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Critiques de James Graham Ballard (219)
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Sauvagerie

En refermant la dernière page du petit roman « Sauvagerie » de J. G. Ballard (au titre on ne peut plus adapté), je suis restée immobile et pétrifiée plusieurs minutes, le temps de me remettre du choc, de recouvrir mes esprits et de réussir à passer à autre chose. Ce livre est un coup de poing émotionnel, ce livre m’a assommée.



Sur l’histoire, je n’en dirais pas plus que le résumé déjà fort complet. Ce serait trahir l’impact brutal et pénétrant du roman. Je dois tout de même préciser que l’enquête et le suspens sont au second plan dans cette œuvre car tenir le lecteur en haleine n’est pas l’effet recherché par l’auteur (donc si vous pensez ou souhaitez lire un polar, passez votre chemin). Il ne m’est pas non plus apparu comme un roman à sensation, jouant gratuitement avec la fascination du morbide. Non, je l’ai trouvé diaboliquement intelligent, juste et impitoyable. En s’appuyant essentiellement sur l’aspect psychologique de ce massacre, en se questionnant sur ses tenants et ses aboutissants et en présentant son roman sous forme de « journal » et de « notes », il bouscule le lecteur, le malmène, le dérange et l’oppresse. Ce parti pris stylistique pertinent nous livre une œuvre implacable, d’une précision et d’une intensité extrêmes et renforce indéniablement son effet réaliste et vraisemblable, ce qui glace et la rend encore plus perturbante. Admirablement construit, organisé et maîtrisé, ce roman nous mène pas à pas vers la vérité, au cœur de l’horreur et de l’inconcevable.



Ce court roman est brillant, percutant et saisissant. A lire !
Lien : http://www.livressedesmots.c..
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Sauvagerie

« La seule chose étonnante chez ces gens, c’est qu’ils aient trouvé le temps de se faire assassiner. »



Court roman de quatre-vingt pages, Sauvagerie fut publié initialement en 1988 sous le titre Running Wild. Deux mois après les faits, le Dr Greville, expert-psychiatre de Scotland Yard est appelé par la police pour résoudre le massacre incompréhensible de Pangbourne Village, une résidence luxueuse étroitement surveillée à une cinquantaine de kilomètres à l’Ouest de Londres.



Dans ce havre de paix aseptisé, les familles semblaient vivre des vies bien remplies presque trop parfaites, sans conflit d’aucune sorte, chacun étant de toute façon en permanence sous surveillance. Quasiment sans dégâts matériels, sans aucune trace de vol, les propriétaires des villas, leurs domestiques et leurs chauffeurs ont été systématiquement abattus, en moins d’une demi-heure, ce 25 juin 1988, et les treize enfants qui vivaient dans la résidence ont tous été enlevés.



D’après le rapport du Dr Greville, on devine assez rapidement qui a tué mais la clef de ce récit glaçant et très dérangeant n’est pas là.



Notre idéal du bonheur bourgeois n’en ressort pas indemne.
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I.G.H.

Banlieue de Londres, milieu des années 1970. Un professeur d'Université s'installe avec réticence dans un nouvel immeuble de quarante étage - IGH pour Immeuble de Grande Hauteur - comble du luxe et de la modernité. Ici, les étages sont répartis en fonction de la catégorie sociale des habitants. En bas se situent des employés de la télévision, puis des petits producteurs. Au milieu de la construction, les professions libérales et les professeurs. Tout en haut, les vedettes de cinéma, les docteurs et surtout, l'architecte des lieux, le mystérieux Royal. Le climat est délétère entre les différentes strates de l'IGH qui devient le théâtre de meurtre de chiens et de sabotages. Les incidents techniques se multiplient, les locataires des étages inférieurs condamnent les ascenseurs et tentent d'assaillir les étages supérieurs. L'immeuble devient un enfer insalubre où s'entassent poubelles et immondices. Les couloirs se transforment en terrains de chasse dangereux. C'est la guerre de tous contre tous.



IGH est une critique acerbe du nouveau mode de vie vertical et de la société de consommation. Dans les centres urbains le statut social est directement lié à l'emplacement de l'habitat. Et même au sein d'un quartier résidentiel ou d'un immeuble, des différences de situation trahissent ces discriminations sociales : l'ensoleillement, les places de parking, la proximité d'une infrastructure comme un jardin ou une piscine. C'est exactement le cas dans l'Immeuble de Grande Hauteur, où les habitants des étages supérieurs bénéficient des places de stationnement les plus proches. L'oeuvre dénonce également les délires d'urbanistes mégalos qui prétendent révolutionner le mode de vie de la population.

