surtout par une thématique que je n'ai pas réussi à approcher, ni de près ni de loin- peut-être un peu trop violente pour moi.

Je ne peux donc pas m'étaler davantage sur un roman dont je n'ai lu qu'une quarantaine de pages, je suis simplement surprise de savoir que tant de gens autour de moi ont vu (et apprécié) son adaptation cinématographique.

Peut-être suis-je passée à côté..?



Toujours est-il que je suis passé au second roman, "L'île de béton".

C'est le genre de récit que j'aime : quelque chose d'assez terre à terre finalement, mais qui comporte un subtil côté absurde.

Une histoire qui ne s'embarrasse pas de futilités ou d'un contexte trop lourd, qui dit les choses telles que le héros les subit. Avec lui on découvre cet environnement improbable dans lequel il est amené à évoluer, et avec lui on s'étonne, on s'agace et on jubile.

Coincé en contrebas d'échangeurs d'autoroute, là où mille personnes passent chaque jour mais où personne ne s'arrête jamais, notre Robinson moderne explore un espace atypique et plein de surprises, bonnes ou mauvaises.

Comme dans tout "naufrage", le sens des priorités se voit modifié, l'essentiel devient futile, et on trouve même une fonction à l'inutile.

Entre ruses, désespoir, frustration et folie, Robert Maitland cherche à s'évader. Mais finalement, est-ce cela qu'il désire vraiment ?



J'ai terminé la trilogie avec "I.G.H."

Si cela m'a semblé déroutant au départ, j'ai finalement aimé l'idée de suivre trois protagonistes différents, et le fait de passer de l'un à l'autre donne une dynamique intéressante au récit, en plus de permettre une variation dans les points de vue.

Cette plongée au cœur d'un immeuble de quarante étages, pensé et érigé pour être une sorte de représentation miniature de la société, nous livre de prime abord l'image d'un microcosme presque idyllique.

Mais cette civilisation auto-suffisante et organisée par castes est rapidement confrontée aux limites et aux dangers que ce type de projet représente.

Ainsi, chacun voit ses ambitions et son mode de vie se transformer, jusqu'à en devenir primaires. Se nourrir, protéger les siens, chasser, se défendre et bientôt survivre deviennent les objectifs des habitants de la tour.

Un roman quelque peu dérangeant qui, bien sûr, nous pousse à nous demander jusqu'à quel point nous aurions eu, nous-mêmes, la force et le courage de résister… Et de rester.

L'instinct remplace les bonnes manières, et chacun livre son propre combat contre ceux (ou ce) ce qu'il considère comme ses ennemis.

Quelques longueurs cela dit, qui contrastent avec un dénouement que je qualifierais d'expéditif et de relativement attendu.

En conclusion, je dirais que, si cette trilogie a été écrite sur une période courte de trois années consécutives, on y trouve des contenus (tant dans le fond que dans la forme) radicalement différents, qui s'apprécient à des niveaux variables.

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Sauvagerie

Grinçant dans l,histoire Fluide sans l,écriture. Déjà lu 2 fois avec autant de plaisir
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Le monde englouti

J'aime beaucoup la SF. Le résumé de cette oeuvre m'attirait beaucoup, mais je n'ai pas pu dépasser la page 78. Je n'ai jamais réussi à entrer dans l'ambiance, à "vivre" dans ce monde.
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Le jour de la création

Critique de la réédition chez Tristram, 2017.



ENCORE PLUS DE BALLARD



Bis : l’excellent éditeur Tristram approfondit encore son catalogue ballardien, déjà conséquent, et comprenant nombre de merveilles – au premier chef l’intégrale des nouvelles en trois tomes, Vermilion Sands, La Foire aux atrocités, etc. Nouveaux titres dans la collection « Souple », donc : deux romans qui avaient déjà été édités en français, il y a quelque temps de cela certes, et qui m’étaient jusqu’alors passés sous le nez, Le Rêveur illimité et Le Jour de la création.