Troisième et dernier volume de la trilogie de béton, on retrouve l'aversion de Ballard pour la modernité, les cages de verre et d'acier avec vu sur la ville, sur d'autres immeubles, sur les bretelles d'autoroutes et échangeurs dans lesquels foncent les voitures en direction de bureaux sinistres. Comme dans les deux tomes précédents, on retrouve ce désir de l'auteur de retourner à un Etat de Nature, où l'Homme, mû par des pulsions instinctives, se défait des conventions sociales, retrouve sa sauvagerie dans une odeur de crasse et de fluides corporels, ne pensant qu'à assouvir les besoins élémentaires , manger dormir et forniquer.
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La foire aux atrocités

Un sommet de littérature expérimentale. L'écrivain nous livre ses obsessions récurrentes sous la forme d'une suite d'histoires étrangement semblables tout en étant bien différentes. C'est d'une étrangeté radicale. Un mauvais rêve. En faire de la littérature est un tour de force.
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Millenium People

Et si les bourgeois se rebellaient contre la société capitaliste de consommation ? Écrasés par les crédits, le poids de l’immobilier, les frais de scolarité des hautes écoles, les frais d’entretien de la maison et de la voiture, la classe moyenne de l’Ouest londonien fait la révolution. Kay Churchill, Richard Gould, Vera Blackburn et tous les habitants de la Marina de Chelsea s’organisent en manifestations pacifistes, affrontements et actions ponctuelles envers les « bastions de la servitude bourgeoise » pour faire entendre leur situation de « nouveaux prolétaires ». L’ennemi, c’est l’« impitoyable capitalisme spéculatif qui perpétu[e] le système de classes pour diviser l’opposition et préserver ses propres privilèges ».



En quête d’une signification à leur vie, la population bourgeoise, sans croyance religieuse, craint la mort, espère l’immortalité et se barde de conventions sociales et de tabous.



La société de consommation et du spectacle, tout comme les médias et le cinéma, régulent et assoupissent l’intelligence ; les grandes écoles transforment leurs enfants en une classe de professionnels qui embrassent à leur tour le système et participent à sa pérennité.



C’est avec les yeux de David Markham, psychologue à l’Institut Adler et fiancé à Sally, que la rébellion prend forme. L’attentat à l’aéroport de Heathrow à Londres, lequel a tué son ex-femme, le détourne de sa vie posée et heureuse.



Qui a posé cette bombe, et pour quelle revendication ? Y a-t-il un lien entre Heathrow et la révolte de la Marina de Chelsea ? David délaisse sa fiancée, ses recherches à l’Institut Adler, et commence les investigations auprès des agitateurs bourgeois. Il ne tarde pas à troquer son avis de psychologue pour les banderoles des activistes : attiré par leurs motifs, David s’implique dans les affrontements mais il est très vite dépassé par les événements.



Millenium people, l’un des derniers romans d’anticipation de J. G. Ballard, se développe sur le thème de prédilection de Crash ! et de Super-Cannes : la décadence de la société moderne.



Jusqu’où peut-on aller pour une cause que l’on croit juste ? Jusqu’où peut-on tolérer la violence pour imposer ses idées ? La mort d’un autre est-elle nécessaire pour revendiquer une idée ? L’action gratuite et violente est-elle la seule arme du fanatisme et du terrorisme ?



Avec une narration bien construite et l’habileté du grand écrivain, Ballard pointe les faiblesses du début du xxie siècle, profondément marqué par le terrorisme et le fanatisme. Si la dénonciation n’est pas de première main, le travail de Ballard est remarquable pour la plausibilité des événements racontés ; car il a imaginé les réactions des pouvoirs publics, des médias et de l’opinion publique autour du soulèvement : et si les petits bourgeois, piliers du capitalisme, se rebellaient contre leur propre condition ?



La critique sur mon blog :

http://www.bibliolingus.fr/millenium-people-j-g-ballard-a80136632
Lien : http://www.bibliolingus.fr/m..
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Crash !

Crash, boum, hue !