C’est cette fois le second qui nous intéresse, un roman datant de 1987, soit après que le succès d'Empire du soleil et de son adaptation par Steven Spielberg a permis de populariser l’auteur, dès lors moins cantonné que jamais dans son registre originel science-fictif – qui, cela dit, faisait de toute façon hausser des sourcils dans le fandom, et la publication de la « trilogie de béton » et de La Foire aux atrocités avait sans doute déjà démontré que le grand Ballard ne connaissait pas de limites.



Le Jour de la création, dans ce contexte, est un roman assez étrange – et en même temps typiquement ballardien. Riche d’échos à des œuvres antérieures de l’auteur autant qu’à des classiques signés par d’autres plumes (j’y reviendrai dans les deux cas), il sonne tantôt comme du concentré des obsessions de l’auteur, tantôt comme une quasi-parodie – même si, au fond, cette seconde dimension peut être une conséquence de la première. C’est aussi, étrangement, le « roman d’aventures » que décrit la quatrième de couverture, oui – on se contentera d’omettre l’adjectif « pur » qui y est associé. C’est un roman souvent fascinant, mais parfois un brin agaçant aussi. Pertinent de manière générale, mais avec plus ou moins de subtilité.



En fait, ai-je l’impression, comme Le Rêveur illimité justement, c’est un titre un peu bancal dans la bibliographie de l’auteur, disons même « mineur ». Ceci étant, un Ballard mineur vaut intrinsèquement mieux que 98 % des parutions littéraires, j’imagine...



LA SOIF DU MAL



Nous sommes en Afrique centrale, dans une région indécise car fantasmée – entre le Sahel et les débris de l’Afrique Équatoriale Française, le Tchad et le Soudan sont proches. Mallory est un médecin, envoyé par l’OMS à Port-la-Nouvelle, au bord du lac Kotto asséché, pour y tenir un dispensaire – entreprise absurde, car la guerre qui ravage la région, opposant très concrètement le général rebelle Harare et le capitaine Kagwa de la « gendarmerie » locale (aux ambitions de seigneur de guerre pas moins marquées, on en a tôt la certitude – et sa Mercedes adorée en est le plus pathétique des présages), cette guerre donc a fait fuir les non-belligérants. Le bon docteur recoud bien des hommes des deux camps, mais sa situation est des plus précaire : il pourrait très bien être abattu sur un coup de sang, qu'importe de qui – c’est d’ailleurs ce qui lui arrive au tout début du roman, quand nous le voyons mis en joue par une enfant-soldat… Un écho justement du Rêveur illimité, qui pourrait au-delà renvoyer également à Dick ou même à Bierce ? Mais admettons qu’il survive : c’est après tout ce que nous dit le roman…



En dehors des hommes de Kagwa et Harare, la faune locale (non autochtone…) est assez limitée, mais pas inexistante : il y a cette Nora Warrender, triste veuve victime de viol, et dont les raisons de rester sur place, dans cet enfer, sont problématiques. Il y a aussi une équipe de tournage, emmenée par Sanger, un ex-scientifique qui a décidé de faire davantage de sous en tournant des documentaires guère scientifiques, au point d’avoir perdu toute crédibilité auprès des chaînes de télévision occidentales ; déjà has-been, le bonhomme, qui travaille maintenant pour les chaînes câblées japonaises, semble persuadé de ce que le cadre déprimant du lac Kotto pourrait fournir le prétexte à un bon film – ses associés, Mr Pal l’Indien érudit et la très professionnelle photographe et camerawoman Ms Matsuoka, y travaillent. Et ça dépasse complètement Mallory.



Celui-ci, en fait de médecin, a surtout des ambitions relevant de l’ingénierie écologique : son grand projet, c’est de trouver un moyen d’alimenter la région en eau – car le Sahara avance. Une marotte comme une autre… Un rêve qui n’a aucune chance de se réaliser. Mallory le sait bien, et, après avoir réchappé à son exécution, il accède enfin aux injonctions de Kagwa, qui l’incite depuis un bon moment déjà à plier bagage. Mais c’est précisément à ce moment qu’un très improbable « accident » change la donne : un bulldozer, sur ses indications, arrache une vieille souche… et l’eau jaillit. Une réserve bien vite épuisée ? Forcément… Sauf que c’est un véritable fleuve qui apparaît ainsi – un monstre s’étendant sur des kilomètres, et très large : un nouveau Nil pour un continent qui en a bien besoin – un miracle à même de refleurir le désert. Bien plus que ce que le docteur souhaitait ?