Se plonger aujourd’hui dans « Crash » (1973) de James Graham Ballard (1930-2009) des années après le rush branché survenu à la sortie du film de Cronenberg (1996) permet de mesurer avec recul la richesse et la pertinence de la vision de l’auteur. Quand les sensations supplantent les sentiments, que reste-t-il à l’homme pour réaliser sa vie sinon une course-poursuite morbide, une accélération à la surface des choses toujours plus vaine et stérile ? Jouir, oui, encore et toujours, davantage mais de quoi, pourquoi et comment ? Le narrateur porte le patronyme de l’auteur, James Ballard. Sa fascination pour Vaughan, homme hanté par la technologie et la violence, le pousse toujours plus loin vers « l’érotisme pervers de l’accident, douloureux comme l’extraction d’un organe à travers une incision chirurgicale ». Vaughan meurt dans un crash d’entrée de jeu et Ballard se remémore sa rencontre avec Vaughan, son propre accident, ses perversions sexuelles. L’histoire s’écoule telle une pâte fluide, sans bouchon ni caillot. Les phrases sont comme une logorrhée émolliente ; elles disent l’horreur et le carnage sans hausser le ton, le tout allant de soi. Ballard se voit toujours de l’extérieur. Sa souffrance ou sa jouissance ne semble pas lui appartenir réellement. Il est son propre cobaye. Il s’observe sans aucune complaisance, avec un regard clinique. Son intimité est mise à nu, exposée sans fard, disséquée au scalpel : « L’accident était la seule expérience réelle que j’eusse connue depuis des années. Je me trouvais pour la première fois confronté à mon propre corps, inépuisable encyclopédie de douleurs et de déjections… ». Le lecteur se fait voyeur malgré lui, à travers le regard du narrateur. L’accident automobile, son cortège de mort et de mutilation, exerce une fascination malsaine. On est enfermé dans un environnement technologique, artificiel, ritualisé et clos sur lui-même où les états d’âme n’existent pas. « Crash » débute la trilogie de béton qui se poursuit avec « L’île de béton » et « I.G.H. ». Les éditions Gallimard ont publié un emboîtage cartonné qui comprend le film de Cronenberg, une brochure de présentation ainsi que le roman de Ballard, le tout dans la collection Folio cinéma. Lire le roman et visionner le film en même temps permet de mesurer les écarts, les pertes, les ratés ou les enrichissements de part et d’autre. Le film apparaît alors outré, à côté de la plaque (en métal chromé). Les scènes de sexe et de fantasme sont vides, déconnectées, laissant les acteurs et le spectateur tout pantois d’indifférence. La musique et la photographie pourtant travaillées et adaptées au climat du roman ne prennent pas et n’insufflent rien au film. Quelle « mouche » a bien pu piquer Cronenberg pour transformer une œuvre intelligente et sophistiquée en un plat de nouilles à l’eau ? Dommage ! L’écrit peut s’avérer bien plus fort que l’image : la preuve par quatre ici.
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Le monde englouti

Et bien, ma foi, j'ai bien peur d'être passé complètement à côté de l'oeuvre. Durant quasiment toute ma lecture, j'avais l'impression de me retrouver devant une succession de faits, sans queue ni tête, sans qu'il me paraisse avoir un semblant de lien entre eux et sans comprendre le pourquoi du comment.



Le pire, c'est que l'ambiance m'attirait vraiment. Les êtres humains régressent à cause de l'environnement dans lequel ils se trouvent : ville engloutie souunes les eaux, un soleil en pleine expansion, ce qui les ramène au stade de l'évolution du trias. J'avais vraiment envie de découvrir les conséquences de cette dé-évolution. Et ce n'est pas tout, il y a aussi la furieuse envie des humains de se rendre au sud, alors qu'ils savent pertinemment que cela les mènera à la mort. Sans compter leurs rêves étranges.



C'est extrêmement frustrant qu'un auteur ne réponde pas aux questions qui découle de son oeuvre pour en faire ce que j'appellerai du rien, pour ne pas développer ses personnages. Remarquons que ce dernier point n'est pas tellement dramatique tant les héros, comme l'antagoniste, m'indifféraient au plus point.



Bref, un roman plus contemplatif qu'autre chose, mais où ce que l'on contemple est franchement ennuyeux. Un roman frustrant à un tel point qu'il pourrait en être décourageant. Etant sûrement passé à côté de son propos, je ne pourrai que le déconseiller.
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Sécheresse

Entre 1962 et 1966, J. G. Ballard a commis une relecture en quatre titres de la fin du monde, centrés chacun sur une apocalypse, elle-même basée sur un des quatre éléments, l’air, l’eau, le feu et la terre. « Sécheresse », la troisième apocalypse, a été rédigée en 1964.

Le lecteur fait la connaissance du docteur Ransom qui assiste à l’exode des habitants de Mount Royal et d’Hamilton où, comme dans le reste du monde, il n’a pas plu depuis plusieurs mois. La sécheresse qui s’ensuit vide petit à petit lacs et rivières, obligeant la population à se diriger vers les bords de mer.

Ce changement climatique est expliqué par la pollution plastique qui a créé à la surface des mers une pellicule empêchant l’évaporation et arrêtant de ce fait le cycle de l’eau. La caution scientifique s’arrête là cependant, car l’auteur s’intéressera ensuite exclusivement aux quelques protagonistes de son histoire, mettant totalement de côté l’aspect politique et scientifique. Ici, pas de groupes de chercheurs désespérés qui jouent la montre et essaient de trouver un moyen d’éviter que la Terre ne devienne une nouvelle Vénus ; pas d’équipes de militaires chargées du rapatriement et de la distribution d’eau aux populations ; pas de politicien ni de chef d’entreprise véreux qui tentent de tirer leur marron du feu… J. G. Ballard se consacre au plus petit dénominateur commun : une dizaine de personnes, aussi différentes les unes les autres que possible, qui vivent au jour le jour dans cette nouvelle configuration.

Car effectivement, comme il l’a déjà été signalé dans d’autres critiques, ce « survival » se démarque des autres romans dans cette thématique par l’aspect provisoire de ce changement météo. Ransom, son ex-femme Judith, le révérend Johnstone, l’architecte Lomax, tous sont convaincus que la pluie va finir par revenir et qu’il leur faut donc « juste » attendre jusque-là. Pas survivre : attendre.

« Sécheresse » est donc un roman très lent et contemplatif. La baisse des eaux est décrite de façon détaillée, tout comme les dunes de sel et les modifications du lit de la rivière. Les protagonistes sont à l’opposé dessinés à grands traits et seules leurs actions, parfois illogiques et incohérentes, sont narrées.

L’auteur ayant volontairement donné peu de clés pour définir ses personnages, j’ai eu bien des difficultés à m’identifier ou même à comprendre leurs motivations et leur comportement. Après bien des tergiversations, Ransom finira par prendre le chemin de la mer et trouvera là-bas les bases d’une nouvelle société archaïque, que faute de pouvoir intégrer il fuira de nouveau (après dix années) pour revenir au point de départ…

Cette lecture m’a donné l’impression d’une errance sans but et sans raison, le chemin vers nulle part d’une colonie de lemmings ou de moutons de Panurge… Par manque de sensibilité à ce type d’écrit et indéniablement par manque de clé d‘analyse, je n’ai donc pas adhéré du tout…

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La forêt de cristal

Plus facilement abordable que Le Monde englouti, cette apocalypse version "Terre" tient ses promesses : c'est beau, c'est triste, ça sent l'inéxorable fin du monde. Comme pour Le Monde englouti, je suis scotchée par la puissance d'évocations de cet auteur : tout est hyper visuel, on y est vraiment. Et il faut avouer que l'idée est vraiment belle - et effrayante.

Le reste de l'histoire est presque un prétexte. Tout est vanité. On en ressort avec des images, et c'est ce qui reste après coup.
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La plage ultime

Un recueil de 12 nouvelles datant des années 60 par J.G. Ballard, surtout connu pour être l'auteur de Crash, adapté à l'écran par David Cronenberg, ou pour son Cycle des Éléments nous plongeant dans des mondes apocalyptiques.





1 - Un problème de rentrée

Un groupe part à la recherche d'une sonde spatiale habitée s'étant écrasée en pleine jungle amazonienne au cours de son retour sur Terre plus d'une année auparavant, l'astronaute n'ayant pas donné signe de vie depuis.

Principalement basé sur son ambiance, moite et irréelle, la nouvelle nous perd au sein d'une jungle oppressante, l'auteur en profitant au passage pour revisiter à sa façon le culte du cargo.





2 - Le Géant noyé

Le corps sans vie d'un géant s'échoue sur la plage, devenant l'attraction de la ville entière. Les gens se mettent à l'escalader, à s'installer sur lui pendant qu'il se décompose petit à petit...





3 - Fin de partie

Un condamné à mort est placé dans une villa avec son bourreau, lui seul ayant connaissance de la date de l'exécution (celle-ci pouvant être appliquée dans la minute suivante ou dans vingt ans).