Mais voilà : c’est une compulsion de l’homme découvrant un fleuve, il lui faut remonter à sa source. Le Dr Mallory y échappe d’autant moins que, pendant sa convalescence, Sanger a officiellement baptisé le fleuve... Mallory. Rien d’étonnant, dès lors, à ce qu’il s’identifie au fleuve – ce qui va bien plus loin qu’une appropriation. Mallory veut trouver la source du Mallory, oui – pour le détruire ; car c’est en son pouvoir, et c’est finalement une conséquence inévitable de la tendance du médecin à reporter sur son environnement la passion de l’autodestruction. D’autant, avouons-le, qu’il n’est guère aimable : lui-même nous éclaire sur les tendances foncièrement misanthropes de ses semblables, les si généreux médecins au service d’œuvres caritatives… Mais il est vrai que les autres protagonistes du roman ne sont guère plus sympathiques.



Ce que nous aurons bientôt l’occasion de constater, quand, suite à un acte de piraterie bien hardi, Mallory se met donc à remonter le fleuve à bord du vieux ferry Salammbô ; mais pas seul, car il est accompagné par la gamine de douze ans qui a failli l’abattre – cette « Noon » en qui il voit un esprit du fleuve, son fleuve, et en même temps une femme en puissance mais d’autant plus désirable qu’il y a encore en elle de l’enfant, même enfant-soldat…



Et, à leurs trousses, tous ceux qui, dans la région, entendent tirer partir du miracle fluvial – c’est-à-dire absolument tout le monde. Au point, s’il le faut, du massacre généralisé.



APOCALYPSE LOLITA...



Le Jour de la création est un roman sous influence, et qui ne s’en cache certainement pas. Sans doute cela fait-il partie de l’essence même du projet.



Bien sûr, il emprunte à nombre d’histoires reposant sur le topos du fleuve que l’on remonte – et elles sont innombrables. Bien sûr aussi, contexte africain oblige, et tout autant les considérations métaphysiques et éthiques qui s’y mêlent, la référence-clef est probablement Au Cœur des ténèbres, de Joseph Conrad – avec un Mallory qui serait tout à la fois Marlow et Kurtz. Peut-être cependant faut-il tordre quelque peu cette référence ? Car la dimension guerrière du récit peut tout autant évoquer la variation sur le même roman qu’est Apocalypse Now ; j’y suis d’autant plus incité que, via Sanger et son équipe de tournage, la technologie moderne, ici, porteuse de récits, est essentiellement envisagée au travers du petit écran, sinon du grand…



En fait, les références littéraires comme filmiques qu’évoque sans peine Le Jour de la création ont aussi pour fonction de produire une Afrique noire parfaitement fantasmée, et certes pas épargnée par les clichés du « temps béni des colonies » (Michel, franchement, ta gueule) ; délibérément bien sûr, et Noon apprenant l’anglais en se repassant sans cesse les mêmes cassettes d’initiation à la sociologie post-coloniale, entre deux visionnages de vieilles tarzaneries, y offre un très ironique contrepoint – tandis que le « Dr Mal », comme elle l’appelle, incarne à son tour ces diverses manières de s’accaparer l’Afrique, et pas seulement sa représentation mythique.



Noon, justement, tire en même temps le roman vers d'autres références non moins marquées : l'attirance clairement pédophile de Mallory pour la gamine de douze ans (même et peut-être justement parce qu'elle a un flingue) n'est pas l'aspect le moins déconcertant du roman, et ne rend pas exactement le personnage du forcément bon docteur plus sympathique ; dans sa fascination pour la fillette, qui le rend parfois lyrique, le docteur est d'une perversion fleurie et au-delà de la simple suspicion, qui en fait un émule colonial d'Humbert Humbert dans le Lolita de Nabokov (probablement bien davantage, cette fois, que celui de l'adaptation par Stanley Kubrick).