Une étrange relation se noue alors entre les deux personnages.





4 - L'Homme illuminé

Une nouvelle anticipant le roman La Forêt de Crystal, écrit quatre ans plus tard, en 1967, et faisant parti du Cycle des Éléments.

La forêt et les animaux y vivant se cristallisent peu à peu, se mettent à briller de mille feux, le temps s'échappe...





5 - L'Enclos des reptiles

Un couple se fait dorer sur la plage tout en discutant de sociologie et de philosophie, revenant sur la métaphore de l'inconscient que constitue la mer.

Une nouvelle à l'ambiance assez incongrue et irréelle, prenant ensuite un virage beaucoup plus étrange (et flippant).





6 - Le Delta au crépuscule

Un homme devient obsédé par les milliers de serpents rampant sur la dune chaque jour à la même heure...





7 - La Plage ultime

Donnant son titre au recueil, La Plage Ultime est une nouvelle à l'ambiance irréelle, dans laquelle on suit un personnage ayant perdu sa famille, isolé sur une île au sein de laquelle se dressent d'étranges blocs de béton.





8 - Fin fond

La Terre se meurt, les océans sont asséchés et les hommes vivent dans les anciens fonds marins, seuls endroits où l'air est encore un tant soit peu respirable.

Dans une marre semble vivre le tout dernier poisson...





9 - Les Danses du volcan

Un couple vit sur le versant d'un volcan entrant régulièrement en éruption...





10 – Billenium

La nouvelle que j'ai préférée.

On plonge en pleine dystopie, au sein d'une Terre totalement surpeuplée et connaissant une grave crise immobilière. Les gens doivent vivre dans des logements de 4 mètres carrés, le gouvernement réduisant les normes années après années, les obligeant à partager les lits et à optimiser chaque centimètre de leurs habitations tout en lutant contre leurs voisins, n'hésitant pas à incliner les cloisons murales afin de gagner un peu de place.

Les rues sont transformées en de véritables torrents humains, tant et si bien que les personnages, voulant aller à un bar situé en face de chez eux, se voient contraints d'abdiquer et de rester de leur côté du trottoir, faute de pouvoir traverser.

Bref, une virée au sein d'un monde devenu totalement invivable et étouffant, le tout avec un côté assez décalé franchement appréciable.

Génial !





11 - La Joconde du midi crépusculaire

Un homme, ayant temporairement perdu l'usage de la vue suite à une opération, se met à avoir des visions... et à y prendre goût !





12 - Le Vinci disparu

Un tableau de Leonard de Vinci est volé alors qu'il était exposé dans un musée. Menant sa propre enquête, un conservateur fini par faire le lien avec d'autres vols de tableaux s'étant étalés sur plusieurs années, tous représentant la crucifixion du Christ.
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Le monde englouti

Grande fan de science-fiction et particulièrement des romans qui se déroulent dans un décor post-apocalyptique, je suis assez déçue.



Si j’ai apprécié l’atmosphère oppressante, suffocante et lourde créée par Ballard, le manque d’action et l’introspection excessive des personnages ralentissent le rythme du récit.



Le gros point négatif pour moi a été le côté raciste et sexiste de ce roman. J’ai du faire preuve de persévérance pour terminer ce livre, bien dommage car j’avais vraiment de grandes attentes.
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Vermilion Sands

Un recueil centré sur Vermilion Sands, une station balnéaire, pendant l'Intercalaire, un temps suspendu, chômé, où seul les loisirs comptent. Une sorte d'utopie où les raies des sables volent dans le ciel et où l'on peut sculpter les nuages. Toutes les nouvelles fonctionnent à l'identique : le héros est amené à rencontré une femme dont il s'éprend le plus souvent. C'est à travers cette rencontre que naissent les distorsions et que grandit l'angoisse. Ces femmes fatales sont dangereuses, sans être pour autant animées de mauvaises intentions. Elles sont simplement comme ça, à l'image des prédatrices (le vocabulaire animalier et plus précisément le monde des insectes est souvent convié). On ne reproche pas aux mantes religieuses de manger le mâle qui les féconde... Ce recueil regorge d'idées, très stimulantes et intéressantes. La construction des nouvelles, qui donne son unité au recueil, crée peut-être une sensation de redondance lorsqu'on lit le livre d'une traite.
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Sauvagerie

Comment faire une critique de ce livre sans trop en dévoiler ? Car tout réside dans l'enquête que mène le psychiatre Richard Greville aux côtés de la police. Ensemble, ils vont tenter de faire la lumière sur le mystère des meurtres d'une dizaine de familles aisées d'un quartier résidentiel de luxe de Londres et sur la disparition des enfants de celles-ci.



Sauvagerie est un roman court mais efficace, qui va droit au but et nous tient en haleine. Le docteur partage alors avec le lecteur ce qui ressemble à un journal de bord qui l'amènera à conclure dans ses dernières pages par la reconstitution d'une "sauvagerie" sans nom.



Sauvagerie est un livre choc qui s'attarde sur les conséquences d'une société parfois bien trop protectrice, bien trop carrée ou étouffante.
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Le monde englouti

-L'histoire-

Un futur proche, suite à un enchainement de catastrophes, de grands bouleversements climatiques ont changé radicalement le visage de la Terre. Augmentation de la température et montée des eaux ont transformé le monde. Dans un Londres abandonné et changé en lagune tropicale, quelques personnes, scientifiques et militaires restent encore pour rendre compte des changements. Mais alors qu’ils doivent abandonner la ville derrière eux, fuyant les orages violents et la nouvelle montée des températures qui s’annonce, certains décident de rester, poussé par un instinct enfoui au fond d’eux et venu des méandres du temps.







-Mon avis-

Que dire sur ce roman. Le principe de départ m’avait attiré, une apocalypse, de grands changements climatiques, des personnes qui cherchent à survivre dans un environnement hostile. Le 4e de couv était alléchante. Et le roman commence, l’atmosphère est lourde, oppressante, étouffante, pesante, suffocante, écrasante… De ce côté, rien à dire, l’atmosphère est bien rendu, servie par une écriture sans style et très distante on ressent cette atmosphère à chaque page. C’est peut-être là le problème, on ressent tellement cette atmosphère qu’elle finit par dégouliner des pages, ramper hors des mots et envahir le lecteur. Et chaque page devient un peu plus lourde, un peu plus oppressante.



Un roman d’ambiance alors ? Peut-être, mais uniquement, car le plus gros problème pour moi, c’est qu’il ne se passe rien, les personnages, creux au possible, se laissent porter par cette ambiance et subissent avec le lecteur l’ennui profond de ce monde englouti. Pas un instant je n’ai été intéressé par eux, et jamais je n’ai ressenti la moindre empathie à leur égard. Du coup, lorsqu’il se passe enfin quelque chose à 50 pages de la fin, lorsqu’enfin les personnages semblent sortirent de leur torpeur, je n’ai pas réussi à sortir de la mienne et je ne me suis pas du tout senti concerné par leur sort.



Rarement j’ai ressenti autant d’ennui à la lecture d’un livre, c’est vraiment la première fois depuis que je n’ai plus de lectures imposées par l’école/collège/lycée que je peine autant à finir un livre. J’ai plusieurs fois eu envie d’arrêter ma lecture et ne l’ai poursuivie que pour être sûr que je ne ratais rien.

Très grosse déception pour moi ce premier essai avec JG Ballard. Je pense attendre un moment avant de m’y remettre.
Lien : http://imaginelec.blogspot.f..
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Le Vent de nulle part

Ballard...! on m'avait prévenue que "Le Vent de Nulle Part" n'était pas son meilleur roman. Lui-même avait décidé qu'il ne serait pas réédité parce qu'il le considérait comme le moins abouti...

Pour moi, ce fut ma première lecture de cet auteur et je ne peux cacher une certaine déception...



Certes, ses descriptions sont précises et nous permettent une immersion profonde dans un décor de fin du monde imminente.... Son talent d'écrivain est bien là et l'on a par moments l'impression d'entendre souffler ce vent violent, redoutable et menaçant... On suffoque presque en s'imaginant cette

poussière charriée par l'élément déchaîné et l'on se surprend à retenir son souffle pour se préserver d'elle... Les visions de constructions emblématiques du monde entier détruites tels des châteaux de cartes, puis des villages, des villes entières. Les blocs de bétons charriés comme des fétus de paille, les pertes humaines qui s'accumulent.... La progression de la menace, jusqu'à son paroxysme.....