… ET AUTRES RÉMINISCENCES



Mais Ballard, dans Le Jour de la création, ne se contente pas de revisiter et mélanger ces nombreuses références qui lui sont extérieures. C’est aussi, pour lui, l’occasion de produire des variations, plus ou moins ironiques, sur nombre de ses œuvres antérieures. Dans certains cas, cela ne fait pas le moindre doute : l’apocalypse de/du Mallory renvoie presque explicitement à deux des quatre apocalypses originelles de Ballard, celles que je préfère d’ailleurs, Le Monde englouti et La Forêt de cristal. On peut être tenté d’y adjoindre, sur un mode sans doute davantage mineur, Salut l’Amérique ! Dans un autre registre, je tends à croire que la vision particulièrement désenchantée, non, carrément misanthrope et génocidaire des relations humaines autour du fleuve peut être envisagée comme un écho de la guerre civile verticale qui prend place dans l’I.G.H., tandis que la mégalomanie divine d’un héros par ailleurs si détestable ne manque bien sûr pas d’évoquer, réédition concomitante, Le Rêveur illimité.



Le Jour de la création peut aussi être vu comme anticipant quelques titres de l’œuvre ultérieure de l’auteur : ainsi de Sauvagerie, même si ce court roman aux implications terribles initie surtout le pan tardif de l’œuvre ballardienne, avec ses variations sur la Riviera psychopathe ; je serais tenté de mentionner également et peut-être avant tout La Course au paradis, avec ces mêmes Occidentaux déboulant à l’autre bout du monde en débordant des meilleures intentions, mais dont l’action produira presque nécessairement un cauchemar dystopique.



Et là, je m’en tiens aux romans, donc.



Une approche pas inintéressante, mais pas non plus sans inconvénients – dont le principal est probablement le risque de l’auto-parodie. Sans doute l’auteur en était-il très conscient, et d’autant plus désireux de manier l’ironie, mais le lecteur n’en est que davantage porté à la comparaison, et pas forcément en la faveur du Jour de la création. Un roman qui, pourtant, produit assurément des images fortes, typiques de la plume de l’auteur – simplement, « trop typiques », peut-être.



MR SELF-DESTRUCT



Je crois cependant que le principal atout de ce roman, qui n’en manque pas, ne me faites pas dire ce que je n’ai pas dit, réside dans son personnage principal et narrateur, le Dr Mallory. Je ne garantis pas que l’œuvre ballardienne soit si riche que cela en personnages véritablement positifs, mais Mal figure peut-être parmi les plus négatifs.



Cependant, le juger sur le plan moral ne fait pas forcément sens. Sa mégalomanie qui tend vers l’homicide, son arrogance, et bien sûr son attirance (coupable ?) pour Noon empêchent de voir en lui un « héros », mais, comme d’ailleurs dans Le Monde englouti surtout, si je ne m’abuse, le personnage opère d’une certaine manière une transsubstantiation qui rend inaccessible ce démiurge jaloux aux remontrances humaines.



Mais il y a peut-être autre chose qui sauve paradoxalement le Dr Mal – et c’est sa fragilité mentale. Sa quasi-fanfaronnade sur les médecins misanthropes ne dissimule rien du trouble autrement essentiel qui le caractérise : une pulsion autodestructrice de tous les instants. Certes, aux yeux extérieurs du lecteur, le mauvais docteur reporte ainsi sur son environnement ce désir de mort, et, à mesure que les pages défilent, toujours plus dégoulinantes de sang, le tueur de fleuve échappe à toute possibilité de rédemption. Mais lui-même n’est tout simplement pas en mesure de percevoir les choses ainsi : il est le fleuve – dès lors, tuer le fleuve revient à se tuer lui-même (l’inverse n’est peut-être pas aussi vrai ?), et, en tant que tel, Mallory, homme et fleuve, incarne une liberté individuelle poussée à l’extrême, dont la condamnation demeure possible, mais non sans circonvolutions argumentaires malaisées… Mallory suicidaire peut, dans une égale mesure, susciter le dégoût et la compassion, le mépris et l’admiration. C’est un personnage qui me paraît très réussi – tantôt bigger than life, tantôt si humain, très riche en tout cas au-delà de sa seule fonction narrative.