Oui, mais voilà : au bout d'un moment tout cela est assez répétitif et l'on a l'impression de lire un communiqué de presse ou un rapport militaire.... En même temps, pourquoi pas ? Puisqu'il s'agit bien d'une guerre qui est engagée, contre le vent et la poussière... Mais dans le même temps, on se sent un peu largué sur le bord de la route, sans que l'auteur nous donne la possibilité de prendre part au combat... L'intrigue est mince, les personnages peu fouillés et donc peu attachants.... Dommage! Le milliardaire Hardoon, en particulier aurait gagné à être mieux traité car le peu qu'on en découvre laisse entrevoir une personnalité complexe, à la fois névrosée et fantasque, touchante toutefois par son côté hallucinée mais sincère....



La lutte des habitants et le thème de la survie sont à peine effleurés.... Tout comme l'appauvrissement de l'humanité quand à certaines valeurs essentielles et son affaiblissement dans la recherche d'un mode de vie axé sur le secondaire, le superflu....



Et puis, soudain, le vent se tait et tout s'arrête.... Ne pas avoir d'explication quand à son origine, ne m'a pas vraiment gênée car c'est justement l'occasion pour le lecteur de fouiller son imaginaire et de trouver sa propre explication en fonction de ses fantasmes ou de ses convictions.... Et c'est une fin un peu abrupte mais assez logique avec la forme du récit et son propos qui n'est pas d'expliquer mais de montrer.

Donc, fini Ballard ? Non, car sa plume est alléchante.... Peut-être vais-je me tourner vers des œuvres plus "reconnues"....
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Crash !

Crash de J. G. Ballard est un roman de science-fiction qui décrit un réel hypertrophié et excessif. L’auteur y interroge les relations entre l’être humain et les machines à travers un personnage narrateur attiré sexuellement par les accidents de la route et les blessures qu’ils engendrent. Lui-même blessé lors d’un carambolage, il se met à fréquenter Vaughan, qui l’initie aux manières de lier la sexualité à la violence des accidents automobiles au sein d’un groupe d’individus dont la sexualité a été transcendée par leurs accidents.

Les descriptions des corps meurtris sont chargées de détails macabres, donnés sur un ton neutre qui marque la fascination froide du narrateur pour la violence qu’il observe et érotise.

Crash est un roman qui ne vous laissera pas indifférent, et que je vous recommande !

Chronique complète et détaillée sur le blog.
Lien : https://leschroniquesduchron..
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Crash !

Je n'ai pas accroché du tout à ce livre de Ballard, au contraire de ses "vrais" livres de science-fiction (la forêt de cristal, le monde englouti ...) ou de son magnifique livre-souvenir (empire du soleil). Cet exercice de style sur le concept bagnole/accident/fluides divers/sexe m'a totalement échappé: un livre pas fait pour moi.
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Vermilion Sands

« Prima Belladona » – JG Ballard – dans le recueil Vermilion Sands 1956

Vermilion Sands est un lieu de villégiature estivale d’une colonie de riches oisifs. La station balnéaire semble émerger des œuvres conjointes de Salvador Dali et de Frank Lloyd Wright, comme un rêve éveillé marqué par diverses névroses et une lassitude balnéaire provoquée par des bains de soleil répétés.

Dans ce creuset où l’extraordinaire paraît banal et l’ordinaire se teinte d’excentricité, il n’est pas rare de croiser des sculpteurs de nuages à l’œuvre sur le bord de l’autoroute, en quête d’un éventuel mécène, ou d’entendre les chants stridents, quasi hypnotiques, des sculptures soniques proliférant comme du chiendent dans les récifs de sable. On peut y acquérir des fleurs douées pour l’art lyrique ou une garde-robe complète confectionnée en biotextile dont l’étoffe vivante chatoie sans cesse au point d’ouvrir les portes de la perception.

Lorsque Jane Ciraclyde arrive à Vermillion Sands, Steeve, le propriétaire de la boutique Parker’s Chloroflora qui produit des fleurs chantantes et ses deux amis Harry et Tony sont subjugués. Alors qu’ils boivent de la bière sur leur balcon en admirant cette créature irréelle, presque mutante, à la peau dorée et aux yeux en forme d’insectes, qui évolue presque nue dans l’appartement d’en face, il se produit un incident curieux : un chant dont les fréquences atteignent l’inaudible perturbe l’atmosphère tandis que Harry et Tony se lèvent de leur chaise en hurlant. « Attention à toi ! » et Tony brise la plaque de verre de la table basse avec une chaise. « Mais qu’était-ce ? » demande Steeve. « Tu ne l’as donc pas vu ? Il était à dix centimètres de toi. Un scorpion, aussi gros qu’un homard. Il devait être sonique. On n’entend plus rien. »

Le lendemain, dans sa boutique, Steeve accorde une orchidée très particulière, l’Arachnide-Khan, avec une lampe à ultraviolets. Celui-ci, très rare en captivité ne chante pas vraiment, mais lui sert à harmoniser toutes les autres plantes. L’Arachnide est de mauvaise humeur et c’est la cacophonie autour de lui. Et puis tout s’apaise en un murmure serein. Jane vient d’entrer dans le magasin. À son contact, les plantes semblent charmées, fascinées et produisent instantanément des sons mélodieux... et voilà même que l’arachnide se met à chanter ! Mais là, c’est une autre histoire. Le spectacle de Jane et de l’orchidée qui se font face, aussi enflammées l’une que l’autre effraye à ce point Steeve qu’il va aussitôt couper l’alimentation des plantes en argon. Jane veut acheter l’orchidée quel qu’en soit son prix, mais Steeve refuse. Jane l’invite alors à voir son concert, le soir, au casino.

Ce fameux concert procure à tout Vermilion Sands des visions extraordinaires, mais Steeve y est peu sensible. Habitué au chant des fleurs, il se dit juste qu’il sait d’où vient le scorpion sur son balcon.

Jane s’entiche de Steeve au point de passer presque tout son temps avec lui. Et puis un soir, alors qu’elle doit être en train de chanter au casino, il entend de la musique dans sa boutique. Lorsqu’il entre, l’arachnide, enragé, s’est arraché de son pot et a triplé de volume pendant que Jane chante en face de lui. Le lendemain, l’arachnide est mort et Jane a déserté les lieux.

Vermilion Sands apparaît bien comme un décor dont l'apparence idyllique masque une nature plus anxiogène. Un décor dont les ors se ternissent et les couleurs gaies se craquèlent. Le reflet d'une période faste en train de s'achever. Une pantomime où les relations d'amitié s'avèrent superficielles et sans lendemain, où l'amour tient davantage de la prédation que de la communion. CB



Extrait d'un article paru dans Gandahar 5 Intelligence végétale en décembre 2015








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Crash !

Adapté aux besoins de la voiture, le monde n'est plus qu'un réseau complexe d'asphalte et d'acier. Les voitures sont partout. Solitaires en bas d'un immeuble, leurs capots glacés réfléchissant la lumière d'un lampadaire, ou bien par milliers, alignées le long des axes routiers, fonçant, zigzaguant, dans les entrelacs d'échangeurs, de toboggans et ronds-points, offrant leurs tôles brûlantes au soleil des parkings de centres commerciaux ou d'aéroports.



Dans cet univers de béton, un groupe de rescapés de la route est entraîné par un scientifique couvert de cicatrices. Ensemble, ces balafrés de la vie développeront une obsession sexuelle morbide pour les accidents de voitures.



Crash ! est un grand tumulte. Une course à cent à l'heure sur l'autoroute, un mélange de sperme, de sang, de siège en cuir et de tôle froissée. Sur ce point le roman est d'une maîtrise stylistique parfaite. Il rend cette impression de s'écraser dans un carambolage en plein coït. Renversé sur le toit, dans un vacarme assourdissant, des étincelles jaillissant au milieu des bris de verre et des grincements du métal sur le goudron.
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Le monde englouti

Amoureux des décors post-apocalyptiques, bienvenue ! Ici, le monde a subit ses premières transformations 60 à 70 ans en arrière : une élévation progressive des températures a rendu les zones tropicales inhabitables, les zones tempérées tropicales, ainsi de suite, ne laissant bientôt plus que les pôles à peu près "vivables".

Des expéditions sont organisées pour rendre compte de l'état des villes : certains envisagent la réoccupation de certains sites sous une dizaine d'années. Kerans est un des membres civils accompagnant les militaires : il est le médecin officiel de l'unité et dirige la station d'essai. Voilà des mois qu'ils stagnent dans la partie émergée de ce qui fut jadis une capitale. Au moment de partir, une angoissse le tenaille : où est sa place ? Doit-il retourner vers le nord avec le reste de l'unité ? Certains se posent les mêmes questions, ressentent l'appel du sud. La folie, le sens de la vie, l'inné : tout se mélange dans la châleur tropicale, visions d'une humanité en plein déclin.

J'ai adoré accompagner l'auteur dans les dédales de cette cité engloutie. L'auteur nous plonge dans un tableau de Max Ernst, on en ressort à la dernière page.
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