Enfin, le discours pour le moins confus de cet homme qui tire argument de ce qu’il a créé un fleuve pour en déduire la légitimité de son entreprise visant à le détruire, affecte le lecteur, voire le convainc – même dans la douleur. J’imagine qu’on peut ainsi voir en lui une métaphore de l’écrivain revenant sur son œuvre – en général, ou de Ballard lui-même très précisément : le jeu des références n’en est que davantage justifié.



DIEU S’EST REPOSÉ LE SEPTIÈME JOUR POUR VISIONNER LES RUSHES



Ceci ressort également d’une autre dimension du roman, proche, mais probablement moins subtile : la critique des médias, ou peut-être plus exactement et même sereinement du rapport à l’image, qu’autorise l’entreprise documentaire passablement cynique conduite par Sanger. Lui non plus n’est pas exactement un personnage aimable… et pourtant, en certaines occasions, on ne peut s’empêcher de l’aimer. Son discours n’est sans doute pas moins confus que celui de Mallory (son sujet ?), mais l’idée que tout n’est que récit a son importance.



La métaphore est peut-être parfois trop lourde, sa pertinence peut être questionnée à plusieurs reprises, mais elle offre au bateleur quelques occasions de briller avec sa verve d’entertainer ; en tant que telle, cette faconde savamment orientée poursuit la métaphore initiale de la création littéraire, avec le biais utile de la mise en scène : un documentaire ne saurait après tout être objectif, et poser sa caméra ici plutôt que là est déjà un choix, littéralement l’imposition d’un point de vue – mais le récit conscient ne vient peut-être qu’après ? Sanger a son moment de triomphe, quand il assène à un Mallory sceptique cette ultime vérité : « Dieu s’est reposé le septième jour pour visionner les rushes. »



Le déroulé du roman vient-il confirmer ou infirmer cet aphorisme ? À vrai dire, je n’en suis pas bien sûr… Il y a ici une ambiguïté, mais je la suppose bienvenue.



UNE SOURCE TROP LOIN ?



Le Jour de la création débute magnifiquement bien. Dans ses premiers chapitres, habilement colorés, générateurs d’images fortes à foison, et empreints d’une certaine pesanteur léthargique, comme une variation inquiétante et morbide de Vermilion Sands, je tends à croire que le roman se hisse au niveau des meilleures productions de l’auteur – ce qui n’est pas peu dire.



Cette impression, toutefois, ne se vérifie pas sur la durée. En fait, à cet égard, Le Jour de la création m’a en gros fait le même effet… que Le Rêveur illimité, ça tombe bien. Le début est très bon, mais le format est trop long à mon goût, et, passé un certain temps, on patine un peu, au fil de séquences bien trop répétitives.



Dit comme ça, oui, ça ne fait pas forcément envie… Mais je ne prétends pas que c’est un mauvais roman, loin de là. En fait, il est même plutôt bon – simplement moins bon que nombre d’autres romans de Ballard, et on ne saurait faire l’impasse sur ce critère violemment discriminant ; d’autant que, d’une certaine manière, le roman lui-même nous incite à faire cette comparaison. Ceci étant, même de la sorte, il m’a davantage parlé que Le Rêveur illimité, justement – ou que Salut l’Amérique !, et encore quelques autres.



Signé par tout autre que Ballard, Le Jour de la création aurait été plus que recommandable. Alors on y revient : un Ballard mineur vaut intrinsèquement mieux que 98 % des parutions littéraires. Dont acte.
Lien : http://nebalestuncon.over-bl..
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Le monde englouti

Première œuvre de J.G Ballard que j’entreprends de lire, le thème ayant largement contribué à guider ma main dans le choix du livre puis sa lecture, puisque grand fan des récits post-apocalyptique et fantaisiste.



Le récit est bien écrit, l'univers est riche, approfondi et on apprécie l'onirisme des paysages. Kerans, torturé par ses rêves est littéralement absorbé de la tête aux pieds par le retour de mère Nature. ici le monde chaotique de demain n'est pas vide de vie comme on peut en avoir finalement l'habitude, il n'en est que "trop-plein".

Mais voilà, personnellement je ne suis pas parvenu à m'intéresser aux personnages, à ce que devient leur monde. Le récit laisse une telle part à la description qu'il en oublie de laisser vivre ses personnages qui font figures d'aventuriers sclérosés et dormants. Ces derniers sont froids, d'un stoïcisme proche de l'apnée, cette passivité face à la destruction a quelque chose de poétique mais cela ne m'a pas suffisamment nourri au cours de ma lecture. Si le livre a des qualités, je ne le recommanderais pas à tout le monde, il faut pouvoir encaisser ce voyage à l'arrêt vers un monde qui tourne au passé.
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Que notre règne arrive

Le père de Richard est tué dans le centre commercial Metro-Centre. Le fils vient alors sur les traces de ce père qu'il a peu connu et se rend compte des tendances fascistes de celui-ci. Il découvre cette banlieue de Londres, sur le point d'exploser et participe à l'enquête pour retrouver le meurtrier de son père, alors que tous semblent lui mettre des battons dans les roues.

Au-dessus des protagonistes planne constamment l'ombre du centre commercial Metro-Centre...



Que cette lecture a été longue ! Et les ficelles sont si grosses ! L'auteur passe d'un protagoniste à l'autre (c'est lourd et peu fluide !).



Un peu de positif tout de même... certaines de ces considérations sur les centres commerciaux sont on ne peut plus justes (mais de là à lire ce livre seulement pour ces passages...).



Je ne suis pas prête de relire un livre de lui (sauf si vous êtes nombreux à me dire que celui là est nul nul nul à côté de ses autres livres ;)
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La Trilogie de béton : Crash - L'Île de béton - ..

Critique complète sur le site.



Dur, violent, glauque et dérangeant. On pourrait dire tout cela d’IGH. Parfois presque trop d’ailleurs. Mais qu’importe. Ballard a instauré une direction qu’il compte suivre, et nous mène de situations impensables en comportements aberrants, et pourtant si logique dans l’esprit et la continuité des événements de la tour. Entre régression en mode tribal et retour à une enfance dégénérée, les personnages d’IGH se complaisent dans leur folie, et attendent que d’autres suivent. Ballard, comme à son habitude, fait preuve d’une acuité et d’une modernité assez glaçante.
Lien : http://www.undernierlivre.ne..
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Sauvagerie

Peut-être bien pensé lors de sa sortie originale en 1992, Sauvagerie est un peu "facile" aujourd'hui. Ca, et j'avais deviné la fin au bout de la 20ème page. C'est un peu gênant. Bien qu'éventuellement précurseur, il ne fait que survoler des thèmes que l'on trouve bien mieux développés chez d'autres auteurs. Une lecture qui reste cependant intéressante.
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Le monde englouti

L'idée de base était tellement séduisante...

Les descriptions nous mettent parfaitement dans l'ambiance, les personnages sont plutôt intéressants mais il ne se passe quasiment rien ! Et quand action il y a c'est loin de ce que j'avais imaginé.

Je n'ai pas réussi à accrocher au livre, il y a comme un goût d'inachevé... c'est dommage !
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La Trilogie de béton : Crash - L'Île de béton - ..

L'homme trouvant son plaisir dans les accidents de la route et les blessures infligées au corps (Crash!); l'homme immobile et coincé en contrebas d'une autoroute où personne ne passe (L'île de béton) et l'homme en conflit avec son voisinage dans une tour de quarante étages transformée en champ de bataille (I.G.H.). Un triptyque fascinant.
Lien : http://www.lefigaro.fr/livre..
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Le monde englouti

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Sauvagerie

Avant de parler de l'intrigue, je voudrais m'étonner du fait qu'un livre si court (2h07 en audio), puisse contenir des longueurs. Par exemple, le psychiatre appelé sur les lieux de la tuerie nous cite tous les noms des adultes tués. De plus, à la fin, il y a des reconstitutions des meurtres qui n'apportent rien. On sait déjà tout ce qui s'est passé, on n'a pas besoin des reconstitutions... À part ajouter d'horribles détails, elles n'apportent rien.



Quant à ce que l'enquête laisse deviner, je ne suis pas vraiment convaincue. La théorie serait défendable, mais elle aurait gagné en force s'il y avait eu davantage d'explications psychologiques. En effet, au départ, je ne voyais pas trop le problèmes d'une telle société. Je l'ai entrevue au détour de phrases, mais j'aurais voulu que l'auteur creuse cela. On me rétorquera que toute société «fabriquée» aura des problèmes. En effet, d'autres livres ont montré le mal que peuvent faire des sociétés fondées, au départ, parce qu'on avait envie de bien faire.

[...]

Lire la suite sur:
Lien : http://www.lalivrophile.net/..
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Sécheresse

Je me suis ennuyé, le livre qui a freiné le rythme de mes lectures de vacances, tous ces personnages, pour une histoire assez simple au final, je n''ai pas du tout était sensible au style trop contemplatif et lourd pour moi.

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Le monde englouti

Au début, difficile de s'attacher à ce roman. On ne sait pas très bien où on est, ce qui se passe, à part que le personnage principal, Kerans, semble faire partie d'une unité d'exploration scientifique. Peu à peu, on comprend que nous sommes sur la planète qui se modifie lentement.



Pendant tout le roman ou presque, nous suivrons l'histoire dans des paysages de jungles aux allures d'enfer, où la nature reprend ses droits. Comment l'humanité va-t'elle survivre à ça ?



La suite sur mon blog !
Lien : http://parchmentsha.blogspot..
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La Vie et rien d'autre : Mémoires

Critique de Bernard Quiriny pour le Magazine Littéraire



Quelques mois après avoir découvert le cancer qui l'a emporté le 19 avril dernier, J. G. Ballard avait entrepris d'écrire ses mémoires : en moins de trois cents pages, il y retrace son parcours, depuis sa naissance dans le Shanghai de 1930 jusqu'aux années tranquilles dans son pavillon de Shepperton. Ce qui frappe d'emblée dans ce petit volume à l'humour très British, c'est la part respective accordée par l'écrivain aux différentes phases de sa vie : tandis que l'enfance chinoise, l'internement au camp de Lunghua en 1943 et le retour déprimant dans une Angleterre en ruine occupent la moitié du texte, tout ce qui concerne les années 1970 à 2000, autrement dit sa période la plus féconde, est expédié en cinquante pages ; il n'y parle même d'aucun de ses romans, à l'exception de ceux qui ont connu un succès particulier (L'Empire du soleil et Crash !). On peut conjecturer que l'approche de la mort l'a empêché de s'attarder sur la seconde moitié du livre, mais cette différence de traitement est significative d'autre chose : elle montre en fait que, à partir de son installation comme écrivain professionnel, il ne s'est plus rien passé dans sa vie, ce qui confirme la légende d'un Ballard à l'existence paisible et casanière. Lui-même l'explique avec franchise : son épouse Mary étant morte en 1963, il a élevé seul leurs trois enfants, organisant son travail en fonction des horaires de l'école et des repas familiaux. Cette vie monacale, répétitive et heureuse, tout en le tenant à l'écart des mondanités, a largement favorisé sa productivité : « Mes enfants occupaient le centre de mon existence, entourés par l'écriture. Les quelques heures qui séparaient le repassage d'une cravate, le service de la saucisse-purée et l'heure de Blue Peter représentaient une nouvelle ou un chapitre de roman. Mon allié le plus fidèle était la poussette du vestibule. » C'est cette image d'un Ballard attentif et paternel qui domine le texte et le rend particulièrement émouvant. Malgré des informations intéressantes sur l'oeuvre (la découverte de Freud et des surréalistes, l'importance de ses études d'anatomie, le paysage de la S.-F. après guerre...) et quelques portraits bien sentis, La Vie et rien d'autre, conformément à son titre, n'est pas une analyse littéraire mais une sorte d'histoire intime du xxe siècle et, surtout, la confession touchante d'un père de famille britannique.
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Super-Cannes

Une abbaye de Thélème post-moderne pas très catholique!
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